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Engagements dans la renaissance d’oc
Une lettre de Rémi Jumeau en 2009
Rémi Jumeau, poète, romancier, défenseur de la langue, a publié une dizaine d’ouvrages en occitan (provençal).
Rémi Jumeau
Romieg Jumèu
Romieg Jumeau
Rémi Jumeau est né le 30 avril 1930 à Marseille (13).
Il débuta ses études chez les Jésuites, où enseignait son père, professeur de mathématiques. Mais il se rendit vite compte que les équations et les logarithmes n’étaient pas faits pour lui et il préféra entrer à l’Institution du Sacré Cœur où il brilla en histoire, en français, en latin et grec. Si bien qu’il obtint, à la fin de ses études secondaires, un diplôme d’éloquence dans la tradition antique la plus pure.
Il continua ses études aux Beaux-Arts de Marseille, dans la section sculpture, gravure et modelage. Cependant, malgré de vrais dons artistiques et l’espoir de consacrer sa vie aux Arts, il décida d’intégrer la société « Avenir Publicité » où il fit toute sa carrière.
Il en gravit peu à peu tous les échelons, jusqu’au poste de Directeur Régional qu’il occupa plus d’une fois, dans plusieurs régions de France, avant de terminer au siège de Paris.
Dans cette dernière partie de son cheminement professionnel, il s’investit dans les instances représentatives du métier pour faire aller de pair la publicité et la protection du patrimoine. Les textes qui régissent aujourd’hui les conditions de la publicité dans les paysages urbains et ruraux lui doivent beaucoup.
Marié une première fois avec Simone Moulierac, il eut deux enfants : Sylvie, née à Marseille en 1955 et Manuel, né à Saint-Quentin en 1961. Ce dernier, sur les traces de son père, est graveur.
Plus tard il rencontra Claire Morel, professeure de danse classique, qu’il épousa en 1986. Le long de leurs quarante ans de vie commune, ils partagèrent la passion des arts.
À la retraite il revint en Provence, acheta en 1995 un petit mas à Graveson (13), puis une maison de village à Eyragues (13), avant de s’installer à Avignon (84) où il acheva sa vie le lundi 10 janvier 2022. Il fut enseveli le vendredi 14 janvier dans la tombe familiale à Ménerbes (84).
Exilé tout au long de sa vie professionnelle, il détestait l’idée qu’il soit nécessaire, pour faire un bon citoyen français de le couper brutalement de sa culture d’origine. Toute sa vie il milita pour la cause occitane. À Graveson, dès son arrivée, il participa à la création de l’association « Un Païs per Deman » et fut un des fondateurs du CREDD’O en 2005, dont il devint le second président de 2008 à 2018. Sous sa direction, cet organisme prit une plus ample envergure. Dans ce cadre, il essaya, en 2009, de donner, avec d’autres, une coloration occitaniste à la campagne pour la promotion de Marseille comme capitale européenne de la culture (voir lettre en annexe).
Il fit partie du bureau de l’association « Les Suds » dès sa création en 1996.
Enfin, ce qui comptait le plus pour lui, il se consacra à l’apprentissage de la langue qu’il fut bientôt capable d’écrire. D’abord dans des chroniques pour la revue associative Deman un Païs, puis avec la publication d’une dizaine d’ouvrages touchant presque tous les domaines de la littérature : poésie, romans historiques ou d’aventure, nouvelles fantastiques… Il avait choisi de maîtriser un langage noble et exigeant, à la hauteur de la haute idée qu’il se faisait de la langue.
Sénher quau, IEO Edicions, Colleccion Atots 2002
Cronicas imaginàrias, IEO Edicions, Colleccion Atots 2004
E siguèsse una nafra la lutz, IEO Edicions, Colleccion Messatges 2008
Pantòri, Romieg Jumèu IEO Edicions, Colleccion Atots 2013
Embolh a Malamosca, IEO Edicions, Colleccion Atots Crimis 2014
Apològs, IEO Edicions, Colleccion Messatges 2014
Nòvas d’autra part, IEO Edicions, Colleccion Atots 2015
Rèire vida, IEO Edicions, Colleccion Atots 2016
L’esclargiera, IEO Edicions, Colleccion Atots 2017
Lo viatge alambicant dau professor grosdenàs, IEO Edicions colleccion Atots 2018
La granda timonariá, IEO Edicions, colleccion Atots 2020. NB. L’auteur aurait souhaité corriger cet ouvrage et en publier une nouvelle version plus satisfaisante.
Archives familiales
NEUMULLER,Michel. Un quatuor d’écrivains occitans se met à table à Belcodène. Aquò d'Aquí [en ligne]. 2015. (Consulté le 18 juillet 2022). Disponible à l'adresse : https://www.aquodaqui.info/Un-quatuor-d-ecrivains-occitans-se-met-a-table-a-Belcodene_a841.html
NEUMULLER,Michel. Romieg Jumeau se's enanat.Aquò d'Aquí [en ligne]. 2022. (Consulté le 18 juillet 2022). Disponible à l'adresse : https://www.aquodaqui.info/Romieg-Jumeau-se-s-enanat_a2315.html
Lettre sur Marseille capitale de la culture
Graveson, le 13 juillet 2009
Chers amis,
Vous avez accepté de participer à notre projet, visant à inscrire la Culture d’Oc dans l’opération Marseille/Provence, capitale européenne de la Culture 2013. D’ores et déjà, une quinzaine d’écrivains et d’universitaires nous ont, comme vous donné leur accord, avec enthousiasme. Maintenant, il importe que vous nous indiquiez le ou les thèmes que vous désireriez développer à cette occasion. Nous vous rappelons, pour que notre projet ait quelque chance d’être sélectionné, que les thèmes correspondent aux critères ci-après : (ceux-ci ayant été définis par le comité technique de l’association Marseille 2013)
1-Pour ce qui concerne « la dimension européenne »
-Renforcer la coopération entre les opérateurs culturels, les artistes et les villes des Etats membres concernés et d’autres Etats membres, dans tout le secteur culturel.
-Faire ressortir la richesse de la diversité culturelle en Europe.
-Mettre en évidence les aspects communs des cultures européennes.
2-Pour ce qui concerne « la Ville et les Citoyens »
-Encourager la participation des citoyens, habitant Marseille et la Provence, susciter leur intérêt ainsi que celui des citoyens vivant à l’étranger.
-Avoir un caractère durable et faire partie intégrante du développement culturel et social à long terme de la Ville et de sa Région.
3-Enfin, ne pas oublier la dimension méditerranéenne de Marseille/Provence, d’autant que la réalisation du Musée des Civilisations d’Europe et de la Méditerranée, le MUCEM, devrait être achevée en 2013.
Si un thème comme celui des immigrations de masse aux XIXe et XXe siècles (italienne, espagnole ou maghrébine) a déjà fait l’objet de nombreuses études, les migrations internes (par exemple, celle des gavots vers plaines ou les villes du littoral provençal) ou vers les pays voisins (par exemple des occitans vers l’Espagne après la Reconquista, des Vaudois provençaux vers l’Italie, ou des Gavots vers le Mexique) mériteraient des développements intéressants.
Les critères sont donc suffisamment larges, (notamment ceux de la diversité culturelle et des échanges méditerranéennes) pour offrir une grande liberté dans les choix des sujets.
En conclusion, nous vous demandons de nous adresser d’ici fin août, les titres des thèmes que vous comptez traiter, de manière à ce que nous puissions commencer à bâtir notre projet commun. Si 2013 est l’année de la mise en œuvre globale de l’opération, c’est en 2009 que se fait la sélection, d’où notre demande. Recevez chers amis nos cordiales salutations
Le Président, Rémi JUMEAU
Sus lou cros de Roumié (divèndre 14 de janvié 2022, à Menèrbo)
Roumié, vaqui un credo de belèu lou faras tiéu : Lou Crédo dé Cassian dóu grand pouèto Vitou Gelu, Marsihés coume tu. N’en vaqui quàuqui tros.
A peri tout entié, qué servirié de neisse !
Dieou, que li vi tan lun, nou forgé pas per ren :
En mouren regrian ; l’ome quan dispareisse,
Va pupla leis estèlo oou foun doou firmamen !
Maduro avan lou tem, ma testo, qué vies blanquo,
A glena quaouquei gran dedin chasque gara.
Mies qué lou marguiié que rounflo sus sa banquo
Ai souven tria de grame ei sermoun doou cura.
Dei prepaou dei moussu, dei cansoun dei femèlo,
Dei questien dei nistoun, surtou, mi sieou nourri :
Tan qu’un secrè nouveou coutiguo sa cervèlo
Lou senigran voou pa mouri
A peri tout entié, etc …
Dieou mandan sa semenço ei ciele, à l’avanturo,
Coumo lou bastidan qué sameno soun bla,
Lou gran s’esparpaié lon de la vouto bluro :
Qu s’enregué d’eici, qu s’enané d’eila.
Nouesto grano encapé de toumba su la terro :
Aqui rescountrerian noueste premié relès,
Mounte tan de doulou duvien nou fa la guerro
Jusqu’oou suari, despui lou brès !...
A peri tout entié, etc…
Mai lou darnié badaou pa pu leou nous escapo,
Sian saia aperamoun senso cro ni palan ;
Aven entamena nouesto segoundo etapo ;
Anan mai espeli su d’un globou pu gran !
Aqui sian dejà mies : aven lou cor de ferri,
Vin pan d’ooutou, lei bras emé lei ner d’acié ;
Creignen ni cirourgien, ni drogo, ni cristèri :
Counoueissen plu la maladié !
A peri tout entié, etc…
Adelà fourra plu qué tout un pople laoure
Per gava finqu’eis uei quaouquei pouar a l’engrai ;
Aqui l’ooura plus ges dé riche, ni de paoure ;
Ni saven, ni bestias ; ni beou pitoué, ni lai !
Seren toutei parié souto la memo bacho !...
Pu gai qué de jouven qu’an chima lou claré,
Oouren noueste bouenur escri dessu la facho,
Coumo s’erian oou cabaré !
A peri tout entié,etc…
A cin-cen-milo lèguo oou dessu dei tounerro,
Sé nou pren fantasié dé durbi lou journaou,
Li veiren lei travai que nouesto ancieno terro
Fara, per si servi dei forço dé l’uiaou,
Coumo l’aplooudirian, soun assaou dé couragi
Dei reire-pichoun-fieou é dei reire-nebou,
Qué voudran counqueri lei nieou à l’arrambagi,
S’à la fin n’en venien à bou !...
A peri tout entié, etc…
Alor dei bouenei gen fenira plu la festo !...
Mai lei tigre, dé qué si voudran rapela ?
Semblaran d’estrangié ! degun li tendra testo
Perqué viroun toujou l’aiguo dins sei vala !
Leisso leis arpagoun ti trata d’imbecile :
En ti fasen cheri, moougra tou soun mespres,
Vidaou, places tei foun mies qué lou pus abile :
Oou milo per cen d’interes !...
A peri tout entié, etc…
La jalousié deis ome é sei bruteis entriguo,
Coumo s’en truffaren, quan seren tou-puissan !
Per quaouquei pessu d’or s’escaloun à la biguo,
Trouvaren à manès lei mouloun de diaman !
S’à la retiro-puou derraboun d’espouleto,
Dé capeou galouna, dé mitro de satin,
Qué sera tout aco, senoun de pampaieto
Su d’un lai viesti d’arlequin !...
A peri tout entié, etc…
Mai alor qué bouenur d’ooublida la coulèro !
Dé jouï doou printem senso apranda l’iver !
Dé dire ei capouchin qu’esfraieroun ta mero :
Reveran, boufa-li su lei brasiéd’infer !
Dé dire à Madeloun, quan lou pies li ressaouto :
Din noou-milo an d’eici, gento caligneiris,
Coumo vui, per passien ti mangearai lei gaouto,
E toujou mordrai frui requis !
A peri tout entié, etc…
Mestre, t’ai amarra su l’ancro d’esperanço :
Vai acaba ta pleguo entre leis afama,
E quan oouras feni ta vido de soufranço,
Vene trouva Cassian ei péis embeima.
Doou calici dé feou poues escouela lei gouto :
T’ai coupa lou bastoun qué ti duou sousteni ;
Parti premié ; veiras mei piado su la routo ;
M’agantaras à l’embruni…
A peri tout entié, qué servirié de neisse !
Dieou, que li vi tan lun, nou forgé pas per ren :
En mouren regrian ; l’ome quan dispareisse,
Va pupla leis estèlo oou foun doou firmamen !
Nàni, Roumié, risques pas de peri tout entié. Bèn lou countràri !
Restaras dins nosto memòri. Nous-autre, Gravesounen, t’avèn couneigu poulemisto arderous dins la colo d’Un Païs pèr Deman ; pièi, e subretout, au CREDD’O. Lou CREDD’O que n’en fuguères un di foundadou emai un valènt cepoun. Lou CREDD’O que n’en prenguères un jour la presidènci e la gardères dès an de tèms. Dès an qu’an fa flòri. Souto ta beilié l’Oustau di Petit venguè lou centre de recerco e d’estùdi recouneigu, indefugible e respeta que couneissèn vuei. Lou meteguères dins soun lustre, ié dounères si letro de noublesso. Quouro la santa te n’aliuenchè fisicamen, sian li testimòni que countunières de te soucita de tout ço que se debanavo de bon o de pas tant bon au CREDD’O. Gravesoun te dis gramaci.
Mai es tout lou païs d’O que gardara peréu souvenènço de tu. Siés esta un parangoun de la recounquisto de la lengo. Nosto lengo l’aprenguères emé passioun e n’en venguères lèu un escrivan de trio. Publiquères dins l’afaire de vint an uno deseno d’oubrage, tóuti saluda pèr la critico. Quau n’en pòu dire autant ? Te siés avasta ‘mé bonur dins quàsi tóuti li relarg de la literaturo : pouesìo, rouman istouri o d’aventuro, nouvello fantastico… E tout acò en gaubejant un lengage noble e eisigènt, à l’auturo de l’idèio auto que te fasiés de la lengo. Siés d’aquéli qu’an vicu, qu’an tengu nosto lengo vivo.
Vuei, es en terro de Menèrbo que sian vengu te rendre óumenage, un terraire de memòri e de resistènci. Nàni, Roumié, t’óublidaren pas !
Il y a des moments que l’on pense ne jamais vivre, et puis inévitablement, inexorablement, ils arrivent. C’est le cas pour cette disparition qui nous réunit aujourd’hui : comment accepter que Rémi, cet homme puissant, cet homme magnifique, qui était la bonté et la générosité même, ce mari, ce père, ce grand-père qui semblait indestructible soit terrassé par l‘âge et la maladie et repose aujourd’hui devant nous.
Au nom de Claire, son épouse, de Sylvie, de Manuel, de Frédérique et d’Anaïs, je vous remercie d’être venus, parfois de loin, pour l’entourer une dernière fois. Et ayons une pensée pour Sylvie et Nicolas que le Covid empêche d’être avec nous aujourd’hui.
Claire m’a demandé de retracer rapidement le portrait et la carrière de Rémi : je l’en remercie, je mesure l’honneur qui m’est fait mais aussi la difficulté de la tâche. Je vais essayer...
Rémi Jumeau est né à Marseille le 30 avril 1930.
Dès sa première année il se distingue en recevant, avec une grande modestie, le diplôme d’honneur du concours des bébés de 1931 : c’était sans aucun doute une prédestination !
De son premier mariage avec Simone Mouliérac naîtront ses deux enfants
Rémi débutera ses études chez les Jésuites, où enseignait son père, éminent professeur de mathématiques. Mais très vite il comprit que les équations et les logarithmes n’étaient pas faits pour lui ; il préféra intégrer l’Institution du « Sacré-Coeur » où il excella en histoire, en français, en latin et en grec. Il obtint même, à la fin de ses études secondaires, un diplôme d’éloquence, dans la plus pure tradition antique.
Fait plus étonnant : au cours de son service militaire, alors qu’on ne lui connaissait aucun penchant particulier pour l’armée, le Maréchal des Logis Rémi Jumeau se vit décerner un Certificat de Bonne Conduite par le colonel commandant le 405e régiment d’Artillerie Antiaérienne. Comme quoi il était bon partout !
Il poursuivra ses études aux Beaux-Arts, dans la section Gravure. Mais malgré ses incontestables dons artistiques et son espoir consacrer sa vie aux Arts Plastiques, il décida d’intégrer la société « Avenir Publicité » au sein de laquelle il fera toute sa carrière.
Ce fut un excellent choix, car il en gravit progressivement tous les échelons, parvenant jusqu’au poste de Directeur Régional qu’il occupa à plusieurs reprises, dans plusieurs régions de France, avant de terminer au siège à Paris.
Dans cette dernière partie de son parcours professionnel, il s’investit au sein des instances représentatives de la profession pour faire cohabiter la publicité et la défense du patrimoine. Les textes qui régissent aujourd’hui les conditions de publicité dans les paysages urbains et ruraux lui doivent beaucoup.
Lors de son départ d’Avenir Publicité, que la Direction générale a essayé de retarder autant que possible, un grand hommage lui a été rendu au Petit Palais à Paris par le Président Mr Boutinard-Rouelle.
C’est dans le cadre de son activité qu’il a rencontré Claire, qu’il a épousée en 1986 et avec laquelle il partagea quarante années d’un amour inconditionnel. Ils étaient réunis par l ‘amour des arts, lui la peinture et l’écriture, elle la danse et la musique.
Il hérite à cette occasion d’une nouvelle fille, Frédérique, qu’il considérait comme la sienne et qui l’adopta comme père.
Cerise sur le gâteau lui arriva Anaïs, sa petite fille, sa « petitoune » avec laquelle il avait une relation profonde, tendre, faite de multiples touches de complicité.
Bien qu’enrichi par ses voyages en France, et peut-être justement du fait de ses nombreux changements de résidence, il n’avait qu’une hâte dès sa retraite : retourner dans sa chère Provence. Lui le provençal convaincu n’a jamais accepté que la République, pour fabriquer un citoyen uniforme sur tout le territoire, ait combattu les cultures régionales : dès lors il a consacré sa vie à militer pour la cause provençale.
C’est la présidence du CREDD’O d’où il n’a cessé de lutter pour rendre sa dignité et sa place à la langue d’Oc.
C’est la participation au bureau de l’Association les Suds dès sa création en 1996.
C’est enfin l’Association du Festival d’Arles, « Les musiques du Monde », dont il fut le Président pendant dix ans.
Enfin et surtout, et c’était sans doute sa plus grande fierté, Rémi a pris sa plume pour écrire plusieurs livres en langue provençale, tous publiés.
Lui qui parlait peu, qui aimait aller à l’essentiel, qui était avare de ses mots et pudique sur ses sentiments, était prolixe dans ses écrits…
Selon un proverbe africain, continent où domine la culture orale, « un homme qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle ». Pour Rémi c’est tout l’inverse : il nous laisse sa bibliothèque en provençal comme un témoignage ineffaçable.
Deux traits enfin que je voudrais souligner.
D’abord la fidélité et la profondeur de ses sentiments pour ses proches, qu’il aimait avec une égale tendresse et dont il ne s’est jamais départi.
Ensuite l’étendue impressionnante de sa culture : à ses côtés, on se plaisait à ne pas consulter Wikipédia quand on avait une question, assurés qu’il en connaissait la réponse.
Ce qui s’avérait toujours exact ! Rémi était une encyclopédie ambulante.
Mais si c’était un grand homme, calme, tranquille quoique souvent angoissé, pudique, digne c’était aussi – et là je laisse le mot de la fin à sa fille, un homme têtu comme 36 mules !
Merci, Rémi, pour tout ce que tu nous as donné, merci pour ce que tu étais, ta trace ne s’effacera jamais. Repose en paix.
Jean-Marie Ramier, enseignant à la retraite d’Occitan-Langue d’Oc, dans l’enseignement catholique et dans l’Académie d’Aix-Marseille. Président des associations Un Païs pèr Deman, CEPD’OC (Centre d’Étude de la Parole d’Oc), membre du conseil d’administration du CREDD’O (Centre de Rencontre, d’Étude, de Documentation et de Diffusion d’Oc).
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