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Jean Luc Séverac, peintre, sculpteur, graveur (1936-2022) installé à Minerve depuis 1965.
Il participe sur place à la diffusion de la nouvelle chanson occitane et s’implique dans le renouveau de la culture d’oc aux côtés de Léon Cordes.
Jean-Luc Séverac, peintre, sculpteur et graveur (Capestang, 16-11-1936 - Minerve, 27-01-2022), est le fils de Robert Séverac et de Marcelle Joseph. Il passe son enfance à Capestang et à Béziers. À Aigne, à la fin de la guerre, une cousine lui fait découvrir en vélo un lieu et un paysage extraordinaires : la cité de Minerve, son causse et les gorges de la Cesse et du Brian. Adolescent, il vit à Montluçon dans le milieu artistique que fréquentent son père, auteur dramatique, et sa mère, ancienne danseuse et directrice d'une école de danse. En 1955, à 18 ans, il devance l'appel du service militaire pour être libre de faire ensuite les Beaux-Arts. En 1958 il entre en deuxième année de l'École nationale des arts de Bourges dans le but d'y étudier auprès du sculpteur Marcel Gili qu'il admire et qui y enseigne. En 1960, au cours des vendanges à Aigne, il rencontre Marie-Thérèse Gareil, la fille d'un viticulteur de Minerve où il décide de s'installer dans la petite maison de la « Tour des Cathares ». C'est là, sur le promontoire qui porte la maison surplombant le confluent du Brian et de la Cesse qu'il fait sa première exposition en avril 1961. En décembre il épouse Marie-Thérèse, ils auront deux enfants. À Minerve, la vie est très dure et il doit travailler dans les vignes de son beau-père. Aussi se décide-t-il en septembre 1963 à prendre un poste de maître-auxiliaire de dessin au lycée de Guéret : il y reste deux ans, revient à Minerve en 1965 et n'en bougera plus. En 1968, il fonde avec quelques amis peintres et sculpteurs le « Groupe Minerve » (Pierre Bayle, potier-sculpteur ; Paul Azéma, peintre ; Adres Blume, ferronnier d’art) et ouvre définitivement en 1971 son « Atelier-Exposition San Rustic » qui va devenir le lieu de l'exposition permanente de ses œuvres.
En 1974, il illustre le Petit Livre de Minerve du poète occitan Léon Cordes.
En 1980 il reçoit le Grand prix de Sculpture du Salon d'art international du Pays d’Olmes. Il participe comme dessinateur de BD au journal satirique Le Rictus Occitan publié de 1972 à 1976. Par ailleurs il invente à cette époque une technique de peinture très originale et commence à pouvoir vivre de la vente de ses œuvres. Il peint les spirales de l'eau et sculpte avec elle les galets. Libre et indépendant, se voulant hors école, hors coutumes et hors frontières, sa peinture est qualifiée de « fantastique, poétique et onirique »1.
En 2018, il publie Entrebescs e Cançons, Entrelacs et Chansons, livre de gravures et poèmes en occitan de Gerard Zuchetto. Pour cette réalisation il utilise un procédé qu’il a mis au point dans les années 90. Abandonnant celui sur cuivre, pierre ou bois qu’il a déjà utilisé, il se sert désormais de polystyrène extrudé collé sur un support PVC. Matériau souple sur lequel il grave au fer chaud comme pour la pyrogravure. Le principe reste le même et ne nécessite pas de presse lourde. Il utilise la couleur acrylique diluée à l’eau.
Jean-Luc Séverac arpente Minerve et ses environs, sur le Causse, et partout il laisse l’empreinte de son art, une pierre, une souche d’arbre mort, une cavité sur le chemin de ronde de la cité médiévale, dans le lit de la rivière, sous les ponts naturels… Il raconte lui-même : « Quand je suis dans la nature, quand je me promène, quand je ramasse un galet ou un morceau de bois, c’est ce galet, ce bois qui m’inspirent et m’aident à réaliser l’œuvre que je porte en moi. »2.
En 1981, à la demande de la municipalité de Minerve, il sculpte dans un bloc de grès « La Colombe de lumière » du monument « Als Catars »3, menhir commémoratif du martyr des « Bons hommes et bonnes femmes » brûlés vifs en ce lieu en 1210. En 1989 il fait don, à l'église située en face, d'un Christ sculpté dans le buis.
Quelques citations :
« J'ai choisi la colombe, ascendante comme un esprit méditatif monte vers le ciel, pour ses vertus symboliques évidentes. Aujourd'hui cette œuvre m'a amplement dépassé : chacun la revendique, se l'approprie... »4.
« Une colombe de lumière...à mon sens c'était la seule façon d'évoquer ici le souvenir de ceux qui rêvaient de se libérer des servitudes et des douleurs de la matière. Sans les trahir une fois de plus...Mon christ sculpté dans le buis est un christ sans croix. Parce que la croix est un instrument de torture, mon christ n'est pas crucifié. Il est un christ en majesté. Une dame m'a dit un jour : vous avez fait un Jésus qui s'envole comme la colombe, là, devant la porte ! Eh bien c'est ça. Je voudrais bien que cette église romane soit celle de la réconciliation. Oui, j'aimerais bien... »5.
Jean-Luc Séverac participe à la vie culturelle de Minerve et du Minervois et à l’impulsion de celle-ci. Il organise de nombreux concerts avec, parmi les premiers acteurs de la renaissance d’oc de ce territoire, Claude Marti, Patric, Los Caminaires d’Òc... Léon Cordes, Yves Rouquette... Jean Luc Severac, artiste engagé pour la culture d’òc, décide de vivre et de travailler à Minerve, son pays d’adoption dès 1965. Il s’y enracine profondément et laisse dans cette cité médiévale et le paysage alentour une empreinte artistique indéfectible à travers toutes les facettes de son art.
2 Jean-Luc Séverac et Gerard Zuchetto, Entrebescs e cançons, Entrelacs et chansons ; Tròba Vox éditions, 2018
4 PhilippeTerrancle, « Le Premier Bûcher de Simon de Montfort », inPyrénées Magazine « Spécial Cathares », été 1999.1999, pp. 36 et 38).
5 Claude Marti, Terres Cathares, chemin faisant, illustrations de Paul Moscovino, Études et communications éditions,2007, p. 32.
Jean-Luc Severac et Gerard Zuchetto, Entrebescs e Cançons, Entrelacs et Chansons, Tròba Vox éditions, 2018
Virginie Pospisil-Puente, La Colombe de lumière, in Histoire et Généalogie en Minervois, n° 100, p. 76-78, 2015.
Anne Brenon et Jean-Philippe deTonnac, Cathares, la contre-enquête, Albin-Michel, 2008 ; édition en Poche « Espaces libres », 2011.
Claude Marti, Terres Cathares, chemin faisant, illustrations de Paul Moscovino, Études et communications éditions, 2007.
Philippe Terrancle, Jean-Luc Séverac. « La Colombe cathare », in Pyrénées Magazine « Spécial Cathares », p. 56-57, été 2000.
Philippe Terrancle, « Le Premier Bûcher de Simon de Montfort », in Pyrénées Magazine « Spécial Cathares », p. 36-39, été 1999.
Yves Rouquette, Cathares, Loubatières, Portet-sur-Garonne, 1991.
Léon Cordes, Le petit livre de Minerve : Lo pichòt libre de Menèrba, préface de René Nelli, illustrations de Jean-Luc Séverac, Lodève, 1974.
https://plus.wikimonde.com/wiki/Jean-Luc_Séverac
Entretien avec Marie-Thérèse « Mimi », Séverac.
Tròba Vox Éditions
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