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Rousset, Robert (1927-2020)

Sommaire

Identité

Formes référentielles :

Forme occitane :

Éléments biographiques

Engagements dans le renaissance d’oc

Bibliographie

Sources

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Robert Rousset, originaire de Lozère, majoral du Félibrige en 1994 a œuvré toute sa vie pour la survie et la qualité de sa langue maternelle et de façon générale pour la défense du patrimoine du Gévaudan.

Identité

Formes référentielles :

Rousset, Robert

Forme occitane :

Rousset, Robèrt

Éléments biographiques

Ainé de dix enfants, Robert Rousset est né le 11 octobre 1927 au Villaret commune de Gabrias, Lozère) entre Lot et Colagne. D’une famille de paysans, sa langue maternelle a été, cela va sans dire, le « patois » et il l’a faite sienne toute sa vie. Il disait souvent : « la première façon d’être est de faire vivre sa langue maternelle ». Il commence ses études à l’école de La Lichière, puis au petit séminaire de Marvéjols, où il fait des études de lettres classiques et à Langogne ave l’abbé Vialet.
Après une licence de droit à Montpellier, il « monte » à Paris et réussit le concours d’inspecteur des impôts. En 1972, il quitte l’Administration pour prendre le poste de rédacteur en chef d’une revue nationale d’actualités fiscales et devient avocat fiscaliste. Marié en 1956 avec Louisette Meissonier, ils ont eu trois enfants, Sylvie, Christine et Arthur. Attaché au pays, il revenait dès qu’il pouvait en Lozère et depuis 1956 mai surtout à Rieutort-de-Randon où il avait acheté une maison.
Homme rigoureux, il affirmait son point de vue avec détermination et avait horreur de « l’à-peu-près ». Il aimait aussi chasser dans les bois et parler occitan avec ses amis lozériens. Il était bon photographe (Voir la photo de la pierre mystérieuse qui illustre la couverture du Dictionnaire occitan-français Dialecte Gévaudanais.

Engagements dans le renaissance d’oc

Notre langue était pour lui une véritable passion. Il en étudia seul la grammaire, les dialectes, surtout le dialecte du Gévaudan. Dans sa lettre de condoléances, Alan Pantel, un ami occitaniste de Lozère, écrit : « Et de s’investir, de faire des recherches, d’équarrir los mots, de les passer au crible. »
Il était adhérent de nombreuses associations : Les amis de la langue d’oc - L’association des félibres de Paris, La veillée d’Auvergne, L’Association des Lozériens de Paris, l’association des amicales lozériennes de France. Il fut, en 1989, parmi les fondateurs de l’Escolo gabalo. Il apportait dans ses associations sa grande culture, son savoir et sa rigueur. Il participait aussi à l’Association internationale d’études occitans (AIEO - http://www.aieo.org/) qui rassemble de chercheurs de toutes disciplines sur la matière d’oc, avec de nombreuses publications et un grand congrès tous les 3 ans. Il avait participé également, en 2009, au 2nd colloque de la Sorbonne « Langues et cultures régionales de France, 10 ans après », ainsi que le note Fanch Broudic, lors de la table ronde « Le rôle des associations dans les politiques en faveur des langues régionales. » Il y soulignait, selon Broudic, que « La force et la faiblesse de la langue d'oc, c'est qu'elle concerne 30 départements et six régions. Ce qui génère des problèmes insolubles pour les associations : elles sont confrontées à une multitude d'interlocuteurs. »
Engagé au Félibrige dès 1984 après la Sainte Estelle de Sceaux, il participa à l’organisation de celle de Mende en 1992 qui fut une réussite. Élu majoral en 1994 (cigale de la Jeanne ou de Mussidan) en remplacement de Sylvain Toulze, participait activement à toutes les réunions.
Une de ses œuvres, où il avait mis tout son savoir, toute sa rigueur et sa détermination est la rédaction du Dictionnaire occitan-français dialecte gévaudanais avec Émile Tichet (Milomilou), Aimé Molinier, Aimé Ramadier et Prosper Rambier. Le dialecte du Gévaudan selon Pierre Bec : « appartient au languedocien septentrional tout comme le rouergat et l’aurillacois mais il est en même temps proche du languedocien oriental et aussi du provençal. » Il faut cependant préciser qu’une partie de la haute Lozère parla auvergnat. Ce dialecte avait bien sûr une grammaire, notamment la Grammaire Lozérienne de Léon Teissier 1, mais aucun de dictionnaire. On peut dire aussi que les auteurs du Gévaudan ont toujours transposé, dans leur façon d’écrire, ce que leurs oreilles entendaient, c’est-à-dire qu’ils ont employé une graphie sans vraies règles d’orthographe.
La gageure de ce dictionnaire a été de concilier des conceptions graphiques différentes : faire figurer les mots écrits dans une graphie la plus proche de celle d’Alibert. Une autre particularité, un trésor pour plus d’un usager : chaque mot d’appel est suivi de son équivalent en graphie classique que los élèves apprennent dans les calandretas et les classes bilingues de l’enseignement public. Pour mener à bien ce travail de bénédictin, les auteurs sont partis de fiches établies auparavant par Félix Remize, surnommé lo Grelhet [le Grillon] (1865-1941) grand défenseur de la langue et écrivain d’oc, et d’un lexique de Jean David déposé aux archives départementales de Lozère. À propos du Grelhet, on peut dire que c’est sous l’impulsion de de Robert Rousset qu’une stèle a été édifiée en son honneur à Mende. Robert Rousset s’inspirait aussi des études savantes de Charles Camproux (1908-1994), originaire de Marseille, qui avait commencé sa carrière de professeur de lettres en Lozère 2.
Robert Rousset écrivait aussi dans le journal La Lozère Nouvelle, les revues Le Félibrige, et Lou Païs – Revue Régionale du Gévaudan et des Cévennes. Il ne s’intéressait pas seulement à la langue mais à tout le patrimoine du Gévaudan. À l’origine de l’association Promotion du patrimoine lozérien, dirigée per Jean-Paul Mazot rédacteur de la revue Société des lettres Sciences et Arts de la Lozère, il soutenait, avec Louisette, son épouse, la cause des danses folkloriques et les chanteurs occitans. Il avait écrit une belle préface pour le CD Sanflorada per deman 3. Il y saluait « la noble langue d’oc, celle-là même qu’illustrèrent nos troubadours (trobadors), eux dont la lyrique inspira toute la littérature européenne naissante à l’apogée du Moyen Âge. Certains de ces chants portent la marque de cette influence, tel le Se canta (attribué à Gaston de Foix et devenu l’hymne occitan par excellence) modestement calqué sur le thème de l’Amor de lònh ». Le dernier air, « Tèrra d’Aubrac », chanté par Philippe Vialard nous parle d’une 

Tèrra d’Aubrac, tèrra mejana,
Entre Roèrgue et Gavaudan
País de fònts, de blanca lana
Qu’estend l’ivèrn après Totsants,
Siás benlèu freg, mas la marrana
Grepesís pas tos fièrs enfants… 4

Il s’agit d’un texte de Zéphir Bosc, le félibre rouergat, qui est mort deux jours avant Robert Rousset. Tous deux se retrouvaient chaque année à Rodez, au festival Estivada, où ils tenaient avec d’autres le stand du Félibrige
Robert Rousset était effectivement de ces félibres attachés au travail unitaire pour la langue et la culture aux côtés des occitanistes. Il participa ainsi à plusieurs manifestations « Anem, òc, per la lenga occitana. » 5 (Carcassonne 2005 et 2009, Béziers 2007) et aussi aux réunions d’organisation interassociatives.
Robert Rousset n’a pas écrit à proprement dit de livre en occitan mais il a beaucoup écrit dans cette langue dans les nombreuses revues à la rédaction desquelles il participait. On lui doit entre autres un texte : Lo laus de la durmida, hommage à la sieste, présenté à la Sainte Estelle du Lavandou. En voici un court extrait :
…E aquí, de se laissar anar, vos dise pas lo benaise… A chap pauc, en parpalejant, puèi en clucant los uèlhs, lo sòm ven plan-planet, un sòm leugièr amb de sòmis agradius que vos fan landrinejar l’imaginari tras los níbols del cèl, mentre que lo cervèl pren la velha. D’unes, pr’aquò, plantan bana per de bon e se botan a roncar coma une orguena… 6
Robert Rousset a publié récemment : Les noms de famille en Gévaudan (Société des Lettres sciences et arts de la Lozère.) 7

1- Teissier Léon, Grammaire Lozérienne, Lou País, 1964. Plaquette de 48 pages illustrée de nombreux dessins en noir et blanc dans le texte. Cahiers du Gévaudan, n°6. Couverture de S. Tichet.

2-Il consacra une bonne part de son travail à la linguistique

3- Disque enregistré au studio de La Nauze par Fabien Salabert en août 2001.

4- Terre d’Aubrac, terre mitoyenne / entre Rouergue et Gévaudan / pays de sources, de blanche laine / que l’hiver répand après la Toussaint / tu es peut-être froid, mais l’accablement / n’engourdit pas tes fiers enfants.

5- https://fresques.ina.fr/borbolh-occitan-fr/videos/liste?theme=80---Politique%20et%20soci%C3%A9t%C3%A9&fiche-media=Occita00056

6-Et là, de se laisser aller, je ne vous dise pas le bien-être… Peu à peu, en clignant des paupières, puis en fermant les yeux, le sommeil vient doucement, un sommeil léger avec des rêves agréables qui vous font vagabonder l’imaginaire à travers les nuages du ciel, pendant que le cerveau prend la veille. Certains, cependant, s’endorment [mot à mot : « plantent la corne »] pour de bon et se mettent à ronfler comme un orgue…

7-Robert Rousset : Les noms de famille/los noms d’ostals en Gevaudan, Société des Lettres, sciences et arts de la Lozère, 2019

 

Bibliographie

1992, (Aimé Molinier, Prosper Rambier, Robert Rousset, Emile Tichet) Dictionnaire occitan-français : dialecte gévaudanais ; Saint Sauveur de Ayre, l’Escòla gabalo-1992.

2019, Robert Rousset, Les noms de famille, los noms d’ostals en Gévaudan. Société des Lettres, sciences et arts de la Lozère. http://www.societedeslettres48.fr/derniere-parution-les-noms-de- famille-en-gevaudan/

Sources

Entretiens oraux avec Mesdames Louisette Rousset et Pierrette Berengier, majorale du Félibrige.

Revue du Gévaudan, des Causses & Cévennes.

Liste des majoraux du Félibrige, classés par cigale : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_majoraux_du_F%C3%A9librige

Félix Buffière Doyen honoraire de la Faculté libre des lettres à l’institut Catholique de Toulouse, préface du Dictionnaire Occitan Français Dialecte Gévaudanais, 1992.

Fanch Broudic, blog « la langue bretonne » : http://www.langue-bretonne.org/archives/2011/07/22/21658926.html et http://www.langue-bretonne.org/albums/t_le_2e_colloque__langues_regionales__de_la_sorbonne/index.html#lg=1&slide=12.

Joan François Costes : « Despartidas », Lo Vira-Solelh, Bulletin électronique de la Société des félibres de Paris. Les amis de la langue d’oc, http://amilengoc.free.fr/, 63, ivèrn de 2021, p. 4-5

Patrick Delmas, majoral du Félibrige : Lettre de condoléances à Madame Rousset.

Pierre Fabre, ancien Capoulié du Felibrige. Lettre de condoléances à Madame Rousset.

Jan Fourié : « Adieu al majoral Robèrt Rousset » : Lou Felibrige, 322, p. 33-31.

Bernard Giely : « Lou majourau Robèrt Rousset », Provenço d’aro, 372, janvié de 2021, p. 8.

Alain et Jeanne Pantel : lettre à Louisette Rousset

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