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Louis Rouquier (1863-1939) est né à Puisserguier (Hérault). De 1898 à 1905, membre du Félibrige Latin il est auteur de carnavalades. En 1906, il monte à Paris. Pendant la guerre de 1914-18, il s'engage dans des actions sociales au bénéfice des familles des mobilisés. Au lendemain de la guerre, il est élu maire de Levallois-Perret et Conseiller Général de la Seine. Il reprend également l'écriture occitane et devient membre de la société des Amis de la langue d'oc.
Rouquier, Louis (1863-1939)
- lou Bourret (pseudonyme)
Louis Rouquier est né à Puisserguier dans l'Hérault, au sein d'une famille Rouergate descendue dans le bas Languedoc pour cultiver la vigne. Il quitte l'école à 13 ans pour travailler la terre comme ouvrier. Mais à 15 ans son goût de l'aventure l'amène à rentrer dans la marine marchande, puis au moment de la conscription dans l'Infanterie de Marine. Après son retour au pays, il devient secrétaire de mairie dans sa commune de naissance.
En 1906, il monte à Paris pour vendre le vin du Midi. En 1912, il retourne à son métier de secrétaire de mairie qu'il exerce à Saint Denis puis à Charenton. Pendant la guerre de 14-18, il devient secrétaire du Comité de Défense Sociale de Levallois-Perret qui aidait les familles des mobilisés dans leurs démarches administratives. Dans le même temps, ses idées sociales l'amènent à rentrer à L'Union Fédérale des locataires de France et des Colonies qui avait pour objet la création de coopératives d'habitations à loyer modéré, ancêtres des HLM, pour faire concurrence aux habitats privés souvent insalubres et aux loyers onéreux.
En 1919, il est élu maire de Levallois-Perret, ville de 70.000 habitants, et conseiller général de la Seine en 1925 ce qui le conduit aux fonctions de vice-président du Conseil Général, de membre du conseil d'administration de l'Institut d'hygiène de la Faculté de Médecine de Paris et du conseil d'administration de l'Office HLM de la Seine. En 1928, il est élu député de la Seine pour une législature. A la Chambre, il s'inscrit au groupe des indépendants de gauche. Il participe aux commissions de l'hygiène, des régions libérées, de l'administration générale. Il demeure maire de Levallois-Perret et conseiller général jusqu'à sa mort en 1939. Selon son désir, il a été inhumé dans son pays natal.
Dès son jeune âge, il parle ce qu'on appelle autour de lui le patois. Au fil de sa vie, il écrit en lengadoussian 1, au début pour rester proche de sa culture puis dans un second temps pour se rappeler de ses origines. On différencie deux périodes dans sa production littéraire ; la première de 1898 à 1905, la seconde de 1922 à 1939.
En premier lieu, Louis Roquier est un auteur de théâtre, de carnavalades, genre théâtral humoristique né à Béziers. Il choisit de faire le portrait de son pays à travers la politique et la vie sociale. A partir de 1922, il publie, toujours en occitan, des comédies et des contes, sans changer de sujet. Le petit peuple, les gens ordinaires de la campagne Biterroise, furent pour lui une source d'inspiration.
Il se lie d'amitié avec plus d'un écrivain languedocien d'expression occitane, comme Paul Moulinier, Antonin Roux, Junior Sans., et Emile Barthe. Il considère Jean Laurès, le vieux félibre de Villeneuve-les-Béziers, comme son père littéraire. Au cours des relations épistolaires avec ces auteurs, il poursuit son œuvre littéraire en leur écrivant des sonnets.
Il est très proche du Félibrige Latin, groupement languedocien, présidé par Alphonse Roque-Ferrier, qui s'oppose à l'hégémonie provençale du Félibrige. On trouve sa participation aux Fêtes de Peyrottes à Clermont l'Hérault où il se produit en déclamant ses contes.
Jusqu'à l'après-guerre de 14-18, sa vie parisienne n'est plus marquée par la même relation avec une association d'auteurs d'expression occitane ; sauf à compter de 1919, lorsque Joseph Loubet crée la Nouvelle Société des Félibres de Paris devenue Les Amis de la Langue d'Oc. Ami de Joseph Loubet, Louis Rouquier figure parmi les membres fondateurs de cette nouvelle association dans laquelle il ne joue finalement qu'un rôle discret en raison de ses charges publiques qui ne lui font pas oublier les écrivains provinciaux comme René Fournier et Georges Reboul.
Il a le goût des coutumes populaires. Il aime les bonnes histoires que l'on raconte dans les veillées. C'est aussi un auteur contestataire qui dénonce le pouvoir absurde, la fraude du vin, la soumission à l'argent et la misère des petits travailleurs. Il mêle même volontiers à ses histoires des réflexions de nature politique, sociale et humanitaire. Rongé par le comportement du monde, il se réfugie dans l'écriture « per poudre s'abéna de bélézos e viure de fumados »2. Il conte comme il parle, la richesse de sa langue a été reconnue par les critiques comme Camille Gandilhon d'Armes et Walther von Wartburg, rédacteur du FEW, avec lequel il est en contact.
Son œuvre recueille des trésors d'expressions et compte des scènes pittoresques de la vie de son époque dans lesquelles il met en scène le petit peuple. Il fait partie d'une génération d'écrivains d'expression occitane sortie de la ruralité, inspirée par des choses simples. Ces écrivains ont été de fins observateurs de la vie et nous ont laissé également un témoignage ethnographique. Louis Rouquier utilise l'humour pour diffuser son parler, pour lui l'occitan ne pouvait pas être la langue de la tragédie, comme en témoignent ces propos :
Ieu, quand sentissi que lou parpalhol nègre me voulastrèjo dins la closco, que la nèblo del desféssi escabournis moun cor e que m'emboutumi, aganti la plumo e galoi coumo la coulico, ensaji de vous faire rire. 3
Au fil de sa vie, il s'est constitué une bibliothèque riche d'un millier de livres dont seulement une partie a pu être sauvée et se trouve actuellement répartie entre la Bibliothèque Universitaire de Lettres de Montpellier et à la Bibliothèque Municipale de Puisserguier qui détient également deux recueils de ses œuvres écrites.
1/ Louis Rouquier, Contes a la Troubilho, chez l'auteur, Levallois-Perret, 1925, p 8 ↑
2/ Louis Rouquier, Countes a l'alhòli, amb un gloussari lengadossian-fransimand de dos milo mots e un retrat de l'autor, E. Guitard, Paris, 1926, p. 2 ↑
3/ Idid ↑
- L'Auvergnat de Paris, Camille Gandilhon Gens d'Armes, 3 mars 1923
- Dictionnaire des Parlementaires Français, Notices Biographiques sur les Ministres, Sénateurs et Députés Français de 1889 à 1940, publié sous la direction de Jean Jolly, Archiviste de l'Assemblée Nationale, Presses Universitaires de France, Paris, 196.
- Le Félibrige Latin, Revue Mensuelle des œuvres et des faits qui intéressent les Associations de littérature méridionale publiée sous la direction de M. Roque-Ferrier, Tome Neuvième, Imprimerie Centrale du Midi (Hamelin Frères), 1898
- Le Travail, n° 187, Jean-Paul Régis, 6 mai 1923, Toulouse
- AGEORGES, Joseph. « Billet Parisien – La Vie de la langue d'oc ». La Libre Belgique, 7 septembre 1925
- FOURIÉ, Jean. Emile Barthe et les écrivains biterrois d'expression occitane, Collection des « Amis de la langue d'oc », Paris, 1975
- FOURIÉ, Jean. Le félibrige parisien durant l'entre-deux guerres, chez l'auteur, Collection des « Amis de la Langue d'Òc », 1987, p 2
- FOURIÉ, Jean. A prepaus del felibrige parisenc. Estudis Occitans - revistas d'escambis e de recèrca sus la cultura d'Òc, N° 2, 1er semestre 1998, pp 42−47
- FOURIÉ, Jean. Dictionnaire des auteurs de la langue d'oc, Félibrige Edition, 2009
- LAMOLLE, Jean. Pêle-mêle Midi. Le Télégramme de Toulouse, 27 janvier 1925
- LOUBET, Joseph. Louis Rouquier et ses « Contes a la troubilho ». Le Provençal de Paris, 29 mars 1925
- MOROY, ÉMILE. Les libres Nouveaux. La Semaine à Genève, 17 mars 1925
- PINTARD, Eugène. Maire et Félibre. Languedoc ─ Organe mensuel des enfants de l'Hérault à Paris, janvier 1925, n° 8, p. 2
- ROQUE-FERRIER, Alphonse. Hommage à Langlade. Imprimerie et Lithographie Durand Frères, Montpellier, 1901
Archives de Louis Rouquier consultables à la Bibliothèque de Puisserguier :
- Recueil des Oeuvres manuscrites
- Recueil factice, numéroté 669: Union Fédérale des Locataires de France et des Colonies, "Notre Programme d'Action Locative par Louis Rouquier", Imprimerie Nouvelle, Paris, 1917; "Les Allocations Militaires par Louis Rouquier", La Cootypographie, Courbevoie, 1915 ; "Résumé Pratique des divers Actes de l'Etat Civil indispensable aux Familles de Mobilisés", La Cootypographie, Courbevoie, 1915
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