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Bouéry, Jan-Bernat (1922-2019)

Somari

Identité

Formes référentielles

Autres formes connues

Éléments biographiques

Engagement dans la Renaissance d’oc

Bibliographie de l'auteur

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Jean Bernard Bouéry est un écrivain provençal notament connu pour ses souvenirs de Résistance. Son œuvre lui a valu le Prix Frédéric Mistral 2002 de littérature provençale et le Grand prix littéraire de Provence 2005.

Identité

Formes référentielles

Bouéry, Jan-Bernat (1922-2019)

Autres formes connues

- Bouéry, Jean-Bernard (forme française du nom)

Éléments biographiques

Né en 1922 à Besse-sur-Issole (Var), Jean-Bernard Bouéry était le fils d’un cheminot qui travaillait à l’entretien des voies. Sa mère était italienne. La famille habitait Carnoules (Var), bourgade marquée par la présence des employés de la SNCF. Elle avait élu la première municipalité communiste du département. Le père de Jean Bernard était d’ailleurs revenu communiste de la guerre de 1914. Au village, le provençal était la langue d’usage, y compris entre les enfants, même si, d’après Bouéry, l’instituteur donnait des claques si on parlait ainsi en classe...
Jean-Bernard Bouéry fut touché par la poliomyélite lorsqu’il avait sept ans et en réchappa doublement handicapé, bossu et boiteux. Même s’il jouait comme tous les gosses de son âge, cette infirmité le fit souffrir en particulier à l’adolescence et le fit se retourner précocement vers son monde intérieur. Il écrivit assez tôt des poèmes. Il aurait voulu devenir maître d’école, mais son handicap lui fermait les portes de l’École normale. Il fit des études commerciales au collège Rouvière à Toulon (Var) jusqu’au brevet commercial qu’il passa à la mi-juin 1940 alors que des avions italiens bombardaient la ville. Convoqué aux Chantiers de Jeunesse, il en fut vite réformé, le 7 juillet 1942. Quelques mois après, il fut exempté du STO (Service du travail obligatoire en Allemagne). Grâce à des relations familiales, il avait pu enfin trouvé un emploi au Crédit Lyonnais à Brignoles (Var) en mars 1942. La tenue des comptes était un travail fastidieux et peu payé. Il y resta jusqu’au 31 janvier 1943. Mais quelques semaines plus tard, un cousin ouvrier de l’arsenal de Toulon le fit contacter par un résistant membre du réseau de renseignement Phalanx. Ce réseau, dirigé par Christian Pineau, était l’un des grands réseaux gaullistes, rattaché au BCRA de Londres. Alors que la Résistance locale était toute entière contrôlée par le parti communiste clandestin, il accepta de devenir agent de liaison de ce réseau avec pour pseudonyme Victoire Jeannot et pour matricule RH26. Il y fut officiellement incorporé comme agent P2, le 4 août 1943. Disponible, non menacé par le STO, considéré sans méfiance dans les contrôles, il assura ainsi jusqu’à la Libération la collecte et le transport des renseignements entre Nice (Alpes-Maritimes), Le Luc (Var), Carnoules, Cuers (Var), Toulon et Marseille (Bouches-du-Rhône). Ces renseignements portaient en particulier sur les terrains d’aviation de la région, l’arsenal de Toulon et les mouvements des trains destinés aux occupants (qu’il recueillait lui-même grâce à ses relations parmi les cheminots). Il conservait précieusement bien des années après les documents que le réseau lui avait remis pour identifier les avions, les grades, les unités militaires allemandes. À la Libération, il fut homologué chargé de mission de 3e classe, avec le grade de sergent, mais il se sentit comme abandonné quand on le démobilisa à la Marseille. Il dira plus tard : « Je n’étais plus rien ».
Revenu à une réalité difficile, souffrant de « sa jeunesse volée », il retrouva un emploi comme comptable intérimaire à la SNCF. Il traversa des moments difficiles et fit une grosse dépression en 1947. L’environnement politique et syndical à Carnoules était dur et il ne pouvait guère mettre en avant une activité résistante qui aurait nourri la suspicion, cependant il resta membre du Parti communiste jusqu’aux années soixante.
Selon son témoignage, sa vie malheureuse se prolongea jusqu'à ce qu'il rencontre son épouse. Celle-ci avait 39 ans lorsqu’ils se marièrent, lui en avait 45 ans. Le couple eut un fils. Il s’installa à La Garde (Var), dans la grande banlieue de Toulon en 1974. Bouéry y trouva un environnement qui lui permit de multiplier les activités : musique, peinture d’aquarelles tournées vers les paysages de la Provence traditionnelle, photographie, apiculture, enseignement du provençal et écriture. Il était engagé près des associations de la ville de La Garde, La Farigouleto, L’Acamp et l’école de provençal.
Titulaire de la carte de Combattant volontaire de la Résistance en 1948, il ne milita pas dans les associations d’anciens résistants et affectait de ne pas rechercher les décorations. Cependant ce fut pour lui une grande joie que de recevoir la Légion d’honneur, au titre de la Résistance, le 30 mai 2015.
Il décéda à La Garde le 20 février 2019.

Engagement dans la Renaissance d’oc

Porté par son imagination, aimant écrire, amoureux d’une certaine idée de la Provence, engagé dans le félibrige, il se mit à rédiger ses souvenirs de guerre pour s'occuper, dira-t-il, car le départ de ses abeilles (il avait une vingtaine de ruches qui avaient « déserté ») l’avait beaucoup affecté. Il décida de les écrire en provençal pour – toujours selon lui – « changer de ce qui se faisait ». Son premier ouvrage, publié en 1998, E pamens lis estiéu fuguèron bèu... porte en sous-titre Crounico d’uno jouinesso raubado. Ce sont les souvenirs quelque peu romancés de ses années de jeunesse et de Résistance. Ils furent suivis par six autres titres, édités en provençal et en français, qui lui valurent le Prix Frédéric Mistral 2002 de littérature provençale et le Grand prix littéraire de Provence 2005.
Il était lié d’amitiés à d’autres écrivains provençalistes varois, notamment André Dégioanni de Cabasse (Var) et Jeanne Blacas de Brignoles.

Bibliographie de l'auteur

- E pamens lis estiéu fuguèron bèu ... Et pourtant les étés furent beaux…, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 1998, 297 p. et rééd. 2000, 333 p. (biographie romancée)
- L’an que ven, à Malofougasso. L’an prochain à Malefougasse, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 2003, 348 p. (roman)
- Escrit emé lou sang. Écrit avec le sang, Toulon, éditions de l’Astrado, 2003
- Culido sus li camin doù siècle. Cueillies sur les chemins du siècle, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 2006, 356 p. (nouvelles)
- Li coumpagnoun de la niue. Les compagnons de la nuit, Paris, L’harmattan, 2006, 411 p.
- A la bello eisservo. Au gré du vent, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 2009, 502 p. (roman)
- Istori d’un couscrit de 1913. Histoire d’un conscrit de 1913, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 2012, 280 p.

Bibliographie et sources :

- Témoignage recueilli le 23 décembre 1998
- Archives départementales du Var 1470 W 22 (dossier d’attribution de la carte CVR)
- presse locale.

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