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Juliette Dissel (Issel, Aude, 21 décembre 1902 – Pessac, Gironde, 3 novembre 1962), actrice, mèstre d’òbra du Felibrige, membre de l’Escòla Occitana, fondatrice du Théâtre d’Oc.
Dissel, Juliette (1902–1962)
- Peine, Juliette (nom à l'état civil)
Quelques années après sa naissance, la famille de Juliette Peine, de son nom de naissance, déménage à Castelnaudary où elle ouvre un magasin de grains. Juliette suit les cours de l’École Primaire Supérieure de la ville et y obtient son brevet élémentaire. C’est là que d’après Joseph Salvat (« Chute de feuilles en Lauragais – Juliette Dissel », Lo Gai Saber, n° 305, novembre-décembre 1962) elle se prend de passion pour le théâtre.
Après ses études, Juliette Peine aurait enseigné quelque temps dans le Lauragais avant de se consacrer entièrement à sa carrière théâtrale et à la promotion du théâtre d’oc.
Les échanges entre l’abbé Joseph Salvat et Juliette Dissel font apparaître des contacts étroits de celle-ci avec le Félibrige languedocien dès les années 1920. Elle se fait notamment remarquer en 1927 lors de l’inauguration – par l’association des Grilhs del Lauragués, dont font partie Joseph Salvat et Prosper Estieu – du buste d’Auguste Fourès dont elle récite La Lauseta.
Sans doute faut-il dans ce cas parler de révélation puisqu’elle évoque dès lors dans sa correspondance avec l’abbé Salvat l’importance que doit avoir le théâtre en occitan dans la vie culturelle d’oc avant de partir quelques mois à Barcelone en 1928. Là, avec l’appui de l’écrivain et dramaturge catalan Carles Soldevilla elle se produit, disant des poèmes d’Estieu, Vermenouze ou Fourès.
De retour en Occitanie, elle est présente sur des scènes du Lot-et-Garonne à la Provence, en passant par le Rouergue et le Biterrois et s’inscrit au Conservatoire de Toulouse. Elle rencontre entre la fin des années 1920 et le début des années 1930 ceux qui seront pour elle d’importants soutiens dans les années suivantes (entre autres Henri Mouly, Julienne Séguret et, surtout, Armand Praviel…) et devient un membre actif du Félibrige auquel elle adhère depuis 1926. Répondant le 14 mars 1931 à une sollicitation de Salvat, elle lui écrit : « Bien sûr que j’accepterai d’être mestre d’obra. Je ne regrette qu’une chose, c’est de ne pouvoir être Capoulié !! ». C’est d’ailleurs cette année-là qu’elle devient mèstre d’òbra.
On la retrouve en 1932 à Paris où elle s’installe pour plusieurs années. Elle y passe des auditions, a l’occasion d’aller dire quelques vers en occitan à l’invitation de quelques sociétaires de la Comédie Française (lettre à Joseph Salvat du 11 avril 1932) et annonce dans un courrier du 25 juin 1932 avoir été engagée pour jouer Lucette dans une adaptation cinématographique du Monsieur de Pourceaugnac de Molière. Le film, réalisé par Gaston Ravel et Tony Leklain la compte en effet dans sa distribution (fiche Imdb , consultée le 27 avril 2016). Cette même année elle expose son désir de fonder la société des « Amis du Théâtre occitan » afin de financer un projet de troupe de théâtre qui se produirait dans les fêtes régionalistes et félibréennes. L’association du Théâtre d’Oc prend véritablement vie en 1933 et Juliette Dissel enchaîne dans les années suivantes les mises en scènes ainsi que les mises en voix de poèmes occitans.
Juliette Dissel épouse en janvier 1939 un autre militant occitan, Pierre-Louis Berthaud. La guerre les sépare. Alors que Berthaud rejoint Vichy, elle se replie sur Toulouse où elle poursuit son activité avec le Théâtre d’Oc. Avec le soutien du préfet Chéneaux de Leyritz, elle multiplie les manifestations dans le Sud-Ouest jusqu’en 1944. Son divorce d’avec P.-L. Berthaud est prononcé durant la déportation de ce dernier à Dachau entre juin 1944 et mai 1945.
Il semble que Juliette Dissel subisse quelques avanies à la Libération puisqu’elle est « quelque temps détenue » d’après l’abbé Salvat sans que l’on en sache plus. Quoi qu’il en soit, elle se fait bien moins présente dans les années suivantes. Souffrant de graves problèmes de santé et isolée, elle quitte finalement Toulouse en 1952 et rejoint Bordeaux. Elle y écrit quelques chroniques en occitan pour Sud-Ouest mais ne réussit pas à relancer son Théâtre d’Oc. Accueillie chez monsieur Montagne, poète originaire lui aussi du Lauragais et propriétaire du château Pape-Clément, c’est à Pessac qu’elle s’éteint le 3 novembre 1962.
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