Cette institutrice, qui possédait parfaitement l’occitan vivaro-alpin, militante communiste et militante syndicaliste, était également adhérente de l’IEO-04-05 et de l’Espaci occitan de Gap.


Identité

Formes du nom

Alice Astrieud – nom de naissance : Alice Astrieud-Allouis

Éléments biographiques

Née Alice Astrieud, fille d’un boulanger, elle passa sa jeunesse dans un milieu rural et montagnard. Après avoir obtenu le certificat d’études primaires, elle entra à l’école primaire supérieure de Gap en 1935, participa à la solidarité en faveur des républicains espagnols et fut admise au concours d’entrée à l’École normale d’institutrices de Gap en 1940. Suite à la suppression des écoles normales par décret du 15 août 1941, elle fut élève au lycée de jeunes filles de Gap, et obtint le baccalauréat (philosophie) en 1943. Elle débuta comme institutrice en 1944 à Chaumenq, hameau de Bréziers où elle aida la Résistance locale. Puis elle exerça à La Cluse (1947), à Chorges 1953), La Roche des Arnauds (1960) avant d’être nommée à Gap (1966). Devenue directrice de l’école de Bonneval en 1971, elle y prit sa retraite en 1978.

Mariée en avril 1976 avec Albert Allouis, agent comptable des organismes de Sécurité sociale, elle devint veuve en 1995.

Militante syndicale et laïque

Dès 1944, Alice Astrieud milita dans le Syndicat national des instituteurs (SNI) et participa aux activités du syndicat qui sortait de la clandestinité et qui devait devenir, en 1945, la principale composante de la FEN (Fédération de l’Éducation nationale). Elle siégea régulièrement dans les instances départementales du SNI de 1954 jusqu’aux années 1970, au Conseil départemental de l’enseignement primaire et au comité technique paritaire où elle lutta notamment contre la fermeture des écoles rurales. Elle participa à tous les congrès nationaux du SNI. Elle resta la secrétaire de la tendance « Unité et Action » de la section départementale de la FEN de 1958 à 1965 puis à nouveau à partir de 1970. Dans le même temps, Alice Astrieud participa à l’organisation des nombreuses actions pour la défense de l’école laïque, notamment en 1959 en faveur de la pétition contre la loi Debré. Elle collaborait aussi à la rédaction de L’Ami de l’école laïque parallèlement aux articles qu’elle composait pour le bulletin syndical, L’école haut-alpine. Retraitée, elle présida la Mutuelle Accidents Élèves (1978-1985) puis l’association des Délégués départementaux de l’Éducation nationale (1985-1993).

Militante politique

Adhérente au Parti communiste français depuis 1954, trésorière de la section communiste de Chorges, Alice Astrieud entra au comité fédéral en 1956 et fut régulièrement renouvelée. Alice Astrieud fut candidate du PCF aux élections pour le Conseil général dans le canton de Saint-Étienne-en-Dévoluy en 1958.

Alice Allouis-Astrieud, membre du PCF et du Mouvement de la paix, participait à l’organisation de soirées culturelles, d’expositions annuelles de travaux artistiques régionaux, du Printemps du livre à Veynes, contait pour les enfants les légendes du Dévoluy ou présentait des conférences sur l’école (« Visages de l’école publique dans les Hautes- Alpes depuis la Libération », 15 juin 2002 devant l’assemblée générale des DDEN) ou sur le Dévoluy (21 juin 2002, lors d’un stage de botanistes).

Après son décès à l’EHPAD de Gap, une soirée d’hommage fut organisée le 2 octobre 2015 par les organisations dans lesquelles elle avait milité.

Engagement dans la renaissance d’oc

Alice Allouis assuma l’intérim de la présidence de l’Institut d’études occitanes « Espaci Occitan dels Aups » et elle siégea à son conseil d’administration durant des années. Elle participait activement aux rencontres occitanes de Provence organisées dans les Alpes et maîtrisait parfaitement l’occitan vivaro-alpin, comme le montrent ces vidéos de conférences. Elle s’intéressait également aux Mystères médiévaux alpins à propos desquels elle donna une conférence lors d’un stage de l’espace occitan de GAP.

Sources

Bibliographie

  1. Entre la crête des bergers et Garnesier : La Cluse-en-Dévoluy. Histoire d'un village haut-alpin Imprimerie Louis Jean, Gap, 1987
  2. Si les écoles normales nous étaient contées, 1993
  3. Harmonies occitanes en Dévoluy, Gap, Louis Jean, 2001
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https://www.espaci-occitan.com/fr/actualites/2015/10/01/soir%C3%A9e-hommage-alice-allouis-gap]]>

Né le 17 mars 1945 à Parthenay (Deux-Sèvres), mort le 17 novembre 2018 à Agde (Hérault) ; militant communiste ; fonctionnaire territorial ; syndicaliste CGT ; conseiller général de l’Hérault, il est, au début des années 2000, l’un des fondateurs et animateurs du réseau « Langues et cultures de France », dont il anime le premier site internet ainsi que de nombreuses réunions publiques. Il s’intéresse à la littérature populaire de Sète, notamment à la figure de Gustave Théron, félibre, surnommé « Biscan pas ».

Éléments biographiques

Jacques Blin était le fils d’un navigateur, Yvon, Georges Blin, cuisinier dans la Marine marchande, né le 17 octobre 1926 à Parthenay (Deux-Sèvres) et de Marthe, Gabrielle Ladrat, serveuse, née le 11 juillet 1925 à Ansac (Charente). Confié à ses grands-parents paternels qui vivaient à Parthenay, alors que ses parents travaillaient à Sète, il y effectua sa scolarité primaire jusqu’au certificat d’études en 1959. Il réussit l’examen d’entrée en quatrième, avec l’espoir de devenir dessinateur industriel. Il entre au collège technique de Sète où il fut orienté vers la serrurerie et poursuivit des études notamment de dessinateur en construction métallique et de dessinateur en construction mécanique. Il aspirait à entrer dans une école d’ingénieurs mais celle-ci située en région parisienne n’acceptait que des internes issus de ses rangs. Il tenta alors plusieurs concours avant d’être embauché en 1964 en remplacement dans les services techniques de la ville de Sète, comme dessinateur au service des bâtiments publics. Après son service militaire, il accepta la direction de la Maison des Jeunes et de la Culture la Corniche. En 1967, il rencontra Rose Mioch, fille et nièce de grands résistants communistes héraultais (Carmen Antonio-Mioch, Philomen Mioch, François Mioch), responsable de l’Union des Jeunes Filles de France. Ils se marièrent à Sète en septembre 1968 où naquirent leurs trois enfants : Laurence (1969), Lélia (1971), et Loïc (1974).

Jusqu’à sa retraite en septembre 2002, Jacques Blin avait mené de front un inlassable militantisme politique et syndical et une belle carrière de fonctionnaire territorial.

Atteint d’un cancer incurable contre lequel il se battait depuis trois ans, Jacques Blin mourut le 17 novembre 2018. La cérémonie civile des obsèques eut lieu le 23 novembre 2018 au funérarium municipal de Sète en présence d’une nombreuse assistance. François Liberti, ancien maire de Sète et Jean-Claude Llinares, de l’IHS CGT de l’Hérault retracèrent les étapes de sa vie, le premier insistant plutôt sur son itinéraire militant, le second sur ses travaux d’histoire sociale et politique de Sète et de l’Hérault à l’époque contemporaine. Le musicien Philippe Carcassés joua « La Fèsta d’Issanka » dont le refrain fut repris par l’assistance.

Engagements politiques et syndicaux

Jacques Blin était le fils d’un navigateur, Yvon, Georges Blin, cuisinier dans la Marine marchande, né le 17 octobre 1926 à Parthenay (Deux-Sèvres) et de Marthe, Gabrielle Ladrat, serveuse, née le 11 juillet 1925 à Ansac (Charente). Confié à ses grands-parents paternels qui vivaient à Parthenay, alors que ses parents travaillaient à Sète, il y effectua sa scolarité primaire jusqu’au certificat d’études en 1959. Il réussit l’examen d’entrée en quatrième, avec l’espoir de devenir dessinateur industriel. Il entre au collège technique de Sète où il fut orienté vers la serrurerie et poursuivit des études notamment de dessinateur en construction métallique et de dessinateur en construction mécanique. Il aspirait à entrer dans une école d’ingénieurs mais celle-ci située en région parisienne n’acceptait que des internes issus de ses rangs. Il tenta alors plusieurs concours avant d’être embauché en 1964 en remplacement dans les services techniques de la ville de Sète, comme dessinateur au service des bâtiments publics. Après son service militaire, il accepta la direction de la Maison des Jeunes et de la Culture la Corniche. En 1967, il rencontra Rose Mioch, fille et nièce de grands résistants communistes héraultais (Carmen Antonio-Mioch, Philomen Mioch, François Mioch), responsable de l’Union des Jeunes Filles de France. Ils se marièrent à Sète en septembre 1968 où naquirent leurs trois enfants : Laurence (1969), Lélia (1971), et Loïc (1974).

Jusqu’à sa retraite en septembre 2002, Jacques Blin avait mené de front un inlassable militantisme politique et syndical et une belle carrière de fonctionnaire territorial.

Atteint d’un cancer incurable contre lequel il se battait depuis trois ans, Jacques Blin mourut le 17 novembre 2018. La cérémonie civile des obsèques eut lieu le 23 novembre 2018 au funérarium municipal de Sète en présence d’une nombreuse assistance. François Liberti, ancien maire de Sète et Jean-Claude Llinares, de l’IHS CGT de l’Hérault retracèrent les étapes de sa vie, le premier insistant plutôt sur son itinéraire militant, le second sur ses travaux d’histoire sociale et politique de Sète et de l’Hérault à l’époque contemporaine. Le musicien Philippe Carcassés joua « La Fèsta d’Issanka » dont le refrain fut repris par l’assistance.

Engagements politiques et syndicaux

Il adhéra à la CGT et en 1964 à la Jeunesse communiste, puis, en 1965 au PCF où il côtoya François Liberti. En 1970, il était membre du bureau de la section de Sète du PCF (800 adhérents) et fut élu au comité fédéral. Quand Liberti, en 1996, succéda à Yves Marchand, Jacques Blin fut d’abord son chef de cabinet puis il prit en charge les services de l’état civil, de l’hygiène, de l’enseignement, en tant que secrétaire général adjoint. En 1998 jusqu’en 2004, il fut élu au conseil général de l’Hérault dans le canton de Sète II, à l’occasion d’une élection partielle provoquée par le décès de Raymond Félicès. Vice–président du conseil général, président du groupe communiste de cette assemblée, Jacques Blin en fut un membre très actif. Jacques Blin quitta le PCF au début de 2007 à cause d’un désaccord sur le choix de Marie-George Buffet, alors secrétaire nationale, comme candidate à la présidentielle : cette candidature représentait pour lui, partisan d’une candidature unitaire des forces de gauche, une erreur politique.

Au plan syndical, Jacques Blin fut un actif militant de la CGT

L’accueil et la défense des étrangers comptèrent parmi ses priorités, de même que l’égalité entre hommes et femmes et la place de la culture.

Activités culturelles

Dès les années 1970 il s’était attelé à un domaine qu’il cultiva jusqu’au terme de sa vie : l’histoire de sa ville, de sa région. Après avoir étudié la période correspondant à la Commune de Paris avec Frédéric Fesneau, il s’engagea dans les célébrations du bicentenaire de la Révolution de 1789. Une première réussite fut de retrouver une petite brochure éditée en 1939 à l’occasion du cent-cinquantenaire, Sète en 1789 de Marius Bravet, et de la rééditer. Avec la CGT et la FCPE, Jacques Blin entreprit aussi de rechercher les noms des révolutionnaires qui figuraient sur les plaques bleues de Sète, puis d’en tirer une publication. Et il réussit à attirer à Sète les acteurs du film de Roger Coggio, Le mariage de Figaro, ou la folle journée, occasion de rencontres entre acteurs, écoliers et lycéens. Plus tard, tirant les conséquences des carences de la section communiste de Sète en matière culturelle, il fut à l’origine de la création, en 2004, d’une nouvelle association, l’Espace Louis Aragon-Elsa Triolet, qui resta active jusqu’en 2007 et organisa, dans le cadre de la section sétoise du PCF, la projection de films suivis de débats.

Quand le médecin Divers droite François Commeinhes fut élu en 2001 à la mairie de Sète, Jacques Blin fut muté au musée Paul-Valéry. Il accompagna en 2003 les actions de la CGT du spectacle pendant la crise des intermittents. Il créa, avec Nicole Cordesse Ginot, responsable de la culture à la fédération du PCF 34, le groupe de travail et de réflexion Commun’art ouvert aux artistes régionaux. Pour faire connaître l’histoire de Sète, il tenait des chroniques L’Hérault du jour – La Marseillaise consacrées au passé ouvrier de la ville. Il prépara un Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier Cettois puis Sètois, publié en 2009 et plusieurs ouvrages concernant l’histoire sociale et culturelle de Sète et des environs, le dernier concernant le village de Loupian où il résidait depuis 2015. Il participa en 2013 à la création de l’Institut départemental d’histoire sociale de la CGT - Marcel Caille. Il en fut le secrétaire et assuma pendant longtemps la présidence. Il se rapprocha des historiens du Maitron, le Dictionnaire du Mouvement ouvrier, dirigé par Claude Pennetier, relayé dans l’Hérault par une association régionale, Maitron Languedoc-Roussillon. Cette adhésion ouvrit à Jacques Blin le Dictionnaire national et le bulletin régional Le Midi Rouge où il publia nombre de biographies et d’articles reposant sur des sources inédites. À l’assemblée générale de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), le 12 décembre 2009, il intégra le bureau de l’AMLR et, en 2015, le comité de lecture du Midi Rouge, bulletin de l’AMLR. Il collabora également à la revue Études héraultaises pour laquelle il préparait un article sur La Voix de la Patrie quand la mort mit fin à ce travail d’historien.

Engagement dans la renaissance d'oc

L’intérêt de Jacques Blin pour la langue et la culture occitanes fut en grande partie transmis par son beau-père, Philomen Mioch, qui pratiquait couramment la langue et fut influencé par le renouveau du mouvement occitan dans les années 1970 et par sa belle-mère Carmen, qui bien que née à Marseille, mais élevée à Barcelone, avait pour première langue le catalan.

Il s’intéressa également à la figure sétoise du Félibre Gustave Thérond (1866-1941), instituteur, félibre, fondateur du Parti communiste de Sète, surnommé « Biscan pas », auquel il a consacré un essai.

Jacques Blin créa en 2004 avec le secteur culture du PCF le réseau Langues et Cultures de France (RLCF), dans l’activité duquel il s’investit intensément jusqu’à la fin de sa vie. Il fut, en particulier, membre des groupes de travail de ce réseau qui s’efforcèrent de traduire sur le plan législatif l’enseignement des langues de France - dont l’occitan – et animèrent nombre de débats sur la question dans des instances du Front de gauche.

Ce réseau fut particulièrement actif pendant la campagne des élections présidentielles de 2012. Jacques Blin s’efforça de convaincre Jean-Luc Mélenchon du bien-fondé de la défense des « langues de France » contre lesquelles ce dernier avait manifesté depuis longtemps une hostilité jamais démentie. Jacques Blin créa, à l’occasion de ces présidentielles, un premier site internet dont il fit un lieu de réflexion et de libres débats

Bibliographies

Ouvrages
  1. Gustave Thérond dit « Biscan Pas », Nîmes, Imprimerie Offset Avenir, 2005, 137 p.
  2. Pouvoir Régional, Langue et Culture Occitane (actualité d’une interpellation culturelle pour une construction démocratique…), Sète, auto-édition, 2005
  3. 1907 à Cette, Sète, auto-édition, 2007, 89 p.
  4. Dictionnaire biographique du Mouvement Ouvrier Cettois puis Sétois, de 1789 à 1950, Sète, Auto-édition, 2009
  5. Molle Jean Joseph l’Heureux Député Maire de Cette, FLAM Éditions, Sète, 2011
  6. Portrait-robot d’un républicain-révolutionnaire Frédéric Fesneau (1868-1880), Sète, Imprimerie FLAM, 2011
  7. Quelques croquis iconoclastes d’un croque-notes nommé Brassens, annotations graphiques de Pierre François, Sète, Imprimerie FLAM, 2012
  8. Regards engagés sur 1968 à Sète, Sète, Imprimerie Tir’plan, 2008.
  9. 1936-1945 Sète solidaire et antifasciste, Imprimerie FLAM Sète, 2014
  10. Cette 1914–1918, Sète, Imprimerie FLAM, 2014
  11. Loupian village Républicain, entre vignes et bauxites, contribution à une histoire sociale, Sète, Imprimerie FLAM 2018.
Participation à des ouvrages collectifs
  1. Los tipes setoris. Les types sétois, Ouvrage collectif du Cercle Occitan Setòri, article consacré à Toussaint-Roussy, Béziers, 2 ème édition, IEO Languedoc éditions ; 2010.
  2. Des militants CGT en Résistance Hérault 1939-1945, préface de Jacques Blin ; ouvrage collectif, Montpellier, Institut d’Histoire sociale Marcel Caille CGT 34, 2015

Sources

  1. Chronique nécrologique dans Hérault tribune (20 novembre 2018)
  2. Chronique nécrologique dans l’Agathois (19 Novembre 2018)
  3. Les archives de Jacques Blin ont été déposées aux archives départementales de l’Hérault cote : 241 J 1-28 Fonds Jacques Blin 1971-2016
  4. Premier site du Réseau « Langues et cultures de France », animé par Jacques Blin
  5. Site actuel du Réseau « Langues et cultures de France »
  6. Notice Maitron - BLIN Jacques, Georges, Yvon par André Balent, Rose Blin-Mioch, Hélène Chaubin, version mise en ligne le 11 janvier 2019, dernière modification le 15 novembre 2022.
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Cet ancien enseignant du premier degré, militant de l’école laïque, devenu cadre de l’Éducation nationale, a été l’un des principaux artisans du développement de l’enseignement du provençal dans les Bouches-du-Rhône à partir des années 1980, suite aux circulaires Savary.

Identité

Autre forme du nom

Guiu Garnier

Éléments biographiques

Guy Garnier est né à Salon en Provence le 3 juillet 1929, dans une famille modeste. Son père, après avoir été berger dans sa jeunesse, était devenu ouvrier à la poudrerie de Saint-Chamas. Ses grands- parents paternels étaient originaires des Hautes-Alpes : sa grand-mère était née à la Roche de Rame, et son grand-père, né à Marseille, avait aussi des origines haut-alpines. Ses grands-parents maternels étaient des paysans du village de Cornilhon-Confoux entre salon et l’étang de Berre, dont Guy Garnier conserve des souvenirs d’enfance, consignés dans l’ouvrage Un vilatjon quilhat sus son rocàs. De cette enfance rurale, il avait gardé une belle connaissance du travail de la terre et la passion de la culture des oliviers.

Il fut élève au cours complémentaire de Salon-de-Provence puis à l’École normale d’Aix où il suivit les cours de provençal du majoral Charles Rostaing.

IIl occupa son premier poste d’instituteur à La Barben en 1949, puis fut affecté successivement à Eyguière, Septème et Salon avant de devenir inspecteur de l’Éducation nationale, d’abord en Corse, à Sartène, de 1959 à 1963, puis, de 1963 à 1971, à Nyons, avant de revenir dans les Bouches-du- Rhône : quartiers nord de Marseille – 4 années au Canet, aux Aygalades, à Saint Louis… avant de revenir passer à Salon les quatorze dernières années de sa carrière et de prendre sa retraite en 1989. Au moment de son décès, il résidait à Pélissanne.

Syndiqué au SNI – Syndicat national des instituteurs, il était aussi Chevalier de la Légion d'Honneur, Officier des Palmes Académiques.

Guy Garnier était profondément attaché à l’école laïque et milita toute sa vie à la FAIL 13 – Fédération des amis de l’Instruction laïque, section des Bouches-du-Rhône de la Ligue de l’Enseignement, dont il était, au moment de son décès le 22 mai 2014, Président Honoraire. Il fut un de ceux qui impulsa l’adhésion de l’AELOC – association des enseignants d’occitan - à la FAIL, laquelle intervenait d’ailleurs régulièrement lors des manifestations publiques de l’AELOC – association des enseignants d’occitan. Dans cette visée éducative laïque, Guy Garnier occupa des responsabilités au sein de l’USEP, Union sportive de l'enseignement du premier degré, évoluant également au sein de la ligue de l'enseignement. Au moment de son décès, il était président honoraire de la Commission Nationale de l'USEP. Sa défense de l’enseignement de l’occitan se situait dans une visée plus large, celle de la défense du pluralisme des langues et des cultures qui allait de pair, pour lui, avec le respect des cultures d’origine des enfants, comme en témoigne une tribune que nous reproduisons en annexe et qu’il avait bien voulu donner à la FELCO en 2006 après la parution du rapport Bénisti qui ne craignait pas d’associer les risques de délinquance à la pratique des langues des familles d’immigrés.

Engagement dans la Renaissance d'oc

Guy Garnier avait passé une partie de son enfance dans le village de ses grands-parents maternels, les Aime, et tenait de cette enfance rurale une pratique parfaite d’un occitan naturel.

Peu de temps après son affectation comme Inspecteur de l’Éducation nationale à Salon, allait débuter, sous sa coordination, l’aventure des centres d’enseignement renforcés d’enseignement du provençal, un compromis entre une simple initiation – pratiquée depuis un certain temps dans les Bouches-du-Rhône grâce à des pionniers comme Marie-Rose et Yves Poggio – et le bilinguisme à parité horaire, dont l’expérimentation serait permise que par les circulaires Savary de 1982. Les centres d’enseignement renforcé, devenus ensuite « d’enseignement continu » 1 offraient un enseignement de 3 heures auquel avaient droit tous les enfants de l’école concernée. Cette aventure fut permise par un accord entre les autorités académiques – je pense entre autres à l’inspectrice d’Académie Sonia Henrich – et le Syndicat National des Instituteurs – SNI – des Bouches du Rhône dont étaient également membres d’autres pionniers de l’aventure comme Guy Agnese. Guy Garnier s’exprime à ce sujet dans un entretien accordé en 2014 à Michel Neumuller du journal Aquò d’aquí, où il retrace sa vie d’engagement :

Mai, en veritat, es lo Sindicat Naciounau deis Institutors dei Bocas dau Ròse, alòr unica organisacion, qu’es vengut me querre. Lei sindicalistas cercavon un inspector que podiá engimbrar quauqua ren en provençau.

Mais, en vérité, c’est le Syndicat National des Instituteurs des Bouches-du-Rhône, alors unique organisation, qui est venu me chercher. Les syndicalistes cherchaient un inspecteur qui pouvait mettre en œuvre quelque chose en provençal.

Bien entendu, l’association des enseignants d’occitan de l’académie, l’AELOC, membre de la FELCO, surtout implantée dans les Bouches-du-Rhône, accompagnait et encadrait le processus. Guy Garnier était présent dans le colloque organisé tous les deux ans par l’AELOC où intervenaient autorités de l’Éducation nationale, associations d’enseignants, et, bien entendu la FAIL. Lorsqu’il y prenait la parole, c’était toujours pour mettre en évidence la corrélation entre ses convictions laïques et son attachement à l’enseignement de la langue. Il fut d’ailleurs à l’origine, en 2005, d’une motion de la FAIL 13 au sujet des langues de France, portée au congrès national de Lorient où elle fut adoptée à la quasi-unanimité.

Il était également un affamé de savoir, et tout en ayant une maîtrise parfaite de la langue, il participait régulièrement aux Rescontres occitans de Provença dont il suivait les formations avec passion et discipline.

S’il avait adopté la graphie classique occitane dans sa forme provençale telle que normalisée par les Robert Lafont et autre Guy Martin, il ne manifestait aucun sectarisme envers la tradition mistralienne également implantée en Provence. Sa rigueur et cet appétit d’apprendre lui valaient d’écrire une langue très sûre, dont la graphie est excellement maîtrisée, comme en témoignent les deux ouvrages dont il a confié l’édition à l’AELOC, l’AELOC pour laquelle il avait également traduit en occitan provençal un album pour les enfants. C’est grâce à partir de cette langue très sûre qu’il corrigeait volontiers les épreuves du journal Aquò d’aquí pour lequel il rédigeait également des articles.

Les deux ouvrages écrits par lui se penchent sans complaisance ni excès de nostalgie sur une enfance qui lui avait valu de connaître une pratique vivante de l’occitan à laquelle il devait un vocabulaire très sûr (complété ensuite par le goût de la lecture et de l’étude), mais aussi, chose de plus en plus rare, une syntaxe naturellement occitane.

Il sacrifia, comme tant d’autres au besoin de l’écriture autobiographique et au retour sur les usages oraux de la langue. Un vilatjon quilhat sus son rocàs, dédicacé « a mei grands, lo Patin e la Patina » évoque le Cornilhon de son enfance, ses usages familiaux, économiques et sociaux présentés à travers 21 chapitres thématiques. Barjadisses est un recueil d’histoires amusantes où l’auteur fait preuve de son talent de diseur, de son humour, mais aussi de ses connaissances théoriques par rapport à la littérature narrative. Voici comment il les présente, dans le texte introductif intitulé par la très occitane formule « Barjaca que barjacaràs » :

Es au lavador que, ritmats per lo bruch dei bacèus, resclantissián lei ressòns de la vida de totei lei jorns e que leis istòrias prenián sa color e sa forma vertadièras. Es aquí que conquistavan sa realitat, per tot dire sa veritat. Es a l’entorn dau potz ò de la fònt que lei gents ordinaris de la vida venián de personatges.

C’est au lavoir que, rythmés par le bruit des battoirs, retentissaient les échos de la vie de tous les jours et que les histoires prenaient leur couleur et leur forme véritables. C’est là qu’ils conquerraient leur réalité, pour tout dire leur vérité. C’est autour du puits ou de la fontaine que les gens de la vie ordinaire devenaient des personnages.

Assortis d’un lexique, les deux ouvrages témoignent des préoccupations pédagogiques de l’auteur : donner à lire une belle langue et faire connaître aux enfants du XXI e siècle la vie de leurs grands- parents et renouer ainsi le fil des générations.

Bibliographie

  1. Clarà e Caruso, traduction occitane de l’album jeunesse de Claudie Guyennon-Duchêne, Ed. Grandir, 1998
  2. Barjadissas, illustracions J. Claudi Daufin, Préface Alain Barthélémy-Vigouroux, AELOC, 2007.
  3. Un vilatjon quilhat sus son rocàs, Préface Alain Barthélémy-Vigouroux, AELOC, 2013

Sources

  1. Entretiens avec la famille du 14-01-2023, sa sœur Ginette Aime, son frère Yvan Garnier
  2. Avis de décès
  3. Article du Parti de la Nation Occitane
  4. Entretien avec Guy Garnier, publié dans le mensuel Aquò d’aquí
  5. Tribune libre donnée à la FELCO en 2006/li>
  6. « Guy Garnier à l’honneur », article en ligne sur le site de l’AELOC
  7. Témoignage de Toni Prima, de la FAIL 13
  8. Motion « Pour le développement des langues de France » adoptée en 2005 par la Ligue de l’Enseignement.

1- Avis de décès

PELISSANNE - SALON-DE-PROVENCE – MARSEILLE Christian GARNIER, son épouse, Maria Ardila Osorio et leurs enfants, Alain GARNIER, Denis(+) et Janine GARNIER et leurs enfants, Charles et Ginette AIME et leurs enfants, Yvan et Monique GARNIER et leur enfant, André et Monique CAMPO et leurs enfants, Les familles CARAYON et CHAZE, Parents et alliés, vous font part du décès de M. Guy GARNIER, Chevalier de la Légion d'Honneur, Officier des Palmes Académiques, Président Honoraire de la FAIL des BDR, Président honoraire de la Commission Nationale de l'USEP, Président d'Honneur de l'AELOC survenu à l'âge de 84 ans Ils rappellent le souvenir de Christiane GARNIER née CHAZE, son épouse. Rendez-vous à la chambre funéraire du cimetière des Manières mercredi 28 mai 2014, à 14h15 à Salon-de- Provence, suivi de la cérémonie civile au crématorium d'Aix-les-Milles à 15h30.

2- Article publié sur le site du Parti nationaliste occitan

Decès de Guiu GARNIER, présidènt d'onor de l'AELOC Nòstre amic Guiu GARNIER es decedat a l'espitau de Selon lo Dijòus 22 de Mai a l'agi de 84 ans. Naissut a Selon dins una familha modèsta, Guiu avié passat una part de son enfanci pròchi de sei grands dins lo vilagi de Cornilhon. D'aquì li venié la pratica d'un provençau d'una perfeta autenticitat. Mèstre d'escòla, puei ispeitor de l'Educacien Nacionala, a Nions, Marselha e Selon, siguèt lo promier responsable de l'ensenhament de l'occitan dins lo despartament dei Bocas dau Ròse. Siguè à l'óurigino dóu chantié que permetè puei la creacien deis escolo semi-bilengo dicho "Centre d'ensegnamen countinu de la lengo regiounalo" e deis escolo bilengo óucitan-francés. Siguè tambèn un dei foundatour de l'AELOC, que n'en siguè de longo amenistratour jusqu'à tant que n'en siguèsse elegi presidènt d'ounour. Fourtamen engaja dins lou mouvamen laïque, assegurè tambèn la presidènci de l'Unien Espourtivo de l'Ensegnamen Primàri. Guiu a fisat a l'AELOC la publicacien de doas de seis òbras occitanas : un recuelh de novèlas, Barjadissas, e sa darniera òbra, un libre de sovenirs d'enfança, Un vilatjon quilhat sus son rocàs. Guiu Garnier a suscita l'estimo unanimo de tout'aquélei que l'an aproucha, tant dins sei founcien proufessiounalo que dins seis engajamen assouciatiéu. Dins soun ensignamen, mau-grat sa chausido persounalo en favour de la tradicien óucitanisto, a totjorn fa la provo d'uno toutalo douberturo à la tradicien mistralenco. Lo decès de Guiu Garnier es una pèrta irreparabla pèr la defènsa de la lenga. Leis òussèquis de Guiu GARNIER si debanaran au Crematorium dei Mielas as Ais de Provènça, 2370 carriera Claude-Nicolas Ledoux, 13290 Aix-Les-Milles, Tél: 04 42 60 39 03, lo dimècres 28 de Mai a 15 oras 30.

3- « Guy Garnier à l’honneur », article en ligne sur le site de l’AELOC

Le 18 octobre 2014, une soirée pour présenter le dernier livre de Guy Garnier, Un vilatjon quilhat sus son rocàs, s’est déroulée au CEP d’Oc à Aix en Provence. Nous avons déjà eu l'occasion de faire connaître cet ouvrage, qui est peut-être le plus remarquable parmi tous ceux que notre président d'honneur a donné à l’AELOC pour l'édition et la diffusion.

Le public a ainsi pu découvrir, grâce à la lecture de quelques passages choisis, l'évocation du village dans lequel l'auteur passa son enfance, chez ses grands-parents. Nous apprendrons, grâce aux magnifiques photographies qui l'agrémentent, qu'il s'agit de Cornillon, surplombant la Crau et l'Etang de Berre. La vie aux alentours de la guerre de quarante s'offre ainsi à notre regard, à travers les yeux d'un enfant qui en explore les sensations, les aventures, les joies et les peines de la vie. Beaucoup d'émotion, de sympathie pour les gens du village, mais pas de nostalgie. Guy connaît la dureté du quotidien qu'ont vécu les habitants en ce temps-là, et il ne se fait pas le chantre des siècles passés. Mais il sait aussi qu'au nom du progrès, des trésors ont été détruits, à commencer par la langue, et que rien ne peut justifier le fait d'avoir fait taire la parole d'un peuple.

Par la grâce de l’image, Jean-Pierre Belmon, qui préside à présent le CEP d’Oc en succédant à Marc Audibert, replaçait Guy dans son environnement d’origine, et lui faisait dire la genèse de l'ouvrage. Il a pu ensuite lui-même la rappeler directement, et évoquer ses intentions, ainsi que la place que son expérience de jeunesse a tenu dans sa vie.

 

La soirée s'acheva avec la belle prestation du groupe du Terralhet, qui nous donna un aperçu de son nouveau spectacle Amontanhatge, avec l’interprétation de deux chansons de Charlon Riéu, Moun Sant Miquèu et A la gardo dóu troupèu, la segonde mise en musique par Jean-Pierre Reynaud, ainsi qu'un chant traditionnel de la Vésubie, La Pastressa. Ce spectacle sera donné le 16 Novembre à la Farlède (83) et le 23 à Auriol (13).

5- Témoignage de Toni Prima, FAIL 13

Il fut inspecteur de l'enseignement primaire (IDEN), dans la Drôme, en Corse, à Marseille, dans le Pays de Salon. Dans les Bouches-du-Rhône (au moins) il fut un IDEN très apprécié, et très respecté pour ses compétences pédagogiques et ses contacts toujours chaleureux avec les enseignants. Personnellement je n'ai connu personne qui ne fut pas de cet avis.

À la Ligue de l'enseignement où il exerça la fonction de Président de l'USEP (j’ignore les dates), et de Président de la FAIL (probablement toute la décennie des années 80), il fut d'un engagement total, très apprécié pour ses interventions toujours fermes, et claires.

Il participa aux réflexions nationales de l'USEP, et fournit une grosse part des éléments qui ont permis d'écrire l'histoire de l'USEP, mais, d'après mes souvenirs, il fut étonné de ne pas être tenu au courant de la conclusion de ces travaux et de l'ouvrage qui en fut issu.

Militant laïque, de l’École publique il s'interrogeait sur la contradiction École publique / Calandreta. Il a plusieurs fois abordé cette question avec moi, et manifestement souffrait autant que moi de cette aporie.

En 2005 (date probable mais que je n'ai pas les moyens de vérifier), il me soutint lorsque j'ai présenté à un Congrès départemental des Bouches-du-Rhône, puis au Congrès national de la Ligue, la motion de défense des langues régionales, qui fut adoptée, à une assez large majorité, après un débat assez tumultueux, certains départements voyant dans cette motion une atteinte à l'unité nationale …/p>

Voici les dates où je retrouve dans mes propres notes et les CR de réunions, des traces de son activité au sein de la Ligue, mais la FAIL 13 malgré ses promesses ne m'a jamais donné plus de renseignements me permettant de préciser les dates de ses engagements et éventuellement d'autres activités (et je sais qu'il en a eu de nombreuses). Toutes les personnes qui l'ont connu m'ont confirmé combien Guy avait compté pour elles, toutes sans exception m'ont dit qu'elles l'avaient énormément apprécié et regretté. Aucune ne m'a fourni de dates ou des faits qui pourraient contribuer à une biographie qui ne fût pas que mémorielle, ce que je regrette.

  1. Le 14/5/81, en tant président de la FAIL il anime le débat sur la laïcité à Châteaurenard (13)
  2. Le 10/2/87, en tant président de la FAIL, il intervient au cours d'une réunion de l'UFOLEP sur le prix des cartes.
  3. En juillet 1989, il participe au Congrès national de la Ligue, à Toulouse
  4. Le Participe en tant que modérateur des interventions, au colloque « Laïcité »,organisé par la Commission Laïcité de la FAIL, dont il était membre actif
  5. En octobre 1999, il préside le débat organisé par la Commission Islam et Laïcité de la FAIL, à Marseille, avec des représentants des diverses religions (musulmans, juifs, catholiques, protestants), Libre Pensée, agnostiques, et un juriste prof de droits à Paris-Diderot.
  6. Le 20/10/99 & le 7/3/2000, Il est excusé lors de la réunion mensuelle de la Commission Islam et Laïcité à laquelle il participe régulièrement, depuis son origine (1988, probablement).
  7. En 2001 Il participe toujours à cette commission (il semblerait que par la suite, vu la distance des déplacements, l'âge et l'heure des réunions, il se soit contenté de suivre nos travaux par les CR, et parfois par des contributions écrites).

Défenseur convaincu de « sa » langue qu'il parlait et écrivait parfaitement, il était le promoteur actif du journal Aquo d'aqui auquel il contribua entre autres par de nombreux articles. Tous ceux à qui je les ai communiqués m'ont toujours dit le plaisir qu'ils avaient à lire sa prose. Dans un texte ci-joint, un entretien paru si je me souviens bien dans le journal Aquo d’aqui, il dit lui-même dans quelles conditions il fut à l’origine de la prise en compte par l’institution académique avec le soutien du SNI (devenu depuis SNUIpp) des cours de langue régionale, et comment il fut à l’origine de la création de l’AELOC.

Les deux livres que je connais de lui ont toujours ravi ceux à qui je les ai fait connaître. Tous appréciaient son provençal limpide, chaleureux, sans passéisme.

Je sais que, retraité, il a assuré de nombreuses années des cours d'occitan aux écoliers de Cazan (commune de Vernègues, 13), et je crois savoir qu'il fit de même à Pelissanne ou à Salon (vague souvenir personnel, lors d'une visite que je lui fis quand il fut hospitalisé à La Fare (?) après un incident cardiaque.

Guy n'était pas de ceux qui se mettent en avant, se considérant plutôt comme simple militant de base alors qu'on savait qu'on pouvait toujours compter sur lui.

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Rémi Jumeau, poète, romancier, défenseur de la langue, a publié une dizaine d’ouvrages en occitan (provençal).

Identité

Formes référentielles

Rémi Jumeau

Autres formes du nom

Romieg Jumèu

Romieg Jumeau

Éléments biographiques

Rémi Jumeau est né le 30 avril 1930 à Marseille (13).

Il débuta ses études chez les Jésuites, où enseignait son père, professeur de mathématiques. Mais il se rendit vite compte que les équations et les logarithmes n’étaient pas faits pour lui et il préféra entrer à l’Institution du Sacré Cœur où il brilla en histoire, en français, en latin et grec. Si bien qu’il obtint, à la fin de ses études secondaires, un diplôme d’éloquence dans la tradition antique la plus pure.
Il continua ses études aux Beaux-Arts de Marseille, dans la section sculpture, gravure et modelage. Cependant, malgré de vrais dons artistiques et l’espoir de consacrer sa vie aux Arts, il décida d’intégrer la société « Avenir Publicité » où il fit toute sa carrière.
Il en gravit peu à peu tous les échelons, jusqu’au poste de Directeur Régional qu’il occupa plus d’une fois, dans plusieurs régions de France, avant de terminer au siège de Paris.

Dans cette dernière partie de son cheminement professionnel, il s’investit dans les instances représentatives du métier pour faire aller de pair la publicité et la protection du patrimoine. Les textes qui régissent aujourd’hui les conditions de la publicité dans les paysages urbains et ruraux lui doivent beaucoup.

Marié une première fois avec Simone Moulierac, il eut deux enfants : Sylvie, née à Marseille en 1955 et Manuel, né à Saint-Quentin en 1961. Ce dernier, sur les traces de son père, est graveur.

Plus tard il rencontra Claire Morel, professeure de danse classique, qu’il épousa en 1986. Le long de leurs quarante ans de vie commune, ils partagèrent la passion des arts.

À la retraite il revint en Provence, acheta en 1995 un petit mas à Graveson (13), puis une maison de village à Eyragues (13), avant de s’installer à Avignon (84) où il acheva sa vie le lundi 10 janvier 2022. Il fut enseveli le vendredi 14 janvier dans la tombe familiale à Ménerbes (84).

Engagements dans la renaissance d’oc

Exilé tout au long de sa vie professionnelle, il détestait l’idée qu’il soit nécessaire, pour faire un bon citoyen français de le couper brutalement de sa culture d’origine. Toute sa vie il milita pour la cause occitane. À Graveson, dès son arrivée, il participa à la création de l’association « Un Païs per Deman » et fut un des fondateurs du CREDD’O en 2005, dont il devint le second président de 2008 à 2018. Sous sa direction, cet organisme prit une plus ample envergure. Dans ce cadre, il essaya, en 2009, de donner, avec d’autres, une coloration occitaniste à la campagne pour la promotion de Marseille comme capitale européenne de la culture (voir lettre en annexe).

Il fit partie du bureau de l’association « Les Suds » dès sa création en 1996.
Enfin, ce qui comptait le plus pour lui, il se consacra à l’apprentissage de la langue qu’il fut bientôt capable d’écrire. D’abord dans des chroniques pour la revue associative Deman un Païs, puis avec la publication d’une dizaine d’ouvrages touchant presque tous les domaines de la littérature : poésie, romans historiques ou d’aventure, nouvelles fantastiques… Il avait choisi de maîtriser un langage noble et exigeant, à la hauteur de la haute idée qu’il se faisait de la langue.

Bibliographie

Sénher quau, IEO Edicions, Colleccion Atots 2002

Cronicas imaginàrias, IEO Edicions, Colleccion Atots 2004

E siguèsse una nafra la lutz, IEO Edicions, Colleccion Messatges 2008

Pantòri, Romieg Jumèu IEO Edicions, Colleccion Atots 2013

Embolh a Malamosca, IEO Edicions, Colleccion Atots Crimis 2014

Apològs, IEO Edicions, Colleccion Messatges 2014

Nòvas d’autra part, IEO Edicions, Colleccion Atots 2015

Rèire vida, IEO Edicions, Colleccion Atots 2016

L’esclargiera, IEO Edicions, Colleccion Atots 2017

Lo viatge alambicant dau professor grosdenàs, IEO Edicions colleccion Atots 2018

La granda timonariá, IEO Edicions, colleccion Atots 2020. NB. L’auteur aurait souhaité corriger cet ouvrage et en publier une nouvelle version plus satisfaisante.

Sources



Archives familiales

NEUMULLER,Michel. Un quatuor d’écrivains occitans se met à table à Belcodène. Aquò d'Aquí [en ligne]. 2015. (Consulté le 18 juillet 2022). Disponible à l'adresse : https://www.aquodaqui.info/Un-quatuor-d-ecrivains-occitans-se-met-a-table-a-Belcodene_a841.html

NEUMULLER,Michel. Romieg Jumeau se's enanat.Aquò d'Aquí [en ligne]. 2022. (Consulté le 18 juillet 2022). Disponible à l'adresse : https://www.aquodaqui.info/Romieg-Jumeau-se-s-enanat_a2315.html

Lettre sur Marseille capitale de la culture



Annexes

Une lettre de Rémi Jumeau en 2009

Graveson, le 13 juillet 2009

Chers amis,

Vous avez accepté de participer à notre projet, visant à inscrire la Culture d’Oc dans l’opération Marseille/Provence, capitale européenne de la Culture 2013. D’ores et déjà, une quinzaine d’écrivains et d’universitaires nous ont, comme vous donné leur accord, avec enthousiasme. Maintenant, il importe que vous nous indiquiez le ou les thèmes que vous désireriez développer à cette occasion. Nous vous rappelons, pour que notre projet ait quelque chance d’être sélectionné, que les thèmes correspondent aux critères ci-après : (ceux-ci ayant été définis par le comité technique de l’association Marseille 2013)

1-Pour ce qui concerne « la dimension européenne »

-Renforcer la coopération entre les opérateurs culturels, les artistes et les villes des Etats membres concernés et d’autres Etats membres, dans tout le secteur culturel.
-Faire ressortir la richesse de la diversité culturelle en Europe.
-Mettre en évidence les aspects communs des cultures européennes.

2-Pour ce qui concerne « la Ville et les Citoyens »

-Encourager la participation des citoyens, habitant Marseille et la Provence, susciter leur intérêt ainsi que celui des citoyens vivant à l’étranger.
-Avoir un caractère durable et faire partie intégrante du développement culturel et social à long terme de la Ville et de sa Région.

3-Enfin, ne pas oublier la dimension méditerranéenne de Marseille/Provence, d’autant que la réalisation du Musée des Civilisations d’Europe et de la Méditerranée, le MUCEM, devrait être achevée en 2013.

Si un thème comme celui des immigrations de masse aux XIXe et XXe siècles (italienne, espagnole ou maghrébine) a déjà fait l’objet de nombreuses études, les migrations internes (par exemple, celle des gavots vers plaines ou les villes du littoral provençal) ou vers les pays voisins (par exemple des occitans vers l’Espagne après la Reconquista, des Vaudois provençaux vers l’Italie, ou des Gavots vers le Mexique) mériteraient des développements intéressants.

Les critères sont donc suffisamment larges, (notamment ceux de la diversité culturelle et des échanges méditerranéennes) pour offrir une grande liberté dans les choix des sujets.

En conclusion, nous vous demandons de nous adresser d’ici fin août, les titres des thèmes que vous comptez traiter, de manière à ce que nous puissions commencer à bâtir notre projet commun. Si 2013 est l’année de la mise en œuvre globale de l’opération, c’est en 2009 que se fait la sélection, d’où notre demande. Recevez chers amis nos cordiales salutations

Le Président, Rémi JUMEAU

Hommages rendus par Jean-Marie Ramier le jour des obsèques

Sus lou cros de Roumié (divèndre 14 de janvié 2022, à Menèrbo)

Roumié, vaqui un credo de belèu lou faras tiéu : Lou Crédo dé Cassian dóu grand pouèto Vitou Gelu, Marsihés coume tu. N’en vaqui quàuqui tros.

A peri tout entié, qué servirié de neisse !
Dieou, que li vi tan lun, nou forgé pas per ren :
En mouren regrian ; l’ome quan dispareisse,
Va pupla leis estèlo oou foun doou firmamen !

Maduro avan lou tem, ma testo, qué vies blanquo,
A glena quaouquei gran dedin chasque gara.
Mies qué lou marguiié que rounflo sus sa banquo
Ai souven tria de grame ei sermoun doou cura.
Dei prepaou dei moussu, dei cansoun dei femèlo,
Dei questien dei nistoun, surtou, mi sieou nourri :
Tan qu’un secrè nouveou coutiguo sa cervèlo
Lou senigran voou pa mouri
A peri tout entié, etc …

Dieou mandan sa semenço ei ciele, à l’avanturo,
Coumo lou bastidan qué sameno soun bla,
Lou gran s’esparpaié lon de la vouto bluro :
Qu s’enregué d’eici, qu s’enané d’eila.
Nouesto grano encapé de toumba su la terro :
Aqui rescountrerian noueste premié relès,
Mounte tan de doulou duvien nou fa la guerro
Jusqu’oou suari, despui lou brès !...
A peri tout entié, etc…

Mai lou darnié badaou pa pu leou nous escapo,
Sian saia aperamoun senso cro ni palan ;
Aven entamena nouesto segoundo etapo ;
Anan mai espeli su d’un globou pu gran !
Aqui sian dejà mies : aven lou cor de ferri,
Vin pan d’ooutou, lei bras emé lei ner d’acié ;
Creignen ni cirourgien, ni drogo, ni cristèri :
Counoueissen plu la maladié !
A peri tout entié, etc…

Adelà fourra plu qué tout un pople laoure
Per gava finqu’eis uei quaouquei pouar a l’engrai ;
Aqui l’ooura plus ges dé riche, ni de paoure ;
Ni saven, ni bestias ; ni beou pitoué, ni lai !
Seren toutei parié souto la memo bacho !...
Pu gai qué de jouven qu’an chima lou claré,
Oouren noueste bouenur escri dessu la facho,
Coumo s’erian oou cabaré !
A peri tout entié,etc…

A cin-cen-milo lèguo oou dessu dei tounerro,
Sé nou pren fantasié dé durbi lou journaou,
Li veiren lei travai que nouesto ancieno terro
Fara, per si servi dei forço dé l’uiaou,
Coumo l’aplooudirian, soun assaou dé couragi
Dei reire-pichoun-fieou é dei reire-nebou,
Qué voudran counqueri lei nieou à l’arrambagi,
S’à la fin n’en venien à bou !...
A peri tout entié, etc…

Alor dei bouenei gen fenira plu la festo !...
Mai lei tigre, dé qué si voudran rapela ?
Semblaran d’estrangié ! degun li tendra testo
Perqué viroun toujou l’aiguo dins sei vala !
Leisso leis arpagoun ti trata d’imbecile :
En ti fasen cheri, moougra tou soun mespres,
Vidaou, places tei foun mies qué lou pus abile :
Oou milo per cen d’interes !...
A peri tout entié, etc…

La jalousié deis ome é sei bruteis entriguo,
Coumo s’en truffaren, quan seren tou-puissan !
Per quaouquei pessu d’or s’escaloun à la biguo,
Trouvaren à manès lei mouloun de diaman !
S’à la retiro-puou derraboun d’espouleto,
Dé capeou galouna, dé mitro de satin,
Qué sera tout aco, senoun de pampaieto
Su d’un lai viesti d’arlequin !...
A peri tout entié, etc…

Mai alor qué bouenur d’ooublida la coulèro !
Dé jouï doou printem senso apranda l’iver !
Dé dire ei capouchin qu’esfraieroun ta mero :
Reveran, boufa-li su lei brasiéd’infer !
Dé dire à Madeloun, quan lou pies li ressaouto :
Din noou-milo an d’eici, gento caligneiris,
Coumo vui, per passien ti mangearai lei gaouto,
E toujou mordrai frui requis !
A peri tout entié, etc…

Mestre, t’ai amarra su l’ancro d’esperanço :
Vai acaba ta pleguo entre leis afama,
E quan oouras feni ta vido de soufranço,
Vene trouva Cassian ei péis embeima.
Doou calici dé feou poues escouela lei gouto :
T’ai coupa lou bastoun qué ti duou sousteni ;
Parti premié ; veiras mei piado su la routo ;
M’agantaras à l’embruni…
A peri tout entié, qué servirié de neisse !
Dieou, que li vi tan lun, nou forgé pas per ren :
En mouren regrian ; l’ome quan dispareisse,
Va pupla leis estèlo oou foun doou firmamen !

Nàni, Roumié, risques pas de peri tout entié. Bèn lou countràri !

Restaras dins nosto memòri. Nous-autre, Gravesounen, t’avèn couneigu poulemisto arderous dins la colo d’Un Païs pèr Deman ; pièi, e subretout, au CREDD’O. Lou CREDD’O que n’en fuguères un di foundadou emai un valènt cepoun. Lou CREDD’O que n’en prenguères un jour la presidènci e la gardères dès an de tèms. Dès an qu’an fa flòri. Souto ta beilié l’Oustau di Petit venguè lou centre de recerco e d’estùdi recouneigu, indefugible e respeta que couneissèn vuei. Lou meteguères dins soun lustre, ié dounères si letro de noublesso. Quouro la santa te n’aliuenchè fisicamen, sian li testimòni que countunières de te soucita de tout ço que se debanavo de bon o de pas tant bon au CREDD’O. Gravesoun te dis gramaci.

Mai es tout lou païs d’O que gardara peréu souvenènço de tu. Siés esta un parangoun de la recounquisto de la lengo. Nosto lengo l’aprenguères emé passioun e n’en venguères lèu un escrivan de trio. Publiquères dins l’afaire de vint an uno deseno d’oubrage, tóuti saluda pèr la critico. Quau n’en pòu dire autant ? Te siés avasta ‘mé bonur dins quàsi tóuti li relarg de la literaturo : pouesìo, rouman istouri o d’aventuro, nouvello fantastico… E tout acò en gaubejant un lengage noble e eisigènt, à l’auturo de l’idèio auto que te fasiés de la lengo. Siés d’aquéli qu’an vicu, qu’an tengu nosto lengo vivo.

Vuei, es en terro de Menèrbo que sian vengu te rendre óumenage, un terraire de memòri e de resistènci. Nàni, Roumié, t’óublidaren pas !


Il y a des moments que l’on pense ne jamais vivre, et puis inévitablement, inexorablement, ils arrivent. C’est le cas pour cette disparition qui nous réunit aujourd’hui : comment accepter que Rémi, cet homme puissant, cet homme magnifique, qui était la bonté et la générosité même, ce mari, ce père, ce grand-père qui semblait indestructible soit terrassé par l‘âge et la maladie et repose aujourd’hui devant nous.

Au nom de Claire, son épouse, de Sylvie, de Manuel, de Frédérique et d’Anaïs, je vous remercie d’être venus, parfois de loin, pour l’entourer une dernière fois. Et ayons une pensée pour Sylvie et Nicolas que le Covid empêche d’être avec nous aujourd’hui.

Claire m’a demandé de retracer rapidement le portrait et la carrière de Rémi : je l’en remercie, je mesure l’honneur qui m’est fait mais aussi la difficulté de la tâche. Je vais essayer...

Rémi Jumeau est né à Marseille le 30 avril 1930.

Dès sa première année il se distingue en recevant, avec une grande modestie, le diplôme d’honneur du concours des bébés de 1931 : c’était sans aucun doute une prédestination !

De son premier mariage avec Simone Mouliérac naîtront ses deux enfants

  • Sylvie née à Marseille en 1955 dont il se plaisait à dire que c’était la parfaite petite marseillaise, jusqu’à ce qu’elle quitte Marseille. Mais si elle en a perdu l’accent, elle n’en a pas perdu l’humour…
  • et Manuel, né à Saint-Quentin en 1961, ce fils dont il était très fier, et qui a repris le flambeau de son père puisqu’il est aujourd’hui graveur.



Rémi débutera ses études chez les Jésuites, où enseignait son père, éminent professeur de mathématiques. Mais très vite il comprit que les équations et les logarithmes n’étaient pas faits pour lui ; il préféra intégrer l’Institution du « Sacré-Coeur » où il excella en histoire, en français, en latin et en grec. Il obtint même, à la fin de ses études secondaires, un diplôme d’éloquence, dans la plus pure tradition antique.

Fait plus étonnant : au cours de son service militaire, alors qu’on ne lui connaissait aucun penchant particulier pour l’armée, le Maréchal des Logis Rémi Jumeau se vit décerner un Certificat de Bonne Conduite par le colonel commandant le 405e régiment d’Artillerie Antiaérienne. Comme quoi il était bon partout !

Il poursuivra ses études aux Beaux-Arts, dans la section Gravure. Mais malgré ses incontestables dons artistiques et son espoir consacrer sa vie aux Arts Plastiques, il décida d’intégrer la société « Avenir Publicité » au sein de laquelle il fera toute sa carrière.

Ce fut un excellent choix, car il en gravit progressivement tous les échelons, parvenant jusqu’au poste de Directeur Régional qu’il occupa à plusieurs reprises, dans plusieurs régions de France, avant de terminer au siège à Paris.

Dans cette dernière partie de son parcours professionnel, il s’investit au sein des instances représentatives de la profession pour faire cohabiter la publicité et la défense du patrimoine. Les textes qui régissent aujourd’hui les conditions de publicité dans les paysages urbains et ruraux lui doivent beaucoup.

Lors de son départ d’Avenir Publicité, que la Direction générale a essayé de retarder autant que possible, un grand hommage lui a été rendu au Petit Palais à Paris par le Président Mr Boutinard-Rouelle.

C’est dans le cadre de son activité qu’il a rencontré Claire, qu’il a épousée en 1986 et avec laquelle il partagea quarante années d’un amour inconditionnel. Ils étaient réunis par l ‘amour des arts, lui la peinture et l’écriture, elle la danse et la musique.
Il hérite à cette occasion d’une nouvelle fille, Frédérique, qu’il considérait comme la sienne et qui l’adopta comme père.
Cerise sur le gâteau lui arriva Anaïs, sa petite fille, sa « petitoune » avec laquelle il avait une relation profonde, tendre, faite de multiples touches de complicité.

Bien qu’enrichi par ses voyages en France, et peut-être justement du fait de ses nombreux changements de résidence, il n’avait qu’une hâte dès sa retraite : retourner dans sa chère Provence. Lui le provençal convaincu n’a jamais accepté que la République, pour fabriquer un citoyen uniforme sur tout le territoire, ait combattu les cultures régionales : dès lors il a consacré sa vie à militer pour la cause provençale.
C’est la présidence du CREDD’O d’où il n’a cessé de lutter pour rendre sa dignité et sa place à la langue d’Oc.
C’est la participation au bureau de l’Association les Suds dès sa création en 1996.
C’est enfin l’Association du Festival d’Arles, « Les musiques du Monde », dont il fut le Président pendant dix ans.

Enfin et surtout, et c’était sans doute sa plus grande fierté, Rémi a pris sa plume pour écrire plusieurs livres en langue provençale, tous publiés.
Lui qui parlait peu, qui aimait aller à l’essentiel, qui était avare de ses mots et pudique sur ses sentiments, était prolixe dans ses écrits…
Selon un proverbe africain, continent où domine la culture orale, « un homme qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle ». Pour Rémi c’est tout l’inverse : il nous laisse sa bibliothèque en provençal comme un témoignage ineffaçable.

Deux traits enfin que je voudrais souligner.

D’abord la fidélité et la profondeur de ses sentiments pour ses proches, qu’il aimait avec une égale tendresse et dont il ne s’est jamais départi.
Ensuite l’étendue impressionnante de sa culture : à ses côtés, on se plaisait à ne pas consulter Wikipédia quand on avait une question, assurés qu’il en connaissait la réponse.
Ce qui s’avérait toujours exact ! Rémi était une encyclopédie ambulante.

Mais si c’était un grand homme, calme, tranquille quoique souvent angoissé, pudique, digne c’était aussi – et là je laisse le mot de la fin à sa fille, un homme têtu comme 36 mules !

Merci, Rémi, pour tout ce que tu nous as donné, merci pour ce que tu étais, ta trace ne s’effacera jamais. Repose en paix.

Auteur de l'article

Jean-Marie Ramier, enseignant à la retraite d’Occitan-Langue d’Oc, dans l’enseignement catholique et dans l’Académie d’Aix-Marseille. Président des associations Un Païs pèr Deman, CEPD’OC (Centre d’Étude de la Parole d’Oc), membre du conseil d’administration du CREDD’O (Centre de Rencontre, d’Étude, de Documentation et de Diffusion d’Oc).

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Romieg Jumeau, poèta, romancier, aparaire de la lenga, a publicat un desenat d’obratges en occitan provençau.

Identitat

Formas referencialas

Rémi Jumeau

Autras formas conegudas

Romieg Jumèu

Romieg Jumeau

Elements biografics

Romieg Jumeau nasquèt lo 30 d’abriu de 1930 a Marselha (13).

Romieg entamenèt seis estudis en cò dei Jesuistas, ont ensenhava son paire, professor de matematicas. Mai pron lèu s’avisèt que leis equacions e lei logaritmes èran pas fachs per eu ; estimèt mai de rintrar a l’Institucion dau Sacrat Còr onte faguèt miranda en istòria, en francés,en latin amb en grèc. Ben tant que daverèt, a la fin de seis estudis segondaris, un diplòma d’eloquéncia dins la mai pura dei tradicions anticas.
Contunhèt seis estudis ai Bèleis-Arts de Marselha, dins la seccion Escultura, Escrinceladura e Modelatge. Pasmens, mau-despieg sei vertadiers dons artistics e son espèr de consacrar sa vida ais Arts, decidèt d’integrar la societat « Avenir Publicité » onte faguèt tota sa carriera.
N’escalèt pauc a cha pauc totei leis escalons, fin qu’au pòste de Director Regionau qu’ocupèt mai d’un còp, dins mantuna region de França, avans d’acabar au sèti de París.

Dins aquela darriera partida de son caminament professionau, s’investiguèt au dintre deis instàncias representativas dau mestier per faire anar cotria la publicitat e l’aparament dau patrimòni. Lei tèxts que bailejan uei lei condicions de publicitat dins lei païsatges urbans e ruraus li son pron devents.

Maridat un promier còp amb Simòna Moulierac, aguèt dos enfants : Silvia, nascuda a Marselha en 1955 e Manuèl, nascut a Saint-Quentin en 1961. Aqueu d’aquí, sus lei peadas de son paire, es ara escrincelaire.

Pus tard rescontrèt Claire Morel, professora de dança classica, qu’esposèt en 1986. Visquèron ensèms quaranta ans de temps e partejèron la passion deis arts.

A la retirada s’entornèt en Provença, crompèt en 1995 un pichòt mas a Graveson (13), puèi un ostau de vilatge a Eiragas (13), avans de plantar cavilha en Avinhon (84) onte acabèt sa vida lo diluns 10 de janvier de 2022. Foguèt sepelit lo divendres 14 de janvier dins son cròs de familha a Menèrbas (84).

Engatjament dins la renaissença d’oc

Despatriat tot de lòng de sa vida professionala, aviá en òdi l’idèia que per fargar un bòn ciutadan francés lo fauguèsse desmamar de sa cultura terradorenca. Tota sa vida militèt per la causa occitana. A Graveson, tre son arribada, participèt a la creacion de l’associacion « Un Païs per Deman » e fuguèt un dei fondadors dau CREDD’O en 2005. Dau CREDD’O ne’n foguèt lo segond president de 2008 a 2018. Sota sa bailiá aquel organisme prenguèt son ample.
Dins aquest encastre, ensagèt, en 2009, de donar, amb d’autres, una coloracion occitanista a la campanha per la promocion de Marselha coma capitala europenca de la cultura.

Faguèt partida dau burèu de l’associacion « Les Suds » tre sa creacion en 1996.
Enfin, çò que comptava lo mai per eu, se gropèt a l’aprendissatge de la lenga ben tant que foguèt lèu capable de l’escriure. Promier dins de cronicas per la revista associativa Deman un Païs, puèi amb la publicacion d’una desena d’obratges tocant quasi totei lei relargs de la literatura : poesia, romans istorics ò d’aventura, novèlas fantasticas… Aviá causit de gaubejar un lengatge nòble e exigent, a l’autura de l’idèia auta que se fasiá de la lenga.

Bibliografia e ressorças

Sénher quau, IEO Edicions, Colleccion Atots 2002

Cronicas imaginàrias, IEO Edicions, Colleccion Atots 2004

E siguèsse una nafra la lutz, IEO Edicions, Colleccion Messatges 2008

Pantòri, Romieg Jumèu IEO Edicions, Colleccion Atots 2013

Embolh a Malamosca, IEO Edicions, Colleccion Atots Crimis 2014

Apològs, IEO Edicions, Colleccion Messatges 2014

Nòvas d’autra part, IEO Edicions, Colleccion Atots 2015

Rèire vida, IEO Edicions, Colleccion Atots 2016

L’esclargiera, IEO Edicions, Colleccion Atots 2017

Lo viatge alambicant dau professor grosdenàs, IEO Edicions colleccion Atots 2018

La granda timonariá, IEO Edicions, colleccion Atots 2020. NB. Aquest obratge, l’auriá vougut corregir e ne’n tornar publicar una version mai satisfasenta.

Sorsas



Archius de familha

NEUMULLER,Michel. Un quatuor d’écrivains occitans se met à table à Belcodène. Aquò d'Aquí [en linha]. 2015. (Consultat lo 18 de julhet de 2022). Disponible a l'adreiça : https://www.aquodaqui.info/Un-quatuor-d-ecrivains-occitans-se-met-a-table-a-Belcodene_a841.html

NEUMULLER,Michel. Romieg Jumeau se's enanat.Aquò d'Aquí [en linha]. 2022. (Consultat lo 18 de julhet de 2022). Disponible a l'adreiça : https://www.aquodaqui.info/Romieg-Jumeau-se-s-enanat_a2315.html

Letra sus Marseille capitale de la culture

Annèxes



Une lettre de Rémi Jumeau en 2009

Graveson, le 13 juillet 2009

Chers amis,

Vous avez accepté de participer à notre projet, visant à inscrire la Culture d’Oc dans l’opération Marseille/Provence, capitale européenne de la Culture 2013. D’ores et déjà, une quinzaine d’écrivains et d’universitaires nous ont, comme vous donné leur accord, avec enthousiasme. Maintenant, il importe que vous nous indiquiez le ou les thèmes que vous désireriez développer à cette occasion. Nous vous rappelons, pour que notre projet ait quelque chance d’être sélectionné, que les thèmes correspondent aux critères ci-après : (ceux-ci ayant été définis par le comité technique de l’association Marseille 2013)

1-Pour ce qui concerne « la dimension européenne »

-Renforcer la coopération entre les opérateurs culturels, les artistes et les villes des Etats membres concernés et d’autres Etats membres, dans tout le secteur culturel.
-Faire ressortir la richesse de la diversité culturelle en Europe.
-Mettre en évidence les aspects communs des cultures européennes.

2-Pour ce qui concerne « la Ville et les Citoyens »

-Encourager la participation des citoyens, habitant Marseille et la Provence, susciter leur intérêt ainsi que celui des citoyens vivant à l’étranger.
-Avoir un caractère durable et faire partie intégrante du développement culturel et social à long terme de la Ville et de sa Région.

3-Enfin, ne pas oublier la dimension méditerranéenne de Marseille/Provence, d’autant que la réalisation du Musée des Civilisations d’Europe et de la Méditerranée, le MUCEM, devrait être achevée en 2013.

Si un thème comme celui des immigrations de masse aux XIXe et XXe siècles (italienne, espagnole ou maghrébine) a déjà fait l’objet de nombreuses études, les migrations internes (par exemple, celle des gavots vers plaines ou les villes du littoral provençal) ou vers les pays voisins (par exemple des occitans vers l’Espagne après la Reconquista, des Vaudois provençaux vers l’Italie, ou des Gavots vers le Mexique) mériteraient des développements intéressants.

Les critères sont donc suffisamment larges, (notamment ceux de la diversité culturelle et des échanges méditerranéennes) pour offrir une grande liberté dans les choix des sujets.

En conclusion, nous vous demandons de nous adresser d’ici fin août, les titres des thèmes que vous comptez traiter, de manière à ce que nous puissions commencer à bâtir notre projet commun. Si 2013 est l’année de la mise en œuvre globale de l’opération, c’est en 2009 que se fait la sélection, d’où notre demande. Recevez chers amis nos cordiales salutations



Le Président, Rémi JUMEAU

Hommages rendus par Jean-Marie Ramier le jour des obsèques

Sus lou cros de Roumié (divèndre 14 de janvié 2022, à Menèrbo)

Roumié, vaqui un credo de belèu lou faras tiéu : Lou Crédo dé Cassian dóu grand pouèto Vitou Gelu, Marsihés coume tu. N’en vaqui quàuqui tros.

A peri tout entié, qué servirié de neisse !
Dieou, que li vi tan lun, nou forgé pas per ren :
En mouren regrian ; l’ome quan dispareisse,
Va pupla leis estèlo oou foun doou firmamen !

Maduro avan lou tem, ma testo, qué vies blanquo,
A glena quaouquei gran dedin chasque gara.
Mies qué lou marguiié que rounflo sus sa banquo
Ai souven tria de grame ei sermoun doou cura.
Dei prepaou dei moussu, dei cansoun dei femèlo,
Dei questien dei nistoun, surtou, mi sieou nourri :
Tan qu’un secrè nouveou coutiguo sa cervèlo
Lou senigran voou pa mouri
A peri tout entié, etc …

Dieou mandan sa semenço ei ciele, à l’avanturo,
Coumo lou bastidan qué sameno soun bla,
Lou gran s’esparpaié lon de la vouto bluro :
Qu s’enregué d’eici, qu s’enané d’eila.
Nouesto grano encapé de toumba su la terro :
Aqui rescountrerian noueste premié relès,
Mounte tan de doulou duvien nou fa la guerro
Jusqu’oou suari, despui lou brès !...
A peri tout entié, etc…

Mai lou darnié badaou pa pu leou nous escapo,
Sian saia aperamoun senso cro ni palan ;
Aven entamena nouesto segoundo etapo ;
Anan mai espeli su d’un globou pu gran !
Aqui sian dejà mies : aven lou cor de ferri,
Vin pan d’ooutou, lei bras emé lei ner d’acié ;
Creignen ni cirourgien, ni drogo, ni cristèri :
Counoueissen plu la maladié !
A peri tout entié, etc…

Adelà fourra plu qué tout un pople laoure
Per gava finqu’eis uei quaouquei pouar a l’engrai ;
Aqui l’ooura plus ges dé riche, ni de paoure ;
Ni saven, ni bestias ; ni beou pitoué, ni lai !
Seren toutei parié souto la memo bacho !...
Pu gai qué de jouven qu’an chima lou claré,
Oouren noueste bouenur escri dessu la facho,
Coumo s’erian oou cabaré !
A peri tout entié,etc…

A cin-cen-milo lèguo oou dessu dei tounerro,
Sé nou pren fantasié dé durbi lou journaou,
Li veiren lei travai que nouesto ancieno terro
Fara, per si servi dei forço dé l’uiaou,
Coumo l’aplooudirian, soun assaou dé couragi
Dei reire-pichoun-fieou é dei reire-nebou,
Qué voudran counqueri lei nieou à l’arrambagi,
S’à la fin n’en venien à bou !...
A peri tout entié, etc…

Alor dei bouenei gen fenira plu la festo !...
Mai lei tigre, dé qué si voudran rapela ?
Semblaran d’estrangié ! degun li tendra testo
Perqué viroun toujou l’aiguo dins sei vala !
Leisso leis arpagoun ti trata d’imbecile :
En ti fasen cheri, moougra tou soun mespres,
Vidaou, places tei foun mies qué lou pus abile :
Oou milo per cen d’interes !...
A peri tout entié, etc…

La jalousié deis ome é sei bruteis entriguo,
Coumo s’en truffaren, quan seren tou-puissan !
Per quaouquei pessu d’or s’escaloun à la biguo,
Trouvaren à manès lei mouloun de diaman !
S’à la retiro-puou derraboun d’espouleto,
Dé capeou galouna, dé mitro de satin,
Qué sera tout aco, senoun de pampaieto
Su d’un lai viesti d’arlequin !...
A peri tout entié, etc…

Mai alor qué bouenur d’ooublida la coulèro !
Dé jouï doou printem senso apranda l’iver !
Dé dire ei capouchin qu’esfraieroun ta mero :
Reveran, boufa-li su lei brasiéd’infer !
Dé dire à Madeloun, quan lou pies li ressaouto :
Din noou-milo an d’eici, gento caligneiris,
Coumo vui, per passien ti mangearai lei gaouto,
E toujou mordrai frui requis !
A peri tout entié, etc…

Mestre, t’ai amarra su l’ancro d’esperanço :
Vai acaba ta pleguo entre leis afama,
E quan oouras feni ta vido de soufranço,
Vene trouva Cassian ei péis embeima.
Doou calici dé feou poues escouela lei gouto :
T’ai coupa lou bastoun qué ti duou sousteni ;
Parti premié ; veiras mei piado su la routo ;
M’agantaras à l’embruni…
A peri tout entié, qué servirié de neisse !
Dieou, que li vi tan lun, nou forgé pas per ren :
En mouren regrian ; l’ome quan dispareisse,
Va pupla leis estèlo oou foun doou firmamen !

Nàni, Roumié, risques pas de peri tout entié. Bèn lou countràri !

Restaras dins nosto memòri. Nous-autre, Gravesounen, t’avèn couneigu poulemisto arderous dins la colo d’Un Païs pèr Deman ; pièi, e subretout, au CREDD’O. Lou CREDD’O que n’en fuguères un di foundadou emai un valènt cepoun. Lou CREDD’O que n’en prenguères un jour la presidènci e la gardères dès an de tèms. Dès an qu’an fa flòri. Souto ta beilié l’Oustau di Petit venguè lou centre de recerco e d’estùdi recouneigu, indefugible e respeta que couneissèn vuei. Lou meteguères dins soun lustre, ié dounères si letro de noublesso. Quouro la santa te n’aliuenchè fisicamen, sian li testimòni que countunières de te soucita de tout ço que se debanavo de bon o de pas tant bon au CREDD’O. Gravesoun te dis gramaci.

Mai es tout lou païs d’O que gardara peréu souvenènço de tu. Siés esta un parangoun de la recounquisto de la lengo. Nosto lengo l’aprenguères emé passioun e n’en venguères lèu un escrivan de trio. Publiquères dins l’afaire de vint an uno deseno d’oubrage, tóuti saluda pèr la critico. Quau n’en pòu dire autant ? Te siés avasta ‘mé bonur dins quàsi tóuti li relarg de la literaturo : pouesìo, rouman istouri o d’aventuro, nouvello fantastico… E tout acò en gaubejant un lengage noble e eisigènt, à l’auturo de l’idèio auto que te fasiés de la lengo. Siés d’aquéli qu’an vicu, qu’an tengu nosto lengo vivo.

Vuei, es en terro de Menèrbo que sian vengu te rendre óumenage, un terraire de memòri e de resistènci. Nàni, Roumié, t’óublidaren pas !


Il y a des moments que l’on pense ne jamais vivre, et puis inévitablement, inexorablement, ils arrivent. C’est le cas pour cette disparition qui nous réunit aujourd’hui : comment accepter que Rémi, cet homme puissant, cet homme magnifique, qui était la bonté et la générosité même, ce mari, ce père, ce grand-père qui semblait indestructible soit terrassé par l‘âge et la maladie et repose aujourd’hui devant nous.

Au nom de Claire, son épouse, de Sylvie, de Manuel, de Frédérique et d’Anaïs, je vous remercie d’être venus, parfois de loin, pour l’entourer une dernière fois. Et ayons une pensée pour Sylvie et Nicolas que le Covid empêche d’être avec nous aujourd’hui.

Claire m’a demandé de retracer rapidement le portrait et la carrière de Rémi : je l’en remercie, je mesure l’honneur qui m’est fait mais aussi la difficulté de la tâche. Je vais essayer...

Rémi Jumeau est né à Marseille le 30 avril 1930.

Dès sa première année il se distingue en recevant, avec une grande modestie, le diplôme d’honneur du concours des bébés de 1931 : c’était sans aucun doute une prédestination !

De son premier mariage avec Simone Mouliérac naîtront ses deux enfants

  • Sylvie née à Marseille en 1955 dont il se plaisait à dire que c’était la parfaite petite marseillaise, jusqu’à ce qu’elle quitte Marseille. Mais si elle en a perdu l’accent, elle n’en a pas perdu l’humour…
  • et Manuel, né à Saint-Quentin en 1961, ce fils dont il était très fier, et qui a repris le flambeau de son père puisqu’il est aujourd’hui graveur.



Rémi débutera ses études chez les Jésuites, où enseignait son père, éminent professeur de mathématiques. Mais très vite il comprit que les équations et les logarithmes n’étaient pas faits pour lui ; il préféra intégrer l’Institution du « Sacré-Coeur » où il excella en histoire, en français, en latin et en grec. Il obtint même, à la fin de ses études secondaires, un diplôme d’éloquence, dans la plus pure tradition antique.

Fait plus étonnant : au cours de son service militaire, alors qu’on ne lui connaissait aucun penchant particulier pour l’armée, le Maréchal des Logis Rémi Jumeau se vit décerner un Certificat de Bonne Conduite par le colonel commandant le 405e régiment d’Artillerie Antiaérienne. Comme quoi il était bon partout !

Il poursuivra ses études aux Beaux-Arts, dans la section Gravure. Mais malgré ses incontestables dons artistiques et son espoir consacrer sa vie aux Arts Plastiques, il décida d’intégrer la société « Avenir Publicité » au sein de laquelle il fera toute sa carrière.

Ce fut un excellent choix, car il en gravit progressivement tous les échelons, parvenant jusqu’au poste de Directeur Régional qu’il occupa à plusieurs reprises, dans plusieurs régions de France, avant de terminer au siège à Paris.

Dans cette dernière partie de son parcours professionnel, il s’investit au sein des instances représentatives de la profession pour faire cohabiter la publicité et la défense du patrimoine. Les textes qui régissent aujourd’hui les conditions de publicité dans les paysages urbains et ruraux lui doivent beaucoup.

Lors de son départ d’Avenir Publicité, que la Direction générale a essayé de retarder autant que possible, un grand hommage lui a été rendu au Petit Palais à Paris par le Président Mr Boutinard-Rouelle.

C’est dans le cadre de son activité qu’il a rencontré Claire, qu’il a épousée en 1986 et avec laquelle il partagea quarante années d’un amour inconditionnel. Ils étaient réunis par l ‘amour des arts, lui la peinture et l’écriture, elle la danse et la musique.
Il hérite à cette occasion d’une nouvelle fille, Frédérique, qu’il considérait comme la sienne et qui l’adopta comme père.
Cerise sur le gâteau lui arriva Anaïs, sa petite fille, sa « petitoune » avec laquelle il avait une relation profonde, tendre, faite de multiples touches de complicité.

Bien qu’enrichi par ses voyages en France, et peut-être justement du fait de ses nombreux changements de résidence, il n’avait qu’une hâte dès sa retraite : retourner dans sa chère Provence. Lui le provençal convaincu n’a jamais accepté que la République, pour fabriquer un citoyen uniforme sur tout le territoire, ait combattu les cultures régionales : dès lors il a consacré sa vie à militer pour la cause provençale.
C’est la présidence du CREDD’O d’où il n’a cessé de lutter pour rendre sa dignité et sa place à la langue d’Oc.
C’est la participation au bureau de l’Association les Suds dès sa création en 1996.
C’est enfin l’Association du Festival d’Arles, « Les musiques du Monde », dont il fut le Président pendant dix ans.

Enfin et surtout, et c’était sans doute sa plus grande fierté, Rémi a pris sa plume pour écrire plusieurs livres en langue provençale, tous publiés.
Lui qui parlait peu, qui aimait aller à l’essentiel, qui était avare de ses mots et pudique sur ses sentiments, était prolixe dans ses écrits…
Selon un proverbe africain, continent où domine la culture orale, « un homme qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle ». Pour Rémi c’est tout l’inverse : il nous laisse sa bibliothèque en provençal comme un témoignage ineffaçable.

Deux traits enfin que je voudrais souligner.

D’abord la fidélité et la profondeur de ses sentiments pour ses proches, qu’il aimait avec une égale tendresse et dont il ne s’est jamais départi.
Ensuite l’étendue impressionnante de sa culture : à ses côtés, on se plaisait à ne pas consulter Wikipédia quand on avait une question, assurés qu’il en connaissait la réponse.
Ce qui s’avérait toujours exact ! Rémi était une encyclopédie ambulante.

Mais si c’était un grand homme, calme, tranquille quoique souvent angoissé, pudique, digne c’était aussi – et là je laisse le mot de la fin à sa fille, un homme têtu comme 36 mules !

Merci, Rémi, pour tout ce que tu nous as donné, merci pour ce que tu étais, ta trace ne s’effacera jamais. Repose en paix.

Autor de l'article

Joan-Maria Ramier , ensenhant a la retirada d’Occitan-Lenga d’Òc dins l’ensenhament catolic e dins l’Académia d’Ais-Marselha. President deis associacions Un Païs pèr Deman, CEPD’OC (Centre d’Estudi de la paraula d’ÒC), membre dau Consèu d’Admenistracion dau CREDD’O (Centre de Rescòntre, d’Estudi, de Documentacion e de Difusion d’ÒC).

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Jean Luc Séverac, peintre, sculpteur, graveur (1936-2022) installé à Minerve depuis 1965.
Il participe sur place à la diffusion de la nouvelle chanson occitane et s’implique dans le renouveau de la culture d’oc aux côtés de Léon Cordes.

Identité


Formes référentielles :


Séverac Jean-Luc

Autres formes du nom :


Severac Joan-Luc

Éléments biographiques

Jean-Luc Séverac, peintre, sculpteur et graveur (Capestang, 16-11-1936 - Minerve, 27-01-2022), est le fils de Robert Séverac et de Marcelle Joseph. Il passe son enfance à Capestang et à Béziers. À Aigne, à la fin de la guerre, une cousine lui fait découvrir en vélo un lieu et un paysage extraordinaires : la cité de Minerve, son causse et les gorges de la Cesse et du Brian. Adolescent, il vit à Montluçon dans le milieu artistique que fréquentent son père, auteur dramatique, et sa mère, ancienne danseuse et directrice d'une école de danse. En 1955, à 18 ans, il devance l'appel du service militaire pour être libre de faire ensuite les Beaux-Arts. En 1958 il entre en deuxième année de l'École nationale des arts de Bourges dans le but d'y étudier auprès du sculpteur Marcel Gili qu'il admire et qui y enseigne. En 1960, au cours des vendanges à Aigne, il rencontre Marie-Thérèse Gareil, la fille d'un viticulteur de Minerve où il décide de s'installer dans la petite maison de la « Tour des Cathares ». C'est là, sur le promontoire qui porte la maison surplombant le confluent du Brian et de la Cesse qu'il fait sa première exposition en avril 1961. En décembre il épouse Marie-Thérèse, ils auront deux enfants. À Minerve, la vie est très dure et il doit travailler dans les vignes de son beau-père. Aussi se décide-t-il en septembre 1963 à prendre un poste de maître-auxiliaire de dessin au lycée de Guéret : il y reste deux ans, revient à Minerve en 1965 et n'en bougera plus. En 1968, il fonde avec quelques amis peintres et sculpteurs le « Groupe Minerve » (Pierre Bayle, potier-sculpteur ; Paul Azéma, peintre ; Adres Blume, ferronnier d’art) et ouvre définitivement en 1971 son « Atelier-Exposition San Rustic » qui va devenir le lieu de l'exposition permanente de ses œuvres.


En 1974, il illustre le Petit Livre de Minerve du poète occitan Léon Cordes.
En 1980 il reçoit le Grand prix de Sculpture du Salon d'art international du Pays d’Olmes. Il participe comme dessinateur de BD au journal satirique Le Rictus Occitan publié de 1972 à 1976. Par ailleurs il invente à cette époque une technique de peinture très originale et commence à pouvoir vivre de la vente de ses œuvres. Il peint les spirales de l'eau et sculpte avec elle les galets. Libre et indépendant, se voulant hors école, hors coutumes et hors frontières, sa peinture est qualifiée de « fantastique, poétique et onirique »1.
En 2018, il publie Entrebescs e Cançons, Entrelacs et Chansons, livre de gravures et poèmes en occitan de Gerard Zuchetto. Pour cette réalisation il utilise un procédé qu’il a mis au point dans les années 90. Abandonnant celui sur cuivre, pierre ou bois qu’il a déjà utilisé, il se sert désormais de polystyrène extrudé collé sur un support PVC. Matériau souple sur lequel il grave au fer chaud comme pour la pyrogravure. Le principe reste le même et ne nécessite pas de presse lourde. Il utilise la couleur acrylique diluée à l’eau.
Jean-Luc Séverac arpente Minerve et ses environs, sur le Causse, et partout il laisse l’empreinte de son art, une pierre, une souche d’arbre mort, une cavité sur le chemin de ronde de la cité médiévale, dans le lit de la rivière, sous les ponts naturels… Il raconte lui-même : « Quand je suis dans la nature, quand je me promène, quand je ramasse un galet ou un morceau de bois, c’est ce galet, ce bois qui m’inspirent et m’aident à réaliser l’œuvre que je porte en moi. »2.
En 1981, à la demande de la municipalité de Minerve, il sculpte dans un bloc de grès « La Colombe de lumière » du monument « Als Catars »3, menhir commémoratif du martyr des « Bons hommes et bonnes femmes » brûlés vifs en ce lieu en 1210. En 1989 il fait don, à l'église située en face, d'un Christ sculpté dans le buis.

Quelques citations :

« J'ai choisi la colombe, ascendante comme un esprit méditatif monte vers le ciel, pour ses vertus symboliques évidentes. Aujourd'hui cette œuvre m'a amplement dépassé : chacun la revendique, se l'approprie... »4.
« Une colombe de lumière...à mon sens c'était la seule façon d'évoquer ici le souvenir de ceux qui rêvaient de se libérer des servitudes et des douleurs de la matière. Sans les trahir une fois de plus...Mon christ sculpté dans le buis est un christ sans croix. Parce que la croix est un instrument de torture, mon christ n'est pas crucifié. Il est un christ en majesté. Une dame m'a dit un jour : vous avez fait un Jésus qui s'envole comme la colombe, là, devant la porte ! Eh bien c'est ça. Je voudrais bien que cette église romane soit celle de la réconciliation. Oui, j'aimerais bien... »5.




Expositions :

  • 1962 Paris, musée d'art moderne : Salon de l'École française.
  • 1963 Guéret, Hôtel de ville : 30 peintures sur le thème de Don Quichotte.
  • 1970 Cannes, Maure Vieil : Groupe Minerve.
  • 1980 Salon d'art international du Pays d'Olmes (Ariège).
  • 1982 Centre Culturel, Abbaye de Fontevraud (Maine et Loire).
  • 1984 Carcassonne : Galerie G. Glardon.
  • 1985 Pézenas (Hérault) : Mirondela dels Arts.
  • 1989 Minerve et Château d'O à Montpellier : "89 artistes pour la liberté".
  • 1991 Béziers : Hôtel du département.
  • 2000 Mayronnes (Aude) : Sentier sculpturel.
  • 2001 Caunes (Aude) : Abbaye.
  • 2005 Caunes : Fête du Marbre.
  • 2008 Mayronnes : 14e sentier sculpturel.
  • 2011 Paraza (Aude) : Galerie d'art du CLAP.
  • 2013 Minerve : Exposition avec les bonzaïs, sculptures vivantes, de J. F Busquet.
  • 2016 Minerve : Festival de Gravure et de Calligraphie
  • 2018 Béziers : CIRDOC, Exposition de gravures liées à la publication Entrebescs e cançons
  • 2018 Carcassonne : IEO, Exposition de gravures liées à la publication Entrebescs e cançons

Engagements dans la renaissance d'oc

Jean-Luc Séverac participe à la vie culturelle de Minerve et du Minervois et à l’impulsion de celle-ci. Il organise de nombreux concerts avec, parmi les premiers acteurs de la renaissance d’oc de ce territoire, Claude Marti, Patric, Los Caminaires d’Òc... Léon Cordes, Yves Rouquette... Jean Luc Severac, artiste engagé pour la culture d’òc, décide de vivre et de travailler à Minerve, son pays d’adoption dès 1965. Il s’y enracine profondément et laisse dans cette cité médiévale et le paysage alentour une empreinte artistique indéfectible à travers toutes les facettes de son art.




1 Philippe Catrice, Séverac : le magicien d'eau, Midi libre, 10 avril 1991.

Jean-Luc Séverac et Gerard Zuchetto, Entrebescs e cançons, Entrelacs et chansons ; Tròba Vox éditions, 2018

PhilippeTerrancle, « Le Premier Bûcher de Simon de Montfort », inPyrénées Magazine « Spécial Cathares », été 1999.1999, pp. 36 et 38).

5 Claude Marti, Terres Cathares, chemin faisant, illustrations de Paul Moscovino, Études et communications éditions,2007, p. 32.



Bibliographie

Jean-Luc Severac et Gerard Zuchetto, Entrebescs e Cançons, Entrelacs et Chansons, Tròba Vox éditions, 2018

Virginie Pospisil-Puente, La Colombe de lumière, in Histoire et Généalogie en Minervois, n° 100, p. 76-78, 2015.

Anne Brenon et Jean-Philippe deTonnac, Cathares, la contre-enquête, Albin-Michel, 2008 ; édition en Poche « Espaces libres », 2011.

Claude Marti, Terres Cathares, chemin faisant, illustrations de Paul Moscovino, Études et communications éditions, 2007.

Philippe Terrancle, Jean-Luc Séverac. « La Colombe cathare », in Pyrénées Magazine « Spécial Cathares », p. 56-57, été 2000.

Philippe Terrancle, « Le Premier Bûcher de Simon de Montfort », in Pyrénées Magazine « Spécial Cathares », p. 36-39, été 1999.

Yves Rouquette, Cathares, Loubatières, Portet-sur-Garonne, 1991.

Léon Cordes, Le petit livre de Minerve : Lo pichòt libre de Menèrba, préface de René Nelli, illustrations de Jean-Luc Séverac, Lodève, 1974.


Source


https://plus.wikimonde.com/wiki/Jean-Luc_Séverac

Entretien avec Marie-Thérèse « Mimi », Séverac.

Tròba Vox Éditions

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]]> Zephirin Bosc, Majoral del Felibrige (1927-2020), poèta,cercaire, etnograf, istorian de la Nalta-Val d'Òlt e de Roergue Naut, a publicat un trentenat d'obratges en lenga d'òc o en francés.

Identitat

Formas referencialas :

Zéphirin Bosc

Autras formas conegudas :

Zefir Bòsc ; Rogièr del Parroton

Elements biografics


Zefir Bòsc nasquèt lo 1
èr de decembre de 1927 a Banròcas, al ras d'Òlt, comuna d'Enguialés, ara comuna d'Entraigas (12). Besson de Maurici, èra lo 10en d'una familha de 12 enfants, una familha de « costovins »1 de la Valòia Nalta d'Òlt, amb un paire vinhairon e una maire pescaira professionala de la ribièira Òlt.

Après d'estudis primars a l'escòla publica de Banròcas, puèi a l'escòla libra d'Entraigas, a cò dels Salésiens de la Navarre de La Crau dins Var, a Montpelhièr, tornèt a Banròcas en octobre de 1939 (per causa de guèrra). Obtenguèt lo certificat d'estudis en 1941, puèi contunhèt d’estudis al collègi libre de La Peirosa en Dordonha per obténer lo Brevet d'Estudis.

Per Pascas de 1943, s'en tornèt a l'ostal per ajudar sos parents que lo loguèron puèi coma pastre en Auvernha Nalta, en Carladés e en Viadena.

Al retorn del servici militar, dintrèt a la Pòsta d'Entraigas coma factor e entamenèt una longa carrièira de postièr: i foguèt recebeire, verificator de la distribucion e participèt a la motorizacion rurala dels factors dins lo Nòrd d'Avairon.

Defuntèt lo 25 de novembre de 2020, a la velha de sos 93 ans, a Espeirac (12) ont s’èra retirat en 1983.

Engatjament dins la renaissença d’oc

Las peregrinacions e responsabilitats professionalas divèrsas de Zefir Bòsc dins Roergue-Naut li faguèron prene consciéncia que sa lenga mairala, la lenga d'òc, de la Ribièira d'Òlt, de Roergue-Naut e d'Auvernha, èra una lenga vertadièira, que coneissiá dins tota sa riquessa dialectala.

Zefir Bòsc n'estudièt la grafia amb sos davancièrs del Grelh Roergàs : Enric Mouly, Calelhon, Josèp Vaylet, Peire Miremont.

Foguèt fach manteneire del Felibritge a la Santa-Estela de Milhau en 1973 (n° 9258), mèstre en Gai Saber en 1977 a la Santo-Estello sau Monegue, elegit majoral (cigala d’Aquitània) en 1980 a la Santo-Estello de Cannes.

S'interessèt a l'òbra dels Roergasses Peyrot e Bessou e tanben a la de Perbòsc, de Vermenosa, de Loisa Paulin, de Philadelphe de Gèrda... Dins lor dralha, laissèt una òbra felibrenca importanta. « Poèta abans tot, son òbra es una cantadisa a la glòria de son terraire »2, ditz Joan Fourié.

A fach òbra de memòria sus son país roergàs e son istòria. Aquela òbra la menèt amb la rigor del cercaire menimós, amb son agach prigond, amb sa sensibilitat de poèta : « Levarai mon capèl a tot òme que trima [...] que pena per far lo païs bèl »3.

Per aquò faire, emplegava la lenga d’òc que d’ela diguèt : «la tenèm mens, benlèu en boca, mas avèm per duèi représ l'anciana soca e que plan se tenga la nòstra lenga ! »4

Zefir Bòsc faguèt donc òbra de recèrca e de creacion. Estudièt dirèctament sul terrenc a partir de testimònis, rescontres, archius privats, lecturas especializadas... Causas del passat que li semblavan indispensables per bastir l'avenidor.

Sa poesia, ditz Joan Fourié, es « clarinela, pastada d'imatges, descriptiva », amb una « metrica classica e segura,remirabla mestresa de la lenga »5. Lo cantaire Felip Vialard interprèta un poèma sieu « Tèrra d’Aubrac » dins lo disc Camin (Pahaska production), disponibla en linha sus https://www.youtube.com/watch?v=fkVJNO9BvIk.

Zefir Bòsc collaborèt a las revistas Gai Saber, Armanac de Louzèro, Canta grelh, Armanac roergàs, La Cabreta, Lo Convise.

Faguèt tanben un trabalh de recampament dels autors de Roergue-Naut, coneguts o mai confidencials : poètas, cançonièrs, escrivans ....

Tota son òbra, sovent primada, a per tòca de transmetre l'istòria de son país, sas tradicions, son biais de viure : son eime.

1

2 J.Fourié, prefàcia de Racontes e Novèlas del Païs d'Òlt.

3 Zefir Bòsc, « Levarai mon capèl », Cants d'Amont e d'Aval, p. 76-77.

4 Zefir Bòsc, « Sèm los enfants », - Darrièrs ramèls, p. 11-12.

5 J.Fourié, prefàcia de Racontes e Novèlas del Païs d'Òlt, p. 7-8.

 

Bibliografia

  • Al caire del terrador, © Zefir Bòsc Le Monastère sous Rodez, 1976.

  • Asuèlhs Reguèrgues, Grelh Roergàs, Rodez, 1979.

  • Contes de la Nalta Viadena, Grelh Roergàs, Rodez, 1981.

  • La vinha e lo vin, Centre Culturel Occitan du Rouergue, Rodez, 1981.

  • Laus del majoral Pèire-Auguste Miremont, © Zefir Bòsc, Vic sur Cère, 1982.

  • Cants d’Amont e d’Aval, Grelh Roergàs, Rodez, 1987.

  • Racontes del Païs Ribieirol, Coedicion del CCOR e del Grelh Roergàs, Rodez, 1988.

  • Les gabarriers de la Haute vallée d’Olt, © Zefir Bòsc Espeyrac 1989

  • Cançonièr de la ribièira d’Olt, © Zefir Bòsc – François Bòsc, Espeyrac, 1995

  • La vigne et le vin du Fel et d’Entraygues, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 1995.

  • Les gabarriers du Lot lorsque la haute vallée d’Olt était naviguée, Grelh Roergàs, Rodez, 1997 (2ème édition).

  • Pescas d'Òlt : la pêche ancienne en rives d'Olt, Éditions Lo convise, Aurillac, 2002.

  • Occitanie – Pour l’âme occitane- Mémoire de Jean Carbonnel 1864-1942, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2004.

  • Vieillevie-en-Vallée-d'Olt, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2005.

  • Transhumances en Aubrac & Carladez, Estivadas, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2006

  • Espeyrac, vie d’une communauté rurale lors de l’époque révolutionnaire, de 1792 à 1795, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2007.

  • Racontes et novèlas del païs d’Òlt, © Zefir Bòsc, Espeyrac - Le Bosc Nalt, 2008.

  • Notre village, Golinhac [participation au comité de rédaction], Foyer Rural Golinhac, 2009.

  • Promenade en vallée d’Olt de St Laurent d’Olt à Livinhac en Rouergue, Cercle occitan du Haut-Rouergue « Sus las piadas de Josèp Vaylet », Espalion, 2009.

  • Écrits en langue d’oc & auteurs occitans du Haut-Rouergue, Cercle occitan du Haut-Rouergue « Sus las piadas de Josèp Vaylet », Espalion, 2010.

  • Contes & poëmas de pelegrins, Cercle occitan du Haut-Rouergue « Sus las piadas de Josèp Vaylet », Espalion, 2011.

  • Espeyrac – Patrimoine communal et religieux, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2011.

  • Los bilhets del repotegaire, Grelh Roergàs, Rodez, 2013.

  • Le Fel en vallée d'Olt : Son vignoble, sa rivière, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2014.

  • La paroisse de Ginolhac en Rouergue, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2015.

  • Flore occitane du Massif Central (Aveyron et Cantal), Grelh Roèrgas, Rodez, 2016.

  • Memòrias d’un vailet de bòria, Cercle occitan du Haut-Rouergue « Sus las piadas de Josèp Vaylet », Espalion, 2016.

  • Darrièrs ramèls, Grelh Roergàs, Rodez, 2017.

  • La vinha e lo vin, Grelh Roergàs, Rodez 2018, [réédition de 1981].

  • Barques et bacs de la région d’Entraygues, Grelh Roergàs, Rodez, 2020.

  • Aubrac, Viadène et Carladez, poèmes et chants d’hier, d’aujourd’hui et de demain « Les Amis de Joseph Vaylet – Occitans en Roergue-Naut », Espalion 2020

  • Cresta / Crestes © Zefir Bòsc Espeyrac 2020

 

Sorsas



Documents establits per Zefir Bòsc
el meteis, e transmetuts a l'associacion « Les Amis de Joseph Vaylet-Occitans en Roergue-Naut ». L'Associacion foguèt fondada per Josèp Vaylet lo 1èr de mai de 1982 e Z.Bòsc n'èra l'un dels co-fondadors.Puèi, Z.Bòsc, amic e executor testamentari de Josèp Vaylet, reviscolèt l'associacion en 2013 e n'ocupèt lo pòste de Vice-President : un trabalh de conselh, de memòria e de creacion fins a son darrièr badalh lo 25 de novembre de 2020.

Obratges consultats

Revista Lou Felibrige n° 322 ( janv.- fev. de 2021)

Joan Fourié, Dictionnaire des auteurs de langue d’oc de 1800 à nos jours, 2ème édition, Aix, Felibrige, 2009.

Prefacis, abans-prepauses, 4enas de cobèrta d'obratges de Z. Bòsc (autorizacion de publicacion dels enfants de Z. Bòsc)

Elements d’autobiografia contengut dins los obratges Asuèlhs reguèrgues, Al caïre del terrador, Racontes del país ribièiròl, Pescas d'Òlt (1ièira e 2nda edicions), Aubrac, Viadène, Carladez, Racontes e novèlas del país d'Òlt, Memòrias d'un vailet de bòria, La vinha e lo vin, Cançonièr de la ribièira d'Òlt, Les gabarriers du Lot, Transhumances.

Omenatges, dichas e articles de premsa, per sos obsèquis lo 30 de novembre de 2020 e per son Cap de l'An, lo 27 de novembre de 2021.


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le 6 décembre 1922 à Nîmes dans une famille ouvrière, père de culture protestante quoiqu’athée, mère catholique, instituteur adepte des techniques Freinet (dont il était un ami personnel), il grandit dans le quartier populaire de La Placette, peuplé d’artisans et de petits commerçants, il découvre l’occitanisme grâce à la rencontre d’Aimé Serre dans le cadre du mouvement Freinet. Son engagement occitaniste se déploie dans ses trois activités : pédagogue, écrivain et conteur.


Identité


Formes référentielles :

Georges Gros

 

Autres formes du nom :

Georges-Louis Gros

Jòrgi Gròs, Jòrgi Gros (forme occitane)

Éléments biographiques

Georges Gros est né à Nîmes le 6 décembre 1922, d’un père maçon – plâtrier – et d’une mère au foyer. Enfance et jeunesse se passent au cœur des quartiers de la Placette et des « pès descauç » (va-nu-pieds), peuplés d’artisans et de petits commerçants ; les lieux et les gens vont lui laisser les empreintes que l’on retrouve tout au long de son œuvre littéraire et de ses engagements. Ses cousins paysans gardois parlent occitan.

Par la volonté de sa mère, il fait toutes ses études jusqu’au baccalauréat (1941) au lycée Alphonse Daudet à Nîmes, chose rare dans les milieux populaires. Il s’y forge une solide culture qu’il ne cessera toute sa vie d’enrichir. Il apprend l’italien et l’allemand et se passionne pour la philosophie. Ainsi cite-t-il parmi ses lectures Lefebvre, Morin, Sartre, Levi-Strauss, Barthes, Kristeva, Foucault, Michel Serres. À propos des théoriciens du conte, il cite aussi Propp, Lacarrière, Vernant, Ecco… Son œuvre littéraire est nourrie de lectures diverses dont les allusions apparaissent souvent au fil des pages comme autant de clins d’œil.

Il épouse en 1941 Yvette- Marie Louise Roche, couturière, dont la mère est Auvergnate et ils ont deux filles Lise (1943) et Martine (1948). Les doubles racines de la montagne et de la Méditerranée rythmeront la vie et l’identité de la famille Gros-Roche…

Sa jeunesse est marquée par la guerre d’Espagne et la fréquentation des Auberges de jeunesse en compagnie d’amis de lycée dont certains rejoindront les FTP, l’écrivain occitan René Siol (mort en 2011), Jean Vallatte (assassiné par les nazis en 1944)...

En novembre 1941, alors qu’il n’a pas encore 20 ans et qu’il n’a pas de formation il est recruté comme instituteur suppléant et envoyé pour huit mois au Martinet, dans les Cévennes minières. Année difficile à l’issue de laquelle il confie avoir compris que ce métier serait le sien, ce que confirme une année de stage pédagogique en 1942. Affecté dans le cadre du STO à des fonctions administratives, il peut falsifier des fiches pour éviter le départ des soutiens de famille. Recherché, il est envoyé par son inspecteur en 1944 à Montagnac, à 23 km au nord de Nîmes où il découvre la pédagogie Freinet. Il n’évoquait jamais ces activités résistantes ni les années de guerre… modestie extrême certes et aussi souvenirs traumatiques.

En 1947, affecté à Vauvert, il y rencontre un autre instituteur – qui allait devenir plus tard professeur au lysée Dhuoda – l’écrivain occitan Aimé Serre, (auteur du roman d’inspiration autobiographique Bogres d’ases), grâce auquel il associe désormais pédagogie Freinet et occitanisme. Affecté à Brignon de 1952 à 1954, puis à Nîmes où il obtient un poste en janvier 1954 à l’École d’application du Mont Duplan, avec une équipe d’enseignants convaincus et passionnés d’éducation nouvelle, il poursuit son engagement dans la pédagogie Freinet : dans le cadre d’une équipe d’enseignants convaincus : journal scolaire, correspondance scolaire, imprimerie à l’école, travail individuel, expression libre, art enfantin, coopérative scolaire. Il devient en 1954 président du Groupe Gardois de l’Ecole Moderne. Les échanges et travaux d’enseignants se multiplient départementalement, nationalement et internationalement.

De 1964 à 1966, avec Aimé et Abeille Serre, il participe à des stages de formation des élèves instituteurs en Afrique. L’Afrique (Gabon, Tchad et Cameroun) est la source d’inspiration pour son roman Lo Batèu de pèira.

Revenu à Nîmes, il exerce en classe de transition, puis devient conseiller pédagogique au Collège Jules Verne (1969), avant de demander son affectation en 1973 dans la classe unique du quartier de la Planette, où résident ses amis Serre.

Il prend sa retraite de l’enseignement en 1978, ce qui lui permet de passer plus de temps à l’écriture et il reste très actif pratiquement jusqu’à son décès en 2018. Il est de toutes les manifestations syndicales et se considère comme un militant de gauche, sans cependant avoir jamais été membre d’aucun parti.

Engagements dans la renaissance d'oc


Des engagements et activités multiples

L’enfance de Georges Gros est nourrie d’occitan, pratiqué en famille et entre voisins, langue littéraire de Bigot, dont beaucoup de Nîmois aimaient à réciter les fables.

Avant sa rencontre avec Aimé Serre, qui le projette dans la reconquête de la langue et la culture occitanes, Georges Gros, même s’il avait commencé à écrire en occitan à partir de 1950, n’avait pas projeté cette culture occitane populaire dans un investissement conscient – pédagogique, artistique ou militant. À partir de cette prise de conscience, dans le cadre d’associations occitanistes comme de structures de l’éducation populaire à laquelle il était très attaché (Bibliothèque pédagogique Henri Gaillard, Comité de la Placette…), il fait vivre cette culture occitane dans des stages, conférences, émissions de radio et télévision. Il intervient également dans des établissements scolaires où il anime des ateliers d’écriture comme au Lycée Camargue (actuellement lycée Ernest Hemingway) pendant plusieurs années scolaires.

Habitant le quartier de Montaury, proche de la Placette et de son comité de quartier, il vit au cœur de lieux familiers, entouré de connaissances fidèles, où est vivante l’empreinte du poète Bigot. Dans le cadre de l’atelier occitan de Jean Journot et des ateliers MARPOC il donne des cours d’occitan pour adultes.

À la fin des années 1970, il est témoin des débats passionnés de l’IEO entre deux tendances qui s’en disputent la direction, la tendance « Alternative », regroupée autour de Robert Lafont et la tendance « IEO non dependent » autour d’Yves Rouquette. Les occitanistes nîmois se placent majoritairement dans le sillage de Robert Lafont. La défaite, deux années consécutives, 1980 et 1981, de la tendance « Alternative » – dont la participation de ses membres est refusée au sein du conseil d’administration – crée un traumatisme dans l’IEO. Une bonne partie des fidèles de Robert Lafont démissionnent et créent des structures alternatives dont la MARPOC, en 1980, à Nîmes. Georges Gros en est le vice-président. La MARPOC va organiser les Rencontres populaires occitanes, prenant le relais de l’ancienne Université occitane d’été, qui était organisée à Nîmes sous l’égide de l’IEO.

En 2007, MARPOC et IEO se retrouvent de nouveau unis ; le nom d’Université occitane d’été est repris et continue de nos jours, animée par une équipe sous la direction notamment de Georges Peladan. Georges Gros, sans jamais s’imposer, avec une modestie que l’on pourrait juger excessive, avec un souci permanent du dialogue, prête volontiers son concours à ces lieux de formation populaire qui ont pu réunir un temps des centaines de participants.

Georges Gros est aussi de toutes les grandes manifestations pour la langue, pour sa place à la télévision… mais il est bien sûr présent dans d’autres rassemblements comme ceux des années 1970 sur le Larzac.

Passionné par le conte, il crée l’association de conteurs « La voile et l’Ancre » avec sa fille Lise Gros et sa petite-fille Delphine Aguiléra et se réjouit de voir ses filles et ses petites-filles prendre le relais en devenant enseignantes d’occitan, conteuses, chanteuses ou écrivaines.

Un hommage lui a été rendu à Nîmes lors d’un colloque en juin 2007 intitulé Lo dich e l’escrich. Ce colloque a donné lieu à l’édition de l’ouvrage : Lo Dich e l’Escrich. Jòrgi Gròs, ensenhaire, militant, escrivan, contaire

L’œuvre littéraire

Georges Gros a construit à partir des années 1980 une œuvre essentiellement en prose – contes, nouvelles et romans – avec quelques textes poétiques dont certains écrits en vue d’une interprétation musicale (Delfina Aguilera, Groupe Osco, Groupe Masc, Rémi Salamon...). Tout en adoptant la graphie classique de l’occitan, il se réfère au parler du poète Nîmois Antoine Bigot, le provençal dans sa forme nîmoise, dont il a une totale maîtrise, et emploie une forme de langue riche et cohérente.

Il participe aussi à la création de la revue Mar e Mont, complétée par des éditions du même nom ; on peut voir dans ce titre le signe de son double attachement géographique (Nîmes et Auvergne) mais aussi les paysages doubles du Gard – où s’est passé l’essentiel de sa vie - que l’on retrouve dans ses contes. L’Auvergne, pays de son épouse, apparaît en particulier dans le roman Lei bugadièras blavas.

Si l’œuvre s’organise principalement autour de la ville de Nîmes et des garrigues environnantes, c’est une ville ouverte qu’elle donne à voir, à l’image de cette « Placeta », minuscule place populaire d’où s’échappent sept rues. Georges Gros réinvestit les lieux de tout un imaginaire issu de la tradition orale. À ces mythes traditionnels organisés autour de personnages comme la Romèca, qui hantait les puits des maisons, il associe la vie quotidienne de la ville, celle de son enfance dans des quartiers populaires, et la cité d’aujourd’hui, toute pétrie d’occitanité à travers ses toponymes, du Chemin des Anticailles à celui de Camplanier.

Cependant, l’œuvre de Georges Gros est tout sauf enfermée. Les séjours en Afrique lui ont inspiré le roman Lo Batèu de pèira, qui joue entre l’Afrique et Nîmes, lieu de départ et lieu de retour. Le bateau de pierre, c’était, dans l’imagination de l’enfant, le nom d’un immeuble familier, boulevard Jean-Jaurès, semblable à la proue d’un navire. Au fil des contes et romans, le monde est convoqué, dans son histoire comme dans son actualité, des résistants de « L’Affiche rouge » à ce jeune Palestinien, surpris malgré lui en pleine Intifada et protégé par un artisan… juif. Beau conte de Noël, qui n’ignore pas, cependant, l’épaisseur du réel. Quant au roman Ieu, Bancèl oficièr d’Empèri, c’est sur plusieurs moments d’histoire qu’il joue, à travers l’évocation des Camisards ou celle du communard Louis Rossel dont le deuxième personnage du roman, l’officier Le Hir, objecteur de conscience des années 80, croise le destin.

Les contes – dont une grande partie est encore inédite – sont peuplés de figures croisées dans une vie d’observateur aigu et empathique des choses et des êtres, souvent observés par lo Jorgeon, le petit Georges, figure de l’auteur-enfant, qui parcourt en liberté les rues de sa ville. Humbles vendeurs d’herbes sauvages, lavandières, enfants facétieux, marginaux souffre-douleur, gitans plus ou moins sédentarisés… l’œuvre abonde de ces figures dessinées en quelques traits expressifs.

Certains contes, expérimentés par le pédagogue, sont destinés aux enfants, mais beaucoup supposent un public adulte. L’auteur en a d’ailleurs établi un répertoire raisonné et les signale comme « philosophiques », « sociologiques », ou encore « satiriques ». Ce répertoire témoigne de la pratique d’écriture consciente qui est la sienne. En effet, le classement qu’il établit de ses contes, comme ses articles théoriques font montre d’une réflexion du plus haut niveau, inspirée de ses lectures d’ethnologie et d’anthropologie

C’est certainement la conjugaison entre l’humour, la spontanéité et l’humanité du conteur-pédagogue, son écoute du monde et des gens (l’occitan a un seul mot pour dire ces deux réalités : lo mond), sa maîtrise d’une langue riche, juste et variée dans ses tonalités, et la science critique de l’érudit, qui expliquent la qualité de cette œuvre.

Florian Vernet, autre pédagogue écrivain, concluait ainsi sa préface aux Contes de las garrigas nautas : « Ces trois contes, comme tous ceux qu’il a écrits au cours de sa vie valent aussi pour la langue, cet occitan de Provence si fluide, si élégant, si classique. Un des miracles des contes réussis, c’est ainsi de rendre accessible et sensible à tous la diversité, la beauté parfois tragique et la vertigineuse complexité du monde. ».

Bibliographie de l'oeuvre publiée en volumes

Nb. Un inventaire complet de l’œuvre, y compris les inédits a été publié dans le n° 1 de la Revue des Langues romanes, 2022, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée

Romans

Lo batèu de pèira, IEO « A tots », Toulouse, 1984.


Ieu, Bancel, oficièr d’Empèri / Moi, Bancel, officier d’Empire, traduction française par Aimat Serre, MARPOC / IEO 30, Toulouse, 1989.


Lei bugadièiras blavas : Cronicas d’una pantaissada, MARPOC « Mar e Mont », Nîmes, 2014.


Le bateau de pierre, traduction de Lise Gros, IEO, Puylaurens, 2020.


Contes

Lei còntes de la Placeta e dau Cors Nòu / Les contes de la Placette et du Cours Neuf, MARPOC « Vivre à Nîmes », Nîmes, 1982 ; 2ème édition L’Aucèu libre, Salinelles, 2019.


Còntes de la Planeta e dau Planàs, ROMEC, Nîmes, 1985.


Sornetas e cançonetas, CDDP - CRDP, Nîmes, 1989.


Lo pichòt trin, Calandreta nimesenca, Nîmes, 1993.


L’enfant bravonet, Calandreta nimesenca, Nîmes, 1995.


La paura Chacha, Calandreta Aimat Serre, Nîmes, 1995.


Michèu l’Ardit en avion, Calandreta Aimat Serre, Nîmes, 1995.


L’autra Arlatenca, in Colors, Lycée de la Camargue, Nîmes, 1997.


Còntes de la Fònt de Nimes, MARPOC « Mar e Mont », Nîmes, 1997.


Còntes de la garriga nauta / Contes de la haute garrigue, traduction par Marie-Jeanne Verny, CRDP, Montpellier, 2009.


Nouvelles

Paraulas pèr una ciutat, Lycée de la Camargue, Nîmes, 1995.


Contient : « Lo batèu de pèira » [extrait], « Lei Pòrtaclaus », « ZUP Nòrd » [Extrait de Ieu, Bancèl], « Charter », « Ciutat dau sòmi », « La Monaca blanca », « Lo lièch », « Vilaverda », « Fontblanca », « Fontnegra ».

Ai bèus jorns / Aux beaux jours, MARPOC « Mar e Mont », Nîmes, 2006.


Contient : « Gartenstrasse », « Es pas de creire », « Ai bèus jorns », « Nadau d’Intifada », « Lo Gèli gelat », « Retorn a l’infèrn », « Manitoba Dry », « Lo Moisset », « Un laüsert sus lo braç », « Lo sembla-aucèu », « La filha mauva », « Lo papet de Lotza ».

Ai ribas de la mar bèla / Sur les rives de la mer belle, IEO, Nîmes, 2009.


Contient : « La vela e l’ancora », « La pèira dau drac », « La dança de la Tarasca », « La Farfaneta », « Lei tres corrièrs deis Aigas Mòrtas », « La sòrre dei tretze vents », « L’ombra de l’engana », « L’òme qu’aviá pas enveja », « Lo chivau de mar », « Imatges dimenchaus », « Lei chucasang de Teba », « Lo còp de Samòta », « Lei Dieus de sabla », « Miègterrana ».

Poésies

Un jorn, un « ai ! qu ? » / Un jour, un haiku !, IEO Lengadòc, Béziers, 2012.


Bibliographie secondaire

Bastide, Bernard, « Les contes de la Placette et du Cours Neuf », Calades, n° 33, novembre 1982, p. 13.


Castan, Félix-Marcel, « Per saludar Jòrgi Gròs », L’Occitan, n° 100, 1992, p. 5.


Fourié, Jean, « Gros (Georges) », dans Dictionnaire des auteurs de langue d'oc de 1800 à nos jours, Aix-en-Provence, Félibrige, 2009.


Gros Lise, Peladan Jòrdi, Lo dich e l’escrich : Jòrgi Gròs, ensenhaire, militant, escrivan, contaire, actes del colloqui Total Festum, IEO Gard, Nimes, 2008.


Paul, Claudine, Georges Gros, écrits et discours occitans d’un pédagogue nîmois, mémoire de master 2, université Paul-Valéry, Montpellier III, 2006. Disponible également au CIRDOC.


Vielzeuf, Aimé, « Georges Gros », in Conteurs et poètes cévenols et gardois d’aujourd’hui, 1987, Librairie occitane de Salindres, p. 69-72.


Sitographie

Site del jornal Aquò d’aquí : Georges Gros présente Lei bugadièiras blavas. http://www.aquodaqui.info/Jorgi-Gros-presenta-sei-Bugadieirias-blavas-a-Nimes_a699.html


Site del Cep d’òc : Jòrgi Gròs raconte sa rencontre avec Prévert chez Célestin Freinet. http://www.aquodaqui.info/Jorgi-Gros-presenta-sei-Bugadieirias-blavas-a-Nimes_a699.html


Site del jornal Aquò d’aquí : Lo batèu de Pèira. aquodaqui.info/Lo-bateu-de-peira_a1564.html


Site d’Occitanica : Lo dich e l’escrich. occitanica.eu/items/show/19510


Site del CIRDOC Institut occitan de cultura : Hommage à Georges Gros. oc-cultura.eu/evenements/exposition-hommage-a-jorgi-gros


Site de L’eko des quartiers : Adieussiatz Jòrgi Gròs. ekodesquartiers.net/2018/02/19/adieussiatz-jorgi-gros/


Site del Jornalet : Nos a quitat lo grand pedagòg e escrivan Jòrgi Gròs. jornalet.com/nova/9474/nos-a-quitat-lo-grand-pedagog-e-escrivan-jorgi-gros/


Site del Diari : Silvan Chabaud : Lo dire e l’escriure, Jòrgi Gròs. lodiari.com/lo-dire-e-lescriure-jorgi-gros/

Verny, Marie-Jeanne, dir., « Georges Gros » in Mille ans de littérature d’oc, Université ouverte des Humanités / Université Paul-Valéry, 2016 : http://uoh.univ-montp3.fr/1000ans/?p=3314


Site de TèVéOC : www.teveoc.com : émissions « Lenga d’Òc », reportages sur Jòrgi Gròs, par exemple https://youtu.be/1QZog-PPTYQ et https://youtu.be/MdsVyptC_TU






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crédit photo : Georges Souche ]]>

Entretiens avec Georges Gros (2002 et 2009), le premier publié dans la revue Lenga e país d’oc, 41, le deuxième mis en ligne sur le site du CRDP de Montpellier. Ces deux entretiens ont été repris dans le n° 1 de la Revue des Langues romanes, 2022, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée ]]>
« Francés », François LAGORCE, né le 28 mars 1977 à Périgueux / Décédé le 03/10/2020 à Périgueux est un personnage emblématique du Périgord Occitan. Il a œuvré à l’émergence d’une prise de conscience de la « cause » occitane dans l’institution départementale. Il quitte la fonction publique, pour créer Occitània creativa, entreprise coopérative qui prend appui sur la langue et la culture occitanes et met en lumière les richesses du territoire. Ses qualités humaines et intellectuelles ont permis à la Dordogne de changer la manière d’entrevoir l’occitanisme.



Identité


Formes référentielles :

François Lagorce

 

Autres formes du nom :

Francés o lo Francés (Forme occitane)

Éléments biographiques

François Lagorce était issu d’une famille paysanne résidant à St-Rabier (Dordogne). De père périgourdin (famille occitanophone) et d’une mère réunionnaise. Il apprend l’occitan à la cité scolaire Giraut de Bornelh à Excideuil. En 1999, il fait des études à l’université Michel de Montaigne à Bordeaux pour préparer un DEUG de lettres, mention « langue et culture occitanes » et c’est à partir de ce moment qu’il consacre toute sa vie à la renaissance d’oc.

François Lagorce décède le 3 octobre 2020 à Périgueux à l’âge de 43 ans.

Engagements dans la renaissance d'oc

François Lagorce a passé une partie de sa vie à œuvrer pour la promotion de l’occitan à travers différents postes dans la fonction publique territoriale. Tout d’abord, en tant que salarié d’une association départementale (Comité Périgord Langue Occitane, 2000) dans laquelle il a mis en place des projets d’actions culturelles et a soutenu les différentes associations du territoire. Il a été membre actif du tchatch’oc (ateliers de chants et conversations de 2005 à 2008) et a participé à de nombreuses manifestations culturelles départementales et inter-régionales.

Puis, au sein de l’Agence culturelle départementale Dordogne-Périgord de 2008 à 2015 en tant que tant qu’agent territorial, il a participé activement au développement de la politique linguistique occitane. Lors de la collecte Mémoire(s) de demain1, il a travaillé aux entretiens filmés des locuteurs naturels du Périgord, puis il a coordonné la valorisation de ce matériau par de nombreuses restitutions publiques, la mise en œuvre de programmes de créations artistiques et la numérisation des entretiens auprès des Archives départementales. Il a coordonné et animé le service occitan auprès de quatre autres agents et a travaillé étroitement auprès de l’élu départemental délégué à l’occitan l’écrivain Jean Ganiayre. Cette collaboration les a conduits à la conception et la mise en place du premier schéma départemental de développement de la langue et de la culture occitanes en 2012. Cette étape politique et institutionnelle a marqué un grand pas dans la reconquête de l’occitan sur le territoire périgourdin.

En 2015, germent dans la pensée de François Lagorce les principes et fondements qui donneront naissance en 2016 à Occitània creativa. Cette structure dédiée à la valorisation et à la communication de nos territoires ruraux pense fermement que la culture occitane, les mémoires et les savoir-faire, les vécus et les récits sont les outils de la reconquête de nos avenirs.

Par son expérience vécue lors des collectes, François Lagorce savait que les histoires que l’on se raconte fondent nos cultures et œuvrent à l’écriture de nouvelles histoires. Des histoires que l’on pourrait écrire par nous-mêmes pour nous ré-inventer depuis nos racines, dans une grande liberté d’esprit et de ton sous l’égide du Paratge. Fondé et alimenté par ces idées, le cœur d’Occitània creativa (https://occitaniacreativa.org/) en est tout autant économique. Occitània creativa proposera une structuration d’entraide et de co-développement pour les professionnels qui y œuvrent. Cette structure, durant ses trois années d’existence, a accompagné des collectivités dans l'étude de projets à vocation culturelle, porté la direction et la mise en œuvre d'un réseau pluridisciplinaire de professionnels dans le but de répondre aux besoins des territoires ruraux, et a ainsi contribué à l'essor de l’Économie Sociale et Solidaire en Dordogne. De cette expérience est née la publication Territoires Résistants. Occitània creativa a également réalisé à Rouffignac la collecte de la mémoire de l'incendie de la ville par la division Brehmer et la scénographie de l'espace dédié au 31 mars 1944.

1 https://archives.dordogne.fr/a/535/memoire-s-de-demain-/ : Mémoire(s) de demain Collecte de la culture et de la mémoire occitanes L’opération Mémoire(s) de demain a été lancée par le Département de la Dordogne en 2006, dans un souci de sauvegarder puis valoriser la culture et la langue occitanes. Dans tout le département, des campagnes d’entretiens filmés ont ainsi permis de recueillir un important matériau ethnographique (contes, récits, chansons…) auprès des derniers locuteurs naturels de l’occitan. Le programme s’est achevé en 2014. Les enregistrements remis aux Archives départementales sont en cours de description et d’indexation avec l’aide de l'In’oc Aquitaine, devenu aujourd’hui le CIRDOC Institut occitan de cultura, pour une durée de 220 heures fin 2019.

Source

entretiens avec la famille, et avec ses ex-collègues à Occitània creativa

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Né le 11 octobre 1937 à Canines, commune de Teissières-les-Bouliès (Cantal), mort le 21 décembre 2010 à Mauriac (Cantal) ; PEGC dans le Cantal ; militant du SNI ; militant communiste ; conseiller municipal de Mauriac. Membre du Félibrige et de l’IEO, enseignant d’occitan au lycée de Mauriac, fondateur de l’association folklorique la Miramontesa et de l’Escola felibrenca de Mauriac. L’occitan languedocien est sa langue maternelle, dans la forme du Carladez. Il emploiera ensuite la forme auvergnate pratiquée à Mauriac.


Identité


Formes référentielles :

BESOMBES Clément, Jean, Bernard (Etat civil)

 

Autres formes du nom :

Clemens d’O Canino (d’après le nom du lieu-dit de sa naissance).

Clamenç Besombes

Clamenç Besomba


Éléments biographiques


Fils d’agriculteurs socialistes, une particularité de l’ouest du Cantal, proche du Quercy voisin, Clément Besombes reçoit les premiers sacrements catholiques. Il est élève de l’École normale d’instituteurs d’Aurillac et exerce comme instituteur à Salers (1958-1959), puis à Ydes (1959-1968) où il enseigne l’espagnol comme PEGC.
Il devient ensuite professeur d’enseignement général au collège puis au lycée de Mauriac jusqu’à sa retraite en 1997.
Il effectue son service militaire dans un régiment de zouaves en Algérie (novembre 1960-septembre 1962).
Membre du Parti communiste français depuis 1962, avec des fonctions locales puis départementales (de 1965 à 1997). En 1978, il devient président de l’Association des élus communistes et républicains du Cantal, lors de sa création.
Clément Besombes, secrétaire cantonal du Syndicat national des instituteurs, a fait partie du comité départemental de la FEN (Fédération de l’éducation nationale). Il adhére par la suite à la CGT-Education. Militant de la Fédération des œuvres laïques, il présidait un groupe de défense des traditions.
Il se marie en mars 1959 à Chalvignac (Cantal) avec une institutrice. Ils ont eu trois enfants.
Clément Besombes, en tête de la liste de gauche aux élections municipales de Mauriac en 1977, devient conseiller municipal minoritaire et conserve son siège en 1983 et en 1989, jusqu’à sa démission en 1990. Candidat pour le conseil général dans les cantons de Saignes en 1961 et 1970, puis de Mauriac en 1973, 1979, 1985. Il est le candidat suppléant d’Alain Cousin aux élections législatives dans la deuxième circonscription (Saint-Flour-Mauriac) en 1978. Ils obtinrent 12,6 % des suffrages, derrière les socialistes.

Engagements dans la renaissance d'oc



Clément Besombes avait fréquenté le Collège d’Occitanie, puis les universités de Clermont-Ferrand 2, de Montpellier 3 et de Valence (Espagne). Licencié en langue et civilisation d’oc, il a obtenu l’ouverture d’une option d’occitan au lycée Marmontel de Mauriac. Il coordonne plusieurs projets d’action éducative avec ses élèves, souvent à base de collectages. Ces projets donnent lieu à l’édition de plaquettes ronéotées, systématiquement saluées en avant-propos par ses proviseurs successifs
Il participe aux activités de la FELCO – Fédération des enseignants de langue et culture d’oc.
Félibre depuis 1962, mestre d’òbra en 1981, majoral en 1994 (cigale de la Narbonnaise où il succède au majoral limousin Raymond Buche), sendic d’Auvergne, il fonde à Mauriac, après son arrivée en 1968, plusieurs associations félibréennes :
L’Escòla felibrenca de Mauriac, en 1974, dont il est le capiscòl et qui publie quelque temps le bulletin ronéoté Buta !. Nous avons pu consulter les numéros 6 et 10 de ce bulletin rédigé en occitan qui contient des informations sur la vie de L’escòla ainsi que des textes et informations diverses sur la vie locale, le petit patrimoine (croix), les écrivains de langue d’oc, notamment Julien Galéry dont C. Besombes publiera en 2000 un recueil de textes inédits précédés par une présentation de l’auteur et de son œuvre.
La Miramontesa, dont le nom, note Noël Lafon, est inspiré par les ruines proches du château de Miremont. Besombes connaît bien les danses folkloriques, puisque passé par La Bourrée d’Aurillac, puis par le groupe très connu du Terradour flouricat. Cependant, note encore Lafon, le groupe ne s’en tient pas à des spectacles folkloriques, il organise également des collectages.
Il fonde à Mauriac au début des années 1990 le Musée conservatoire des traditions rurales, qu’il appelle d’abord l’Ostau roge, et qui porte désormais son nom : https://www.auvergne-destination-volcans.com/fiches/musee-conservatoire-des-traditions-rurales-clement-besombes/.
Il publie de nombreuses chroniques en occitan dans le journal Le Réveil de Mauriac, ou dans l’hebdomadaire communiste départemental, Le Cantal ouvrier et paysan (signant « Clemens d’O Canino »). Il dirige des numéros spéciaux de la revue de la maintenance occitane d’Auvergne, La Cabreta. L’ouvrage de Noël Lafon qui est une de nos sources répertorie plus d’une centaine de ses chroniques dans cette revue.
À ces divers titres, il a été promu chevalier des Arts et lettres en l’an 2000.
Il continue son activité occitane après sa retraite.


Bibliographie Clément Besombes

  • Las Parpandejadas, éd. bilingue occitan-français, préface de Joan Fay, Majoral del Felibrige, Mauriac, 1986.

  • La tradition orala dins lo Parlar Mauriagués, projet d’action éducative, année scolaire 85-86, Collège et Lycée de Mauriac, Cantal, plaquette ronéotée, 23 p. recto simple.

  • Francés Demurat1 (1766-1838), occitanista e temònh de la Revolucion, élèves occitanistes du lycée, dir. Clément Besombes, PAE 88-89, lycée Marmontel, 15200, Mauriac, decembre de 1989, brochure ronéotée, non paginée, 21 pages recto. Brochure réalisée à partir de manuscrits de Demurat et autres documents d’archives listés en fin de document.

  • Des semailles aux moissons (la culture traditionnelle des céréales) Recueil de textes / De l’araire al ventadorn (la cultura tradicionala de las cerealas) Recuèlh de tèxtes, PAE occitan, 1991-1992, non paginé, 21 p.

  • Inédits de Julian Galéry, edicions de la Cabreta, 2000

Source

  • Jean Fourié, Dictionnaire des auteurs de langue d’oc de 1800 à nos jours, 2ème éd. Felibrige, Aix, 2009. [1ère éd. 1994)

  • Jacques Girault et Vincent Flauraud, notice du MAITRON, largement reproduite ici grâce à l’aimable autorisation de Jacques Girault, qui s’est appuyé sur des entretiens avec Besombes : https://maitron.fr/spip.php?article16581, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 25 mars 2018. Cette notice cite les archives suivantes :

    • Archives Parti communiste français. Renseignements fournis à J. Girault par l’intéressé.

    • Le Cantal ouvrier et paysan, 28 février 1970, 8 mars 1970, 1er septembre 1973, 22 septembre 1973, 2 octobre 1976, 30 octobre 1976, 20 novembre 1976, 9 avril 1977, 16 avril 1977, 4 juin 1977, 24 décembre 1977, 28 janvier 1978, 27 janvier 1979, 11 juin 1994, 1er juillet 2000, 1er novembre 2011.

  • Noël Lafon, Écrits occitans cantaliens. Dix siècles d’écrits occitans (XI-XXIe siècles). Notice Besombes : p. 689-693.

  • Échanges avec madame Monique Besombes.

  • Nécrologie dans le quotidien La Montagne, décembre 2010.

1 Ainsi orthographié sur la couverture. Les textes produits en classe, de même que les documents photocopiés hésitent entre « de Murat » et « Demurat », la première forme est cependant la plus fréquente.

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Frédéric Léonce Beaumadier, dit Léonce Beaumadier (1893-1980), est un folkloriste biterrois, spécialisé dans le collectage et l'étude des danses, des chants, des musiques et instruments traditionnels du Bas-Languedoc.


Identité 


Formes référentielles :

Beaumadier, Léonce (1893-1980)

Autres formes connues :

Beaumadier, Frédéric Léonce Clément (Forme complète d'état-civil)

Le chantre du hautbois (pseudonyme)

Éléments biographiques 

Frédéric Léonce Beaumadier, dit Léonce Beaumadier, est né à Béziers à la fin du XIXe siècle dans une famille bourgeoise. Ses parents, Numa et Philippine Beaumadier, sont boulangers avenue du Colonel d'Ornano ; ils orientent Léonce vers des études de pharmacie à Montpellier. Parallèlement, Léonce pratique la clarinette, le hautbois traditionnel, et assiste avant la Grande guerre à de nombreuses fêtes populaires.

Léonce Beaumadier avait entamé à l'Estudiantina de Béziers deux formations, de joueur de mandoline, et d'hautboïste classique, interrompues par son engagement volontaire en 1913, puis par la mobilisation d'août 1914. Nommé caporal au 119e régiment d'infanterie, il est gravement blessé par des éclats d'obus de 210 millimètres le 19 août 1915, puis il est victime d'un écrasement thoracique dû à l'effondrement de son poste avancé lors des batailles de l'Artois, à Neuville Saint-Vaast. Dès lors, Léonce Beaumadier doit renoncer prématurément à la pratique de la danse et surtout à celle du hautbois traditionnel du Bas-Languedoc pour lequel désormais le souffle lui manque. 

Après l'obtention de son diplôme d'herboriste, il devient droguiste et s'installe dans une pharmacie-droguerie-herboristerie au 33 rue Boëldieu, à Béziers, dès 1922. Il rencontre Marie-Louise Amalric, sa future femme, qui deviendra costumière des formations folkloriques dont Léonce Beaumadier sera le responsable à partir de 1937.

De leur mariage naissent deux fils, Philippe et Paul, tous deux prêtres dans le Biterrois. Le premier décède prématurément de la tuberculose à l'âge de 25 ans, tandis que Paul, ordonné prêtre à Sète puis à Béziers, assiste son père dans ses travaux de recherches et de sauvegarde du patrimoine immatériel bas-languedocien. Léonce Beaumadier mène une vie professionnelle discrète et confortable, ce qui lui permet détudier le folklore local, discipline nouvelle dans la France de l'Entre-deux guerres. Pendant l'Occupation, Léonce Beaumadier répond aux demandes d'organisation de spectacles folkloriques qui émanent de l'administration, mais également des prisonniers de guerre en Allemagne. À la Libération, Léonce Beaumadier reprend ses collectages, mais il contracte une maladie articulaire au niveau des mains et des doigts, ce qui le contraint à renoncer définitivement à toutes les pratiques instrumentales. 

Engagements dans le renaissance d’oc 

Après une jeunesse très studieuse, et une Grande guerre douloureuse, Léonce Beaumadier se découvre une passion quasi-obsessionnelle pour le hautbois traditionnel du Bas-Languedoc, pour les danses populaires de la région et pour leur collectage.
Avec Clardeluno (Jeanne Barthès), Auguste Domergue (dit Frigoulet de la Gardiolo) et Léon Cordes, Léonce Beaumadier est le co-fondateur, de L'Escolo Trencavel, école félibréenne au sein de laquelle il dirige une section de danses traditionnelles costumées à partir de 1937. La même année, dès la création de la revue Trencavel, il entreprend une grande enquête sur le folklore du Bas-Languedoc auprès des derniers pratiquants.

Devenu membre du Félibrige, distingué par une cigale d'argent en 1942 et discrètement récompensé aux Jeux floraux de Roussillon de 1960, Beaumadier entreprend la sauvegarde du folklore local menacé par l'industrialisation et l'exode rural. Il collecte et rédige, de 1937 à 1980, une masse colossale de notes manuscrites, et théorise l'évolution des principales danses, notamment celles du Chevalet et des Treilles. Il collectionne tous les ouvrages et toutes les revues qui traitent de culture régionale en langue d'oc.

Il procède également à l'enregistrement sonore sur bandes magnétiques des derniers ménétriers, et sauvegarde le répertoire traditionnel des frères Emilien et Edouard Briançon, de Michel Biau, de Léon Larose et de Pierre-Joseph Cavaillé dit Lo Gueil, dernier joueur de fifre d'une longue descendance à Vendres.

À la mort de Léonce Beaumadier, le fonds est dispersé entre les héritiers directs, l'Escolo Trencavel et le groupe folklorique local, les Jardinières de l'Orb. Une partie importante de ses notes a été déposée au musée du Biterrois par l'Escolo Trencavel dont il fut un temps le Capiscol. Aujourd'hui, le fonds Léonce Beaumadier est réuni dans son intégralité dans les locaux de l'association Farandole biterroise- Escolo Trencavel.

Bibliographie et Sources

Fonds d'archives Léonce Beaumadier, Farandole biterroise- Escolo Trencavel, Béziers.

Serge Boyer, Histoire des traditions populaires en Bas-Languedoc, Le Chameau malin, Béziers, 2019.

Revue Trencavel, Béziers, 1937-1943.

Collectages auprès de Mme Jeanne Tardieu, nièce de Léonce Beaumadier.
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Identitat 


Formas referencialas 


Beaumadier, Léonce (1893-1980)


Autras formas conegudas

Beaumadier, Frédéric Léonce Clément

Le chantre du hautbois (pseudonyme)

Elements biografics

Frédéric Léonce Beaumadier, dich Léonce Beaumadier, es nascut a Besièrs a la fin del sègle XIX, dins una familha borgesa. Sos parents, Numa e Felipina Beaumadier, son fornièrs a Besièrs, avenguda del Colonèl d'Ornano ; orientan lo jove Léonce cap a d'estudis de farmacia à Montpelhièr ; a costat, Léonce practica la clarineta, l'autbòi tradicional, e assistís abans la Granda guèrra a fèstas popularas.
Léonce Beaumadier aviá començat, a l'Estudiantina de Bésièrs, doas formacions : de jogaire de mandolina, e d'autbòi classic, arrestadas pr'amor de son engatjament volontari en 1913, puèi per la mobilizacion d'agost de 1914. Nomenat caporal dins lo 119en regiment d'infantariá, es grèvament nafrat per d'esclats d'obús de 210 milimètres lo 19 d’agost de 1915, puei es victima d'un espotiment toracic pr'amor de l'afondrament de son pòste avançat pendent las batèstas de l'Artois, à Neuville Saint-Vaast. D’ara en la, Léonce Beaumadier renóncia abans l'ora à la practica de las danças et subretot à la practica de l'autbòi tradicional del Lengadòc-Bas per lo qual l'alen li manca.
Aprèp la capitada de son diplòma d'erborista, se fa droguista e s'installa dins une farmaciá-droguariá-erboristariá al 33 de la carrièira Boëldieu, a Besièrs, en 1922. Rescontra lèu Maria-Loise Amalric, sa futura femna, que se farà tamben costumièira de las còlas folcloricas de Léonce Beaumadier, tre 1937.

D'aquel maridatge naisson dos enfants, Felip et Paul, totis dos curats dins lo Besierenc. Lo primièr defunta abans l'ora de la tisia à l'edat de 25 ans, mentre que Paul, ordenat preire a Cette puei a Besièrs, ajuda son paire dins lo trabalh de recercas et de salvagarda del patrimòni immaterial del Lengadòc-Bas. Léonce Beaumadier mena una vida professionala discrèta et confortabla, çò que li permet d'estudiar lo folclòre local, matèria novèla dins la França de las annadas 1930. Pendent l'Ocupacion, Léonce Beaumadier respond a las demandas d'organizacion d'espectacles folclorics que venon de l'administracion, mas tanben dels presonièrs de guèrra en Alemanha. A la Liberacion, Léonce Beaumadier recomença sos collectatges, mas aganta una malautiá articulara al nivèl de las mans e dels dets, e fin finala renóncia definitivament a practicar la musica tradicionala.

Engatjament dins la renaissença d’oc

Aprèp una joinessa estudiosa, e una Granda guèrra dolorosa, Léonce Beaumadier se trapa una passion quasiment obsessionala per l'autbòi tradicional del Lengadòc-Bas, per las danças popularas localas, e mai per lor collectatge.
Amb Clardeluno (Jeanna Barthès), Auguste Domergue (escaisnomat Frigoulet de la Gardiolo) e mai Leon Còrdas, Léonce Beaumadier es l'un de los fondadors de L'Escolo Trencavel, escòla felibrenca dins la quala mena una còla de danças tradicionalas en costum tre l'annada 1937. La meteissa annada, amb la creacion de sa revista en òc Trencavel, comença une granda enquista a prepaus del folclòr en Lengadòc-Bas alprèp dels darrièrs practicants.

Vengut membre del Felibritge, nomenat Mestre d'Òbra amb la cigala d'argent en 1942 e discrètament recompensat als jòcs florals de Rosselhon de 1960, Beaumadier entrepren la salvagarda del folclòr local menaçat per l'industrializacion e mai l'exòde rural. Collecta qué ? e escriu, entre 1937 e 1980, tot un molon de nòtas manuscritas, et teoriza la mudason de las principalas danças, subretot las del Chivalet et de las Trelhas. Collecciona totas las òbras et totas las revistas que parlan de cultura regionala en lenga d'òc.
Procedís tanben a la gravadura sus de bandas manheticas dels darrièrs sonaires, et salvagarda lo repertòri tradicional dels fraires Emilien e Edouard Briançon, de Michel Biau, de Léon Larose e de Pierre-Joseph Cavaillé, dich Lo Gueil, darrièr pifraire d'una longa descendéncia dins lo vilatge de Vendres.
A la mòrt de Léonce Beaumadier en 1980, lo fons es escampilhat entre les eiretièrs dirèctes, l'Escolo Trencavel e mai la còla folclorica locala, les Jardinières de l'Orb. Une partida importanta de sas nòtas foguèron depausadas al musèu del Besierenc per l'Escolo Trencavel, que Léonce Beaumadier ne foguèt un moment lo Capiscòl. Ara, lo fons Léonce Beaumadier es amassat dans sa totalitat dins la demòra de l'associacion Farandola biterrenca - Escolo Trencavel.



Bibliografia e ressorças 


Fons d'archius Léonce Beaumadier, Farandole biterroise- Escolo Trencavel, Besièrs.

Serge Boyer, Histoire des traditions populaires en Bas-Languedoc, Le Chameau malin, Béziers, 2019.

Revista Trencavel, Béziers, 1937-1943.

Collectatges alprèp de Dòna Jeanne Tardieu, neboda de Léonce Beaumadier.

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