Frédéric Mistral, co-fondateur et longtemps dirigeant, officiel ou officieux, du Félibrige, écrivain d'oc sans doute le plus régulièrement réédité et le plus traduit dans diverses langues étrangères.

Biographie


Formes du nom


Frédéric-Joseph-Etienne (état civil) Frédéric Mistral, Frederi Mistral, Mistrau. Prononciation maillanaise héritée [mistR'ä]. Pseudonymes : Ambròsi Boufarèu, Felibre dou Mas, Felbre de Bello Visto, Mestre Franc, Gui de Mountpavoun, Cascarelet, Felibre Calu, Un Maianen, Cousinié Macàri, Michèu Gai, F. M....



Le milieu social

Né le 8 septembre 1830 à Maillane ( Bouches du Rhône), mort à Maillane le 25 mars 1914. Fils de François Mistral (1771-1855) et Adélaïde Poullinet (1803-1883). Epoux de Marie Rivière (1857-1943), sans postérité légitime.

Son père est « ménager », paysan propriétaire aisé (une vingtaine d'hectares). Fils cadet, et d'un second lit, Mistral devra compter, au décès de son père, avec ses cohéritiers, son demi- frère Louis et les enfants de sa demi-sœur Marie. Il est donc tôt orienté vers des études susceptibles de lui fournir une profession hors agriculture, études couronnées par un baccalauréat (1847) et une licence en droit obtenue à Aix en Provence (1851). Mais son statut social jusqu'à sa mort est celui d'un rentier vivant du revenu des terres dont il a hérité (dans une zone de cultures maraichères orientées vers le marché national, ce qui n'est pas rien), de ses droits d'auteur (réguliers, au moins pour Mirèio), et de ses prix littéraires, souvent réinvestis au service de la cause félibréenne.

Engagement politique ?

Son implication dans la vie politique se limite à sa participation régulière au conseil municipal de Maillane, sa commune de résidence (même s'il ne manque aucune occasion de s'en éloigner pour des voyages plus ou moins lointains, contrairement au cliché de l'homme enraciné courant chez ses biographes). Il s'est toujours refusé à se présenter à d'autres élections, bien qu'ayant été plusieurs fois sollicité, à droite comme à gauche. Quant à ses opinions politiques, elles sont variables, c'est le moins qu'on puisse dire : républicain « avancé » en 1848 et au cours de ses études à Aix, il est séduit par le bonapartiste « libéral » Emile Ollivier en 1869 avant de l'être par le Prétendant Henri V, puis par le Général Boulanger. Sollicité par Charles Maurras, il adhère en 1899 à la Ligue de la Patrie Française et le regrette assez vite. Le seul point commun entre ces sympathies successives, c'est qu'il s'agit à chaque fois d'un parti ou d'un homme politique qui parle de décentralisation – et comme tous les partis, à un moment ou à un autre en parlent – du moins quand ils ne sont pas au pouvoir...

Distinctions diverses

  • Ordre de la Légion d'Honneur (chevalier en 1863, officier en 1895, commandeur en 1909)
  • Ordre d'Isabelle la Catholique, Espagne (commandeur en 1870)
  • Ordre de la couronne d'Italie (officier en 1874)
  • Ordre de la couronne de Roumanie (1882)
  • Lauréat de l'Académie Française (prix Montyon, 1861, prix Vitet, 1884, prix Née, 1897)
  • Lauréat de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (prix Jean Reynaud, 1890)
  • Maîtres es Jeux Floraux de l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse
  • Membre correspondant ou honoraire d'une vingtaine de sociétés savantes françaises et d'une dizaine de sociétés étrangères (voir Edmond Lefèvre, Bibliographie Mistralienne p. 99-100)
  • Prix Nobel de Littérature, 1904 (partagé avec Etchegaray)

Action au service de la Renaissance d'oc


L'importance de cette action est proprement incalculable. Il s'agit bel et bien pour lui de l'engagement de toute une vie aussi bien au service de l'écriture que de la langue d'oc, sa langue maternelle (l'idée qu'il ait « fini par penser en provençal », comme s'il avait préalablement appris à penser en français est largement contestable, quoique due au linguiste Albert Dauzat).

Des premiers écrits à la fondation du Félibrige

Ses premiers essais écrits en cette langue sont précoces (pré-adolescence), et, si à un moment, vers vingt ans, il s'essaie à la poésie en français (en particulier, mais pas seulement, pour des poèmes politiques), il y renonce assez vite. En dehors de quelques vers que cite Roumanille dans son premier recueil Li Margarideto de 1847, on peut considérer que Mistral publie ses premiers poèmes en oc dans le journal La Commune (Avignon) en 1851, puis dans le recueil collectif Li Prouvençalo de 1852, dans lequel figurent par ailleurs la plupart de ceux qui deux ans plus tard vont fonder le Félibrige, le 21 mai 1854 selon le récit popularisé depuis. Il s'agit en fait de l'aboutissement d'un processus entamé auparavant, et de la formalisation de l'existence d'un groupe de jeunes écrivains d'oc regroupés autour de Roumanille ; Mistral est dès le départ le co-animateur de ce groupe : c'est avec son aide que Roumanille met définitivement au point une orthographe nouvelle pour le provençal, non sans débats assez âpres avec un Mistral qui dès le départ manifeste une connaissance de la langue et de l'histoire de sa littérature assez profonde. Parallèlement à la rédaction de son premier grand poème Mirèio (si on ne compte pas l'essai représenté par Li meissoun de 1848, publiées bien plus tard) Mistral intervient de façon intensive, par ses propres œuvres comme par ses corrections des textes des autres dans les premiers Armana Prouvençau (dès celui pour l'année 1855), destinés à publier régulièrement et à faire connaître les productions de la nouvelle école.

La parution de Mirèio

Mais à ses débuts, le Félibrige n'est guère plus qu'un petit cénacle avignonnais, pesant peu face aux Troubaires marseillais par exemple. Tout change en 1859, quand paraît Mirèio. Mirèio correspond à un double pari de Mistral. D'abord affirmer la capacité de la langue d'oc à affronter tous les registres, en produisant un poème de douze chants placé sus le signe d'Homère, en rupture avec le ton familier et « populaire » affecté jusque-là par la plupart des écrivains d'oc de son temps, Jasmin compris. Poème accompagné de notes copieuses dont une qui constitue un véritable manifeste faisant de la littérature provençale telle que la voit l'auteur l'outil du renouveau de la littérature française dans son ensemble. Second pari, lié au précédent : sortir du seul cadre provincial (perçu par Mistral comme étriqué et suiviste) pour obtenir une reconnaissance parisienne, puisque c'est à Paris que se font les réputations littéraires. En apparence, le pari est gagné : salué par Lamartine et une bonne partie de la critique nationale, le poème connaît un grand succès sanctionné par plusieurs rééditions parisiennes les années suivantes (quatre entre 1860 et 1870). Succès qui masque en réalité le fait que pour les critiques, le poème vaut par son côté « charmant, rustique » pour reprendre les adjectifs les plus utilisés, et pittoresque, et se voit utilisé contre les nouvelles tendances littéraires du temps (notamment Baudelaire). Par ailleurs, le choix linguistique de Mistral n'est absolument pas compris, et personne ne croit vraiment qu'il puisse exister une littérature provençale valant la peine d'être lue. De fait, si Mistral encourage ses amis -Aubanel, Roumieux... à profiter de son succès pour lancer leurs propres ouvrages, leur écho est infiniment moindre, ce qui constitue un premier mauvais signe. Certes, sur place, l'effet Mirèio permet au Félibrige de faire un certain nombre de recrues, en Provence comme en Languedoc oriental.

Elargissement et structuration du Félibrige - Les liens avec les Catalans

Face à cet élargissement géographique, il faut bien que le Félibrige, jusque-là groupe informel de jeunes amis, se structure un peu mieux. C'est Mistral qui élabore les premiers statuts en 1862, afin de fournir cette structure, et permettre l'essor d'une littérature d'oc dont il estime possible l'intégration sans problème au champ littéraire national. Ces premiers statuts, très restrictifs (cinquante « félibres » cooptés à vie) et bâtis sur le modèle de l'Institut de France avec des sections spécialisées (poésie, sciences, arts, histoire...) ont l'ambition de servir de point de ralliement à tous les intellectuels et artistes du Midi de la France -fort peu en réalité se montrent intéressés, ce qui est aussi un mauvais signe. Le début des années 1860 est aussi le moment de la rencontre avec la Renaixença catalane, notamment le poète, historien et militant politique « libéral » Victor Balaguer. Ces contacts amènent Mistral à envisager la possibilité d'un élargissement de l'action du Félibrige, en passant de la simple revendication linguistique et littéraire à une revendication plus directement politique, autour du thème du fédéralisme -un fédéralisme que Mistral envisage à l'échelle européenne -moyen de dépasser le clivage nord-sud interne à la France. Cela dit, les contours de ce fédéralisme restent flous, et exprimés surtout dans des correspondances avec des interlocuteurs choisis (et rares), ou dans des poèmes allégoriques. En 1864, l'opéra Mireille de Gounod réveille l'intérêt parisien pour Mistral, qui peut donc continuer à croire au succès de sa stratégie.

1867 : Calendau, « La Coumtesso » : Mistral incompris

Le réveil sera brutal : en 1867 Mistral repart pour Paris avec son second poème, Calendau, qui se veut d'une certaine manière une épopée « nationale », mettant en scène un jeune homme du peuple libérant une princesse opprimée, sur fond de description de la Provence intérieure, et à grand renfort, là encore, de notes érudites constituant une sorte de manuel de culture provençale. À peu près au même moment, il publie aussi un poème court, « la Coumtesso », allégorie dans laquelle une comtesse (la Provence) est enfermée dans un couvent par sa méchante sœur. Mais un jour, les jeunes vaillants du pays viendront délivrer la prisonnière, et pendre l'abbesse (pas la méchante sœur) aux grilles de son couvent. Or, l'accueil des critiques est plutôt froid. En dehors du fait qu’'ils ne comprennent toujours pas pourquoi Mistral n'écrit pas en français, certains d'entre eux (ceux qui ont entendu parler de la Coumtesso, comme Zola) croient discerner dans ses vers des pensées dangereuses pour l'unité nationale. En 1868, un ouvrage d'un ex-ami de Mistral, Eugène Garcin, Français du Nord et du Midi, confirme cette impression en accusant tout bonnement Mistral de tentations séparatistes (et, par ailleurs, réactionnaires). L'échec de Calendau (qui ne sera réédité que vingt ans plus tard) et cette polémique prennent Mistral au dépourvu.

Le cadre : entre débats nationaux et affaiblissement des liens avec les Catalans

S'il entrevoit, après coup, ce qu'ont été les limites de son succès de 1859, il ne voit pas que ses idées politiques supposées, bien vagues de toute façon, sont manipulées dans un débat interne à la gauche républicaine. Ce débat, assez vif sous le Second Empire, oppose ceux qui considèrent que la République doit centraliser face au péril de dissidences locales de type vendéen, et ceux qui considèrent au contraire que la centralisation dite « jacobine », n'est rien d'autre que le retour au cœur du processus révolutionnaire d'un héritage d'Ancien Régime recyclé au profit de la bourgeoisie (c'est la position de Quinet et de son disciple, Xavier de Ricard, qui la défendra dix ans plus tard à l'intérieur du Félibrige « rouge »). Mistral peut être un temps rassuré par le développement des rapports avec les catalanistes, qui l'invitent à Barcelone en mai 1868 avant d'envoyer une délégation aux grandes fêtes de Saint-Rémy en septembre, mais une révolution en Espagne (automne 68), suivie de troubles assez graves aboutit à ce que ces rapports se distendent, laissant le Maillanais seul avec ses déceptions, renforcées encore par des problèmes intimes. Politiquement, il met un temps ses espoirs dans le dernier premier ministre de Napoléon III, le Marseillais Emile Ollivier, ex-républicain devenu bonapartiste « libéral » qui annonce des réformes décentralisatrices. La guerre de 1870, puis la Commune, accentuent le virage à droite de Mistral, qui se prend alors à espérer, comme son ami Roumanille, une restauration monarchique, qui, croit-il, amènerait le retour aux vieilles provinces.

Le Tresor dóu Felibrige – Lis Isclo d’or – Nouveaux statuts du Félibrige – L’Idée latine

Durant ces années de désarroi confinant à la dépression, sa production littéraire est au plus bas, seule l'élaboration de son dictionnaire le mobilisant encore un peu (Le Tresor dou Felibrige commence à paraître en fascicules à partir de 1878). Mistral reprend pied peu à peu, cependant. Il participe activement à un certain nombre de grandes fêtes couplées avec des concours littéraires en langue d'oc (Cinquième centenaire de la mort de Pétrarque en 1874, inauguration de la chapelle à Notre-Dame de Provence à Forcalquier, et concours de philologie de la Société pour l'Étude des langues romanes de Montpellier en 1875). La même année paraît la première édition de son recueil lyrique Lis Isclo d'or. En 1876, il se marie, quelques mois après avoir doté le Félibrige de ses seconds statuts, correspondant en gros à ceux actuellement en vigueur. Plus question de bâtir une académie à l'échelle de l'ensemble de l'intelligentsia méridionale : si subsiste un Consistoire de cinquante Majoraux couronné par un Capoulié (Mistral jusqu'en 1888), l'accent est mis désormais sur le recrutement de manteneires, autrement dit de sympathisants de la cause de la langue, faisant surtout office de figurants souvent éphémères... Si, dans une France en proie au repli nationaliste il n'est plus question de parler d'un fédéralisme européen qui donnerait une place à la Nation provençale, Mistral se rabat sur une Idée Latine prônant l'union, autour de la France (et de son Midi) des grands peuples « romans » du sud de l'Europe : les grandes Fêtes Latines organisées à Montpellier (par les félibres de la Société pour l'Etude des langues romanes) en 1878 voient ainsi couronné un poète roumain, Vasile Alecsandri, qui se trouve être par ailleurs un homme politique important dans son pays. Cela n'ira au demeurant jamais bien loin. Et à peu près au même moment, une grave crise interne au Félibrige combinée à de nouvelles accusations de séparatisme dans la presse républicaine parisienne (cachant en fait une simple dénonciation des amitiés monarchistes des leaders du Félibrige) amène Mistral, une nouvelle fois, à en rabattre sur ses ambitions.

Volonté de reprise en main du Félibrige – Nouvelles publications – Le Museon arlaten

Mistral se concentre alors d'une part sur la direction du Félibrige, avec un travail énorme de gestion des conflits, mais aussi de correction des textes proposés à publication (dans l'Armana Prouvençau par exemple) et, d'autre part, sur sa propre production. Une seconde édition des Isclo d'or paraît en 1878, puis une troisième, à Paris chez Lemerre en 1889. Entretemps, Mistral a publié sa nouvelle Nerto en 1884. Viendront ensuite la tragédie La Reino Jano en 1890 (seul essai de Mistral dans le domaine du théâtre, peu concluant), Lou Pouemo dou Rose en 1897, un recueil des discours de Mistral en 1906 (Discours e dicho), la même année que Moun Espelido, Memòri e raconte, les « mémoires » du poète, puis en 1910 la traduction de La Genèsi, reprenant des fragments publiés au fil des ans dans l'Armana Prouvençau, et enfin, en 1912, son dernier recueil lyrique, Lis Oulivado (1912). Seront publiés après sa mort trois recueils de Proso d'Armana et un récit de voyage en prose, Escourregudo en Itàli, écrit, nous dit-on, en collaboration avec son épouse. D'autres inédits, notamment des correspondances avec divers acteurs de la renaissance d'oc ont été publiés par la suite, sans épuiser la matière. Parallèlement, Mistral se consacre à la mise en place des collections ethnographiques du Museon Arlaten.

Les dernières années

Si ses dernières années le voient recevoir le demi prix Nobel de littérature de 1904, et être l'objet de célébrations multiples (cinquantenaire du Félibrige en 1904, cinquantenaire de Mirèio en 1909, visite du Président de la République Poincaré en 1913...), sur fond d'un véritable culte de la personnalité orchestré par ses disciples, tout cela ne l'empêche pas de constater la difficulté du Félibrige à trouver en son sein une personnalité capable de lui succéder. Il peut bien faire figure de patriarche « olympien », objet de visites presque touristiques à Maillane et sujet de nombreuses représentations artistiques de plus ou moins bon goût dont lui-même riait parfois volontiers, il est permis de penser que sa déception a été grande, face aux limites de la progression du Félibrige et, au-delà, de la renaissance d'oc dans les domaines qu'il percevait comme prioritaires : la diffusion d'une littérature d'oc ambitieuse et de qualité, la reconnaissance de la langue à l'école, sans parler de la cause de la décentralisation.

La postérité

À sa mort en 1914, quelques mois avant le déclenchement de la première guerre mondiale, commence le temps de sa postérité. Le Félibrige entretient le culte de son père fondateur jusqu'à aujourd'hui, de commémoration en commémoration (centenaire de la naissance en 1930, centenaire du Félibrige en 1954, centenaire de Mirèio en 1959, anniversaires de sa naissance et de sa mort chaque année...). De nombreuses rues et avenues du Midi portent son nom. La bibliographie qui lui est consacrée est immense, quoique de qualité très inégale : il faut attendre les années 50 pour voir vraiment apparaître les premiers travaux critiques dépassant le niveau des « biographies » pittoresques, ou des récupérations politiques (maurrassiennes puis vichistes notamment). Si son œuvre reste largement ignorée des spécialistes de littérature française, qui poursuivent dans la voie ouverte par leurs prédécesseurs les critiques myopes du XIXe, cette œuvre est régulièrement rééditée et trouve ainsi de nouveaux lecteurs. Au-delà des clichés, et du respect machinal dû au personnage, il reste à la redécouvrir, dans sa richesse et sa complexité.

Sources et bibliographie


Compte tenu de l'importance du personnage, la masse de références est colossale, et on ne peut ici donner que quelques indications.

Sources

Les correspondances reçues par Mistral sont conservées au musée de Maillane ; mais un certain nombre de ses lettres et de celles qu'il a pu recevoir ont été recueillies au musée du Roure, à Avignon. Certaines de ses correspondances, (avec les acteurs les plus importants) ont été publiées, mais il reste du travail...

Bibliographie

Un premier point a été fait par Edmond Lefèvre en 1903 : Frédéric Mistral, Bibliographie sommaire de ses œuvres, Marseille, Idèio Prouvençalo, 1903. Contient aussi les références de tous les livres, brochures, articles... consacrés à Mistral (154 p.). Complété en 1969 par Georges Place, bibliographe reconnu de la littérature française : Frédéric Mistral, Paris, Editions de la Chronique des Lettres Françaises (157 pp.).

Biographie et critique

Là encore, on a affaire à une masse considérable, de qualité très inégale. Quelques pistes, classées chronologiquement :

  • Lafont, Robert, Mistral ou l'illusion, Paris, Plon, 1954.
  • Peyre, Sully-André, Essai sur Frédéric Mistral, Paris, Seghers, 1959.
  • Pélissier, J., Frédéric Mistral au jour le jour, Ophrys, publications des Annales de la Faculté des Lettres d'Aix en Provence, 1967.
  • Martel, Philippe, Les Félibres et leur temps. Renaissance d'oc et d'opinion (1850-1914), Bordeaux, PUB, 2010.
  • Mauron, Charles, Études mistraliennes, Saint-Rémy, 1989 (reprend des publications plus anciennes).
  • Mauron, Claude, Frédéric Mistral, Paris, Fayard, 1993.
  • Gardy, Philippe, Torreilles, Claire, dir. Frédéric Mistral et Lou pouèmo dou Rose, sl, CELO, 1997.
  • Casanova, Jean-Yves, Frédéric Mistral, l'enfant, la mort et les rêves, Canet, Trabucaire, 2004.
  • Casanova, Jean-Yves, Frédéric Mistral, l'ombre et l'écho, Paris, Garnier, 2016.
  • Casanova, Jean-Yves, Courouau Jean-François, Martel, Philippe, dir. Sus la mar de l'istòri, lectures et réception de l'œuvre de Frédéric Mistral, Paris, Garnier, 2018.
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Né à Fontenay-sous-Bois, écrivain, journaliste, républicain, communard puis proche de certains socialistes, félibre co-fondateur de La Lauseta, Majoral de la maintenance du Languedoc, Cigale de Cleira ou de l’Orb, mort à Marseille en 1911.


Identité

Formes référentielles :

Louis-Xavier de Ricard


Autres formes du nom :

Loís-Savièr de Ricar, Xavier de Ricard


Appartenances

« Homme de Lettres » ; écrivain, traducteur et journaliste, franc-maçon de la loge des Émules d’Hiram ; rédacteur en chef de la Revue du Progrès ; co-fondateur avec Catulle-Mendès du mouvement poétique français Le Parnasse Contemporain ; participant actif à la Commune de Paris; mantenèire du Felibrige à partir de 1876, (il en devient) majoral en 1888 ; co-fondateur de l’association La Cigale de París ; créateur de La Lauseta avec Auguste Fourès et Lydie Wilson de Ricard; fondateur du journal La Commune Libre ; candidat aux législatives sous l’étiquette socialiste, fédéraliste, membre de La Ligue Républicaine du Midi ; créateur de l’Alouette- l’Alliance Latine, Président d’honneur de la Fédération régionaliste de France ; conservateur du château d’Azay-le-Rideau …


Éléments biographiques

Louis-Xavier de Ricard est né le 26 janvier 1843 à Fontenay-sous-Bois de Joseph Barthélémy, 55 ans, colonel d’infanterie – lui-même né à Cette (Sète) en 1787, mort à Paris en 1867 – et d’Eugénie Françoise Éléonore Pauthier, 21 ans, sans profession. Il s’agit du deuxième mariage de son père, celui-ci avait épousé en premières noces Claire Asténie de Perpigna dont il a eu une fille née à La Martinique en 1822, décédée à Azay-le -Rideau en 1908.

En lutte contre l'Empire

Très jeune, à 14 ans, Louis-Xavier de Ricard a été reçu dans la loge maçonnique des Émules d’Hiram dont Alexandre Massol (Béziers 1803-1875), disciple du père Enfantin et des Saint- Simoniens, était le vénérable. Cette loge était « l’atelier le plus laborieux de propagande contre les institutions impériales 1» ce qui a permis à Ricard d’entrer en contact avec les différents groupes républicains et socialistes sous l’Empire. Fils dun marquis, général de Napoléon et aide de camp du prince Jérôme Bonaparte, Louis-Xavier a tiré un bon numéro lors du recrutement et a été exempté du service militaire.

En 1860 Ricard publie À Melle Léontine Huguet, 16 p., Paris, Imprimerie Jouaust. En 1862 – il n’a pas vingt ans – il publie, toujours à Paris, son premier livre axé sur la littérature Les Chants de l’Aube, chez Poulet-Malassis. Il s’engage en politique avec un fascicule La résurrection de la Pologne (Paris, Marpon 16 pages), et surtout, à partir de mars 1863, avec la création de La Revue du Progrès dont Alphonse Racot est le gestionnaire, L-X de Ricard n’étant pas majeur. Cette revue s’annonce franchement « rationaliste ». Dans sa réponse à G. Véran de la Revue Indépendante, philosophie histoire, sciences, littérature et beaux-arts, proche de Monseigneur Dupanloup, évêque dOrléans et homme politique, L-X de Ricard est plus précis sur les idées de la revue : « Nous autres matérialistes, panthéistes, athées ». On y trouve sous la signature de Pablo, Paul Verlaine qui y dédie à Ricard le poème « Les vaincus », qui sera repris dans son recueil Jadis et naguère (Paris, Vanier 1884). Ricard y publie une lettre de lhistorien philosophe Edgard Quinet alors en exil en Suisse. La Revue est saisie en mars 1864 pour « outrage à la morale religieuse et publication darticles traitant de politique économique et sociale sans autorisation. » Lors du procès qui en découle, Louis-Xavier de Ricard est défendu par Léon Gambetta et Clément Laurier, le secrétaire de Crémieux. Gambetta qui commençait à se faire connaître fait un plaidoyer contre lEmpire à la demande de Ricard. Celui-ci écope de trois mois de prison et dune amende. Incarcéré à Ste Pélagie en octobre 1864, il y côtoie Charles Longuet, Raoul Rigaut, Gustave Flourens… futurs acteurs de la Commune de Paris.

Création du mouvement Le Parnasse contemporain

En 1865 Louis-Xavier de Ricard dirige l’hebdomadaire L’Art chez Lemerre, éditeur du passage Choiseul à Paris ; le premier livre publié par cet éditeur est le deuxième ouvrage de Louis-Xavier de Ricard : Ciel Rue et Foyer. Le premier numéro du Parnasse Contemporain, co-fondé par Ricard et Catulle Mendès, paraît l’année suivante chez le même éditeur. Les poètes du Parnasse, Gautier, Leconte de Lisle, Banville, José-Maria de Heredia, Coppée, Baudelaire, Sully Prudhomme, Verlaine, Valade, Mallarmé, fréquentaient le salon littéraire de sa mère, la Générale de Ricard. Dans la controverse sur la centralisation révolutionnaire menée par Quinet contre les « néo-jacobins », il suit Quinet, le véritable inspirateur de son fédéralisme ultérieur. En 1867, ce dernier participe à la Gazette Rimée de Luzarche où se trouvent également Verlaine et Emmanuel des Essarts qui est plus tard publié dans la Lauseta.

Contre la guerre et avec la Commune de Paris

En 1870 de Ricard participe au Catéchisme Populaire Républicain, toujours chez Lemerre, avant de créer Le Patriote Français dont les trois numéros (7, 11 et 25 Juillet) se positionnent contre la guerre, ce qui l’oblige à un premier exil en Suisse.

Il en revient après la défaite de Sedan et la proclamation de la République s’engageant dans le 69e bataillon de la garde nationale, commandé par Blanqui puis dans les mobiles de la Seine. Fidèle à ses idées il participe à La Commune de Paris avec son ami Charles Longuet. Il publie deux articles signés de son nom dans le Journal Officiel : « Une révolution populaire » (7 avril) et « Tradition unitaire » (24 avril).

Il est avec son autre ami Maillé, sous-délégué au Muséum du Jardin des plantes. Plusieurs auteurs d’articles parus après son décès rapportent qu’il aurait témoigné devoir la vie sauve pendant la semaine sanglante au général chargé de le faire fusiller, qui se serait révélé être un ami de son père : par amitié pour ce dernier, et bien qu’opposé aux idées du fils il l’aurait laissé s’enfuir. Il s’exile une nouvelle fois en Suisse à Vevey. Il rentre début 1872, aidé par Edgard Quinet, le philosophe et historien avec qui il était en relation depuis La Revue du Progrès.

C’est à ce moment que les sentiments d’amitié d’enfance qui l’unissaient à Lydie Wilson se transforment et aboutissent au mariage civil à Authouillet en Août 1873. Le couple « s’apatrie » dans la région de Montpellier en 1874, habitant successivement dans un quartier proche de celui de Figuerolles, puis au Mas du Diable à Castelnau-le-Lez, et enfin au plan des Quatre Seigneurs, à Montpellier, d’abord au Mas de la Lauseta, puis au Mas d’Encombe ; Ricard partage son temps entre Montpellier et Paris. Deux deuils le frappent, celui de la sœur de Lydie, Jeanne, en 1877 et celui de sa femme Lydie, morte à Paris en 1880 et enterrée civilement à Montpellier près de sa sœur.

En politique, de Ricard est soutenu par la tendance socialiste « possibiliste » du Montpelliérain Paul Brousse, très proche des radicaux. En janvier 1881, à Montpellier, lors des élections municipales, tête de liste radicale soutenu par les broussistes, il obtient plus de 2 000 voix. Cest alors quil publie de nombreux articles dans le quotidien républicain de Montpellier Le Petit Éclaireur, puis devient en septembre rédacteur en chef du Midi Républicain. Il est en tête de la liste radicale, comme socialiste, aux élections législatives de la seconde circonscription de Montpellier et obtient la seconde place devant le candidat républicain et le candidat légitimiste. Il joue aussi un rôle important dans la fondation des chambres syndicales de Montpellier. Au même moment, L-X de Ricard poursuit l’écriture de romans et de pièces de théâtre en français : Thédaire Pradon La Conversion dune Bourgeoise, roman publié à Paris chez Fischbacher et La Catalane pièce jouée à Montpellier et ailleurs en 1894. Il traduit aussi de l’Italien Labrégé de lHistoire universelle de César Cantú et de l’espagnol Les Nationalités, du catalan Py i Margall, élu président de la république en janvier 1873.

En Amérique Latine

En 1882 il part pour l’Amérique latine, d’abord en Argentine, puis au Paraguay enfin au Brésil. Il se remarie avec Louise Kirchner, une Champenoise. Malgré sa présence au-delà de l’océan, aux élections législatives de 1885, il figure encore sur une « liste radicale-socialiste de protestation » qui n’obtient pas les résultats espérés. Pendant ce séjour en Amérique Latine dont il revient en 1886, tout en cultivant tout d’abord quelques hectares de terre pour gagner sa vie, il participe à divers journaux dont L’Union Française, le Rio Paraguay et le Sud Américain. Ses articles politiques sont porteurs de ses idées fédéralistes et socialistes et en ce qui concerne le Brésil il relaie une campagne contre l’esclavage qui continuait alors à sévir dans ce pays. De retour en France il publie par exemple dans Le Journal des Voyages (Paris) du 22 août 1886 un article intitulé « Les esclaves au Brésil ». Ce séjour nous est connu par ses articles et par les lettres échangées avec Auguste Fourès.

Retour en France et séjours à Barcelone et Java

Avec son épouse ils rentrent en France et ont un fils né à Montpellier en 1896. Entre temps en 1887 il occupe à Barcelone les fonctions de secrétaire de la section française de l’Université.

En 1890 le ministère des Colonies lui confie une mission à Java où il reste un an. Il séjourne ensuite un an à Paris.

Dès lors, de Ricard se consacre essentiellement à son activité de journaliste, créant et dirigeant des journaux et revues souvent éphémères, tel Le Languedoc à Montpellier en 1886. Il écrit dans La Dépêche de Toulouse, et en 1896 il est responsable de son édition de Montpellier. Le recensement des journaux dans lesquels il a publié des articles – parfois les mêmes comme souvent à l’époque – est encore à compléter, et s’avère compliqué tant ils sont nombreux. En 1902, toujours très attaché à l’Amérique latine, il traduit Les fils du Soleil de José de Alencar. De 1901 à 1903 sa signature est présente dans La Nouvelle Revue, Le Mouvement Catalaniste, Le Panlatinisme, La Renaissance Latine, La Revue Contemporaine, Le Monde moderne, La Revue des revues, Le Mouvement latin…

Dans les années 1901-1903, il tient une rubrique dans le supplément littéraire du Figaro intitulée « La Province ».

Une fin de vie dans la pauvreté

Cependant son travail de journaliste ne lui permet pas d’être à l’abri du besoin et en 1908 il réussit à être nommé conservateur du château d’Azay-le-Rideau récemment acquis par l’Etat. Il y enménage avec femme, enfant et demi-sœur, mais ne peut y rester.

Il finit sa vie malade et pauvre, accueilli sur la côte d’azur avec son fils et bénéficiant d’une souscription des lecteurs du Figaro et l’aide de Christian de Villeneuve-Esclapon (ils se connaissaient au moins depuis les Fêtes Latines de Montpellier en 1878).

Il voulait rentrer à Montpellier pour être enterré aux côtés de sa première femme Lydie, mais ses amis félibres le firent descendre du train où il voyageait avec son fils, pour l’amener à l’hôpital ; il y meurt le 2 Juillet et est enterré dans le carré des indigents.

Un cénotaphe est érigé en 1932 au Saint Lazare de Montpellier (Architecte Marcel Bernard, sculpteur Louis Guigue) et remis par le Félibrige à la municipalité. En 1998 les restes de Lydie et de Jeanne Wilson sont transférés auprès du monument grâce à l’association des amis de Lydie et Louis-Xavier en présence d’élus, de membres du Félibrige et de l’IEO.

Dans tous les actes officiels que nous avons pu consulter Louis-Xavier de Ricard signait : « Homme de Lettres. »



1 Ricard, L-X, 1891, Autour de Bonaparte, Paris, Savine, p 54.


Engagements dans la renaissance d'oc

À Paris dans sa jeunesse

Dans son premier livre en français Les Chants de l’Aube, Ricard place deux épigraphes en occitan, une de Jasmin, Françounetto, et une de Mirèio de Mistral . Dans une note, Ricard qualifie Mistral d’« homme de génie » et parle des « poètes qui ont le courage de parler comme on parle chez eux ». Il suit cependant son ami Eugène Garcin et ses théories sur l’épuisement de la race latine dans sa critique du livre de ce dernier Français du Nord et Français du Midi en 1868, mais ceci constitue un tournant qui le conduit à nouveau à la langue du Midi.

À Montpellier et Paris avec le Félibrige, La Cigala, La Lauseta

À son arrivée à Montpellier il est impossible à Louis-Xavier de Ricard d’écrire dans la presse des articles politiques, la loi du 14 mars 1872 interdisant en effet de publier des textes « visant à changer l’état de la société ». Il est également menacé pour sa participation à la Commune de Paris : l’amnistie n’interviendra qu’en 1880. Il collabore à La République du Midi avec des articles sur le Parnasse et sur le Félibrige (Novembre 1874-Février 1876). Il correspond avec Mistral qu’il admire comme poète mais auquel il s’oppose du point de vue des idées.

Au début de son séjour montpelliérain il écrit l’essai Le Fédéralisme, édité seulement en janvier 1876 chez Fischbacher à Paris. En novembre 1875 il participe, tout comme Auguste Fourès – mais ils ne se connaissent pas encore – à la création du Félibrige languedocien à Montpellier. Fourès entre en contact avec Ricard en lui envoyant son premier recueil en occitan, La Croux del Grand Aigat, en janvier 1876. C’est le début de leur amitié. Au même moment débute sa correspondance avec le pasteur Napoléon Peyrat auteur en 1870 de lHistoire des Albigeois, qui vit à Saint Germain en Laye. Cette Histoire a eu une très grande influence sur le groupe qui se déclare à partir de là « Albigéiste ».

À Paris en janvier 1875 Ricard fonde l’association « La Cigale » avec Lydie Wilson de Ricard, Maurice Faure, le futur ministre, et le peintre Eugène Baudouin, né à Montpellier. Le couple Ricard-Wilson participe en mai 1876 avec Fourès à la Sainte Estelle d’Avignon où le Félibrige se dote de nouveaux statuts centrés sur la défense de la langue et de la culture du Midi, et adhèrent à lassociation fondée à Fontségugne. À partir de là, ils créent l’almanach des félibres républicains La Lauseta dont le premier numéro parait en 1877. Il regroupe les félibres républicains languedociens et des Provençaux qui ne voulaient pas ou ne pouvaient pas être publiés dans lArmana Prouvençau de Mistral et du félibre blanc Roumanille, ainsi que des Catalans et des auteurs de toutes les langues latines. Fourès baptise Lydie « Na Dulciorella » (Madame Toute douceur) en Félibrige et tous trois sont à Paris en décembre 1877 pour assister en janvier suivant à l’assemblée de La Cigale et à la présentation du Fédéralisme chez Fischbacher. Ils en profitent pour rendre visite à Napoléon Peyrat à Saint-Germain (Ricard l’avait déjà rencontré en janvier 1876). De retour, les Ricard-Wilson participent à la felibrejado de Montpellier présidée par Mistral le 25 mars, précédée par la réunion de la Société des Langues Romanes et suivie de l’assemblée de la ligue républicaine du Midi. Mistral rend visite au couple dans sa nouvelle maison le Mas de la Lauseta au plan des Quatre Seigneurs à Montpellier, (ils avaient quitté Castelnau-le -Lez et le Mas du Diable en novembre 1875). En mai 1877 le groupe qui s’appellera plus tard « les félibres rouges », et la soeur de Lydie, Jeanne Wilson, participe à la Sainte Estelle d’Avignon. Le 2 novembre, Jeanne, l’amie, l’albeta, l’inspiratrice du poète Fourès, peintre, meurt et est enterrée civilement.

Après la parution en janvier de La Lauseta 1878, les trois félibres fondateurs lui préparent un supplément, L’Alliance Latine, qui parait en juin avec une anthologie poétique, puis en septembre. Les fêtes latines de Montpellier à l’initiative de la Société des langues romanes (26 et 27 mai) sont présidées par Mistral et en parallèle les félibres de La Lauseta organisent une assemblée dans une salle du café de la Paix dans le quartier de Figuerolles, sous la présidence d’honneur de Victor Hugo. Des sociétés l’Alliance Latine se développent à Paris, Toulouse…

Le groupe fait paraitre le Banquet de lAlouette, recueil des discours et textes envoyés à l’assemblée. Cette société fédéraliste avait pour objet de développer « la culture des sciences et des lettres. »

Le troisième et dernier numéro de cette série de La Lauseta paraît en 1879, un autre parait en 1885 à la demande de Louis-Xavier de Ricard [qui est en Amérique latine] à Fourès qui en a la responsabilité.

Le 13 Février 1879 Louis-Xavier de Ricard lance le bihebdomadaire Fédéraliste La Commune Libre auquel participent Ernest Jourdan (1843-1898) délégué ouvrier au congrès socialiste de Marseille et secrétaire de rédaction du journal et Ernest Ferroul, futur maire de Narbonne. Les numéros parus avec certitude sont au nombre de quatre : 13 et 27 février, l6 mars et 29 mai. Ils prennent position pour les droits des femmes. L-X de Ricard y soutient Mistral accusé de séparatisme par la presse parisienne.

En 1880 parait à Paris la volume de poésie La Cigale de la société éponyme chez Fischbacher. Lydie Wilson de Ricard meurt à Paris chez sa mère le 16 septembre. Elle est enterrée civilement à Montpellier au cimetière Saint Lazare. Les hommages lui sont rendus par Ernest Jourdan et Antide Boyer de Marseille.

Hommage à Fourès et à Lydie Wilson de Ricard

De retour d’Amérique Ricard fonde l’hebdomadaire Le Languedoc en 1886, puis est rédacteur au Petit Méridional. En 1888 il rend hommage à son ami sous le titre Un poète national Auguste Fourès (Paris, Savine). Il vient d’être élu au consistoire du félibrige, maintenance du Languedoc comme majoral avec la cigale de Cleira ou de l’Orb dont Gabriel Azaïs a été le premier titulaire. Fourès meurt en 1891, année où Ricard publie les oeuvres de sa femme Lydie : Aux Bords du Lez (Lemerre, París), précédées d’une introduction qui contient une courte biographie et explique la formation de ce qui sera appelé plus tard le Félibrige rouge. Il publie aussi Autour des Bonaparte (Paris, Savine, 1891), fragments des mémoires de son père le général de Ricard, où il conte dans le premier chapitre son contact avec la langue de Mistral.

En 1892 il est à Toulouse où il est l’un des fondateurs de l’Escolo Mondino, dont il est un temps président. Il revient ensuite à Montpellier où il demeure 5 ans. En 1893 il publie un essai politique, L’esprit politique de la réforme (Paris, Fischbacher), où il essaie de démontrer qu’il y a un protestantisme bourgeois et conservateur au nord, dans la lignée de Calvin, alors que le protestantisme méridional est populaire, progressiste et fédéraliste, car l’homme du midi est par essence ethnique ami de la liberté…

Partout il fait campagne pour l’idée fédéraliste, et à l’intérieur même du Félibrige ; ainsi en 1892 il signe le manifeste des jeunes félibres aux côtés de Charles Maurras et Frédéric Amourreti, deux Provençaux de tendance monarchiste. L-X soutient ce manifeste avec ses amis félibres rouges Jourdanne, Perbosc et Estieu, avant de prendre ses distances quand il comprend le tropisme de droite des amis de Maurras.

Hommage en 1932 à Montpellier

La maintenance du Languedoc dont il était majoral lui rend hommage en 1932 avec l’inauguration d’un cénotaphe au cimetière Saint Lazare en 1932. Un recueil édité pour l’occasion contient un texte de Charles Brun et les discours de Pierre Azéma, majoral du Félibrige, et sendic de la Mantenance du Languedoc, du maire de Montpellier Benjamin Milhaud, de Jean Fournel, Majoral du Felibrige et président du Parage de Montpellier et de R Chapoullié, inspecteur général des Arts appliqués.

 

Sources


  • BLIN-MIOCH, Rose, 2010, Édition critique de la correspondance de Lydie Wilson de Ricard (1850-1880), Thèse sous la direction de Ph. Martel, Univ Paul Valéry Montpellier III, occitan ED 58.
  • BLIN-MIOCH, Rose, 2011, « Les « Communes idées » de Louis-Xavier de Ricard et Lydie Wilson de Ricard à leur arrivée à Montpellier », Études Héraultaises, n° 41, p 139-146
  • BLIN-MIOCH, Rose, 2016, « Louis-Xavier de Ricard et son « Maître » Edgard Quinet », Murphy, Steve dirt, Le chemin des correspondances et le champ poétique, À la mémoire de Michael Pakenham, Paris Classiques Garnier, p 127-139.
  • BLIN-MIOCH, Rose, 2012, « Louis-Xavier de Ricard en 1868 et sa critique des Français du Nord et du Midi d’Eugène Garcin : une hésitation sur la route vers la cause de l’occitan ? », Lengas, 71, 2-12, Montpellier, PULM, p. 119-155. https://journals.openedition.org/lengas/368
    • CARBASSE,Jean-Marie, 1977, Louis-Xavier de Ricard, Félibre rouge, s. 1., Ed. Mireille Lacave, Montpellier.
    • CLERGUET, Fernand, « Louis-Xavier de Ricard », La Revue Littéraire de Paris et de Champagne, Juillet 1905 sur Bnf. Gallica.
    • CLERGUET, Fernand, « L-X de Ricard, « Maguelone Détruite », La Revue Littéraire de Paris et de Champagne, janvier et juin 1906
    • LAFONT, Robert et ANATOLE, Christian, 1970, Nouvelle histoire de la littérature occitan, PUF, 1970, t. 2, p. 670-671.
    • MARTEL, Philippe, 2010, Les félibres et leur temps, renaissance d'oc et opinion 1850-1914, Bordeaux, PUB, pp. 490-525.
    • MOULIN, Stéphane, 2011, L-X de Ricard Socialiste et félibre, Arts et traditions rurales, Montpellier. 1.
    • MORTELETTE, Yann, 2005, Histoire du Parnasse, Paris, Fayard.
    • PAKENHAM, M, éd, 1967, Introductions et commentaires, Ricard, Louis-Xavier de, Petits Mémoires d'un Parnassien, et Adolphe Racot, Les Parnassiens, Aux Lettres modernes, collection avant-siècle, Paris, Minard, 214 p.
    • PEYRONNAT, Georges, 1997, Un fédéraliste méridional du XIXe siècle, Louis-Xavier de Ricard (1843-1911), Nîmes Lacour.
    • RICARD, I Lydie de, 1891, Aux Bords du Lez, Préface L-X de Ricard, Lemerre, réédition avec présentation J-C Richard, Nîmes Lacour Revivia 1995
    • Ricard, Général de, 1891, Autour de Bonaparte, Fragments de Mémoires publiés par L-Xavier de Ricard, Savine, Paris.
    • SAGNES, Jean, fiche Maitron sur L.X de Ricard : Arch. Dép. Hérault : 15 M 34, 35 et 38. LUnion républicaine, août 1881 et septembre 1885.
    • SALADIN, F, Les élections législatives dans lHérault de 1881 à 1885 Montpellier-DES-1965.
    • SALVAT, Joseph, La Vie tourmentée de L.-X. de Ricard (1843-1911), Toulouse, 1943.
    • En Memoria de Louvis-Savié de Ricard (1843-1911). Montpellier, Mari- Lavit, 1932, 56 p. [recueille les discours de Pierre Azéma, Benjamin Milhaud, Jean Fournel et René Chapoullié].
    • [recueille les discours de Pierre Azéma, Benjamin Milhaud, Jean Fournel et René Chapoullié].

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    Nascut en 1943 a Fontenay-sous-Bois, escriveire, jornalista, respublican, comunard, puèi socialista, felibre fondator de La Lauseta, Majoral de la mantenéncia de Lengadòc, Cigala de Cleira o de l’Òrb, defuntèt a Marselha en 1911.


    Identitat 


    Formas referencialas 


    Louis-Xavier de Ricard


    Autras formas conegudas

    Loís-Savièr de Ricard ; Xavier de Ricard



    Apartenéncias

    « Homme de Lettres »; escriveire, traductor e jornalista, franc-maçon de lòtja maçonica dels Émules d’Hiram; cap-redactor de la Revista Revue du Progrès ; Co-fondador amb Catulle-Mendès del moviment poetíc francés Le Parnasse Contemporain ; Comunard de la Comuna de París ; sòci del Felibritge a partir de 1876 ne serà majoral en 1888 ; co-fondator de l’associacion La Cigale de París ; creator de La Lauseta amb Forès e Lidia Wilson de Ricard; del jornal La Commune Libre ; socialista, federalista, sòci de La Ligue Républicaine du Midi;; creator de l’Alouette-l’Alliance Latine, President d’onor de la Fédération régionaliste de France ; conservator del castel d’Azay-le-Rideau …



    Elements biografics

    Loís-Savièr de Ricard nais lo 26 de genièr de 1843 a Fontenay-sous-Bois de Joseph Barthélémy, 55 ans, coronèl dinfanteriánascut a Cette (Sèta) en 1787, mòrt a París en 1867 – e de Eugénie Françoise Éléonore Pauthier, 21 ans sensa profession. Es lo second maridatge de son paire qu’aviá en primièras nòças esposat Claire Asténie de Perpigna. Amb ela a agut una filha nascuda a la Martinica en 1822 e defuntada a Azay-le Rideau en 1908.

    En lucha contra l'Empèri

    Plan jove, a 14 ans, Loís-Savièr de Ricard es recebut dins la lòtja maçonica dels Émules d’Hiram que Alexandre Massol (Bezièrs 1803-1875), discípol del paire Enfantin e dels Sant-Simonians n’es lo venerable. "Aquela lòtja es lo talhièr mai valent de propaganda contra las institucions imperialas"1, que permeton a Ricard d’èsser en contacte amb los grops diferents de republicans e socialistas jos l’Empèri. Filh de marqués, general de Napoleon e ajuda de camp del prince Jérôme Bonaparte, Loís-Savièr tira lo bon numerò al temps de la conscripcion e es exemptat del servici militar.

    En 1860 Ricard, publica À Melle Léontine Huguet, 16 p., Imprimerie Jouaust. En 1862, a pas encara 20 ans, publica a París son primièr libre consacrat a la literatura Les Chants de l’Aube, en cò de Poulet-Malassis. S’engatja en politica amb un fascicle titolat La résurrection de la Pologne (Paris, Marpon, 16 pages) e subretot a partir de març de 1863 amb la creacion de la Revue du Progrès que ne pòt pas èsser lo gestionari, estent qu’es pas major. Es donc Alphonse Racot que ne pren la carga. La revista es anonciada coma « rationaliste ». Dins una responsa a G. Véran de la Revue Indépendante, philosophie histoire, sciences, littérature et beaux-arts, revista ligada a Monsénher Dupanloup, avèsque d’Orleans e òme politic, L-S de Ricard es mai precís sus las ideas dels redactors : « Nous autres matérialistes, panthéistes, athées ». [nosautres materialistas, panteistas e ateus]. Jos la signatura de Pablo se tròba Paul Verlaine qua escrich per Loís-Savièr « Les vaincus » [los vencuts], poèma que tornarà estampar dins una version diferenta dins son recuelh Jadis et naguère (Paris, Vanier 1884). Ricard i publica tanben una letra de l’istorian filosòf Edgard Quinet, en exili en Soïssa. La revista es sasida en març de 1864 jol motiu d’« outrage à la morale religieuse et publication d’articles traitant de politique économique et sociale sans autorisation ». Del temps del procès que seguís, Loís-Savièr de Ricard es defendut per Léon Gambetta e Clément Laurier, lo secretari de Crémieux. Gambetta, que comença d’èsser conegut, fai una plaidejariá contra l’Empèri coma li a demandat Loís-Savièr de Ricard. Aqueste es punit d’una multa e de tres meses de carcel. Dintra a Stelagie en octòbre de 1864, i costeja Charles Longuet, Raoul Rigaut, Gustave Flourens… futurs actors de la Comuna de Paris.

    1 Ricard, L-X, 1891, Autour de Bonaparte, Paris, Savine, p 54.

    Creacion del moviment Le Parnasse contemporain

    En 1865 Loís-Savièr de Ricard baileja lo setmanièr L’Art en cò de Lemerre. Lo primièr libre publicat per l’editor del passatge Choiseul es lo segond de L-S de Ricard : Ciel Rue et Foyer. Lo primièr numerò del Parnasse contemporain, co-fondat per Ricard e Catulle Mendès pareis l’annada seguenta en cò del meteis editor. Los poetas del Parnasse, Gautier, Leconte de Lisle, Banville, José-Maria de Hérédia, Coppée, Baudelaire, Sully Prudhomme, Verlaine, Valade, Mallarmé trevan lo salon literari de la maire de L-S, la generala de Ricard. Dins la controvèrsa sus la centralizacion revolucionària menada per Quinet contra los « neo-jacobins », seguís Quinet, lo vertadier inspirator de son federalisme ulterior. En 1867 Ricard participa a la revista de Luzarche, la Gazette Rimée, ont se tròba tanben Verlaine mas tanben Emmanuel des Essarts que serà mai tard un autor de La Lauseta.

    Contra la guerra e amb la Comuna de París

    En 1870 participa al Catéchisme Populaire Républicain, totjorn en cò de Lemerre abans de crear Le Patriote Français que sos tres numeròs (7, 11 et 25 Julhet) se posicionan contra la guerra, çò que l’obliga a un primièr exili en Soïssa. Ne torna aprèp la desfacha de Sedan e la proclamacion de la Republica, s’engatja dins lo batalhon de la garda nacionala comandada per Blanqui puèi dins los mobils de la Seina. Fidèl a sas opinions participa a la Comuna de París amb son amíc Charles Longuet. Publica dos articles dins lo Journal Officiel signats de son nom « Une révolution populaire » (7 avril) et « Tradition unitaire » (24 avril).

    Amb un autre amíc, Maillé, es jos-delegat al Museum du Jardin des plantes. Mantun autor d’articles escriches aprèp sa mòrt dison qu’auriá testimoniat dever sa vida del temps de la Semaine Sanglante al général cargat de lo far fusilhar, que s’èra revelat èsser un amíc de son paire e que malgrat l’oposicion a sas ideas l’auriá daissat fugir per aquesta amistat. S’exila un còp de mai en Soïssa a Vevey. Ne torna a la debuta de 1872, ajudat per Edgard Quinet amb loqual aviá de ligams dempuèi La Revue du Progrès.

    A son retorn de Soïssa, los sentiments d’amistat d’enfança que lo ligavan a Lydie Wilson se càmbian e se celebra lor maridatge civil a Authouillet prèp de Montfort l’Amaury en agost de 1873. Davalan dins la region de Montpellier, van viure dins un barri a costat del barri Figairòla, puèi al Mas del Diable a Castèlnòu de Les, enfin a partir de 1975, al plan dels quatre Sénhers à Montpelhièr, Mas de la Lauseta puèi al Mas d’Encombe. Ricard partís son temps entre Montpelhièr e París. Dos dòls tustan L-X de Ricard, lo de la sòrre de Lidia, Jeanne Wilson en 1877 a Montpelhièr e lo de sa femna Lidia mòrta dins la capitala en 1880, qu’es estada enterrada a Montpelhièr prèp de sa sòrre Jeanne.

    Politicament Ricard èra sostengut per la tendéncia socialista « possibilista » del Montpelhierenc Paul Brousse, pròchi dels radicals. En 1881 se presenta a las eleccions municipalas a Montpelhier e obten mai de 2000 voses. Es lo cap de lista radicala a las eleccions legislativas de la segonda circonscripcion de Montpellièr coma candidat sostengut per los socialistas e obten la segonda plaça dabans lo republican e lo legitimista. Publica un molon darticles sus Le Petit éclaireur, puèi ven en setembre cap-redactor del Midi Républicain. Jòga tanben un ròtle dins la fondacion de las cambras sindicalas. Paralelament, Loís-Savièr de Ricard contunha d’escriure de romans e de peças de teatre en francés : Thédaire Pradon, La Conversion d’une Bourgeoise, roman publicat a París chez Fischbacher e La Catalane peça jogada a Montpelhièr e endacòm mai en 1894, per exemple. Revira tanben de l’italian L’abrégé de l’Histoire universelle de César Cantú e de l’espanhòl Les Nationalités, del catalan Py i Margall, elegit president de la Republica en genièr de 1873.

    En America Latina

    Partís en 1882 en America latina, den premier en Argentina, puèi al Paraguay, enfin al Brasil. Se torna maridar amb Louise Kirchner, una femna champanhesa. Se presenta encara a deleccions legislativas del temps ques al Brasil en 1885. Sus una lista « radical-socialiste de protestation » que capita pas.

    Del temps qu’es en America Latina, cultiva qualques ectaras per s’avidar e participa a de jornals coma L’Union Française, lo Rio Paraguay e lo Sud Américain, de còps coma director. Sos articles politics son portaires de sas ideas federalistas e socialistas e per çò que concernís Brasil relaian una campanha contra l’esclavatge que contunhava de far de mal dins aqueste país. De retorn en França publica dins Le Journal des Voyages (París) del 22 d’agost de 1886 un article titolat « Les esclaves au Brésil ». Son sejorn nos es conegut mercé a sos articles e a las letras mandadas a son amic August Forés.

    Retorn en França amb de sejorns a Barcelona e Java

    Tornan amb son esposa en França en 1886 e an un filh que nais a Montpelhièr en 1896. Entretemps en 1887 a la fin de l’annada ocupa a Barcelona las foncions de secretari de la secion francesa de l’Universitat. En 1890 Lo ministèri de las Colonias li fisa una mission a Java ont demòra una annada. Sejorna puèi un an a París.

    Se consacra al jornalisme, crèa e baileja de jornals e revistas mai d’un còp efemèrs, escriu dins La Dépêche de Toulouse que n’es lo responsable de l’edicion de Montpelhièr. Lo recensament dels jornals ont publica d’articles – de còps los meteisses coma èra frequent d’aquel temps – es encara de completar e s’avera complicat en causa de lor nombre. De 1901 a 1903 sa signatura es presenta dins La Nouvelle Revue, Le Mouvement Catalaniste, Le Panlatinisme, La Renaissance Latine, La Revue Contemporaine, Le Monde moderne, La Revue des revues, Le Mouvement latin…

    En 1902, totjorn fòrça ligat a l’America latina, revira Les fils du Soleil de José de Alencar.

    Dins las annadas 1901- 1903 Ricard ten una rubrica dins lo suplement literari del Figaro que se sonava « La Province ».

    Una fin de vida dins la pauretat

    Pasmens son trabalh de jornalista li permet pas de se preservar del besonh e en 1908 capita de se far nomenar conservator del castel d’Azay-le-Rideau que l’Estat veniá de crompar. S’i installa amb femna, enfant e sòrre, mas i pòt pas demorar.

    Ricard acaba sa vida malaut e paure sus la Còsta d’Azur a Bandòl amb son filh, mercé a una soscripcion dels legeires del Figaro e l’ajuda de Christian de Villeneuve -Esclapon (se conoissián despuèi au mens lo temps de las Festas latinas de 1878).

    Voliá anar en tren fins a Montpelhier per jaire a costat de Lidia, mas sos amícs felibres lo fan davalar a Marselha per lo menar a l’espital. Tròp tard, ailàs, morís lo 2 de Julhet de 1911 e es enterrat dins lo canton dels paures al cementèri.

    Un cenotafi es arborat en 1932 al cementari San Làzer a Montpelhièr en sa memòria (Arquitècte Marcel Bernard, escalpraire Louis Guigue) e remés pel Eelibritge al municipi. En 1998 las sòbras de Lidia e de Jeanne Wilson son mudadas al prèp del monument per la societat dels amícs de Lidia e Loís-Savièr en preséncia d’elegits del municipi, de membres del Felibritge e de l’IEO.

    Dins totes los actes oficials qu’avèm pogut consultar Loís-Savièr se disiá « Homme de Lettres ».

    Engatjaments dins la renaissença d’òc

    À París dins sa joinessa

    Dins sa joinessa e son primièr Libre Les Chants de l’Aube – en francés –,Ricard fa figurar doas epigrafas en occitan, una de Jansemin, Françounetto, e una de Mirèio de Mistral. Dins una nòta, Ricard qualifica Mistral d’« homme de génie » e parla tanben dels « poètes qui ont le courage de parler comme on parle chez eux ». Seguís pasmens son amíc Eugène Garcin e sas teorias sus l’aganiment de la raça latina dins sa critica sul libre Français du Nord et Français du Midi en 1868, mas aquò constituís una virada que lo torna menar a la lenga del Miègjorn.

    À Montpelhièr e París amb lo Félibrige, La Cigala, La Lauseta ...

    Quand arriba a Montpelhièr Loís-Savièr de Ricard pòt pas escriure dins la premsa d’articles politics que la lei del 14 de març de 1872 enebissiá de publicar de tèxtes « visant à changer l’état de la société ». Es tanben menaçat per la seuna participacion a la Comuna de París que l’amnestia vendrà pas qu’en 1880. Collabòra a La République du Midi amb darticles sus lo Parnasse e sus lo Felibritge (Novembre de 1874-Febrièr de 1876). Correspond tanben amb Mistral que remira coma poeta mas amb loqual s’opausa per çò qu’es de las idèas.

    Tre la debuta del sejorn montpelhierenc escriu l’ensag Le Fédéralisme, editat sonque en genièr de 1877 en cò de Fischbacher a París. Lo 4 de novembre de 1875 participa, coma August Forès mas se coneissián pas encara a la creacion del Felibritge lengadocian a Montpelhièr. Forés dintra en contacte amb Ricard en li mandant son primièr recuelh en occitan, La Croux del Grand Aigat, en genièr de 1876. Es la debuta de lor amistat. Dins lo meteis temps debuta la correspondéncia amb lo pastor Napoleon Peyrat qu’aviá escrich en 1870 l’Histoire des Albigeois e que viviá a Sant German en Laye. Aquela istòria aguèt una influéncia bèla sus lo grop que se declara puèi albigeïsta.

    A París en genièr de 1875 Ricard aviá fondat l’associacion « la Cigale » amb Lidia Wilson de Ricard, Maurici Faure, lo futur ministre, et le pintre Eugèni Baudouin nascut a Montpelhièr. Lo coble Ricard-Wilson participa en mai amb Forés a la Santa-Estela d’Avinhon ont lo Felibritge se dòta d’estatuts novèls centrats sus la defensa de la lenga e de la cultura del Miègjorn, aquò permet lor adesion a l’associacion fondada a Fontsegunha. A partir d’aquí, crean l’almanac dels felibres republicans La Lauseta que son primièr numèro pareis en 1877. Agropa los felibres republicans lengadocians e mai de provençals que volián pas o podián pas èsser publicats dins l’Armanac Prouvençau de Mistral e del felibre blanc Roumanille, e de Catalans puèi d’autors de totas las lengas latinas. Forés bateja Lidia « Na Dulciorella en felibritge » e totes tres se tròban a París en decembre de 1875 per assistir en genièr a l’amassada de la Cigala e a la presentacion del Fédéralisme en cò de Fischbacher. Van veire tanben Napoleon Peyrat a San German (L-S de Ricard l’aviá ja rescontrat en junh de 1876). De retorn a Montpelhièr los Ricard-Wilson i participan a la felibrejada presidida per Mistral lo 25 de març, precedida de la reunion de la Societat de las lengas romanas e seguida de l’amassada de la liga republicana del Miegjorn. Mistral va veire lo coble dins son novel ostal, lo mas de la Lauseta al Plan dels quatre Sénhers a Montpelhièr. En mai de 1877 lo grop, que se sonarà pus tard « los felibres roges », amb la sòrre de Lidia, Jeanne Wilson, participan a la Santa-Estela d’Avinhon. Lo 2 de novembre, Jeanne, l’amiga, l’albeta, l’inspiratritz del poeta Forés, pintra, morís e es mesa al cròs civilament.

    Aprèp la parucion en genièr de La Lauseta 1878, los tres felibres fondators adòban un complement a la revista L’Alliance Latine (que pareis en junh amb una antologia poetica, puèi en setembre). Las Festas latinas de Montpelhièr que la Société des langues romanes n’es a l’iniciativa (26 e 27 de mai) son presididas per Mistral e en parallèl los felibres de La Lauseta organizan una taulejada dins la sala del café de la Paix dins lo barri de Figairòlas, jos la presidéncia d’onor de Victor Hugo. De societats « l’Alliance Latine » se desvelopan a París, Tolosa…

    Lo grop fa paréisser le Banquet de l’Alouette, recuelh de discorses e tèxtes mandats a la taulejada.

    Aquesta societat federalista aviá per tòca de desvelopar « la culture des sciences et des lettres. »

    Lo tresen e darrièr numerò d’aquesta tièra de Lauseta pareis en 1879, un autre pareis en 1885 a la demanda de L-S de Ricard [qu’es en America latina] a Forés que n’a la responsabilitat.

    Lo 13 de febrièr de 1879 es lo lançament de La Commune Libre, bisetmanièr federalista que i participan Ernest Jourdan (1843-1898) delegat obrier e secretari de redaccion del journal et Ernest Ferroul, futur conse de Narbona. Los numeròs pareguts amb certesa son sièis : 13 e 27 de febrièr, 16 de març e 29 de Mai. Prenon posicion per los dreches de las femnas. L-S de Ricard sosten Mistral accusat de separatisme dins la premsa parisenca.

    En 1880 pareis à París lo volum de poesia La Cigale de la societat eponima en cò de Fischbacher.

    Lidia Wilson de Ricard morís à París en cò de sa maire lo 16 de setembre. Es enterrada civilament a Montpelhièr al cementèri San Làzer. Los omenatges son diches pels socialistas Ernest Jordan e Antide Boyer de Marselha.

    Omenatge a Forès e a Lidia Wilson de Ricard

    De retorn d’America, fonda lo setmanièr Le Languedoc, en 1886 puèi es redactor al Petit Méridional. En 1888 rend un omenatge a son amic August Forès jos lo títol Un poète National, Auguste Fourès (Paris, Savine). Ven d’èsser elegit al consistòri del Felibritge, mantenéncia de Lengadòc coma majoral amb la cigala de Cleira o de l’Òrb que Gabriel Azaïs ne foguèt lo primièr titulari. Forès morís en 1891, annada que Ricard publica las òbras de sa femna Lydie, Aux Bords du Lez (Lemerre, París) precedidas per una introduccion que conten una corta biografia e explica la formacion de çò que se sonarà mai tard lo Felibritge roge. Publica tanben Autour des Bonaparte (París, Savine, 1891) fragments de memòris de son paire, lo general de Ricard. Dins lo primièr capítol, conta son contacte amb la lenga de Mistral.

    En 1892 se tròba à Tolosa ont es un dels fondators de L’Escolo Mondino que n’es un temps lo president. Torna puèi à Montpelhièr ont demòra cinc ans. En 1893 publica un ensag politic, L’esprit politique de la réforme (Paris, Fischbacher), ont assaja de mostrar que i a un protestantisme borgés e conservator al nòrd, dins la rega de Calvin, non pas que lo protestantisme miegjornal es popular, progressista e federalista, car lo Miegjornal es per esséncia etnica amic de la libertat…

    D’en pertot mena campanha per l’idèa federalista, e mai al dintre del Felibritge ; aital en 1892 signa lo Manifèst dels Joves felibres a costat de Ch. Maurras e Frederic Amourreti, dos Provençals de tendénciá monarquista. L-X sosten lo manifesta amb Jourdanne, Perbosc e Estieu, abans de préner sas distàncias quand compren lo tropisme de drecha dels amics de Maurràs.

    En 1900 ven president d’onor de la Fédération régionaliste de France presidida per Charles Brun.

    Omenatge en 1932 à Montpelhièr

    La Mantenéncia del Lengadòc, que n’èra estat majoral, li rend omenatge en 1932 amb l’inauguracion d’un cenotafi al cimentèri Sant Lèzar en 1932. Un recuelh editat a l’escasença conten un tèxte de Charles Brun e los discorses de Peire Azema, majoral del Felibritge e sendic de la Mantenéncia del Lengadòc, del Conse de Montpelhièr Benjamin Milhaud, de Jean Fournel, Majoral del Felibritge e cabiscòl del Paratge de Montpelhièr e de R Chapoullié, inspector general de las Arts aplicadas.


    Sorsas


    • BLIN-MIOCH, Rose, 2010, Édition critique de la correspondance de Lydie Wilson de Ricard (1850-1880), Thèse sous la direction de Ph. Martel, Univ Paul Valéry Montpellier III, occitan ED 58.
    • BLIN-MIOCH, Rose, 2011, « Les « Communes idées » de Louis-Xavier de Ricard et Lydie Wilson de Ricard à leur arrivée à Montpellier », Études Héraultaises, n° 41, p 139-146
    • BLIN-MIOCH, Rose, 2016, « Louis-Xavier de Ricard et son « Maître » Edgard Quinet », Murphy, Steve dirt, Le chemin des correspondances et le champ poétique, À la mémoire de Michael Pakenham, Paris Classiques Garnier, p 127-139.
    • BLIN-MIOCH, Rose, 2012, « Louis-Xavier de Ricard en 1868 et sa critique des Français du Nord et du Midi d’Eugène Garcin : une hésitation sur la route vers la cause de l’occitan ? », Lengas, 71, 2-12, Montpellier, PULM, p. 119-155. https://journals.openedition.org/lengas/368
      • CARBASSE,Jean-Marie, 1977, Louis-Xavier de Ricard, Félibre rouge, s. 1., Ed. Mireille Lacave, Montpellier.
      • CLERGUET, Fernand, « Louis-Xavier de Ricard », La Revue Littéraire de Paris et de Champagne, Juillet 1905 sur Bnf. Gallica.
      • CLERGUET, Fernand, « L-X de Ricard, « Maguelone Détruite », La Revue Littéraire de Paris et de Champagne, janvier et juin 1906
      • LAFONT, Robert et ANATOLE, Christian, 1970, Nouvelle histoire de la littérature occitan, PUF, 1970, t. 2, p. 670-671.
      • MARTEL, Philippe, 2010, Les félibres et leur temps, renaissance d'oc et opinion 1850-1914, Bordeaux, PUB, pp. 490-525.
      • MOULIN, Stéphane, 2011, L-X de Ricard Socialiste et félibre, Arts et traditions rurales, Montpellier. 1.
      • MORTELETTE, Yann, 2005, Histoire du Parnasse, Paris, Fayard.
      • PAKENHAM, M, éd, 1967, Introductions et commentaires, Ricard, Louis-Xavier de, Petits Mémoires d'un Parnassien, et Adolphe Racot, Les Parnassiens, Aux Lettres modernes, collection avant-siècle, Paris, Minard, 214 p.
      • PEYRONNAT, Georges, 1997, Un fédéraliste méridional du XIXe siècle, Louis-Xavier de Ricard (1843-1911), Nîmes Lacour.
      • RICARD, I Lydie de, 1891, Aux Bords du Lez, Préface L-X de Ricard, Lemerre, réédition avec présentation J-C Richard, Nîmes Lacour Revivia 1995
      • Ricard, Général de, 1891, Autour de Bonaparte, Fragments de Mémoires publiés par L-Xavier de Ricard, Savine, Paris.
      • SAGNES, Jean, fiche Maitron sur L.X de Ricard : Arch. Dép. Hérault : 15 M 34, 35 et 38. LUnion républicaine, août 1881 et septembre 1885.
      • SALADIN, F, Les élections législatives dans lHérault de 1881 à 1885 Montpellier-DES-1965.
      • SALVAT, Joseph, La Vie tourmentée de L.-X. de Ricard (1843-1911), Toulouse, 1943.
      • En Memoria de Louvis-Savié de Ricard (1843-1911). Montpellier, Mari- Lavit, 1932, 56 p. [recueille les discours de Pierre Azéma, Benjamin Milhaud, Jean Fournel et René Chapoullié].
      • [recueille les discours de Pierre Azéma, Benjamin Milhaud, Jean Fournel et René Chapoullié].

       

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      Arsène Vermenouze est un écrivain du canton d'Aurillac (Haute-Auvergne) d'expression languedocienne et française. Élu majoral du Félibrige en 1900, il est connu comme le "chasseur-poète", composant ses poèmes en parcourant la campagne.

      Identité

      Formes référentielles

      Vermenouze, Arsène

      Autres formes connues

      Vermenosa, Arsèni


      Poe͏̈ta d'Eitrac, Lo

      Éléments biographiques

      Il est né le 26 septembre 1850 à Vielle, commune d'Ytrac, dans une famille de propriétaires terriens. Son instruction fut partagée entre l'école des Frères à Aurillac pendant 3 ans et les enseignements d'une préceptrice qui lui donna le goût des lettres. Il passa son enfance dans la campagne cantalienne, avec ses grands-parents, sa mère, ses frères et sa sœur. À l'epoque, de nombreuses familles auvergnates complétaient leurs ressources en faisant du commerce en Espagne. C'est ainsi que Vermenouze rejoignit son père à l'âge de 16 ans à Illescas, près de Tolède, où ils tenaient une boutique de vins, épices, tissus et autres marchandises. Il resta plus de quinze ans en "exil" ponctué de retours tous les deux ans. En 1870 il revint quelque temps en France, comme engagé volontaire dans le 4ème régiment de hussards. À son retour définitif d'Espagne, il tint une boutique de liqueurs avec des cousins à Aurillac.
      Il eut une activité assez soutenue de journaliste et polémiste, devenant avec le temps profondément attaché à des valeurs de foi chrétienne et de patriotisme. Républicain, il était notamment favorable au Ralliement, dans un primier temps, puis à l'Action Française vers la fin de sa vie après des déceptions républicaines. Le Ralliement était une tendance chez les catholiques dans la ligne de l'encyclique Au milieu des sollicitudes (1892) du pape Léon XIII en faveur de la République, à condition d'abandonner les lois sur la laïcization.
      Il obtint le prix Archon-Desperouses de l'Académie Française (1000 fcs) en 1903 pour son recueil en français Mon Auvergne.
      Il mourut de maladie le 8 janvier 1910.
      Quelques années plus tard, son buste fut inauguré dans un parc d'Aurillac, et des rues portent aujourd'hui son nom à Aurillac, Clermont-Ferrand, Riom e Paris.
      Le chanoine cantalien Jean Mazières (1903-1983) écrivit une thèse très complète et documentée sur la vie et l'œuvre d'Arsène Vermenouze.

      Engagement dans la renaissance d'oc

      Il écrivit tant en français qu'en occitan et d'une manière générale ses textes parurent dans des revues comme L'Avenir du Cantal, l'Indépendant du Cantal, le Moniteur du Cantal, la Croix du Cantal et la Croix cantalienne. Il signait (souvent sous des pseudonymes comme “Jantou” ou “L'Arverne”) des écrits poétiques, satiriques et engagés, qui eurent beaucoup de succès. À partir de 1901 il collabora au Mois littéraire et pittoresque, revue culturelle catholique qui paraissait à Paris.
      Ses premiers écrits en oc datent de 1879 et furent publiés dans la revue L'Avenir du Cantal d'Auguste Bancharel (1832-1889), écrivain d'oc lui aussi. Un ami et un collaborateur très important dans les activités félibréennes de Vermenouze fut l'abbé Francis Courchinoux (1859-1902).
      Il fut encouragé à publier et introduit dans le milieu intellectuel parisien par Jean Ajalbert (1863-1947), écrivain et polémiste, né dans une famille d'origine auvergnate.
      À partir de 1890, il se rapprocha du Félibrige et composa des textes comme le poème « Als felibres, als cigalièrs e als trobaires », ou le manifeste « O touto l'Oubergno » qui appellent les Auvergnats à la défense e à la promotion de la langue, la « lenga d'òc », de concert avec les Gascons et les Provençaux. En 1894 il devint capiscòl de l'Escolo Oubernhato, et l'année suivante il fonda la revue félibréenne Lo Cobreto. En 1900 il fut élu majoral du Félibrige. Il en fut un animateur très actif, au centre des relations avec félibres et érudits dans le Cantal. Il fit pendant près de dix ans des interventions annuelles dans des écoles auvergnates pour parler du Félibrige.
      En 1908, il collabora à une initiative destinée à réunir les Auvergnats de Paris : la fondation de la Veillée d'Auvergne, association et revue littéraire, en parler auvergnat, dans la ligne de Lo Cobreto qui ne paraissait plus.
      Recherché pour ses talents d'orateur et surtout de conteur, il anima des veillées renommées et fut sollicité pour plusieurs manifestations régionalistes.
      Il publia deux recueils en occitan, Flour de Brousso en 1896 et Jous la Cluchado en 1908, récompensés aux Jeux Floraux de Toulouse. Certains poèmes sont inspirés des excursions de l'auteur dans la campagne et de son activité de chasseur ; d'autres mettent en scène la vie de la maisonnée et peint les portraits de personnes de son environnement : famille, domestiques, voisins, etc.
      Ses premiers écrits occitans se présentaient dans une graphie “phonétique”, adressée au lectorat aurillacois, puis à la suite de son rapprochement avec le Félibrige il adopta avec enthousiasme la graphie mistralienne, et finalement d'autres influences l'amenèrent à remplacer celle-ci par la graphie “étymologique” ou “occitane”. En effet, il avait des relations tout-à-fait amicales avec des gens comme Antonin Perbosc (1861-1944) et Prosper Estieu (1860-1939), instituteurs dans les environs de Toulouse et promoteurs d'une graphie inspirée des Troubadours. Pour achever de le convaincre, l'abbé Raymond Four (1877-1918) d'Aurillac avait pris le parti de la graphie “étymologique”. L'abbé aida Vermenouze pour la publication de Jous la Cluchado et il y fit figurer une transcription de chaque poème dans cette graphie, en regard de la version en graphie “phonétique” et de la traduction en français.

      Bilbliographie de l'auteur

      Flour de Brousso, Imprimerie Moderne, Aurillac, 1896. Voir la ressource en ligne sur le site du Cieldoc

      En Plein Vent, Stock, Paris, 1900.

      Mon Auvergne, Plon, Paris, [s.d.].

      Jous la Cluchado, Imprimerie Moderne, Aurillac, 1908. Voir la ressource en ligne sur Occitanica

      Dernières Veillées, Revue des Poètes, Paris, 1911.

      Revue Lo Cobreto. Voir les numéros disponibles en lignes sur Occitanica

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      Arsène Vermenouze es un escrivan del canton d'Orlhac (Naut Auvèrnhe) d'expression lengadociana e francesa. Elegit majoral del Felibritge en 1900, es conegut coma lo "caçaire-poèta", compausant sos poèmas en percorrent lo campèstre.

      Identitat

      Forma referenciala 

      Vermenouze, Arsène 

      Autres formas conegudas 

      Vermenosa, Arsèni

      Poe͏̈ta d'Eitrac, Lo

      Elements biografics

      Nasquèt lo 26 de setembre de 1850 a Vielha d'Eitrac dins una familha de proprietaris terrians. Son instruccion foguèt partatjada entre l'escòla dels Fraires a Orlhac pendent 3 ans e una preceptritz que li donèt lo gost de las letras. Passèt son enfància dins lo campèstre cantalés, amb sos grands, sa maire, sos fraires e sa sòrre. A l'epòca, mantuna familha auvernhata completava sas ressorsas en fasent de comèrci en Espanha. Es atal que Vermenouze rejonhèt son paire a l'atge de 16 ans a Illescas, pròche Toledo, ont tenián una botiga de vins, espècias, teissuts e autras merças. Demorèt mai de quinze ans en "exili", ponctuat de retorns cada dos ans. En 1870 tornèt un temps en França, engatjat volontari dins lo 4en regiment de hussards. A son retorn definitiu d'Espanha, tenguèt un negòci de liquors amb de cosins sieus a Orlhac.

      Aguèt una activitat pro sostenguda de jornalista e polemista, venent amb lo temps prigondament estacat a de valors de fe crestiana e de patriotisme. Republican, èra notament favorable al Ralligament, dins un primièr temps, puèi a l'Accion Francesa a la fin de sa vida aprèp de decepcions republicanas. Lo Ralligament èra una tendéncia a cò dels catolics dins la linha de l'enciclica Au milieu des sollicitudes (1892) del papa Leon XIII en favor de la Republica, a condicion d'abandonar las leis sus la laïcizacion.

      Obtenguèt lo prèmi Archon-Desperouses de l'Académia Francesa (1000 fcs) en 1903 per son recuèlh en francés Mon Auvergne.

      Moriguèt de malautiá lo 8 de genièr de 1910.

      D'unas annadas puèi, son bust foguèt inaugurat dins un pargue d'Orlhac, e d'unas carrièras pòrtan son nom a Orlhac, Clarmont, Riom e París.

      Lo canonge cantalés Jean Mazières (1903-1983) escriguèt una tèsi fòrt completa e documentada sus la vida e l'òbra d'Arsène Vermenouze.

      Engatjament dins la renaissença d'oc

      Escriguèt tant en francés coma en occitan e d'un biais general sos tèxtes pareguèron dins de revistas coma L'Avenir du Cantal, l'Indépendant du Cantal, lo Moniteur du Cantal, la Croix du Cantal e la Croix cantalienne. Signava (sovent jos de pseudonims coma “Jantou” o “L'Arverne”) d'escriches poetics, satirics e engajats, qu'aguèron fòrça succès. A partir de 1901 collaborèt al Mois littéraire et pittoresque, revista culturala catolica que pareissiá a París.

      Sos primièrs escriches en òc datan de 1879 e foguèron publicats dins la revista L'Avenir du Cantal d'Auguste Bancharel (1832-1889), escrivan d'òc el tanben. Un amic e un collaborator fòrça important dins las activitats felibrencas de Vermenouze foguèt l'abat Francis Courchinoux (1859-1902).

      Foguèt encoratjat a publicar e introdusit dins lo mitan intellectual parisenc per Jean Ajalbert (1863-1947), escrivan e polemista, nascut dins una familha d'origina auvernhata.

      A partir de 1890, se raprochèt del Felibritge e compausèt de tèxtes coma lo poèma « Als felibres, als cigalièrs e als trobaires », o lo manifest « O touto l'Oubergno » qu'apèlan los Auvernhats a la defensa e a la promocion de la lenga, la « lenga d'òc », de concèrt amb los Gascons e los Provençals. En 1894 venguèt capiscòl de l'Escolo Oubernhato, l'annada seguenta fondèt la revista felibrenca Lo Cobreto. En 1900 foguèt elegit majoral del Felibritge. Foguèt un animator fòrça actiu del Felibritge, al centre de las relacions amb felibres e erudits dins lo Cantal. Faguèt pendent gaireben un decenni d'intervencions annadièras dins d'escòlas auvernhatas per parlar del Felibritge.

      En 1908, collaborèt a una iniciativa destinada a acampar los Auvernhats de París : la fondacion de la Veillée d'Auvergne, associacion e revista literària, en parlar auvernhat, dins la dralha de Lo Cobreto que pareissiá pas mai.

      Recercat per sos talents d'orator e subretot de contaire, animèt de velhadas famosas e foguèt sollicitat dins mantuna manifestacion regionalista.

      Publiquèt dos recuèlhs en occitan, Flour de Brousso en 1896 e Jous la Cluchado en 1908, recompensats als Jòcs Florals de Tolosa. D'unes poèmas son inspirats de las escapadas de l'autor dins lo campèstre e de son activitat de caçaire ; d'autres meton en scèna la vida de l'ostalada e pintra los retraches de personatges de son environa : familha, domestics, vesins, etc.

      Sos primièrs escriches occitans èran dins una grafia “fonetica”, adreçada al lectorat orlhagués, puèi a la seguida de son raprochament amb lo Felibritge adoptèt amb entosiasme la grafia mistralenca, e fin finala d'autras influéncias lo menèron a remplaçar aquesta per la grafia “etimologica” o “occitana”. En efièch, aviá de relacions pro amicalas amb de mond coma Antonin Perbosc (1861-1944) e Prosper Estieu (1860-1939), institutors dins lo ròdol de Tolosa e promotors d'una grafia inspirada dels Trobadors. Per acabar de lo convéncer, l'abat Raymond Four (1877-1918) d'Orlhac aviá pres lo partit de la grafia “etimologica”. L'abat ajudèt Vermenouze per la publicacion de Jous la Cluchado e i faguèt figurar una transcripcion de cada poèma dins aquesta grafia, en regard de la version en grafia “fonetica” e de la traduccion en francés.

      Bibliografia de l'autor

      Flour de Brousso, Imprimerie Moderne, Aurillac, 1896. Voir la ressource en ligne sur le site du Cieldoc

      En Plein Vent, Stock, Paris, 1900.

      Mon Auvergne, Plon, Paris, [s.d.].

      Jous la Cluchado, Imprimerie Moderne, Aurillac, 1908. Voir la ressource en ligne sur Occitanica

      Dernières Veillées, Revue des Poètes, Paris, 1911.

      Revue Lo Cobreto. Voir les numéros disponibles en lignes sur Occitanica

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      Joseph Roux est un prêtre du canton de Tulle, en Corrèze. Il est connu avant tout comme l'auteur d'un recueil en français, Pensées, qui l'a rendu célèbre en France et à l'étranger. Il se consacre ensuite à la renaissance limousine en participant activement au Félibrige. Ses œuvres principales en occitan sont la Chansou Lemouzina et la Grammaire Limousine.

      Identité

      Formes référentielles 

      Roux, Joseph (1834-1905)

      Éléments biographiques

      Joseph Roux est né le 19 avril 1834 à Tulle, dernier venu d'une fratrie nombreuse, fils d'un cordonnier plutôt aisé.

      Destiné tôt au clergé, il commence son parcours d'écolier chez les Frères de Tulle, puis il passe au Petit Séminaire de Servières-le-Château, au Collège de Tulle, au Petit Séminaire de Brive et enfin au Grand Séminaire de Tulle.

      Il présente « un goût profond pour les auteurs classiques et pour le latin », selon les mots de Joseph Nouaillac1.

      Il est ordonné prêtre en 1858. Il est professeur au Petit Séminaire de Brive pendant quelque temps mais la situation ne lui convient pas et il obtient le poste de vicaire à Varetz. Il écrit ses Hymnes et Poésies en l'Honneur de la Vierge Marie (publiés en 1865). En 1864 il est nommé à Saint-Sylvain, localité qui ne lui agrée pas mais où il lui faudra pourtant rester douze longues années dans l'isolement. L'endroit est décrit par Nouaillac comme un fond de vallée encaissée, austère et sombre. Il se met à remplir des cahiers de pensées et maximes qui feront l'objet d'une brochure en 1866 sous le titre Pensées (maximes, études, images).

      En 1870, pour se sortir de Saint-Sylvain, il accepte un poste de précepteur en Normandie, qu'il lui faut laisser au bout de quelques mois à cause de la guerre.

      Il revient à Saint-Sylvain jusqu'en 1876, date à laquelle il obtient enfin une autre place de prêtre à Saint-Hilaire-Peyrou. C'est durant ces années qu'il commence à se consacrer sérieusement à des études sur la langue et à sa production littéraire en occitan.

      En 1885, les Pensées sont publiées à Paris. C'est Paul Mariéton2 qui, dans un premier temps, fait paraître les pensées et maximes dans la Revue Lyonnaise (entre autres) et devant le succès, entreprend une sélection qui sera publiée en recueil chez Lemerre. La renommée de Roux ne se fait pas attendre dans le milieu intellectuel français et international, globalement plutôt bienveillant. Des noms comme Ernest Renan (1823-1892, homme de lettres), Francisque Sarcey (1827-1899, critique et journaliste), Elme Caro (1826-1887, philosophe et critique littéraire), Félicien Champsaur (1858-1934, journaliste) ou Jules Lemaître (1853-1914, critique et écrivain) ont signé des conférences et articles sur le recueil et sur son auteur. Les Pensées furent traduites en anglais et étudiées en Allemagne. Un Prix Montyon de 1500 francs lui est remis en 1886 par l'Académie Française. Un "bémol", toutefois : le chapitre sur les paysans est jugé trop sévère, dans le milieu "bien-pensant", de la part d'un homme de Dieu. Pour certains commentateurs, il révèle plutôt une vision réaliste et lucide pas si dédaigneuse.

      En 1886 il est nommé chanoine de Tulle. Sa volonté de devenir évêque ne sera jamais satisfaite.

      Les Nouvelles Pensées, constituées en substance de ce que Mariéton n'avait pas sélectionné pour le premier recueil, paraissent en 1887, et leur réception plutôt négative a un goût amer pour Roux qui s'investit toujours plus dans les activités félibréennes.

      En 1897 il obtient la croix de la Légion d'Honneur.

      Il meurt de maladie (grippe ou bronchopneumonie), à Tulle, le 4 février 1905.

      Une plaque commémorative a été posée sur sa maison. Un médaillon façonné par la sculptrice et graveuse Geneviève Granger-Chanlaine (1877-1967) a été inauguré en 1934. Quelques années avant sa mort, son portrait a été peint par les sœurs Cécile et Marie Desliens (artistes peintres, respectivement 1853-1937 et 1856-1938) et exposé au Salon de 1901 de la Société Nationale des Beaux-Arts à Paris3.

      Dans son article « Histoire d'un curé de campagne », Jean Nesmy4 évoque le climat maussade et l'environnement triste qui auraient fait de Roux un enfant puis un homme grave, sérieux. L'abbé est généralement décrit comme un homme imposant, haut, large d'épaules, au regard clair et la voix puissante. Ses ambitions et son franc-parler, ainsi que sa notoriété, ne sont pas du goût de tout le monde et il en souffrira toute sa vie.

      Engagement dans la renaissance d'oc

      Il connaît la langue depuis toujours, il connaît aussi les proverbes et les légendes du pays, entendus dans la rue et dans la campagne, pendant son enfance comme pendant sa carrière de prêtre. Il s'essaie de bonne heure à la versification en français, en occitan mais aussi en latin et toute sa vie durant il ressent le besoin d'écrire. C'est ainsi qu'en 1874, il présente à l'occasion du Vème centenaire de la mort de Pétrarque à Avignon un sonnet en occitan qui sera couronné. Il rencontre alors Mistral, Roumanille, Aubanel et d'autres félibres qui l'encouragent à continuer. En 1976 il est élu Majoral du Félibrige (« Cigale du Limousin »). Il participe aux fêtes latines de Montpellier en 1878.

      Depuis les années 1870, Joseph Roux est largement publié dans les revues locales de Corrèze, mais pas seulement, et ses écrits en français et en occitan sont connus des lecteurs de la Revue des Langues Romanes, la Revue Lyonnaise, la Revue du Monde Latin, la Revue félibréenne, la Gazette d'Augsbourg et d'autres encore. Dans la Revue des Langues Romanes, ont été publiés entre autres les premiers épisodes de son « épopée », la Chansou Lemouzina, qui seront récompensés en 1882 du rameau vert de laurier à Montpellier.

      La Chansou Lemouzina, publiée en 1889, est composée de vingt-quatre poèmes lyriques, chacun peignant un épisode de l'histoire ou du légendaire du bas-Limousin depuis le Vème jusqu'au XIXème siècle (à noter que l'héroïne de « Marguerite Chastang » est sa propre mère). Les félibres limousins n'hésitent pas à comparer Roux à Mistral, et la Chansou à Mirèïo ou Calendal.

      L'abbé recevra plusieurs autres récompenses au cours de sa carrière, aux Jeux Floraux d'Avignon, Apt, Forcalquier ou encore au concours de la Société Archéologique de Béziers (médaille d'argent en 1877 et en 1878).

      Sa littérature compte aussi des poèmes, des fables, une série de Rustiques (textes en français qui mettent en scène les usages populaires et les croyances du Limousin) pour la plupart publiés dans la presse ou restés manuscrits. On peut ajouter des énigmes et proverbes collectés et publiés.

      En 1893 il participe à la création de l'École Limousine à Brive et il en devient le capiscòl. La société parisienne la Ruche Corrézienne vient d'être créée aussi et ses membres sont en relation étroite avec les félibres de la province. Roux collabore à la revue Lemouzi, organe de l'école. D'autres écoles naissent dans les villes alentours et forment une fédération d'écoles limousines dont Roux sera le chaptal. La Sainte-Estelle de 1895 est organisée à Brive. Joseph Roux, admiré pour son esprit combatif, sert de figure tutélaire à la renaissance limousine portée par un groupe de félibres enthousiastes. On peut citer entre autres Sernin Santy (1850-1906), un des fondateurs du Félibrige limousin et de la revue ; Johannès Plantadis (1864-1922), historien et ethnologue, animateur de la Ruche Corrézienne à Paris ; Marguerite Genès (1868-1955), institutrice et poétesse ; Eusèbe Bombal (1827-1915), érudit, archéologue et écrivain ; plus récemment Robert Joudoux (1939-2016), homme de lettres, directeur de Lemouzi.

      L'abbé s'est investi de bonne heure dans ce qu'il considérait comme un travail d'épuration de la langue nécessaire après des siècles de dégâts causés par l'influence du français, tant dans la graphie que dans le vocabulaire. Il étudie des textes anciens et en particulier les textes des troubadours, en raison d'une origine limousine historique prêtée aux premiers troubadours. Il collecte aussi de la matière dans le parler de ses contemporains : proverbes, énigmes (« sourcelages » selon son mot), légendes et autres. À partir de ses observations, il reconstitue une graphie inspirée de celle des textes médiévaux et s'efforce de retirer tout emprunt au français.

      Cette tâche donne lieu d'une part à une Grammaire Limousine, qui paraît d'abord par morceaux dans la revue Lemouzi avant de faire l'objet d'une édition en 1895, et à un dictionnaire de l'ambition du Trésor du Félibrige, la Lengua d'Aur, resté à l'état de manuscrit. Dans une lettre à Plantadis datée du 21 février 19055, Mistral témoigne de sa reconnaissance à Roux, pour le prêt de son manuscrit comme contribution au Trésor. Certains commentateurs du travail de Roux le voient comme un précurseur, avec Auguste Fourès (1848-1891) et même Mistral, de la graphie élaborée par Antonin Perbosc (1861-1944) et Prosper Estieu (1860-1939). L'abbé Joseph Salvat (1889-1972) dit : « Ce que Mistral avait entrevu, ce que Roux avait entrepris, Estieu et Perbosc, nos maîtres de l'Escola Occitana, l'ont réalisé »6. Mais une telle entreprise ne peut pas faire l'unanimité, et Nesmy évoque les détracteurs accusant l'abbé de créer une langue littéraire et fictive, que le peuple ne pourra pas lire ni comprendre. Le Félibrige limousin soutient l'abbé dans sa démarche, les détracteurs sont probablement plutôt des limousins extérieurs au Félibrige, ou éventuellement des gens, félibres ou non, étrangers au Limousin. La graphie dite mistralienne a fait son chemin et est très populaire dans l'espace occitan, adaptée ici et là dans son application. Cependant l'abbé Roux est aujourd'hui retenu comme un des acteurs de la construction graphique de l'occitan.


      1-« Joseph Roux et la renaissance limousine », Lemouzi, 1905, p. 75. Joseph Nouaillac (1880-1947) fut professeur et historien spécialiste du Limousin.
      2-Paul Mariéton (1862-1911), poète, félibre, fondateur de la Revue Félibréenne.
      3-L'Intransigeant, 22 avril 1901, pp. 1 e 3.
      4-La Revue hebdomadaire, 1905, n°27, pp. 167-195. Jean Nesmy est le pseudonyme de Henry Surchamp (1876-1959), écrivain régionaliste.
      5-Reproduite dans Lemouzi, 1905, p. 102.
      6-Lo Gai Saber, numéro spécial, avril 1934, n°114, p. 379.

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      Joseph Roux es un clèrgue del canton de Tula, en Corrèsa. Es conegut primièr coma l'autor d'un recuèlh en francés, Pensées, que l'a rendut famós en França e a l'estrangièr. Se consacra puèi a la renaissença lemosina en participant activament al Felibritge. Sas òbras màgers en occitan son la Chansou Lemouzina e la Grammaire Limousine.

      Identitat 

      Formas referencialas 

      Roux, Joseph (1834-1905)

      Elements biografics

      Joseph Roux es nascut lo 19 d'abril de 1834 a Tula, darrièr vengut d'una frairia nombrosa, filh d'un sabatièr puslèu aisat.

      Destinat d'ora al clergat, comença son percors d'escolan en cò dels Fraires de Tula, puèi passa al Pichon Seminari de Serviera, al Collègi de Tula, al Pichon Seminari de Briva e enfin al Grand Seminari de Tula.

      Presenta « un gost prigond per los autors classics e per lo latin », segon los mots de Joseph Nouaillac1.

      Es ordonat prèire en 1858. Fa lo professor al Pichon Seminari de Briva pendent un temps mas la situacion li conven pas e obten la posicion de vicari a Vares. Escriu sos Hymnes et Poésies en l'Honneur de la Vierge Marie (publicats en 1865). En 1864 es mandat coma prèire a Sent Silvan, localitat que li sembla pas tròp gaujosa mas ont li caldrà demorar dotze longas annadas dins l'isolament. L'endrech es descrich per Nouaillac coma un fond de valada encaissat, austèr e sorn. Comença d'emplenar de quasèrns de pensadas e maximas que faràn l'objècte d'una brocadura en 1866 jos lo títol Pensées (maximes, études, images).

      En 1870, per se sortir de Sent Silvan, accepta un pòste de preceptor en Normandia, que li cal quitar al cap d'unes meses per causa de la guèrra.

      Torna a Sent Silvan fins a 1876, data a la quala obten enfin una autra plaça de prèire a Sent Alari Peiros. Es dins aquelas annadas que comença de se consacrar seriosament a d'estudis sus la lenga e a sa produccion literària en occitan.

      En 1885, las Pensées son publicadas a París. Es Paul Mariéton2 que, dins un primièr temps, fa paréisser las pensadas e maximas dins la Revue Lyonnaise (entre autre) e davant lo succès, entrepren una seleccion publicada en recuèlh a cò de Lemerre. La renommada de Roux se fa pas esperar dins lo mitan intellectual francés e internacional, globalament puslèu benvolent. De noms coma Ernest Renan (1823-1892, òme de letras), Francisque Sarcey (1827-1899, critic e jornalista), Elme Caro (1826-1887, filosòf e critic literari), Félicien Champsaur (1858-1934, jornalista) o Jules Lemaître (1853-1914, critic e escrivan) an signat conferéncias e articles sul recuèlh e sus son autor. Las Pensées foguèron traduchas en anglés e estudiadas en Alemanha. Un Prèmi Montyon de 1500 francs li es remés en 1886 per l'Académia Francesa. Un "bemòl", pasmens : lo capítol suls païsans es jutjat tròp sevèr, dins lo mitan "ben-pensant", de la part d'un òme de Dieu. Per d'unes comentators, revèla puslèu una vision realista e lucida pas tant desdenhosa.

      En 1886 es nommat canonge de Tula. Sa volontat de venir evesque serà pas jamai satisfacha.

      Las Nouvelles Pensées, constituïdas en substància de çò que Mariéton aviá daissat de caire per lo primièr recuèlh, pareisson en 1887, e lor recepcion puslèu negativa a un gost amar per Roux que s'investís que mai dins las activitats felibrencas.

      En 1897 obten la crotz de la Legion d'Onor.

      Morís de malautiá (gripa o broncho-pneumonia), a Tula, lo 4 de febrièr de 1905.

      Una placa comemorativa es estada pausada sus son ostal. Un medalhon fargat per l'escultora e gravaira Geneviève Granger-Chanlaine (1877-1967) es estat inaugurat en 1934. Qualques annadas abans sa mòrt, son retrach es pintrat per las sòrres Cécile e Marie Desliens (artistas pintras, respectivament 1853-1937 e 1856-1938) e expasaut al Salon de 1901 de la Société Nationale des Beaux-Arts a París3.

      Dins son article « Histoire d'un curé de campagne », Jean Nesmy4 evòca lo climat sorn e l'environament triste qu'aurián fach de Roux un enfant puèi un òme grèu, seriós. L'abat es generalament descrich coma un òme impausant, naut, larg d'espatlas, de l'agach clar e de la votz fòrta. Sas ambicions amb son franc-parlar, tal coma sa notorietat, son pas del gost de tot lo mond e se ne ressentirà tota sa vida.

      Engatjament dins la renaissença d'oc

      Coneis la lenga dempuèi totjorn, coneis tanben los provèrbis e las legendas del canton, ausits dins la carrièra e dins lo campèstre, pendent son enfància coma pendent sa carrièra de prèire. S'assaja d'ora a la versificacion en francés, en occitan emai en latin e tota sa vida durant sentís lo besonh d'escriure. Es aital qu'en 1874, presenta a l'escasença del Ven centenari de la mòrt de Petrarca a Avinhon un sonet en occitan que serà coronat. Rescontra alara Mistral, Roumanille, Aubanel e d'autres felibres que l'encoratjan a contunhar. En 1976 es elegit Majoral del Felibritge (« Cigala del Lemosin »). Participa a las fèstas latinas de Montpelhièr en 1878.

      Dempuèi las annadas 1870, Joseph Roux es largament publicat dins las revistas localas de Corresa, mas pas solament, e sos escriches en francés e en occitan son coneguts dels legeires de revistas coma la Revue des Langues Romanes, la Revue Lyonnaise, la Revue du Monde Latin, la Revue félibréenne, la Gazette d'Augsbourg e d'autras encara. Dins la Revue des Langues Romanes, son estats publicats entre autres los primièrs episòdis de son « epopèa », la Chansou Lemouzina, que seràn recompensats en 1882 del ramèl vèrd de laurèl a Montpelhièr.

      La Chansou Lemouzina, publicada en 1889, es compausada de vint-e-quatre poèmas lirics que cadun pintra un episòdi de l'istòria o del legendari del bas Lemosin dempuèi lo sègle V fins al sègle XIX (de notar que l'eroïna de « Marguerite Chastang » es sa pròpria maire). Los felibres lemosins esiton pas a comparar Roux a Mistral, e la Chansou a Mirèïo o Calendal.

      L'abat reçauprà mantuna autra recompensa al cors de sa carrièra, als Jòcs Florals d'Avinhon, Ate, Forcauquier o encara al concors de la Societat Arqueologica de Besièrs (medalha d'argent en 1877 e en 1878).

      Sa literatura compta encara de poèmas, de faulas, una seria de Rustiques (tèxtes en francés que meton en scèna los usatges populars e las cresenças del Lemosin) per la màger part publicats dins la premsa o demorats manescriches. Se pòdon apondre d'enigmas e provèrbis collectats e publicats.

      En 1893 participa a la creacion de l'Escòla Lemosina a Briva e ne ven lo capiscòl. La societat parisenca la Ruche Corrézienne ven de se crear tanben e sos sòcis son en relacion estrecha amb los felibres de la província. Roux collabòra a la revista Lemouzi, organ de l'escòla. D'autras escòlas nàisson dins las vilas a l'entorn e fòrman una federacion d'escòlas lemosinas que Roux ne serà lo chaptal. La Santa Estela de 1895 s'organiza a Briva. Joseph Roux, admirat per son esperit combatedor, servís de figura tutelària a la renaissença lemosina portada per un grop de felibres entosiastes. Se pòdon nommar entre autres Sernin Santy (1850-1906), un dels fondators del felibritge lemosin e de la revista ; Johannès Plantadis (1864-1922), istorian e etnològ, animator de la Ruche Corrézienne a París ; Marguerite Genès (1868-1955), institutritz e poetessa ; Eusèbe Bombal (1827-1915), erudit, arqueològ e escrivan ; mai recentament Robert Joudoux (1939-2016), òme de letras, director de Lemouzi.

      L'abat s'es investit d'ora dins çò que considerava coma un trabalh d'epuracion de la lenga necessari aprèp de sègles de degalhs causats per l'influéncia del francés, tant dins la grafia coma dins lo vocabulari. Estúdia de tèxtes ancians e en particular los tèxtes dels trobadors, pr'amor d'una origina lemosina istorica prestada als primièrs trobadors. Collècta tanben de matèria dins lo parlar de sos contemporanèus, provèrbis, enigmas (« sourcelages » segon son mot), legendas e autres. A partir de sas observacions, torna bastir una grafia inspirada de la dels tèxtes medievals e s'esfòrça de levar tot manlèu al francés.

      Aquela tasca dona luòc d'una part a una Grammaire Limousine, que pareis primièr per tròces dins la revista Lemouzi abans de far l'objècte d'una edicion en 1895, e a un diccionari de l'ambicion del Tresor dóu Felibrige, la Lengua d'Aur, demorat a l'estat de manescrich. Dins una letra a Plantadis datada del 21 de febrièr de 19055, Mistral testimònia de sa reconeissença a Roux, per lo prèst de son manescrich coma contribucion al Tresor. D'unes comentators del trabalh de Roux lo veson coma un precursor, amb Auguste Fourès (1848-1891) emai amb Mistral, de la grafia elaborada per Antonin Perbosc (1861-1944) e Prosper Estieu (1860-1939). L'abat Joseph Salvat (1889-1972) ditz : « Çò que Mistral aviá entrevist, çò que Roux aviá entrepres, Estieu e Perbosc, nòstres mèstres de l'Escola Occitana, l'an realizat »6. Mas una tala entrepresa pòt pas far l'unanimitat, e Nesmy evòca los detractors acusant l'abat de crear una lenga literària e fictiva, que lo pòble poirà pas legir e comprene. Lo Felibritge lemosin sosten l'abat dins sa demarcha, los detractors son probablament puslèu de lemosins fòra lo Felibritge, o eventualament de mond, felibres o pas, fòra Lemosin. La grafia dicha mistralenca a fach son camin e es plan populara dins l'espaci occitan, adaptada d'aicí d'alai dins son aplicacion. Pasmens l'abat Roux es encara a l'ora d'ara retengut coma un dels actors de la construccion grafica de l'occitan.


      1-« Joseph Roux et la renaissance limousine », Lemouzi, 1905, p. 75. Joseph Nouaillac (1880-1947) foguèt professor e istorian especialista del Lemosin.
      2-Paul Mariéton (1862-1911), poèta, felibre, fondator de la Revue Félibréenne.
      3-L'Intransigeant, 22 d'abril de 1901, pp. 1 e 3.
      4-La Revue hebdomadaire, 1905, n°27, pp. 167-195. Jean Nesmy es lo pseudonim de Henry Surchamp (1876-1959), escrivan regionalista.
      5-Reproducha dins Lemouzi, 1905, p. 102.
      6-Lo Gai Saber, numero especial, abril de 1934, n°114, p. 379.

      Bibliografia de l'autor

      Monografias :

      - Hymnes et poèmes en l'honneur de la Vierge Marie, Putois-Cretté, Paris, 1865.

      - Pensées (maximes, études, idées), 1866.

      - Sourcelages lemouzis : Énigmes limousines, Maisonneuve, Paris, 1877.

      - Proverbes bas-lemouzis, E. Karras, Halle, 1883. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica.

      - Pensées, A. Lemerre, Paris, 1885.

      - Nouvelles Pensées, A. Lemerre, Paris, 1887.

      - La Chansou Lemouzina, A. Picard, Tulle, 1889.

      - Grammaire Limousine, Lemouzi, Brive, 1895.

      Manescriches :

      - Fablas tulencas, manescriches de la Société des Langues Romanes conservats a la Bibliotèca Interuniversitària de Montpelhièr, H 672-01. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica.

      - Lou Grand Flourege, sonet, manescriches de la Société des Langues Romanes conservats a la Bibliotèca Interuniversitària de Montpelhièr, H 672-02. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica.

      - Transcripcion d'un tèxt del sègle XV, extrach de l'ancian fons de la Catedrala de Tula. Manescriches de la Société des Langues Romanes conservats a la Bibliotèca Interuniversitària de Montpelhièr, H637-01. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica.

      - Fons Joseph Roux (10 F) dels Archius Departamentals de Corresa, que conten entre autre lo diccionari del bas-lemosin en mantun volum La Lengua d'Aur. Véser l'inventari numeric sul site dels archius.

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    • MARIETON Paul, Un félibre limousin : Joseph Roux, Pitrat, Paris, 1883. Véser la ressorsa en linha sus Gallica
    • LABORDE Raymond, « Joseph Roux », dins Lemouzi, 1897, pp. 286-287. Véser la ressorsa en linha sus Gallica 
    • AYRAUD-DEGEORGES H., « Le Salon de 1901, Société nationale des Beaux-Arts », dins L'Intransigeant, 22 d'abril de 1901, pp. 1 e 3. Véser la ressorsa sus Gallica 
    • MICHAUD Édouard, « Joseph Roux », dins Limoges Illustré, 1905-07-01, pp. 1833-1835. Véser la ressorsa en linha sus Gallica 
    • Lemouzi, numero especial, 1905, pp. 73-138. Véser la ressorsa en linha sus Gallica 
    • DE NUSSAC Louis, « Le chanoine Joseph Roux. Poète, penseur, philologue, félibre », dins lo Bibliophile limousin, 1905, pp. 108-113. Véser la ressorsa en linha sus Gallica 
    • NESMY Jean, « Histoire d'un curé de campagne », dins la Revue Hebdomadaire, 1905, n°27 pp. 167-195. Véser la ressorsa sus Gallica 
    • Lo Gai Saber, numero especial, abril de 1934, n°114, pp. 375-389. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica 
    • NOUAILLAC Joseph, « Joseph Roux, penseur et félibre (1834-1905) », dins lo Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze, 1935. Primièra partida, pp. 33-70 : véser la ressorsa en linha sus Gallica. Segonda partida, pp. 100-122 : véser la ressorsa en linha sus Gallica. 
    • JOUDOUX Robert, « Joseph Roux. Félibre, penseur et poète » dins lo Bulletin de l'Association Guillaume Budé, 1969, n°2, pp.267-276. Véser la ressorsa en linha sul site Persée
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      Jacques Libérat Prunac, dit Mèstre Prunac (1787-1865), boulanger à Sète (alors orthographié Cette), fait partie de cette noria de poètes locaux d’expression occitane de l’époque préfélibréenne, qui n’ont généralement pas connu la notoriété, faute d’avoir vu leur œuvre intégrée à un groupe ou une école artistique à même de la valoriser et de lui donner de l’écho. Certains d’entre eux n’ont même pas été publiés de leur vivant, d’autres se sont offert ou vu offrir comme un cadeau d’adieu une édition de leurs œuvres complètes à la fin de leur vie. Ceux qui, comme Jasmin, Verdié, Reboul ou Gelu ont connu la reconnaissance au point de faire école dans leur ville et au-delà, ont bénéficié d’un contexte favorable, d’un entourage qui les y a aidés, d’un milieu éditorial propice ou tout simplement ont su faire montre d’un sens de l’autopromotion plus développé que les autres. Ils écrivaient généralement dans une graphie plus ou moins phonétique, utilisant les normes graphiques du français pour transcrire les sons de la langue occitane. Appartenant à des générations antérieures à celles des premiers félibres, ces auteurs sont souvent influencés par des sources antérieures, tout en étant très marqués idéologiquement, quelque soit le camp auquel ils appartiennent.

      Identité

      Formes référentielles

      Libérat, Jacques (1787-1865)

      Autres formes du nom

      - Libérat Prunac, Jacques (variante du nom)

      - Mestre Prunac (pseudonyme)

      - Méstré Prunac (pseudonyme)

      Éléments biographiques

      Nous ne savons pratiquement rien sur Jacques Libérat Prunac, né le 20 décembre 1787 à Sète où il est mort le 28 novembre 1865. Il exerçait la profession de boulanger dans sa ville, et écrivait - en français d’abord, puis en occitan, nous dit-il lui-même - à côté de son activité professionnelle, pendant son peu de temps de loisir. Dans la préface de ses œuvres complètes, publiées en 1861 chez l’imprimeur-libraire Gras à Montpellier, Las Fougassas de Mestré Prunac, boulangé dé Cetta, Prunac prend un ton qui n’est pas sans rappeler celui de Jasmin dans Mous Soubenis pour nous dépeindre la misère de son existence. Mais ne s’agit-il pas ici d’un topos narratif, dont des expressions pouvant évoquer des lieux communs « le pain noir de l’adversité », « au calice de mes amertumes », « quelques larmes de miel », « mes tristesses et mes douleurs » ? Il n’est pas aisé de répondre à cette question. Si l’on en croit ce qu’il a voulu transmettre de lui-même à son lectorat, Prunac connut donc dans son activité de boulanger les affres de la misère. Manifestement habité d’une profonde foi catholique, et appartenant probablement à des milieux que l’on pourrait qualifier de conservateurs. S’il a commencé, de son propre aveu, par écrire en français, Prunac s’est semble-t-il assez vite tourné vers la langue d’oc,

      ... notre idiome patois, langue si gracieuse et si pittoresque, langue de mon pays, que j'ai begayée sur les genoux de ma mère au sortir de mon berceau, langue qui m'a toujours été, depuis, aussi douce que familière.

      Il est intéressant de noter que, si l’appellation « patois » apparaît sous sa plume, Prunac considère bien le parler d’oc de Sète comme une « langue ». Il l’appelle également « languedocien » (le parler sétois étant transitoire entre le languedocien oriental et le provençal maritime). La référence à la mère, à l’affect lié aux sonorités de la terre natale, font partie des topoï les plus courants dans les textes des écrivains occitans de cette époque, et encore longtemps après. Prunac ne se prive pas, dans son A mous lectous, de déplorer le recul - déjà - de l’occitan à Sète au milieu du XIXe siècle :

      Dé parlà ben patoués n’és pa caouza facila,
      Yoï lou parlan papus couma d’aou ten passat ;
      Aquel poulit lengagé a prés lo toun dé villa,
      Per trop se rafinà s’és tout despatouézat.
      Rétrouvayen papus sa lengua marternèlla,
      Sé das mors d’ancien ten né révéniè quaoucun ;
      Trouvayen qué dé mescla en plaça dé touzella,

      Les textes de Prunac oscillent entre humour et nostalgie, avec un ton généralement moralisateur, empreint de bienséance, parfois franchement misogyne, mais essayant d’être « badines » selon l’expression de l’auteur. Prunac n’a réuni ses œuvres qu’à la fin de sa vie, mais nous les connaissons aussi - tant ses pièces françaises qu’occitanes - par un recueil manuscrit conservé au CIRDOC, contenant les poèmes du boulanger, transcrits par son neveu F. Prunac et dédiées à la petite-fille de Mestre Prunac, Rosalie. Prunac cite parmi les gens l’ayant encouragé à écrire en occitan Auguste Mallié, auteur occitan sétois, que nous connaissons par la présence de ses œuvres dans l’Armanac Cetori, l’organe félibréen de « l’île singulière » à la fin du XIXe siècle, et son neveu l’abbé A. Bousquet, « aumônier », dont une pièce occitane est placée à la suite de l’introduction de l’édition de 1861.

      Engagement dans la renaissance d'oc

      Prunac a dédié un poème à Joseph Roumanille, dans lequel il exprime clairement qu’il connaît l’existence du félibrige provençal, et qu’il se sent attiré par cette société de poètes occitans visant à remettre en honneur la langue d’oc. Prunac est d’ailleurs cité par Mistral dans le Trésor du Félibrige. Prunac exprime son désir que son œuvre à lui, cantayré dé routina/Doun tout l’ar es lou naturel parvienne jusqu’aux félibres :

      Ah ! sé din toun por arrivavou,
      O felibré ! é sé t’agradavou,
      Quinté bonur séyé lou siou !

      Mais Prunac, qui a manifestement assisté à une séance du Félibrige à Nîmes, où Roumanille fut couronné de fleurs blanches par trois félibres, n’a manifestement pas été félibre lui-même. Peut-être était-il déjà trop âgé, ou trop occupé par ses activités. Toujours est-il qu’à la différence d’autres auteurs de l’époque pré-félibréenne, il fut informé de la naissance du mouvement, qu’il compare dans ses vers à un arc-en-ciel, en conçut de la joie et s’identifia pleinement à ce retour du printemps de la langue occitane.

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      Félix Gras, Auguste Fourès, Noël Blache, Prosper Estieu ont, à des époques différentes, tous été qualifiés de « félibre rouge ». À leur engagement de félibres en faveur du renouveau de la langue occitane (avec parfois des opinions fédéralistes assumées) à des convictions républicaines non moins affirmées. Souvent partisans de la laïcité, de l’éducation pour tous, sensibles aux conditions de travail des classes laborieuses, ces félibres ont souvent transposé leur vision du monde dans l’histoire occitane, sur laquelle ils ont parfois porté un regard teinté de leurs opinions. Pour Fourès, comme pour Gras, c’est ainsi l’épopée de la Croisade contre les Albigeois, revue à travers le regard de leur temps et de leur bagage, qui a cristallisé leur attention, au risque d’ailleurs d’opposer au roman national historique français, qui se constituait à la même époque, un autre roman national guère plus dégagé de parti-pris idéologique. En plus de son activité de quincailler, Fourès donna toute sa (courte) vie l’impression de se démultiplier : journaliste en français dans plusieurs journaux, élu politique, fondateur de revues, félibre majoral, il fut incontestablement un des acteurs les plus prolifiques de la renaissance d’oc.

      Identité

      Formes référentielles

      Fourès, Auguste (1848-1891)

      Autres formes du nom

      - Fourès, Aguste
      - Forés, August

      Élements biografiques

      Auguste Fourès, fils du juge de commerce Jean-François Fourès et d’une mère propriétaire d’une quincaillerie, est né le 8 avril 1848 à Castelnaudary, capitale du Lauragais. Attiré par le monde des Lettres et l’écriture, précocément gagné aux idées républicaines, il commence à écrire dans plusieurs journaux du Midi, tous d’orientation républicaine : L’Entracte (Toulouse, à partir de 1866), L’Investigateur (Toulouse, à partir de 1867), Méphistophélès, « journal charivarique et satirique de Toulouse », à partir de 1868, Le Midi Artiste, toujours de Toulouse, puis La Fraternité de Carcassonne et L’Écho de Marseille en 1870. Il fondera en 1887 Le Petit Toulousain, organe républicain lié à La Dépêche du Midi, dont il assurera la direction et qui disparaîtra avec lui à sa mort, en 1891. Candidat aux élections municipales de sa commune, il devient en 1878 adjoint au maire de Castelnaudary avant de démissionner deux ans plus tard, lassé semble-t-il par l’incurie de l’équipe municipale. C’est à cette époque qu’il rencontre le poète et journaliste Louis-Xavier de Ricard, récemment installé à Montpellier et converti à l’histoire du Languedoc par les écrits de Napoléon Peyrat, avec qui il fonde en 1878 L’Armana de la Lauseta, almanach félibréen, et développe l’idée de félibrige républicain, ou « félibrige rouge ». Il est inutile de préciser que cette approche du félibrige ne sera pas sans provoquer oppositions et grincements de dents au sein de l’institution. Après avoir été même poussé à la démission, Fourès réintègre le Félibrige et devient même majoral en 1881, Cigalo de la Libertat.
      Fourès commence par écrire l’occitan - le sous-dialecte languedocien est-toulousain du Lauragais - avec sa propre graphie, une graphie « patoisante ». Il se formera année après année aux normes graphiques prônées par le Félibrige. Employant un occitan local mais de bonne facture, Fourès est adepte d’un style simple et raffiné. Il lui arrive de se cacher derrière des noms de plume, comme l’ont fait beaucoup de félibres.
      Combinant le fédéralisme avec un patriotisme français très revendiqué, Fourès se passionne pourtant pour le catharisme, perçu à travers le prisme de son anticléricalisme républicain du XIXe siècle. Il considère l’ « albigéisme » comme un pilier de l’identité occitane, et regarde l’épopée de la Croisade comme fondateur de la culture d’oc. Fourès est également un chantre du « panlatinisme », alliance des peuples et des cultures romanes et méditerranéennes. Aux côtés de Xavier de Ricard, tout aussi opposé que lui à l’orientation conservatrice du Félibrige de leur temps, Fourès tente de lancer l’Alliance latine, revue dont seuls deux numéros paraîtront, qui prétend rassembler et réunir tous les peuples de culture latine d’Europe et au-delà. Cette volonté d’ouverture de l’identité occitane sur l’espace euroméditerranéen est représentative de la vision que les « félibres rouges » avaient de la notion même d’identité occitane. De Ricard sera du reste un des premiers à employer le terme de « parlers occitaniens ».
      Atteint semble-t-il d’ataxie tabétique, il meurt en 1891 à Castelnaudary, à l’âge de quarante-quatre ans. Franc-maçon et libre-penseur, Fourès sera enterré une première fois selon le rite catholique sur la volonté de sa famille, avant que son corps, par décision de son exécuteur testamentaire, soit exhumé quelques jours plus tard et enterré de nouveau selon ses principes : debout, la tête tournée vers l’Orient et sans cérémonie religieuse. Un buste le représentant est érigé devant le palais de justice de Castelnaudary.

      Engagement dans la renaissance d'oc

      L’engagement dans la renaissance d’oc d’Auguste Fourès n’est pas dissociable de son existence. Son engagement républicain, « progressiste » dans l’acception que possédait le terme à l’époque, franc-maçon et anticlérical allait de paire avec sa revendication d’une identité occitane assumée et reconnue dans le cadre de la République, ce cadre dût-il être repensé sous l’angle du fédéralisme, alors en vogue chez les félibres républicains. S’il fonda une revue et en co-fonda une autre, Fourès vécut son double engagement félibréen et républicain au cœur de sa vie, que ce soit à travers son court mandat d’élu local comme dans ses fonctions de rédacteur et responsable de journaux et revues. Félibre, fédéraliste, mais opposé en quelque sorte à la doxa et à l’approche politique et philosophique du Félibrige provençal de son temps, catholique et conservateur, il tenta de concilier entre eux des idéaux qui, dans le contexte idéologique de son temps, n’allaient pas forcément de soi ensemble. En élargissant la reconnaissance et la valorisation de la culture d’oc à l’échelle des cultures latines, Fourès, associé à Ricard, manifeste la volonté d’ouvrir, d’élargir la réflexion à l’échelle du dialogue entre cultures voisines et liées, en fuyant la tentation de l’entre-soi occitan et félibréen.

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      L’imposante figure de Victor Gelu est aujourd’hui perçue comme emblématique de la culture occitane marseillaise. Poète populaire de langue occitane, employant comme une évidence le parler urbain de Marseille, Gélu appartient à ce cercle d’auteurs de langue d’oc qui sont arrivés à incarner l’esprit profond, l’éthos de leur ville, à l’instar de Jasmin à Agen, Meste Verdié à Bordeaux ou Goudouli à Toulouse. Républicain, progressiste mais pourtant méfiant vis à vis du scientisme et du progressisme à tout va qui marquent si profondément l’esprit du XIXe siècle, omniprésent dans l’écrit provençal de son temps tout en se tenant soigneusement en marge du Félibrige, truculent mais aussi mélancolique et volontiers moralisateur, Gelu est un peu inclassable. Sa silhouette massive continue de hanter la mémoire du Marseille populaire. Sa statue, évoquée par César dans la Trilogie marseillaise, a disparu avant d’être refaite, déplacée, pour finalement orner depuis 2015 l’angle de la rue qui porte son nom.

      Identité

      Formes référentielles

      Gelu, Victor (1806-1885)

      Autres formes du nom

      - Gelu, Vitour (forme occitane du nom)

      Élements biografiques

      Victor Gelu est né à Marseille le 12 septembre 1806, dans une famille marseillaise originaire d’Embrun, dans les Hautes-Alpes. Son père, comme son grand-père auparavant, exerçait la profession de boulanger et dirigea plusieurs boulangeries marseillaises. Sa mère, Rosalie Margalet, couturière, était pour sa part issue d’une famille catholique pratiquante de Puyloubier, à l’est d’Aix. Gelu était notoirement proche de son père qu’il adorait et admirait, quand ses relations avec sa mère furent toujours marquées par une profonde tension. Les problèmes de santé de son père l’obligent à mettre précocement un terme à ses études, entamées chez les Frères gris d’Aix, période de sa vie qu’il n’apprécia guère. Son acrimonie vis à vis de la religion catholique ostensiblement affichée se forge vraisemblablement là, aggravée par son opposition à la ferveur religieuse de sa mère, qu’il rejette. Il se forge enfin sous la férule de son précepteur l’abbé Chabert, homme dur qui lui laissé un sinistre souvenir, et enfin dans les rues de Marseille ensanglantées par les émeutes de l’été 1815, entre bonapartistes et la majorité de la population de la vallée du Rhône, de sensibilité royaliste. Gélu développe alors un fort sentiment républicain. Une altercation avec un de ses professeurs, un des frères d’Aix, achève de le convaincre d’abandonner l’école. Mais le décès de son père, Étienne Victor Gelu, le 10 juin 1822, fit basculer sa vie. Gelu en conçut un profond chagrin qu’il exprima souvent. La boulangerie familiale commença à péricliter, dit-on à cause du caractère détestable de sa mère et de ses dons irraisonnés à l’Église. Mais le portrait de Rosalie Margalet en bigote revêche provient de son fils, qui nourrissait très vraisemblablement un fort ressentiment vis à vis de sa mère.
      Victor Gelu fréquente des cercles et goguettes, à l’instar de celles que fréquentaient Béranger à Paris, dont les Endormis, cercle bonapartiste comprenant nombre d’anciens soldats de l’Empire, qui joue des pièces de théâtre et chante des chansons dans un « caveau ». Ayant petitement hérité de son père et n’ayant pu conserver ses économies, Gelu quitte alors Marseille. Il voyage, à Bordeaux puis Paris, où il cherche à se construire une situation. Il échoue et ne parvient qu’à dilapider l’argent qui lui reste. Il se retrouve de nouveau à Marseille, dépendant de sa mère qui ne l’accueille pas à bras ouverts. Gelu s’initie alors au théâtre. Il remplace, à Antibes, un comédien porté absent pour une pièce, et remporte un succès considérable. Mais le milieu du théâtre, libertin, ne plaît pas à l’austère moraliste qu’il est en train de devenir. Ayant tenté de se faire embarquer à Toulon comme commis aux vivres sur un bateau en partance pour l’expédition d’Alger, il rentre une fois de plus penaud chez sa mère qui l’expédie, en compagnie de son jeune frère Noël, à Lyon pour travailler dans une usine de pâtes alimentaires. Ayant perdu sa place dans la tourmente que constitua la révolution de 1830, lui-même fut impliqué dans les mouvements ouvriers insurrectionnels connus à Lyon sous le nom de révolte des Canuts, et blessé sérieusement en 1831. Sans emploi, avec des espoirs déçus, il s’en revint en Provence où il logea chez son frère Noël, devenu minotier à Aubagne. Mais ne s’entendant pas avec sa belle-soeur, Gelu se trouva de nouveau en échec, et tenta de se suicider. Son frère parvint à l’en empêcher.
      Revenu à Marseille, Gelu loua une maison, et décrocha un emploi de clerc, d’abord à 30 puis à 60 et enfin à 90 francs par mois, ce qui le mit à l’abri du besoin. Libéré des contingences matérielles, Gelu put se lancer l’esprit libre dans la création : ce fut d’abord en 1838 Fenian et Grouman, chanson satirique, éloge de la fainéantise et des plaisirs, puis en 1840, son recueil de vingt-cinq chansons, à la façon des goguetiers, dont dix en provençal et quinze en français. En 1852, il est invité au congrès des félibres à Arles. Il remporte un brillant succès. Les félibres et le public sont impressionnés par son gabarit imposant, la puissance de sa voix, sa présence, son charisme. Monté sur une table, il chante Fenian et Grouman. Il est le centre de l’attention, et c’est à cette occasion que Joseph Roumanille lui adressera la phrase restée célèbre : Mon Dieu, Monsieur, vous devez nous trouver tout petits. Mais s’il connaissait les félibres, Gelu refusa toujours d’être un des leurs. Sauvage autant que paradoxal, il conserve son indépendance d’esprit. Son engagement républicain a certainement joué lui aussi dans son rapport avec le Félibrige. Il se fit d’ailleurs des ennemis politiques, qui tentèrent de s’opposer à la publication de ses œuvres ou même à les censurer. Gelu vit quelques années à la minoterie de Roquevaire, près d’Aubagne, puis retourne à Marseille, dans le quartier Saint-Barnabé. Il perd une fille, et publie en 1854 Lou Credo de Cassian, puis en 1855 Nouvè Grané, roman social qui met en scène le voyage à l’Exposition universelle de Paris d’un paysan de Vitrolles. Le texte est une satire du progressisme et de la foi dans la technique au service du bonheur des hommes. L’année suivante, Gelu réédite ses chansons provençales en version augmentée. Quelques années plus tard, Gelu se retrouve veuf. La mort de sa femme constitua pour lui une terrible épreuve.
      Gelu commença à prendre un certain recul dans les années 1870, et, affecté par les deuils et vieillissant, cessa progressivement d’écrire. Il refusa en 1878 d’être coopté à l’Académie de Marseille, malgré une réelle volonté de l’intégrer. La municipalité de Marseille lui refusa un poste qu’il avait sollicité, de professeur de diction au Conservatoire. Il mourut chez son fils, architecte de métier et artiste-peintre, le 2 avril 1885. Un délégué des « Endormis », le cercle goguettier de ses débuts, prononce un discours. Gelu connaît un succès posthume réel, avec la réédition complète de ses œuvres - moins les Mémoires - en 1886, et en 1891, le monument qui lui est élevé sur le Vieux-Port, place neuve, rebaptisée place Victor-Gelu.
      Gelu a puisé l’essentiel de son inspiration dans la contemplation de la société populaire marseillaise, celle du port et des bas-fonds. Républicain engagé, il se fait l’écho de la colère sociale des plus démunis, de la révolte et des cris de colère. Sévère dans sa morale, son œuvre est baignée d’une hauteur de vue sombre et dépourvue d’illusions sur le monde. S’il a lui-même souffert et connu la détresse, son engagement républicain ne l’a pas empêché de garder ses distances avec certains aspects de l’idéologie de son temps, y compris dans le camp républicain, comme le progressisme et le scientisme, portés par la pensée positiviste alors en vogue. Il n’hésite pas, dans ce cas, à adopter une position que d’aucuns pourraient qualifier de réactionnaire. Gelu a été toute sa vie inclassable et l’est resté. Seule chose que personne ne saurait lui contester : un amour et une profonde connaissance de sa ville, du Marseille populaire de langue provençale.

      Engagement dans la renaissance d'oc

      Il est difficile de situer Victor Gelu dans la renaissance de la langue occitane en son temps. Il en est à la fois un acteur essentiel, central, et un marginal. Contemporain du Félibrige, il connut et fréquenta un peu les félibres, notamment par sa présence remarquée au congrès d’Arles de 1852, où il interprète sa première œuvre, Fenian et Grouman suivi d’un souvenir plus personnel, lié à son père. Dans la préface de l’édition des oeuvres complètes de 1886, Mistral se remémore Victor Gelu, le célèbre Gelu, que je voyais et entendais pour la première fois et de préciser aussitôt que cette première fois fut aussi la dernière : ni Mistral ni les félibres ne revirent Gelu.

      Je n’ai vu Gelu que cette fois. Dans aucune de nos fêtes ni de nos réunions, si fréquentes pourtant depuis la fondation du Félibrige, nous n’avons plus rencontré le terrible chansonnier. De même que les lions, devenus vieux, vont vivre solitaires dans le fond du désert, ainsi le vieux poète qui, tout en maniant magistralement sa langue, avait désespéré de sa résurrection, en voyant après lui monter ces jeunes, ivres d’enthousiasme et d’espérances provençales, fit seul sa bande à part, et dédaigneux, muet, laissa courir la farandole.

      Gelu, sans forcément être « dédaigneux », ne souhaitait pas être récupéré, ni voir son nom associé à quelque école, mouvement, courant ou groupe que ce soit. Ce désir ardent d’indépendance s’associait à un engagement républicain et social marqués, qui lui semblaient peut-être incompatibles avec les orientations clairement chrétiennes, conservatrices de certains félibres tels que Roumanille ou Aubanel (qui sera pourtant attaqué par l’Église pour l’érotisme de ses poésies). La présence des républicains Brunet et Gras se suffit pas, semble-t-il, à le rassurer. Il a pu être dit, également, que Gelu, adepte du provençal populaire « en liberté » voyait d’un oeil méfiant les prétentions normatives des félibres : grammaires, dictionnaires, norme graphique... Cela n’empêche pas la langue de Gelu, très marquée par la dialectalité du provençal maritime de Marseille, d’être très écrite, riche en idiomatismes et dotée d’un lexique très étendu.



      Éléments de bibliographie de l'auteur

      - Chansons provençales et françaises, Marseille, Sénés, 1840.
      - Chansons provençales (2e édition augmentée), Marseille, Laffitte et Roubaud, 1856.
      - Meste Ancerro vo lou Vieiugi. Chansons provençales avec glossaires et notes, Marseille, Camoin frères, 1863.
      - Lou Garagaï. Chansons provençales avec glossaire et notes, Marseille, Camoin frères, 1872.
      - Œuvres complètes, avec trad. litt. en regard précédées d'un avant-propos de Frédéric Mistral et d'une étude biographique et critique d'Auguste Cabrol, Marseille-Paris, Charpentier, 1886, 2 vol
      - Nouvè Grané, Centre Régional d’Études Occitanes de Provence/Publications de l’Université de Provence, 1987.
      - Victor Gelu, Poèta dau pòple marselhés, Cansons provençalas. CD-livre (musique de Dupain, Lo Còr de la Plana, Massilia Sound System, D'Aqui Dub...) Ostau dau Pais Marselhés/Edisud, 2003.
      - "Victor GELU - L'homme révélé par ses textes" - Tomes I et II - par Michèle Delaage et Pierrette Bérengier - Cahiers 104 et 105 du Comité du Vieux-Marseille, 2011.

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      Élie Boirac (1810-1884) sort à peine des limbes de l’oubli, demeure à la veille de voir son oeuvre publiée. Boulanger dans le village girondin de Saint-Macaire, sur la rive droite de la Garonne, à 45 kilomètres en amont de Bordeaux, il ne le quitta que pour la sous-préfecture voisine de La Réole, située à une dizaine de kilomètres, et mourut dans son village. Auteur de plusieurs dizaines de textes, dont la moitié environ en occitan, pamphlétaire redoutable et polémiste sans pitié, chansonnier, farceur, il fut aussi un militant profondément engagé dans la cause républicaine, au coeur de la Restauration, de la monarchie de Juillet et du Second Empire, ce qui lui valut pas mal d’ennemis et quelques ennuis avec l’autorité, qu’il adorait braver. Gascon de théâtre, colosse à a voix de stentor, grand amateur de conquêtes, il s’engagea dans les combats du quotidien de son village, attaqua de front ses détracteurs et parvint généralement à ses fins. Mais ses pamphlets, chansons et saynètes, restés manuscrits quoique recopiés plusieurs fois, n’ont à ce jour jamais connu les honneurs de l’édition et fut oublié presque aussitôt qu’il mourut, à l’exception d’une consécration tardive et d’ailleurs ambiguë au début des années 1930.

      Identité

      Formes référentielles

      Boirac, Élie (1810-1884)

      Élements biografiques

      Un poète benlèu tròp lengut (peut-être trop bavard)

      Élie Boirac naquit le 5 janvier 1810 au Pian (aujourd’hui Pian-sur-Garonne) en Gironde, commune limitrophe de Saint-Macaire, de Pierre Boirac et de Catherine Marrot. Il mourut le 28 mars 1884 à Saint-Macaire. Boirac est donc l’exact contemporain du poète-boulanger marseillais d’expression occitane Victor Gelu (1806-1885)  avec lequel il est possible de lui trouver bien des traits communs. Comme le Marseillais, Boirac exerçait par tradition familiale la profession de boulanger, son père l’ayant été avant lui, dans la boutique familiale située au rez-de-chaussée d’une maison de la rue Yquem à Saint-Macaire, où une plaque commémorative (en français) a été apposée. Comme Gelu, Boirac fut un républicain convaincu. Profondément hostile à Napoléon III, Boirac fut le fondateur du Cercle républicain de Pian en 1848. Il en assura la direction en plein Second Empire de la période autoritaire, ce qui lui valut d’être condamné au bannissement de sa commune. L’anecdote raconte – transmise par tradition familiale – que Boirac « s’exila » dans la commune voisine du Pian, à une poignée de mètres de sa maison, juste de l’autre côté de la rue. L’anecdote est remarquable, et colle à ce que ses écrits nous donnent à voir de la personnalité de Boirac : un personnage truculent et brillant, maniant l’insolence et la provocation avec talent. Néanmoins, les sources identifiables par ailleurs semblent contredire sur certains aspects cette légende « boiraquienne ». En réalité, Boirac ne s’est donc pas contenté de s’exiler à deux pas de chez lui, chez ses cousins. Il s’est expatrié à La Réole, où il était domicilé en janvier ou février 1852. Il s’est par contre caché (« soustrait par la fuite ») à l’approche de la police bonapartiste, et cette « cavale » peut correspondre effectivement à l’époque où le « boulanger-poëte », comme il se qualifiait lui-même se réfugia dans la maison toute proche d’un sien parent. Il ne paraît plus devoir être inquiété, début 1852, puisque même sous surveillance de la police, il semble continuer d’être l’« agent actif de la propagande » républicaine auprès des Réolais, après l’avoir été auprès des Macariens et Piannais. Quant au Cercle républicain, fondé en mars 1848, il en fut effectivement membre et le resta tant qu’il fut autorisé par le pouvoir, mais rien ne dit qu’il l’ait dirigé.
      D’Élie Boirac nous sont parvenus soixante-treize textes, chansons, saynètes, satires locales, poèmes, textes engagés, ainsi que plusieurs fragments, dont trente-cinq totalement ou partiellement en occitan, encore tous inédits. Retenons principalement quatre pamphlets en occitan, qui ont pour titre Rencountre (1842), Lou Tintamarre (1846), Lous trotoirs de Maouhargat (1865) la Riguedoundene et le Riguedoundoun (1868). Les trois premiers ont une portée strictement locale, communale, et sont moins politiques que satiriques contre des personnes nommément désignées (Boirac nommait toujours ses cibles par leurs noms).
      Le pamphlet Lou Tintamarre, daté de 1846, n’est pas politique en apparence. C’est un règlement de compte que Boirac inflige à un nommé Chaigne, un habitant de Pian qui avait osé composer lui aussi des satires et notamment s’attaquer aux habitants de Saint-Macaire, dont il était pourtant originaire. Mais Boirac ne s’arrête pas à une satire locale clochemerlesque. Le texte se poursuit sous des aspects délirants d’épopée homérique ou virgilienne.
      Boirac met en scène le combat, comme un Victor Hugo, un Tasse ou un Homère burlesque. Il déroule les phases de l’épopée de ces soldats de l’An II des coteaux macariens.
      Dans les Trotoirs de Maouhargat, en 1865, Boirac évoque les aménagements urbains apportés à ce quartier de Saint-Macaire, dont le nom gascon signifie exactement « mal foutu », et qui vient à cette époque de recevoir des trottoirs, remplaçant l’ancienne chaussée boueuse à la saison des pluies.
      Les pamphlet appelés Riguedoundene et Riguedoundoun se suivent et datent de la même année. La Riguedoundene est une attaque contre la fanrare locale, accusée de bonapartisme et d’agression sur l’orphéon municipal soutenu par Boirac. Le Riguedoundoun le chef-d’œuvre de Boirac, mais aussi sa dernière œuvre connue.  Âgé de cinquante-huit ans, le « boulanger-poëte » républicain voit le Second Empire toucher à sa fin. La petite ville est toujours administrée par le bonapartiste Étienne Ferbos, qui possède dans son conseil municipal un concurrent commercial direct de Boirac en la personne du boulanger Merle. Nous ne saurions dire si son engagement politique, son talent indéniable pour l’écrit polémique gascon, dans un village sans doute encore majoritairement occitanophone, ont porté tort à son négoce. Le gérant de l’histoire s’appelle Gilaresse, et ce n’est pas le seul nom que lui attribue Boirac. Globalement, le Riguedoundoun s’apparente à une suite d’insultes davantage qu’à une argumentation. Boirac semble trouver dans l’exercice une jubilation langagière qui le rapproche du genre recardèir bordelais et du Cadichoune et Mayan de Verdié, une de ses références identifiables. L’autre chapelet qui se rencontre dans le sonore pamphlet, c’est celui des noms. Car Boirac affectionne l’évocation sonore dans le choix de ses titres : le rigadondon, en occitan, se rapproche de l’idée de tintamarre, de charivari. Nous sommes proches ici de l’idée du chahut carnavalesque, jubilatoire et transgressif, et du riga-raga, la crécelle, l’instrument des charivaris, mais aussi des marginaux et particulièrement les plus rejetés d’entre eux, les lépreux.
      Le Riguedoundoun est donc avant tout un règlement de comptes, avant d’être un cri du cœur d’un républicain.
      Boirac tout entier tient dans une anecdote révélatrice à la fois du mode de fonctionnement du boulanger-poète et de ses opinions politiques sur le Second Empire. En 1852 fut démolie à Saint-Macaire une maison forte défensive du XIIIe siècle, ancienne Chambre de l’Édit du Parlement de Bordeaux, restaurée en 1600 et que l’on appelait dans le pays le Palais du Turon. A cette occasion, Boirac, qui faisait construire un mur mitoyen au chantier, y plaça dans une fiole de verre deux ou trois pièces de monnaie anciennes ramassées sur le site, et une lettre dénonçant la destruction du monument historique et fustigeant le plébiscite de Louis-Napoléon en vue d’être couronné empereur des Français. Le pamphlet accusait le prince et son oncle, le défunt empereur Napoléon Ier en des termes sanglants : « (le) plus grand Dévastateur et Despote que l’Enfer ait vomi sur la Terre...». Cette fiole fut découverte en 1907, vingt-trois ans après la mort du poète-boulanger, par des maçons chargés de démolir le mur que Boirac avait fait bâtir. Une tradition locale qui nous a été transmise par ses héritiers soupçonne Boirac d’avoir caché des fioles identiques un peu partout dans Saint-Macaire, dans des caches au creux des murs où elles seraient encore.

      Engagement dans la renaissance d'oc

      À distance des félibres : le Gelu de la Gironde ?

      La figure d’Élie Boirac ne peut que faire penser à celle du tonitruant Gélu, lui aussi boulanger et lui aussi tribun. Comme Gelu, Boirac semble avoir possédé une très forte et remarquable personnalité s’illustra dans le pamphlet mais aussi dans la chanson. La comparaison s’arrête là, car si les œuvres du Marseillais sont bien connues, éditées et rééditées à maintes reprises, ce n’est qu’à l’état de bribes que nous sont parvenues celles de Boirac. Ce qui les unit encore, toutefois, est leur refus de s’intégrer aux mouvements de renaissance de la langue et de la culture occitanes de leur temps. Il convient cependant de signaler qu’au temps de Boirac, en Gironde et plus largement en Gascogne, aucun mouvement félibréen structuré n’existait. Si à Bordeaux, quelques figure locales comme l’abbé Arnaud Ferrand (1849-1910) et son entourage semble amorcer un rattachement aux idées félibréennes, il faudra attente la fin de la décennie 1880 et les années 1890 pour voir se dessiner l’embryon d’une école félibréenne en Lot-et-Garonne, autour de Charles Ratier, Victor Delbergé et Jasmin fils. La Gironde, elle, n’aura pas d’institution félibréenne avant le siècle suivant. Gelu connaissait les félibres et s’en méfiait. Boirac ne les a vraisemblablement pas connus, et en eût-il eu l’occasion, l’orientation idéologique de ces premiers félibres girondins se trouvait à l’opposé exact de la sienne : catholiques, de tendance royaliste et fortement antirépublicains. Boirac connaissait Jasmin au moins de réputation, l’ayant probablement entendu, et le cite à plusieurs reprises dans ses textes. Les sonorités du coiffeur agenais, son contemporain, se retrouvent parfois au détour d’un vers, mais là s’arrête le rapport entre les deux voisins de la Garonne. En revanche, Boirac puise abondamment dans l’univers bordelais de Meste Verdié (1779-1820) et de la littérature populaire recardèira en gascon pishadèir. Il reste néanmoins une figure isolée, dont l’absence d’édition de son vivant - et à ce jour - donne l’image d’un poète oublié, sans postérité. Selon l’habitude des félibres, Boirac fut toutefois célébré lors de la Félibrée de 1930 qui se tint à Saint-Macaire, et lui fut entièrement dédiée.



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      Jean-Antoine Peyrottes es un poèta-potièr de la primièra mitat del sègle XIX. S’inscriu dins lo territòri occitan perque visquèt tota sa vida a Clarmont d’Erau e tanben perque escriguèt mai que mai en occitan. Son òbra es abondosa : mai de 400 poèmas retrobats. Totes los manuscriches coneguts son conservats al CIRDÒC e al jorn de uèi, mens de dètz per cent de son òbra es estada publicada. Efectivament, sonque dos recuèlhs son pareguts, lo primièr estructurat per Peyrottes, en 1842 e lo segond editat pel Comité Peyrottes de Clarmont d’Erau, en 1897.

      Identitat

      Formas referencialas

      Peyrottes, Jean-Antoine (1813-1858)

      Elements biografics

      Lo poèta escriguèt e publiquèt jos son nom vertadièr, lo qu’es enregistrat a l’estat civil. Çaquelà, la signatura de qualques unes de sos poèmas met subretot en evidéncia sa condicion populara e son activitat artesanala puslèu que la creacion poëtica. Peyrottes considerava que crear de poèmas èra una necessitat mas aquela activitat podiá èsser una empacha a l’exercici de son mestièr tanplan que li arribava de signar « espèça de teralié que s’es mes dins lo cap d’estre poèta ».

      Peyrottes es un autodidacte que s’es pauc a pauc constituit una cultura literària que pòt èsser qualificada d'eteroclita e de mal estructurada, segon l'expression de l’istoriana cercaira montpelhierenca Nathalie Pistre. Lo poèta ven d’una familha d’artesans potièrs pro rica qu'èra establida dins lo vilatge de Clarmont d’Erau situat entre la lana lengadociana de Montpelhièr, las Cevenas, lo Carós e lo Lodevés. Peyrottes a viscut dins un contèxte d’afrontaments politics entre republicans e monarquistas mai que mai marcat per las consequéncias de la Revolucion Francesa e pels cambiaments de regims de la primièra partida del sègle XIX. Del punt de vista religiós, Clarmont èra tanben un luòc ont l’oposicion entre los catolics e los protestants foguèt viva.

      Peyrottes s’engatgèt en politica amb l’objectiu de portar la votz del pòble e de sosténer la lucha dels obrièrs e pageses. Anèt duscas a se voler presentar a las primièras eleccions legislativas al sufratge universal masculin solament, mas renoncièt. Plan de sos tèxtes son un rebat d’aquel engatjatament politic.

      Engatjament dins la renaissança d'òc

      Peyrottes parla e escriu naturalament en occitan e son òbra es majoritàriament en occitan. Publiquèt çaquelà qualques tèxtes en francés que son mai que mai de tèxtes politics. Sos poèmas en occitan coma en francés s’inscrivon dins l’encastre del monde occitan, e particularament lengadocian mas mòstra tanben qu'a una coneissença pro larga del patrimòni literari occitan. Dins sa produccion, se tròban de poèmas de valorizacion de la cultura e de la literatura d’òc e se qualificava de trobaire coma o mòstra « Lou Lay del Darnié Troubayre » :

      O sublima sagessa ! Eh ! Bé sièga bénida.
      Del mal qu'o suspourtat moun paoure corp és las
      Vouyajur, fatigat, hioy mé cal un soulas
      La routa qu'ay séguit n'èra pas gayre unida.
      Quan, pécayre, tout passa é qué tout és mourtel ;
      Quan joundroou ma poulsièyra ambé d'aoutra poulsièyra
      Mé récoumande à tus, à moun houra darnièyra :
      Car sios gran, car sios juste, ô Payre Universel !

      (Peyrottes 1897, 97)


      En 1838, ganhèt lo prèmi de la Societat d’Estudis Arqueologics de Besièrs amb un poèma d'omenatge a Pèire-Pau Riquet. En seguida, creèt un cercle literari, lo Grenier de Clarmont d’Erau que s’inscriviá dins un contèxte de desvelopament de las societats poeticas obrièras. En 1840 foguèt condemnat per una de sas òbras (Lous Orchelets, per injura a magistrat), çò qu'aguèt per resultat de lo far conéisser dins la França tota. Sas relacions amb d’erudits coma Moquin-Tandon semblan començar, se nos basam sus la correspondéncia qu’entretenguèron, en 1843. Enfin, Victor Hugo o Lamartine n’ausiguèron parlar tanplan que, dins lo contèxte del romantisme literari e politic, son trabalh d’escritura foguèt considerat coma l’expression de la votz del pòble :

      À Monsieur J- A. Peyrottes, potier et poète Clermont l’Hérault

      Votre voix, Monsieur, n’est pas seulement la voix du poète : c’est la voix du peuple. C’est cette même voix qui murmure sur la terre les choses du ciel, qui dit : Aimez, travaillez, espérez !

      Mon nom enchassé dans vos rimes populaires me réjouit comme la plus douce des récompenses. Je vous remercie du fond du coeur.

      Victor Hugo

      Bibliografia de Jean-Antoine Peyrottes

      Òbras imprimidas

      - Pouésias patouèzas. Montpellier : imprimerie de Veuve Ricard, 1840.
      En linha sus Occitanica.eu : anar sus lo site

      - Œuvres patoises. Montpellier : Impr. Méridionale, 1897.
      En linha sus Occitanica.eu : anar sus lo site

      - Las Fadechailhas. Montpellier : Patras et Virenque, 1842.
      En linha sus Rosalis, Bibliothèque numérique de Toulouse : anar sus lo site

      - Lous orchelets. Lodève : Grillières, 1837.
      En linha sus Rosalis, Bibliothèque numérique de Toulouse : anar sus lo site

      - « Déliré pouétiqua », in Le Babillard, juin 1843.

      - « Compassiou », in Le Babillard, 24 décembre 1842.

      - « Richessa e paoudièyra », in Le Babillard, 19 mars 1843.

      - « La filla de la mountagna : Oda coupousada pè dél Pioch de Bissou », in Le Babillard, 5 janvier 1840.

      - « La Doutaciou d'un efan del pople », in L'Indépendant, avril 1841 – juin 1844.

      - « La Libertat », in L'Indépendant, avril 1841 – juin 1844, p250.

      - « L'entarramén d'un éfan », in L'Indépendant, avril 1841 – juin 1844.

      - « Le Temps », in L'Indépendant, avril 1841 – juin 1844.

      - « Lou boun Samaritèn », in L'Indépendant, avril 1841 – juin 1844.

      - La Prièra del Vèspré. roumança, paraoulas dé J.-A. Peyrottes, musica de Pierre Lugagne

      Manuscrits

      - Recueil de poèmes de Jean-Antoine Peyrottes, Dossier A. CIRDÒC - Mediatèca Occitana, Ms 324 (A).
      En linha sus Occitanica.eu : anar sus lo site

      - Recueil de poèmes de Jean-Antoine Peyrottes, Dossier B. CIRDÒC - Mediatèca Occitana, Ms 324 (B).
      En linha sus Occitanica.eu : anar sus lo site

      - Recueil de poèmes de Jean-Antoine Peyrottes, Dossier C. CIRDÒC - Mediatèca Occitana, Ms 324 (C).
      En linha sus Occitanica.eu : anar sus lo site

      - Poésies populaires. CIRDÒC - Mediatèca Occitana, Ms 24.
      En linha sus Occitanica.eu : anar sus lo site

      - Poésies languedociennes et gasconnes. Toulouse, Service commun de documentation de l'Université Toulouse 1 Capitole, bibliothèque de l'Arsenal. Cote : Ms 196.
      En linha sus Occitanica.eu : anar sus lo site

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      Nascut a Tolosa, botièr de profession, ensaja de prene la dralha de Jasmin, qu’es de son temps o de son devancièr Godolin e capita de ganhar un prèmi al concors de lengas romanicas de la Societat Arqueologica de Besièrs.
      De 1837 a 1860, l’òbra presenta una varietat bèla de produccions. Trobam de poèmas en rapòrt amb los eveniments : fèstas (La balotcho de Sant-Subra), carnavals (Tribunal carniboro seent a Salvagnac, a Lebignac, a Lasserro), visitas de personalitats nacionalas (Al prince Louis-Napoleoun), de poèmas d’inspiracion politica (Libertat Egalitat Fraternitat), morala (La caritat), religiosa (Tout probo l’existenço de Diou), satirica (Les furets del numerari, ou les banqueroutiès fraoudulouses), dramatica (Le laourié d’uno bastisso nobo ou la mort de Marcèl), comica (La lantèrno-magiquo ou le fillol de Bourniquèl), e tanben de cançons e de poèmas divèrses (Improumptus).

      Identitat

      Formeas referencialas

      Vestrepain, Louis (1809-1865)

      Autras formas conegudas

      - Vestrepain, Louis-Catherine (pseudonim)

      Elements biografics

      Louis Vestrepain nasquèt a Tolosa1 lo 17 d’agost de 1809 e i defuntèt lo 25 de decembre de 1865 (56 ans).
      Èra sabatièr coma son paire. Aviá son magasin a Tolosa carrièra de la Poma, al 55 puèi al 66. Sa vocacion poetica l’empachèt pas de contunhar son mestièr tota sa vida. A l’ocasion dels eveniments (carnavals, fèstas, divèrsas) escriguèt poèmas, cançons, satiras, peçòtas dins sa lenga mondina, la lenga del pòble de Tolosa.
      S=Botièr e filh de botièr, lo primièr encastre de l’exercici de la poesia, o del cant, èra lo mitan dels companhons : lo talhièr, las fèstas professionalas e recepcions de novèls companhons.
      Per l’anecdòta, un de sos ancians aprendís, filh de mèstre companhon cordonièr, que venguèt cantaire e director de l’Opera de Tolosa puèi de París, Pedro Gailhard, testimónia : « Vestrepain avait un culte particulier pour Molière qu’il savait entièrement par cœur et qu’il nous récitait durant nos repos. » (« Vestrepain intime », La Belle chanson du pays de France et des pays d'oc, revue toulousaine, 1911.

      Engatjament dins la renaissança d'òc

      Coma per Godolin, son las scènas de la vida populara (entre autres las manifestacions carnavalescas) la font principala de son inspiracion. Avèm per exemple una descripcion d’una fèsta (La balocho de San Subra) que C. Torreilles ne fa l’estudi dins Lenga e Pais n° 21 (Dorsièr «  Recit de Fèstas », presentacion de Vestrepain p. 66) :

      « La balotcho de San-Subra est le récit de la fête du quartier Saint Cyprien à Toulouse. Fête aquatique, qui se déroule dans les prairies du bord de la Garonne, et sur l’eau : une théorie de bateaux richement décorés transporte le cortège de Neptune et Amphitrite jusque dans l’île de Tounis. La pompe royale du décor rappelle les fastes d’Ancien Régime. Cette fête n’est établie que depuis 1845, grâce à M. Arzac, membre du Conseil de Toulouse, à qui Vestrepain rend hommage, en entonnant à sa manière le chant de la grande fraternisation.

        […] 
      Le grand e le petit menatge
      Favrejan coumo de bessous,
      Manjabon e bebion al brut de tas cansous,
      Sans malfisenço ni rancuno

      On sent le désir d’insuffler à la fête restaurée et organisée de façon plus ou moins officielle, la ferveur d’une participation populaire qui lui donnera sens. C’est pourquoi Vestrepain insiste dans son poème sur le succès des jeux traditionnels, course en sac, mât de cocagne, en forçant un peu la note du populisme… »


      Contemporanèu de Jasmin (1798-1864), Vestrepain es un dels actors de la renaissença occitana del sègle XIX dins lo parçan tolosenc, coma Olympe Benazet (1802-1879)2 o Lucien Mengaud (1805-1877, autor de la cançon « La Toulousaine »). Comencèt de se far conéisser en 1836 amb de publicacions dins los jornals locals : lo Journal de Toulouse li dobrís sas paginas entre 1845 e 1860, las publicacions occitanas Le Gril e La Terro d’òc (« revisto felibrenco e federaliste publicado per l’Escolo Moundino ») lo lausan encara en 1898. Dins sas Mémoires, Léon Géry (1839-1933), un autre autor-obrièr occitan, parla de son amistat e de sa consideracion per Vestrepain que reconeis coma son mèstre.
      Es premiat al concors de La Societat Archeologica de Besièrs ont es comparat a Jasmin. Vertat, Vestrepain afortís son admiracion per Jasmin amb dos poèmas (Le coiffur del Parnasso. Epitre a Jasmin en 1839 e Maytinado poetiquo. Dounado per Jasmin en 1851). Mas las relacions van pas perdurar :

      Qui me legira saoura

      Qu’èy renounçat d’escrioure à l’aounou de Jasmin,
      Parço que mon trabal, per un ta grand genio,
      Diou pareysse, sans doute, un trabal de gamin,
      Car jamay nou m’a dit : L’èy recepiut, mercio ! (éd. 1860, 154) :


      Las societats literàrias s’interessan a sos vèrses, mas es pas qu’en 1860 que publica sas òbras acampadas jol títol Las espigas de la lengo moundino.
      Coma ne fan l’analisi Robert Lafont e Christian Anatole (Nouvelle histoire de la littérature occitane, PUF, 1970, 2 vol., vol. 2, p. 527) : :

      « Ses meilleures réussites, il les atteint lorsqu’il se fait le porte-parole de l’indignation populaire comme dans Les furets del numerari ou Les banquerouties fraoudulouses ou qu’il utilise, à l’imitation de Godolin, l’incohérence de la poésie folklorique dans Les detz coplets de raretas :

      A la coeta d’una mosca
      An atelat un monard
      Per anar tirar la posca
      Qu’òm vei al fons de la mar ;
      Pel trauc d’una canavèra
      D’astronòmes alemands
      Sus un bròc de galinièra
      An vist pondre d’elefants… »

      Lo libret Las abanturos d’un campagnard à Toulouso es editat sièis còps e tres autres seràn tornarmai estampats en 1870 e 1911.
      Ni pels francismes emplegats, Vestrepain manten pasmens unes biaisses de dire plan occitans coma o fan remarcar Louis Ariste e Louis Braud (L’Histoire populaire de Toulouse) : 

      « Ce poète s’efforça de rechercher des anciens mots et des tours de phrase de langue "moundino " que le temps tendait à modifier au bénéfice de tournures françaises :

        Grasso coumo un clabèl
      Mouflo coumo un ayssèl
      Bentrut coumo un rastèl
      Et poumpillat coumo un gistel
      Soun payre farinèl
      Al mouli del Castèl… »

      (Tirat del poèma Le Filhol dé Bourniquèl

      E d’ajustar :

      «  Ce fut le vrai poète des foules, le chanteur obligé de toutes les fêtes, des balotchos comme des carnavalades, des pèlerinages et des fénétras.
      Autrefois le
      fénétra était une sorte de pardon qui se gagnait en visitant les maladreries des faubourgs ; plus récemment, ces dévotions devinrent des foires avec divers amusements, comme elles se font de nos jours. » 

      Cal remarcar tanben que trobam sovent la declaracion dedicatòria « A ma lengo ». Emplega pas jamai lo mot « patés ». Pasmens sembla creire que las causas cambiaràn pas :

      « Percevant peu, voire pas du tout, le recul de la langue, Vestrepain fonde sur l’occatinophonie encore massive de la population, bien établie, il est vrai, en ce milieu du XIXe siècle, les conditions d’un statut ontologique de l’occitan :

      Tant que l’astre del jour lugrejara dins l’ayre,
      Le pople parlara coumo a parlat sa mayre ;
      Oui, tant que l’on beyra lusi les Tres-Bourdous
      Et la luno argenta sa courso luminouso,
      Le cèl fara brilla la lengo de Toulouso
      Per entrumi le froun de sous acusatous !! »
      (éd. 1860, 207)3 

      Frederic Mistral ne fa una citacion dins Lou Tresor dóu Felibrige, al vocable TOURRIL (p. 1013) : 

      « Des jouiouses dounzèls le rire e le babil
      Quand aniran enfin li pourta le tourril. 

      Tourril : soupe à l’oignon, que les gens de la noce apportent aux époux, au milieu de la nuit, en Gascogne. » 

      En mai de la descripcion dels usatges de la societat de son epòca que balha a son òbra una valor etnologica, Vestrepain nos dona, a la fin de Las espigos de la lenga mondina, un Dicciounari des mots les pus escarriès del frances emplouyats ; plan segur es pas en grafia normalizada mas aquò nos permet de conéisser la fonetica del moment.
      Es interessant tanben de remarcar :

      « Dans son lexique, Vestrepain se souvient de Godolin et singulièrement de la déploration que le poète toulousain consacra à la mémoire du défunt roi Henri IV. Son incipit, « aouèy preni la plumo », rappelle les paroles de la Nymphe toulousaine (moundino) : « Ouëy tourni prene bent »  (v. 17). La séquence « m'endouloumo et m'esquisso le cor » (4) reprend en partie le vers 68 des Stansos de Godolin : « Les espauris, esquisso, endoulomo, moussègo » tandis que l’expression « la scarrioto mort » (6) est un écho de la « scarioto ma » de l’assassin Ravaillac (79)4


      Lo renom de Vestrepain es perennizat per una estatua inaugurada en 1898 (Jardins de las Plantas de Tolosa) de l’artista Antonin Mercié e pel nom d’una carrièra de Tolosa.
      En 1909 foguèt festejat lo centenari de sa naissença, (Le Petit Journal Illustré ne fa un panegiric dins son edicion del 26 de setembre).
      Al Congrès Pierre de Fermat, Toulouse et sa région, lo canonge Josèp Salvat li rendèt omenatge a l’ocasion del centenari de sa mòrt (1965).
      Lo renom de Vestrepain es perennizat per una estatua (Jardins de las Plantas de Tolosa) de l’artista Antonin Mercié e per lo nom d’una carrièra de Tolosa.
      Coma o ditz Claude Barsotti dins Mémoire du pays : « Loís Vestrepain, par la présence d’un occitan écrit, a préparé l’avenir dans une Toulouse qui était encore bien endormie. »
      Finala, trobam aquí un personatge plan dins son temps, plan integrat a la societat ont viu, d’umor gaujosa mas d’una sensibilitat bèla rapòrt a las misèrias del mond : per exemple, lo títol L’Anjo de Caritat es acompanhat de la mencion « Al benefici des paoures hountouses et del depot de mandicitat » e se sap tanben que faguèt un present al profèit de las victimas de l’afondrament d’un pont a Angièrs (Journal de Toulouse, 23 04 1850).


      1. Dins « Une vie de pauvre ou de notable ? Louis Vestrepain et l’autobiographie en vers occitans  au XIXe siècle » (Actes de la journée L’écriture sans école : autobiographies ordinaires italiennes et françaises, Toulouse, 04 05 2018, à paraître), Jean-François Courouau balha en nòta :

      Archives municipales de Toulouse, 1E245, f° 143. Dans cet acte, le père de Vestrepain est qualifié de cordonnier. Sa mère se nomme Marie Rouquette et l’enfant est prénommé Louis-Catherine. Les indications biographiques les plus fiables sont celles, très limitées cependant, contenues dans l’introduction à l’édition de 1911 de Las espigos de la lengo moundino procurée par Joseph Rozès de Brousse (1876-1960). Cette édition reprend à l’identique celle de 1860.

      2. Veire Philippe Gardy et Philippe Martel Mémoires de pauvres.

      3. Jean-François Courouau, « Une vie de pauvre ou de notable ? Louis Vestrepain et l’autobiographie en vers occitans  au XIX e siècle » (Actes de la journée L’écriture sans école : autobiographies ordinaires italiennes et françaises, Toulouse, 04 05 2018, à paraître)

      4. Id.

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