Mistral, Frédéric (1830-1914)
Écrivain
<p align="justify"><strong>Frédéric Mistral</strong>, co-fondateur et longtemps dirigeant, officiel ou officieux, du Félibrige, écrivain d'oc sans doute le plus régulièrement réédité et le plus traduit dans diverses langues étrangères.</p>
<h2>Biographie</h2>
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<h3>Formes du nom</h3>
<br />
<p align="justify">Frédéric-Joseph-Etienne (état civil) Frédéric Mistral, Frederi Mistral, Mistrau. Prononciation maillanaise héritée [mistR'ä]. Pseudonymes : Ambròsi Boufarèu, Felibre dou Mas, Felbre de Bello Visto, Mestre Franc, Gui de Mountpavoun, Cascarelet, Felibre Calu, Un Maianen, Cousinié Macàri, Michèu Gai, F. M....</p>
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<h3>Le milieu social</h3>
<p align="justify">Né le 8 septembre 1830 à Maillane ( Bouches du Rhône), mort à Maillane le 25 mars 1914. Fils de François Mistral (1771-1855) et Adélaïde Poullinet (1803-1883). Epoux de Marie Rivière (1857-1943), sans postérité légitime.</p>
<p align="justify">Son père est « ménager », paysan propriétaire aisé (une vingtaine d'hectares). Fils cadet, et d'un second lit, Mistral devra compter, au décès de son père, avec ses cohéritiers, son demi- frère Louis et les enfants de sa demi-sœur Marie. Il est donc tôt orienté vers des études susceptibles de lui fournir une profession hors agriculture, études couronnées par un baccalauréat (1847) et une licence en droit obtenue à Aix en Provence (1851). Mais son statut social jusqu'à sa mort est celui d'un rentier vivant du revenu des terres dont il a hérité (dans une zone de cultures maraichères orientées vers le marché national, ce qui n'est pas rien), de ses droits d'auteur (réguliers, au moins pour <i>Mirèio</i>), et de ses prix littéraires, souvent réinvestis au service de la cause félibréenne.</p>
<h3>Engagement politique ?</h3>
<p align="justify">Son implication dans la vie politique se limite à sa participation régulière au conseil municipal de Maillane, sa commune de résidence (même s'il ne manque aucune occasion de s'en éloigner pour des voyages plus ou moins lointains, contrairement au cliché de l'homme enraciné courant chez ses biographes). Il s'est toujours refusé à se présenter à d'autres élections, bien qu'ayant été plusieurs fois sollicité, à droite comme à gauche. Quant à ses opinions politiques, elles sont variables, c'est le moins qu'on puisse dire : républicain « avancé » en 1848 et au cours de ses études à Aix, il est séduit par le bonapartiste « libéral » Emile Ollivier en 1869 avant de l'être par le Prétendant Henri V, puis par le Général Boulanger. Sollicité par Charles Maurras, il adhère en 1899 à la Ligue de la Patrie Française et le regrette assez vite. Le seul point commun entre ces sympathies successives, c'est qu'il s'agit à chaque fois d'un parti ou d'un homme politique qui parle de décentralisation – et comme tous les partis, à un moment ou à un autre en parlent – du moins quand ils ne sont pas au pouvoir...</p>
<h3>Distinctions diverses</h3>
<ul>
<li>Ordre de la Légion d'Honneur (chevalier en 1863, officier en 1895, commandeur en 1909)</li>
<li>Ordre d'Isabelle la Catholique, Espagne (commandeur en 1870)</li>
<li>Ordre de la couronne d'Italie (officier en 1874)</li>
<li>Ordre de la couronne de Roumanie (1882)</li>
<li>Lauréat de l'Académie Française (prix Montyon, 1861, prix Vitet, 1884, prix Née, 1897)</li>
<li>Lauréat de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (prix Jean Reynaud, 1890)</li>
<li>Maîtres es Jeux Floraux de l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse</li>
<li>Membre correspondant ou honoraire d'une vingtaine de sociétés savantes françaises et d'une dizaine de sociétés étrangères (voir Edmond Lefèvre, <i>Bibliographie Mistralienne</i> p. 99-100)</li>
<li>Prix Nobel de Littérature, 1904 (partagé avec Etchegaray)</li>
</ul>
<h2>Action au service de la Renaissance d'oc</h2>
<br />
<p align="justify">L'importance de cette action est proprement incalculable. Il s'agit bel et bien pour lui de l'engagement de toute une vie aussi bien au service de l'écriture que de la langue d'oc, sa langue maternelle (l'idée qu'il ait « fini par penser en provençal », comme s'il avait préalablement appris à penser en français est largement contestable, quoique due au linguiste Albert Dauzat).</p>
<h3>Des premiers écrits à la fondation du Félibrige</h3>
<p align="justify">Ses premiers essais écrits en cette langue sont précoces (pré-adolescence), et, si à un moment, vers vingt ans, il s'essaie à la poésie en français (en particulier, mais pas seulement, pour des poèmes politiques), il y renonce assez vite. En dehors de quelques vers que cite Roumanille dans son premier recueil <i>Li Margarideto</i> de 1847, on peut considérer que Mistral publie ses premiers poèmes en oc dans le journal <i>La Commune</i> (Avignon) en 1851, puis dans le recueil collectif <i>Li Prouvençalo</i> de 1852, dans lequel figurent par ailleurs la plupart de ceux qui deux ans plus tard vont fonder le Félibrige, le 21 mai 1854 selon le récit popularisé depuis. Il s'agit en fait de l'aboutissement d'un processus entamé auparavant, et de la formalisation de l'existence d'un groupe de jeunes écrivains d'oc regroupés autour de Roumanille ; Mistral est dès le départ le co-animateur de ce groupe : c'est avec son aide que Roumanille met définitivement au point une orthographe nouvelle pour le provençal, non sans débats assez âpres avec un Mistral qui dès le départ manifeste une connaissance de la langue et de l'histoire de sa littérature assez profonde. Parallèlement à la rédaction de son premier grand poème <i>Mirèio</i> (si on ne compte pas l'essai représenté par <i>Li meissoun</i> de 1848, publiées bien plus tard) Mistral intervient de façon intensive, par ses propres œuvres comme par ses corrections des textes des autres dans les premiers <i>Armana Prouvençau</i> (dès celui pour l'année 1855), destinés à publier régulièrement et à faire connaître les productions de la nouvelle école.</p>
<h3>La parution de <i>Mirèio</i></h3>
<p align="justify">Mais à ses débuts, le Félibrige n'est guère plus qu'un petit cénacle avignonnais, pesant peu face aux Troubaires marseillais par exemple. Tout change en 1859, quand paraît Mirèio. Mirèio correspond à un double pari de Mistral. D'abord affirmer la capacité de la langue d'oc à affronter tous les registres, en produisant un poème de douze chants placé sus le signe d'Homère, en rupture avec le ton familier et « populaire » affecté jusque-là par la plupart des écrivains d'oc de son temps, Jasmin compris. Poème accompagné de notes copieuses dont une qui constitue un véritable manifeste faisant de la littérature provençale telle que la voit l'auteur l'outil du renouveau de la littérature française dans son ensemble. Second pari, lié au précédent : sortir du seul cadre provincial (perçu par Mistral comme étriqué et suiviste) pour obtenir une reconnaissance parisienne, puisque c'est à Paris que se font les réputations littéraires. En apparence, le pari est gagné : salué par Lamartine et une bonne partie de la critique nationale, le poème connaît un grand succès sanctionné par plusieurs rééditions parisiennes les années suivantes (quatre entre 1860 et 1870). Succès qui masque en réalité le fait que pour les critiques, le poème vaut par son côté « charmant, rustique » pour reprendre les adjectifs les plus utilisés, et pittoresque, et se voit utilisé contre les nouvelles tendances littéraires du temps (notamment Baudelaire). Par ailleurs, le choix linguistique de Mistral n'est absolument pas compris, et personne ne croit vraiment qu'il puisse exister une littérature provençale valant la peine d'être lue. De fait, si Mistral encourage ses amis -Aubanel, Roumieux... à profiter de son succès pour lancer leurs propres ouvrages, leur écho est infiniment moindre, ce qui constitue un premier mauvais signe. Certes, sur place, l'effet <em>Mirèio</em> permet au Félibrige de faire un certain nombre de recrues, en Provence comme en Languedoc oriental.</p>
<h3>Elargissement et structuration du Félibrige - Les liens avec les Catalans</h3>
<p align="justify">Face à cet élargissement géographique, il faut bien que le Félibrige, jusque-là groupe informel de jeunes amis, se structure un peu mieux. C'est Mistral qui élabore les premiers statuts en 1862, afin de fournir cette structure, et permettre l'essor d'une littérature d'oc dont il estime possible l'intégration sans problème au champ littéraire national. Ces premiers statuts, très restrictifs (cinquante « félibres » cooptés à vie) et bâtis sur le modèle de l'Institut de France avec des sections spécialisées (poésie, sciences, arts, histoire...) ont l'ambition de servir de point de ralliement à tous les intellectuels et artistes du Midi de la France -fort peu en réalité se montrent intéressés, ce qui est aussi un mauvais signe. Le début des années 1860 est aussi le moment de la rencontre avec la <em>Renaixença</em> catalane, notamment le poète, historien et militant politique « libéral » Victor Balaguer. Ces contacts amènent Mistral à envisager la possibilité d'un élargissement de l'action du Félibrige, en passant de la simple revendication linguistique et littéraire à une revendication plus directement politique, autour du thème du fédéralisme -un fédéralisme que Mistral envisage à l'échelle européenne -moyen de dépasser le clivage nord-sud interne à la France. Cela dit, les contours de ce fédéralisme restent flous, et exprimés surtout dans des correspondances avec des interlocuteurs choisis (et rares), ou dans des poèmes allégoriques. En 1864, l'opéra Mireille de Gounod réveille l'intérêt parisien pour Mistral, qui peut donc continuer à croire au succès de sa stratégie.</p>
<h3>1867 : Calendau, « La Coumtesso » : Mistral incompris</h3>
<p align="justify">Le réveil sera brutal : en 1867 Mistral repart pour Paris avec son second poème, <em>Calendau</em>, qui se veut d'une certaine manière une épopée « nationale », mettant en scène un jeune homme du peuple libérant une princesse opprimée, sur fond de description de la Provence intérieure, et à grand renfort, là encore, de notes érudites constituant une sorte de manuel de culture provençale. À peu près au même moment, il publie aussi un poème court, « la Coumtesso », allégorie dans laquelle une comtesse (la Provence) est enfermée dans un couvent par sa méchante sœur. Mais un jour, les jeunes vaillants du pays viendront délivrer la prisonnière, et pendre l'abbesse (pas la méchante sœur) aux grilles de son couvent. Or, l'accueil des critiques est plutôt froid. En dehors du fait qu’'ils ne comprennent toujours pas pourquoi Mistral n'écrit pas en français, certains d'entre eux (ceux qui ont entendu parler de la Coumtesso, comme Zola) croient discerner dans ses vers des pensées dangereuses pour l'unité nationale. En 1868, un ouvrage d'un ex-ami de Mistral, Eugène Garcin, Français du Nord et du Midi, confirme cette impression en accusant tout bonnement Mistral de tentations séparatistes (et, par ailleurs, réactionnaires). L'échec de Calendau (qui ne sera réédité que vingt ans plus tard) et cette polémique prennent Mistral au dépourvu.</p>
<h3>Le cadre : entre débats nationaux et affaiblissement des liens avec les Catalans</h3>
<p align="justify">S'il entrevoit, après coup, ce qu'ont été les limites de son succès de 1859, il ne voit pas que ses idées politiques supposées, bien vagues de toute façon, sont manipulées dans un débat interne à la gauche républicaine. Ce débat, assez vif sous le Second Empire, oppose ceux qui considèrent que la République doit centraliser face au péril de dissidences locales de type vendéen, et ceux qui considèrent au contraire que la centralisation dite « jacobine », n'est rien d'autre que le retour au cœur du processus révolutionnaire d'un héritage d'Ancien Régime recyclé au profit de la bourgeoisie (c'est la position de Quinet et de son disciple, Xavier de Ricard, qui la défendra dix ans plus tard à l'intérieur du Félibrige « rouge »). Mistral peut être un temps rassuré par le développement des rapports avec les catalanistes, qui l'invitent à Barcelone en mai 1868 avant d'envoyer une délégation aux grandes fêtes de Saint-Rémy en septembre, mais une révolution en Espagne (automne 68), suivie de troubles assez graves aboutit à ce que ces rapports se distendent, laissant le Maillanais seul avec ses déceptions, renforcées encore par des problèmes intimes. Politiquement, il met un temps ses espoirs dans le dernier premier ministre de Napoléon III, le Marseillais Emile Ollivier, ex-républicain devenu bonapartiste « libéral » qui annonce des réformes décentralisatrices. La guerre de 1870, puis la Commune, accentuent le virage à droite de Mistral, qui se prend alors à espérer, comme son ami Roumanille, une restauration monarchique, qui, croit-il, amènerait le retour aux vieilles provinces.</p>
<h3>Le Tresor dóu Felibrige – Lis Isclo d’or – Nouveaux statuts du Félibrige – L’Idée latine</h3>
<p align="justify">Durant ces années de désarroi confinant à la dépression, sa production littéraire est au plus bas, seule l'élaboration de son dictionnaire le mobilisant encore un peu (Le <em>Tresor dou Felibrige</em> commence à paraître en fascicules à partir de 1878). Mistral reprend pied peu à peu, cependant. Il participe activement à un certain nombre de grandes fêtes couplées avec des concours littéraires en langue d'oc (Cinquième centenaire de la mort de Pétrarque en 1874, inauguration de la chapelle à Notre-Dame de Provence à Forcalquier, et concours de philologie de la Société pour l'Étude des langues romanes de Montpellier en 1875). La même année paraît la première édition de son recueil lyrique <em>Lis Isclo d'or</em>. En 1876, il se marie, quelques mois après avoir doté le Félibrige de ses seconds statuts, correspondant en gros à ceux actuellement en vigueur. Plus question de bâtir une académie à l'échelle de l'ensemble de l'intelligentsia méridionale : si subsiste un Consistoire de cinquante Majoraux couronné par un <em>Capoulié</em> (Mistral jusqu'en 1888), l'accent est mis désormais sur le recrutement de <em>manteneires</em>, autrement dit de sympathisants de la cause de la langue, faisant surtout office de figurants souvent éphémères... Si, dans une France en proie au repli nationaliste il n'est plus question de parler d'un fédéralisme européen qui donnerait une place à la Nation provençale, Mistral se rabat sur une Idée Latine prônant l'union, autour de la France (et de son Midi) des grands peuples « romans » du sud de l'Europe : les grandes Fêtes Latines organisées à Montpellier (par les félibres de la Société pour l'Etude des langues romanes) en 1878 voient ainsi couronné un poète roumain, Vasile Alecsandri, qui se trouve être par ailleurs un homme politique important dans son pays. Cela n'ira au demeurant jamais bien loin. Et à peu près au même moment, une grave crise interne au Félibrige combinée à de nouvelles accusations de séparatisme dans la presse républicaine parisienne (cachant en fait une simple dénonciation des amitiés monarchistes des leaders du Félibrige) amène Mistral, une nouvelle fois, à en rabattre sur ses ambitions.</p>
<h3>Volonté de reprise en main du Félibrige – Nouvelles publications – Le Museon arlaten</h3>
<p align="justify">Mistral se concentre alors d'une part sur la direction du Félibrige, avec un travail énorme de gestion des conflits, mais aussi de correction des textes proposés à publication (dans l'<em>Armana Prouvençau</em> par exemple) et, d'autre part, sur sa propre production. Une seconde édition des <em>Isclo d'or</em> paraît en 1878, puis une troisième, à Paris chez Lemerre en 1889. Entretemps, Mistral a publié sa nouvelle Nerto en 1884. Viendront ensuite la tragédie <em>La Reino Jano</em> en 1890 (seul essai de Mistral dans le domaine du théâtre, peu concluant), <em>Lou Pouemo dou Rose</em> en 1897, un recueil des discours de Mistral en 1906 (<em>Discours e dicho</em>), la même année que <em>Moun Espelido</em>, <em>Memòri e raconte</em>, les « mémoires » du poète, puis en 1910 la traduction de <em>La Genèsi</em>, reprenant des fragments publiés au fil des ans dans l'<em>Armana Prouvençau</em>, et enfin, en 1912, son dernier recueil lyrique, <em>Lis Oulivado</em> (1912). Seront publiés après sa mort trois recueils de <em>Proso d'Armana</em> et un récit de voyage en prose, <em>Escourregudo en Itàli</em>, écrit, nous dit-on, en collaboration avec son épouse. D'autres inédits, notamment des correspondances avec divers acteurs de la renaissance d'oc ont été publiés par la suite, sans épuiser la matière. Parallèlement, Mistral se consacre à la mise en place des collections ethnographiques du Museon Arlaten.</p>
<h3>Les dernières années</h3>
<p align="justify">Si ses dernières années le voient recevoir le demi prix Nobel de littérature de 1904, et être l'objet de célébrations multiples (cinquantenaire du Félibrige en 1904, cinquantenaire de <em>Mirèio</em> en 1909, visite du Président de la République Poincaré en 1913...), sur fond d'un véritable culte de la personnalité orchestré par ses disciples, tout cela ne l'empêche pas de constater la difficulté du Félibrige à trouver en son sein une personnalité capable de lui succéder. Il peut bien faire figure de patriarche « olympien », objet de visites presque touristiques à Maillane et sujet de nombreuses représentations artistiques de plus ou moins bon goût dont lui-même riait parfois volontiers, il est permis de penser que sa déception a été grande, face aux limites de la progression du Félibrige et, au-delà, de la renaissance d'oc dans les domaines qu'il percevait comme prioritaires : la diffusion d'une littérature d'oc ambitieuse et de qualité, la reconnaissance de la langue à l'école, sans parler de la cause de la décentralisation.</p>
<h3>La postérité</h3>
<p align="justify">À sa mort en 1914, quelques mois avant le déclenchement de la première guerre mondiale, commence le temps de sa postérité. Le Félibrige entretient le culte de son père fondateur jusqu'à aujourd'hui, de commémoration en commémoration (centenaire de la naissance en 1930, centenaire du Félibrige en 1954, centenaire de Mirèio en 1959, anniversaires de sa naissance et de sa mort chaque année...). De nombreuses rues et avenues du Midi portent son nom. La bibliographie qui lui est consacrée est immense, quoique de qualité très inégale : il faut attendre les années 50 pour voir vraiment apparaître les premiers travaux critiques dépassant le niveau des « biographies » pittoresques, ou des récupérations politiques (maurrassiennes puis vichistes notamment). Si son œuvre reste largement ignorée des spécialistes de littérature française, qui poursuivent dans la voie ouverte par leurs prédécesseurs les critiques myopes du XIXe, cette œuvre est régulièrement rééditée et trouve ainsi de nouveaux lecteurs. Au-delà des clichés, et du respect machinal dû au personnage, il reste à la redécouvrir, dans sa richesse et sa complexité.</p>
<h2>Sources et bibliographie</h2>
<br />Compte tenu de l'importance du personnage, la masse de références est colossale, et on ne peut ici donner que quelques indications.
<h3>Sources</h3>
<p align="justify">Les correspondances reçues par Mistral sont conservées au musée de Maillane ; mais un certain nombre de ses lettres et de celles qu'il a pu recevoir ont été recueillies au musée du Roure, à Avignon. Certaines de ses correspondances, (avec les acteurs les plus importants) ont été publiées, mais il reste du travail...</p>
<h3>Bibliographie</h3>
<p align="justify">Un premier point a été fait par Edmond Lefèvre en 1903 : Frédéric Mistral, Bibliographie sommaire de ses œuvres, Marseille, Idèio Prouvençalo, 1903. Contient aussi les références de tous les livres, brochures, articles... consacrés à Mistral (154 p.). Complété en 1969 par Georges Place, bibliographe reconnu de la littérature française : Frédéric Mistral, Paris, Editions de la Chronique des Lettres Françaises (157 pp.).</p>
<h3>Biographie et critique</h3>
<p align="justify">Là encore, on a affaire à une masse considérable, de qualité très inégale. Quelques pistes, classées chronologiquement :</p>
<ul>
<li>Lafont, Robert, <em>Mistral ou l'illusion</em>, Paris, Plon, 1954.</li>
<li>Peyre, Sully-André, <em>Essai sur Frédéric Mistral</em>, Paris, Seghers, 1959.</li>
<li>Pélissier, J., <em>Frédéric Mistral au jour le jour</em>, Ophrys, publications des Annales de la Faculté des Lettres d'Aix en Provence, 1967.</li>
<li>Martel, Philippe, <em>Les Félibres et leur temps. Renaissance d'oc et d'opinion (1850-1914)</em>, Bordeaux, PUB, 2010.</li>
<li>Mauron, Charles, <em>Études mistraliennes</em>, Saint-Rémy, 1989 (reprend des publications plus anciennes).</li>
<li>Mauron, Claude, <em>Frédéric Mistral</em>, Paris, Fayard, 1993.</li>
<li>Gardy, Philippe, Torreilles, Claire, dir. <em>Frédéric Mistral et Lou pouèmo dou Rose</em>, sl, CELO, 1997.</li>
<li>Casanova, Jean-Yves, <em>Frédéric Mistral, l'enfant, la mort et les rêves</em>, Canet, Trabucaire, 2004.</li>
<li>Casanova, Jean-Yves, <em>Frédéric Mistral, l'ombre et l'écho</em>, Paris, Garnier, 2016.</li>
<li>Casanova, Jean-Yves, Courouau Jean-François, Martel, Philippe, dir. <em>Sus la mar de l'istòri, lectures et réception de l'œuvre de Frédéric Mistral</em>, Paris, Garnier, 2018.</li>
</ul>
Martel, Philippe (1951-....)
CIRDOC - Mediatèca occitana (Béziers)
LLACS-Langues, littératures, arts et cultures du sud (Université Paul-Valéry, Montpellier 3)
2023-01-23 Florian Bart
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Libérat, Jacques (1787-1865) alias « Mèstre Prunac »
Libérat, Jacques (1787-1865) alias « Mèstre Prunac »
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Jacques Libérat Prunac, dit Mèstre Prunac (1787-1865), boulanger à Sète (alors orthographié Cette), fait partie de cette noria de poètes locaux d’expression occitane de l’époque préfélibréenne, qui n’ont généralement pas connu la notoriété, faute d’avoir vu leur œuvre intégrée à un groupe ou une école artistique à même de la valoriser et de lui donner de l’écho. Certains d’entre eux n’ont même pas été publiés de leur vivant, d’autres se sont offert ou vu offrir comme un cadeau d’adieu une édition de leurs œuvres complètes à la fin de leur vie. Ceux qui, comme Jasmin, Verdié, Reboul ou Gelu ont connu la reconnaissance au point de faire école dans leur ville et au-delà, ont bénéficié d’un contexte favorable, d’un entourage qui les y a aidés, d’un milieu éditorial propice ou tout simplement ont su faire montre d’un sens de l’autopromotion plus développé que les autres. Ils écrivaient généralement dans une graphie plus ou moins phonétique, utilisant les normes graphiques du français pour transcrire les sons de la langue occitane. Appartenant à des générations antérieures à celles des premiers félibres, ces auteurs sont souvent influencés par des sources antérieures, tout en étant très marqués idéologiquement, quelque soit le camp auquel ils appartiennent.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Libérat, Jacques (1787-1865)</p>
<h3>Autres formes du nom</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Libérat Prunac, Jacques (variante du nom)</p>
<p style="text-align: justify;">- Mestre Prunac (pseudonyme)</p>
<p style="text-align: justify;">- Méstré Prunac (pseudonyme)</p>
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Nous ne savons pratiquement rien sur Jacques Libérat Prunac, né le 20 décembre 1787 à Sète où il est mort le 28 novembre 1865. Il exerçait la profession de boulanger dans sa ville, et écrivait - en français d’abord, puis en occitan, nous dit-il lui-même - à côté de son activité professionnelle, pendant son peu de temps de loisir. Dans la préface de ses œuvres complètes, publiées en 1861 chez l’imprimeur-libraire Gras à Montpellier, <em>Las Fougassas de Mestré Prunac, boulangé dé Cetta</em>, Prunac prend un ton qui n’est pas sans rappeler celui de Jasmin dans <em>Mous Soubenis</em> pour nous dépeindre la misère de son existence. Mais ne s’agit-il pas ici d’un topos narratif, dont des expressions pouvant évoquer des lieux communs « le pain noir de l’adversité », « au calice de mes amertumes », « quelques larmes de miel », « mes tristesses et mes douleurs » ? Il n’est pas aisé de répondre à cette question. Si l’on en croit ce qu’il a voulu transmettre de lui-même à son lectorat, Prunac connut donc dans son activité de boulanger les affres de la misère. Manifestement habité d’une profonde foi catholique, et appartenant probablement à des milieux que l’on pourrait qualifier de conservateurs. S’il a commencé, de son propre aveu, par écrire en français, Prunac s’est semble-t-il assez vite tourné vers la langue d’oc,</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>... notre idiome patois, langue si gracieuse et si pittoresque, langue de mon pays, que j'ai begayée sur les genoux de ma mère au sortir de mon berceau, langue qui m'a toujours été, depuis, aussi douce que familière.</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il est intéressant de noter que, si l’appellation « patois » apparaît sous sa plume, Prunac considère bien le parler d’oc de Sète comme une « langue ». Il l’appelle également « languedocien » (le parler sétois étant transitoire entre le languedocien oriental et le provençal maritime). La référence à la mère, à l’affect lié aux sonorités de la terre natale, font partie des topoï les plus courants dans les textes des écrivains occitans de cette époque, et encore longtemps après. Prunac ne se prive pas, dans son <em>A mous lectous</em>, de déplorer le recul - déjà - de l’occitan à Sète au milieu du XIX<sup>e</sup> siècle :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Dé parlà ben patoués n’és pa caouza facila, <br />Yoï lou parlan papus couma d’aou ten passat ; <br />Aquel poulit lengagé a prés lo toun dé villa, <br />Per trop se rafinà s’és tout despatouézat. <br />Rétrouvayen papus sa lengua marternèlla, <br />Sé das mors d’ancien ten né révéniè quaoucun ; <br />Trouvayen qué dé mescla en plaça dé touzella,</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Les textes de Prunac oscillent entre humour et nostalgie, avec un ton généralement moralisateur, empreint de bienséance, parfois franchement misogyne, mais essayant d’être « badines » selon l’expression de l’auteur. Prunac n’a réuni ses œuvres qu’à la fin de sa vie, mais nous les connaissons aussi - tant ses pièces françaises qu’occitanes - par un recueil manuscrit conservé au CIRDOC, contenant les poèmes du boulanger, transcrits par son neveu F. Prunac et dédiées à la petite-fille de Mestre Prunac, Rosalie. Prunac cite parmi les gens l’ayant encouragé à écrire en occitan Auguste Mallié, auteur occitan sétois, que nous connaissons par la présence de ses œuvres dans l’Armanac Cetori, l’organe félibréen de « l’île singulière » à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle, et son neveu l’abbé A. Bousquet, « aumônier », dont une pièce occitane est placée à la suite de l’introduction de l’édition de 1861.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Prunac a dédié un poème à Joseph Roumanille, dans lequel il exprime clairement qu’il connaît l’existence du félibrige provençal, et qu’il se sent attiré par cette société de poètes occitans visant à remettre en honneur la langue d’oc. Prunac est d’ailleurs cité par Mistral dans le Trésor du Félibrige. Prunac exprime son désir que son œuvre à lui, <em>cantayré dé routina/Doun tout l’ar es lou naturel</em> parvienne jusqu’aux félibres :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Ah ! sé din toun por arrivavou, <br />O felibré ! é sé t’agradavou, <br />Quinté bonur séyé lou siou !</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Mais Prunac, qui a manifestement assisté à une séance du Félibrige à Nîmes, où Roumanille fut couronné de fleurs blanches par trois félibres, n’a manifestement pas été félibre lui-même. Peut-être était-il déjà trop âgé, ou trop occupé par ses activités. Toujours est-il qu’à la différence d’autres auteurs de l’époque pré-félibréenne, il fut informé de la naissance du mouvement, qu’il compare dans ses vers à un arc-en-ciel, en conçut de la joie et s’identifia pleinement à ce retour du printemps de la langue occitane.</p>
Escarpit, David
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-06-01 Aurélien Bertrand
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http://vidas.occitanica.eu/items/show/2121
Gelu, Victor (1806-1885)
Gelu, Victor (1806-1885)
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">L’imposante figure de Victor Gelu est aujourd’hui perçue comme emblématique de la culture occitane marseillaise. Poète populaire de langue occitane, employant comme une évidence le parler urbain de Marseille, Gélu appartient à ce cercle d’auteurs de langue d’oc qui sont arrivés à incarner l’esprit profond, l’éthos de leur ville, à l’instar de Jasmin à Agen, Meste Verdié à Bordeaux ou Goudouli à Toulouse. Républicain, progressiste mais pourtant méfiant vis à vis du scientisme et du progressisme à tout va qui marquent si profondément l’esprit du XIX<sup>e</sup> siècle, omniprésent dans l’écrit provençal de son temps tout en se tenant soigneusement en marge du Félibrige, truculent mais aussi mélancolique et volontiers moralisateur, Gelu est un peu inclassable. Sa silhouette massive continue de hanter la mémoire du Marseille populaire. Sa statue, évoquée par César dans la Trilogie marseillaise, a disparu avant d’être refaite, déplacée, pour finalement orner depuis 2015 l’angle de la rue qui porte son nom.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Gelu, Victor (1806-1885)</p>
<h3>Autres formes du nom</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Gelu, Vitour (forme occitane du nom)</p>
<h2>Élements biografiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Victor Gelu est né à Marseille le 12 septembre 1806, dans une famille marseillaise originaire d’Embrun, dans les Hautes-Alpes. Son père, comme son grand-père auparavant, exerçait la profession de boulanger et dirigea plusieurs boulangeries marseillaises. Sa mère, Rosalie Margalet, couturière, était pour sa part issue d’une famille catholique pratiquante de Puyloubier, à l’est d’Aix. Gelu était notoirement proche de son père qu’il adorait et admirait, quand ses relations avec sa mère furent toujours marquées par une profonde tension. Les problèmes de santé de son père l’obligent à mettre précocement un terme à ses études, entamées chez les Frères gris d’Aix, période de sa vie qu’il n’apprécia guère. Son acrimonie vis à vis de la religion catholique ostensiblement affichée se forge vraisemblablement là, aggravée par son opposition à la ferveur religieuse de sa mère, qu’il rejette. Il se forge enfin sous la férule de son précepteur l’abbé Chabert, homme dur qui lui laissé un sinistre souvenir, et enfin dans les rues de Marseille ensanglantées par les émeutes de l’été 1815, entre bonapartistes et la majorité de la population de la vallée du Rhône, de sensibilité royaliste. Gélu développe alors un fort sentiment républicain. Une altercation avec un de ses professeurs, un des frères d’Aix, achève de le convaincre d’abandonner l’école. Mais le décès de son père, Étienne Victor Gelu, le 10 juin 1822, fit basculer sa vie. Gelu en conçut un profond chagrin qu’il exprima souvent. La boulangerie familiale commença à péricliter, dit-on à cause du caractère détestable de sa mère et de ses dons irraisonnés à l’Église. Mais le portrait de Rosalie Margalet en bigote revêche provient de son fils, qui nourrissait très vraisemblablement un fort ressentiment vis à vis de sa mère.<br />Victor Gelu fréquente des cercles et goguettes, à l’instar de celles que fréquentaient Béranger à Paris, dont les Endormis, cercle bonapartiste comprenant nombre d’anciens soldats de l’Empire, qui joue des pièces de théâtre et chante des chansons dans un « caveau ». Ayant petitement hérité de son père et n’ayant pu conserver ses économies, Gelu quitte alors Marseille. Il voyage, à Bordeaux puis Paris, où il cherche à se construire une situation. Il échoue et ne parvient qu’à dilapider l’argent qui lui reste. Il se retrouve de nouveau à Marseille, dépendant de sa mère qui ne l’accueille pas à bras ouverts. Gelu s’initie alors au théâtre. Il remplace, à Antibes, un comédien porté absent pour une pièce, et remporte un succès considérable. Mais le milieu du théâtre, libertin, ne plaît pas à l’austère moraliste qu’il est en train de devenir. Ayant tenté de se faire embarquer à Toulon comme commis aux vivres sur un bateau en partance pour l’expédition d’Alger, il rentre une fois de plus penaud chez sa mère qui l’expédie, en compagnie de son jeune frère Noël, à Lyon pour travailler dans une usine de pâtes alimentaires. Ayant perdu sa place dans la tourmente que constitua la révolution de 1830, lui-même fut impliqué dans les mouvements ouvriers insurrectionnels connus à Lyon sous le nom de révolte des Canuts, et blessé sérieusement en 1831. Sans emploi, avec des espoirs déçus, il s’en revint en Provence où il logea chez son frère Noël, devenu minotier à Aubagne. Mais ne s’entendant pas avec sa belle-soeur, Gelu se trouva de nouveau en échec, et tenta de se suicider. Son frère parvint à l’en empêcher. <br />Revenu à Marseille, Gelu loua une maison, et décrocha un emploi de clerc, d’abord à 30 puis à 60 et enfin à 90 francs par mois, ce qui le mit à l’abri du besoin. Libéré des contingences matérielles, Gelu put se lancer l’esprit libre dans la création : ce fut d’abord en 1838 <em>Fenian et Grouman</em>, chanson satirique, éloge de la fainéantise et des plaisirs, puis en 1840, son recueil de vingt-cinq chansons, à la façon des goguetiers, dont dix en provençal et quinze en français. En 1852, il est invité au congrès des félibres à Arles. Il remporte un brillant succès. Les félibres et le public sont impressionnés par son gabarit imposant, la puissance de sa voix, sa présence, son charisme. Monté sur une table, il chante <em>Fenian et Grouman</em>. Il est le centre de l’attention, et c’est à cette occasion que Joseph Roumanille lui adressera la phrase restée célèbre : Mon Dieu, Monsieur, vous devez nous trouver tout petits. Mais s’il connaissait les félibres, Gelu refusa toujours d’être un des leurs. Sauvage autant que paradoxal, il conserve son indépendance d’esprit. Son engagement républicain a certainement joué lui aussi dans son rapport avec le Félibrige. Il se fit d’ailleurs des ennemis politiques, qui tentèrent de s’opposer à la publication de ses œuvres ou même à les censurer. Gelu vit quelques années à la minoterie de Roquevaire, près d’Aubagne, puis retourne à Marseille, dans le quartier Saint-Barnabé. Il perd une fille, et publie en 1854 <em>Lou Credo de Cassian</em>, puis en 1855 <em>Nouvè Grané</em>, roman social qui met en scène le voyage à l’Exposition universelle de Paris d’un paysan de Vitrolles. Le texte est une satire du progressisme et de la foi dans la technique au service du bonheur des hommes. L’année suivante, Gelu réédite ses chansons provençales en version augmentée. Quelques années plus tard, Gelu se retrouve veuf. La mort de sa femme constitua pour lui une terrible épreuve.<br />Gelu commença à prendre un certain recul dans les années 1870, et, affecté par les deuils et vieillissant, cessa progressivement d’écrire. Il refusa en 1878 d’être coopté à l’Académie de Marseille, malgré une réelle volonté de l’intégrer. La municipalité de Marseille lui refusa un poste qu’il avait sollicité, de professeur de diction au Conservatoire. Il mourut chez son fils, architecte de métier et artiste-peintre, le 2 avril 1885. Un délégué des « Endormis », le cercle goguettier de ses débuts, prononce un discours. Gelu connaît un succès posthume réel, avec la réédition complète de ses œuvres - moins les Mémoires - en 1886, et en 1891, le monument qui lui est élevé sur le Vieux-Port, place neuve, rebaptisée place Victor-Gelu.<br />Gelu a puisé l’essentiel de son inspiration dans la contemplation de la société populaire marseillaise, celle du port et des bas-fonds. Républicain engagé, il se fait l’écho de la colère sociale des plus démunis, de la révolte et des cris de colère. Sévère dans sa morale, son œuvre est baignée d’une hauteur de vue sombre et dépourvue d’illusions sur le monde. S’il a lui-même souffert et connu la détresse, son engagement républicain ne l’a pas empêché de garder ses distances avec certains aspects de l’idéologie de son temps, y compris dans le camp républicain, comme le progressisme et le scientisme, portés par la pensée positiviste alors en vogue. Il n’hésite pas, dans ce cas, à adopter une position que d’aucuns pourraient qualifier de réactionnaire. Gelu a été toute sa vie inclassable et l’est resté. Seule chose que personne ne saurait lui contester : un amour et une profonde connaissance de sa ville, du Marseille populaire de langue provençale.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il est difficile de situer Victor Gelu dans la renaissance de la langue occitane en son temps. Il en est à la fois un acteur essentiel, central, et un marginal. Contemporain du Félibrige, il connut et fréquenta un peu les félibres, notamment par sa présence remarquée au congrès d’Arles de 1852, où il interprète sa première œuvre, <em>Fenian et Grouman</em> suivi d’un souvenir plus personnel, lié à son père. Dans la préface de l’édition des oeuvres complètes de 1886, Mistral se remémore <em>Victor Gelu, le célèbre Gelu, que je voyais et entendais pour la première fois</em> et de préciser aussitôt que cette première fois fut aussi la dernière : ni Mistral ni les félibres ne revirent Gelu.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Je n’ai vu Gelu que cette fois. Dans aucune de nos fêtes ni de nos réunions, si fréquentes pourtant depuis la fondation du Félibrige, nous n’avons plus rencontré le terrible chansonnier. De même que les lions, devenus vieux, vont vivre solitaires dans le fond du désert, ainsi le vieux poète qui, tout en maniant magistralement sa langue, avait désespéré de sa résurrection, en voyant après lui monter ces jeunes, ivres d’enthousiasme et d’espérances provençales, fit seul sa bande à part, et dédaigneux, muet, laissa courir la farandole.</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Gelu, sans forcément être « dédaigneux », ne souhaitait pas être récupéré, ni voir son nom associé à quelque école, mouvement, courant ou groupe que ce soit. Ce désir ardent d’indépendance s’associait à un engagement républicain et social marqués, qui lui semblaient peut-être incompatibles avec les orientations clairement chrétiennes, conservatrices de certains félibres tels que Roumanille ou Aubanel (qui sera pourtant attaqué par l’Église pour l’érotisme de ses poésies). La présence des républicains Brunet et Gras se suffit pas, semble-t-il, à le rassurer. Il a pu être dit, également, que Gelu, adepte du provençal populaire « en liberté » voyait d’un oeil méfiant les prétentions normatives des félibres : grammaires, dictionnaires, norme graphique... Cela n’empêche pas la langue de Gelu, très marquée par la dialectalité du provençal maritime de Marseille, d’être très écrite, riche en idiomatismes et dotée d’un lexique très étendu.</p>
<br /><hr />
<h2>Éléments de bibliographie de l'auteur</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- <em>Chansons provençales et françaises</em>, Marseille, Sénés, 1840. <br />- <em>Chansons provençales</em> (2e édition augmentée), Marseille, Laffitte et Roubaud, 1856. <br />- <em>Meste Ancerro vo lou Vieiugi. Chansons provençales avec glossaires et notes</em>, Marseille, Camoin frères, 1863. <br />- <em>Lou Garagaï. Chansons provençales avec glossaire et notes</em>, Marseille, Camoin frères, 1872. <br />- <em>Œuvres complètes, avec trad. litt. en regard précédées d'un avant-propos de Frédéric Mistral et d'une étude biographique et critique d'Auguste Cabrol</em>, Marseille-Paris, Charpentier, 1886, 2 vol<br />- <em>Nouvè Grané</em>, Centre Régional d’Études Occitanes de Provence/Publications de l’Université de Provence, 1987. <br />- <em>Victor Gelu, Poèta dau pòple marselhés, Cansons provençalas</em>. CD-livre (musique de Dupain, Lo Còr de la Plana, Massilia Sound System, D'Aqui Dub...) Ostau dau Pais Marselhés/Edisud, 2003. <br />- "Victor GELU - L'homme révélé par ses textes" - Tomes I et II - par Michèle Delaage et Pierrette Bérengier - <em>Cahiers 104 et 105 du Comité du Vieux-Marseille</em>, 2011.</p>
Escarpit, David
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-05-17
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Boirac, Élie (1810-1884)
Boirac, Élie (1810-1884)
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Élie Boirac (1810-1884) sort à peine des limbes de l’oubli, demeure à la veille de voir son oeuvre publiée. Boulanger dans le village girondin de Saint-Macaire, sur la rive droite de la Garonne, à 45 kilomètres en amont de Bordeaux, il ne le quitta que pour la sous-préfecture voisine de La Réole, située à une dizaine de kilomètres, et mourut dans son village. Auteur de plusieurs dizaines de textes, dont la moitié environ en occitan, pamphlétaire redoutable et polémiste sans pitié, chansonnier, farceur, il fut aussi un militant profondément engagé dans la cause républicaine, au coeur de la Restauration, de la monarchie de Juillet et du Second Empire, ce qui lui valut pas mal d’ennemis et quelques ennuis avec l’autorité, qu’il adorait braver. Gascon de théâtre, colosse à a voix de stentor, grand amateur de conquêtes, il s’engagea dans les combats du quotidien de son village, attaqua de front ses détracteurs et parvint généralement à ses fins. Mais ses pamphlets, chansons et saynètes, restés manuscrits quoique recopiés plusieurs fois, n’ont à ce jour jamais connu les honneurs de l’édition et fut oublié presque aussitôt qu’il mourut, à l’exception d’une consécration tardive et d’ailleurs ambiguë au début des années 1930.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Boirac, Élie (1810-1884)</p>
<h2>Élements biografiques</h2>
<h3>Un poète benlèu tròp lengut (peut-être trop bavard)</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Élie Boirac naquit le 5 janvier 1810 au Pian (aujourd’hui Pian-sur-Garonne) en Gironde, commune limitrophe de Saint-Macaire, de Pierre Boirac et de Catherine Marrot. Il mourut le 28 mars 1884 à Saint-Macaire. Boirac est donc l’exact contemporain du poète-boulanger marseillais d’expression occitane Victor Gelu (1806-1885) avec lequel il est possible de lui trouver bien des traits communs. Comme le Marseillais, Boirac exerçait par tradition familiale la profession de boulanger, son père l’ayant été avant lui, dans la boutique familiale située au rez-de-chaussée d’une maison de la rue Yquem à Saint-Macaire, où une plaque commémorative (en français) a été apposée. Comme Gelu, Boirac fut un républicain convaincu. Profondément hostile à Napoléon III, Boirac fut le fondateur du Cercle républicain de Pian en 1848. Il en assura la direction en plein Second Empire de la période autoritaire, ce qui lui valut d’être condamné au bannissement de sa commune. L’anecdote raconte – transmise par tradition familiale – que Boirac « s’exila » dans la commune voisine du Pian, à une poignée de mètres de sa maison, juste de l’autre côté de la rue. L’anecdote est remarquable, et colle à ce que ses écrits nous donnent à voir de la personnalité de Boirac : un personnage truculent et brillant, maniant l’insolence et la provocation avec talent. Néanmoins, les sources identifiables par ailleurs semblent contredire sur certains aspects cette légende « boiraquienne ». En réalité, Boirac ne s’est donc pas contenté de s’exiler à deux pas de chez lui, chez ses cousins. Il s’est expatrié à La Réole, où il était domicilé en janvier ou février 1852. Il s’est par contre caché (« soustrait par la fuite ») à l’approche de la police bonapartiste, et cette « cavale » peut correspondre effectivement à l’époque où le « boulanger-poëte », comme il se qualifiait lui-même se réfugia dans la maison toute proche d’un sien parent. Il ne paraît plus devoir être inquiété, début 1852, puisque même sous surveillance de la police, il semble continuer d’être l’« agent actif de la propagande » républicaine auprès des Réolais, après l’avoir été auprès des Macariens et Piannais. Quant au Cercle républicain, fondé en mars 1848, il en fut effectivement membre et le resta tant qu’il fut autorisé par le pouvoir, mais rien ne dit qu’il l’ait dirigé.<br />D’Élie Boirac nous sont parvenus soixante-treize textes, chansons, saynètes, satires locales, poèmes, textes engagés, ainsi que plusieurs fragments, dont trente-cinq totalement ou partiellement en occitan, encore tous inédits. Retenons principalement quatre pamphlets en occitan, qui ont pour titre <em>Rencountre</em> (1842), <em>Lou Tintamarre</em> (1846), <em>Lous trotoirs de Maouhargat</em> (1865) la <em>Riguedoundene</em> et le <em>Riguedoundoun</em> (1868). Les trois premiers ont une portée strictement locale, communale, et sont moins politiques que satiriques contre des personnes nommément désignées (Boirac nommait toujours ses cibles par leurs noms).<br />Le pamphlet <em>Lou Tintamarre</em>, daté de 1846, n’est pas politique en apparence. C’est un règlement de compte que Boirac inflige à un nommé Chaigne, un habitant de Pian qui avait osé composer lui aussi des satires et notamment s’attaquer aux habitants de Saint-Macaire, dont il était pourtant originaire. Mais Boirac ne s’arrête pas à une satire locale clochemerlesque. Le texte se poursuit sous des aspects délirants d’épopée homérique ou virgilienne.<br />Boirac met en scène le combat, comme un Victor Hugo, un Tasse ou un Homère burlesque. Il déroule les phases de l’épopée de ces soldats de l’An II des coteaux macariens.<br />Dans les <em>Trotoirs de Maouhargat</em>, en 1865, Boirac évoque les aménagements urbains apportés à ce quartier de Saint-Macaire, dont le nom gascon signifie exactement « mal foutu », et qui vient à cette époque de recevoir des trottoirs, remplaçant l’ancienne chaussée boueuse à la saison des pluies.<br />Les pamphlet appelés <em>Riguedoundene </em>et<em> Riguedoundoun</em> se suivent et datent de la même année. La <em>Riguedoundene</em> est une attaque contre la fanrare locale, accusée de bonapartisme et d’agression sur l’orphéon municipal soutenu par Boirac. Le <em>Riguedoundoun</em> le chef-d’œuvre de Boirac, mais aussi sa dernière œuvre connue. Âgé de cinquante-huit ans, le « boulanger-poëte » républicain voit le Second Empire toucher à sa fin. La petite ville est toujours administrée par le bonapartiste Étienne Ferbos, qui possède dans son conseil municipal un concurrent commercial direct de Boirac en la personne du boulanger Merle. Nous ne saurions dire si son engagement politique, son talent indéniable pour l’écrit polémique gascon, dans un village sans doute encore majoritairement occitanophone, ont porté tort à son négoce. Le gérant de l’histoire s’appelle Gilaresse, et ce n’est pas le seul nom que lui attribue Boirac. Globalement, le <em>Riguedoundoun</em> s’apparente à une suite d’insultes davantage qu’à une argumentation. Boirac semble trouver dans l’exercice une jubilation langagière qui le rapproche du genre <em>recardèir</em> bordelais et du <em>Cadichoune</em> et <em>Mayan</em> de Verdié, une de ses références identifiables. L’autre chapelet qui se rencontre dans le sonore pamphlet, c’est celui des noms. Car Boirac affectionne l’évocation sonore dans le choix de ses titres : le <em>rigadondon</em>, en occitan, se rapproche de l’idée de tintamarre, de charivari. Nous sommes proches ici de l’idée du chahut carnavalesque, jubilatoire et transgressif, et du <em>riga-raga</em>, la crécelle, l’instrument des charivaris, mais aussi des marginaux et particulièrement les plus rejetés d’entre eux, les lépreux.<br />Le <em>Riguedoundoun</em> est donc avant tout un règlement de comptes, avant d’être un cri du cœur d’un républicain.<br />Boirac tout entier tient dans une anecdote révélatrice à la fois du mode de fonctionnement du boulanger-poète et de ses opinions politiques sur le Second Empire. En 1852 fut démolie à Saint-Macaire une maison forte défensive du XIII<sup>e</sup> siècle, ancienne Chambre de l’Édit du Parlement de Bordeaux, restaurée en 1600 et que l’on appelait dans le pays le Palais du Turon. A cette occasion, Boirac, qui faisait construire un mur mitoyen au chantier, y plaça dans une fiole de verre deux ou trois pièces de monnaie anciennes ramassées sur le site, et une lettre dénonçant la destruction du monument historique et fustigeant le plébiscite de Louis-Napoléon en vue d’être couronné empereur des Français. Le pamphlet accusait le prince et son oncle, le défunt empereur Napoléon I<sup>er</sup> en des termes sanglants : « (le) plus grand Dévastateur et Despote que l’Enfer ait vomi sur la Terre...». Cette fiole fut découverte en 1907, vingt-trois ans après la mort du poète-boulanger, par des maçons chargés de démolir le mur que Boirac avait fait bâtir. Une tradition locale qui nous a été transmise par ses héritiers soupçonne Boirac d’avoir caché des fioles identiques un peu partout dans Saint-Macaire, dans des caches au creux des murs où elles seraient encore.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<h3>À distance des félibres : le Gelu de la Gironde ?</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">La figure d’Élie Boirac ne peut que faire penser à celle du tonitruant Gélu, lui aussi boulanger et lui aussi tribun. Comme Gelu, Boirac semble avoir possédé une très forte et remarquable personnalité s’illustra dans le pamphlet mais aussi dans la chanson. La comparaison s’arrête là, car si les œuvres du Marseillais sont bien connues, éditées et rééditées à maintes reprises, ce n’est qu’à l’état de bribes que nous sont parvenues celles de Boirac. Ce qui les unit encore, toutefois, est leur refus de s’intégrer aux mouvements de renaissance de la langue et de la culture occitanes de leur temps. Il convient cependant de signaler qu’au temps de Boirac, en Gironde et plus largement en Gascogne, aucun mouvement félibréen structuré n’existait. Si à Bordeaux, quelques figure locales comme l’abbé Arnaud Ferrand (1849-1910) et son entourage semble amorcer un rattachement aux idées félibréennes, il faudra attente la fin de la décennie 1880 et les années 1890 pour voir se dessiner l’embryon d’une école félibréenne en Lot-et-Garonne, autour de Charles Ratier, Victor Delbergé et Jasmin fils. La Gironde, elle, n’aura pas d’institution félibréenne avant le siècle suivant. Gelu connaissait les félibres et s’en méfiait. Boirac ne les a vraisemblablement pas connus, et en eût-il eu l’occasion, l’orientation idéologique de ces premiers félibres girondins se trouvait à l’opposé exact de la sienne : catholiques, de tendance royaliste et fortement antirépublicains. Boirac connaissait Jasmin au moins de réputation, l’ayant probablement entendu, et le cite à plusieurs reprises dans ses textes. Les sonorités du coiffeur agenais, son contemporain, se retrouvent parfois au détour d’un vers, mais là s’arrête le rapport entre les deux voisins de la Garonne. En revanche, Boirac puise abondamment dans l’univers bordelais de Meste Verdié (1779-1820) et de la littérature populaire <em>recardèira</em> en gascon <em>pishadèir</em>. Il reste néanmoins une figure isolée, dont l’absence d’édition de son vivant - et à ce jour - donne l’image d’un poète oublié, sans postérité. Selon l’habitude des félibres, Boirac fut toutefois célébré lors de la Félibrée de 1930 qui se tint à Saint-Macaire, et lui fut entièrement dédiée.</p>
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Escarpit, David
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-05-09 Aurélien Bertrand
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Lesca, Pierre (1730-1807)
Lesca, Pierre (1730-1807)
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Rares sont les chanteurs gascons qui n’ont pas repris à un moment ou un autre <em>Los Tilholèrs</em>, chanson au rythme lancinant, interprétée sur un mode mineur, qui dispute à la plus tardive <em>Salut Baiona</em> ! le titre d’hymne gascon bayonnais. La chanson est attribuée de façon quasiment certaine à un tonnelier-négociant du XVIIIe siècle, également connu dans la cité de la Nive et de l’Adour pour son activité de chansonnier : Pierre Lesca, qui signait Lesca-Hitze, associant selon l’usage au nom gascon de son père le patronyme basque de sa mère. Remaniée, réécrite, la chanson datable des années 1785-1788 est devenue un « classique » des chorales gasconnes. Mais à l’instar de son quasi-contemporain béarnais Despourrins, nous nous apercevons vite que nous ne savons finalement que peu de choses sur Lesca, et que l’attribution même de ses oeuvres est parfois bien douteuse.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Lesca, Pierre (1730-1807)</p>
<h3>Autres formes du nom</h3>
<p>- Lesca-Hitze, Pierre (forme complète du nom de famille)</p>
<h2>Élements biographiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Pierre Lesca est né à Bayonne le 4 septembre 1730, dans la rue des Cordeliers, quartier que nous appelons aujourd’hui le Petit Bayonne. Il reçoit le baptême le jour même dans la cathédrale Sainte-Marie de Bayonne, église paroissiale de son quartier. Son père, Nicolas Lesca, est maître-tonnelier. Le quartier des Cordeliers est à cette époque un haut lieu de l’activité viticole : les vins du pays bayonnais, du sud des Landes, de Bordeaux et des environs de Peyrehorade, mais aussi l’eau-de-vie d’Armagnac se négocient sur les bords de la Nive, et jouissent alors d’une certaine estime. Un tonnelier, en ce temps, est généralement aussi marchand de vin et négociant. La profession est respectable, et les Lesca ont un statut de petits bourgeois et même de notables dans la ville du confluent. Le parrain de Pierre Lesca se trouve être un nommé Tauzin, maître-tonnelier lui aussi, confortant l’image d’une famille Lesca bien intégrée dans son tissu socio-professionnel. Sa mère se nomme Gracieuse Dihitze ou de Hitze, et l’on a longtemps cru Lesca issu par sa lignée maternelle de la petite noblesse basque. Il n’en est en fait rien. Gracieuse Dihitze est roturière, issue d’une famille basque implantée à Saint-Étienne-d’Arribe-Labourd, une paroisse au nord de Bayonne, depuis intégrée à la commune. Si le poète naquit bien dans la rue des Cordeliers, ou une plaque, apposée au n°25, rappelle cette illustre naissance, il semblerait qu’il y ait eu erreur sur la maison, et que Lesca ne soit pas né exactement à l’emplacement indiqué. René Cuzacq (1901-1977), grand érudit du sud des Landes et de la région bayonnaise, et quasiment seul biographe de Lesca, est parvenu au moyen de savants recoupements à localiser la véritable maison natale du poète-tonnelier, à presque en face de celle où en 1812 viendra s’installer le poète gascon bordelais Verdié. Les Lesca sont semble-t-il originaires d’Anglet, commune occitanophone située entre Bayonne et Biarritz.<br />La vie de Pierre Lesca ne présente ensuite rien de particulièrement différent de celle de n’importe quel artisan bayonnais de son temps. René Cuzacq, dans la notice qu’il consacre spécialement à Lesca, doit user d’un grand nombre de digressions pour remplir les presque 80 pages du petit livre. Nous ignorons sont éducation, que son bagage culturel et littéraire déductible du contenu de ses textes, permet de supposer complète et de bonne qualité. Son chai se trouve rue Pontrique, aussi appelée rue Maubec (qui coupe à angle droit la rue des Cordeliers), bien que l’évolution des noms des voies bayonnaises fasse correspondre, selon René Cuzacq, ce chai à l’actuel n°6-8 de la rue du Trinquet. En 1781, c’est dans ce chai qu’il reçoit une délégation du corps de ville de Bayonne, en robes de cérémonie et escorté d’hommes d’armes, venu lui remettre un pâté aux armes de la ville en récompense d’une cantate de son crû dédiée au roi. En 1751 ou 1752 (les archives sont douteuses), Lesca comparaît devant le tribunal de l’échevinage de Bayonne pour une chanson légère, en français, intitulée <em>La Bouchère culbutée</em>, tournant en ridicule une aventure arrivée à une Bayonnaise exerçant effectivement ce métier, Marie Danglade. Le texte de la chanson nous est parvenu. En 1758, son père décède et Lesca se marie l’année suivante. Le 7 août 1759, il épouse Marie Tiris, d’une famille originaire de la ville landaise de Vieux-Boucau-Port-d’Albret.<br />Ce que l’on sait en plus sur Lesca tient en quelques liasses des Archives municipales. En 1781, il est interpelé en tant que tonnelier pour avoir expédié en Hollande des barriques de vin de Jurançon et de Bergouey, en Chalosse, qui n’avaient pas toutes la contenance réglementaire. En 1784, nous possédons un bon de commande de vin de la municipalité bayonnaise (du vin d’Anglet, de Capbreton, de Lahonce et d’Ondres pour les banquets et réceptions municipaux), avec la facture portant signature de Lesca, qui apparaît dès lors comme un négociant ayant pignon sur rue dans la cité. Un autre acte de cette année nous le montre encore livrant du vin au corps municipal. En 1784, sur ordre de Louis XVI, Bayonne obtient le statut de port franc (de taxes), donc de zone non soumise au service des douanes. Cet événement est accueilli comme une immense joie par le milieu des négociants bayonnais, dont Lesca. D’autres actes nous le présentent en conflit avec un client, en 1787 en particulier. Lesca semble alors occuper une place éminente au sein de la très respectable corporation des maître-tonneliers, qui défile chaque année pour la Fête-Dieu, où leurs chefs portaient des <em>ciris</em>, des cierges où pendaient les insignes de la corporation, ainsi que ses armes. En 1789, il est un des co-signataires du cahier de doléances du corps des maîtres-tonneliers de la ville de Bayonne. La vieillesse de Lesca n’eut, semble-t-il, rien d’original. Il s’éteint dans sa maison, située au-dessus de son chai de la rue Maubec ou rue Pontrique le 21 octobre 1807, à l’âge de soixante-dix-sept ans. Sa femme lui survécut jusqu’au 7 mai 1820.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Ce sont, comme souvent, les félibres gascons de la première moitié du XX<sup>e</sup> siècle qui exhumèrent de l’oubli la mémoire de Pierre Lesca. Même si plusieurs auteurs du XIX<sup>e</sup> siècle, dont Ducéré, le citent, c’est au félibre Molia, dit Bernat Larreguigne (mort en 1937) que l’on doit l’initiative de la pose de la plaque sur la maison supposée natale de Lesca, l’emplacement choisi étant, selon Cuzacq, erroné : le tonnelier-poète serait en réalité né deux maisons à côté, à l’angle de la rue Charcutière. Lors de son inauguration en septembre 1925, l’adjoint au maire Simonet se fend d’un vibrant discours en gascon bayonnais à la gloire de l’auteur des <em>Tilholèrs</em>. C’est par les érudits bayonnais Édouard Ducéré et Théodore Lagravère que nous connaissons l’essentiel des oeuvres attribuées à Lesca, qui de son vivant ne publia rien. Lagravère, auteur en 1865 de <em>Poésies gasconnes</em> (Bayonne, Lamaignère, 1865), écrivait dans le <em>Courrier de Bayonne</em> depuis Paris, où il résidait. C’est là qu’il publie des poèmes qu’il attribue à Lesca, dont les fameux <em>Tilholèrs</em> dont il déclare avoir remanié et modifié le texte. <em>L’Histoire topographique et anecdotique des Rues de Bayonne</em> de Ducéré (Bayonne, Lamaignère, 6 tomes 1887-1894) propose plusieurs chansons de Lesca (tomes III, IV et V) qui rectifient les libertés semble-t-il prises par Lagravère. En 1928, l’<em>Almanach de l’Acamédie gascoune de Bayonne</em>, institution créée en 1926 à l’initiative de plusieurs Bayonnais, dont Pierre Rectoran, reproduit aussi plusieurs textes de Lesca. Aucune source directe ne semble disponible présentement sur Pierre Lesca, à l’exception d’une <em>Requeste dous artisans</em>, dans les archives non-classées de la Bibliothèque municipale de Bayonne, que Cuzacq attribue formellement à Lesca sur la base d’une comparaison de l’écriture avec des textes attestés de la main du tonnelier. Outre cela, toujours selon Cuzacq, seul le manuscrit 303 du fonds Bernadou de la Bibliothèque municipale de Bayonne renferme quelques poèmes attribués à Lesca, certains d’ailleurs à tort puisque postérieurs de plus de trente ans à la mort du chansonnier. D’après les publications de tous ces érudits, les oeuvres attribuables à Lesca que nous connaissons à l’heure actuelle sont : <em>Le cante dous tilholés</em> (un <em>tilholèr</em> est un batelier maniant la<em> tilhòla</em>, ancien type de barque de l’Adour et de la Garonne), dont un couplet cite le nom du maire de Bayonne, Joseph Verdié, en activité de 1785 à 1788. Nous savons que Lagravère, dans sa transcriptions (il prétend avoir retrouvé le manuscrit original) a changé des noms et réécrit des parties, mais si ce nom-là est d’origine, nous possédons un élément de datation de la chanson. Nous possédons aussi <em>Le Consulte, Requeste dous gardes de bile, Le cante à l’aunou de le nachence dou daufin, Aute cante nabere, Ronde des Agneteires, Chanson du Carnaval, Chanson des Cocus, Requeste dous artisans</em> ainsi que la <em>Bouchère culbutée</em>, en français.<br /><br />Concernant la bibliographie, outre les ouvrages précités de Lagravère, Ducéré et de l’Académie gasconne, ainsi que les rares sources manuscrites, les deux seules synthèses sur Lesca sont toutes deux de René Cuzacq : <em>Panorama de la littérature gasconne de Bayonne</em>, Le Livre, Bayonne, 1941 (pp. 56-62) et <em>La vie de Pierre Lesca</em>, <em>poète gascon bayonnais (1730-1807)</em>, Mont-de-Marsan, éditions Jean-Lacoste, 1955.</p>
Escarpit, David
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-03-26 Aurélien Bertrand
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Verdié, Antoine (1779-1820)
Verdié, Antoine (1779-1820)
Fonctionnaire
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Figure omniprésente et pourtant mystérieuse du Bordeaux gascon, Jean-Antoine « Meste » Verdié occupe une place à part dans le paysage de l’écrit occitan. Né à la fin d’un siècle que l’on considère souvent comme une période creuse de la littérature d’oc, mort trop jeune pour avoir connu Jasmin et le Félibrige, souvent jugé avec une sévérité excessive dans les anthologies, Verdié est différent. Dans une ville en pleine mutation économique et urbanistique, il lance pourtant le siècle d’or de l’occitan bordelais et reste l’un des plus gros succès de librairie qu’aie connu du Port de la Lune au XIX<sup>e</sup> siècle. Dans la bouche des anciens, sur les marchés ou chez les bouquinistes, Verdié est encore partout. Il est LE représentant du Bordeaux gascon, de l’esprit <em>recardèir</em> de Saint-Michel et des Capucins, des forts des halles et des paysans médoquins endimanchés. Mais il est aussi un des derniers continuateurs de la tradition de l’écriture occitane farcesque et carnavalesque, héritier revendiqué de Goudouli et de François de Cortète.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Verdié, Antoine (1779-1820)</p>
<h3>Autres formes du nom</h3>
<p>- Meste Verdié (pseudonyme) <br />- Verdié, Jean Antoine (autre forme du nom)</p>
<h2>Élements biografiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Jean-Antoine Verdié est né le 11 décembre 1779 à Bordeaux, probablement dans la paroisse Saint-Rémi, derrière l’actuelle place de la Bourse, à deux pas de la Garonne. Nous ignorons le lieu exact de sa naissance, mais c’est dans l’église paroissiale Saint-Rémi qu’il est baptisé. Son milieu social est très modeste et mal documenté. Son père, Jean Verdié, est boulanger, probablement selon Philippe Gardy davantage un revendeur de pain et de gâteaux qu’un véritable artisan. Sa mère, Marie Brunetié, est un personnage sur lequel nous n’avons aucune information, excepté qu’elle semble être décédée précocement. Nous ignorons à peu près tout de l’éducation de Verdié, éducation dont ses références en matière de littérature laissent penser qu’elle ne fut pas bâclée, mais au contraire de bonne qualité.<br />Verdié se marie le 5 mai 1806 à Bordeaux avec Catherine « surnommée Rose N... » jeune fille mineure de dix-sept ans, demeurant au faubourg Saint-Seurin, c’est à dire dans des quartiers relativement récents à l’époque établis autour de la basilique Saint-Seurin, à l’ouest de Bordeaux, sur la route du Médoc. Nous sommes à l’opposé géographique de son lieu de naissance. C’est le quartier (alors semi-rural) où se déroule le Carnaval de Bordeaux, alors à son apogée, en particulier la procession du Mercredi des Cendres qui conduit les Bordelais jusqu’au village voisin de Caudéran. Ce détail n’en est pas un. C’est là que le ménage s’installe. Verdié est alors déclaré comme boulanger de profession. Verdié et son épouse eurent dans les années suivantes deux enfants, deux fils semble-t-il tous deux décédés en bas âge.<br />En 1810, Verdié s’installe à Bayonne. Les actes de naissance de deux autres de ses enfants (un fils et une fille) nous apprennent qu’il réside, entre 1810 et 1812 au numéro 51 de la rue Pannecau, puis de 1812 à 1814 au numéro 8 de la rue des Cordeliers. Les deux rues sont voisines, et 150 mètres séparent les deux habitations. Ce détail a son importance, parce que c’est dans ce quartier du Petit Bayonne, sur les bords de la Nive, entre le château et la cathédrale qu’a vécu est qu’est mort en 1807 le chansonnier gascon Pierre Lesca, en quelque sorte le Verdié de Bayonne. Ce maître-tonnelier, natif de la même rue des Cordeliers, s’était donc éteint à peine quatre ou cinq ans avant que Verdié n’y emménage, tout près de là, rue Maubec. Lesca, personnage mal connu, avait probablement laissé un souvenir, une trace de son activité dans ce quartier d’artisans en tonnellerie et d’imprimeurs dont Philippe Gardy rappelle l’activité en matière d’écriture populaire gasconne, avec des chansons et des pièces farcesques dont la matière n’est pas sans rappeler celle de Verdié, en particulier un texte manuscrit attribué à un certain Mailli (dont nous ignorons tout). Verdié est alors infirmier major à l’hôpital militaire. Dans le contexte des guerres de l’Empire, en particulier de l’installation par Napoléon Bonaparte de son frère sur le trône d’Espagne, sans parler de son affrontement avec la Grande-Bretagne, Bayonne devient une place forte de première importance stratégique qui attire beaucoup de monde en quête d’emploi dans l’entourage de l’armée. Verdié, sa famille et un certain nombre de Bordelais de son entourage font partie du lot.<br />Verdié rentre à Bordeaux en 1814 et s’installe avec son épouse rue Pont-Long, toujours dans le faubourg Saint-Seurin. C’est vers cette époque que Verdié commence à écrire (nous ne connaissons aucune œuvre de lui antérieure à 1814). Ses pièces sont imprimées chez Anne Roy, veuve de Jean-Baptiste Cavazza, imprimeur-libraire bordelais guillotiné en 1794 pour sympathies monarchistes. En cette fin de l’Empire, le retour des Bourbons est intensément souhaité dans un Bordeaux étranglé par le blocus qu’imposent les Britanniques (partenaires commerciaux privilégiés). Verdié se fait alors le chantre d’un monarchisme légitimiste d’occasion, qui sera généralement mal compris et lui sera reproché. L’imprimerie Cavazza est alors un foyer d’édition de l’écrit favorable aux Bourbons à Bordeaux. Le 11 janvier 1817 au Théâtre Français est jouée sa <em>Mort de Guillaumet</em>, suite d’une de ses farces (<em>l’Abanture comique</em>, en 1815), dont le chroniqueur et avocat bordelais Pierre Bernadau salue la représentation par une note méchante dans ses <em>Tablettes</em>. Verdié est alors grenadier de la Garde Nationale de Bordeaux, poste dont il démissionnera pour devenir employé de l’octroi de la ville (<em>pèla-gigòt</em>, pèle-gigot selon l’appellation locale), puis travaille un temps comme « facteur » à la Ruche d’Aquitaine, revue littéraire bordelais d’Edmond Géraud (francophone, mais attiré par la thématique d’une Occitanie médiévale mythifiée), avant de lancer sa propre revue, mais en occitan : <em>La Còrna d’Abondença</em>, en 1819. Entouré d’une « société de poètes gascons » Verdié se lance dans le projet de la première revue littéraire en langue d’oc connue. Il en livrera sept numéros. Verdié déménage finalement place de Rodesse, dans le quartier Mériadeck. Il y décède le 25 juillet 1820 à l’âge de 40 ans. Nous ignorons les circonstances de sa mort, par ailleurs assez peu documentée. Verdié devient, à peine mort, un personnage de contes et légendes. Vingt-six ans après, en 1846, son premier biographe Laurent Charles Grellet-Balguerie (qui signe Charles Bal) répand l’idée que Verdié a été « sablé » c’est à dire battu à mort avec une peau d’anguille remplie de sable tassé, pour ne laisser aucune trace. On parle de dettes, mais aussi d’excès en tous genres, et même, selon une légende urbaine locale qui se fait jour vers la fin du siècle, d’un pacte avec le diable, qui ferait de l’auteur bordelais une sorte de Faust de l’écriture. Verdié, enterré dans le carré des indigents du cimetière de la Chartreuse, n’aura droit à une véritable sépulture que bien des années plus tard, sur la volonté de sa sœur. Cette tombe a été détruite et a aujourd’hui disparu.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">L’œuvre de Verdié se compose principalement d’œuvres en occitan mêlé de francitan. Il s’agit d’un topos farcesque connu et utilisé depuis le XVII<sup>e</sup> siècle au moins, autant dans la littérature française qu’occitane, que bien d’autres auteurs de langue d’oc, notamment à l’époque baroque, ont utilisé, tels Goudouli ou François de Cortète de Prades. Verdié a écrit des textes en vers qui semblent avoir été destinés à être joués, à la façon des farces de l’âge baroque, dont seul un canevas de texte était écrit, l’interprétation étant laissée au talent d’improvisation des acteurs. Mais il nous a également laissé des pièces en français (réputées de piètre qualité), des chansons et quelques textes de circonstance ou de commande. Presque tout ce qui a été imprimé du vivant de l’auteur l’a été chez la veuve Cavazza :<br /><br /><em>- Acrostiche à l'honneur de Monsieur Lainé, ministre de l'Intérieur, ou la reconnaissance des Bordelais</em> (1814)<br />- <em>L'abanture comique de meste Bernat ou Guillaoumet de retour dens sous fougueys</em> (1815)<br />- <em>La Catastrophe affruse arribade à meste Bernat ou sa séparatioun dam Mariote</em> (1815)<br />- <em>Sounet dédiat aou Rey</em>. (sans doute 1815)<br />- <em>La Revue de Meste Jantot dans l'arrondissement de Bordeaux, ou la Rentrée des Bourbons en France, poëme dialogué, dédié aux amis du Roi, par M. Antoine Verdié</em> (1816)<br />- <em>La mort de Mariote ou meste Bernat bengé</em> (1816)<br />- <em>La mort de Guillaumet</em> (1816)<br />- <em>La Conduite de Grenoble, ou la Conspiration manquée, chanson nouvelle, dédiée aux gardes nationales du royaume </em>(1816)<br />- <em>Le Mois de mars passé, ou le Poisson d'avril mangé par les bonapartistes, chanson nouvelle</em> (1816)<br />- <em>Rondeau du mois de mai... à l'honneur du mariage de S.A.R. Monseigneur le duc de Berri</em> (1816)<br />- <em>La mort de Guillaumet, tragédie burlesque en 2 actes et en vers</em>, Bordeaux, Théâtre Français, 11 janvier 1817<br />- <em>Lou Sabat daou Médoc ou Jacoutin lo debinaeyre dam Piarille lou boussut</em> (1818)<br />- <em>Bertoumiou à Bourdeou ou lou peysan dupat</em> (1818)<br />- <em>Respounse a Meste Verdié, autur daou Sabat saou Medoc. Satire patoise, per un Medouquin</em> (1818), selon Philippe Gardy, Verdié est l’auteur de ce pamphlet rédigé contre lui-même.<br />- <em>Antony lou dansaney ou la rebue des Champs-Eliseyes de Bourdeou</em> (1818)<br />- <em>Alexis ou l'infortuné laboureur</em> (1818)<br />- <em>Les enfans sans soucis, ou L'art de banir la tristesse</em> (1818)<br />- <em>Le Gascon à Bordeaux, ou Maffay et Lazzari, fait historique </em>(1818)<br />- <em>Cadichoune et Mayan ou les doyennes de fortes en gule daou marcat</em> (1819)<br />- <em>Fables nouvelles, dédiées à M. Dussumier-Latour,... commandant de la 2e cohorte de la Garde nationale bordelaise</em>, par M. Verdié. Première édition (1819)<br />- <em>L'Amour et le célibat, comédie en un acte et en vers, par M. Verdié</em> (1819)<br />- <em>Réponse de M. Verdié à la satire qui a été publiée contre lui, ou Rira bien qui rira le dernier</em> (1819)<br />- <em>La Corne d'aboundence, oubratge poétique et récréatif per une societat de poetes gascouns et rédigeat per Meste Verdié</em>. Neuf livraisons (1819-1820)<br />- <em>Dialogue entre l'illustre Don Mardi-Gras et Carême l'abstinent</em>, sans date, d’attribution douteuse.<br />- <em>Le procès de Carnaval, ou Les masques en insurrection</em>, sans date.<br />- <em>Testament de Mardi-Gras</em>, sans date.<br />- <em>Conversion de Mardi-Gras</em>, sans date.<br />- <em>Cansoun</em>, sans date.<br />- <em>Chanson nouvelle</em>,<em> dédiée aux Bordelais pour l'anniversaire des douze mois</em>, sans date.<br />- <em>Le Corps-de-garde, chanson à l'honneur de la nouvelle organisation de la Garde nationale bordelaise</em>, sans date.<br />- <em>Lou Gascoun sur la route de Paris</em>, attribution incertaine, sans date.<br />- <em>Le Gâteau du 6 janvier</em>, sans date.<br /><br />Pour une bibliographie complète de Verdié, il sera renvoyé à la synthèse de François Pic, à la fin de l’ouvrage référentiel de Philippe Gardy : <em>Donner sa langue au diable. Vie, mort et transfiguration d’Antoine Verdié</em>, Bordelais. Fédérop, Section Française de l’Association Internationale d’Études Occitanes, 1990. Il s’agit de la synthèse la plus complète de la vie et de l’œuvre de Verdié qui ait été faite à ce jour.<br />Verdié fut un des plus gros succès de librairie à Bordeaux au XIX<sup>e</sup> et au début du XX<sup>e</sup> siècles. Outre les éditions séparées d’œuvres parues de son vivant, puis dans les années qui ont suivi sa mort (par la veuve Cavazza, puis par son successeur Lebreton), il convient de citer les regroupements de ses textes, publiés par les imprimeurs-libraires Élie Mons, puis Auguste Bord, dans les années 1840-50. La première édition de ses œuvres (presques) complètes voit le jour en 1868, chez Émile Crugy. François Pic précise que « d’une manière ininterrompue le public bordelais put, de 1868 aux dernières années du XIXe siècle, découvrir, posséder et relire les principales œuvres d’A. Verdié » (<em>op. cit</em>. p.211). Il convient de ne pas omettre le travail de Grellet-Balguérie, premier biographe de Verdié : <em>Essai sur les poésies françaises et gasconnes de Meste Verdié, poète bordelais</em>, par Charles Bal. Bordeaux, Coudert, 1846, qui s’appuient sur des témoignages de personnes ayant connu Verdié, dont, semble-t-il, sa propre sœur. Par la suite, nous pouvons citer plusieurs rééditions :<br /><br />- <em>Œuvres gasconnes de Meste Verdié, poète bordelais</em> (1779-1820). Édition nouvelle soigneusement collationnée, considérablement augmentée et précédée d'une notice, sur Antoine Verdié. Son temps, sa vie, ses œuvres, sa langue, par Léon Bonnet, lauréat des Jeux floraux septenaires. Préface de M. Édouard Bourciez, professeur de langues et littératures du sud-ouest de la France, à la Faculté des lettres de Bordeaux. Féret et fils, Bordeaux, 1921.<br /><br />- <em>Farces bordelaises</em>, traduction par Bernard Manciet, préface par Albert Rèche, Bordeaux, l'Horizon chimérique, 1989.<br /><br />- <em>Mèste Verdié. Obras gasconas </em>: Bordeaux, Ostau occitan ; Toulouse, Institut d'études occitanes ; Orthez, Per noste, 1979.<br /><br />- <em>Istoèras bordalesas e gasconas</em>. Version bilingue gascon-français. Éditions des Régionalismes, 2016.</p>
Escarpit, David
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-03-20
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Peyrottes, Jean-Antoine (1813-1858)
Peyrottes, Jean-Antoine (1813-1858)
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Jean-Antoine Peyrottes es un poèta-potièr de la primièra mitat del sègle XIX. S’inscriu dins lo territòri occitan perque visquèt tota sa vida a Clarmont d’Erau e tanben perque escriguèt mai que mai en occitan. Son òbra es abondosa : mai de 400 poèmas retrobats. Totes los manuscriches coneguts son conservats al CIRDÒC e al jorn de uèi, mens de dètz per cent de son òbra es estada publicada. Efectivament, sonque dos recuèlhs son pareguts, lo primièr estructurat per Peyrottes, en 1842 e lo segond editat pel Comité Peyrottes de Clarmont d’Erau, en 1897.</p>
<h2>Identitat</h2>
<h3><b>Formas referencialas</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Peyrottes, Jean-Antoine (1813-1858)</p>
<h2>Elements biografics</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Lo poèta escriguèt e publiquèt jos son nom vertadièr, lo qu’es enregistrat a l’estat civil. Çaquelà, la signatura de qualques unes de sos poèmas met subretot en evidéncia sa condicion populara e son activitat artesanala puslèu que la creacion poëtica. Peyrottes considerava que crear de poèmas èra una necessitat mas aquela activitat podiá èsser una empacha a l’exercici de son mestièr tanplan que li arribava de signar « espèça de teralié que s’es mes dins lo cap d’estre poèta ». <br /><br />Peyrottes es un autodidacte que s’es pauc a pauc constituit una cultura literària que pòt èsser qualificada d'eteroclita e de mal estructurada, segon l'expression de l’istoriana cercaira montpelhierenca Nathalie Pistre. Lo poèta ven d’una familha d’artesans potièrs pro rica qu'èra establida dins lo vilatge de Clarmont d’Erau situat entre la lana lengadociana de Montpelhièr, las Cevenas, lo Carós e lo Lodevés. Peyrottes a viscut dins un contèxte d’afrontaments politics entre republicans e monarquistas mai que mai marcat per las consequéncias de la Revolucion Francesa e pels cambiaments de regims de la primièra partida del sègle XIX. Del punt de vista religiós, Clarmont èra tanben un luòc ont l’oposicion entre los catolics e los protestants foguèt viva.<br /><br />Peyrottes s’engatgèt en politica amb l’objectiu de portar la votz del pòble e de sosténer la lucha dels obrièrs e pageses. Anèt duscas a se voler presentar a las primièras eleccions legislativas al sufratge universal masculin solament, mas renoncièt. Plan de sos tèxtes son un rebat d’aquel engatjatament politic.</p>
<h2>Engatjament dins la renaissança d'òc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Peyrottes parla e escriu naturalament en occitan e son òbra es majoritàriament en occitan. Publiquèt çaquelà qualques tèxtes en francés que son mai que mai de tèxtes politics. Sos poèmas en occitan coma en francés s’inscrivon dins l’encastre del monde occitan, e particularament lengadocian mas mòstra tanben qu'a una coneissença pro larga del patrimòni literari occitan. Dins sa produccion, se tròban de poèmas de valorizacion de la cultura e de la literatura d’òc e se qualificava de trobaire coma o mòstra « Lou Lay del Darnié Troubayre » :</p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: left;">O sublima sagessa ! Eh ! Bé sièga bénida. <br />Del mal qu'o suspourtat moun paoure corp és las<br />Vouyajur, fatigat, hioy mé cal un soulas <br />La routa qu'ay séguit n'èra pas gayre unida. <br />Quan, pécayre, tout passa é qué tout és mourtel ;<br />Quan joundroou ma poulsièyra ambé d'aoutra poulsièyra <br />Mé récoumande à tus, à moun houra darnièyra : <br />Car sios gran, car sios juste, ô Payre Universel !</p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: center;">(Peyrottes 1897, 97)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><br />En 1838, ganhèt lo prèmi de la Societat d’Estudis Arqueologics de Besièrs amb un poèma d'omenatge a Pèire-Pau Riquet. En seguida, creèt un cercle literari, lo Grenier de Clarmont d’Erau que s’inscriviá dins un contèxte de desvelopament de las societats poeticas obrièras. En 1840 foguèt condemnat per una de sas òbras (Lous Orchelets, per injura a magistrat), çò qu'aguèt per resultat de lo far conéisser dins la França tota. Sas relacions amb d’erudits coma Moquin-Tandon semblan començar, se nos basam sus la correspondéncia qu’entretenguèron, en 1843. Enfin, Victor Hugo o Lamartine n’ausiguèron parlar tanplan que, dins lo contèxte del romantisme literari e politic, son trabalh d’escritura foguèt considerat coma l’expression de la votz del pòble :</p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: center;">À Monsieur J- A. Peyrottes, potier et poète Clermont l’Hérault</p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: left;">Votre voix, Monsieur, n’est pas seulement la voix du poète : c’est la voix du peuple. C’est cette même voix qui murmure sur la terre les choses du ciel, qui dit : Aimez, travaillez, espérez !</p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: left;">Mon nom enchassé dans vos rimes populaires me réjouit comme la plus douce des récompenses. Je vous remercie du fond du coeur.</p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: center;">Victor Hugo</p>
<h2>Bibliografia de Jean-Antoine Peyrottes</h2>
<h3>Òbras imprimidas</h3>
<p>- <em>Pouésias patouèzas</em>. Montpellier : imprimerie de Veuve Ricard, 1840.<br />En linha sus Occitanica.eu : <a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/224" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
<p>- <em>Œuvres patoises</em>. Montpellier : Impr. Méridionale, 1897.<br />En linha sus Occitanica.eu : <a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/568" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
<p>- <em>Las Fadechailhas</em>. Montpellier : Patras et Virenque, 1842.<br />En linha sus Rosalis, Bibliothèque numérique de Toulouse : <a href="http://rosalis.bibliotheque.toulouse.fr/cgi-bin/hub?a=d&d=%2Fark%3A%2F74899%2FB315556101_RC19_000792_004" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
<p>- <em>Lous orchelets</em>. Lodève : Grillières, 1837.<br />En linha sus Rosalis, Bibliothèque numérique de Toulouse : <a href="http://numerique.bibliotheque.toulouse.fr/ark:/74899/B315556101_RC19_000792_003" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
<p>- <span>« </span>Déliré pouétiqua<span> »</span>, in <em>Le Babillard</em>, juin 1843.</p>
<p>- <span>« </span>Compassiou<span> »</span>, in <em>Le Babillard</em>, 24 décembre 1842.</p>
<p>- <span>« </span>Richessa e paoudièyra<span> »</span>, in <em>Le Babillard</em>, 19 mars 1843.</p>
<p>- <span>« </span>La filla de la mountagna : Oda coupousada pè dél Pioch de Bissou<span> »</span>, in <em>Le Babillard</em>, 5 janvier 1840.</p>
<p>- <span>« </span>La Doutaciou d'un efan del pople<span> »</span>, in <em>L'Indépendant</em>, avril 1841 – juin 1844.</p>
<p>- <span>« </span>La Libertat<span> »</span>, in <em>L'Indépendant</em>, avril 1841 – juin 1844, p250.</p>
<p>- <span>« </span>L'entarramén d'un éfan<span> »</span>, in <em>L'Indépendant</em>, avril 1841 – juin 1844.</p>
<p>- <span>« </span>Le Temps<span> »</span>, in <em>L'Indépendant</em>, avril 1841 – juin 1844.</p>
<p>- <span>« </span>Lou boun Samaritèn<span> »</span>, in <em>L'Indépendant</em>, avril 1841 – juin 1844.</p>
<p>- <em>La Prièra del Vèspré. roumança, paraoulas dé J.-A. Peyrottes, musica de Pierre Lugagne</em></p>
<h3>Manuscrits</h3>
<p>- Recueil de poèmes de Jean-Antoine Peyrottes, Dossier A. CIRDÒC - Mediatèca Occitana, Ms 324 (A).<br />En linha sus Occitanica.eu : <a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/3206" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
<p>- Recueil de poèmes de Jean-Antoine Peyrottes, Dossier B. CIRDÒC - Mediatèca Occitana, Ms 324 (B).<br />En linha sus Occitanica.eu : <a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/3210" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
<p>- Recueil de poèmes de Jean-Antoine Peyrottes, Dossier C. CIRDÒC - Mediatèca Occitana, Ms 324 (C).<br />En linha sus Occitanica.eu : <a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
<p>- Poésies populaires. CIRDÒC - Mediatèca Occitana, Ms 24.<br />En linha sus Occitanica.eu : <a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/225" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
<p>- Poésies languedociennes et gasconnes. Toulouse, Service commun de documentation de l'Université Toulouse 1 Capitole, bibliothèque de l'Arsenal. Cote : Ms 196.<br />En linha sus Occitanica.eu : <a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/523" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
Humbert, Léo
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-03-14 Noémie Eyraud
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Vestrepain, Louis (1809-1865)
Vestrepain, Louis (1809-1865)
Fonctionnaire
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Nascut a Tolosa, botièr de profession, ensaja de prene la dralha de Jasmin, qu’es de son temps o de son devancièr Godolin e capita de ganhar un prèmi al concors de lengas romanicas de la Societat Arqueologica de Besièrs.<br />De 1837 a 1860, l’òbra presenta una varietat bèla de produccions. Trobam de poèmas en rapòrt amb los eveniments : fèstas (<em>La balotcho de Sant-Subra</em>), carnavals (<em>Tribunal carniboro seent a Salvagnac, a Lebignac, a Lasserro</em>), visitas de personalitats nacionalas (<em>Al prince Louis-Napoleoun</em>), de poèmas d’inspiracion politica (<em>Libertat Egalitat Fraternitat</em>), morala (<em>La caritat</em>), religiosa (<em>Tout probo l’existenço de Diou</em>), satirica (<em>Les furets del numerari, ou les banqueroutiès fraoudulouses</em>), dramatica (<em>Le laourié d’uno bastisso nobo ou la mort de Marcèl</em>), comica <em>(La lantèrno-magiquo ou le fillol de Bourniquèl</em>), e tanben de cançons e de poèmas divèrses (<em>Improumptus</em>).</p>
<h2>Identitat</h2>
<h3><b>Formeas referencialas</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Vestrepain, Louis (1809-1865)</p>
<h3>Autras formas conegudas</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Vestrepain, Louis-Catherine (pseudonim)</p>
<h2>Elements biografics</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Louis Vestrepain nasquèt a Tolosa<a id="1" href="#note1"><sup>1</sup></a> lo 17 d’agost de 1809 e i defuntèt lo 25 de decembre de 1865 (56 ans). <br />Èra sabatièr coma son paire. Aviá son magasin a Tolosa carrièra de la Poma, al 55 puèi al 66. Sa vocacion poetica l’empachèt pas de contunhar son mestièr tota sa vida. A l’ocasion dels eveniments (carnavals, fèstas, divèrsas) escriguèt poèmas, cançons, satiras, peçòtas dins sa lenga mondina, la lenga del pòble de Tolosa.<br /> S=Botièr e filh de botièr, lo primièr encastre de l’exercici de la poesia, o del cant, èra lo mitan dels companhons : lo talhièr, las fèstas professionalas e recepcions de novèls companhons.<br />Per l’anecdòta, un de sos ancians aprendís, filh de mèstre companhon cordonièr, que venguèt cantaire e director de l’Opera de Tolosa puèi de París, Pedro Gailhard, testimónia : « Vestrepain avait un culte particulier pour Molière qu’il savait entièrement par cœur et qu’il nous récitait durant nos repos. » (« Vestrepain intime », <em>La Belle chanson du pays de France et des pays d'oc, revue toulousaine</em>, 1911.</p>
<h2>Engatjament dins la renaissança d'òc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Coma per Godolin, son las scènas de la vida populara (entre autres las manifestacions carnavalescas) la font principala de son inspiracion. Avèm per exemple una descripcion d’una fèsta (<em>La balocho de San Subra</em>) que C. Torreilles ne fa l’estudi dins <em>Lenga e Pais</em> n° 21 (Dorsièr « Recit de Fèstas », presentacion de Vestrepain p. 66) :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;">« <em>La balotcho de San-Subra est le récit de la fête du quartier Saint Cyprien à Toulouse. Fête aquatique, qui se déroule dans les prairies du bord de la Garonne, et sur l’eau : une théorie de bateaux richement décorés transporte le cortège de Neptune et Amphitrite jusque dans l’île de Tounis. La pompe royale du décor rappelle les fastes d’Ancien Régime. Cette fête n’est établie que depuis 1845, grâce à M. Arzac, membre du Conseil de Toulouse, à qui Vestrepain rend hommage, en entonnant à sa manière le chant de la grande fraternisation</em>.</p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: center;"> […] <br /><em>Le grand e le petit menatge </em><br /><em>Favrejan coumo de bessous, </em><br /><em>Manjabon e bebion al brut de tas cansous, </em><br /><em>Sans malfisenço ni rancuno</em>. </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>On sent le désir d’insuffler à la fête restaurée et organisée de façon plus ou moins officielle, la ferveur d’une participation populaire qui lui donnera sens. C’est pourquoi Vestrepain insiste dans son poème sur le succès des jeux traditionnels, course en sac, mât de cocagne, en forçant un peu la note du populisme…</em> »</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><br />Contemporanèu de Jasmin (1798-1864), Vestrepain es un dels actors de la renaissença occitana del sègle XIX<sup> </sup>dins lo parçan tolosenc, coma Olympe Benazet (1802-1879)<a id="2" href="#note2"><sup>2</sup></a> o Lucien Mengaud (1805-1877, autor de la cançon « <em>La Toulousaine</em> »). Comencèt de se far conéisser en 1836 amb de publicacions dins los jornals locals : lo <em>Journal de Toulouse</em> li dobrís sas paginas entre 1845 e 1860, las publicacions occitanas <em>Le Gril</em> e <em>La Terro d’òc</em> (« revisto felibrenco e federaliste publicado per l’Escolo Moundino ») lo lausan encara en 1898. Dins sas <em>Mémoires</em>, Léon Géry (1839-1933), un autre autor-obrièr occitan, parla de son amistat e de sa consideracion per Vestrepain que reconeis coma son mèstre.<br />Es premiat al concors de <em>La Societat Archeologica de Besièrs</em> ont es comparat a Jasmin. Vertat, Vestrepain afortís son admiracion per Jasmin amb dos poèmas (<em>Le coiffur del Parnasso</em>. <em>Epitre a Jasmin</em> en 1839 e <em>Maytinado poetiquo. Dounado per Jasmin</em> en 1851). Mas las relacions van pas perdurar :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Qui me legira saoura</em> : <br /><br /> <em>Qu’èy renounçat d’escrioure à l’aounou de Jasmin, </em><br /><em>Parço que mon trabal, per un ta grand genio, </em><br /><em>Diou pareysse, sans doute, un trabal de gamin,</em><br /><em> Car jamay nou m’a dit : L’èy recepiut, mercio !</em> (éd. 1860, 154) :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><br />Las societats literàrias s’interessan a sos vèrses, mas es pas qu’en 1860 que publica sas òbras acampadas jol títol<em> Las espigas de la lengo moundino</em>. <br />Coma ne fan l’analisi Robert Lafont e Christian Anatole (<em>Nouvelle histoire de la littérature occitane</em>, PUF, 1970, 2 vol., vol. 2, p. 527) : :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;">« <em>Ses meilleures réussites, il les atteint lorsqu’il se fait le porte-parole de l’indignation populaire comme dans </em>Les furets del numerari<em> ou </em>Les banquerouties fraoudulouses<em> ou qu’il utilise, à l’imitation de Godolin, l’incohérence de la poésie folklorique dans </em>Les detz coplets de raretas<em> :</em><br /><br /></p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: center;"><em>A la coeta d’una mosca</em><br /><em> An atelat un monard </em><br /><em>Per anar tirar la posca </em><br /><em>Qu’òm vei al fons de la mar ; </em><br /><em>Pel trauc d’una canavèra </em><br /><em>D’astronòmes alemands </em><br /><em>Sus un bròc de galinièra </em><br /><em>An vist pondre d’elefants…</em> »<br /><br /></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Lo libret <em>Las abanturos d’un campagnard à Toulouso</em> es editat sièis còps e tres autres seràn tornarmai estampats en 1870 e 1911. <br />Ni pels francismes emplegats, Vestrepain manten pasmens unes biaisses de dire plan occitans coma o fan remarcar Louis Ariste e Louis Braud (<em>L’Histoire populaire de Toulouse</em>) : </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;">« Ce poète s’efforça de rechercher des anciens mots et des tours de phrase de langue "moundino " que le temps tendait à modifier au bénéfice de tournures françaises :</p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: center;"> Grasso coumo un clabèl <br />Mouflo coumo un ayssèl <br />Bentrut coumo un rastèl <br />Et poumpillat coumo un gistel <br />Soun payre farinèl <br />Al mouli del Castèl… » <br /><br />(Tirat del poèma <em>Le Filhol dé Bourniquèl</em>) </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">E d’ajustar :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;">« <em> Ce fut le vrai poète des foules, le chanteur obligé de toutes les fêtes, des balotchos comme des carnavalades, des pèlerinages et des </em>fénétras<em>.<br /> Autrefois le </em>fénétra<em> était une sorte de pardon qui se gagnait en visitant les maladreries des faubourgs ; plus récemment, ces dévotions devinrent des foires avec divers amusements, comme elles se font de nos jours</em>. » </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Cal remarcar tanben que trobam sovent la declaracion dedicatòria « A ma lengo ». Emplega pas jamai lo mot « patés ». Pasmens sembla creire que las causas cambiaràn pas :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">« <em>Percevant peu, voire pas du tout, le recul de la langue, Vestrepain fonde sur l’occatinophonie encore massive de la population, bien établie, il est vrai, en ce milieu du XIX<sup>e</sup> siècle, les conditions d’un statut ontologique de l’occitan :<br /><br />Tant que l’astre del jour lugrejara dins l’ayre, <br />Le pople parlara coumo a parlat sa mayre ; <br />Oui, tant que l’on beyra lusi les Tres-Bourdous <br />Et la luno argenta sa courso luminouso,<br /> Le cèl fara brilla la lengo de Toulouso <br />Per entrumi le froun de sous acusatous !! »</em> (éd. 1860, 207)<a id="3" href="#note3"><sup>3</sup></a> <em> </em><br /><br />Frederic Mistral ne fa una citacion dins <em>Lou Tresor dóu Felibrige</em>, al vocable TOURRIL (p. 1013) : </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 60px;">« <em>Des jouiouses dounzèls le rire e le babil </em><br /><em>Quand aniran enfin li pourta le tourril. </em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Tourril : soupe à l’oignon, que les gens de la noce apportent aux époux, au milieu de la nuit, en Gascogne</em>. » </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">En mai de la descripcion dels usatges de la societat de son epòca que balha a son òbra una valor etnologica, Vestrepain nos dona, a la fin de <em>Las espigos de la lenga mondina</em>, un <em>Dicciounari des mots les pus escarriès del frances emplouyats</em> ; plan segur es pas en grafia normalizada mas aquò nos permet de conéisser la fonetica del moment.<br />Es interessant tanben de remarcar :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;">« Dans son lexique, Vestrepain se souvient de Godolin et singulièrement de la déploration que le poète toulousain consacra à la mémoire du défunt roi Henri IV. Son incipit, « <em>aouèy preni la plumo</em> », rappelle les paroles de la Nymphe toulousaine (<em>moundino</em>) : « <em>Ouëy tourni prene bent</em> » (v. 17). La séquence « <em>m'endouloumo et m'esquisso le cor</em> » (4) reprend en partie le vers 68 des <em>Stansos</em> de Godolin : « <em>Les espauris, esquisso, endoulomo, moussègo</em> » tandis que l’expression « <em>la scarrioto mort</em> » (6) est un écho de la « <em>scarioto ma</em> » de l’assassin Ravaillac (79)<a id="4" href="#note4"><sup>4</sup></a>.»<em></em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><br />Lo renom de Vestrepain es perennizat per una estatua inaugurada en 1898 (Jardins de las Plantas de Tolosa) de l’artista Antonin Mercié e pel nom d’una carrièra de Tolosa.<br />En 1909 foguèt festejat lo centenari de sa naissença, (<em>Le Petit Journal Illustré</em> ne fa un panegiric dins son edicion del 26 de setembre). <br />Al Congrès <em>Pierre de Fermat, Toulouse et sa région</em>, lo canonge Josèp Salvat li rendèt omenatge a l’ocasion del centenari de sa mòrt (1965).<br /> Lo renom de Vestrepain es perennizat per una estatua (Jardins de las Plantas de Tolosa) de l’artista Antonin Mercié e per lo nom d’una carrièra de Tolosa. <br />Coma o ditz Claude Barsotti dins <em>Mémoire du pays</em> : « Loís Vestrepain, par la présence d’un occitan écrit, a préparé l’avenir dans une Toulouse qui était encore bien endormie. » <br />Finala, trobam aquí un personatge plan dins son temps, plan integrat a la societat ont viu, d’umor gaujosa mas d’una sensibilitat bèla rapòrt a las misèrias del mond : per exemple, lo títol <em>L’Anjo de Caritat</em> es acompanhat de la mencion « Al benefici des paoures hountouses et del depot de mandicitat » e se sap tanben que faguèt un present al profèit de las victimas de l’afondrament d’un pont a Angièrs (<em>Journal de Toulouse</em>, 23 04 1850).</p>
<hr />
<p id="note1" style="text-align: justify; line-height: 150%;">1. Dins « Une vie de pauvre ou de notable ? Louis Vestrepain et l’autobiographie en vers occitans au XIX<sup>e</sup> siècle » (Actes de la journée <em>L’écriture sans école : autobiographies ordinaires italiennes et françaises</em>, Toulouse, 04 05 2018, à paraître), Jean-François Courouau balha en nòta :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;">Archives municipales de Toulouse, 1E245, f° 143. Dans cet acte, le père de Vestrepain est qualifié de cordonnier. Sa mère se nomme Marie Rouquette et l’enfant est prénommé Louis-Catherine. Les indications biographiques les plus fiables sont celles, très limitées cependant, contenues dans l’introduction à l’édition de 1911 de <em>Las espigos de la lengo moundino</em> procurée par Joseph Rozès de Brousse (1876-1960). Cette édition reprend à l’identique celle de 1860. <a href="#1">↑</a></p>
<p id="note2" style="text-align: justify; line-height: 150%;">2. Veire Philippe Gardy et Philippe Martel <em>Mémoires de pauvres</em>. <a href="#2">↑</a></p>
<p id="note3" style="text-align: justify; line-height: 150%;">3. Jean-François Courouau, « Une vie de pauvre ou de notable ? Louis Vestrepain et l’autobiographie en vers occitans au XIX e siècle » (Actes de la journée <em>L’écriture sans école : autobiographies ordinaires italiennes et françaises</em>, Toulouse, 04 05 2018, à paraître) <a href="#3">↑</a></p>
<p id="note4" style="text-align: justify; line-height: 150%;">4. Id. <a href="#4">↑</a></p>
Pedussaud, Michel
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-03-09
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Boé, Jacques (1798-1864) alias « Jasmin »
Boé, Jacques (1798-1864) alias « Jasmin »
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Jacques Jasmin, poète agenais, figure aux côtés du provençal Frédéric Mistral, lauréat du prix Nobel de littérature en 1904, parmi les auteurs occitans phare du XIX<sup>e</sup> siècle. Avec eux, la littérature occitane fait son entrée dans les salons parisiens et acquière une reconnaissance nouvelle. Jasmin, précurseur des Félibres, ces poètes provençaux réunis autour de Mistral, Roumanille ou Brunel pour la sauvegarde de la langue d'oc, n'appartint cependant à aucun mouvement tout comme il se refusa, en dépit de son succès, à former école autour de son œuvre et de son style. Excellent orateur, personnalité flamboyante, il reçu les hommages et la célébrité de son vivant, laissant à sa mort, une production importante et depuis lors toujours lue et rééditée.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Jasmin (1798-1864)</p>
<h3>Autres formes connues</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Boé, Jacques (nom à l'état civil)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Gensemin (pseudonyme)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Jansemin (pseudonyme)</p>
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">C'est dans une famille modeste de l'Agenais que naît Jacques Jasmin, de son vrai nom Boé, le 6 mars 1798. En dépit des difficultés financières familiales, le jeune homme bénéficie d'une certaine éducation, étant placé quelques temps chez un cousin, instituteur à Agen, avant d'intégrer le séminaire de la cité. Son père, auteur en son temps de quelques charivaris accompagnant les festivités de Carnaval, peut pour sa part l'avoir familiarisé à l'écriture.<br /><br />Installé à son compte en tant que coiffeur dès ses dix-huit ans, la santé relativement florissante de son commerce lui permet de se livrer en parallèle à sa passion pour l'écriture. Dès 1822 avec <em>La fidelitat ageneso</em> (première parution dans le Journal du Lot-et-Garonne), et dès lors sans discontinuer jusqu'à la fin de sa vie, Jasmin va éditer ses différentes compositions, dont <em>Lou Charibari</em> dès 1825. Dix ans plus tard, paraît le premier tome d'une série de recueil intitulés <em>Las Papillotos</em>, initiant une forme éditoriale nouvelle des œuvres de Jasmin, ainsi qu'un tournant décisif dans la vie de leur auteur.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Jasmin représente, tout particulièrement dans les zones extérieures à la culture occitane, « le Gascon », avec toutes les connotations positives comme péjoratives que cela suppose. C'est ainsi qu'il se définit d'ailleurs lui-même dans ses écrits. S'il est Gascon par son appartenance géographique à l'Aquitaine, c'est en languedocien que s'exprime et écrit. L'agenais de Jasmin est toutefois un dialecte teinté de gascon car se trouvant à la marche entre les domaines linguistiques languedocien et gascon. Rédigeant des œuvres versifiées, reposant sur le rythme et la mélodie de la langue d'oc, les compositions de Jasmin sont pensées pour être chantées, déclamées. Lui-même s'avère un incroyable orateur et ainsi, messager idéal de ses œuvres. Il entame d'ailleurs très tôt un tour de France des régions, se rendant d'un bout à l'autre de l'Occitanie pour lire ses poèmes et en assurer ainsi leur diffusion auprès d'un public qui, tout en connaissant la langue, ne la lit pas toujours.<br />L'accueil favorable du premier tome des <em>Papillotos</em> publié par Charles Nodier dans le <em>Temps</em> d'octobre 1835, hissant la prose de Jasmin au niveau d'un Pierre-Jean de Béranger ou d'un Victor Hugo, lui ouvre les portes des salons parisiens. Il y rencontre tour à tour Lamartine, Ampère, Chateaubriand... Le poète d'Agen est également reçu par le roi Louis-Philippe, l'histoire voulant qu'un court échange en occitan soit alors entamé. Les prix et récompenses se multiplient très tôt à l'adresse de Jasmin. A Toulouse, son succès est tel que le Conseil municipal le fait "fils adoptif de la ville de Toulouse" et lui décerne une branche de laurier en or. En juillet 1853, le Félibrige l'honore à son tour du titre de "Maître-ès-jeux" tandis que l'Académie française, lui décerne le prix Monthyon.<br /><br />En dépit d'un réel succès public et critique, Jasmin ne demeure pas moins aux yeux des Parisiens et selon la formule de Balzac, le "poète-perruquier" (<em>La Monographie de la Presse parisienne</em>, 1842), ne dissimulant pas une position ambigüe vis-à-vis de la langue d'oc. Pour preuve, bien que lui remettant un prix et tout en vantant la qualité de sa prose, l'Académie française, ne pu se résoudre à faire de lui un Immortel. Tout comme la pourtant toulousaine Académie des Jeux Floraux, autrefois <em>Conservatori del Gay Saber</em>, qui ne récompensait alors que les seules compositions en langue française. Seule l'Académie d'Agen, patrie du poète, déroge pour sa part à la règle en 1830, récompensant Lou tres de may, poésie occitane rédigée par Jasmin à l'occasion de l'érection d'une statue d'Henri IV dans la voisine Nérac. <br />Jasmin n'en demeure pas moins le premier témoignage d'un succès et d'une audience pour l'occitan en-dehors de ses zones de diffusion traditionnelles. Son travail en faveur d'un enrichissement de la langue d'oc et d'une inter-compréhension entre dialectes, gascon, languedocien, limousin, auvergnat, provençal, vivaro-alpin font par ailleurs de lui un éclaireur pour la littérature occitane. Il ne fit toutefois pas école, n'affichant aucune prétention hors du monde de l'écrit, et notamment vis-à-vis des idées et idéaux par la suite développés par Frédéric Mistral et les félibres. Mort en pleine gloire le 4 octobre 1864, Jasmin fut source d'inspiration et précurseur pour un grand nombre d'auteurs, annonçant par son parcours, le succès rencontré par la suite par les félibres. Mistral lui-même, alors au faît de sa gloire, salua l'agenais du titre de « <em>Lou grand poueto dòu Mièjour</em> » en 1909 à Agen, inaugurant de ces mots la statue dédiée à Jasmin par sa ville natale.<br /><br /></p>
<hr />
Juan, Sandra
Bertrand, Aurélien
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-01-29
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Rochegude, Henri-Pascal de (1741-1834)
Rochegude, Henri-Pascal de (1741-1834)
Personnalité politique
Militaire de carrière
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Officier de marine, homme politique et érudit, Henri de Pascal de Rochegude est un des précurseurs de l'étude scientifiques de la lyrique des troubadours au XIX<sup>e</sup> siècle.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3>Formes référentielles</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Rochegude, Henri-Pascal de (forme référentielle française)</p>
<h3>Autres formes connues</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">< Paschal de Rochegude, Henri de (1741-1834) (forme complète d'état-civil)<br />< Rochegude, Henri-Paschal de (1741-1834) (forme erronée)<br />< Pascal de Rochegude, Henri (1741-1834) (forme erronée)<br />< Pascal de Ròcaguda, Enric de (1741-1834) (forme occitane du nom)</p>
<h2>Éléments biographiques </h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Henri-Pascal de Rochegude naît à Albi le 18 décembre 1741. À 16 ans il entre à l’École des gardes de la marine à Rochefort. Devenu officier de marine, il participe à diverses missions notamment en Inde de 1768 à 1769 et aux îles Kerguelen en 1773. Nommé lieutenant de vaisseau en 1778, il participe à la guerre d'Indépendance américaine. Par la suite il se voit confier une mission de contrôle à Saint-Domingue de 1785 à 1787.<br /><br />Il est élu député suppléant de la noblesse aux États généraux de 1789 pour la sénéchaussée de Carcassonne. À partir du 10 février 1790, il siège à la Constituante puis à la Convention en 1792.<br />Il est nommé contre-amiral en 1793, chargé de mission dans les ports français. Après le coup d’état du 18 brumaire an VIII (1799), il se retire à Albi à l'âge de 60 ans pour se consacrer à la rédaction de ses ouvrages et aux études sur la langue d’oc qu’il poursuivra jusqu’à son dernier jour.<br />Il se constitue une importante bibliothèque où les troubadours, la littérature romane et les textes anciens prennent une place importante. Il meurt à Albi le 16 mars 1834 et lègue à sa ville natale cette bibliothèque (12 400 volumes conservés aujourd’hui) qui constitue la base du fonds ancien de la bibliothèque municipale.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d’oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Henri Pascal de Rochegude est un érudit plurilingue qui maîtrise notamment le latin, l’espagnol, l’italien et le catalan en plus du français et de l’occitan. C’est sur la base de ce multilinguisme qu’il fonde son étude critique des textes des troubadours, ouvrant la voie au renouveau de l’étude scientifique de l’occitan au XIX<sup>e</sup> siècle.</p>
<img style="float: left; border: 10px solid black; margin: 10px;" src="http://occitanica.eu/illustrations/ms_1.jpg" alt="Manuscrit du <i> Parnasse occitanien </i> (Roch ms 1), bibliothèque Pierre Amalric (Albi)" width="300" />
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">C’est durant sa retraite à Albi en 1819 qu’il publie, sous l’anonymat, le <em>Parnasse occitanien</em> et l’<em>Essai de Glossaire occitanien pour servir à l'intelligence des poésies des troubadours,</em> deux ouvrages fondamentaux.<br /><br />Le <em>Parnasse occitanien</em> est une anthologie des textes des troubadours qui contient les pièces en vers patiemment recueillies et copiées dans les bibliothèques au cours de ses séjours parisiens. Si l’ouvrage se présente comme une anthologie de textes anciens, il se caractérise surtout par une approche nouvelle, rigoureuse, méthodique et surtout critique vis-à-vis des compilations antérieures.<br />C’est dans la droite lignée de ce travail que se place son <em>Glossaire occitanien</em>, lexique occitan-français où il expose sa théorie de l’origine des langues romanes, particulièrement de la langue d’oc, sa vision de l’évolution des langues et ses remarques sur l’étymologie.<br /><br />L’ensemble de son œuvre publiée qui ne couvre qu’une partie de son travail de collectage, ouvre la voie à l’étude des textes et à la science naissante qui prendra le nom de philologie romane et dont François Just Marie Raynouard, l’un de ses correspondants, deviendra le chef de file.</p>
<h2>Bibliographie de l'auteur</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Voir les publications de Henri-Pascal de Rochegude référencées dans <br /><a href="http://trobador.occitanica.eu/cgi-bin/koha/opac-search.pl?idx=au%2Cwrdl&q=Rochegude%2C+Henri-Pascal+de&op=and&idx=kw&q=&op=and&idx=kw&q=&do=Rechercher&limit-yr=&limit=&limit=&sort_by=relevance&limit=&limit=&limit=&limit=&limit=&limit=&limit=&limit=&limit=&limit=&limit=&limit=" target="_blank" rel="noopener">Le Trobador, catalogue international de la documentation occitane</a></p>
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<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Oficièr de marina, òme politic e erudit, Henri de Pascal de Rochegude es un dels precursors de l'estudi scientific de la lirica dels trobadors al sègle XIX.</p>
<h2>Identitat</h2>
<h3>Formas referencialas</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Rochegude, Henri-Pascal de (forma referenciala francesa)</p>
<h3>Autras formas conegudas</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">< Paschal de Rochegude, Henri de (1741-1834) (forma completa d'estat-civil)<br />< Rochegude, Henri-Paschal de (1741-1834) (forma erronada)<br />< Pascal de Rochegude, Henri (1741-1834) (forma erronada)<br />< Pascal de Ròcaguda, Enric (1741-1834) (forma occitana del nom)</p>
<h2>Elements biografics </h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Henri-Pascal de Rochegude nais a Albi lo 18 de decembre de 1741. A 16 ans dintra a l’Escòla dels gardas de la marina a Rochefort. Devengut oficièr de marina, participa a diferentas missions, notamment en Índia de 1768 a 1769 e dins las isclas Kerguelen en 1773. Nommat luòctenent de nau en 1778, participa a la guèrra d'Independéncia americana. Apuèi se vei fisar una mission de contraròtle a Sant-Domingo de 1785 a 1787.<br /><br />Es elegit deputat suplent de la noblesa als Estats generals de 1789 per la senescalciá de Carcassona. A partir del 10 de febrièr de 1790, sèi a la Constituenta puèi a la Convencion en 1792.<br />Es nommat contra-amiral en 1793, encargat de mission dins los pòrts franceses. Aprèp lo còp d’estat del 18 brumari an VIII (1799), se retira a Albi a l'atge de 60 ans per se consacrar a la redaccion de sos obratges e als estudis sus la lenga d’òc que perseguirà fins a son darrièr jorn.<br />Se constituís una importanta bibliotèca ont los trobadors, la literatura romana e los tèxtes ancians prenon una plaça importanta. Morís a Albi lo 16 de març de 1834 e lèga a sa vila natala aquela bibliotèca (12 400 volums conservats a l'ora d'ara) que constituís la basa del fons ancian de la bibliotèca municipala.</p>
<h2>Engatjament dins la renaissença d’òc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Henri Pascal de Rochegude es un erudit plurilingue que mestreja lo latin, l’espanhòl, l’italian e lo catalan en mai del francés e de l’occitan. Es sus la basa d'aquel multilinguisme que fonda son estudi critic dels tèxtes dels trobadors, dobrissent la via al novelum de l’estudi scientific de l’occitan al sègle XIX.</p>
<img style="float: left; border: 10px solid black; margin: 10px;" src="http://occitanica.eu/illustrations/ms_1.jpg" alt="Manuscrit du <i> Parnasse occitanien </i> (Roch ms 1), bibliothèque Pierre Amalric (Albi)" width="300" />
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Es del temps de sa retirada a Albi en 1819 que publica, jos l’anonimat, lo <em>Parnasse occitanien</em> e l’<em>Essai de Glossaire occitanien pour servir à l'intelligence des poésies des troubadours,</em> dos obratges fondamentals.<br /><br />Lo <em>Parnasse occitanien</em> es una antologia dels tèxtes dels trobadors que conten las pèças en vèrses pacientament reculhidas e copiadas dins las bibliotècas al cors de sos sejorns parisencs. Se l’obratge se presenta coma una antologia de tèxtes ancians, se caracterisa mai que mai per un apròchi novèl, rigorós, metodic e subretot critic de cara a de compilacions anterioras.<br />Es dins la drecha linhada d'aquel trabalh que se plaça son <em>Glossaire occitanien</em>, lexic occitan-francés ont expausa sa teoria de l’origina de las lengas romanas, mai que mai de la lenga d’òc, sa vision de l’evolucion de las lengas e sas remarcas sus l’etimologia.<br /><br />L’ensemble de son òbra publicada, que cobrís pas qu’una part de son trabalh de collectatge, dobrís la via a l’estudi dels tèxtes e a la sciéncia naissenta que prendrà lo nom de filologia romana e que François Just Marie Raynouard, l’un de sos correspondents, ne devendrà lo cap de fila.</p>
<h2>Bibliografia de l'autor</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Véser las publicacions de Henri-Pascal de Rochegude referenciadas dins <br /><a href="http://trobador.occitanica.eu/cgi-bin/koha/opac-search.pl?idx=au%2Cwrdl&q=Rochegude%2C+Henri-Pascal+de&op=and&idx=kw&q=&op=and&idx=kw&q=&do=Rechercher&limit-yr=&limit=&limit=&sort_by=relevance&limit=&limit=&limit=&limit=&limit=&limit=&limit=&limit=&limit=&limit=&limit=&limit=" target="_blank" rel="noopener">Lo Trobador, catalòg internacional de la documentacion occitana</a></p>
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Bancarel, Gilles
Bertrand, Aurélien
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2017-06-20
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