Joseph Anglade est un romaniste français spécialisé dans l'étude de la lyrique des troubadours, il est né le 11 octobre 1868 à Lézignan-Corbières (Aude) et mort le 13 juillet 1930.
Il est surtout reconnu pour son étude de l'œuvre des troubadours Guiraud Riquier et Peire Raimon ainsi que pour son Histoire sommaire de la littérature méridionale au Moyen-âge : des origines à la fin du XVe siècle (1921) qui a servi de manuel de base à de nombreux jeunes étudiants en lyrique médiévale occitane.

Identité

Formes référentielles

Anglade, Joseph (1868-1930)

Autres formes connues

- Jan-Pierre (Pseudonyme)

Élements biographiques

Joseph Anglade fait ses études au Petit Séminaire de Carcassonne, puis au lycée de Toulouse. Étudiant à Toulouse puis Montpellier, il obtient ses grade de licencié en 1892 puis d’agrégé en 1896.
À Montpellier, il fait la rencontre de celui dont il sera l’élève puis le plus fidèle disciple Camille Chabaneau. Il part ensuite étudier deux ans en Allemagne, alors le foyer incontournable de la connaissance des troubadours.
À son retour en France il enseigne au Collège de Béziers puis aux lycées de Tulle, La Roche-sur-Yon, Montpellier et Bordeaux.
En 1905 il soutient sa thèse sur le troubadour Guiraud Riquier, un des derniers troubadours occitans né vers 1230 à Narbonne et mort vers la fin du XIIIe siècle. Il est alors nommé à Nancy où il était déjà suppléant, puis l’année suivante à la Faculté de Rennes. C’est finalement en 1910 qu’il assure la succession d’Antoine Thomas et Alfred Jeanroy à la Faculté de Toulouse où il demeure en poste jusqu’à sa retraite.
En 1914, il fonde l’Institut d’Études Méridionales sur le modèle des séminaires allemands, il y prend en charge l’enseignement de la philologie. Il intègre parallèlement à cette activité les plus prestigieuses Académies toulousaines comme la Société Archéologique du Midi de la France en 1910, l’Académie des Jeux Floraux en 1911 et l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres en 1918. La même année il devient majoral du félibrige.

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Félix Gras, Auguste Fourès, Noël Blache, Prosper Estieu ont, à des époques différentes, tous été qualifiés de « félibre rouge ». À leur engagement de félibres en faveur du renouveau de la langue occitane (avec parfois des opinions fédéralistes assumées) à des convictions républicaines non moins affirmées. Souvent partisans de la laïcité, de l’éducation pour tous, sensibles aux conditions de travail des classes laborieuses, ces félibres ont souvent transposé leur vision du monde dans l’histoire occitane, sur laquelle ils ont parfois porté un regard teinté de leurs opinions. Pour Fourès, comme pour Gras, c’est ainsi l’épopée de la Croisade contre les Albigeois, revue à travers le regard de leur temps et de leur bagage, qui a cristallisé leur attention, au risque d’ailleurs d’opposer au roman national historique français, qui se constituait à la même époque, un autre roman national guère plus dégagé de parti-pris idéologique. En plus de son activité de quincailler, Fourès donna toute sa (courte) vie l’impression de se démultiplier : journaliste en français dans plusieurs journaux, élu politique, fondateur de revues, félibre majoral, il fut incontestablement un des acteurs les plus prolifiques de la renaissance d’oc.

Identité

Formes référentielles

Fourès, Auguste (1848-1891)

Autres formes du nom

- Fourès, Aguste
- Forés, August

Élements biografiques

Auguste Fourès, fils du juge de commerce Jean-François Fourès et d’une mère propriétaire d’une quincaillerie, est né le 8 avril 1848 à Castelnaudary, capitale du Lauragais. Attiré par le monde des Lettres et l’écriture, précocément gagné aux idées républicaines, il commence à écrire dans plusieurs journaux du Midi, tous d’orientation républicaine : L’Entracte (Toulouse, à partir de 1866), L’Investigateur (Toulouse, à partir de 1867), Méphistophélès, « journal charivarique et satirique de Toulouse », à partir de 1868, Le Midi Artiste, toujours de Toulouse, puis La Fraternité de Carcassonne et L’Écho de Marseille en 1870. Il fondera en 1887 Le Petit Toulousain, organe républicain lié à La Dépêche du Midi, dont il assurera la direction et qui disparaîtra avec lui à sa mort, en 1891. Candidat aux élections municipales de sa commune, il devient en 1878 adjoint au maire de Castelnaudary avant de démissionner deux ans plus tard, lassé semble-t-il par l’incurie de l’équipe municipale. C’est à cette époque qu’il rencontre le poète et journaliste Louis-Xavier de Ricard, récemment installé à Montpellier et converti à l’histoire du Languedoc par les écrits de Napoléon Peyrat, avec qui il fonde en 1878 L’Armana de la Lauseta, almanach félibréen, et développe l’idée de félibrige républicain, ou « félibrige rouge ». Il est inutile de préciser que cette approche du félibrige ne sera pas sans provoquer oppositions et grincements de dents au sein de l’institution. Après avoir été même poussé à la démission, Fourès réintègre le Félibrige et devient même majoral en 1881, Cigalo de la Libertat.
Fourès commence par écrire l’occitan - le sous-dialecte languedocien est-toulousain du Lauragais - avec sa propre graphie, une graphie « patoisante ». Il se formera année après année aux normes graphiques prônées par le Félibrige. Employant un occitan local mais de bonne facture, Fourès est adepte d’un style simple et raffiné. Il lui arrive de se cacher derrière des noms de plume, comme l’ont fait beaucoup de félibres.
Combinant le fédéralisme avec un patriotisme français très revendiqué, Fourès se passionne pourtant pour le catharisme, perçu à travers le prisme de son anticléricalisme républicain du XIXe siècle. Il considère l’ « albigéisme » comme un pilier de l’identité occitane, et regarde l’épopée de la Croisade comme fondateur de la culture d’oc. Fourès est également un chantre du « panlatinisme », alliance des peuples et des cultures romanes et méditerranéennes. Aux côtés de Xavier de Ricard, tout aussi opposé que lui à l’orientation conservatrice du Félibrige de leur temps, Fourès tente de lancer l’Alliance latine, revue dont seuls deux numéros paraîtront, qui prétend rassembler et réunir tous les peuples de culture latine d’Europe et au-delà. Cette volonté d’ouverture de l’identité occitane sur l’espace euroméditerranéen est représentative de la vision que les « félibres rouges » avaient de la notion même d’identité occitane. De Ricard sera du reste un des premiers à employer le terme de « parlers occitaniens ».
Atteint semble-t-il d’ataxie tabétique, il meurt en 1891 à Castelnaudary, à l’âge de quarante-quatre ans. Franc-maçon et libre-penseur, Fourès sera enterré une première fois selon le rite catholique sur la volonté de sa famille, avant que son corps, par décision de son exécuteur testamentaire, soit exhumé quelques jours plus tard et enterré de nouveau selon ses principes : debout, la tête tournée vers l’Orient et sans cérémonie religieuse. Un buste le représentant est érigé devant le palais de justice de Castelnaudary.

Engagement dans la renaissance d'oc

L’engagement dans la renaissance d’oc d’Auguste Fourès n’est pas dissociable de son existence. Son engagement républicain, « progressiste » dans l’acception que possédait le terme à l’époque, franc-maçon et anticlérical allait de paire avec sa revendication d’une identité occitane assumée et reconnue dans le cadre de la République, ce cadre dût-il être repensé sous l’angle du fédéralisme, alors en vogue chez les félibres républicains. S’il fonda une revue et en co-fonda une autre, Fourès vécut son double engagement félibréen et républicain au cœur de sa vie, que ce soit à travers son court mandat d’élu local comme dans ses fonctions de rédacteur et responsable de journaux et revues. Félibre, fédéraliste, mais opposé en quelque sorte à la doxa et à l’approche politique et philosophique du Félibrige provençal de son temps, catholique et conservateur, il tenta de concilier entre eux des idéaux qui, dans le contexte idéologique de son temps, n’allaient pas forcément de soi ensemble. En élargissant la reconnaissance et la valorisation de la culture d’oc à l’échelle des cultures latines, Fourès, associé à Ricard, manifeste la volonté d’ouvrir, d’élargir la réflexion à l’échelle du dialogue entre cultures voisines et liées, en fuyant la tentation de l’entre-soi occitan et félibréen.

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Nascut a Tolosa, botièr de profession, ensaja de prene la dralha de Jasmin, qu’es de son temps o de son devancièr Godolin e capita de ganhar un prèmi al concors de lengas romanicas de la Societat Arqueologica de Besièrs.
De 1837 a 1860, l’òbra presenta una varietat bèla de produccions. Trobam de poèmas en rapòrt amb los eveniments : fèstas (La balotcho de Sant-Subra), carnavals (Tribunal carniboro seent a Salvagnac, a Lebignac, a Lasserro), visitas de personalitats nacionalas (Al prince Louis-Napoleoun), de poèmas d’inspiracion politica (Libertat Egalitat Fraternitat), morala (La caritat), religiosa (Tout probo l’existenço de Diou), satirica (Les furets del numerari, ou les banqueroutiès fraoudulouses), dramatica (Le laourié d’uno bastisso nobo ou la mort de Marcèl), comica (La lantèrno-magiquo ou le fillol de Bourniquèl), e tanben de cançons e de poèmas divèrses (Improumptus).

Identitat

Formeas referencialas

Vestrepain, Louis (1809-1865)

Autras formas conegudas

- Vestrepain, Louis-Catherine (pseudonim)

Elements biografics

Louis Vestrepain nasquèt a Tolosa1 lo 17 d’agost de 1809 e i defuntèt lo 25 de decembre de 1865 (56 ans).
Èra sabatièr coma son paire. Aviá son magasin a Tolosa carrièra de la Poma, al 55 puèi al 66. Sa vocacion poetica l’empachèt pas de contunhar son mestièr tota sa vida. A l’ocasion dels eveniments (carnavals, fèstas, divèrsas) escriguèt poèmas, cançons, satiras, peçòtas dins sa lenga mondina, la lenga del pòble de Tolosa.
S=Botièr e filh de botièr, lo primièr encastre de l’exercici de la poesia, o del cant, èra lo mitan dels companhons : lo talhièr, las fèstas professionalas e recepcions de novèls companhons.
Per l’anecdòta, un de sos ancians aprendís, filh de mèstre companhon cordonièr, que venguèt cantaire e director de l’Opera de Tolosa puèi de París, Pedro Gailhard, testimónia : « Vestrepain avait un culte particulier pour Molière qu’il savait entièrement par cœur et qu’il nous récitait durant nos repos. » (« Vestrepain intime », La Belle chanson du pays de France et des pays d'oc, revue toulousaine, 1911.

Engatjament dins la renaissança d'òc

Coma per Godolin, son las scènas de la vida populara (entre autres las manifestacions carnavalescas) la font principala de son inspiracion. Avèm per exemple una descripcion d’una fèsta (La balocho de San Subra) que C. Torreilles ne fa l’estudi dins Lenga e Pais n° 21 (Dorsièr «  Recit de Fèstas », presentacion de Vestrepain p. 66) :

« La balotcho de San-Subra est le récit de la fête du quartier Saint Cyprien à Toulouse. Fête aquatique, qui se déroule dans les prairies du bord de la Garonne, et sur l’eau : une théorie de bateaux richement décorés transporte le cortège de Neptune et Amphitrite jusque dans l’île de Tounis. La pompe royale du décor rappelle les fastes d’Ancien Régime. Cette fête n’est établie que depuis 1845, grâce à M. Arzac, membre du Conseil de Toulouse, à qui Vestrepain rend hommage, en entonnant à sa manière le chant de la grande fraternisation.

  […] 
Le grand e le petit menatge
Favrejan coumo de bessous,
Manjabon e bebion al brut de tas cansous,
Sans malfisenço ni rancuno

On sent le désir d’insuffler à la fête restaurée et organisée de façon plus ou moins officielle, la ferveur d’une participation populaire qui lui donnera sens. C’est pourquoi Vestrepain insiste dans son poème sur le succès des jeux traditionnels, course en sac, mât de cocagne, en forçant un peu la note du populisme… »


Contemporanèu de Jasmin (1798-1864), Vestrepain es un dels actors de la renaissença occitana del sègle XIX dins lo parçan tolosenc, coma Olympe Benazet (1802-1879)2 o Lucien Mengaud (1805-1877, autor de la cançon « La Toulousaine »). Comencèt de se far conéisser en 1836 amb de publicacions dins los jornals locals : lo Journal de Toulouse li dobrís sas paginas entre 1845 e 1860, las publicacions occitanas Le Gril e La Terro d’òc (« revisto felibrenco e federaliste publicado per l’Escolo Moundino ») lo lausan encara en 1898. Dins sas Mémoires, Léon Géry (1839-1933), un autre autor-obrièr occitan, parla de son amistat e de sa consideracion per Vestrepain que reconeis coma son mèstre.
Es premiat al concors de La Societat Archeologica de Besièrs ont es comparat a Jasmin. Vertat, Vestrepain afortís son admiracion per Jasmin amb dos poèmas (Le coiffur del Parnasso. Epitre a Jasmin en 1839 e Maytinado poetiquo. Dounado per Jasmin en 1851). Mas las relacions van pas perdurar :

Qui me legira saoura

Qu’èy renounçat d’escrioure à l’aounou de Jasmin,
Parço que mon trabal, per un ta grand genio,
Diou pareysse, sans doute, un trabal de gamin,
Car jamay nou m’a dit : L’èy recepiut, mercio ! (éd. 1860, 154) :


Las societats literàrias s’interessan a sos vèrses, mas es pas qu’en 1860 que publica sas òbras acampadas jol títol Las espigas de la lengo moundino.
Coma ne fan l’analisi Robert Lafont e Christian Anatole (Nouvelle histoire de la littérature occitane, PUF, 1970, 2 vol., vol. 2, p. 527) : :

« Ses meilleures réussites, il les atteint lorsqu’il se fait le porte-parole de l’indignation populaire comme dans Les furets del numerari ou Les banquerouties fraoudulouses ou qu’il utilise, à l’imitation de Godolin, l’incohérence de la poésie folklorique dans Les detz coplets de raretas :

A la coeta d’una mosca
An atelat un monard
Per anar tirar la posca
Qu’òm vei al fons de la mar ;
Pel trauc d’una canavèra
D’astronòmes alemands
Sus un bròc de galinièra
An vist pondre d’elefants… »

Lo libret Las abanturos d’un campagnard à Toulouso es editat sièis còps e tres autres seràn tornarmai estampats en 1870 e 1911.
Ni pels francismes emplegats, Vestrepain manten pasmens unes biaisses de dire plan occitans coma o fan remarcar Louis Ariste e Louis Braud (L’Histoire populaire de Toulouse) : 

« Ce poète s’efforça de rechercher des anciens mots et des tours de phrase de langue "moundino " que le temps tendait à modifier au bénéfice de tournures françaises :

  Grasso coumo un clabèl
Mouflo coumo un ayssèl
Bentrut coumo un rastèl
Et poumpillat coumo un gistel
Soun payre farinèl
Al mouli del Castèl… »

(Tirat del poèma Le Filhol dé Bourniquèl

E d’ajustar :

«  Ce fut le vrai poète des foules, le chanteur obligé de toutes les fêtes, des balotchos comme des carnavalades, des pèlerinages et des fénétras.
Autrefois le
fénétra était une sorte de pardon qui se gagnait en visitant les maladreries des faubourgs ; plus récemment, ces dévotions devinrent des foires avec divers amusements, comme elles se font de nos jours. » 

Cal remarcar tanben que trobam sovent la declaracion dedicatòria « A ma lengo ». Emplega pas jamai lo mot « patés ». Pasmens sembla creire que las causas cambiaràn pas :

« Percevant peu, voire pas du tout, le recul de la langue, Vestrepain fonde sur l’occatinophonie encore massive de la population, bien établie, il est vrai, en ce milieu du XIXe siècle, les conditions d’un statut ontologique de l’occitan :

Tant que l’astre del jour lugrejara dins l’ayre,
Le pople parlara coumo a parlat sa mayre ;
Oui, tant que l’on beyra lusi les Tres-Bourdous
Et la luno argenta sa courso luminouso,
Le cèl fara brilla la lengo de Toulouso
Per entrumi le froun de sous acusatous !! »
(éd. 1860, 207)3 

Frederic Mistral ne fa una citacion dins Lou Tresor dóu Felibrige, al vocable TOURRIL (p. 1013) : 

« Des jouiouses dounzèls le rire e le babil
Quand aniran enfin li pourta le tourril. 

Tourril : soupe à l’oignon, que les gens de la noce apportent aux époux, au milieu de la nuit, en Gascogne. » 

En mai de la descripcion dels usatges de la societat de son epòca que balha a son òbra una valor etnologica, Vestrepain nos dona, a la fin de Las espigos de la lenga mondina, un Dicciounari des mots les pus escarriès del frances emplouyats ; plan segur es pas en grafia normalizada mas aquò nos permet de conéisser la fonetica del moment.
Es interessant tanben de remarcar :

« Dans son lexique, Vestrepain se souvient de Godolin et singulièrement de la déploration que le poète toulousain consacra à la mémoire du défunt roi Henri IV. Son incipit, « aouèy preni la plumo », rappelle les paroles de la Nymphe toulousaine (moundino) : « Ouëy tourni prene bent »  (v. 17). La séquence « m'endouloumo et m'esquisso le cor » (4) reprend en partie le vers 68 des Stansos de Godolin : « Les espauris, esquisso, endoulomo, moussègo » tandis que l’expression « la scarrioto mort » (6) est un écho de la « scarioto ma » de l’assassin Ravaillac (79)4


Lo renom de Vestrepain es perennizat per una estatua inaugurada en 1898 (Jardins de las Plantas de Tolosa) de l’artista Antonin Mercié e pel nom d’una carrièra de Tolosa.
En 1909 foguèt festejat lo centenari de sa naissença, (Le Petit Journal Illustré ne fa un panegiric dins son edicion del 26 de setembre).
Al Congrès Pierre de Fermat, Toulouse et sa région, lo canonge Josèp Salvat li rendèt omenatge a l’ocasion del centenari de sa mòrt (1965).
Lo renom de Vestrepain es perennizat per una estatua (Jardins de las Plantas de Tolosa) de l’artista Antonin Mercié e per lo nom d’una carrièra de Tolosa.
Coma o ditz Claude Barsotti dins Mémoire du pays : « Loís Vestrepain, par la présence d’un occitan écrit, a préparé l’avenir dans une Toulouse qui était encore bien endormie. »
Finala, trobam aquí un personatge plan dins son temps, plan integrat a la societat ont viu, d’umor gaujosa mas d’una sensibilitat bèla rapòrt a las misèrias del mond : per exemple, lo títol L’Anjo de Caritat es acompanhat de la mencion « Al benefici des paoures hountouses et del depot de mandicitat » e se sap tanben que faguèt un present al profèit de las victimas de l’afondrament d’un pont a Angièrs (Journal de Toulouse, 23 04 1850).


1. Dins « Une vie de pauvre ou de notable ? Louis Vestrepain et l’autobiographie en vers occitans  au XIXe siècle » (Actes de la journée L’écriture sans école : autobiographies ordinaires italiennes et françaises, Toulouse, 04 05 2018, à paraître), Jean-François Courouau balha en nòta :

Archives municipales de Toulouse, 1E245, f° 143. Dans cet acte, le père de Vestrepain est qualifié de cordonnier. Sa mère se nomme Marie Rouquette et l’enfant est prénommé Louis-Catherine. Les indications biographiques les plus fiables sont celles, très limitées cependant, contenues dans l’introduction à l’édition de 1911 de Las espigos de la lengo moundino procurée par Joseph Rozès de Brousse (1876-1960). Cette édition reprend à l’identique celle de 1860.

2. Veire Philippe Gardy et Philippe Martel Mémoires de pauvres.

3. Jean-François Courouau, « Une vie de pauvre ou de notable ? Louis Vestrepain et l’autobiographie en vers occitans  au XIX e siècle » (Actes de la journée L’écriture sans école : autobiographies ordinaires italiennes et françaises, Toulouse, 04 05 2018, à paraître)

4. Id.

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Julien Sacaze (1847-1889) est un érudit d'abord pionnier de l'archéologie pyrénéenne et par la suite spécialiste de l'épigraphie des Pyrénnées. Il est l'auteur de l'une des premières et des plus importantes enquêtes linguistiques et toponymiques ayant trait aux Pyrénées.

Identité

Forme référentielle

Sacaze, Julien (1847-1889)

Autres formes connues

< Sacaze, Julien-Étienne-Léopold (forme complète d’état-civil)
< Sacasa, Julian (forme occitanisée)

Éléments biographiques 

Julien Sacaze est né le 24 septembre 1847 dans la cité commingeoise de Saint-Gaudens (Haute-Garonne). Il est issu d’une famille de vieille origine pyrénéenne, originaire du Luchonnais, précisément de la vallée du Larboust. Excellent élève, bachelier à seize ans sur dispense, il est envoyé accomplir des études de théologie et de philosophie au séminaire Saint-Sulpice d’Issy-les-Moulineaux. Il revient ensuite au pays pour entamer des études de Droit à la Faculté de Toulouse. Il s’inscrit comme avocat au barreau de Saint-Gaudens en 1872. Secrétaire du conseil de l’Ordre des avocats en 1877, il est nommé bâtonnier en 1888.
Il épouse en 1877 Gabrielle Sapène, fille d’un libraire-imprimeur qui avait fait fortune. L’aisance financière de Gabrielle Sapène mit Julien Sacaze à l’abri du besoin matériel, lui permettant de se consacrer à ses passions archéologiques et ses travaux d’érudit sur les Pyrénées.
Sacaze s’intéresse d’abord à l’archéologie préhistorique, en plein essor dans une France nationaliste en recherche de ses origines « indigènes » : érudits locaux, abbés, archéologues plus ou moins qualifiés arpentent les campagnes à la recherche de vestiges des hommes de la Préhistoire et de la Haute Antiquité : dolmens, nécropoles, cromlechs, stèles, etc. Dès les années 1870, il mène prospections et fouilles dans les Pyrénées avec Édouard Piette (1827-1906), pionnier de l’archéologie pyrénéenne, magistrat et découvreur de nombreux sites et objets préhistoriques. À ses côtés, Julien Sacaze fait ses premiers pas d’archéologue amateur et en retire une collection personnelle d’objets, ainsi que la matière à plusieurs communications au sein de sociétés savantes.
La grande passion de Julien Sacaze sera cependant l’épigraphie suite à un voyage en Italie en 1880. De retour dans les Pyrénées, il se lance dans le recueil et l’étude des inscriptions antiques, première approche, très archéologique, de la question des langues pyrénéennes. Il publie dès 1880 L'épigraphie de Luchon (Paris : Librairie académique Didier et cie), dans lequel il consacre une note marginale aux inscriptions occitanes de l’Église de Cazeaux-de-Larboust (Haute-Garonne). Son ouvrage majeur, Les inscriptions antiques des Pyrénées (Toulouse, Privat) ne paraît cependant qu’en 1892, trois ans après sa mort. Il s’agit de la première synthèse sur les Pyrénées des époques pré-romaine et gallo-aquitano-romaine. Reconnu dès les années 1880 comme une personnalité savante incontournable du « Midi », fondateur de la Société des Études du Comminges (1884) et de l’Association pyrénéenne (1888) – devenue l’Académie Julien-Sacaze –, membre correspondant du ministre de l’Instruction publique et auxiliaire de la Commission géographique de l’ancienne France, un cours de professeur libre d’épigraphie des Pyrénées est même spécialement créé pour lui à la faculté des Lettres de Toulouse. La présentation de son cours d’épigraphie et de géographie historique des Pyrénées dans la Revue de Gascogne nous renseigne sur l’intérêt toujours archéologique que portait Julien Sacaze au recueil de la langue et de la culture orale des Pyrénéens de la fin du XIXe siècle : « M. Sacaze se propose d’étudier en outre les mœurs et les croyances religieuses antérieures au christianisme. Les auteurs anciens ne disent rien là-dessus ; les inscriptions au contraire fournissent des renseignements nombreux, mais fort peu explicites. C’est à l’aide des traditions pyrénéennes que le professeur doit jeter quelque jour sur cette question fort difficile et fort délicate1. » C’est donc en tant qu’érudit féru d’archéologie et d’épigraphie des Pyrénées lance le projet de sa fameuse enquête linguistique et toponymique en 1887. Il décède brutalement deux ans plus tard, le 20 novembre 1889, emporté par une maladie à l’âge de 42 ans, laissant un grand nombre de travaux inachevés.

Engagement dans la renaissance d’oc

Julien Sacaze s’intéresse d’abord marginalement aux langues parlées dans les Pyrénées, consacrant seulement un court passage sur « les patois » du pays de Luchon et sur la langue basque dans son recueil d'Épigraphie de Luchon paru en 1880.
En 1884 il fonde la Société des Études du Comminges et la Revue d’Études du Comminges (1885), dans le droit fil du développement des sociétés savantes régionales qui marque la seconde moitié du XIXe siècle. La Société et son fondateur consacrent dès les premiers numéros leurs travaux à l’étude de la langue et la culture populaire d’expression occitane, dans une visée essentiellement ethnographique, avec la rubrique « littérature populaire du Comminges ». Notons que Julien Sacaze, en présentant la rubrique, voit le parler occitan du Comminges comme un « patois », variant d’une zone à l’autre, sans jamais le concevoir vraiment comme la variété d’un ensemble linguistique d’oc plus vaste : « il nous paraît bon de réunir aussi quelques spécimens des variétés modernes du dialecte commingeois, l’un des idiomes pyrénéens les moins étudiés, l’un des plus dignes de l’attention des linguistes. Un jour, nous essayerons de tracer les limites géographiques de notre patois, de rechercher ses caractères spécifiques et d’indiquer les sous-dialectes qui le constituent…2» À travers les travaux de la Société, Julien Sacaze commence donc une entreprise de recension et d’édition des textes historiques commingeois en occitan associée à une collecte de la langue parlée à travers le recueil de la culture folklorique (littérature orale, contes et proverbes, appellations locales d’objets ou d’outils, etc.)
En 1887, profitant de son rôle au sein du comité d’organisation de l’Exposition nationale qui doit se tenir à Toulouse, en particulier du projet d’exposition pyrénéenne, il entame un des premiers chantiers de grande envergure sur la connaissance des langues parlées dans les Pyrénées (occitan, basque, catalan), dans une perspective dialectologique plus que sociolinguistique. Le projet de Sacaze reste en effet dans la lignée des travaux de la dialectologie parisienne, celle ouverte par l'enquête Coquebert de Monbret sous le Premier Empire, et celle de son époque, incarnée par Gaston Paris et Paul Meyer. À la première, il emprunte le procédé de la traduction partout d'un même texte-support, des seconds il reprend implicitement l'idée selon laquelle la langue nationale est définitivement séparée des parlers populaires conçus comme une tapisserie aux variations infinies et ne pouvant être considérés comme constituant une langue véritable. Ce qui revient à présenter comme une chimère l'idée d'un ensemble linguistique d’oc autonome dans l'ensemble roman, à surévaluer la différence entre la langue écrite des textes anciens et les parlers contemporains, et à étudier ces derniers dans une optique purement conservatoire et savante comme n'étant que des idiomes archaïques promis à une inéluctable disparition face aux progrès de la langue nationale, mais pouvant éventuellement renseigner sur l'histoire du français3. Dans sa circulaire aux instituteurs pour la conduite de l’Enquête pyrénéenne il écrit : « Il importe, en effet, de recueillir sur nos vieux idiomes pyrénéens des documents qu’il sera bientôt impossible de se procurer. Chaque jour la langue française, l’une des forces les plus expansives de notre nation, bat en brèche les patois romans et le basque lui-même, et l’on peut prévoir le temps où ces anciens idiomes seront tellement altérés qu’il y aura lieu d’en souhaiter la complète disparition… » (Exposition nationale de 1887 - Section pyrénéenne : Géographie historique des Pyrénées : Linguistique et Toponymie ; Circulaire de Julien Sacaze aux instituteurs).
Quels que soient ses motifs, Julien Sacaze n’en est pas moins l’auteur d’une des premières grandes enquêtes linguistiques sur une aire vaste, couvrant neuf départements et trois domaines linguistiques (Sacaze répartit son enquête en quatre domaines : catalan, languedocien, gascon et basque) : Hautes-Pyrénées, Basses-Pyrénées (Pyrénées-Atlantiques), Ariège, Haute-Garonne, Gers, Landes, Aude et Pyrénées-Orientales. « L’Enquête de linguistique et de toponymie des Pyrénées », souvent dénommée « Enquête Sacaze », comporte deux volets principaux :
- un recueil toponymique pour lequel Sacaze demande à chaque enseignant une carte de la commune avec les toponymes en langue du pays : quartiers, hameaux, hydronymes, oronymes... ;
- un aspect linguistique, qui consiste en la traduction de deux textes : « la légende de Barbazan », dans une version extraite de l’ouvrage d’Eugène Cordier Les légendes des Hautes Pyrénées, pp.16-24, chapitre « Dieu et les lacs » (lac de Lourdes et de Lhéou). Lourdes, imprimerie Cazenave, 1855, et « la légende de Tantugou », vieux mythe pyrénéen, dans une version collectée par Sacaze lui-même, et publiée dans la Revue de Comminges (III, 1887, pp.116-118), sous le titre « Le dieu Tantugou. Légende du pays de Luchon : en texte patois et traduction littérale ».
Sacaze récolte les fruits de son Enquête toponymique et linguistique sous la forme d’un colossal corpus de 14500 feuillets, rassemblés en 35 volumes. Dans une communication à l’occasion du Congrès des Sociétés savantes de Paris et des départements, qui s’est tenu à la Sorbonne, l’année de la mort de Sacaze en 1889, celui-ci ne se dissimule pas les limites de son travail : « ... par sa nature même, et surtout à cause du grand nombre de collaborateurs appelés de toutes parts et sans préparation à y concourir, ce vaste recueil est loin d’être parfait ; mais il rendra sûrement des services aux linguistes, aux ethnographes, aux géographes qui le consulteront. » (Revue des Pyrénées et de la France méridionale, 1889)

Il confie les trente-cinq volumes de son Enquête à la Bibliothèque municipale de Toulouse, où ils sont toujours conservés. Disparu peu après la réalisation de l’Enquête, Sacaze en publia seulement quelques échantillons dans la Revue des Pyrénées. Elle inspira cependant une nouvelle grande enquête dialectologique, celle que conduisit Édouard Bourciez de la faculté de Lettres de Bordeaux en 1894 pour le domaine gascon. Notons que Bourciez, véritable linguiste et proche des acteurs de la Renaissance d’oc en Gascogne, livre une enquête plus poussée sur le plan méthodologique et linguistique que celle menée par Julien Sacaze, difficilement exploitable faute d'un véritable système de transcription des témoignages oraux.
Julien Sacaze ne fut pas un acteur du mouvement de Renaissance d’oc tel qu’il se structure dans le dernier tiers du XIXe siècle autour du Félibrige, qui touche d’ailleurs bien après sa mort les régions pyrénéennes (Escolo Gastou Febus créée en 1896, Escolo deras Pireneos en 1904). Il projette sur la langue parlée dans les Pyrénées un regard d’archéologue pour qui elle représente les vestiges altérés et promis à une inéluctable disparition de langues et de savoirs anciens. Pour autant Julien Sacaze fait figure d'acteur du développement d’une science « méridionale » autour de la faculté des Lettres de Toulouse, ville qu’il souhaite contribuer à ériger en « capitale intellectuelle du Midi de la France », développement s’appuyant sur un quadrillage des territoires d’investigation par des sociétés savantes régionales. Dans l'article nécrologique qu'il donne sur Julien Sacaze, F. Garrigou, cofondateur de l'Association des Pyrénées, parle de l'ambition de Sacaze pour une grande société d'étude méridionale, aspirant à « une levée de boucliers dans le Midi, en faveur d'un grand acte de décentralisation scientifique4. » Notons que l'article ne fait aucune mention de l'Enquête linguistique de Julien Sacaze.


1. LAVERGNE Adrien. « Cours libre d’épigraphie des Pyrénées : professé par M. Julien Sacaze à la Faculté des Lettres de Toulouse » dans : Revue de Gascogne, t. 29, 1888.

2. Revue de Comminges, 1, 1885

3. La Conférence sur « Les parlers de France » de Gaston Paris, donnée le 26 mai 1888, expose ce qui sera la doctrine des tenants de la dialectologie parisienne, particulièrement empreinte de l'idéologie nationaliste de l'après guerre de 1870 et des débuts du la IIIe République.

4. GARRIGOU, F. « Notice biographique sur Julien Sacaze » dans : Revue des Pyrénées, 1890

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Juliette Dissel (Issel, Aude, 21 décembre 1902 – Pessac, Gironde, 3 novembre 1962), actrice, mèstre d’òbra du Felibrige, membre de l’Escòla Occitana, fondatrice du Théâtre d’Oc.

Identité

Formes référentielles

Dissel, Juliette (1902–1962)

Autres formes connues

- Peine, Juliette (nom à l'état civil)

Éléments biographiques

Quelques années après sa naissance, la famille de Juliette Peine, de son nom de naissance, déménage à Castelnaudary où elle ouvre un magasin de grains. Juliette suit les cours de l’École Primaire Supérieure de la ville et y obtient son brevet élémentaire. C’est là que d’après Joseph Salvat (« Chute de feuilles en Lauragais – Juliette Dissel », Lo Gai Saber, n° 305, novembre-décembre 1962) elle se prend de passion pour le théâtre.

Après ses études, Juliette Peine aurait enseigné quelque temps dans le Lauragais avant de se consacrer entièrement à sa carrière théâtrale et à la promotion du théâtre d’oc.

Engagement dans la renaissance d'oc

Les échanges entre l’abbé Joseph Salvat et Juliette Dissel font apparaître des contacts étroits de celle-ci avec le Félibrige languedocien dès les années 1920. Elle se fait notamment remarquer en 1927 lors de l’inauguration – par l’association des Grilhs del Lauragués, dont font partie Joseph Salvat et Prosper Estieu – du buste d’Auguste Fourès dont elle récite La Lauseta.

Sans doute faut-il dans ce cas parler de révélation puisqu’elle évoque dès lors dans sa correspondance avec l’abbé Salvat l’importance que doit avoir le théâtre en occitan dans la vie culturelle d’oc avant de partir quelques mois à Barcelone en 1928. Là, avec l’appui de l’écrivain et dramaturge catalan Carles Soldevilla elle se produit, disant des poèmes d’Estieu, Vermenouze ou Fourès.

De retour en Occitanie, elle est présente sur des scènes du Lot-et-Garonne à la Provence, en passant par le Rouergue et le Biterrois et s’inscrit au Conservatoire de Toulouse. Elle rencontre entre la fin des années 1920 et le début des années 1930 ceux qui seront pour elle d’importants soutiens dans les années suivantes (entre autres Henri Mouly, Julienne Séguret et, surtout, Armand Praviel…) et devient un membre actif du Félibrige auquel elle adhère depuis 1926. Répondant le 14 mars 1931 à une sollicitation de Salvat, elle lui écrit : « Bien sûr que j’accepterai d’être mestre d’obra. Je ne regrette qu’une chose, c’est de ne pouvoir être Capoulié !! ». C’est d’ailleurs cette année-là qu’elle devient mèstre d’òbra.

On la retrouve en 1932 à Paris où elle s’installe pour plusieurs années. Elle y passe des auditions, a l’occasion d’aller dire quelques vers en occitan à l’invitation de quelques sociétaires de la Comédie Française (lettre à Joseph Salvat du 11 avril 1932) et annonce dans un courrier du 25 juin 1932 avoir été engagée pour jouer Lucette dans une adaptation cinématographique du Monsieur de Pourceaugnac de Molière. Le film, réalisé par Gaston Ravel et Tony Leklain la compte en effet dans sa distribution (fiche Imdb , consultée le 27 avril 2016). Cette même année elle expose son désir de fonder la société des « Amis du Théâtre occitan » afin de financer un projet de troupe de théâtre qui se produirait dans les fêtes régionalistes et félibréennes. L’association du Théâtre d’Oc prend véritablement vie en 1933 et Juliette Dissel enchaîne dans les années suivantes les mises en scènes ainsi que les mises en voix de poèmes occitans.

Juliette Dissel épouse en janvier 1939 un autre militant occitan, Pierre-Louis Berthaud. La guerre les sépare. Alors que Berthaud rejoint Vichy, elle se replie sur Toulouse où elle poursuit son activité avec le Théâtre d’Oc. Avec le soutien du préfet Chéneaux de Leyritz, elle multiplie les manifestations dans le Sud-Ouest jusqu’en 1944. Son divorce d’avec P.-L. Berthaud est prononcé durant la déportation de ce dernier à Dachau entre juin 1944 et mai 1945.

Il semble que Juliette Dissel subisse quelques avanies à la Libération puisqu’elle est « quelque temps détenue » d’après l’abbé Salvat sans que l’on en sache plus. Quoi qu’il en soit, elle se fait bien moins présente dans les années suivantes. Souffrant de graves problèmes de santé et isolée, elle quitte finalement Toulouse en 1952 et rejoint Bordeaux. Elle y écrit quelques chroniques en occitan pour Sud-Ouest mais ne réussit pas à relancer son Théâtre d’Oc. Accueillie chez monsieur Montagne, poète originaire lui aussi du Lauragais et propriétaire du château Pape-Clément, c’est à Pessac qu’elle s’éteint le 3 novembre 1962.

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Julieta Dissèl, (Issèl, Aude, 21 de decembre de 1902 – Pessac, Gironda, 3 de novembre de 1962), actritz, mèstra d’òbra del Felibritge, sòcia de l’Escòla Occitana, fondatritz del Teatre d’Òc.

Identitat

Formas referencialas

Dissel, Juliette (1902–1962)

Autras formas conegudas

- Peine, Juliette (nom à l'état civil)

Elements biografics

Qualques annadas aprèp sa naissença, la familha de Julieta Peine, de son nom d’ostal, se muda a Castèlnòu d’Arri ont dobrís una granatariá. Julieta seguís los corses de l’Escòla Primària Superiora de la vila e obten lo brevet elementari. Es aquí que, d’aprèp Josèp Salvat (« Chute de feuilles en Lauragais » – Julieta Dissèl, Lo Gai saber, n° 305, novembre-decembre de 1962), s’afòga pel teatre.
Aprèp sos estudis, Julieta Peine auriá ensenhat qualque temps dins lo Lauragués abans de s’avodar cap e tot a sa carrièra teatrala e a la promocion del teatre occitan.

Engatjament dins la Renaissença d’Òc

Los escambis entre l’abat Josèp Salvat e Julieta Dissèl testimònian de contactes estreches entre ela e lo Felibritge lengadocian tre las annadas 1920. Se fa remarcar mai que mai en 1927 a l’inauguracion per l’associacion dels Grilhs del Lauragués – que ne fan partida Josèp Salvat e Prospèr Estieu – del bust d’August Forés ont ne ditz lo poèma, « La Lauseta ».
Cal benlèu parlar dins aquel cas de revelacion, pr’amor qu’evòca d’ara enlà dins sa correspondéncia ambe l’abat Salvat, l’importància que deu aver lo teatre dins la vida culturala d’òc, abans de partir per qualques meses a Barcelona en 1928. Ailà, ambe l’ajuda de l’escrivan e dramaturgue catalan Carles Soldevilla, ditz de poèmas d’Estieu, Vermenosa o Forés dins d’espectacles.
Tornada en Occitània, se presenta sus las scènas d’Òlt e Garona fins a Provença, en passant pel Roergue e lo Besierés e se marca al Conservatòri de Tolosa. Rescontra entre la fin de las annadas 1920 e la debuta de las annadas 1930 los que seràn per ela de sostens importants per las annadas venentas – entre autres Enric Molin, Juliana Seguret e sustot Armand Pravièl... – , aderís al Felibritge e ne ven un membre actiu en 1926. Respond lo 14 de març de 1931 a una sollicitacion de Salvat : « Segur qu’acceptarai d’èstre mèstra d’òbra. Regrèti pas qu’una causa, es de poder pas èstre Capolièr ! » E es aquela annada que ven mèstra d’òbra.
En 1932, es a París ont s’installa per mantuna annada. Passa d’audicions, a l’escasença d’anar dire qualques vèrses, convidada per qualques societaris de la Comèdia Francesa (letra a Josèp Salvat del 11 d’abrial de 1932) e anóncia dins un corrièr del 25 de junh de 1932, qu’es engatjada per jogar « Lucette » dins una adaptacion cinematografica de « Monsieur de Pourceaugnac » de Molière. Lo filme realizat per Gaston Ravel e Tòni Leklain la compta dins sa distribucion (ficha Imdb, consultada lo 27 d’abrial de 2016). Dins la meteissa annada, expausa son desir de fondar la societat dels « Amis du Théâtre occitan » per finançar un projècte de tropa de teatre que se produiriá dins las fèstas regionalistas e felibrencas. L’associacion del Teatre d’Òc espelís vertadièrament en 1933 e Julieta Dissèl encadena las annadas venentas las mesas en scèna atal coma las mesas en votz de poèmas occitans.

Julieta Dissèl marida en genièr de 1939 un autre militant occitan, Pèire-Loís Berthaud. La guèrra los dessepara. Mentre que Berthaud rejonh Vichèi, ela, se replega sus Tolosa ont contunha son activitat ambe lo Teatre d’Òc. Ambe l’ajuda del Prefècte Cheneaux de Leyritz, multiplica las manifestacions dins lo Sud-Oèst duscas en 1944. Son divòrci es prononciat pendent la deportacion de Pèire-Loís Berthaud a Dachau entre junh de 1944 e mai de 1945.

Sembla que Julieta Dissèl aja subit qualques afronts a la Liberacion, pr’amor qu’es « quelque temps détenue » d’aprèp l’abat Salvat, sens que se’n sàpia res mai. Cossí que siá, es plan mens presenta las annadas seguentas. Patís de problèmas grèus de santat e isolada, fin finala quita Tolosa e rejonh Bordèu. Escriu qualques cronicas per Sud-Oèst mas capita pas de reviudar son Teatre d’Òc. Aculhida ençò de monsen Montanha, poèta natiu el tanben del Lauragués e proprietari del castèl Pape-Clément, es a Pessac que s’escantís lo 3 de novembre de 1962.

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  • Cartabèu de Santo Estello, n° 20, 1940-1941-1942).
  • Joseph Salvat, « Chute de feuilles en Lauragais – Juliette Dissel », Lo Gai Saber, n° 305, novembre-décembre 1962, pp. 173-178.
  • « Julieto Dissel », Lou Felibrige, n° 147, janvier-février-mars 1963, pp. 34-36.
  • Correspondance avec Joseph Salvat. CP 120 (6). Fonds Joseph Salvat des archives du Collège d’Occitanie. Conservé au CIRDÒC.
  • Documents conservés par Ismaël Girard – Centre dramatique languedocien. AM 223. Fonds Ismaël Girard. Collège d’Occitanie.
  • Correspondance entre Pierre-Louis Berthaud et Joseph Salvat. CP 008. Fonds Joseph Salvat des archives du Collège d’Occitanie. Conservé au CIRDÒC.
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    Léon Géry (1839-1933) est un auteur, acteur et directeur de théâtre populaire toulousain d'expression occitane, connu sous le pseudonyme du « Garrélou » (garrèlon en graphie classique, diminutif affectif de garrèl, « le boîteux »).

    Identité

    Formes référentielles

    Géry, Léon (1839-1933)

    Autres formes connues

    - Victor-Marie Géry (nom à l'état civil)

    - Lé Garrélou (pseudonyme)

    Éléments biographiques

    Léon Géry naît en 1839 1 et passe son enfance à l'hôtel de l'Europe, place Lafayette à Toulouse, dont son père était le gérant. Ouvrier lithographe de formation, il commence une carrière théâtrale dès l'âge de quatorze ans comme danseur figurant pour le Grand Théâtre du Capitole et les différents théâtres de Variétés qui se multiplient dans le Toulouse de la seconde moitié du XIXe siècle. C'est au cours d'une représentation qu'il fait une chute par une trappe de scène mal fermée. L'accident le rend boiteux et compromet sa carrière d'acteur dans les genres majeurs, et davantage encore de danseur.

    Léon Géry, alors âgé de vingt ans, se tourne vers la « comédie locale » en langue occitane et invente le personnage du « Garrélou ». La pièce éponyme a été créée vers 1861 au Café Bonafous, rue Compans. Elle est sans cesse rejouée pendant la décennie, pour les soldats blessés pendant la guerre de 1870, dans les différents théâtres de Variétés toulousains dans les années 1880 et 1890 puis en tournée en Haute-Garonne et dans les départements voisins dans les années 1900. Léon Géry semble cependant absent des théâtres toulousains entre 1886 et 1895, sans doute après un différend avec le petit monde des théâtres de Variétés de la ville. Pendant ces années-là, la troupe a élu domicile au casino de Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne). Au cours des années 1900 disparaissent les mentions du théâtre du Garrélou dans la presse et les programmes.

    À partir des années 1880, Léon Géry est aussi présenté dans les programmes comme « directeur » des lieux de spectacle où se jouent ses pièces. On parle alors du « théâtre du Garrélou » ou de la « troupe du Garrélou ». La troupe de Léon Géry est composée de ses enfants 2 et de comédiens amateurs. Si la pièce Lé Garrélou semble être un classique populaire fréquemment recréé, la production de Géry est prolifique : on dénombre plus d'une vingtaine de créations jouées régulièrement entre les années 1860 et 1900.

    À partir du début du XXe siècle, le théâtre du Garrélou passe de mode. On retrouve la troupe Géry en tournée dans les communes de la Haute-Garonne ou de l'Ariège. Mais le théâtre « patois » de Léon Géry a perdu de sa superbe. En 1910, le théâtre du Garrélou « se joue encore dans les faubourgs » 3 toulousains mais en 1917 l'Express du Midi parle de Léon Géry comme un lointain souvenir d'un théâtre « patouès » tombé en désuétude. Le journal rappelle cependant l'extraordinaire popularité de ce théâtre à son âge d'or dans les années 1880-1890 : « Et il y eut aussi le bon théâtre local, le théâtre patouès ! Ce théâtre était dirigé par un certain Léon Géry, acteur, auteur, impresario. La famille Géry était d'ailleurs une famille de comédiens ; tout le monde montait sur les planches. Le gros succès de la troupe Géry fut le Garrélou (faut-il traduire : Le Boîteux ?), le Garrélou, qu'avec tant d'autres M. Pasquier le très distingué archiviste départemental, allait applaudir tous les soirs. Dès lors, le théâtre Géry devint tout simplement « Le Garrélou », et l'on allait « au Garrélou comme l'on allait au Capitole. Citons parmi les pièces patoises à succès : Lé Grougnaou de Bourrassol, Lé Faouré dé Périolo, Lé Counscrit dé Mountastruc, Très linotos per un cardi. Et j'en passe... J'en passe ! » 4 Lors de sa mort en 1933, un modeste article nécrologique et plutôt irrévérencieux indique l'oubli dans lequel Léon Géry était tombé : « On annonce la mort de Léon Géry qui, sous le nom de Garrélou, se fit autrefois une petite notoriété dans les faubourgs toulousains, où il jouait des farces de sa composition en dialecte populaire. Il n'avait rien publié de son vivant. L'impossibilité de communiquer avec lui avait découragé les sympathies les plus tenaces. Aussi son nom et son œuvre n'étaient-ils plus qu'un lointain souvenir. Il est mort à son domicile, 10, rue Dom Vaissette, à 95 ans. » 5

    L’œuvre du Garrélou

    Avec plus d'une vingtaine de pièces de théâtre comiques en occitan jouées dans la seule décennie 1885-1895 6, l’œuvre de Léon Géry représente en quantité une des œuvres théâtrales d'expression occitane les plus importantes de la fin du XIXe siècle, bien que n'ayant laissé quasiment aucune trace écrite, à l'exception d'une courte saynète, Lé Counscrit dé Mountastruc, publiée anonymement en brochure de 4 pages vers 1874.

    Il s'agit de comédies de mœurs dans la tradition du théâtre populaire et du théâtre de variétés, parfois en trois ou cinq actes, mais le plus souvent des « piécettes », « pochades » et saynètes en un seul acte, contenant des passages chantés, et qui étaient jouées dans un programme de divertissements variés.

    Hormis la brochure du Counscrit, les pièces de Garrélou ne furent jamais éditées. Une grande partie de son répertoire, sans doute manuscrit, aurait été détruit lors de l'incendie du Théâtre des Variétés en mai 1907 7. Seuls des fragments, qui étaient alors en possession de leur auteur, sont reproduits en feuilleton dans « Les mémoires du Garrélou », série d'articles publiés au cours de l'année 1925 dans le Journal de Toulouse.

    Les programmes de théâtre qui sont annoncés dans la presse toulousaine (le Journal de Toulouse notamment) montrent qu'entre 1885 et 1895 le théâtre du Garrélou est à son apogée. En 1895, le Dictiounari moundi de Jean Doujat 8 consacre un article au « Garrélou » et indique qu'en « langue toulousaine », le terme désigne la pièce très populaire, son auteur, le théâtre où elle se joue voire un genre de théâtre local à part entière. La même année Lé Gril de Toulouso, journal patoisant et populaire dirigé par Gabriel Visner, consacre son numéro de juin à Léon Géry : « E n'es pas uno minço probo de poupularitat qu'aquélo counstataciou d'un directou, aoutou è jougaïré dins uno troupo dé coumédiens, què béï lé noum dél prencipal persounatché dé sas créacious serbin soul à désinna soun janré, sas salos dé téatrés, dincos a'n el mèmo » 9 . En 1898, Léon Géry figure parmi le panthéon de « l'Escolo toulouseno » dans la préface de l'Histoire de Toulouse de Louis Ariste et Louis Braud : « avec la France nous sommes fiers de tous les poètes d'entre Villon et Verlaine, mais avec Toulouse nous glorifions les chanteurs ensoleillés d'entre Goudouli, Mengaud, Visner, sans en excepter Gruvel et le Garrélou. 10 »

    Bien que relégué par les critiques dans un théâtre de divertissement populaire, Léon Géry s'inscrit dans une histoire littéraire toulousaine. Ariste et Braud avaient déjà noté que sa pièce La Laïtaïro dé Soupotard avait sans doute été inspirée d'une pièce de Jean-Florent Baour (1724-1794) : La Laytayro de Naubernad. Dans ses « Mémoires », Léon Géry évoque son amitié avec le poète-cordonnier Louis Vestrepain (1809-1865), qu'il reconnaît comme son « maître ». Il évoque également son admiration pour le poète occitan Pèire Godolin (1580-1649) ou encore pour les Joyeuses recherches de la langue toulousaine d'Odde de Triors, texte macaronique savoureux, véritable art poétique de la langue verte des Toulousains du XVIe siècle. Nombreux furent ceux qui ont réduit le théâtre de Léon Géry à un théâtre patoisant, un théâtre de « colhonada » 11 pour les plus acerbes, ne relevant que rarement la filiation que l'auteur pouvait entretenir avec une tradition macaronique et burlesque toulousaine. Jusque dans Lé Gril, journal qui se revendiquait pourtant « patois » et « populaire », et qui n'afficha jamais d'ambition littéraire, on peut lire en 1895 cette critique du théâtre du Garrélou : « ...La padèno ! Aquel mot mé fa sousca qué dins aquèlo del Garrélou sé cousén toutjoun les mèmos légumos dé pècos è qué mé parés estré l'ouro dé fa cousino noubèlo... » 12

    Théâtre sans publication ni archives conservées, passées de mode depuis les années 1900, rejeté par les foyers actifs de la renaissance linguistique et littéraire toulousains, le « Théâtre du Garrélou » et son créateur Léon Géry, disparurent rapidement dans l'oubli au point de le rendre absent, malgré son grand succès public pendant vingt ans, des répertoires et catalogues du théâtre occitan. Seule une pièce créée pour le « Teatré del 'Garrélou' » a été imprimée en brochure par Lé Gril, mais la pièce a été écrite par Gabriel Visner. En 1910, dans leur article sur « Les poètes languedociens de Toulouse », Armand Praviel et Joseph Rozès de Brousse font même de Géry un « imitateur », continuateur de l’œuvre plus noble du félibre patenté Gabriel Visner, directeur du Gril. 13

    Engagement dans la renaissance d'oc

    Le théâtre du Garrélou, très populaire dans les années 1880-1890, semble demeurer totalement imperméable aux différents mouvements de la renaissance d'oc dominée par le Félibrige. L'impact du mouvement félibréen est certes assez modeste à Toulouse, mais comptant quelques foyers qui s'activent dans les années 1890 autour de Gabriel Visner et de la revue Lé Gril, de l'Escolo Moundino, école félibréenne qui voit le jour en 1892 et qui lance dès 1894 la revue La Terro d'Oc.

    Seul le groupe réuni autour de la revue Lé Gril, journal patoisant et humoristique créé en 1891 par Gabriel Visner, s’intéresse-t-il à Léon Géry à quelques occasions alors qu'il met régulièrement à l'honneur Josselin Gruvel, poète et chansonnier de rue, qui excellait dans la « rigoulado rimado » et qui, comme Géry, avait créé son archétype toulousain, Jousepou de Purpan. 14

    Les rares mentions de Léon Géry et du théâtre du Garrélou dans les productions toulousaines le réduisent à un théâtre, certes très populaire, mais aussi très grivois et sans autre intérêt que le plus simple divertissement. En 1891, un conte humoristique anonyme primé au Concours de la Société Ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts et publié à Foix, raconte les aventures d'un certain Bourthoumiu dé Sourjat, paysans ariégois dans son périple dans le Toulouse des années 1890. Parmi ses aventures, Bourthoumiu, va occuper sa soirée au théâtre du Garrélou : « M'en bau ches l'Garrélou, beïré uno couyounado... » Même pour le paysan ariégois, le théâtre du Garrélou n'a pas d'autre mérite que la plus simple et basique rigolade.

    La même année, Auguste Fourès, le grand poète du Lauragais, félibre rouge, rend hommage au théâtre du Garrélou dans sa « Prefaço » a la Litsou de patouès, pièce écrite par Visner. Il tente de donner les lettres de noblesse à ce théâtre très peu goûté de la critique en instaurant une filiation avec Godolin et Mondonville. Dans son texte on remarque cependant une légère distance avec celui qu'il nomme le « valent Garrélou » (méritant mais peu talentueux ?) pour mieux insister sur le fait que son répertoire vient d'être augmenté d'une pièce, faisant référence à la pièce de Visner, comme pour l'inciter à s'en remettre à des auteurs plus talentueux. Dans son hommage à Fourès, Laurent Talhade rappellera d'ailleurs le soutien du grand auteur du Lauragais au théâtre du Garrélou, méprisé des élites : « Certes, il y a plus de poésie vraie dans les atellanes plébéiennes du Garrélou, dans n'importe quelle chanson de rues, que dans la collection intégrale des jeux floraux. Mais il appartenait au félibre majoral du Lauragais de promouvoir à la gloire d'une forme artiste cette langue « moundine », désuète et oubliée depuis les horreurs du treizième siècle et l'asservissement du Languedoc. 15 »

    En 1913, dans un article sur « Le théâtre occitan » paru dans l'Express du Midi, Armand Praviel évoque le théâtre de Léon Géry comme la seule manifestation notable de théâtre en langue occitane des générations précédentes à Toulouse, évoquant, comme un lointain souvenir « la fameuse période de gloire populaire du Garrélou. 16 » Le Garrélou est encore cité – une dernière fois ! - parmi les quelques noms illustrant la renaissance de la langue occitane à la fin du XIXe siècle dans l'Histoire de Toulouse d'Henri Ramet (1935), prouvant sa popularité, mais confirmant sa place à part des illustres écrivains : « enfin Léon Géry, lé Garrélou, chez qui s'épanouissent la verve narquoise et la gauloiserie patoisantes populaires. » C'est une des dernières mentions du Garrélou et de Léon Géry, mort deux ans auparavant, dans un anonymat quasi complet.

    Dans la postérité du théâtre du Garrélou on trouve cependant l’œuvre d'un Charles Mouly, créateur lui-même d'un théâtre occitan populaire autour du personnage de la Catinou. Mouly fut une des rares personnalités occitanistes du XXe siècle à s'intéresser à Léon Géry.

    Liste des théâtres et salles de spectacle qui accueillirent le Théâtre du Garrélou 17 :

    • Café Bonafous, rue Compans (vers 1861)
    • Théâtre Oriental (vers 1861)
    • Théâtre Montcavrel (vers 1870)
    • Pré-Catelan (vers 1870)
    • Theâtre des Folies Bergères, puis des Variétés (après 1870)
    • Casino de Toulouse (vers 1876)
    • Pré-Catelan (vers 1884, Léon Géry est noté comme directeur du Pré-Catelan)
    • Salle du Gymnase, ancien théâtre Montcavrel (vers 1885, Léon Géry est noté comme directeur)
    • Théâtre des Nouveautés (vers 1885, Léon Géry est noté directeur)
    • Pré-Catelan (vers 1886, Léon Géry est noté directeur)
    • Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne) : Casino d'été ou Casino de la Passerelle (Léon Géry est gérant).
    • Théâtre des Nouveautés : Léon Géry et son fils font un numéro d'échanges patois dans une revue (mars 1895) ; en mai 1895, une soirée de gala est organisée pour Léon Géry et sa troupe au
    • Théâtre des Nouveautés. Le succès rapporté dans la presse locale semble à l'origine d'un retour de la troupe à Toulouse.
    • Suite au succès de la soirée de Gala, il s'installe à nouveau à Toulouse en novembre 1895, au Théâtre Lafayette (ancien Casino)

    Liste des pièces de Léon Géry 18

    • Lé Garrélou, pièce en cinq actes : créé vers 1861 au Café Bonafous, ds la presse, jouée en 5 actes à Toulouse en 1876 ; 3 actes en 1884, jouée en tournée en Haute-Garonne et Ariège dans les années 1900-1902.
    • L'Auberjo del Faouré dé Périolo, comédie en un acte, seconde pièce créée par Léon Géry pour son nouveau lieu, le Théâtre Oriental.
    • L'Amour dins un rusquié, farce inspirée du conte du cuvier de la Fontaine.
    • Miqueléto ou Les Escuts del Pierril
    • Lé Counscrit dé Mountastruc, créée vers 1872 et inspirée de la loi établissant le service militaire (imprimée)
    • La Bernadeto de Castanet, vers 1872
    • Les Enratchads
    • Un pan de naz à pic
    • Tocos-y cé gaouzos
    • Ma Jeannetounetto
    • E les dus Finards
    • Lé Mouligné dé Marco-Fabo
    • La poulido Lizou
    • Fi countro fi y a pas dé doubluro
    • Madamo Rigolo
    • Lé Pioutarel
    • La Fèsto des Farinèls
    • La pichouno Lizou
    • Las abanturos de moussu Janicot
    • Lé Grougnaou de Bourrassol
    • Très linotos per un cardi
    • Lé Mariacthé dé Sardou ou la Picopul des Minimos
    • Bramofan ou las misèros dé Picogru

    Notes

    1) Un doute plane sur la date de naissance de Léon Géry. Plusieurs sources biographiques indiquent qu'il serait né le 10 août 1839, sous le nom d'État-civil de Victor-Marie Géry et de père et mère inconnus. Dans ses « Mémoires » (voir bibliographie), Léon Géry indique qu'il est né le 10 avril 1839 et que son père était gérant de l'hôtel de l'Europe à Toulouse, sans préciser s'il s'agissait d'un père adoptif. Les registres de naissance de la Ville de Toulouse indiquent bien la naissance d'un Victor-Marie Géry à la date du 10 août. Aucun Géry n'apparaît en revanche à la date du 10 avril.

    2) « Sa familho es uno pépinièro d'artistos al toun toulousèn è Mlles Maria Gèry, Victorine, Julia, y balhon bèlomen la réplico dins las obros dé soun cru. Soun fil aïnat, qué proumet tabés un goustous è artistico jougaïré, ben dé poudé fa bénéfici dé las dispensos qué las les accordon al couscrit « fil aïnat d'uno familho dé sèpt éfans. » Lé Gril, n°13 du 30 juin 1895.

    3) Armand Praviel, Joseph Rozès de Brousse, « Les poètes languedociens de Toulouse », Documents sur Toulouse et sa région, Privat, 1910.

    4) « Le Théâtre à Toulouse », l'Express du Midi, 19 août 1917.

    5) « Le Garrélou est mort », l’Express du Midi, 6 décembre 1933.

    6) Comptage fait à partir des programmes de théâtre parus dans la presse toulousaine.

    7) François d’Hers, « Ceux du terroir », chronique parue dans dans Le Journal de Toulouse, 5 avril, 1925.

    8) Dictiounari moundi de Jean Doujat empéoutad del biradis des mots ancièns as tipiques dires d'aouèt e am'un abant-prép per G. Visner, éd. "Lé Gril", 1895.

    9) Lé Gril, n° 13 du 30 juin 1895.

    10) Louis ARISTE, Louis BRAUD, Histoire populaire de Toulouse... 1898.

    11) [Anonyme] Bourthoumiu dé Sourjat a Toulouso : conte patois..., Foix, 1891.

    12) Lé Gril, n°22 du 3 novembre 1895

    13) Armand Praviel, Joseph Rozès de Brousse, « Les poètes languedociens de Toulouse », Documents sur Toulouse et sa région, Privat, 1910.

    14) Jean Fourié, « Le journal Lé Gril et les auteurs patoisants de Toulouse », Le Gai Saber, Nos 450, 451, 452 de 1993.

    15) Laurent Talhade, « Le dernier albigeois », Terre latine, A. Lemerre, 1898, p. 328-336.

    16) Armand Praviel, « Le Théâtre occitan », L'Express du Midi, Toulouse, 12 septembre 1913.

    17) Relevé par ordre chronologique réalisé d'après les programmes publiés dans le Journal de Toulouse et les indications fournies par les « Mémoires du Garrélou ».

    18) Idem. L'ordre chronologique n'a pu être proposé que pour les pièces datées.

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  • Bourthoumiu dé Sourjat a Toulouso : conte patois : Foix, Gadrat aîné, 1891.

  • Lé Gril , n° 13, del 30 dé Jun dé 1895 [30 juin 1895] ; n° 15 del 28 dé Julhet 1895 [28 juillet 1895] ; n° 22 del 3 dé Noubembré dé 1895 [3 novembre 1895].

  • La Terra d'Oc, n° 18, du 16 au 31 décembre 1895.

  • ARISTE (Louis), BRAUD (Louis), Histoire populaire de Toulouse depuis les origines jusqu'à ce jour, Toulouse, Le Midi Républicain, 1898. 

  • DOUJAT (Jean), Dictiounari moundi empéoutad del biradis des mots ancièns as tipiques dires d'aouèt e am'un abant-prép. per G. Visner  = Dictionnaire de la langue toulousaine augmenté de virement des mots anciens aux typiques dires d'aujourd'hui et d'un av.-prop. par G. Visner, "Lé Gril", 1895.

  • FOURIÉ (Jean), « Le journal Lé Gril et les auteurs patoisants de Toulouse », Lo Gai Saber, n° 450, estiu de 1993 ; n° 451, tardor de 1993 ; n° 452, ivèrn de 1993.

  • D'HERS (François), GÉRY (Léon), « Mémoires du Garrélou » : parues en feuilleton dans Le Journal de Toulouse : « Poètes et prosateurs, Ceux du Terroir, Lé Garrélou », avril-juillet 1925.  

  • MESURET (Rober), Le Théâtre à Toulouse de 1561 à 1914 : catalogue d'exposition : Toulouse, Musée Paul-Dupuy, 1972.

  • PRAVIEL (Armand), « Le Théâtre occitan » L'Express du Midi, Toulouse, 12 septembre 1913. En ligne : http://images.expressdumidi.bibliotheque.toulouse.fr/1913/B315556101_EXPRESS_1913_09_12.pdf#search="garrelou"

  • TALHADE (Laurent), Terre latine, Paris, A. Lemerre, 1898.

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    Félibre toulousain, Marius Bacquié-Fonade (1854-1910) est un représentant de commerce et intellectuel toulousain. Il est principalement connu pour avoir créé l'association des Toulousains de Toulouse et avoir posé les bases du Musée du Vieux Toulouse.

    Identité

    Formes référentielles

    Bacquié-Fonade, Marius (1854-1910) (1901-1979)

    Autres formes connues

    - Bacquié-Fonade, Pierre (nom à l'état civil)

    - Bacquié-Fonade, Louis (forme erronée du nom)

    - Bacquié-Fonade, Auguste (forme erronée du nom)

    - Nadofoun (pseudonyme)

    - Nadal de la fount (pseudonyme)

    Engagement dans la renaissance d'oc

    Marius Bacquié Fonade est également membre-fondateur de l'Escolo Moundino et rédacteur en chef de la revue La Terro d'Oc (1894-1933). Il devient majoral du Félibrige en 1905.
    Il rentre d'abord en contact avec Joseph Roumanille qui lui conseille de constituer une bibliothèque sur son fonds régional. Dans le cadre de ces travaux Bacquié-Fonade s'intéresse notamment à l'œuvre d'Auguste Fourès, décédé quelques temps plus tôt, et dont il juge les écrits remarquables.
    Ses archives ont intégré les collections du CIRDÒC en 2014.

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    A consulter :

    Archives :

    • Fonds Bacquié-Fonade. CIRDÒC - Archius. Ce fonds comprends de la correspondance et des pièces littéraires envoyées à Marius Bacquié-Fonade.
      Instrument de recherche disponible à cette adresse.
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    Ismaël Girard (Gensac, Gers, 1898, Toulouse, 1976), médecin, fondateur de la revue ÒC en 1923, acteur majeur de l’occitanisme, membre fondateur de la Société d’Études Occitanes (SEO) en 1930 l’Institut d’Études Occitanes (IEO) en 1945.

    Identité

    Formes référentielles

    Girard, Ismaël (1898-1976)

    Autres formes connues

    < Delfin Dario (Pseudonyme)

    Éléments biographiques

    On sait peu de choses de la jeunesse d’Ismaël Girard à Gensac, près de Montpezat, dans le Gers. Si ce n’est ce qu’il put en dire, brièvement lors d’une interview pour Radio-Toulouse publiée dans la revue Per Noste (n° 20, sptembre-octobre 1970) :

    « La mia origina sociala e familiala se resumeish ende jo per un mot : Gensac. Aquí vivevan en un temps – parli d’aqueth temps que va dinca la guèrra de 14- 18 – on la vita s’anava au briu de las sasons e deus fruts de la tèrra. Sense autò, sense avion, sens radiò e sense television. A l’ostau, lo Gascon, que’u parlavan cada jorn, mesclat au Francès, mitat l’un, mitat l’aute, coma s’escaijèva. Dehòra, guaire ben sonca lo Gascon »

    (Mon origine sociale et familiale se résume pour moi en un mot : Gensac. Là, nous vivions en un temps – je parle de ce temps qui va jusqu’à la guerre de 14-18 – où la vie s’écoulait au fil des saisons et des fruits de la terre. Sans auto, sans avion, sans radio, sans télévision. À la maison, le gascon, nous le parlions chaque jour, mêlé au français, moitié l’un, moitié l’autre, comme cela tombait. Au dehors, guère que le gascon).
    Mobilisé au moment de la Première Guerre mondiale, après plus d’un an « viscut au ras deu Rhin » (vécu au bord du Rhin – Òc n° 217, juillet-septembre 1960) il est envoyé en garnison en Avignon, ce qui est pour lui l’occasion de fréquenter la bibliothèque du musée Calvet et les œuvres félibréennes, de rencontrer Valère Bernard et Pierre Rouquette, mais aussi de découvrir, à travers l’ouvrage de Joaquim Folguera, Les Noves valors de la poesia catalana, la poésie catalane et, dit-il, « qu’aqueth sentiment de dignitat que cercavi ençò de nòste sens poder trobà’u, èra ua realitat viva delà deus Pireneus » (que ce sentiment de dignité que je cherchais chez nous sans pouvoir le trouver, était une réalité vivante de l’autre côté des Pyrénées – Ibidem).
    Démobilisé, il entreprend des études de médecine à Toulouse et obtient son doctorat de médecine en 1926. Il s’installe alors à Toulouse pour exercer son métier d’une manière apparemment particulière, comme le relève un autre médecin, Max Rouquette, dans l’hommage qu’il lui rend dans le numéro 256 d’Òc :

    « Metge, diguèt encara NON a la medecina oficiala, desumanisada, emmandarinada, en causiguent d’èstre aquí encara l’eretge que tant e tant de malautes venguts de l’Occitania tota venián veire per i atrobar garison, paraula umana e consolament »

    (Médecin, il dit encore NON à la médecine officielle, déshumanisée, emmandarinée, en choisissant d’être là encore l’hérétique que tant et tant de malades venus de toute l’Occitanie venaient voir pour trouver guérison, parole humaine et consolation ).
    Il semble aussi qu’il se rapproche en ce début des années 1920 de l’Action Française ainsi que le révèle une de ses lettres à Pierre Rouquette en date du 16 octobre 1921 :

    « Ah ! oui, quelle belle œuvre ils font en Catalogne ! À les connaître et à les mieux connaître j’ai éprouvé autant de satisfaction et de joie libératrice que le jour où j’ai connu l’Action Française. »
    Mais l’activité essentielle de Girard est, tout au long de sa vie, tournée vers l’occitanisme.

    Engagements dans la renaissance d’oc

    La révélation, pour Ismaël Girard, ainsi qu’il l’explique dans le numéro 210 de la revue Òc (octobre- décembre 1958), a lieu dès l’école. Après s’être fait taper sur les doigts quand il parlait patois en primaire, il découvre dans le secondaire le cours de gascon dispensé par Léopold Médan aux élèves de 6ème et de 5ème : « […] que’m dèc çò qu’aperam lo « huec sacrat » qu’es devengut lo huec sacrat occitanista » ([...] il me donna ce qu’on appelle le « feu sacré » qui est devenu le feu sacré occitaniste).
    Après sa démobilisation, toujours passionné par la langue et la culture gasconnes, il entre en contact avec le Béarnais Michel Camélat avec lequel il se lie d’amitié et commence à collaborer épisodiquement à la revue félibréenne béarnaise Reclams de Biarn e Gascougne. Il devient par ailleurs secrétaire-adjoint de L’Escòla Occitana, école félibréenne qui vient de se créer à Toulouse. C’est aussi à cette époque qu’il rencontre Camille Soula, professeur de physiologie mais aussi ami d’Antonin Perbosc et passionné de littérature et d’arts et qui, comme Girard, est fort sensible à l’exemple catalan. C’est ensemble que, avec Perbosc et Déodat de Séverac, ils fondent en 1923 la « Ligue de la Patrie Méridionale » qui entretient des liens avec le « Comité d’Action des Revendications Nationales du Midi » créé l’année précédente en Provence notamment par Joseph d’Arbaud et Frédéric Mistral-Neveu.
    Si cette expérience aboutit assez rapidement à un échec, y compris pour ce qui est d’une de ses émanations qui semblait la plus prometteuse, La Ligue pour la Langue d’Oc à l’École menée par Jean Bonnafous, la fin de l’année 1923 est un tournant majeur pour Ismaël Girard et pour l’occitanisme. En effet, en septembre 1923, après le coup d’État militaire de Primo de Rivera en Espagne, Antoni Rovira i Virgili, Leandre Cervera et Lluis Nicolau d’Olwer, les leaders du parti catalaniste Acció Catalana, pourchassés par le nouveau pouvoir, se réfugient à Toulouse chez Camille Soula. De cette rencontre naît le projet du journal Òc, dont le premier numéro paraît le 27 janvier 1924. Culturel, revendicatif, mettant en avant l’exemple catalan et laissant une place de choix aux catalanistes dans ses colonnes, Òc se veut, comme le note Jean-Frédéric Brun, « l’organe de combat de la renaissance culturelle et linguistique des pays d’oc » (Jean-Frédéric Brun, « Ismaël Girard à travers sa correspondance avec Max Rouquette (I) », Les Cahiers Max Rouquette, n° 4, mais 2010, p. 70-73).
    Cette proximité avec le catalanisme donne l’occasion à Girard de diffuser encore plus largement son message. En particulier par le biais de la revue culturelle catalane de Sitges L’Amic de les Arts dont le directeur Joseph Carbonell i Gener lui confie la composition d’un numéro spécial publié en 1927 et consacré à la culture occitane qui aura un grand retentissement, tant en Catalogne que du côté occitan.
    En 1930, c’est encore avec Carbonell i Gener et avec Louis Alibert, autre catalanophile travaillant seul à la normalisation de la langue d’oc en s’appuyant sur l’exemple catalan, qu’Ismaël Girard fonde la Société d’Études Occitanes.
    Accaparé par son métier, Girard prend un peu de recul dans les années suivantes mais s’évertue tout de même à porter la voix de l’Occitanie au travers notamment d’une collaboration régulière avec la revue médicale catalane de Leandre Cervera, La Medicina Catalana, dans laquelle il tient une rubrique intitulé « Occitania medica ». En 1939 lorsque Carbonell entreprend de développer les activités de la SEO, Ismaël Girard reprend du service. Il participe à l’accueil d’intellectuels catalans réfugiés à Toulouse à la suite de la défaite de la République espagnole et du gouvernement autonome catalan de la Generalitat, action dont Soula est le maître d’œuvre.
    On retrouve Ismaël Girard aux affaires après la défaite de la France en 1940 et l’arrivée au pouvoir du maréchal Pétain. Girard reprend alors les commandes d’Òc dont il avait provisoirement abandonné le titre, pour une édition de guerre, à Pierre-Louis Berthaud, et est à l’origine d’une requête conjointe des félibres et occitanistes au Maréchal dans le but de voir la langue d’oc enseignée à l’école. Le semi-échec de cette tentative de profiter de la conjoncture pour faire avancer la cause de la langue d’oc qui aboutit à ce que Girard appellera dans Òc (numéro d’été de 1942) « la pallishòta reforma Ripert-Carcopino » marque la fin des tentatives de Girard d’obtenir quoi que ce soit du régime de Vichy. En 1943, Girard quitte Toulouse – Robert Lafont, dans ses Pecics de Mièg-sègle – dit qu’il devient médecin d’un maquis et, au printemps 1944 il s’installe à Saint-Saturnin, près d’Aniane, dans une maison inoccupée appartenant à la famille de Max Rouquette.
    De retour à Toulouse vers la fin de 1944, Ismaël Girard entend encore profiter des événements et de la conjoncture politique pour mener à bien un projet qui lui tient à cœur depuis les années 1920, la création d’un Institut d’Études Occitanes. Avec l’aide d’un Camille Soula auréolé d’une gloire de résistant actif et ami de Tristan Tzara et de Jean Cassou qui a manqué devenir commissaire de la République, et malgré l’arrestation de Louis Alibert accusé de collaboration et de la dénonciation ayant entraîné l’exécution d’un résistant et qui risque d’éclabousser l’occitanisme, Girard tente même d’obtenir la dissolution de l’Académie des Jeux Floraux avec laquelle il a maille à partir depuis les années 1920. L’IEO est finalement officiellement créé en avril 1945 lors d’une réunion solennelle tenue dans l’amphithéâtre de la faculté de Lettres de Toulouse en présence de Pierre Bertaux, commissaire de la République ; Jean Cassou en est le premier président et Ismaël Girard en devient provisoirement le secrétaire général.
    S’il reste toujours en retrait, Ismaël Girard, de 1945 à 1964 (qui voit la scission de l’Institut entre les tenants d’une voie économiste et politique menée par Robert Lafont et ceux d’une voie culturaliste emmenée par Girard, Bernard Manciet et Félix-Marcel Castan) est, de l’avis de tous, celui qui tire les manettes de l’IEO. Il est son éminence grise, mais aussi son financier, qui assure des rentrées d’argent dans les caisses pour le fonctionnement de la revue ÒC et de l’Institut, y compris sur ses fonds personnels.
    Prêt à s’effacer pour laisser les jeunes mener l’action, il est celui qui met le pied à l’étrier de Robert Lafont, Félix-Marcel Castan, Hélène Cabanes ou Pierre Lagarde et les encourage à s’engager dans l’Institut. Mais homme d’action lui-même, il met aussi en place en 1956 avec Pierre-Louis Berthaud et Robert Lafont la revue Occitania, hors de l’IEO auquel elle est cependant liée par les hommes, dont l’objet est de s’éloigner de l’intellectualisme des Annales de l’Institut d’Études Occitanes pour fournir aux Occitans un journal accessible et éclectique touchant à tous les domaines, économique, culturel, sportif... en mettant en avant la spécificité occitane.
    Après la scission des années 1960, Ismaël Girard reste en retrait de l’Institut d’Études Occitanes qu’il a fini par quitter, mais continue la publication de la revue Òc jusqu’à sa mort en 1976.

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    - ABRATE, Laurent. 1900-1968. Occitanie, des idées et des hommes, IEO, Textes et documents, 2001

    - ANATOLE, Christian. « Ismaël Girard ». Gai Saber, n° 388, octobre 1977, pp. 160-163

    - BRUN, Jean-Frédéric. « Ismaël Girard à travers sa correspondance avec Max Rouquette ». Les Cahiers Max Rouquette, n° 4, mai 2010 (pp. 70-73) et n° 5, mai 2011 (pp. 30-38)

    - DUPUY, André. L’année en Occitanie 1976. A. Dupuy, 1977

    - LAFONT, Robert. Pecics de Mièg-sègle, Federop, 1999

    - Òc n° 256, hiver 1976, contenant les hommages à Ismaël Girard de René Nelli, Jean Cassou, Max Rouquette, Marcel Carrière, Joseph Villalon, Max Allier, Jacques Taupiac, Jean-Pierre Tardieu, Christian Anatole et Jòrgi Reboul.

    - ROUQUETTE, Pierre. « Ismaël Girard ». Gai Saber, n° 393, janvier 1979, pp. 345-350

    - TAUPIAC, Jacme, « Entrevista dab Ismaël Girard », Per Noste, n° 20, septembre-octobre 1970, p. 8-10

    Archives et manuscrits

    - Correspondance passive d’IG est conservée dans les archives du Collège d’Occitanie. CIRDÒC Béziers cote CQ 521 à CQ 626

    - Archives de Pierre Rouquette (Fonds privé)

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    Jean Lesaffre (Bayonne, 1907, Paris, 1975), ingénieur en chef au service du personnel de la SNCF, est l’un des cofondateurs de l’association étudiante occitane le Nouveau Languedoc, à Montpellier en 1928. Félibre et occitaniste, il participe activement à la fin des années 1930 à la vie de l’école félibréenne parisienne Les Amis de la Langue d’Oc dont il deviendra le vice-président. Il est l’auteur ou le coauteur de nombreux articles, conférences et bibliographies.

    Identité

    Formes référentielles

    Lesaffre, Jean (forme référentielle française)

    Éléments biographiques 

    Né à Bayonne d’un père basque ingénieur dans les chemins de fer et d’une mère languedocienne, Jean Lesaffre est élevé dans la foi catholique et suit des études secondaires au collège privé de la Trinité, à Béziers avant de rejoindre l’université de Montpellier dont il sort licencié en mathématiques et docteur en droit après avoir soutenu en 1934 sa thèse  Le problème national de la Catalogne et sa solution par la statut de 1932.

    Son parcours professionnel le mène à Paris. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier en 1940 et envoyé dans la région de Brême à l’Oflag XB dont il est rapatrié en 1942 pour raison de santé. Catholique pratiquant, très pieux, Lesaffre aurait par ailleurs, dans les années 1930, été proche de l’’Action Française si l’on en croit les archives de Marcel Decremps.

    Très impliqué après guerre dans Les Amis de la Langue d’Oc, dans l’occitanisme et rédacteur régulier pour la revue La France Latine, il meurt à Paris en 1975.

    Engagement dans la renaissance d’oc

    S’intéressant à la langue d’oc dès ses études secondaires, Jean Lesaffre s’engage dans la renaissance d’oc lorsqu’il rejoint l’université de Montpellier. C’est là qu’il fonde en 1928, sur le modèle des corporations étudiantes, le Nouveau Languedoc où il est bientôt rejoint par Max Rouquette et Roger Barthe. L’association, très active, recrute rapidement plusieurs dizaines de membres et s’oriente sur la voie de la revendication fédéraliste et la renaissance culturelle sur le modèle catalan.

    Par ailleurs, Jean Lesaffre devient à cette époque (de 1930-1932) président de l’association générale des étudiants de Montpellier et bénéficie de 1929 à 1932 d’une rubrique dans Le Petit Méridional, marquant l’influence du Nouveau Languedoc à Montpellier.

    L’association a tôt fait de faire des émules, comme les Estudiants Ramondencs de Toulouse et de former avec ces derniers et avec les jeunes marseillais de l’Araire (Jòrgi Reboul, Charles Camproux, Paul Ricard) la Ligue Frédéric Mistral qui donne elle-même naissance en 1934 à Occitania, organe mensuel de la jeunesse fédéraliste occitane et à l’association des Amis d’Occitania qui entend mettre en place un véritable programme fédéraliste auquel participe très activement Jean Lesaffre chargé de la commission administrative.

    Dans ces années 1930, Jean Lesaffre se rapproche par ailleurs de l’Escòla Occitana de Toulouse et de son principal animateur, l’abbé Joseph Salvat avec lequel il partage une certaine communauté de conscience (outre son statut d’ecclésiastique, Salvat est proche de l’Action Française) et une même vision de la langue d’oc mêlant félibréisme, occitanisme et catalanisme, avant de rejoindre en 1937 les Amis de la Langue d’Oc Paris avec lesquels il va notamment participer en 1939 à l’accueil des intellectuels catalans réfugiés en France.

    Prisonnier en Allemagne, il n’en continue pas moins, entre 1940 et 1942 à promouvoir la langue d’oc à travers des conférences données à ses compagnons de captivités.

    Il rejoint après-guerre l’Institut d’Études Occitanes naissant avec son ami Pierre-Louis Berthaud, rencontré du temps des Amis d’Occitania. Berthaud qui, félibre lui aussi et membre actif des Amis de la Langue d’Oc, devient majoral du Félibrige en 1947 et tente en 1952, après la mort du majoral et président des Amis de la Langue d’Oc Joseph Loubet, de soutenir la candidature au majoralat de Jean Lesaffre. Mais les sympathies occitanistes de Lesaffre lui coûtent son élection à un moment où les relations entre occitanisme et Félibrige sont particulièrement tendues ; événement qui occasionera une grande déception aussi bien à Berthaud qu’à Lesaffre, blessé de se voir rejeté par une association dans laquelle il a beaucoup œuvré et continue à œuvrer jusqu’à sa mort.

    Par ailleurs, Jean Lesaffre participe très activement entre 1949 et 1951, aux côtés de Pierre-Louis Berthaud, à l’action en faveur de la loi Deixonne sur l’enseignement des langues et dialectes locaux, et c’est encore avec Berthaud qu’il publie des bibliographies de référence (La langue d’Oc dans nos écoles, 1953, puis la Bibliographie occitane dont il publie le volume 1943-1956 avec Berthaud, initiateur et principal auteur, avant de s’associer avec Irénée-Marcel Cluzel puis Jean-Marie Petit pour les volumes suivants).

    Très actif jusqu’à sa mort, il continue, outre sa participation à la vie des associations, à donner des conférences et à écrire des articles, essentiellement pour Lo Gai Saber, revue de l’Escòla Occitana de Toulouse, et La France Latine.

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    ]]> - Archives de Jean Lesaffre

    - BARTHES, Roger. « Jean Lesaffre (1907-1975) ». OC, n° 254, été 1976, p. 47-58

    - CARRIÈRES, Marcel. « Jean Lesaffre ». Lo Gai Saber, n° 384, octobre 1976, p.535-538

    - La France Latine, n° 64-65, pp. 1-27 (articles de Georges, Dezeuze, René Méjean, Ivan Gaussen, Marcel Decremps, témoignages, bibliographie).

    - GRAU, Pierre. « Le Nouveau Languedoc : des corpos aux origines de l’occitanisme contemporain », VIIe Centenaire des Universités de l’Académie de Montpellier, Montpellier, Université Montpellier 1, 1992, pp.107-109

    - LESPOUX, Yan. « Aux origines de la revendication occitaniste en faveur de l'enseignement de la langue d'oc : les propositions du Nouveau Languedoc et d'Occitania ». Lengas, n° 65, 2009, p. 29-48

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    Identité

    Formes référentielles

    Bastard, Antoine de (forme référentielle française)

    Eléments biographiques

    Antoine de Bastard est né à Pau le 26 août 1911. Il fait des études de Lettres et Droit à l’université de Toulouse où il rejoint l’association de jeunesse occitane des Estudiants Ramondencs.

    Fonctionnaire au Centre National du Commerce Extérieur en poste à Paris il y dirige la section parisienne de l’Escole Gastou Febus, école félibréenne béarnaise. Maître d’œuvre du Félibrige, il est aussi un membre actif des Amis de la Langue d’Oc, l’école félibréenne de Paris, dont il devient vice-président.

    Comme beaucoup de militants de sa génération ayant œuvré au sein des Estudiants Ramondencs, du Nouveau Languedoc (association d’étudiants montpelliérains) et d’Occitania, organe de la jeunesse fédéraliste occitane, il est aussi occitaniste et membre de l’Institut d’Études Occitanes jusqu’à sa mort dans un accident de voiture en 1975.

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    La France Latine, n° 63, 3ème trimestre 1975, p. 15-18

    - SERÉ, Miquèu de. « Antony de Bastard », Reclams de Biarn e Gascougne, n° 5/6, 1975, p. 72-73.]]>