Miremont, Pierre (1901-1979)
Miremont, Pierre (1901-1979)
Écrivain
Enseignant ; professeur
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Une vie entière consacrée à la défense de la langue d'oc. <br />« <em>La cauza occitana es una cauza santa, que i ai donada ma vida</em> » écrit-il, en 1934. « Avec une quarantaine de livres édités à compte d'auteur Pierre Miremont est un de ceux qui ont le plus marqué le Périgord pour la défense de sa langue et de sa culture. » Daniel Chavaroche, enseignant <em>caminaire</em>.<br /> Écrivain de langue d'oc, poète, conférencier, ce Félibre sarladais qui a beaucoup voyagé est surtout connu pour ses études linguistiques sur le parler du Périgord noir.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Miremont, Pierre (1901-1979)</p>
<h3>Autres formes connues</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Miremont, Peire (forme occitane du nom)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Miremont, Pierre Auguste (nom à l'état civil)</p>
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Pierre Miremont voit le jour le 17 Décembre 1901 au Buisson de Cadouin où son père est employé à la Compagnie des chemins de fer. Il est l'aîné de quatre enfants. Ses grands-parents originaires du Sarladais ne parlent que le dialecte nord-languedocien de cette région. Il en sera marqué pour la vie. <br />À l'école Fénelon, à Sarlat, il fait la connaissance de Marc Delbreil, poète reconnu qui écrit dans sa « langue romane » comme il l’appelle. Le poète se prend d'amitié pour lui, il sera son maître et contribuera à l'intérêt que Pierre Miremont portera toute sa vie à la langue du Périgord. Bon élève, Miremont poursuivra des études secondaires et supérieures dans des institutions privées chez les Pères Marianistes. En 1921, il passe son Brevet élémentaire et abandonnant la prêtrise il entre dans l'enseignement libre. Il sera instituteur en Aveyron pour une année seulement car il doit partir au service militaire. <br />Devenu lieutenant dans les chasseurs alpins il sera envoyé en Allemagne dans la Ruhr occupée.<br /> Il se marie le 5 Mai 1924 à Limoges et enseigne en écoles libres (écoles catholiques) jusqu'en 1929. D'abord à Serverette en Lozère puis à Terrasson. <br />C'est alors qu'il est exilé à la Celle-Saint-Cloud dans la région parisienne. <br />Ayant étudié le droit et ne pouvant supporter l'éloignement de sa terre occitane, il vient s'installer comme huissier de justice à Villefranche-de-Rouergue en 1934. <br />En 1939, il est mobilisé comme lieutenant dans les chasseurs pyrénéens : les Miquelets, puis il est fait prisonnier dans les Vosges en juin. Il sera enfermé successivement dans les <em>oflags</em> de Lübeck, Hambourg-Fischbeck, Münster et Soëst jusqu'en 1945.<br /> Dès sa libération le 6 Avril 1945 il rentre à Villefranche-de-Rouergue.<br /> Il reçoit le titre de Majoral du Félibrige mais son étude d'huissier étant ruinée, il reprend du service dans l'armée d'occupation. Officier de détail à Kaiserlautern en 1945 il est ensuite officier avocat du tribunal militaire du deuxième corps d'armée à Neustadt, puis substitut à Landau.<br /> En 1946, il est juge d'instruction à Fribourg et enfin à Frankenthal où son épouse et ses deux enfants, nés en 1930 et 1934, viennent le rejoindre. Il est officier de la zone d'occupation de Hesse Palatinat, chargé de la politique, de la police, des cultes et de l'éducation. <br />Délégué du gouvernement de l'État Rhéno-Palatin, il séjourne à nouveau à Neustadt, puis au cercle de Daun en 1950. <br />Il quitte définitivement l'armée en 1951 et sera fait chevalier de la légion d'honneur.<br /> Il devient alors inspecteur d'assurances-vie à Nancy, Epinal, Marseille et enfin Toulon où il prend sa retraite au village de Cuers. C'est là qu'il finira ses jours auprès de sa compagne Marcelle Drutel « <em>l'Aubanelenca</em> », Majorale du Félibrige, grande poétesse Provençale avec qui il partagea 25 ans de passion pour la langue d'oc.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Reprenons les propos de Jean Rigouste dans la préface du livre <em>Pèire Miremont, escrivan oblidat del Perigòrd Negre</em> de Brigita Miremont-Orazio :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">« <em>Il est des auteurs dont seule l’œuvre peut susciter l’intérêt ; d’autres dont il faut connaître à la fois l’œuvre et la vie (chacune façonnant l’autre), avec ses bonheurs et ses malheurs, ses aléas et ses péripéties : la vie apporte les clés de l’œuvre, elle explique l’engagement de l’auteur, elle est le riche contre-point d’une aventure littéraire ou spirituelle. </em><br /><em>Il en est enfin dont la personnalité, la biographie et les productions constituent un tout indissociable : on doit connaître la vie pour interpréter l’œuvre, il est nécessaire de connaître l’homme pour comprendre l’auteur : Pierre Miremont est de ceux-là... Quant à l’œuvre, elle est d’une telle variété qu’il est difficile d’en faire une synthèse : des « </em>contes risolièrs<em> » au drame historique de « </em>Muratel<em> », de la poésie délicate aux travaux linguistiques, comme Biais de dire en Périgord, sans oublier le théâtre, et le dictionnaire… </em><br /><em>J’ai rencontré quelquefois Pierre Miremont : je garde le souvenir d’un homme courtois, à l’œil plein de malice, ouvert et à l’écoute des autres, mais ferme sur ses convictions, et fine lame dans l’argumentation ! Il réunissait un ensemble de qualités humaines qui lui furent bien nécessaires dans les terribles épreuves des camps de concentration, comme dans les petits ennuis que la vie lui prodigua : il s’était ainsi forgé le noyau indestructible d’une personnalité vigoureuse, ce qui lui permit de traverser sans compromissions les périodes difficiles ; son secret est peut-être dans cet « </em>èime<em> » indéfinissable qui fait la profonde originalité de notre peuple périgourdin…</em> »<br /><br /></p>
<h3>Premiers écrits en langue d'oc<br /><br /></h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">À dix-huit ans Pierre Miremont choisit la langue d'oc pour écrire sa première pièce de théâtre <em>Paures medecins</em>. <br />Cette comédie sera présentée à Viviez en Aveyron en 1922. Ses premiers vers écrits pendant son service militaire sont rassemblés dans le recueil <em>Resouns de Ruhr</em> qu'il qualifie lui-même de « péché de jeunesse ». Ce sont des notes prises au jour le jour, impressions et souvenirs du temps passé dans la Ruhr de 1922 à 1924. En voici un exemple avant qu'il ne travaille sa graphie :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><em>L'ocupasiu de la Ruhr </em><br /><br /><em>Quoura aicí sèm mountats, rèibabiam de batalhas, <br />Abiam plan dins lou cap que nos seriam tustats. <br />Mès talèu arribats, se drèboun las muralhas, <br />D'enemics n'i a pas 'n lèc, lou vent lous a 'mpourtats. <br />… <br />Noun, lou Franses n'es pas l'enemic que creziaboun, <br />Co'is l'amic generous qu'es passat en pàuzent <br />Un bàume à las plagas que ta vivas sannaboun. <br /></em></p>
<p style="line-height: 150%; text-align: left;"><em>Resons de Ruhr</em> p. 18<br /><br /></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Rentré du service militaire, il prend part à la vie du Bournat association félibréenne de Périgueux. Sa verve moqueuse lui vaudra quelques ennuis. Il devra payer une forte amende pour avoir dressé des portraits peu flatteurs de certains de ses concitoyens dans <em>Profils terrassonais</em>. C'est aussi à cette période que va éclore son théâtre d'oc, il écrit deux comédies qui seront souvent jouées en Périgord.<br /> Ami de Joseph Vaylet et d’Auguste Bénazet il adhère au <em>Grelh Roergat</em> et en devient secrétaire. Il écrit des pièces de théâtre pour l'association <em>Les grillons de Villefranche</em> qu'il anime avec passion notamment lors des grandes fêtes consacrées à Justin Besson en 1938. <br />C'est à cette époque qu'il crée avec ses amis Denis Puech, le sculpteur, Joseph Vaylet, Georges Bousquet... la revue <em>Reviscol</em>. Ils veulent réveiller ce « <em>Grelh</em> » qu'ils jugent un peu endormi. <br />Il est rédacteur en chef de l'<em>Almanach Rouergat</em> lorsqu'il publie le premier poème de Jean Boudou : « <em>Velhado</em> ». <br />Mais sa forte personnalité et son dynamisme ne tardent pas à provoquer des réactions chez les anciens Félibres rouergats, de sérieuses querelles éclatent au sein du <em>Grelh</em> et c'est chacun de leur côté qu'ils poursuivront leur œuvre félibréenne. <br />La guerre met fin à ses activités au sein du <em>Grelh</em>. Prisonnier dans un <em>oflag</em>, il ne se décourage pas et fonde à Lubëck au sein de « l'université » l'école félibréenne des « <em>Embarbelats</em> » en septembre 1940. À ses côtés Pierre Henri Simon (futur Académicien), Jean Secret, Paul Roger… Marcel Fournier, Majoral bien connu en Périgord se joint à eux à Münster. Pendant les cinq ans de captivité ils œuvreront pour la langue d'oc et Pierre Miremont en sera l'historiographe. <br />C'est pendant cette période qu'il va mettre au point sa « nóva grafia ». Les prisonniers de l'<em>Escóla dels embarbelats</em> décident de confronter les divers systèmes de graphie existants afin d'en dégager une formule cohérente d'unification qui pourrait prétendre à rallier tous les dialectes.</p>
<p style="line-height: 150%; text-align: right;">« Lorsque voilà déjà trois ans je fondais à Lübeck cette école, mon but n'était pas de distraire les captifs du mal du pays, ni de leur faire passer un moment pour les aider à oublier pendant quelques heures leurs misères, leur faim et leur honte. Non, j'avais visé plus haut et mon regard portait loin, bien loin, au-delà des barbelés, au-delà de l'heure trouble où nous vivons… <br /><em>...Voliay levar per la Comtessa una tropa de druds, de valents que, deman, dins la fe e l'estrambord, al clar solelh de Dieu e dins la libertat reconquistada sonarian lo rampel dels filhs d'Occitania e levarian africs e arderos la lauza que dumpeis trop de temps i 'es jaguda la bela endurmida. Oc, mos amics, mos fraires, oc soldats, serèm los chivaliers del reviscol esplandorenc...</em> »<br /><br />(<em>Dichas de Cattivitat</em>, 13 de junh 1943 p 16)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Une bonne partie de son œuvre est écrite en captivité<a id="1" href="#note1"><sup>1</sup></a>, à l'insu des gardiens. C'est ainsi que dans son poème « <em>Paor</em> » il exprime sa crainte de ne plus être le même à son retour et de ne plus trouver sa place dans un monde qui, en cinq ans, aura changé.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><em>Paor </em><br /><em>Una crenta me monta a l'eime. </em><br /><br /><em>Ay crenta dins lo jorn qu'esperi, <br />D'estre pas plus lo que fusqueri, <br />D'estre trop dur, d'estre trop mascle, <br />D'aver perdut lo vanc de rire,<br />D'aver perdut l'esbrand, lo gaubi <br />E l'illuzion que fay lo raive : <br /><br />Crenta d'estre mort a la joia. <br /><br />Ai paor d'estre solet, veuze, quand tornaray. <br />Solet emb mon orgulh fargat d'un or trop dur. <br />Solet emb de pensiers que digun comprendrâ. <br />Solet lo cor torçut, solet lo cor barrat. <br />….. <br />Auran tant caminat lo monde e lo solelh ! <br />… <br />Ay crenta d'estre sol, perdut, desconescut <br />Dins un monde novel, que de io se rirâ <br />Virat vers d'autres Fes, florit d'autres espers. <br />… <br />Ay paor d'estre tot sol, Quijota atardivat, <br />A consegre, enluzit, mos raives d'a vint ans !</em> <br />Münster 15-06-1944 <br /><em><br />Planh de Faidit</em> : Salingardes, 1967, p. 75</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><br />C'est dans le camp de Hamburg-Fischbeck qu'il écrit aussi « Nostra lenga » en 1942 :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><em><br />Nostra lenga </em><br /><br /><em>Lenga del Gay Saber, lenga de poezia, <br />Jenta lenga de cortezia, <br />Clara lenga de la Patria, <br />Lenga de beutat e d'amor : <br />Te parlava la senhoressa, <br />E lo galant, raz sa mestressa, <br />La ninava al balans de ton parlar de flor. <br /><br />Lenga, qu'as bronzinat sus nóstre batisteri, <br />Ses estada lenga d'emperi <br />Dins la gauj e lo treboleri ; <br />Te parlavon lus grands sabents, <br />Lus legats e lus prezicaires ; <br />Eres la lenga del Terraire <br />E lo verbe granat d'un póple de valents. <br /><br />Mes amont, de Paris, per abracar la rassa, <br />Apres lo bufal de l'aurassa, <br />Apres Montfórt la tartarassa, <br />Apres lo sang, lo fec, lo dól, <br />Nus volian matrassar la lenga <br />Que de l'aussada a la valenga <br />Tinda coma l'ama del sól. <br /><br />A la lenga maldicha, e letruts e profetas <br />I an sonat la laissa a trompeta. <br />Vay morir se dis, se repeta, <br />Vay morir dizon lus sabents. <br />Mès mal despit lor professia, <br />Auturiera en sa senhoria, <br />La lenga nazarda lo temps. <br /><br />La lenga dèus aujóls, lenga d'ór, lenga maire, <br />Sempre a la voz de sus trobaires, <br />Fay clantir son verbe tindaire. <br />Darrer l'auriflor de Mistral, <br />Entre las mars d'Ocitania, <br />Lus ómes d' Oc, que mais cotria, <br />Te farán retronir, lenga del sól mairal ! <br /><br />Lenga del Gai Saber, lenga de poezia, <br />Tojorn que mais, sus la Patria <br />Flotejarás coma un senhal !</em> <br />Hamburg-Fischbeck 21-3-1942 <br /><br /><em>Jol solelh d'oc</em>, 1975, p. 15</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Après la guerre, il est sollicité par les Allemands pour faire des conférences dans leurs universités sur le Félibrige et la langue d'oc. Il donne ainsi des conférences en 1946 à Mayence -Heidelberg. En 1947 à Munich, Esclangen, Wurtzburg (zone américaine). En 1949-1950 à Ratisbonne. <br />Les Allemands publieront même plusieurs de ses œuvres en français et en langue d'oc.<br /><br /></p>
<h3>Études linguistiques sur le parler du Périgord noir<br /><br /></h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Ces travaux constituent une référence pour tous ceux qui ont besoin d'outils pour retrouver « toute la saveur, toute la sève de la langue vivante », comme l’écrit Jordi Plantaurel – pseudonyme d’André Lagarde - dans <em>La Dépêche</em> du 6 septembre 1976) <br />C'est ainsi qu'il publiera, à compte d'auteur :<br /><br />- <strong><em>Glossari del Perigórd Negre</em></strong> (1974: imp. Carrère : Rodez), lexique de 500 pages dans lequel il s'attache à ne relever que les termes dont la consonance et souvent l'orthographe ne sont pas trop voisines du français.<br /><br />- <strong><em>Biais de dire en Perigórd</em></strong> (1974 : imp.Gerbert : Aurillac), complément du <em>Glossari</em> :</p>
<p style="line-height: 150%; text-align: justify;">« <em>le </em>glossari<em>, dit-il, n'est en quelque sorte que le reliquaire somptueux des vocables du Périgord Noir. Il n'est porteur d'aucun germe de vie et pourrait tout aussi bien concerner une langue morte. Le présent recueil, tout au contraire, est l'exposition de notre langue dans sa vie réelle de chaque jour, dans son éclat de langue bien vivante. Ici nous avons lié en gerbes notre collecte des expressions, idiotismes et tours syntaxiques dont use notre parler.</em> »</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><span style="text-decoration: underline;">Quelques exemples</span> : <br /><em><br />A pas la carampa pèus dets</em> – il n'a pas la crampe aux doigts, il est laborieux. <br /><em>A dèus uèlhs que traucon</em> – il a les yeux vifs et perçants. <br /><em>Cozinier de la sopa freja</em> – Mauvais cuisinier. <br /><em>Aver lo ventre tras l'esquina</em> – Avoir le ventre creux.<br /> <em>I aurà de capels de resta</em> – Il y aura beaucoup de morts. <br /><em>Li manca una bulida</em> – Il lui manque un peu de cuisson, manque de jugement. <br /><em>Es tant cargat d'escuts coma un grapal de plumas</em> – Il a autant d'écus qu'un crapaud a de plumes. <br /><br />- <strong><em>Proverbis et dittons del Perigord</em></strong> : imp. Gerbert Aurillac 1974): il s’agit de trois cahiers se rapportant aux mois et saisons pour le premier, à la semaine, aux jours, aux fêtes et aux saints pour le deuxième et au temps et aux intempéries pour le troisième. <br />Voici l’introduction qu’il rédige pour ce travail :</p>
<p style="line-height: 150%; text-align: justify;">« <em>À l'heure où la Langue d'oc est de plus en plus abandonnée, voici que des jeunes ressentent cet abandon comme une frustration et aspirent à reconquérir le parler de leur race. Hélas ! Ils ne l'entendent plus autour d'eux et souffrent de ne pouvoir confronter l'enseignement de l'école à la réalité vivante. Ce témoignage que les vivants ne peuvent plus rendre, les générations passées nous le transmettent au moyen de ces sentences familières que sont les proverbes et les dictons […]Que de mots savoureux enchâssés dans des phrases lapidaires à la syntaxe infaillible ! C'est là et seulement là que nos jeunes retrouveront la langue dont on les a frustrés</em> »</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><span style="text-decoration: underline;">Quelques exemples</span> : <br /><br /><em>Se mars non marseja, tot l'an n'a l'enveja</em> – si mars ne suit pas sa nature toute l'année s'en ressent. <br /><em>Cand lo picatal picateja, pel bósc l'i pleu o venteja</em> – Quand le pic-vert frappe au bois, il pleut ou il vente. <br /><em>Lo que dejuna orgulhos, sopará vergonhos</em> – Celui qui déjeune orgueilleux, soupera honteux. <br /><em>Las bonas fonts se vezon a la sequiera, lus bons amics, a la pauriera</em> – On juge des bonnes sources durant la sécheresse, et des bons amis dans l'infortune.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- <strong><em>La syntaxe occitane du Périgord</em></strong> (1976 : imp.Gerbert Orlhac) <br />Dans l'introduction de cet ouvrage il écrit :</p>
<p style="line-height: 150%; text-align: justify;">« <em>La langue se meurt, et le peu qu'il en reste de vivant se contamine chaque jour au contact de la syntaxe française. On croit parler occitan mais, trop souvent, on emploie un jargon français accoutré de quelques mots d'oc. Le danger est grand, il est mortel. Ne perdons plus notre temps à de stérilisantes querelles de graphie. La langue n'est pas là, ce n'en est que la vêture... La graphie n'a pour but que de traduire la sonorité de la langue. Elle n'est que le résultat de conventions et peut donc évoluer… L'urgent, actuellement est de sauver ce qui fait la langue : la syntaxe.</em> »<br /><br /></p>
<h3>Dernières publications<br /><br /></h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Pierre Miremont écrira jusqu'à son dernier souffle. <br /><br />- Des « <em>racontes risolièrs</em> » :<br /><br /> <em>Espofinadas</em> (1971) ; <em>Lo devinaire</em> (1973) ; <em>Contes pel brave monde</em> (1976) ; <em>Contes peus petits èlhs</em> (1973) ; <em>Bastard de curèt</em> (1975). <br /><br />Dans une lettre au Majoral Monestier il écrit le 30 Novembre 1975 : <br /><br />« <em>ce ne sont pas des œuvres qui font le plus honneur à notre langue, je les écris seulement pour que les gens puissent en rire et lire de la bonne langue... écrite dans une syntaxe saine.</em> »<br /><br /> Voici un extrait qui donnera une idée de l’ensemble : <br /><br /><em>A l'escóla</em> <br /><br /><em>Lo rijent ven de decialar à sus elevas lus misteris del biais que se farga lo plural. Aorà se vól donar comte s'an plan compres e comensa :</em><br /><em> - Quand dins un ostal l'i nais un nenet : quó's lo ?… <br />- Singulièr ! Siscla tota la classa. <br />- Van plan ; e se n'i a dos, quó's ?...<br /> -De bessons !</em> <br /><br /><em>Espofinadas</em>, p. 47<br /><br /></p>
<h3><em>Muratel</em>, œuvre de toute une vie<br /><br /></h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il s'agit d'un long poème épique de douze chants en vers, commencé en 1925, repris de nombreuses fois et terminé en 1975. Ce récit en vers est inspiré d'une légende locale sur le seigneur du Château de Muratel près de Terrasson. Quand on ouvre le livre, on est de suite pris par la richesse de la langue, l'habileté du poète qui jongle avec les mots avec une grande maîtrise.<a id="2" href="#note2"><sup>2</sup></a><br /><br />« <em>Co's l'istôria dolenta e bloza </em><br /><em>De Gui sans pôu, lo trobador </em><br /><em>Qu'anguet raubar son amoroza, </em><br /><em>Berta, que l'aimava d'amor, </em><br /><em>Al pellant que l'avia, dins son castel, portada </em><br /><em>E que rabios, la gardava clavada, </em><br /><em>Tot amont a l'ensus de sa pus nauta tor.</em> » <br /><br />- <strong><em>Rassa rasseje</em></strong> : dans ces 46 poèmes publiés en 1978, il exprime sa satisfaction d'avoir œuvré pour que vive la langue d'oc. <br /><br /><em>Pel medre avenidor </em><br /><br /><em>Uros lus que son mórts comols d'óbras de vita, </em><br /><em>Que, sans se revirar, buteron lor prefach. </em><br /><em>Uros lo que s'enderm, un cóp l'óbra complida, </em><br /><em>Arland de tant de grun que jitet a jaufat. </em><br /><br /><em>Uros lo que s'estira al siaud de la talvera, </em><br /><em>Après lo seme drut e lo medre rossel. </em><br /><em>Uros lo qu'es tombat en crozar lais gavelas, </em><br /><em>Lus dets claufits de lum e lo solelh pèus èlhs. </em><br /><br /><em>Uros lo que se'n vay, juntant sais mans rimadas </em><br /><em>Sus la garba ligada a redórta d'amor. </em><br /><em>Uros lus que son mórts riches de lor suzor, </em><br /><em>Partits lo granier plen e la terra abladada </em><br /><em>Pel medre avenidor.</em> <br /><br />Cuers, 01-07-1975<br /><br /> « Lorsque vous voyez cette masse d'œuvres, vous êtes presque effrayé et vous vous demandez comment une vie d'homme a pu suffire pour réaliser une telle tâche », écrira Marcelle Drutel dans <em>Vido vidanto, riboun- ribagno</em>, Estamparie Bene, Nimes, 1983</p>
<h2>Bibliographie de l'auteur<a id="3" href="#note3"><sup>3</sup></a></h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- 46 livres édités à compte d'auteur :<br /> <em>- 25 recueils de poèmes </em><br /><em>- 11 livres en prose </em><br /><em>- 10 pièces de théâtre </em><br /><em>- 3 livres édités après sa mort par le majoral Monestier </em><br /><em>- Nombreux inédits</em></p>
<h3>En français</h3>
<h4>a- Poésie</h4>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- 1939 : <em>Le cricri de la crèche</em> <br />- 1940 : <em>Chansons de caserne</em><br />- 1928 : <em>Profils Terrassonnais</em> (sonnets), imprimerie de la Vézère, Montignac. <br />- 1931 : <em>Nouveaux profils</em>, Imprimerie de l'Argonne, Bordeaux <br />- <em>Chant de grillon</em> <br />- <em>Cœur de grillon</em> 193?, <em>Autres profils</em> (sonnets), Imprimerie de l'Argonne, Bordeaux <br />- 1946 : <em>Nos mois harmonieux</em>, Kaiserslautern, Rohr <br />- 1946 : <em>Chants de prisonnier</em>, Kaiserslautern, Rohr</p>
<h4>b- Prose</h4>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- 1983 : <em>La littérature d'oc, des troubadours aux Félibres</em>, avec Jean Monestier, P. Fanlac, Périgueux. <br />- 1985 : <em>Le Félibrige et la langue d'oc</em>, avec Jean Monestier, Imp. Réjou Périgueux</p>
<h3>En langue d'oc</h3>
<h4>a- Poesia</h4>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- 1939 : <em>Visto dèus mounts</em>, Toulouse, imp.Sentein. <br />- 1934 : <em>Jous l'casque</em>, Rodez, Subervie. <br />- 1935 : <em>Resouns de Ruhr</em>, Villefranche de Rouergue, Salingardes. <br />- 1940 : <em>Joul's soulelh dèus troubadors</em>, Villefranche de Rouergue, Salingardes. <br />- 1940 : <em>Pantais d'un grelh</em>. <br />- 1946 : <em>Cantics e pregarias</em>, Préface de Marcel Ducros, Kaiserslautern, Heinz Rohr <br />- 1946 : <em>Noels e Nadalets</em>, Kaiserslautern,Heins Rohr. <br />- 1953 : <em>Guerra kaki</em>, Rodez, Supervie. <br />- 1967 : <em>Planh de faidit</em>, Villefranche de Rouergue, Salingardes. <br />- 1969 : <em>Darrer'ls barbelats</em>, Villefranche de Rouergue, Salingardes. <br />- 1974 : <em>Al solelh d'amor</em>, Villefranche de Rouergue. Salingardes. <br />- 1971 : <em>Dolencia</em>, Aurillac, Imprimerie du Cantal, Edition du Centre. <br />- 1972 : <em>Jol cel del Perigord</em>, Villefranche de Rouergue, Salingardes. <br />- 1975 : <em>Jol solelh d'oc</em>, Aurillac, Imp. Gerbert. <br />- 1978 : <em>Rassa rasseje !</em> Aurillac, Imp. Gerbert. <br />- 1979 : <em>Muratèl</em> (poèma epic), Villefranche de Rouergue, Salingardes.</p>
<h4>b- Pròsa</h4>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- 1948 : <em>Dichas de cattivitat</em>, Préface de L.de Lastic, [s .i][s.n][s.d] <br />- 1973 : <em>Contes peus petits elhs</em> (proza), Rodez, Imp. Carrère. <br />- 1973 : <em>Lo devinaire</em> (galejadas), Aurillac, Éd du Centre. <br />- 1975 : <em>Bastard de curèt</em>, Rodez, Imp. Carrère. <br />- 1976 : <em>Contes pel brave monde</em> (proza), Rodez, Imp. Carrère. <br />- 1971 : <em>Espofinadas</em> (contes gais), Aurillac, Éd du Centre, Imp. du Cantal. <br />- 1974 : <em>Proverbis e dittons del Perigord</em> (3 cahiers), Aurillac, Imp. Gerbert. <br />- 1974 : <em>Biais de dire en Perigord </em>(estudi) : Aurillac, Imp. Gerbert. <br />- 1974 : <em>Glossari del Perigord Negre</em>, Rodez. Imp.Carrère. <br />- 1976 : <em>La Syntaxe occitane du Périgord</em>, Orlhac, Imp. Gerbert. <br />- 1977 : <em>Femnas e Miquelets </em>(racontes d'amor e de guerra) : Nîmes. Imp. Bené. <br />- 1985 : <em>Brondilhs</em>, Le Bugue, Imp. PLB.</p>
<h4>c- Teatre en òc</h4>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- 1922 : <em>Lou foutougrafe de fiero</em> ?<br />- 1934 : <em>Chas'l foutougrafe</em>, Montignac. Imprimerie de la Vézère. <br />- 1931 : <em>Lou bilhet de femna</em>, Montignac, Imprimerie de la Vézère. <br />- 1927 : <em>Pàures medecins</em>, Montignac, Imprimerie de la Vézère. <br />- 1937 : <em>La Nora</em>, Villefranche de Rouergue, Salingardes. <br />- 1939 : <em>Perqué Soustena se maridèt pas ?</em>, Villefranche de Rouergue, Salingardes. <br />- 1952 : <em>L'Espion</em>, Rodez. Imp. Subervie. <br />- 1951 : <em>La Lotaria</em>, Rodez, Imp. Subervie. <br />- 1952 : <em>Guston se vol far medecin</em>, Rodez, Subervie <br />- 1950 : <em>Lo Quorum</em>, Villefranche de Rouergue, Salingardes.</p>
<h3>Inédits</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- <em>Étude sur le troubadour Cadenet</em> <br />- <em>Le Félibrige et sa doctrine</em> <br />- <em>Conferéncias en Alemanha</em> (données en 1946-1950)<br />- <em>Orlina</em> (drame en vèrs) <br />- <em>La Font del Gat</em> (roman) <br />- <em>Mus Cridals Cattius</em> <br />- <em>Libre d'or deus Embarbelats</em> <br />- <em>Garsas de femnas</em> <br />- <em>Teatre d'Oc</em> <br /><br />Certains des livres édités sont encore en vente au Bournat du Périgord, 13 rue Klébert, 24000-Périgueux 24000. Ils sont consultables au CIRDOC. <br />Le Bournat à Périgueux possède des cahiers manuscrits, qu’il faudrait inventorier.</p>
<hr />
<p id="note1" style="text-align: justify; line-height: 150%;">1. Dans la graphie des<em> Embarbelats</em> « à » est mis pour « á ». Quand l'imprimeur ne possède pas le caractère « á » il le remplace par « â ». <a href="#1">↑</a></p>
<p id="note2" style="text-align: justify; line-height: 150%;">2. Pierre Miremont écrit « ó » pour « ò » et lorsque l'imprimeur ne dispose pas de ce caractère il remplace « ó » par « ô ». <a href="#2">↑</a></p>
<p id="note3" style="text-align: justify; line-height: 150%;">3. Certains des ouvrages signalés par plusieurs sources (Marcelle Drutel, Zéphirin Bosc) n’ont pas pu être matériellement retrouvés, d’où l’absence de références bibliographiques. Par ailleurs, Miremont payait lui-même les imprimeurs. Il fonctionnait avec des souscriptions et parfois des mécènes. Il n'a pas eu assez d'argent pour publier tout ce qu'il aurait voulu. <a href="#3">↑</a></p>
Miremont Orazio, Brigitte
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2019-02-12
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Boissel, Pierre (1872-1939)
Boissel, Pierre (1872-1939)
Médecin
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Pierre Boissel (1872-1939), médecin, s’est lancé dans la poésie en langue majoritairement occitane alors qu’une cécité commençait à le gêner. Ce handicap a été adouci par la présence de ses filles, qui, dès 1921, l’ont accompagné dans ses visites aux malades, et après 1927, dans l’écriture de ses poèmes. Il a publié un recueil de poèmes intitulé <em>Lou ser ol contou</em> et une saynète<em> Lou gal o contat</em>.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Boissel, Pierre (1872-1939)</p>
<h3>Autres formes connues</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Boissel, Urbin Pierre (Nom à l'état-civil)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Lo bon doctor Boissèl (pseudonyme)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Œudipe (pseudonyme)</p>
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Urbin Pierre Boissel est né le 10 septembre 1872 dans une petite maison du bourg de Conty, à Mouzens, Dordogne) dans un milieu modeste, ses grands-parents étaient paysans. Sa mère est issue d’une famille nombreuse. Il était fils de Jean Boissel, instituteur du village, et de Françoise Soulié originaire de la commune de Veyrines-de-Domme (Dordogne). Il a été le seul enfant du couple, et son père ne s’est pas remarié. Lui s’est marié le 6 juin 1898 avec Françoise Eline de Gisson, de Castels (Dordogne). Le couple a eu quatre filles : Emma née en 1899, Edith née en 1900, Denise née en 1902, Gilberte née en 1904.<br />Orphelin de mère très tôt, il est élevé par ses tantes qui « l’adorent et le gâtent. Elles n’arrivent pas à être sévères avec ce galopin qui vit une enfance libre comme l’air et près de la nature<a id="1" href="#note1"><sup>1</sup></a> ». Il participe aux travaux des champs, vendanges, moissons, récoltes. Cette enfance bucolique inspirera sa poésie.<br />Il baigne dans un monde rural où chacun s’exprime en occitan, mais il apprend le français avec son père instituteur. Il n’a aucune difficulté pour s’intégrer à l’école et sa scolarité primaire se déroule sans problème. Son père l’inscrit comme pensionnaire au lycée de Périgueux où ses études sont brillantes. En 1890, il part à Toulouse en faculté de médecine. À chaque période de vacances, il revient dans la propriété paternelle de Capudie. Il aurait aimé faire carrière dans la marine, mais il ne peut intégrer l’école de Santé Navale à Rochefort à cause d’un déficit de vision. Alors il choisit d’installer un cabinet de médecin en 1899 dans la petite ville de Saint-Cyprien, sa région natale.<br />C’est une bourg en pleine prospérité d’environ 1800 habitants, situé dans une région de polyculture, et entouré d’usines de ciments et de chaux qui attirent une importante population d’ouvriers.<br />Ses beaux-parents achètent une maison dans le quartier de la Couture, pour que leur fille puisse continuer ses études dans la communauté religieuse proche ; au premier étage Pierre installe son cabinet et soigne ses malades ; sous la terrasse de droite est logé le cheval qu’il conduit dans ses tournées. Une cour étroite le sépare de la maison d’habitation. Son épouse éduque leurs quatre filles. Elle leur parle français bien sûr, la seule langue reconnue par l’État et enseignée à l’école de façon énergique en ce début de siècle. Mais le père aime à parler la langue d’oc et il leur communique son engouement. Il s’en sert beaucoup dans ses visites, ce qui rend la communication avec ses patients plus facile. Dans un poème sans titre, il met en scène un quiproquo sur la langue qui prouve, pour un médecin, la difficulté de se faire comprendre s’il ne parle pas la langue du peuple<sup><a id="2" href="#note2">2</a> </sup>:</p>
<p style="line-height: 175%; padding-left: 30px; font-family: roboto; font-size: 85%; text-align: center;"><em>Un jour, je fus mandé chez un petit malade </em><br /><em>Qui voyait un confrère, en pays sarladais.</em><br /><em> Après un court trajet qui fut une ballade,</em><br /><em> Dieu, le joli pays ! Chez l’enfant j’arrivais. </em><br /><em>J’étais seul, ce matin, par extraordinaire </em><br /><em>Celui qui m’attendait fut le retardataire. </em><br /><em>J’approchai néanmoins du rustique berceau </em><br /><em>D’où je voyais sortir un tout petit museau </em><br /><em>Et je fus étonné d’un sommeil si tranquille </em><br /><em>Alors que les parents se faisaient tant de bile.</em><br /><em> C’est alors que je vis, rose, un petit flacon <br />Suspendu sur l’enfant par un menu cordon. </em><br /><em>Mais il s’est réveillé, troublé par ma présence, </em><br /><em>Il va pleurer, mais non, le flacon se balance <br />Poussé par mon index : l’enfant semble ravi </em><br /><em>Si bien que ses parents croient que je l’ai guéri, <br />Et que je les entends, surpris par ce sourire </em><br /><em>Aussi léger soit-il, en bon patois se dire </em><br /><em>« L’aoutre nous obio dit : mettez lou pendouilla, <br />Mais nous obio pas dit de lou fa brontoula<a id="3" href="#note3"><sup>3</sup></a>. » </em><br /><em>C’est vrai qu’il avait dit : « Pendant cet intermède, </em><br /><em>Vous voudrez, je vous prie, suspendre le remède<a id="4" href="#note4"><sup>4</sup></a>. »</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Pierre Boissel est mobilisé et donne des soins aux blessés sur le Front. Il est atteint à la cuisse par un éclat d’obus, et il est nommé médecin chef des armées au Centre de Réforme de Limoges. En 1917, alors que la grippe espagnole fait des ravages, les médecins militaires ont pour mission d’aller soigner les malades dans les campagnes. Au cours d’une de ces visites, le chauffeur de son automobile perd le contrôle du véhicule, qui butte contre une pile de pont. Le traumatisme crânien dont va souffrir Pierre Boissel semble avoir aggravé son problème de vue : dès 1919, sa vision se trouble de plus en plus, et très vite ce sera la cécité complète. Un jour qu’il faisait sa tournée à vélo, le cheval ayant été réquisitionné pendant la guerre, un paysan qu’il n’avait pas vu dut faire un écart pour l’éviter sur la route... <br />Alors dès 1921, et jusqu’en 1927, sa fille aînée Emma l’accompagne dans ses déplacements dans une voiture automobile, et sur ses conseils, dispense même des soins aux malades. Il semble qu’il ait été très apprécié par ses clients parce qu’il montrait beaucoup d’empathie, il était en quelque sorte un des leurs par la langue et par ses origines. Entre eux, la langue n’était pas une barrière, mais une connivence. <br />En ce début de vingtième siècle, « le peu de recours thérapeutiques fait que le médecin doit souvent baser son action sur l’éducation des ruraux en leur expliquant les règles hygiéno-diététiques élémentaires. Ce n’est pas chose aisée quand on sait que cette population exprime mieux ses souffrances et comprend mieux les explications du médecin dans la langue qui est la sienne : le patois<a id="5" href="#note5"><sup>5</sup></a> ». <br />Il soigne les riches et les pauvres avec le même désintéressement, il est d’ailleurs souvent appelé « le médecin des pauvres » ; c’est un humaniste qui oublie de faire payer ses visites, ou qui reçoit en forme de gratification un poulet, des œufs ou autres. Dans le meilleur des cas, il est payé « aux tabacs », c’est-à-dire à la fin de l’année, lorsque les tabaculteurs ont livré leur marchandise à l’entrepôt de Saint-Cyprien. Le va-et-vient continu de charrettes puis de véhicules motorisés est bien accepté par la ville car si le tabac a été acheté un bon prix, le paysan content va payer ses dettes de l’année et même s’autoriser un peu de superflu…Le médecin perçoit à ce moment-là les honoraires d’une année de soins ! Il organise des cours fort appréciés pour les accouchées. <br />Il est élu conseiller municipal à Saint-Cyprien, non par goût de la politique, mais pour apporter du mieux dans la vie de ses concitoyens : il prend à bras le corps le problème majeur de sa ville, l’alimentation en eau potable. Des bornes fontaines sont posées au coin des rues. Cette tâche menée à bien, il se désintéresse du débat municipal. Il n’appartient à aucun parti politique, et est difficilement classable. Dans un poème intitulé <em>Requeta a Monsur Yvon Delbos</em>, Yvon Delbos qu’il connaît bien parce qu’il s’est trouvé avec lui au lycée de Périgueux, il se positionne du côté du paysan<a id="6" href="#note6"><sup>6</sup></a>. Il évoque le Front populaire de 1936 dans deux poèmes, et s’il n’adhère pas à son idéal, il reconnaît que la vie devrait être plus douce pour les plus démunis, et souhaite que les riches donnent un peu aux pauvres. Sa personnalité ne correspond pas vraiment à son milieu : par son mariage il était entré dans une famille bourgeoise, mais au vu de son œuvre il ne semble pas qu’il ait eu beaucoup d’affinités avec ce milieu-là.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">L’année 1927 est importante dans la vie de Pierre Boissel. Le curé de la paroisse organise des projections cinématographiques et un film est détérioré ; il faut le rembourser, et il s’agit d’une somme énorme. Pour trouver les fonds, le docteur Boissel prépare la revue <em>En panne</em> qui décrit la vie quotidienne de la cité, et il met en scène les habitants de la ville eux-mêmes. Son goût pour le spectacle lui vient sans doute de ses prestations sur les planches au Capitole de Toulouse quand il était étudiant, pour se faire un peu d’argent. C’est un évènement… et le départ de Pierre Boissel dans la création littéraire.<br />À partir de 1928, il commence à tromper l’ennui que lui occasionne son mal par la poésie. Il installe un bureau dans une pièce contiguë à son cabinet médical. Il écrit avec un guide-lignes, fait de bandes parallèles de carton placées à intervalles réguliers, dans lesquels il guide son crayon à papier en le faisant buter contre le carton. Le procédé ne marche pas toujours et des lignes se superposent, rendant le manuscrit illisible. Il ne cesse pas d’exercer sa profession malgré son handicap et, sa fille aînée s’étant mariée, c’est maintenant sa fille cadette qui l’accompagne sur les chemins, mais aussi dans l’écriture des poèmes qu’il lui dicte. Il se remémore les personnes, les bois, les prés, les ruisseaux, qui lui étaient familiers. Il les dépeint avec justesse, finesse et humour en convoquant ses souvenirs, et il choisit de les exprimer le plus souvent en langue d’oc. Cette langue qui l’a tant aidé dans l’exercice de la médecine, il va en devenir un ardent défenseur. Il en vante les mérites : elle est parfois rude, parfois douce, parfois ironique ou grivoise. Si quelquefois il emploie le vocable « patois » pour la désigner, il choisit le plus souvent avec tendresse les termes <em>Lou Sorlodés</em>, ou <em>Nostre parlar<a id="7" href="#note7"><sup>7</sup></a></em>, c’est-à-dire la langue de la région de Sarlat, son pays natal :</p>
<p style="line-height: 175%; padding-left: 30px; font-family: roboto; font-size: 85%; text-align: center;"><em><span style="text-decoration: underline;">Nostre parlar</span> <br /><br />Lenguo qué, pétit aï oppréso <br />Près déous londiers, sans alphabet, <br />Lou paoúré sot, qué té mespréso <br />Déou ové lou cervel estret. <br /><br />Souvent ruffo coummo los paouttos <br />Del bouyer qué faï lou seillou, <br />Qué s’offino, quand sus loï gaouttos <br />Dé so moi met un poutou ! <br /><br />Et sé dé toun brèt, té souvénès <br />Ero douço, quand lo Mioun <br />Contabo: soun, soun, vènés, nènés, <br />Soun, soun, soun, vènéis doun. <br /><br />Semblo noscudo per fa riré <br />O taoulo, nostrès invitats, <br />Né savis pas per meillou diré <br />Lus countés, qualqué paou pebrats. <br /><br />Sé per molhur quitté lo borio, <br />Per t’en onna débès Poris: <br />Pétit : gardo né lo mémorio <br />Te roppeloro ton poïs. <br /><br />Quand Froncillou qué tés l’olaïré <br />Porloro pus lou Sorlodés, <br />Dé blat, né soménoro gaïre, <br />Lus bios savent pas lou francés.<a id="8" href="#note8"><sup>8</sup></a></em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il aime se moquer de ceux qui, partis ailleurs, l’oublient trop vite ou en ont honte comme dans <em>Lou patois tornat</em> (recueil <em>Flors de bruga</em>), ou dans <em>Lo dròlle e l’ase</em> (recueil <em>Lou ser ol contou</em>). Dans ce dernier, un gars monté à Paris et qui parle « ponchut » en revenant, propose à son père de le suivre à son retour pour apprendre à parler français. Mais le père rusé lui répond : je vais d’abord envoyer mon âne et je verrai ce que j’ai à faire :</p>
<p style="line-height: 175%; padding-left: 30px; font-family: roboto; font-size: 85%; text-align: center;"><em>Quand l’asé tournet o lo borio,</em><br /><em>Qué tournet beïré lou poillé,</em><br /><em>Et qué voulguet diré so tsoïo,</em><br /><em>… Réconabo toutsours porié !<a id="9" href="#note9"><sup>9</sup></a></em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il écrit en 1932 la saynète aux accents patriotiques <em>Lou gal a contat</em> pour la félibrée de Sarlat, éditée par les Éditions Michelet, il y relate le retour de guerre d’un fils. Cette pièce a été jouée par les habitants de Saint-Cyprien dans leur bourgade, puis dans les villages de la région et quelque temps après Place des Quinconces à Bordeaux grâce à son ami le docteur Balard, gynécologue dans cette ville ; elle a même été retransmise par la radio Bordeaux-Lafayette. Une autre saynète <em>Jeanne la pastourelle</em>, sous-titrée <em>Le diable à Redon-Espic</em> parle de l’évènement qui ébranla la contrée le 8 septembre 1814 : une jeune bergère prétendit avoir conversé avec la Vierge qui lui était apparue par deux fois à Redon-Espic, sur la commune de Castels proche, non loin d’une église du XII<sup>e</sup> siècle abandonnée, qui servait d’étable à un propriétaire voisin. Depuis, un pèlerinage s’y déroule chaque 8 septembre<a id="10" href="#note10"><sup>10</sup></a>. La pièce sera jouée à Saint-Cyprien par ses habitants, mais ne sera pas publiée. Ces thèmes alimentent les conversations des Cypriotes, même des années après les faits. <br />Pierre Boissel est donc connu maintenant comme médecin expérimenté, mais aussi comme poète : la poésie est devenue son refuge. Il dépeint le monde rural comme s’il l’avait sous les yeux, alors que, devenu aveugle, il convoque seulement ses souvenirs. Il publie ses textes dans <em>Le Glaneur</em> journal imprimé par Michelet, et en 1935 paraît aux Éditions Michelet <em>Lou ser ol contou</em>, recueil d’une centaine de poèmes, dont une dizaine en français et le reste en langue d’oc. Les travaux de Frédéric Mistral ont fait leur chemin, la prise de conscience de l’importance de la langue d’oc, et le mouvement félibréen ont amené des érudits, mais aussi des artisans à lui redonner vie et même à la magnifier dans la poésie. Il est dans leur lignée ; dans les années 1930, il devient membre du <em>Bournat dau Perigord</em>, puis <em>mantenaire</em><a id="11" href="#note11"><sup>11</sup></a> en 1933, et s’inscrit à part entière dans l’espace de création où s’est développée la langue au début du XX<sup>e</sup> siècle. <br />Sa graphie est phonétique. Les querelles entre partisans de la graphie félibréenne et ceux qui choisissent d’employer une norme facilitant les communications semblent l’agacer, comme il le montre dans le poème suivant :</p>
<p style="line-height: 175%; padding-left: 30px; font-family: roboto; font-size: 85%; text-align: center;"><span style="text-decoration: underline;">Lutrin</span> <br /><br /><em>Ah ça! Quo duroro toutsour </em><br /><em>Dé porlar de la félibrado! </em><br /><em>Ou nous beiran un brabé tsour </em><br /><em>Nous foutré qualquo débourado. </em><br /><br /><em>Dé l’encrier borren lo riou! </em><br /><em>Qué tout ço qué pouden escriré </em><br /><em>Quo bal pas lou pet d’uno piou; </em><br /><em>Et quo fénirio per fa riré. </em><br /><br /><em>Mon Diou mé qué quo pot bou fa! </em><br /><em>Per qué sé douna tant dé peino: </em><br /><em>Doyssalour diré « ma fenna » </em><br /><em>Et nous aoutrés diré « mo fenno »!<a id="12" href="#note12"><sup>12</sup></a></em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">1935, c’est l’année où Louis Alibert publie sa <em>Gramatica Occitana</em> qui prône une « norme classique », fixe la grammaire, le <em>biais de dire</em>. Le docteur Boissel garde ses habitudes ; étant aveugle, il n’aurait pas pu sans difficulté se plier aux nouvelles règles orthographiques. On remarque qu’il utilise beaucoup de gallicismes. Le recueil de poèmes <em>Lou ser ol contou</em> est devenu célèbre. Qui aujourd’hui n’a pas un exemplaire dans sa maison, acheté par des admirateurs du siècle passé ? Ils y retrouvaient des situations vécues, scènes de dur labeur ou scènes de réjouissances, scènes romantiques ou histoires « <em>pebradas</em> » malicieuses, décrites avec une vérité qui prouvait que Pierre Boissel faisait partie des leurs, répétées à l’infini dans les veillées ou les réunions de famille. <br />Leurs inquiétudes ou leurs interrogations à propos des technologies nouvelles ou des décisions inhabituelles, ils les retrouvaient dans <em>Ton lum</em><a id="13" href="#note13"><sup>13</sup></a>, <em>Lo royoun X</em><a id="14" href="#note14"><sup>14</sup></a>, ou dans <em>L’houro nouvello</em><a id="15" href="#note15"><sup>15</sup></a>. <br /><br />Après l’année 1937, Pierre Boissel n’exerce plus la médecine que de manière confidentielle. Il prépare un autre recueil de cent poésies qu’il intitule <em>Flors de bruga</em><a id="16" href="#note16"><sup>16</sup></a> et qu’il n’a pas pu concrétiser avant sa mort…<br /> S’ajoutent à cette œuvre plus de cent cinquante textes inédits ou parus uniquement dans la presse comme <em>Le glaneur</em>, journal conservateur littéraire, commercial, agricole, publiant des annonces et paraissant le dimanche, jour où les Périgourdins avaient le plus de temps pour lire. D’autres sont parus dans <em>Le Périgourdin de Bordeaux</em>, <em>Lou Bournat</em> qui est la revue félibréenne du « Bournat dau Perigord », ou <em>Ol contou</em>, bimensuel publié par l’imprimerie Simon du Bugue. Ils ont été édités sous le titre <em>Estugi ma pluma</em> aux Editions du Perce-Oreille en juin 2018. Il s’agit de textes manuscrits de la main du docteur lui-même ou dactylographiés par une main amie. <br />Pour célébrer le terroir, il s’exprime dans un romantisme nostalgique qui avait commencé à être à la mode dans la littérature occitane dans les années 1820. Il emploie la structure en octosyllabes à rimes plates ou croisées, il arrive qu’il s’exprime aussi en alexandrins et en vers de six pieds. <br />Il aime refaire à sa manière des fables de Jean de La Fontaine :</p>
<p style="line-height: 175%; padding-left: 30px; font-family: roboto; font-size: 85%; text-align: center;"><span style="text-decoration: underline;"></span><em>Se dins lo fablo qu’aï ponado <br />Aï contsat, per moun Sarladé <br />La cigogno per lo becado <br />Lafontaino, perdounas mé !<a id="17" href="#note17"><sup>17</sup></a></em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Pierre Boissel décède à 67 ans à son domicile à Saint-Cyprien. Il mérite sa place dans le patrimoine culturel et la littérature d’Occitanie. <br />Les deux ouvrages posthumes de l’œuvre du docteur Boissel présentent chaque poème sous trois aspects :<br /> - le texte original avec sa propre graphie pour respecter son travail <br />- le texte transcrit en occitan normalisé afin qu’il soit accessible à tous ceux qui apprennent l’occitan aujourd’hui <br />- la version française, pour ceux qui ne connaissent pas la langue d’oc<br /><br /></p>
<hr />
<p id="note1" style="text-align: justify; line-height: 150%;">1. Garrigue Jean-Louis, <em>Docteur Boissel 1872-1939</em>, Thèse pour le diplôme d’Etat de docteur en médecine, université de Bordeaux II, année 1993. <a href="#1">↑</a></p>
<p id="note2" style="text-align: justify; line-height: 150%;">2. Dans <em>Estugi ma pluma</em>, recueil de poésies inédites du Dr Boissel, 2018 (Editions du Perce-Oreille, Coux-et-Bigaroque-Mouzens). <a href="#2">↑</a></p>
<p id="note3" style="text-align: justify; line-height: 150%;">3. « L’autre nous avait dit : suspendez-le, / Mais il ne nous avait pas dit de le faire balancer. » <a href="#3">↑</a></p>
<p id="note4" style="text-align: justify; line-height: 150%;">4. Dans <em>Estugi ma pluma</em>, recueil de poésies inédites du Dr Boissel, 2018 (Editions du Perce-Oreille, Coux-et-Bigaroque-Mouzens). <a href="#4">↑</a></p>
<p id="note5" style="text-align: justify; line-height: 150%;">5. Garrigue Jean-Louis, <em>Docteur Boissel 1872-1939</em>, Thèse pour le diplôme d’Etat de docteur en médecine, université de Bordeaux II, année 1993. <a href="#5">↑</a></p>
<p id="note6" style="text-align: justify; line-height: 150%;">6. Yvon Delbos (1885-1956) a été député radical socialiste de 1924 à 1940, membre du bureau de la Ligue de la République, président de la fédération de la Dordogne de la Ligue des Droits de l’Homme, sous-secrétaire d’Etat chargé de l’enseignement technique et des Beaux-Arts, puis ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts (1925), ministre de la Justice (1936), ministre des Affaires Etrangères de 1936 à 1938, ministre de l’Éducation Nationale au moment de l’adoption de la loi Deixonne. <a href="#6">↑</a></p>
<p id="note7" style="text-align: justify; line-height: 150%;">7. Dans Estugi ma pluma, op. cit. <a href="#7">↑</a></p>
<p id="note8" style="text-align: justify; line-height: 150%;">8. Notre parler / Langue que petit, j’ai apprise / Près des landiers, sans alphabet, / Le pauvre sot qui te méprise / Doit avoir le cerveau étroit. / Souvent rude comme les mains / Du bouvier qui fait le sillon, / Qui s’affine quand sur les joues / De son amie il met un baiser ! / Et si de ton berceau, tu te souviens / Elle était douce, quand la Miou / Chantait : sommeil, sommeil, viens, viens / Sommeil, sommeil, sommeil, viens donc. / Elle semble née pour faire rire / À table, nos invités. / Je n’en sais pas de mieux pour dire / Les contes quelques peu salés. / Si par malheur tu quittes la ferme / Pour t’en aller à Paris : / Petit : gardes- en la mémoire / Elle te rappellera ton pays. / Quand Francillou qui tient l’araire / Ne parlera plus le Sarladais, / Du blé, il n’en sèmera guère, / Les bœufs ne savent pas le français. <a href="#8">↑</a></p>
<p id="note9" style="text-align: justify; line-height: 150%;">9. Quand l’âne revint à la ferme, / Qu’il revit le pailler, / Et qu’il voulut dire sa joie /… Il braillait toujours pareil. <a href="#9">↑</a></p>
<p id="note10" style="text-align: justify; line-height: 150%;">10. Bourgès Audivert Monique, <em>Castels pluriel, Castels singulier</em>, Périgueux, Editions couleurs Périgords, 2008, et <a href="http://www.lesamisderedonespic.fr/" target="_blank" rel="noopener">www.lesamisderedonespic.fr</a> <a href="#10">↑</a></p>
<p id="note11" style="text-align: justify; line-height: 150%;">11. « Mantenaire » est le titre donné aux seize membres du Conseil du Bournat, son conseil d’administration en quelque sorte. Les adhérents de base sont des « abeilles ». <a href="#11">↑</a></p>
<p id="note12" style="text-align: justify; line-height: 150%;">12. Lutrin / Ah mais ! / Ça durera toujours / De parler de la félibrée / Ou on nous verra un beau jour / Nous mettre quelque débourrée. / De l’encrier fermons le ruisseau ! / Parce que tout ce que nous pouvons écrire / Ça ne vaut pas le pet d’une puce ; / Et ça finirait par faire rire. / Mon Dieu mais qu’est-ce que ça peut vous faire ! / Pourquoi se donner tant de peine : /Laissez-les dire « Ma fenna » et nous autres dire « <em>Mo fenno !</em> » <a href="#12">↑</a></p>
<p id="note13" style="text-align: justify; line-height: 150%;">13. Dans <em>Estugi ma pluma</em>, recueil de poésies inédites du Dr Boissel, 2018 (Editions du Perce-Oreille, Coux-et-Bigaroque-Mouzens). <a href="#13">↑</a></p>
<p id="note14" style="text-align: justify; line-height: 150%;">14. Paru dans <em>Lou ser ol contou</em> <a href="#14">↑</a></p>
<p id="note15" style="text-align: justify; line-height: 150%;">15. Paru dans <em>Lou ser ol contou</em> <a href="#15">↑</a></p>
<p id="note16" style="text-align: justify; line-height: 150%;">16. Dans <em>Flors de bruga,</em> Editions du Perce-Oreille, 2018, Coux-et-Bigaroque-Mouzens (24220) <a href="#16">↑</a></p>
<p id="note17" style="text-align: justify; line-height: 150%;">17. «Si dans la fable que j’ai volée / J’ai changé, pour mon Sarladais / La cigogne par la bécasse / La Fontaine pardonne-moi !» <a href="#17">↑</a></p>
<hr />
<h2>Bibliographie de Pierre Boissel</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><em>- </em>Boissel Docteur, <em>Lou gal o contat</em>, saynète patoise, Sarlat, imp. Michelet, 1932, 18 p.<br /> - Boissel Docteur, <em>Lou ser ol contou</em>, recueil de poésies patoises, Sarlat, imp. Michelet, première édition en 1935, réunit 130 poèmes suivis d’une table des matières par ordre alphabétique des poèmes,149 p. <br />- Boissel Docteur, <em>Lou ser ol contou</em>, recueil de poésies patoises, Sarlat, imp. Michelet, réunit les mêmes 130 poèmes, plus 10 poèmes en français, sans table des matières, 152 p. <br />- Boissel Docteur, <em>Lou gal o contat</em>, Sarlat, imp. Michelet, 1935. <br />- Boissel Docteur, <em>Lou ser ol contou</em>, recueil de poésies patoises, Sarlat, imp. Michelet, reprend la deuxième édition de 1935, plus une table des matières dans l’ordre de la pagination, 157 p. <br />- Boissel Docteur, <em>Lou ser ol contou</em>, poésies patoises du Sarladais, suivies de la saynète <em>Lou gal o contat</em>, Périgueux, Les éditions du Périgord Noir, 1975, 213 p.<br /> - Peiragudas : Le groupe musical a enregistré 3 poésies du recueil <em>Lou ser ol contou</em> sur disque microsillon <em>Lo leberon</em>, aux Editions Ventadorn, 1978 : <em>Lo grapald</em>, <em>Ai paur</em>, <em>En passant camin</em>. Peiragudas chante dans les concerts : <em>L’ogre</em>, <em>Sei bandat</em>, <em>Sans voler zo far</em>, aussi tirées du recueil <em>Lou ser ol contou</em> mais pas encore enregistrées.<br /> - Boissel Docteur, <em>Lo ser al canton, Choix de poèmes</em>, Atelier Sarladais de Culture occitane, (A.S.C.O.), 1985, 27 poèmes dans la graphie du Docteur Boissel repris dans la graphie occitane normalisée et traduits par Michel Soulhié, plus une cassette audio, 46 p. <br />- Garrigue Jean-Louis, <em>Docteur Boissel (1872-1939)</em>, thèse pour le diplôme d’Etat de docteur en médecine générale, Université de Bordeaux II, U.F.R. de sciences médicales, 10 juin 1993. <br />- Garrigue Jean-Louis, <em>Pierre Boissel (1872-1939) médecin et poète occitan</em>, Société d’Art et d’Histoire de Sarlat et du Périgord Noir, 2004. (résumé de sa thèse) <br />- Boissel Docteur, <em>Lou ser ol contou</em>, Bayac, Éditions du Roc de Bourzac, 2004. (Fac-similé de l'édition Michelet.) <br />- Gerval Guy, <em>Le soir au cantou</em>, recueil de poésies patoises du docteur Boissel, avec <em>L’aveugle de Castelcuillé</em>, poème occitan de Jasmin, Pomport 24240, éd. Cyrano, 2011. (traduction en français des poèmes)<br /> - Chavaroche Daniel, <em>Docteur Boissel poète paysan</em> avec C.D. audio en occitan, Sarlat, éditions ASCO, 2015. (poèmes tirés de <em>Lou ser ol contou</em> en occitan normalisé)</p>
Bourgès Audivert, Monique
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-01-15
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