Gibelin, Georges (1922-1994)
Gibelin, Georges (1922-1994)
Enseignant ; professeur
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Georges Gibelin est né en 1922 dans le 04. Résistant, instituteur, d’abord membre du Félibrige puis adhérent de l’IEO, ce syndicaliste de sensibilité communiste s’intéressa aussi à l’histoire et à la littérature (Bellaud de la Bellaudière notamment).</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Gibelin, Georges (1922-1994)</p>
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Né à La Palud sur Verdon (04) le 16 avril 1922 dans une famille modeste, d'un père menuisier-ébéniste et d'une mère agricultrice. Tous deux parlaient provençal à la maison, mais s'appliquaient à parler français à leur fils. Son père était compagnon, il avait fait son tour de France, séjourné un temps à Paris et adhéré à la franc-maçonnerie. Il avait transmis à son fils certains secrets de compagnons dans l’art de l’ébénisterie que Georges Gibelin pratiquera toute sa vie. Sa mère, quant à elle, lui avait transmis l'amour des plantes et de la nature.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Après sa scolarité primaire à l'école de La Palud il partit à l’internat du lycée Gassendi à Digne assez tardivement. Sa santé étant plutôt délicate, sa famille cherchait à le protéger autant que possible.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il devait entrer à l'école Normale d'instituteurs à la rentrée 1941. Mais Pétain venait de supprimer ces écoles, aussi avait-il continué ses études au lycée Gassendi en tant qu'élève-maître. Il y a découvert la philosophie qui l’a passionné. Après le bac, en juillet 1943, il a été envoyé aux chantiers de jeunesse à Nyons. Il a été affecté à la fonction de secrétaire du commandant. Ce fut pour lui l’occasion de donner des cours de provençal et de faire de l'alphabétisation pour des compagnons des chantiers.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">En novembre il eut une permission et rentra à La Palud. Mais la menace d'un départ en Allemagne pour le STO se précisait. Aussi ne retourna-t-il pas à Nyons. Ne pouvant pas rester à La Palud car il avait été dénoncé, il partit se cacher à Riez, où il resta jusqu'à la Libération. Dans la mesure où sa santé le lui permettait, il participa à la Résistance, dont son père était un animateur à La Palud où il fabriquait notamment des faux papiers. Georges Gibelin participa avec lui à cette activité (plusieurs centaines de faux papiers fabriqués). Après la Libération il fit un an de formation en 1944-1945 à l'école Normale de Nice. Il suivit parallèlement des cours de philosophie à la faculté. Sa licence de philosophie obtenue, il choisit de rester instituteur, puis directeur d'école.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Pour son premier poste d'instituteur il fut nommé aux Chauvets, hameau situé dans la montagne à une dizaine de kilomètres de La Palud, à la rentrée 1945. Il y resta 3 mois avant d’être affecté aux Mujouls (06) pour la fin de l'année scolaire. Il se maria en juillet 1945. Sa fille naquit en 1946, son fils en 1951. À la rentrée 1946 sa femme et lui obtinrent un poste double à Roquefort-les-Pins où ils restèrent jusqu'en 1951. À la rentrée 1951 ils furent nommés à Grasse. Mais entretemps Georges Gibelin avait été atteint de tuberculose et était en congé de longue maladie. Il reprit l'école, mais rechuta quelques années après. Il termina sa longue carrière de pédagogue passionné en tant que directeur de l'école Saint-Claude à Grasse. Il s'était engagé fortement dans la défense de l'école laïque et du métier en militant au Syndicat National des Instituteurs.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">C’est au début des années 1980 qu’il adhère au Parti Communiste dont il n’était jusque-là qu’un compagnon de route, empêché peut-être par son appartenance à la franc-maçonnerie… Il avait coutume de dire à ses amis que son rang dans la loge de Grasse lui permettait de tenir la dragée haute à certains notables politiques locaux qui n’étaient pas exactement de son bord… C’est ainsi qu’il avait pu continuer les rencontres occitanes de Grasse, commencées en 1978 sous le mandat du communiste Georges Vassalo, lorsque la mairie tombe aux mains d’<a title="En savoir plus sur Wikipedia" href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Herv%C3%A9_de_Fontmichel" target="_blank" rel="noopener">Hervé de Fontmichel</a>...</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il partageait son engagement politique et citoyen entre Grasse et La Palud, où il avait été élu en 1977 adjoint au maire communiste. Il participe activement à la renaissance du village, et en particulier à la restauration du château qui est devenu propriété communale à ce moment-là. Il organise des manifestations et crée des associations intercommunales pour que le pays des gorges du Verdon résiste aux convoitises, préserve son site et revitalise ses activités productrices.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'Oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">C’est au Lycée Gassendi que Georges Gibelin commence à étudier le provençal, à écrire des poésies et des textes en provençal. Il participe à des pièces de théâtre et des chorales en provençal. Il s'inscrit au Félibrige au sein duquel il rencontra Robert Lafont auquel le lia une amitié jamais démentie. Robert Lafont avait coutume de le désigner parmi ceux qu’il appelait les « grands instituteurs », ces enseignants issus du peuple et avides de culture et d’esprit critique.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Après la guerre Georges Gibelin adhéra à l'IEO. Il créa en 1976 et anima durant de nombreuses années la section de l'IEO des Alpes Maritimes et celle de Grasse. D'ailleurs ces sections portent son nom, de même que la MJC dont il fut un président passionné.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Dans les années 1970-1990 il était de toutes les Universités Occitanes d’Été, comme de toutes les Rencontres Occitanes d’Été (organisées successivement à Apt, Arles, La Motte du Caire). En 1979-1981, lors des débats dans le sein de l’IEO entre tendance « Alternative » (principalement animée par Robert Lafont) et « IEO non-dependent », plutôt liée à Yves Rouquette, Georges Gibelin, comme la majorité des occitanistes de Provence, choisit la tendance « Alternative » et participa activement à la campagne. Après le double échec de la tendance « Alternative » (AG d’Aurillac 1980 et Montauban 1981), il participa à la fondation des <em>Obradors Occitans</em>, créés justement à Grasse et organisa, pendant l’été 1981, une fête de soutien des <em>Obradors</em> à La Palud. Il participa à la rédaction de la revue pédagogique des <em>Obradors Occitans</em> :<em> Practicas</em> (Montpellier). Courant 1981, il fit partie des occitanistes qui rencontrèrent à Octon, dans l’Hérault, le Ministre de la Culture Jack Lang. De 1978 à 1985, il organisa les Rencontres Occitanes de Grasse, (une semaine de stages, cours, ateliers, conférences) qui réunit des Occitanistes de plusieurs régions.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il participa activement à la page « Mesclum » du journal <em>La Marseillaise</em> avec Claude Barsotti. Il y tenait la chronique d'onomastique « Que signifie votre nom ». Cette chronique remporta un grand succès auprès des lecteurs. Ses nombreux articles ont été rassemblés dans un ouvrage publié par les éditions Tac-Motifs à Grasse <em>Que signifie votre nom ? Etude onomastique des noms de famille originaires des pays d'oc.</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il a publié de nombreux contes en occitan ainsi que des études historiques et d’histoire littéraire (voir bibliographie). Il a travaillé à plusieurs études sur l'histoire locale, encore inédites, sur les mariages dans la région du Verdon, sur les échanges commerciaux…</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il a publié de nombreux articles dans diverses revues occitanes : « La question linguistique au sud au moment de la révolution française » dans la revue <em>Lengas</em>, « coma Provença passet sota lo poder francés » <em>Annales de l'IEO</em> 1978 ; « L'occitanisme en Provence » <em>Amiras</em> n° 20...</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Passionné par le personnage et l’œuvre de Bellaud de La Bellaudière, son compatriote de Grasse, il aimait à le présenter dans les ateliers des écoles et universités occitanes qui étaient, dans les années 1970-1980, des lieux de formation fréquentés par des centaines de stagiaires. Il organisa en 1988 un colloque sur Bellaud de la Bellaudière à Grasse. Il rassembla les actes du colloque et rédigea une biographie de Bellaud publiée par Tac-Motifs.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il réalisa de nombreuses études non publiées sur la Révolution Française, le troubadour Boniface de Castellane...</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il anima des émissions de radio, sur Radio Agora, une série d'émissions sur Christophe Colomb, sur Radio Rougon au sujet de « L’éphémère seigneur de Caille ».</p>
Bregeon, Claude
Verny, Marie-Jeanne
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2014-10-09
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Grasse
Berthaud, Pierre-Louis (1899-1956)
Berthaud, Pierre-Louis (1899-1956)
Journaliste
Personnalité politique
<p style="text-align: justify;">Pierre-Louis Berthaud (Bordeaux, Gironde, 24 août 1899, Séry-Magneval, Oise, 8 août 1956), journaliste, homme politique, majoral du Félibrige (Cigale du Tarn), membre de l’Institut d’Études Occitanes (IEO), franc-maçon, cofondateur de la revue <em>Occitania</em> (1956).</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Berthaud, Pierre-Louis (forme référentielle française)</p>
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p style="text-align: justify;">Fils d’instituteurs, il étudie à Bordeaux où il obtient une licence de Droit et Lettres. Mobilisé en tant que traducteur auprès des forces américaines en 1918, il est alors membre de la SFIO. Son ascension dans la fédération socialiste de la Gironde est d’ailleurs rapide puisqu’il assiste au congrès de Tours de 1920 en tant que délégué (bien que son mandat semble ne pas avoir été validé). Mais il se trouve éloigné de la vie militante pendant plusieurs années suite à un grave accident d’automobile auquel vient s’ajouter une tuberculose.</p>
<p style="text-align: justify;">Proche du nouveau maire de Bordeaux, Adrien Marquet, il devient conservateur adjoint à la Bibliothèque municipale de Bordeaux en 1925 ; poste qu’il occupe jusqu’en 1928, année où il quitte son emploi suite à une brouille avec Marquet pour se lancer dans le journalisme en tant que secrétaire de rédaction du journal <em>L’Avenir de la Vienne</em>.</p>
<p style="text-align: justify;">Il devient directeur de ce journal en 1929 et le quitte en 1932 après ce qui semble être une longue succession de brouilles qui le voient notamment accusé d’être un sympathisant de l’Action Française.</p>
<p style="text-align: justify;">De retour en Gironde dans la maison familiale de Gaillan-en-Médoc, il tente de relancer sa carrière de journaliste en envoyant des articles à divers journaux et revues et essaie vainement de trouver une place au quotidien<em> La Petite Gironde</em> qui appartient au même consortium que <em>L’Avenir de la Vienne</em>. </p>
<p style="text-align: justify;">Il fait aussi là ses premiers pas dans la politique en tant que candidat. Après avoir vainement tenté en 1929 de monter une liste « républicaine d’intérêts municipaux » lors des élections municipales à Poitiers, il mène en tant que candidat républicain indépendant une liste pour les municipales de 1935 à Gaillan, terminant à la deuxième place, derrière la liste de droite et devant celle de gauche.</p>
<p style="text-align: justify;">Il rejoint finalement Paris en 1937, époque à laquelle il démissionne de la franc-maçonnerie à laquelle il avait été initié à Bordeaux en mars 1927. C’est à cette époque, semble-t-il, qu’il se met à faire plus régulièrement des piges pour divers journaux. Marié en janvier 1939 à <a href="https://vidas.occitanica.eu/items/show/2076" target="_blank" rel="noopener">Juliette Dissel</a>, il s’occupe à la même période de l’accueil des intellectuels catalans réfugiés qui sont hébergés à Roissy-en-Brie. Il devient par ailleurs directeur-gérant de la<em> Revista de Catalunya</em> pour les numéros édités en France en 1939-1940 et s’occupe du secrétariat de la Fondation Ramon Llull.</p>
<p style="text-align: justify;">Il quitte Paris lors de l’exode en juin 1940 pour rejoindre le sud. On le retrouve à Vichy en octobre 1940. Il occupe alors un poste de rédacteur au ministère de l’Information du gouvernement de Vichy. Là, dès le début de 1941, il entre en contact avec les services anglais pour leur transmettre des informations, notamment les minutes de la commission d’armistice de Wiesbaden. Il devient membre du réseau de résistance Mithridate et est arrêté par la Gestapo le 21 janvier 1944 interné à Moulins puis à Compiègne avant d’être déporté à Dachau le 6 juin 1944.</p>
<p style="text-align: justify;">De retour de déportation en mai 1945, son divorce ayant été prononcé pendant sa déportation, il se remarie avec Madeleine Castelain, rencontrée alors qu’ils travaillaient dans le même service du ministère de l’Information de Vichy. Il reprend rapidement ses activités de journaliste parlementaire et devient syndic de la presse parlementaire entre 1947 et 1949. Il assure par ailleurs le secrétariat du Comité international des anciens détenus de Dachau et représente à ce titre la France à la Commission internationale pour Service international de recherches sur les archives de la déportation conservées à Arolsen, ainsi que la vice-présidence de l’Amicale des Anciens de Dachau et la gérance et la direction de la revue de cette association.</p>
<p style="text-align: justify;">Après un échec aux élections législatives de 1951 dans le Tarn où il s’est présenté sous l’étiquette RPF, il est désigné le 11 juillet 1952 par l’Assemblée nationale, conseiller de l’Union Française avec l’étiquette UFAS (gaulliste). Cette charge l’amène à présider la Commission de l’Information et à être délégué de l’assemblée auprès de l’UNESCO. Son action parlementaire trouve son point d’orgue lors du débat sur le traité instituant la Communauté Européenne de Défense contre laquelle il prend fait et cause en 1954. Il est toujours conseiller de l’Union Française lorsqu’il décède d’une crise cardiaque le 6 août 1956.</p>
<h2>Engagements dans la renaissance d’oc</h2>
<p style="text-align: justify;"> Pierre-Louis Berthaud s’intéresse très tôt à la langue d’oc et devient peu à peu un militant actif. En contact avec la langue dès la prime enfance dans la maison familiale où vivent ses grand-parents à Gaillan, il dit avoir pris conscience à l’adolescence de l’unité de la langue d’oc lorsque, ayant acheté une brochure intitulée <em>Poètes provençaux modernes</em>, il se rendit compte que le parler de Gaillan était, à peu de choses près, celui utilisé par les félibres provençaux.</p>
<p style="text-align: justify;">Dès le début des années 1920, il est en contact avec <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/12">Ismaël Girard</a> et, très certainement, abonné à <em>Oc</em>. Il faut sans doute voir en partie dans ce rapprochement l’intérêt qu’il développe alors pour la Catalogne à laquelle il consacrera de nombreux articles jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. C’est d’ailleurs cet intérêt qui l’amène à prendre contact au début des années 1930 avec Louis Alibert et l’abbé Joseph Salvat. En 1930, il participe aux fêtes du centenaire de Frédéric Mistral et est impressionné par Charles Maurras. C’est à la suite de ces fêtes qu’il va donner à Bordeaux et Poitiers des conférences consacrées au poète provençal, conférences réunies en 1931 dans une brochure intitulée <em>Frédéric Mistral, la langue occitane et la latinité</em>.</p>
<p style="text-align: justify;">Curieux, sans cesse à la recherche de nouvelles informations il est abonné à la revue <em>Calendau</em> animée par Pierre Azéma et Léon Teissier, et se rapproche dès 1934 de la revue <em>Occitania</em> pour laquelle il écrit quelques articles en tant que correspondant pour la Gascogne. Intéressé par le projet politique que porte <em>Occitania</em>, il participe en décembre 1935 à Narbonne au congrès des Amis d’<em>Occitania</em> duquel sortira un « Programme occitaniste de base » à tendance fédéraliste. Lorsqu’il s’installe à Paris en 1937, il rentre rapidement en contact avec les Amis de la Langue d’Oc, l’école félibréenne parisienne, dont il devient vite un membre actif. C’est à ce moment-là qu’il se lie véritablement d’amitié avec <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/11" target="_blank" rel="noopener">Jean Lesaffre</a> qui participe lui-aussi à l’aventure d’<em>Occitania</em>. C’est à ce titre de membre des Amis de la Langue d’Oc qu’il organise l’accueil des intellectuels catalans.</p>
<p style="text-align: justify;">En 1939, il prend en charge depuis Paris l’édition d’un journal destiné aux soldats occitans sur le front. Ce sera <em>Oc</em> – titre que lui confie alors <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/12" target="_blank" rel="noopener">Ismaël Girard</a> – édition de guerre qui paraît le temps de cinq numéros entre janvier et mai 1940.</p>
<p style="text-align: justify;">Le fait d’avoir un emploi au ministère de l’Information à Vichy ne freine pas l’action militante de Pierre-Louis Berthaud. Il continue par exemple à gérer pour les Catalans la <em>Revista de Catalunya</em> et la Fondation Ramon Llull. C’est encore à Vichy qu’il crée en 1942 un Centre Permanent de Défense de la Langue d’Oc après avoir publié en 1941 dans la <em>Revue Universelle</em> ses "Réflexions sur l’enseignement de la langue d’oc". Ce Centre Permanent de Défense de la Langue d’Oc a toutefois une activité limitée puisqu’il est porté essentiellement par le seul Pierre-Louis Berthaud.</p>
<p style="text-align: justify;">Celui-ci n’en est pas moins actif et s’implique notamment dans les vifs débats suscités dans la presse nationale et régionale par le décret Carcopino du 24 décembre 1942 qui autorise un enseignement facultatif des dialectes locaux. Toujours à Vichy, reprenant une idée de Max Rouquette du temps de la revue <em>Occitania</em>, il tente de créer un Office de Presse Occitane destiné à envoyer aux journaux nationaux et régionaux des articles sur la langue et les débats suscités autour d’elle. Là encore, l’échec est patent faute de pouvoir s’appuyer sur un collectif de militants susceptibles de prendre en charge une partie du travail.</p>
<p style="text-align: justify;">C’est à cette époque, vraisemblablement depuis 1938-1939, que Pierre-Louis Berthaud travaille à une bibliographie occitane, mais ses fiches disparaissent après son arrestation par la Gestapo en janvier 1944. Il n’en arrive pas moins à publier en 1942 une <em>Bibliographie gasconne du Bordelais</em>.</p>
<p style="text-align: justify;">De retour de déportation, il reprend son activité militante en faveur de la langue d’oc. Il réussit ainsi à faire publier en 1946 le premier volume de sa <em>Bibliographie occitane (1919-1942)</em>. En 1947, il publie avec <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/11" target="_blank" rel="noopener">Jean Lesaffre</a> un <em>Guide des études occitanes</em>. Cette même année, lors de la Sainte-Estelle de Périgueux, il est élu majoral du Félibrige, succédant avec la cigale du Tarn à Jean Charles-Brun, ce qui n’est pas sans éveiller quelques tensions au sein du Félibrige eu égard au fait que Pierre-Louis Berthaud est aussi proche de l’Institut d’Études Occitanes dont il intègre le conseil d’administration. Son investissement en faveur de la langue et de la culture catalanes ne se démentent pas non plus ; il participe en 1945 à la création à Paris de l'<em>Institut Català d'Art i Cultura</em>, et de la revue <em>Presencia Catalana</em> dont il deviendra directeur-gérant en 1948, année où il préside la commission organisatrice des <em>Jocs Florals de la Llengua Catalana</em>, de Paris.</p>
<p style="text-align: justify;">C’est entre 1950 et 1951 qu’il s’investit dans ce qui apparaitra pour nombre de militants en faveur de la langue d’oc de cette époque comme son action la plus importante : en tant que fin connaisseur des mœurs parlementaires et délégué parisien du Cartel de Défense des Langues Régionales, il œuvre en coulisse auprès des députés, sénateurs et ministres en faveur du vote de la loi Deixonne sur l’enseignement des langues et dialectes locaux.</p>
<p style="text-align: justify;">Pour autant, Pierre-Louis Berthaud n’abandonne pas ses travaux de recherche. Il travaille à un deuxième volume de la bibliographie occitane et profite de sa campagne électorale dans le Tarn en 1951 pour effectuer des recherches dans divers fonds d’archives et découvre ainsi la poétesse albigeoise Suzon de Terson (1657-1684). Le début des années 1950 est aussi le moment où les relations entre Pierre-Louis Berthaud et le Félibrige se tendent. Début 1952, avec l’abbé Joseph Salvat et Frédéric Mistral Neveu, il remet sur le tapis un sujet sensible en lançant auprès du Félibrige une démarche en vue de lever « l’indignité consistoriale » qui touche Charles Maurras depuis la Libération. En 1951, c’est grâce à lui que lors de la Sainte-Estelle d’Aurillac Pierre Rouquette est élu majoral contre Charles Rostaing. Cette élection fait ressurgir le conflit latent entre « Provençaux » et « Occitans ». L’année suivante, lors de la Sainte-Estelle de Clermont-l’Hérault, les trois candidats « occitans », <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/11" target="_blank" rel="noopener">Jean Lesaffre</a>, <a href="https://vidas.occitanica.eu/items/show/2062" target="_blank" rel="noopener">Léon Cordes</a> et Roger Barthe sont battus par des candidats « provençaux » après une intense campagne menée auprès du consistoire par des majoraux « provençaux » et Sully-André Pierre. Parrain de <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/11" target="_blank" rel="noopener">Jean Lesaffre</a> qui se présentait au majoralat en hommage à Joseph Loubet dont la cigale était vacante après sa mort, Pierre-Louis Berthaud vit particulièrement mal ce camouflet. C’est en réaction à ce qu’il considère comme une machination qu’il démissionne en juin 1952 de son titre de majoral et qu’il publie une acerbe <em>Letro au Capoulié sus lis eleicioun de Clarmount e l’anamen dóu Felibrige</em>. Sa démission rejetée lors de la Sainte-Estelle de 1953, il demeure majoral mais a tôt fait de réserver son action militante à l’Institut d’Études Occitanes et de devenir un véritable trouble fête au sein du Félibrige en jouant notamment un rôle essentiel dans la mise en place d’une véritable contre-cérémonie pour célébrer les cent ans de l’association en 1954 en Avignon et en convaincant les ayant-droits de Théodore Aubanel d’éditer les œuvres du poète en graphie classique.</p>
<p style="text-align: justify;">Bien qu’occupé par ailleurs par ses différentes activités, parlementaires ou au sein des associations d’anciens déportés, Pierre-Louis Berthaud consacre beaucoup d’énergie jusqu’à sa mort à l’Institut d’Études Occitanes au sein duquel il apparait comme un conseiller très influent. Son dernier projet est la reprise du titre <em>Occitania</em> avec <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/12" target="_blank" rel="noopener">Ismaël Girard</a>. Les deux hommes, avec l’aide de Robert Lafont, entendent créer un journal d’information économique et culturelle destiné à sensibiliser les milieux d’affaires aux perspectives de développement des régions occitanes. Trois numéros paraissent en 1956 avant la mort de Pierre-Louis Berthaud. Le journal continuera à paraître sous l’autorité d’<a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/12" target="_blank" rel="noopener">Ismaël Girard</a> jusqu’en 1962.</p>
Lespoux, Yan
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2014-06-16
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