Fondateur de l'Escolo de Mount-Segur (1894), de l'Escòla Occitana (1919) et du Collège d'Occitanie (1927), directeur de la revue Lo Gai Saber (1919-1933) et majoral du Félibre (1900), Prosper Estieu est l'une des personalités les plus importantes de la renaissance occitane du XXe siècle. Son activité aussi bien littéraire que politique et militante est aujourd'hui considérée comme l'une des premières émanations de l'occitanisme contemporain.

Identité

Formes référentielles

Estieu, Prosper (1860-1939)

Autres formes connues

- Prosper l'Été (pseudonyme)

- Prosper l'Estiu (pseudonyme)

- Jan d'Oc (pseudonyme)

- Jan de la Ròca (pseudonyme)

- Jean d'Occitanie (pseudonyme)

- Jean Trouvère (pseudonyme)

- La Cigala de l'Ort (pseudonyme)

Éléments biographiques 

Prosper Estieu est né le 7 juillet 1860 à Fendeille, au sud de Castelnaudary. Après des études au Collège de garçons de Castelnaudary et au Petit Séminaire de Carcassonne, où il étudie notamment le latin et le grec, il est nommé instituteur en 1879 à Coursan dans l’est de l’Aude.

Deux ans plus tard, alors en poste aux Brunels, près de Castelnaudary, il rencontre Auguste Fourès en tournée électorale pour les élections législatives de 1881. L’entente est immédiate car les deux hommes partagent de fortes valeurs républicaines et anticléricales. Ils fondent ainsi l’année suivante une revue française, La Poésie moderne, qui ne connaît que sept numéros, et où Estieu, sous le pseudonyme de Prosper l’Été, est en charge de la partie rédactionelle, uniquement en français. Il publie, toujours en 1882, son poème L’École dont Fourès signe la préface. 

Après une parenthèse de deux ans dans le journalisme, Estieu décide de reprendre son métier d’instituteur et est nommé à Clermont sur Lauquet, près de Limoux. Il entame ensuite, à partir de 1887, des chroniques régulières dans la Revue méridionale, fondée à Carcassonne par Gaston Jourdanne, maire de la cité et futur majoral du Félibrige.

L’année 1891 marque un tournant dans le parcours de Prosper Estieu, c’est à cette date que meurt son ami et complice Auguste Fourès. Ce dernier, enterré une première fois selon le rite catholique, est inhumé une seconde fois, debout face à l’Orient comme le veut la tradition franc-maçonnique.

Lors de ces secondes funérailles Prosper Estieu fait une nouvelle rencontre fondamentale, celle d’Antonin Perbosc avec qui il partage une complicité semblable à celle qu’il entretenait avec Fourès. Les deux amis se jurent alors de continuer l’œuvre occitane du défunt poète. C’est à cette date que naît l’engagement occitan de Prosper Estieu qui n’avait jusque là jamais écrit en langue d’oc.

Engagement dans la renaissance d’oc

Découverte de l'occitanité et premiers travaux (1892-1899)

Suite à sa rencontre avec Antonin Perbosc, Prosper Estieu adhère à deux associations de promotion de la langue d’oc : l’Escolo Moundino de Toulouse puis l’Escolo Audenco où publient déjà Gaston Jourdanne et l’autre écrivain audois majeur de cette époque, Achille Mir. Ses productions occitanes commencent alors à se multiplier. En 1892, il fonde l’hebdomadaire Le Lengodoucian où il prend position dès le premier numéro pour un enseignement systématique de l’occitan à l’école primaire moins d’une dizaine d’années après les lois Jules Ferry sur l’instruction obligatoire gratuite et laïque. Son premier éditorial est d'ailleurs conclut par un tonitruant :

  “Quand aurem fait la counquisto de las escolos primàrios, l’Aveni nous apartendra”. (Quand nous aurons fait la conquête des écoles primaires, l'avenir nous appartiendra)

En 1895, il publie son premier recueil de poésies occitanes, Lou Terradou, où il s’affirme comme le successeur d’Auguste Fourès, fidèle à ses idées fédéralistes et de lutte contre la domination française sur les contrées occitanes.

En 1896, il fonde, avec des félibres ariégeois, l’Escolo de Mountsegur et la revue Mount Segur qui paraît jusqu’en 1899. Elle se distingue des autres revues du genre par l’omniprésence des thématiques liées à l’albigéisme dont le symbole le plus connu, Montségur, prête son nom à la revue.

Naissance de l'occitanisme contemporain (1900-1939)


Après l’arrêt de la revue Mount Segur, Prosper Estieu publie Bordons pagans où il développe pour la première fois les règles d’une nouvelle graphie pour l’occitan où sont déjà présentes les prémices de la graphie contemporaine. Il développe cette graphie à partir de 1901 dans la seconde série de la revue Mont-Segur qu’il imprime d’ailleurs depuis son propre domicile à Rennes-le-Château jusqu’au mois de décembre 1904. Il est également élu majoral du félibrige en 1900 et maître ès Jeux de l’Académie des Jeux Floraux en 1902.

Prosper Estieu devant sa presse d'imprimerie d'où sortent les numéros de la revue <i> Mont-Segur</i>. Archives départementales de l'Aude, fonds Prosper Estieu, cote 120J19

A partir de 1903, il prend clairement position au sein du félibrige contre les félibres provençaux et le capoulié (président) Pierre Devoluy. Il crée alors une nouvelle école (qui prendra pour nom en 1919 Escòla occitana) délaissant la graphie traditionnelle du félibrige, choisissant pour étendard le nom “occitan” alors très peu répandu et promouvant fermement des idées républicaines et anticléricales, toujours dans la continuité d’Auguste Fourès. C'est encore durant cette même période qu'il développe sa ligne idéologique, particulièrement sensible dans la revue Mont-Segur qu'il dirige avec Antonin Perbosc.
On y retrouve les quatre grandes problématiques qui marqueront le mouvement occitaniste au XXe siècle : la restauration de la langue dans son unité en s’inspirant du système graphique employé par les troubadours au Moyen Âge, l’émergence d’une littérature originale rédigée dans cette graphie nouvelle, une lecture nouvelle des rapports Nord/Sud au cours de l'histoire de France et l'innovation pédagogique alliée à la revendication de l’enseignement de l'occitan à l’école. Si certaines de ces thématiques étaient déjà partiellement envisagées par le félibrige du XIXe siècle, aucune n’avait été aussi développée jusque-là.

Il publie ensuite plusieurs ouvrages : Flors d’Occitania (1906), La Canson occitana (1908) et Lo Romancero occitan (1912 puis 1914). En 1911, il tente de faire ériger à Foix une statue dédiée à la parfaite cathare Esclarmonde et d’en faire la manifestation du félibrige rouge. Il renonce peu de temps après, faute d’engouement et suite au très mauvais accueil critique de son livre La Question d’Esclarmonde où il multiplie les erreurs et approximations historiques.
Prosper Estieu devant sa presse d'imprimerie d'où sortent les numéros de la revue <i> Mont-Segur</i>. Archives départementales de l'Aude, fonds Prosper Estieu, cote 120J19
Après la guerre, il prend la direction du Gai Saber qu’il dirigera jusqu’en 1933 et fonde son association de promotion de la langue et de la culture occitanes, Los Grilhs del Lauragués, puis en 1927 le Collège d’Occitanie, association d’enseignement de la langue et de la culture occitanes.

Il publie à partir de 1926 une dernière série de recueils : Lo Flahut occitan, Las Bucolicas de Vergili (1926), Lo Fablièr occitan (1930) et Las Oras cantairas (1931) où se ressent l'influence catholique, de plus en plus prégnante, de son dernière disciple le futur chanoine Joseph Salvat. En 1933, il se retire chez sa fille et y meurt en 1939 après avoir été réconcilié avec la foi catholique par l’abbé Salvat, alors majoral du félibrige. Ce dernier prend alors à la suite de Prosper Estieu la tête de l’Escòla occitana et de la revue Lo Gai Saber.


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Fondator de l’Escolo de Mount-Segur (1894), de l’Escòla Occitana (1919) e del Collègi d’Occitània (1927), director de la revista Lo Gai Saber (1919 – 1933), e Majoral del Felibritge (1900), Prospèr Estieu es una de las personalitats màgers de la renaissença occitana del sègle XX. Son activitat literària coma politica e militanta es ara considerada coma una de las primièras emanacions de l’occitanisme contemporanèu.

Identitat

Formas referencialas

Estieu, Prosper (1860-1939)

Autras formas conegudas

- Prosper l'Été (pseudonim)

- Prosper l'Estiu (pseudonim)

- Jan d'Oc (pseudonim)

- Jan de la Ròca (pseudonim)

- Jean d'Occitanie (pseudonim)

- Jean Trouvère (pseudonim)

- La Cigala de l'Ort (pseudonim)

Elements biografics 

Prospèr Estieu nais lo 7 de julhet de 1860 a Fendelha, al sud de Castèlnòu d’Arri. Aprèp d’estudis al Collègi de dròlles de Castèlnòu d’Arri e al Pichon Seminari de Carcassona ont estúdia lo latin e lo grèc, es nommat regent en 1879 a Corsan dins Aude.
Doas annadas mai tard, regent a Brunèls, prèp de Castèlnòu d’Arri, rescontra August Forés en virada electorala per las eleccions legislativas de 1881. L’acòrdi es immediat que los dos òmes partejan de fòrtas valors republicanas a anticlericalas. Fondan atal un an aprèp una revista francesa, La Poésie moderne que conèis pas que sèt numèros e ont Estieu , jos l’escais de Prosper l’Eté, es cargat de la partida redaccionala, sonque en francés. Publica, totjorn en 1882, son poèma « L’Ecole » e Forés ne signa lo prefaci.
Aprèp una parentèsi de dos ans dins lo jornalisme, Estieu decidís de tornar prene son mestièr de regent e es nommat a Clarmont sus Lauquet, prèp de Limós. Escriu a comptar de 1887 de cronicas regularas dins La Revue méridionale, creada a Carcassona per Gaston Jordana, conse de la ciutat e futur majoral del Felibritge.

L’annada 1891 es una virada dins la vida de Prospèr Estieu, es l’annada de la despartida de son amic e complice August Forés. Aqueste, sebelit un primièr còp segon lo rite catolic, es enterrat tornamai, drech fàcia a l’Orient segon la tradicion francmaçonica.
Aquelas funeralhas son l’escasença d’un rescontre fondamental per Prospèr Estieu, la d’Antonin Perbòsc que partejarà ambe el una complicitat egala a la qu’entreteniá ambe Forés. Los dos amics juran de contunhar l’òbra occitana del poèta defuntat. Es aquela data que marca la naissença de l’engatjament occitan de Prospèr Estieu, qu’aviá pas jamai fins aquí escrich en lenga d’òc.

Engatjament dins la Renaissença d’Òc

Descobèrta de l’occitanitat e primièrs trabalhs (1892 – 1899)

En seguida de son rescontre ambe Antonin Perbòsc, Prospèr Estieu aderís a doas associacions de promocion de la lenga d’òc : L’Escolo Moundino de Tolosa, puèi L’Escolo Audenco ont publican ja Gaston Jordana e l’autre escrivan audenc màger d’aquela epòca, Aquiles Mir. Sas produccions occitanas començan de se multiplicar. En 1892, fonda lo setmanièr Le Lengodoucian ont tre lo primièr numèro, argumenta per un ensenhament sistematic de l’occitan a l’escòla primària, mens d’un desenat d’annadas aprèp las leis de Juli Ferry sus l’instruccion obligatòria gratuita e laïca. Son primièr editorial se conclutz per un tarabastós :

« Quand aurem fait la counquisto de las escolos primàrios, l’Aveni nous apartendra. »

En 1895, publica son primièr recuèlh de poesias occitanas : « Lo Terradou » ont s’afirma come lo successor d’August Forés, fisèl a sas idèas federalistas e de lucha contra la dominacion francesa sus las contradas occitanas.
En 1896, fonda, ambe los felibres ariegeses L’Escolo de Mountsegur e la revista Mount-Segur que pareis duscas a 1899. Se diferéncia de las autras revistas per de tematicas omnipresentas ligadas a l’albigeisme, que son simbòl mai conegut prèsta son nom a la revista.

Naissença de l’occitanisme contemporanèu (1900-1939)


Aprèp l’arrèst de la publicacion de la revista Mount-Segur, Prospèr Estieu publica « Bordons pagans », i desvolopa pel primièr còp las règlas d’una novèla grafia per l’occitan ont son presentas las premícias de la grafia actuala. Desvolopa aquela grafia a partir de 1901 dins la segonda seria de la revista Mont-Segur qu’estampa dins son pròpri ostal a Renas-lo-Castèl fins al mes de decembre de 1904. Es elegit Majoral del Felibritge en 1900 e mèstre ès jòcs de l’Academia dels Jòcs Florals en 1902.

Prosper Estieu devant sa presse d'imprimerie d'où sortent les numéros de la revue <i> Mont-Segur</i>. Archives départementales de l'Aude, fonds Prosper Estieu, cote 120J19

A partir de 1903, al sen del Felibritge, se posiciona fermament contra los felibres provençals e lo Capolièr Pèire Devoluy. Alavetz crèa una novèla escòla – que prendrà lo nom en 1919 d’Escòla occitana – abandona la grafia tradicionala del Felibritge e causís per bandièra lo nom « occitan » plan pauc emplegat d’aquel temps, e promòu fermament d’idèas republicanas e anticlericalas, totjorn dins la continuitat d’August Forés. Es tanben a aquel moment que desvolopa sa linha ideologica, sensibla mai que mai dins la revista Mont-Segur que dirigís ambe Antonin Perbòsc.
I retròbam las quatre grandas problematicas que marcaràn lo movement occitanista del sègle XX : lo reviscòl de la lenga dins son unitat en s’inspirant del sistèma grafic emplegat pels Trobadors a l’Edat Mejana, l’emergéncia d’una literatura originala escricha dins aquela novèla grafia, una novèla lectura dels rapòrts Nòrd / Sud dins l’istòria de França e l’innovacion pedagogica aliada a la reivindicacion de l’ensenhament de l’occitan a l’escòla. Se d’unas d’aquelas tematicas foguèron envisatjadas pel Felibritge al sègle XIX, pas cap foguèt tan desvolopada fins aquí.  

Puèi publica mantun obratge : « Flors d’Occitania » (1906), « La Canson occitana » (1908), e « Lo Romancero occitan (1912 e 1914). En 1911, tempta de far erigir a Fois una estatua a la Perfiècha catara Esclarmonda e de ne faire la manifestacion del Felibritge Roge. Renóncia pauc aprèp, per manca d’afiscacion e a causa de la critica fòrt negativa de son libre « La question d’Esclarmonde » ont multiplica enganas e aproximacions istoricas.
Prosper Estieu devant sa presse d'imprimerie d'où sortent les numéros de la revue <i> Mont-Segur</i>. Archives départementales de l'Aude, fonds Prosper Estieu, cote 120J19
Après la guèrra, pren la direccion del Gai Saber fins a 1933 e fonda son associacion de promocion de la lenga e de la cultura occitanas, Los Grilhs del Lauragués, puèi en 1927, Lo Collègi d’Occitània, associacion d’ensenhament de la lenga e de la cultura occitanas.

Publica a comptar de 1926 una darrièra tièra de recuèlhs : « Lo Flahut occitan, Las Bucolicas de Vergili » (1926), « Lo Fablièr occitan » (1930) e « Las Oras cantairas » (1931) ont se sentís l’influéncia catolica de mai en mai fòrta de son darrièr discípol, lo futur canonge Josèp Salvat. En 1933, se retira ençò de sa filha e se morís en 1939, reconciliat ambe la fe catolica per l’abat Salvat, majoral del Felibritge. Aqueste prendrà la seguida de Prospèr Estieu al cap de L’Escòla occitana e de la revista Lo Gai Saber.


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Juliette Dissel (Issel, Aude, 21 décembre 1902 – Pessac, Gironde, 3 novembre 1962), actrice, mèstre d’òbra du Felibrige, membre de l’Escòla Occitana, fondatrice du Théâtre d’Oc.

Identité

Formes référentielles

Dissel, Juliette (1902–1962)

Autres formes connues

- Peine, Juliette (nom à l'état civil)

Éléments biographiques

Quelques années après sa naissance, la famille de Juliette Peine, de son nom de naissance, déménage à Castelnaudary où elle ouvre un magasin de grains. Juliette suit les cours de l’École Primaire Supérieure de la ville et y obtient son brevet élémentaire. C’est là que d’après Joseph Salvat (« Chute de feuilles en Lauragais – Juliette Dissel », Lo Gai Saber, n° 305, novembre-décembre 1962) elle se prend de passion pour le théâtre.

Après ses études, Juliette Peine aurait enseigné quelque temps dans le Lauragais avant de se consacrer entièrement à sa carrière théâtrale et à la promotion du théâtre d’oc.

Engagement dans la renaissance d'oc

Les échanges entre l’abbé Joseph Salvat et Juliette Dissel font apparaître des contacts étroits de celle-ci avec le Félibrige languedocien dès les années 1920. Elle se fait notamment remarquer en 1927 lors de l’inauguration – par l’association des Grilhs del Lauragués, dont font partie Joseph Salvat et Prosper Estieu – du buste d’Auguste Fourès dont elle récite La Lauseta.

Sans doute faut-il dans ce cas parler de révélation puisqu’elle évoque dès lors dans sa correspondance avec l’abbé Salvat l’importance que doit avoir le théâtre en occitan dans la vie culturelle d’oc avant de partir quelques mois à Barcelone en 1928. Là, avec l’appui de l’écrivain et dramaturge catalan Carles Soldevilla elle se produit, disant des poèmes d’Estieu, Vermenouze ou Fourès.

De retour en Occitanie, elle est présente sur des scènes du Lot-et-Garonne à la Provence, en passant par le Rouergue et le Biterrois et s’inscrit au Conservatoire de Toulouse. Elle rencontre entre la fin des années 1920 et le début des années 1930 ceux qui seront pour elle d’importants soutiens dans les années suivantes (entre autres Henri Mouly, Julienne Séguret et, surtout, Armand Praviel…) et devient un membre actif du Félibrige auquel elle adhère depuis 1926. Répondant le 14 mars 1931 à une sollicitation de Salvat, elle lui écrit : « Bien sûr que j’accepterai d’être mestre d’obra. Je ne regrette qu’une chose, c’est de ne pouvoir être Capoulié !! ». C’est d’ailleurs cette année-là qu’elle devient mèstre d’òbra.

On la retrouve en 1932 à Paris où elle s’installe pour plusieurs années. Elle y passe des auditions, a l’occasion d’aller dire quelques vers en occitan à l’invitation de quelques sociétaires de la Comédie Française (lettre à Joseph Salvat du 11 avril 1932) et annonce dans un courrier du 25 juin 1932 avoir été engagée pour jouer Lucette dans une adaptation cinématographique du Monsieur de Pourceaugnac de Molière. Le film, réalisé par Gaston Ravel et Tony Leklain la compte en effet dans sa distribution (fiche Imdb , consultée le 27 avril 2016). Cette même année elle expose son désir de fonder la société des « Amis du Théâtre occitan » afin de financer un projet de troupe de théâtre qui se produirait dans les fêtes régionalistes et félibréennes. L’association du Théâtre d’Oc prend véritablement vie en 1933 et Juliette Dissel enchaîne dans les années suivantes les mises en scènes ainsi que les mises en voix de poèmes occitans.

Juliette Dissel épouse en janvier 1939 un autre militant occitan, Pierre-Louis Berthaud. La guerre les sépare. Alors que Berthaud rejoint Vichy, elle se replie sur Toulouse où elle poursuit son activité avec le Théâtre d’Oc. Avec le soutien du préfet Chéneaux de Leyritz, elle multiplie les manifestations dans le Sud-Ouest jusqu’en 1944. Son divorce d’avec P.-L. Berthaud est prononcé durant la déportation de ce dernier à Dachau entre juin 1944 et mai 1945.

Il semble que Juliette Dissel subisse quelques avanies à la Libération puisqu’elle est « quelque temps détenue » d’après l’abbé Salvat sans que l’on en sache plus. Quoi qu’il en soit, elle se fait bien moins présente dans les années suivantes. Souffrant de graves problèmes de santé et isolée, elle quitte finalement Toulouse en 1952 et rejoint Bordeaux. Elle y écrit quelques chroniques en occitan pour Sud-Ouest mais ne réussit pas à relancer son Théâtre d’Oc. Accueillie chez monsieur Montagne, poète originaire lui aussi du Lauragais et propriétaire du château Pape-Clément, c’est à Pessac qu’elle s’éteint le 3 novembre 1962.

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Julieta Dissèl, (Issèl, Aude, 21 de decembre de 1902 – Pessac, Gironda, 3 de novembre de 1962), actritz, mèstra d’òbra del Felibritge, sòcia de l’Escòla Occitana, fondatritz del Teatre d’Òc.

Identitat

Formas referencialas

Dissel, Juliette (1902–1962)

Autras formas conegudas

- Peine, Juliette (nom à l'état civil)

Elements biografics

Qualques annadas aprèp sa naissença, la familha de Julieta Peine, de son nom d’ostal, se muda a Castèlnòu d’Arri ont dobrís una granatariá. Julieta seguís los corses de l’Escòla Primària Superiora de la vila e obten lo brevet elementari. Es aquí que, d’aprèp Josèp Salvat (« Chute de feuilles en Lauragais » – Julieta Dissèl, Lo Gai saber, n° 305, novembre-decembre de 1962), s’afòga pel teatre.
Aprèp sos estudis, Julieta Peine auriá ensenhat qualque temps dins lo Lauragués abans de s’avodar cap e tot a sa carrièra teatrala e a la promocion del teatre occitan.

Engatjament dins la Renaissença d’Òc

Los escambis entre l’abat Josèp Salvat e Julieta Dissèl testimònian de contactes estreches entre ela e lo Felibritge lengadocian tre las annadas 1920. Se fa remarcar mai que mai en 1927 a l’inauguracion per l’associacion dels Grilhs del Lauragués – que ne fan partida Josèp Salvat e Prospèr Estieu – del bust d’August Forés ont ne ditz lo poèma, « La Lauseta ».
Cal benlèu parlar dins aquel cas de revelacion, pr’amor qu’evòca d’ara enlà dins sa correspondéncia ambe l’abat Salvat, l’importància que deu aver lo teatre dins la vida culturala d’òc, abans de partir per qualques meses a Barcelona en 1928. Ailà, ambe l’ajuda de l’escrivan e dramaturgue catalan Carles Soldevilla, ditz de poèmas d’Estieu, Vermenosa o Forés dins d’espectacles.
Tornada en Occitània, se presenta sus las scènas d’Òlt e Garona fins a Provença, en passant pel Roergue e lo Besierés e se marca al Conservatòri de Tolosa. Rescontra entre la fin de las annadas 1920 e la debuta de las annadas 1930 los que seràn per ela de sostens importants per las annadas venentas – entre autres Enric Molin, Juliana Seguret e sustot Armand Pravièl... – , aderís al Felibritge e ne ven un membre actiu en 1926. Respond lo 14 de març de 1931 a una sollicitacion de Salvat : « Segur qu’acceptarai d’èstre mèstra d’òbra. Regrèti pas qu’una causa, es de poder pas èstre Capolièr ! » E es aquela annada que ven mèstra d’òbra.
En 1932, es a París ont s’installa per mantuna annada. Passa d’audicions, a l’escasença d’anar dire qualques vèrses, convidada per qualques societaris de la Comèdia Francesa (letra a Josèp Salvat del 11 d’abrial de 1932) e anóncia dins un corrièr del 25 de junh de 1932, qu’es engatjada per jogar « Lucette » dins una adaptacion cinematografica de « Monsieur de Pourceaugnac » de Molière. Lo filme realizat per Gaston Ravel e Tòni Leklain la compta dins sa distribucion (ficha Imdb, consultada lo 27 d’abrial de 2016). Dins la meteissa annada, expausa son desir de fondar la societat dels « Amis du Théâtre occitan » per finançar un projècte de tropa de teatre que se produiriá dins las fèstas regionalistas e felibrencas. L’associacion del Teatre d’Òc espelís vertadièrament en 1933 e Julieta Dissèl encadena las annadas venentas las mesas en scèna atal coma las mesas en votz de poèmas occitans.

Julieta Dissèl marida en genièr de 1939 un autre militant occitan, Pèire-Loís Berthaud. La guèrra los dessepara. Mentre que Berthaud rejonh Vichèi, ela, se replega sus Tolosa ont contunha son activitat ambe lo Teatre d’Òc. Ambe l’ajuda del Prefècte Cheneaux de Leyritz, multiplica las manifestacions dins lo Sud-Oèst duscas en 1944. Son divòrci es prononciat pendent la deportacion de Pèire-Loís Berthaud a Dachau entre junh de 1944 e mai de 1945.

Sembla que Julieta Dissèl aja subit qualques afronts a la Liberacion, pr’amor qu’es « quelque temps détenue » d’aprèp l’abat Salvat, sens que se’n sàpia res mai. Cossí que siá, es plan mens presenta las annadas seguentas. Patís de problèmas grèus de santat e isolada, fin finala quita Tolosa e rejonh Bordèu. Escriu qualques cronicas per Sud-Oèst mas capita pas de reviudar son Teatre d’Òc. Aculhida ençò de monsen Montanha, poèta natiu el tanben del Lauragués e proprietari del castèl Pape-Clément, es a Pessac que s’escantís lo 3 de novembre de 1962.

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  • Cartabèu de Santo Estello, n° 20, 1940-1941-1942).
  • Joseph Salvat, « Chute de feuilles en Lauragais – Juliette Dissel », Lo Gai Saber, n° 305, novembre-décembre 1962, pp. 173-178.
  • « Julieto Dissel », Lou Felibrige, n° 147, janvier-février-mars 1963, pp. 34-36.
  • Correspondance avec Joseph Salvat. CP 120 (6). Fonds Joseph Salvat des archives du Collège d’Occitanie. Conservé au CIRDÒC.
  • Documents conservés par Ismaël Girard – Centre dramatique languedocien. AM 223. Fonds Ismaël Girard. Collège d’Occitanie.
  • Correspondance entre Pierre-Louis Berthaud et Joseph Salvat. CP 008. Fonds Joseph Salvat des archives du Collège d’Occitanie. Conservé au CIRDÒC.
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    Fondateur et président de l’Escolo de Limagno, élu Majoral du Félibrige en 1925 et membre de l’Escòla occitana, lauréat du concours de l’Académie des Jeux Floraux, Benoît Vidal - dit Benezet - fut le principal promoteur des mouvements de renaissance occitane en Basse-Auvergne au cours de la première moitié du XXe siècle.

    Illustration : Benezet Vidal, coll. Clermont-Ferrand, Bibliothèque du Patrimoine de CLERMONT COMMUNAUTÉ, ms. 1967

    Identité

    Formes référentielles

    Vidal, Benezet (1877-1951)

    Autres formes connues

    - Vidal, Benoît (nom à l'état civil)

    - Vidal, Benazet (forme occitanisée non référentielle)

    Éléments biographiques 

    Benezet Vidal naît à Pontgibaud dans le Puy-de-Dôme le 15 mai 1877. Il est percepteur à Billom puis à Lézoux, il fonde en 1920 l’Escolo de Limagno et fut un membre actif du consistoire du Félibrige durant l’entre-deux-guerres. Trésorier de l’Académie des Sciences Belles-Lettres et Arts de Clermont-Ferrand, il se fait connaître du milieu savant auvergnat par ses publications littéraires et philologiques dans les revues régionalistes, en particulier L’Auvergne Littéraire et artistique.

    À sa retraite, Benezet Vidal s’installe définitivement à Clermont-Ferrand avant de trouver la mort lors d’un séjour dans son pays natal à Saint-Ours-les-Roches le 5 août 1951.

    Engagement dans la renaissance d’oc

    Le promoteur du Félibrige en Basse-Auvergne

    Benezet Vidal est un écrivain d’expression occitane qui a été l’un des principaux artisans du développement du Félibrige en Basse-Auvergne. Il fonde le 11 juillet 1920, l’Escolo de Limagno, dont il est pour de nombreuses années le capiscol (président). La nouvelle Escolo félibréenne de la Basse-Auvergne organise des Jeux floraux annuels à Clermont-Ferrand qui récompensent des œuvres littéraires (poésie, prose et théâtre) en dialecte auvergnat. Benezet Vidal est particulièrement actif pour la diffusion de la langue occitane dans l’enseignement, en organisant notamment un concours scolaire annuel auxquels les instituteurs sont invités à faire participer leurs élèves. En 1936, il publie le Libret de l'escolan auvernhat (Clermont-Ferrand : Éd. de la Mantenensa d'Auvernha), anthologie des écrivains occitans auvergnats à destination des instituteurs souhaitant enseigner l’occitan dans leur classe. En 1925, il est l’organisateur des fêtes de la Sainte-Estelle à Clermont-Ferrand et devient à cette occasion majoral du Félibrige, nouveau titulaire de la Cigalo Limousino à la suite de Jean-Victor Lalanne (1849-1924).

    On doit à l’action et à l’œuvre de Benezet Vidal le développement de la renaissance d’oc félibréenne en Basse-Auvergne. À l’exception de Régis Michalias (1844-1916), peu d’écrivains avaient jusqu’ici illustré la langue d’oc en Basse-Auvergne (Puy-de-Dôme, Brivadois), à la différence de la Haute-Auvergne (Cantal), où le mouvement félibréen s’était structuré dès les années 1870 avec une Escolo Oubernhato, auréolé du renom littéraire d'un Arsène Vermenouze (1850-1910).

    Benezet Vidal fait ainsi figure de chef de file de la renaissance d’oc en Basse-Auvergne comme le rappelle le critique Camille Gandilhon Gens d’Armes au moment de sa disparition : « ne voyant en Basse-Auvergne plus personne disposé à relever le flambeau, [Vidal] le prit lui-même dans ses mains pieuses et modestes. 1 »

    Benezet Vidal est un écrivain d’expression occitane en dialecte de Basse-Auvergne (occitan auvergnat). Par son œuvre et par son action au sein de l’Escolo de Limagno, il entreprend l’unification et la « restauration » de l’auvergnat dans la tradition de l’action félibréenne et de l’exemple mistralien : rôle central de la littérature et des écrivains associé à un intérêt pour les cultures populaires régionales, organisation d'événements félibréens pour l'illustration publique de la langue.

    Actif au sein de l’organisation félibréenne, il est également en relation avec l'Escòla occitana qui, depuis Toulouse, œuvre au même moment pour l’unification graphique des parlers d’oc en concevant une graphie, dite alors « occitane » 2 , respectueuse de l’étymologie et de la tradition des textes médiévaux. Vidal a définitivement adopté la graphie de l’Escòla occitana lors de la parution en 1926 de son roman La serva (Toulouse : ed. Occitania), choix encore minoritaire chez les écrivains d'oc, et assez audacieux pour qu'il soit fermement soutenu par l’historien et écrivain auvergnat Georges Desdevises du Dézert : « Conformément à l’intérêt véritable de la Renaissance occitane et à la bonne tradition de Vermenouze, il adopte l’orthographe étymologique et rejette la graphie phonétique, qui est - littérairement parlant - une erreur formidable. Nous savons quelle grêle de tuiles peuvent pleuvoir sur notre dos en cette occasion mais nous conterons quelque jour à nos contradicteurs l’histoire de la Renaissance catalane, et ils verront de quel côté sont le sens pratique et la prévoyance de l’avenir »3.


    Benezet Vidal, « Lo Grelet », carte-poème, ed. Seix (Ariège) : Escolo deras Pireneos, vers 1930. Coll. CIRDÒC, IC-F/2. IMG-2 légende : Benezet Vidal, « Lo Grelet », carte-poème, ed. Seix (Ariège) : Escolo deras Pireneos, vers 1930. Coll. CIRDÒC, IC-F/2.

    L’œuvre littéraire

    Benezet Vidal publie dès le début des années 1920 un premier recueil de poésies sur le thème de la vie paysanne, Flours de mountagno (Royan : ed. de la France littéraire) mais il se singularise surtout par une œuvre romanesque, cas assez rare chez les écrivains occitans d’avant-guerre. Paraît en 1926 La serva (1926), roman ayant pour cadre le monde paysan et un conflit familial provoqué par la « serve » (réservoir d’eau permettant l’irrigation des champs), puis en 1930 Un amor : jornau (1930), faux journal intime d’un ingénieur épris d’une jeune paysanne. Il est aussi l’auteur d’un troisième roman Jan Combralha, plusieurs fois mentionné4 dans les bibliographies de l'auteur, mais qui semble être resté à l’état manuscrit.

    Benezet Vidal est aussi l’auteur de l’adaptation occitane du Cid auvergnat, comédie rustique en un acte de Georges Desdevises du Dézert. Cette comédie, représentée lors de la Sainte-Estelle au théâtre de Clermont-Ferrand le 30 mai 1925, a été publiée dans L’Auvergne littéraire et artistique (14, juin-juillet 1925). >> Consultez le tapuscrit sur Occitanica

















    À signaler également Lo veih Clarmont, recueil de poèmes sur Clermont-Ferrand et une Grammaire auvergnate qui sont restés à l'état de manuscrit 5.
    Enfin il a collaboré à de nombreux journaux : L’Auvergne littéraire et artistique, Échos d’Auvergne, L’Avenir, Le Moniteur, La Revue des pays d’Oc, Le Feu, L’Alauza d’Auvernha (à partir de 1929), Almanach chantant de l’Auvergne, etc.



    1. Chroniques - Bibliographies. Auvergne, Cahiers d’études régionales : Histoire, Littérature, Arts. Clermont-Ferrand : Imprimerie G. de Bussac, 1951, n°135, p.51.

    2. GANDILHON GENS D'ARMES, Camille. Un Amor. L’Auvergnat de Paris. 4 avril 1931.

    3. GANDILHON GENS D'ARMES, Camille. La Serva, roman en dialecte auvergnat par Bénézet Vidal, majoral du Félibrige L’Auvergnat de Paris. 17 avril 1926

    4. « Chroniques - Bibliographies » dans : Auvergne, Cahiers d’études régionales : Histoire, Littérature, Arts, Clermont-Ferrand : Imprimerie G. de Bussac, 1951, n°135, p.53

    5. « Collection CIRDÒC, Fonds du Collège d’Occitanie, dossier Bénézet Vidal. Consulter l’inventaire en ligne : http://www.calames.abes.fr/pub/ms/Calames-2014814108134011


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    Fondator e president de l’Escolo de Limagno, elegit Majoral del Felibritge e sòci de l’Escòla Occitana, laureat de l’Academia dels Jòcs Florals, Benezet Vidal foguèt lo promotor màger dels movements de renaissença occitana en Auvèrnha-Bassa pendent la primièra mitat del sègle XX.

    Illustration : Benezet Vidal, coll. Clarmont d’Auvèrnha, Bibliotèca del Patrimòni de Clarmont-Comunitat  ms 1967.

    Identitat

    Formas referencialas

    Vidal, Benezet (1877-1951)

    Autras formas conegudas

    - Vidal, Benoît (nom a l'estat civil)

    - Vidal, Benazet (forma occitanizada non referenciala)

    Elements biografics 

    Benezet Vidal nais a Pontgibaud dins lo Puèi de Doma lo 15 de mai de 1877. Es perceptor a Billom puèi a Lezoux, fonda en 1920 l’Escolo de Limagno. Es entre las doas guèrras un sòci actiu del Consistòri del Felibritge. Clavaire de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Clarmont d’Auvèrnha, se fa conéisser dins lo mitan sabent auvernhat per sas publicacions literàrias e filologicas dins las revistas regionalistas, mai que mai dins L’Auvergne littéraire et artistique.
    Retirat, Benezet Vidal s’installa a Clarmont d’Auvèrnha abans de defuntar pendent un sojorn dins son país natal a Sant-Ors-las-Ròcas, lo 5 d’agost de 1951.

    Engatjament dins la Renaissença d’Òc

    Lo promotor del Felibritge en Auvèrnha-Bassa

    Benezet Vidal es un escrivan d’expression occitana que foguèt un dels artesans màgers del desvolopament del Felibritge en Auvèrnha-Bassa. Fonda lo 11 de julhet de 1920, l’Escolo felibrenca de l’Auvèrnha-Bassa, organiza de Jòcs Florals annadièrs a Clarmont d’Auvèrnha que guerdonan d’òbras literàrias (poesia, pròsa e teatre) en dialècte auvernhat. Benezet Vidal es fòrt actiu per la difusion de la lenga occitana dins l’ensenhament. Organiza en particular un concors escolar cada annada e los regents son convidats a i faire participar sos escolans. En 1936, publica lo « Libret de l’escolan auvernhat », (Clarmont d’Auvèrnha : Ed. de la Mantenença d’Auvèrnha) antologia dels escrivans occitans auvernhats destinada als regents que vòlon ensenhar l’occitan dins sas classas. En 1925, es l’organizator de la Santa-Estèla a Clarmont d’Auvèrnha ont es elegit Majoral del Felibritge, titulari novèl de la « Cigalo Limousino » veusa de Joan-Victor Lalanna (1849 – 1924).

    L’accion e l’òbra literària de Benezet Vidal desvolopa la renaissença d’Òc felibrenca en Auvèrnha-Bassa. Levat Règis Michaliàs (1844 – 1916), pauc d’escrivans avián illustrat la lenga d’òc en Auvèrnha-Bassa (Puèi de Doma, Brivadés) dementre qu’en Auvèrnha-Auta (Cantal) lo movement felibrenc s’èra estructurat tre las annadas 1870 ambe una Escolo Oubernhato, aureolada del renom d’Arsèni Vermenosa (1850 – 1910).

    Benezet Vidal es considerat coma lo primadièr de la renaissença d’Òc en Auvèrnha-Bassa, e lo critic Camil Gandilhon Gens-d’Armes o rapèla al moment de sa despartida : « Ne voyant en Basse-Auvergne plus personne disposé à relever le flambeau, [Vidal] le prit lui-même dans ses mains pieuses et modestes ».1 »

    Benezet Vidal es un escrivan d’expression occitana dins lo dialècte d’Auvèrnha-Bassa (occitan auvernhat). Per son òbra e son accion a l’Escolo de Limagno, entrepren en relacion ambe l’Escòla Occitana l’unificacion e lo reviscoladís de l’auvernhat dins la tradicion de l’accion felibrenca e de l’exemple mistralenc : ròtle central de la literatura e dels escrivans associat a un interès per las culturas regionalas, organizacion d’eveniments felibrencs per l’illustracion publica de la lenga.

    Actiu dins lo sen de l’organizacion felibrenca, es tanben en relacion ambe l’Escòla Occitana que, dempuèi Tolosa, òbra per l’unificacion grafica dels parlars d’òc en concebent una grafia dicha alara « occitana »2 respectuosa de l’etimologia e de la tradicion dels tèxtes medievals. Vidal adòpta definitivament la grafia de l’Escòla Occitana a la parucion en 1926 de son roman « La serva » (Tolosa : Ed. Occitania), causida encara minoritària ençò dels escrivans d’òc, e pro audaciosa per que siá sostenguda per l’istorian e escrivan auvernhat Jòrdi Desdevises du Dézert : « Conformément à l’intérêt véritable de la Renaissance occitane et à la bonne tradition de Vermenouze, il adopte l’orthographe étymologique et rejette la graphie phonétique, qui est - littérairement parlant - une erreur formidable. Nous savons quelle grêle de tuiles peuvent pleuvoir sur notre dos en cette occasion mais nous conterons quelque jour à nos contradicteurs l’histoire de la Renaissance catalane, et ils verront de quel côté sont le sens pratique et la prévoyance de l’avenir »3.


    Benezet Vidal, « Lo Grelet », carte-poème, ed. Seix (Ariège) : Escolo deras Pireneos, vers 1930. Coll. CIRDÒC, IC-F/2. IMG-2 légende : Benezet Vidal, « Lo Grelet », carte-poème, ed. Seix (Ariège) : Escolo deras Pireneos, vers 1930. Coll. CIRDÒC, IC-F/2.

    L’òbra literària

    Benezet Vidal publica tre la debuta de las annadas 1920 un primièr recuèlh de poesias sus lo tèma de la vida païsana, « Flours de mountagno » (Roian : Ed.de la France littéraire), mas se singulariza sustot per son òbra romanesca, cas pro rar ençò dels escrivans occitans d’abans la guèrra. En 1926, pareis « La serva », roman que se situa dins lo monde païsan e que conta un conflicte familhal provocat per la sèrva que permet d’irrigar los camps ; puèi en 1930, « Un amor : jornau », fals jornal intime d’un engenhaire amorós d’una jove païsana. Es tanben l’autor d’un tresen roman « Jan Combralha », mantun còp mencionat4 dins las bibliografias de l’autor, mas que sembla èstre demorat manuscrich. Benezet Vidal a adaptat en occitan « Lo Cid auvernhat », comèdia rustica en un acte de Jòrdi Desdevises du Dézert. Aquela comèdia, representada pendent la Santa-Estèla al teatre de Clarmont d’Auvèrnha lo 30 de mai de 1925, es estada publicada dins L’Auvergne Littéraire et artistique (14, junh-julhet de 1925). >> Consultez le tapuscrit sur Occitanica

















    Cal senhalar tanben « Lo vièlh Clarmont », recuèlh de poèmas sus Clarmont d’Auvèrnha e una « Gramatica auvernhata » que son demorats manuscriches.5
    Puèi a collaborat a mantun jornals : L’Auvergne litteraire et artisrique, Echos d’Auvergne, L’Avenir, Le Moniteur, La Revue des pays d’Oc, Le Feu, l’Alauza d’Auvèrnha, (a comptar de 1929), l’Almanach chantant de l’Auvergne, etc...



    1. Chroniques - Bibliographies. Auvergne, Cahiers d’études régionales : Histoire, Littérature, Arts. Clermont-Ferrand : Imprimerie G. de Bussac, 1951, n°135, p.51.

    2. GANDILHON GENS D'ARMES, Camille. Un Amor. L’Auvergnat de Paris. 4 avril 1931.

    3. GANDILHON GENS D'ARMES, Camille. La Serva, roman en dialecte auvergnat par Bénézet Vidal, majoral du Félibrige L’Auvergnat de Paris. 17 avril 1926

    4. « Chroniques - Bibliographies » dans : Auvergne, Cahiers d’études régionales : Histoire, Littérature, Arts, Clermont-Ferrand : Imprimerie G. de Bussac, 1951, n°135, p.53

    5. « Collection CIRDÒC, Fonds du Collège d’Occitanie, dossier Bénézet Vidal. Consulter l’inventaire en ligne : http://www.calames.abes.fr/pub/ms/Calames-2014814108134011


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    Bibliographie et sources

    - Chroniques - Bibliographies. Auvergne, Cahiers d’études régionales : Histoire, Littérature, Arts. Clermont-Ferrand : Imprimerie G. de Bussac, 1951, n°135, p.51-55.
    - CARRIERES, Marcel, Le roman occitan et catalan : du XVIe au XXe siècle, Revue des Langues Romanes. 1951, p.53, 264.
    - GANDILHON GENS D'ARMES, Camille. La Serva, roman en dialecte auvergnat par Bénézet Vidal, majoral du Félibrige. L’Auvergnat de Paris. 17 avril 1926
    - GANDILHON GENS D'ARMES, Camille. Un Amor. L’Auvergnat de Paris. 4 avril 1931.
    - JUGE-CHAPSAL, Charles. Regards sur la littérature d'oc en Auvergne : De l'âge d'or des troubadours au temps du félibrige. Clermont-Ferrand : G. de Bussac, 1959, p. 73-74.
    - LAFONT, Robert, ANATOLE, Christian. Nouvelle histoire de la littérature occitane : Tome 2. Paris : Presses universitaires de France, 1970, p. 677-679.
    - “Bolegadisa Occitana”, Lo Gai saber. Nov./déc. 1921, n°14, p. 142-143.
    - “ Bolegadisa Occitana”. Lo Gai saber. Juillet/août 1926, p. 253.
    - “Crounico Felibrenco” dans : Armana prouvençau. 1926, p. 8-9
    - Lou Felibrige. n° 111, 1951, p.7
    - Los libres. Oc, 1931, n° 2, p.130.

    Œuvres de Benezet Vidal

    Ouvrages publiés :

    - VIDAL, Benezet. Flours de mountagno = Fleurs de montagne. Royan : Ed. de la France littéraire, [1921?].
    - VIDAL, Benezet. La serva = La serve. Paris ; Toulouse : Occitania, 1926.
    - VIDAL, Benezet, Un amor : jornau = Un amour : journal, Aurillac : impr. Moderne, 1930.
    - VIDAL, Benezet. Libret de l'escolan auvernhat. Éd. de la Mantenensa d'Auvernha, [1936].

    Œuvres inédites :

    - VIDAL, Benezet. Gramatica auvernhata = Grammaire occitane, s. d. [après 1943]. Manuscrit, 2 vol., 266 p. et 226 p. Coll. CIRDÒC, Archius e manuscrits, Fons Collègi d’Occitània.
    - VIDAL, Benezet. Lo vièlh Clarmont, 1942. Manuscrit, 1 vol. 77 p. Coll. CIRDÒC, Archius e manuscrits, Fons Collègi d’Occitània.
    - VIDAL, Benezet. Jan Combralha, 1927. Manuscrit, 1 vol., 205 p. Coll. CIRDÒC, Archius e manuscrits, Fons Collègi d’Occitània.
    Voir toutes les publications de Benezet Vidal référencées dans le Trobador, catalogue collectif de la documentation occitane : Consulter le catalogue en ligne.

    Fonds d'archives et manuscrits de l'auteur :

    La plupart des manuscrits de Benezet Vidal ont été confiés par l’auteur puis ses descendants à Joseph Salvat, chef de file de l’Escòla occitana de Toulouse et président du Collège d’Occitanie. Regroupés dans les collections de manuscrits d’écrivains occitans du Collège d’Occitanie, ils sont conservés au CIRDÒC :

    CIRDÒC - Dpt Archius e manuscrits, Fons del Collègi d’Occitània, dossier et manuscrits de Benezet Vidal :

    - CQ 020/5 : Dossier Benezet Vidal
    Voir la description en ligne sur Calames : http://www.calames.abes.fr/pub/ms/Calames-2014814108134011
    - CQ 189 : Benezet Vidal / Lo vièlh Clarmont
    Voir la description en ligne sur Calames : http://www.calames.abes.fr/pub/ms/Calames-2016412104292951
    - CQ 190 : Benezet Vidal / Jan Combralha
    Voir la description en ligne sur Calames : http://www.calames.abes.fr/pub/ms/Calames-2016412104498181
    - CQ 191 : Benezet Vidal / Recueil de textes manuscrits
    Voir la description en ligne sur Calames : http://www.calames.abes.fr/pub/ms/Calames-2016412114471291
    - CQ 452-453 : Benezet Vidal / Gramatica auvernhata = Grammaire auvergnate
    Voir la description en ligne sur Calames : http://www.calames.abes.fr/pub/ms/Calames-2016412144539211
    - CP 461/19 & CP 461/20
    98 lettres de Benezet Vidal envoyées à Joseph Salvat entre 1924 et 1951
    - CP 608/36
    12 lettres de Benezet Vidal envoyées à Prosper Estieu entre 1922 et 1939


    Fonds complémentaires :
    Réseau de lecture Clermont Communauté. Bibliothèque du Patrimoine (Clermont-Ferrand) : Correspondance de Benezet Vidal et Georges Desdevises du Dezert, quelques poèmes manuscrits (ms. 1463 et 1967).

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    Ismaël Girard (Gensac, Gers, 1898, Toulouse, 1976), médecin, fondateur de la revue ÒC en 1923, acteur majeur de l’occitanisme, membre fondateur de la Société d’Études Occitanes (SEO) en 1930 l’Institut d’Études Occitanes (IEO) en 1945.

    Identité

    Formes référentielles

    Girard, Ismaël (1898-1976)

    Autres formes connues

    < Delfin Dario (Pseudonyme)

    Éléments biographiques

    On sait peu de choses de la jeunesse d’Ismaël Girard à Gensac, près de Montpezat, dans le Gers. Si ce n’est ce qu’il put en dire, brièvement lors d’une interview pour Radio-Toulouse publiée dans la revue Per Noste (n° 20, sptembre-octobre 1970) :

    « La mia origina sociala e familiala se resumeish ende jo per un mot : Gensac. Aquí vivevan en un temps – parli d’aqueth temps que va dinca la guèrra de 14- 18 – on la vita s’anava au briu de las sasons e deus fruts de la tèrra. Sense autò, sense avion, sens radiò e sense television. A l’ostau, lo Gascon, que’u parlavan cada jorn, mesclat au Francès, mitat l’un, mitat l’aute, coma s’escaijèva. Dehòra, guaire ben sonca lo Gascon »

    (Mon origine sociale et familiale se résume pour moi en un mot : Gensac. Là, nous vivions en un temps – je parle de ce temps qui va jusqu’à la guerre de 14-18 – où la vie s’écoulait au fil des saisons et des fruits de la terre. Sans auto, sans avion, sans radio, sans télévision. À la maison, le gascon, nous le parlions chaque jour, mêlé au français, moitié l’un, moitié l’autre, comme cela tombait. Au dehors, guère que le gascon).
    Mobilisé au moment de la Première Guerre mondiale, après plus d’un an « viscut au ras deu Rhin » (vécu au bord du Rhin – Òc n° 217, juillet-septembre 1960) il est envoyé en garnison en Avignon, ce qui est pour lui l’occasion de fréquenter la bibliothèque du musée Calvet et les œuvres félibréennes, de rencontrer Valère Bernard et Pierre Rouquette, mais aussi de découvrir, à travers l’ouvrage de Joaquim Folguera, Les Noves valors de la poesia catalana, la poésie catalane et, dit-il, « qu’aqueth sentiment de dignitat que cercavi ençò de nòste sens poder trobà’u, èra ua realitat viva delà deus Pireneus » (que ce sentiment de dignité que je cherchais chez nous sans pouvoir le trouver, était une réalité vivante de l’autre côté des Pyrénées – Ibidem).
    Démobilisé, il entreprend des études de médecine à Toulouse et obtient son doctorat de médecine en 1926. Il s’installe alors à Toulouse pour exercer son métier d’une manière apparemment particulière, comme le relève un autre médecin, Max Rouquette, dans l’hommage qu’il lui rend dans le numéro 256 d’Òc :

    « Metge, diguèt encara NON a la medecina oficiala, desumanisada, emmandarinada, en causiguent d’èstre aquí encara l’eretge que tant e tant de malautes venguts de l’Occitania tota venián veire per i atrobar garison, paraula umana e consolament »

    (Médecin, il dit encore NON à la médecine officielle, déshumanisée, emmandarinée, en choisissant d’être là encore l’hérétique que tant et tant de malades venus de toute l’Occitanie venaient voir pour trouver guérison, parole humaine et consolation ).
    Il semble aussi qu’il se rapproche en ce début des années 1920 de l’Action Française ainsi que le révèle une de ses lettres à Pierre Rouquette en date du 16 octobre 1921 :

    « Ah ! oui, quelle belle œuvre ils font en Catalogne ! À les connaître et à les mieux connaître j’ai éprouvé autant de satisfaction et de joie libératrice que le jour où j’ai connu l’Action Française. »
    Mais l’activité essentielle de Girard est, tout au long de sa vie, tournée vers l’occitanisme.

    Engagements dans la renaissance d’oc

    La révélation, pour Ismaël Girard, ainsi qu’il l’explique dans le numéro 210 de la revue Òc (octobre- décembre 1958), a lieu dès l’école. Après s’être fait taper sur les doigts quand il parlait patois en primaire, il découvre dans le secondaire le cours de gascon dispensé par Léopold Médan aux élèves de 6ème et de 5ème : « […] que’m dèc çò qu’aperam lo « huec sacrat » qu’es devengut lo huec sacrat occitanista » ([...] il me donna ce qu’on appelle le « feu sacré » qui est devenu le feu sacré occitaniste).
    Après sa démobilisation, toujours passionné par la langue et la culture gasconnes, il entre en contact avec le Béarnais Michel Camélat avec lequel il se lie d’amitié et commence à collaborer épisodiquement à la revue félibréenne béarnaise Reclams de Biarn e Gascougne. Il devient par ailleurs secrétaire-adjoint de L’Escòla Occitana, école félibréenne qui vient de se créer à Toulouse. C’est aussi à cette époque qu’il rencontre Camille Soula, professeur de physiologie mais aussi ami d’Antonin Perbosc et passionné de littérature et d’arts et qui, comme Girard, est fort sensible à l’exemple catalan. C’est ensemble que, avec Perbosc et Déodat de Séverac, ils fondent en 1923 la « Ligue de la Patrie Méridionale » qui entretient des liens avec le « Comité d’Action des Revendications Nationales du Midi » créé l’année précédente en Provence notamment par Joseph d’Arbaud et Frédéric Mistral-Neveu.
    Si cette expérience aboutit assez rapidement à un échec, y compris pour ce qui est d’une de ses émanations qui semblait la plus prometteuse, La Ligue pour la Langue d’Oc à l’École menée par Jean Bonnafous, la fin de l’année 1923 est un tournant majeur pour Ismaël Girard et pour l’occitanisme. En effet, en septembre 1923, après le coup d’État militaire de Primo de Rivera en Espagne, Antoni Rovira i Virgili, Leandre Cervera et Lluis Nicolau d’Olwer, les leaders du parti catalaniste Acció Catalana, pourchassés par le nouveau pouvoir, se réfugient à Toulouse chez Camille Soula. De cette rencontre naît le projet du journal Òc, dont le premier numéro paraît le 27 janvier 1924. Culturel, revendicatif, mettant en avant l’exemple catalan et laissant une place de choix aux catalanistes dans ses colonnes, Òc se veut, comme le note Jean-Frédéric Brun, « l’organe de combat de la renaissance culturelle et linguistique des pays d’oc » (Jean-Frédéric Brun, « Ismaël Girard à travers sa correspondance avec Max Rouquette (I) », Les Cahiers Max Rouquette, n° 4, mais 2010, p. 70-73).
    Cette proximité avec le catalanisme donne l’occasion à Girard de diffuser encore plus largement son message. En particulier par le biais de la revue culturelle catalane de Sitges L’Amic de les Arts dont le directeur Joseph Carbonell i Gener lui confie la composition d’un numéro spécial publié en 1927 et consacré à la culture occitane qui aura un grand retentissement, tant en Catalogne que du côté occitan.
    En 1930, c’est encore avec Carbonell i Gener et avec Louis Alibert, autre catalanophile travaillant seul à la normalisation de la langue d’oc en s’appuyant sur l’exemple catalan, qu’Ismaël Girard fonde la Société d’Études Occitanes.
    Accaparé par son métier, Girard prend un peu de recul dans les années suivantes mais s’évertue tout de même à porter la voix de l’Occitanie au travers notamment d’une collaboration régulière avec la revue médicale catalane de Leandre Cervera, La Medicina Catalana, dans laquelle il tient une rubrique intitulé « Occitania medica ». En 1939 lorsque Carbonell entreprend de développer les activités de la SEO, Ismaël Girard reprend du service. Il participe à l’accueil d’intellectuels catalans réfugiés à Toulouse à la suite de la défaite de la République espagnole et du gouvernement autonome catalan de la Generalitat, action dont Soula est le maître d’œuvre.
    On retrouve Ismaël Girard aux affaires après la défaite de la France en 1940 et l’arrivée au pouvoir du maréchal Pétain. Girard reprend alors les commandes d’Òc dont il avait provisoirement abandonné le titre, pour une édition de guerre, à Pierre-Louis Berthaud, et est à l’origine d’une requête conjointe des félibres et occitanistes au Maréchal dans le but de voir la langue d’oc enseignée à l’école. Le semi-échec de cette tentative de profiter de la conjoncture pour faire avancer la cause de la langue d’oc qui aboutit à ce que Girard appellera dans Òc (numéro d’été de 1942) « la pallishòta reforma Ripert-Carcopino » marque la fin des tentatives de Girard d’obtenir quoi que ce soit du régime de Vichy. En 1943, Girard quitte Toulouse – Robert Lafont, dans ses Pecics de Mièg-sègle – dit qu’il devient médecin d’un maquis et, au printemps 1944 il s’installe à Saint-Saturnin, près d’Aniane, dans une maison inoccupée appartenant à la famille de Max Rouquette.
    De retour à Toulouse vers la fin de 1944, Ismaël Girard entend encore profiter des événements et de la conjoncture politique pour mener à bien un projet qui lui tient à cœur depuis les années 1920, la création d’un Institut d’Études Occitanes. Avec l’aide d’un Camille Soula auréolé d’une gloire de résistant actif et ami de Tristan Tzara et de Jean Cassou qui a manqué devenir commissaire de la République, et malgré l’arrestation de Louis Alibert accusé de collaboration et de la dénonciation ayant entraîné l’exécution d’un résistant et qui risque d’éclabousser l’occitanisme, Girard tente même d’obtenir la dissolution de l’Académie des Jeux Floraux avec laquelle il a maille à partir depuis les années 1920. L’IEO est finalement officiellement créé en avril 1945 lors d’une réunion solennelle tenue dans l’amphithéâtre de la faculté de Lettres de Toulouse en présence de Pierre Bertaux, commissaire de la République ; Jean Cassou en est le premier président et Ismaël Girard en devient provisoirement le secrétaire général.
    S’il reste toujours en retrait, Ismaël Girard, de 1945 à 1964 (qui voit la scission de l’Institut entre les tenants d’une voie économiste et politique menée par Robert Lafont et ceux d’une voie culturaliste emmenée par Girard, Bernard Manciet et Félix-Marcel Castan) est, de l’avis de tous, celui qui tire les manettes de l’IEO. Il est son éminence grise, mais aussi son financier, qui assure des rentrées d’argent dans les caisses pour le fonctionnement de la revue ÒC et de l’Institut, y compris sur ses fonds personnels.
    Prêt à s’effacer pour laisser les jeunes mener l’action, il est celui qui met le pied à l’étrier de Robert Lafont, Félix-Marcel Castan, Hélène Cabanes ou Pierre Lagarde et les encourage à s’engager dans l’Institut. Mais homme d’action lui-même, il met aussi en place en 1956 avec Pierre-Louis Berthaud et Robert Lafont la revue Occitania, hors de l’IEO auquel elle est cependant liée par les hommes, dont l’objet est de s’éloigner de l’intellectualisme des Annales de l’Institut d’Études Occitanes pour fournir aux Occitans un journal accessible et éclectique touchant à tous les domaines, économique, culturel, sportif... en mettant en avant la spécificité occitane.
    Après la scission des années 1960, Ismaël Girard reste en retrait de l’Institut d’Études Occitanes qu’il a fini par quitter, mais continue la publication de la revue Òc jusqu’à sa mort en 1976.

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    - ABRATE, Laurent. 1900-1968. Occitanie, des idées et des hommes, IEO, Textes et documents, 2001

    - ANATOLE, Christian. « Ismaël Girard ». Gai Saber, n° 388, octobre 1977, pp. 160-163

    - BRUN, Jean-Frédéric. « Ismaël Girard à travers sa correspondance avec Max Rouquette ». Les Cahiers Max Rouquette, n° 4, mai 2010 (pp. 70-73) et n° 5, mai 2011 (pp. 30-38)

    - DUPUY, André. L’année en Occitanie 1976. A. Dupuy, 1977

    - LAFONT, Robert. Pecics de Mièg-sègle, Federop, 1999

    - Òc n° 256, hiver 1976, contenant les hommages à Ismaël Girard de René Nelli, Jean Cassou, Max Rouquette, Marcel Carrière, Joseph Villalon, Max Allier, Jacques Taupiac, Jean-Pierre Tardieu, Christian Anatole et Jòrgi Reboul.

    - ROUQUETTE, Pierre. « Ismaël Girard ». Gai Saber, n° 393, janvier 1979, pp. 345-350

    - TAUPIAC, Jacme, « Entrevista dab Ismaël Girard », Per Noste, n° 20, septembre-octobre 1970, p. 8-10

    Archives et manuscrits

    - Correspondance passive d’IG est conservée dans les archives du Collège d’Occitanie. CIRDÒC Béziers cote CQ 521 à CQ 626

    - Archives de Pierre Rouquette (Fonds privé)

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