Hélène Gracia-Cabanes (Hérault), 16 juillet 1919 – 19 novembre 2010 (Hérault), institutrice, pédagogue, militante de L’École Moderne, fondatrice du Grop Antonin Perbosc, membre de l’Institut d’Études Occitanes, cofondatrice de la revue L’Ase Negre, Présidente d’honneur de la Calandreta dagtenca.

Identité

Formes référentielles

Gracia, Hélène (1919-2010)

Autres formes connues

- Cabanes, Elèna (forme occitane du nom)

- Cabanes, Hélène (nom de naissance)

- Gracia, Elèna (forme occitane du nom)

Éléments biographiques

Fille unique d’une famille bilingue de viticulteurs modestes de Servian, elle intègre l’Ecole Normale de Montpellier en automne 1936. Reçue institutrice en juillet 1939, elle est affectée à Roujan comme remplaçante du directeur de l’école, alors mobilisé, Marcel Valière, enseignant anarcho-syndicaliste ; il dirigeait la branche « syndicalisme révolutionnaire-lutte des classes » de la Fédération Unitaire de l’Enseignement (FUE)1 dont la revue créée à l’époque en 1910 et regroupant les éléments anarcho-syndicalistes de l’époque s’intitulait l’École Émancipée.

Le contact avec Valière va être déterminant pour la jeune institutrice, déjà influencée par les idées de sa famille (anticléricalisme, pacifisme, féminisme de sa mère). Tout au long de sa vie, elle a été une militante active de l’École Émancipée au Syndicat National des Instituteurs (SNI)2.

C’est par le syndicalisme qu’elle a découvert Célestin Freinet et l’École Moderne.

Engagement dans la renaissance d'oc

C’est alors qu’elle fréquente l’École Normale qu’elle commence à s’intéresser timidement à la langue d’oc après avoir lu Mirèio de Mistral et avoir choisi comme sujet de travail personnel dans le cadre de la préparation du Brevet Supérieur « langue et littérature languedocienne ».

Une fois en poste, elle continue à se passionner pour la langue et la culture occitane. Elle entre en relation en 1943 avec Charles Camproux qui vient juste d’être professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier. Celui-ci va l’inciter à rassembler les jeunes instituteurs de l’école laïque intéressés par la langue d’oc (le futur Groupe Antonin Perbosc) et à rejoindre les jeunes occitanistes d’après-guerre. Elle entretient par ailleurs à cette époque (1943-1944) une correspondance avec Honoré Bourguignon, félibre varois espérantiste et adhérent du mouvement Freinet. Premier cadre féminin de la Société d’Études Occitanes (SEO) puis de l’Institut d’Études Occitanes (IEO), elle va, avec ses deux amis Léon Cordes et Robert Lafont, créer la revue l’Ase Negre, organe politique officieux du nouvel IEO. Elle en sera la cheville ouvrière, assurant l’administration, l’envoi et, au début, l’impression de la nouvelle revue sur l’imprimerie de son école d’Abeilhan. Parallèlement, elle est une militante syndicale active et Marcel Valière vient la chercher pour entrer au Conseil syndical du Syndicat National des Instituteurs (SNI) où certains de ses collègues lui feront mieux connaître l’École Moderne de Célestin Freinet.

Dès 1946, alors qu’elle est en poste à Abeilhan dans l’Hérault, elle commence à appliquer les méthodes Freinet à son enseignement et y introduit parallèlement (autant que faire se peut) l’occitan. Elle rassemble autour d’elle ses collègues instituteurs intéressés par la langue autour d’une structure, le Groupe Antonin Perbosc dont va découler la Section Pédagogique de l’IEO (1951-1966) et ses parutions : d’abord les Bulletins Pédagogiques jusqu’en 1956 puis les Cahiers Pédagogiques. Les Centres Régionaux d’Études Occitanes (CREO), seront créés en 1966, pour mieux coller aux différentes académies, par son amie Denise Imbert, dernière rédactrice des Cahiers Pédagogiques.

Dès le début, la pédagogie développée par le Groupe Antonin Perbosc s’inspire de l’École Moderne de Freinet. En 1949, la Garba Occitana, compilation de travaux de collégiens, voit le jour sur le modèle de La Gerbe3 de Freinet. Le travail d'Hélène Cabanes Gracia, clairement fondé sur les méthodes de l'Ecole Moderne, a été fondamental pour le développement de l'enseignement de l'occitan après la guerre de 39-45.

Jusqu’à sa retraite de l’enseignement en 1974, Hélène Cabanes-Gracia est de tous les combats : autour de la langue en collaborant aux Bulletins Pédagogiques (elle est au Comité de Rédaction avec ses amis Charles Camproux, Raymond Chabbert, Robert Lafont, Pierre Lagarde...), aux Cahiers Pédagogiques qu’elle dirige de 1960 à 1964 puis à Vida Nòstra et à l’organisation des stages pédagogiques où se tissaient les liens entre enseignants…

On notera aussi sa participation à la fondation du MLCR (Mouvement laïque des cultures régionales) et le travail de liaison qu’elle organise autour de son ami Raoul Bayou alors député de l’Hérault (et ancien membre du Groupe Antonin Perbosc) et le MLCR avec l’instituteur breton Armand Keravel et Robert Lafont en vue de déposer un projet de loi pour les langues régionales. Retirée à Agde où elle avait fondé le Cercle occitan dagtenc en octobre 1977 tout en préparant les lycéens à l’épreuve facultative d’occitan au bac, elle fait éditer trois livres : La cosina dagtenca, Contes e racontes del país dagtenc, de Paulona Duconquéré, adhérente du cercle occitan, en quelque sorte mémoire vivante de la vie agathoise d’autrefois. Le troisième est la réédition partielle d’une œuvre de l’écrivain agathois du XIXe siècle Balthazard Floret, La Borrida Dagtenca. Elle participe à la fin de sa vie à la création de l’école Calandreta Dagtenca en 2002.

Hélène Cabanes-Gracia, surtout connue pour ses livres pédagogiques destinés aux enseignants d’occitan et avant tout pour son action et ses articles en faveur de l’enseignement de la langue occitane, s’est aussi essayée à la littérature sous forme de nouvelles (six nouvelles répertoriées dans les revues Viure et Òc).


1. La FUE sera la seule branche de la CGTU à échapper au processus de stalinisation d’avant-guerre. Lors de la réunification de 1936 entre la CGT et la CGTU, c’est Marcel Valière qui négocie, au nom de la FUE, la réunification avec la branche rivale, la Fédération Générale de l’Éducation (FGT) incorporée à la CGT de tendance réformiste pour créer la Fédération de l’Education Nationale et en dirigera la tendance syndicalisme-révolutionnaire-lutte de classes sous le nom d’École Émancipée ; c’est encore lui avec un autre syndicaliste, René Bonissel, qui va 1948 assurer l’autonomie de la FEN en refusant la nouvelle scission entre CGT et CGT-FO. l’École Émancipée continuera être une des tendances de la FEN regroupant l’extrême gauche non communiste de l’époque dont les libertaires.  

2. L'École émancipée (l'EE) peut se prévaloir du titre de plus ancien courant du syndicalisme français, puisque sa revue a été créée en 1910 comme organe de la Fédération des membres de l'enseignement laïque (FMEL) affiliée à la toute nouvelle CGT. Elle est à l'époque marquée par l'anarcho-syndicalisme. De 1921 à 1936, ses militants ont animé et dirigé la Fédération Unitaire de l'Enseignement de la CGTU : en pleine "bolchévisation" de la CGTU voulue par la direction stalinienne du PCF, elle a été la seule fédération oppositionnelle de cette confédération réussissant à se maintenir majoritaire jusqu'à la réunification CGT-CGTU. C'est alors Marcel Valière, son nouveau secrétaire général, qui négocie la réunification des Fédérations de l'enseignement. De 1948 à 1992, elle a été la « 3e tendance » de la FEN derrière la majorité autonome (UID) et les cégétistes d'Unité et action. En 1948, Marcel Valière contribua avec l'autonome René Bonissel à faire passer la FEN dans l'autonomie en rédigeant la motion qui refusait de choisir entre la CGT dominée par les communistes et la nouvelle confédération Force ouvrière. Elle a longtemps rassemblé l'ensemble des courants d'extrême-gauche au sein de la FEN dont l'EE est réputée proche, mais elle a aussi attiré des militants pédagogiques (en particulier du mouvement Freinet).

3. La Garba est un travail de l’ICEM qui réunit des instituteurs occitanistes.

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Ouvrages pédagogiques

  • Pels camins del país, (Cahiers Pédagogiques n°33), IEO, Toulouse 1966, réédition CEO, Toulouse, 1975.
  • Lecturas occitanas, IEO, Toulouse, 1969.
  • Lecturas occitanas (fichas de trabalh), IEO, Toulouse, 1972.
  • Poésies pour les écoliers occitans (Cahiers Pédagogiques n°59-60) IEO, Laurens, 1973, réédition CEO, Montpellier, 1975.
  • Chants pour les écoliers occitans (Cahiers Pédagogiques n° 60-61), IEO, Laurens, 1973.

Romans, contes et nouvelles 

  • « Reviudança », nouvelle, Oc, n° 205-206, 1957.
  • « Lo paure òme », conte, Cahiers Pédagogiques n° 5, 1958.
  • « L’escorreguda », conte, Oc n° 225, 1962.
  • « Lo viòl », conte, Viure n° 7, 1966.
  • « La cavala », conte, Viure n° 8, 1967.
  • « Lo vudel », conte, Oc n° 19, 1983.

Il convient d’ajouter de nombreux articles touchant à la pédagogie, à la politique, au féminisme, au syndicalisme dans de nombreuses revues dont l’Ase Negre, les Bulletins Pédagogiques de l’IEO, les Cahiers Pédagogiques de l’IEO, Vida Nòstra, Viure, l’École Émancipée, Lenga e país d’oc…)

Éditions du « Cercle occitan dagtenc » sous la direction d’Hélène Gracia 

  • Racòntes dal país dagtenc, Paule Duconquéré, Cercle Occitan Dagtenc, Agde, 1982.
  • La cosina del país d’Agde, Paule Duconquéré, Cercle Occitan Dagtenc, Agde, 1987.
  • La borrida dagtenca, Balthazard Floret, Cercle Occitan Dagtenc, Agde, 1994. (Recueil de poèmes, réédition partielle en graphie normalisée).

Collaboration à des revues (soit comme membre du Comité de rédaction, soit comme administratrice ou directrice) 

  • L’agaça canta, journal scolaire. Abeilhan, 1946-1949. Gérante.
  • L’Ase Negre, revue de la jeunesse occitane. Abeilhan 08/46 - 12/47. Administratrice. (gestion, tenue des adhésions, envois…).
  • Occitània, revue de la jeunesse occitane. Abeilhan , 01/48 - 04/49. Administratrice. (gestion, tenue des adhésions, envois…).
  • La Garba Occitana, lien des journaux scolaires de l’École Moderne, Abeilhan et Soulages-Bonneval, 1949 – 1951. Gérante et co-gérante.
  • Escòla e Vida, journal du Groupe Antonin Perbosc. Abeilhan 1946 – 1949. Gérante.
  • Bulletin Pédagogique de l’IEO, revue de la section pédagogique de l’IEO. Toulouse, 02/51-06/1956.
  • À la volette, journal scolaire. Lodève, 09/52-06/1954. Gérante.
  • Cahiers Pédagogiques de l’IEO, revue de la section pédagogique de l’IEO. Toulouse, 09/56 – 1973. (Directrice du n° 12 à 15).
  • Vida Nòstra, Toulouse, 1971 – 1974.

Sources :

Ouvrages 

  • Abrate Laurent, Occitanie 1900-1968. Des idées et des hommes, Toulouse, IEO, 2001.
  • ICEM, Un instituteur : Célestin Freinet, Cannes, CEL, 1979.
  • Toti Yves, Òc, Pèlerin de l’absolu, Mouans-Sarthoux (06), OC, 1996.

Revues 

  • Martel Philippe, « Chronologie de l’histoire de l’IEO » Estudis occitan, n° 18, 1995.

Thèses et mémoire 

  • Canales, Philippe, Itinerari d’una ensenhaira occitana, Elèna Cabanas-Gràcia 1919-2010, Mémoire de Master, Université Paul valéry, Montpellier, 2012.
 

Correspondances 

  • CIRDOC, Béziers. Lettres prêtées personnellement par Hélène Cabanes.

Ressources électroniques

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Christian Laux, de culture scientifique, s’engagea très tôt dans l’occitanisme, notamment au sein de l’IEO. Il s’occupa de plusieurs revues et rédigea, outre des récits pour une large part d’inspiration autobiographique des dictionnaires de langue qui font référence.

Identité

Formes référentielles

Laux, Christian (1934-2002)

Autres formes connues

- Laus, Cristian (forme occitane du nom)

- Laus, Crestian (forme occitane du nom)

Éléments biographiques

Christian Laux est né en 1934 à Lugné, commune de Cessenon (Hérault) dans une famille de viticulteurs. Après ses études au lycée de Béziers, puis en math-sup, math-spé à Montpellier, il est admis à l’École des Mines de Paris et à L’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (Paris puis Cachan). Souhaitant revenir au pays et exercer un métier centré sur les relations humaines, il choisit l’ENSET.

Abonné à la revue ÒC, il est ainsi informé du stage occitan d’Uzès de 1956 auquel il participe ; il y rencontre Robert Lafont, Jean Boudou, Pierre Bec, Serge Bec, Charles Camproux (son ancien professeur de français), Éliane Gauzit, Aimé Serres, Raymond Chabbert… C’est pour lui une découverte.

Il se marie, effectue le service militaire puis enseigne la physique au lycée technique d’Albi et, par la suite, assure des cours d’occitan. Il mènera de front enseignement, recherches, publications, responsabilités associatives…

Il meurt à Albi le 4 février 2002.

Engagement dans la renaissance d'oc

Il a été président de l’IEO du Tarn à deux reprises, président de la Société des Amis de Jean Boudou et organisateur du colloque de Naucelle de septembre 1985, collaborateur de revues occitanes (L’Occitan, Occitans !, Lo Gai Saber, Mesclum, Vent Terral), de la Revue du Tarn et d’Albi Mag, chef-rédacteur de l’Occitan de 1995 à 2002, producteur d’émissions à Radio Albigés, membre du CAOC, animateur d’ateliers de langue et de stages.

Cheville ouvrière du CREO du Tarn, il en est le premier président de 1988 à 1995 ; c’est durant ce mandat que sont créées en 1989 les premières écoles bilingues à Albi et à Saint-Affrique. Il est présent lors de la création de l’association ÒC – BI (association des parents d’élèves bilingues de l’enseignement public) en 1998. Conscient qu’il faut créer des outils adaptés à un nouveau public, il travaille à son dictionnaire FRANÇAIS – OCCITAN de 1990 à 1997. Il poursuit avec la réalisation du dictionnaire OCCITAN - FRANÇAIS.

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Publications

  • Martin de Castanet en Egipte, Bande dessinée illustrée par François Piquemal, Vent Terral, 1976.
  • La Coa de la cabra, Vent Terral, 1978.
  • Albigés País occitan, Section du Tarn de l’IEO / CIDO, 1980.
  • Les Troubadours dans l’Albigeois, Revue du Tarn, 1982.
  • Martin de Castanet al pont d’Arcòla, Bande dessinée illustrée par Capelon, Vent Terral, 1984
  • Nadals (avec Daniel Loddo), IEO / La Talvera, 1986.
  • Marianne, l’occitane de Puylaurens, (avec Paul Hormière), Loubatières, 1987.
  • « Henry Paschal de Rochegude (1741 – 1834) et la langue occitane de son temps », Revues du Tarn 135, 136, 138, 139, 1989-1990.
  • Langue et Littérature Occitanes, Tarn, Bonneton, 1991.
  • Garriguenc, IEO A Tots, 1996.
  • Dictionnaire Français – Occitan, Section du Tarn de l’IEO, 1997.
  • « L’occitan, langue du droit dans le milieu des notaires de l’Albigeois au XVIe siècle », Pouvoir et société en pays albigeois, Presses de l’Université des Sciences Sociales de Toulouse, 1997.
  • Los uèlhs de l’anhèl, IEO A Tots, 1999.
  • Dictionnaire Occitan – Français, Section du Tarn de l’IEO, 2001.
  • Joan Delcaire, IEO A Tots, 2003.

Participation à d’autres éditions

  • Josèp Daubian, Òbras complètas (avec Raymond Chabbert et Jean Thomas), IEO, 1982.
  • Clardeluna, Lison, IEO A Tots, 1986.
  • Letras de Joan Bodon a Enric Mouly, Société des Amis de Jean Boudou, 1986.
  • Répertoire toponymique et ethnographique des communes du Tarn, IEO Section du Tarn, 1988.
  • Jan Laurés, Los secrets de la vendémia, IEO Section du Tarn, 1988.
  • Célestin Boyer, Contes del Pepin, IEO Section du Tarn, 1993.
  • Josèp Chauvet, Flors d’Amor, IEO Messatges, 1998.

Sources

  • - On consultera évidemment la collection de L’occitan, qu’il dirigea de 1995 à 2002 et qui n’a pas survécu à son rédacteur principal.
  • - Christian Laux a fourni des éléments d’inspiration autobiographique dans La Coa de la cabra sous le nom de Fabian Cròs, et surtout dans Los uèlhs de l’anhèl.
  • - Omenatge a Christian Laus (1934-2002), Jornada del 4 de febrier de 2012, organisée par l’IEO du Tarn et le Centre Culturel Occitan de L’Albigeois, brochure éditée per l’IEO Tarn, s.l.s.d. Interventions de Serge Gayral, Raymond Ginouillac, Bernard Lescalier, Robert Marti, Gilbert Mercadier, Christine Pujol, Yves Rouquette, Michel Tayac, Jean Thomas.
  • Sa famille conserve sa bibliothèque et ses documents de travail, notamment dans des domaines qui auraient pu, par la suite, donner lieu à des publications (l’œuvre d’Henri Paschal de Rochegude, le Nouveau Testament cathare de Lyon, la présence de l’occitan dans la presse tarnaise…).
  • Les manuscrits de Joseph Chauvet ainsi que les recherches complémentaires qu’il a menées ont été déposés au CIRDOC.
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