Léon Grenaille était agriculteur. Il écrivait des poésies en langue d'oc, dans la variante langadocienne del sud Périgord, publiées dans les recueils Ol Perigor négré et Qualcos espigos, dont deux, Mon gobelet et Moun poï, furent mises en musique par Jean Darquier (Sarlat, 1908). Mon poï fut chanté à l'Opéra de Paris par Robert Cousinou, chanteur lyrique baryton et poète (entré à l'Opéra de Paris en 1913). Cent ans après, les Périgourdins chantaient encore cette chanson.


Identité 


Formes référentielles :

Grenaille, Léon (1850-1920)

Autres formes connues :

Grenalha, Leon (Forme occitane du nom)

Éléments biographiques 

Sur son acte de naissance, Léon Grenaille est appelé Pierre Grenaille, fils de Géraud Grenaille et de Suzanne Lagugie qui habitaient au Port de Grolejac ; Son nom de baptême fut changé au cours de sa vie, comme c'était la mode à cette époque-là.
Il naquit à La Pontonnerie de Carsac (Dordogne) le 5 juillet 1850, dans une famille d'origine locale ; les Grenaille y habitaient depuis la Révolution ; c'était une auberge ancienne, relais de poste qui se trouvait en face du port de Grolejac installé sur l'autre rive. Le poète trouvait son inspiration dans la vie près du fleuve.
Il était issu d'une famille rurale, paysans depuis de nombreuses générations. Il se maria avec une fille qui venait aussi du milieu rural. Son arrière-petit-fils, interrogé le 20 août 2020, n'a pas pu donner d'informations quant à sa scolarité dans les années 1850-1870, ni même quant à ses diplômes. Il aurait pu fréquenter une des écoles primaires communales non gratuites créées par Guizot en 1833, ou, comme d'autres de la même génération, suivre des leçons du curé de son village.
Il ne fit pas le service militaire, ni la guerre de 1870-1871, sa famille paya un remplaçant afin de le garder pour le travail de la ferme (Le service durait sept ans). Ce qui implique que sa famille avait les moyens de payer ce remplaçant. 
Léon Grenaille mourut le 19 mars 1920 à Grolejac (Dordogne). Dans sa nécrologie sur le journal L'Union sarladaise1 qui avait publié ses poèmes, au nom de la Société des Vétérans du canton de Carlux, le docteur Dupiellet, maire de Carlux, le dit « animé du plus pur esprit de justice et de solidarité » et communique aussi le discours prononcé par Monsieur Sarrazin, un temps médecin à Grolejac où il commença une carrière politique comme conseiller municipal, puis maire de Sarlat, puis député. À la lecture de ses poèmes, il semble que le positionnement politique de Léon Grenaille s'accommodait avec celui de son ami Sarrazin qui avait évolué des Républicains plutôt de gauche aux Radicaux Socialistes. Son arrière-petit-fils ne sait pas si Léon était adhérent au parti, mais il le dit engagé dans la lutte pour la séparation de l'Église et de l'État (1901), en opposition au lycée Saint-Joseph de Sarlat tenu par des Jésuites. Il dénonçait la condition des paysans de son temps, prolétarisation et perte de la vie saine à la campagne, qui les obligeait à aller travailler en usine pour arriver à vivre décemment. Remarquons cependant dans son poème Lo poulitico del poysan cité ci-après une pique contre Jaurès.

Engagements dans le renaissance d’oc 

Léon Grenaille lisait des écrits en langue d'oc puisqu'on trouve son nom à l'intérieur de la couverture d'un exemplaire du livre D'al brès a la toumba1, poème en douze chants de l'abbé Justin Bessou2.

Il aimait les poètes Mistral et Jasmin :

Oh! S'obioy dé Mistral lo plum'olerto et fino...
Sé Jasmin, aoutrescot, éro possat oyssi
S'orrestabot cosset!
Soun amo to sonsiblo; sos pensados divinos
doban ton fluvé pur et toun cel esclorzi,
Oourio fat cen couplets3.

Un coin del Périgor, in Périgor Négré, p. 101.

Il écrivait des vers où il mettait en scène son amour du pays et le culte de la liberté, le travail des paysans, la nature, les saisons, l'amitié, l'amour de la patrie et des thèmes d'actualité. 
Il vécut les événements de la guerre franco-prussienne dans Les Mobiles de la Dordogne et écrivit un poème quand les navires français allèrent saluer à Kiel l’empereur Guillaume d’Allemagne : O perpau de Kiel4.
Il fut un patriote enthousiaste et un républicain sincère. Il exprimait ses idées politiques dans ses poèmes, par exemple en mars 1894 dans Lo poulitico del poysan5 (in Ol Perigor Négré p.69):

Quant o fa soun merca, lou dissaddé o lo bilo,
Qué li resto un soou ol foun de soun poutzou :
Otzato un tzournolet, oun lo phraso poulido,
Li dono o réfletzi, bien may qué dé rojou.

Lou principé, per el, bol pas lou discuta ;
Soun idéyo es esquélo. Et ré li coustorio
Sé lo menaou un tzour so bieillo liberta
Pu léou sul sol Froncé, li doyssorio lus o.

Mais ço qué counpren pas ; qué soun cerbel estré,
N'o pas pongu sozi, malgré so boulounta;
Qu'os tout oquéou discour, qu'oboutissoun o ré
Mas o ogri l'espri et o tout rétorda.

Bourlio per bien zou diré, sans toutzour li tourna :
Qué los proumessoy fatzo siosquessou plo tengudo,
Per oquel que doban d'estré lou députa,
Nous obio proumétu loy réformo ottendudo.

Qué nous obion pas dit, yo bé bint an d'oco ?
Qué lou poysan biourio de la manno del cel ;
Qué sério rey sus terro, qué l'atzé d'or bendrio;
Qué li monquorio rés, dusco din lou tounbel!

Soun espoir, bien souben es portit en fumado !
Mais malgré tout oco, ès toutzour résigna.
So grando enbitiou: lo terro soménado,
Li proumet din l'estiou uno récolto en bla.

Lo poulitico et del soun pas fat per s'entendré ;
Et sé n'obio rés pu per gorni soun gronié
Poudrio sorra lu flan et sé pressa lou bentré,
Car n'engroyssorio pas déou discour de Jauré.

Boudrio pus tan de mou, préférorio déous acté ;
Li corlio un paou d'ortzen per douna o sus éfon.
Qué lou goubernomen, per dès proucéda satzé,
Opliquès un inpo, o tout oquéou qué n'on.

S'occupoun pas trot d'el ; counessoun so possinço,
Soun corotari dou, esprouba bien souben,
O dounat o la Franço, din dès tzour de démenço,
dé los probo d'omour, o may d'otatzomen.

Quan bay médre ol mé d’o tzus un soulel dé ploun;
Qué dé soun froun, lo suour, tombo sans pu féni,
L’omé déu loubi d’or, fay donsa lu milioun  
O l’oumbro dès polay san crogna lou sondi

Per bien résuma, touto so poulitico,
Su dézir, soun espoir et touto so fierta:
Montène en soun poï lo grando Républico,
Qué d'aoutrès pu molin doyssorion escopar !6

D’autres poèmes sont souvent dédicacés à des amis ou à des occasions particulières. Et il aime mettre en scène son Périgord aimé, comme dans Mon po, mis en musique par Jean Darquier, qui était professeur de musique au collège Saint-Joseph de Sarlat, organiste à la cathédrale de Sarlat et compositeur de mélodies et de pièces pour pianos. La chanson fut chantée surtout dans sa province et même jusqu’à l’Opéra de Paris par Robert Cousinou, chanteur lyrique baryton et poète. Le journal local L’Union Sarladaise publiait les poèmes de Léon Grenaille.

Dans le discours que Jean de Boysson lut le 10 juillet 1932 à la 23e félibrée du Bornat del Perigòrd à Sarlat, on apprend que Léon Grenaille en était membre en tant que maître-ouvrier. Ce jour-là, sa mémoire fut honorée avec celle de deux autres poètes sarladais, Sylvain Cavaillez et Ludovic Sarlat, et une plaque commémorative apposée sur la façade de la mairie de Sarlat. On voit dans le programme que son poème Los tziboulados (Ol Périgor Négré p. 27) fut récité à la Cour d’Honneur sur une musique de Darquier:

Es toumbado oquesté moti,
Oqui, sul pa dé mo porto;
Lo poouréto, presque morto,
Ocobabo d'ogoni!
Dé soun el, moytat cluca,
Uno grumilho s'escopabo;
Pensabo'l niou qu'obio doyssa
Per mouri tzu los tziboulados.
Lou cat nègré et soun oouséléto,
Ol coin del boy, près del toli,
Obion siés io prest'ospeli,
S'éroun solbat dé lo béléto,
Qu'es to missanto péous oousels.
Lo fomilleto èro porado
Quand tout d'un co tombo d'ol cel
Uno terriblo tziboulado...7




1-Selon le terme de Jean de Boysson, avocat, dans son discours a la vingt-troisième félibrée du Bournat du Périgord à Sarlat le 10 juillet 1932, cité par Le Périgourdin de Bordeaux : « Il était des vôtres, Messieurs du Bournat, en qualité de ʺMaître-ouvrierʺ ; et ce n'était pas sans raison que vous aviez ouvert, pour lui, les portes de votre savante compagnie; Grenaille avait l'âme d'un Félibre; il ne voyait rien de plus grand, de plus pur, que Mistral et Jasmin... »
2- Témoignage du 20 juillet 2019 d'Eloi Chaineux qui a écrit quelques paroles de la chanson Moun poï, mais il lui donne un autre titre : Toi ma vieille Dordogne.
3-L'Union sarladaise du 28 mars 1920
4- Du berceau à la tombe
5- Librairie E.Carrère, place de la cité, Rodez, 1892 (imprimerie Jules Bardoux, Villefranche-de-Rouergue).
6« Oh! Si j'avais de Mistral la plume alerte et fine…/ Si Jasmin, autrefois, était passé ici/ Il s'arrêtait de suite !/ Son âme si sensible ; ses pensées divines/ Devant ton fleuve pur et ton ciel clair,/I l aurait fait cent couplets. »
7- A propos de Kiel
8- La politique du paysan
9 - Quand il a fait son marché le samedi à la ville/ Qu’il lui reste un sou au fond de sa poche/ Il achète un petit journal où la belle phrase /Lui donne à réfléchir, / bien plus que de raison./Le principe, lui ne veut pas le discuter : C’est son idée. Et ça ne lui coûterait pas/ Si sa vieille liberté le menait un jour/Sur le sol français, il y laisserait plutôt la peau.Mais ce qu’il ne comprend pas, que son cerveau étroit/N’a pas pu saisir malgré sa volonté,/ Ce sont tous ces discours qui n’aboutissent à rien /Qu’à aigrir l’esprit et à tout retarder.Il voudrait, pour bien dire, sans toujours répéter,/ Que les promesses faites soient tenues/Par celui qui, avant d’être député/Nous avait promis les réformes attendues.


Bibliographie de Léon Grenaille 

Ol Perigor négré e Qualcos espigos, Poésies patoises de La Pontonnerie du Castelglorieux, Bordeaux, Gounouilhou Libourne, G. Maleville, 1902, 144 paginas.

Moun gabelet Moun poï, musique de Jean Darquier, Sarlat, 1908.

Sources

- Una interpretacion enregistrada de Mon Poï per un grop de musica sarladés Les pastoureaux du Périgord (Fin de las annadas 1970).

- Necrologia de Leon Grenalha dins lo jornal L'Union Sarladaise del 28 de març de 1920.

- Testimoniatge d'Alan Grenalha son reire petit filh de Sarlat, interrogat lo 20 d’agost de 2020.

- Traduccion dels poemas de Leon Grenalha per Sergi Lespinasse et Paulette André.

- Dictionnaire des auteurs de langue d’oc de 1800 à nos jours, Jean Fourié, Felibrige Edicioun 2009, p. 161.

- Le Bournat, école félibréenne du Périgord, Jean-Claude Dugros, Lo Bornat dau Perigòrd, 2001.

- Lou Bournat (avril/juin 1920, p. 313 et juillet/ sept de 1932, p.376).

- Tres pouetas sarladais, discours de Jean de Boisson, in Le Périgourdin de Bordeaux, 1933.

- Lo païsan poèta, de Serge Lespinasse pour l'A.S.C.O., in L'Essor Sarladais du 13 juin 2014.

- Témoignage écrit (20 juillet 2019) d'Eloi Chaineux qui a écrit quelques paroles de la chanson Mon poï qu'il nomme autrement (Tu ma vielha Dordonha).

- Programme de la félibrée de Sarlat de 1908.

- Acte de naissença de Leon Grenalha, Archives de la Dordogne, registre d’état-civil de Carsac.

- Signatura de Leon Grenalha sus un exemplari del libre D'al brès a la toumba1, de l'abat Justin Bessou2.



1Du berceau à la tombe

2Librairie E. Carrère, place de la cité, Rodez, 1892 (imprimerie Jules Bardoux, Villefranche-de-Rouergue).

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Leon Grenalha èra agricultor. Escriguèt de poesias en lenga d'òc dins la varianta lengadociana del sud Perigòrd, publicadas dins los recuèlhs Ol Perigor négré e Qualcos espigos, que doas, Moun gabelet e Moun poï, fuguèron mesas en musica per Joan Darquier (Sarlat, 1908). Moun poï fuguèt cantat a l’Opèra de París per Robert Cousinou, cantaire liric baritòn e poèta (entrat a l'opèra de Paris en 1913). Cent ans aprèp, lo monde del Perigòrd cantavan encara aquesta cançon1

Identitat 


Formas referencialas 


Grenaille, Léon (1850-1920)


Autras formas conegudas


Grenalha, Leon (forma occitana del nom)

Elements biografics

Sus son acte de naissença, Leon Grenalha es apelat Pierre, filh de Geraud Grenalha e de Suzanna Lagugie, que demoravan al Pòrt de Graulejac. Son nom de baptisme fuguèt cambiat al cors de sa vida, coma èra de mòda en d’aquel temps.

Nasquèt a la Pontonaria de Carsac (Dordonha) lo 5 de julhet de 1850, dins una familha d'origina locala: los Grenalha i demoravan dempuèi la Revolucion; èra una abitarèla anciana, relais de pòsta qu'enfàcia lo Pòrt de Graulejac asegat sus l'autra riva. De viure rasis lo flume Dordonha, l’autor i trobava son inspiracion.

Sortiá d'una familha qu'èran de païsans dempuèi de nombrosas generacions. Maridèt una dròlla que veniá tanben del mitan rural. Son reire-petit filh, interrogat lo vint d’agost de 2020, non a pogut donar d'informacions quant a son escolaritat dins las annadas 1850-1870, ni mai sus sos diplòmas. Auriá pogut frequentar una de las escòlas primàrias comunalas non gratuitas creadas per Guizot en 1833, o, coma d'autres de la meteissa generacion, seguir de leiçons del curat de son vilatge.

Non faguèt lo servici militar, ni mai la guèrra de 1870-1871, sa familha paguèt un remplaçant per fin de lo gardar pel trabalh de la bòria (lo servici èra de 7 ans)… Çò qu'implica que sa familha avián los mejans d'o pagar.

Leon Grenalha moriguèt lo 19 de març de 1920 a Graulejac (Dordonha). Dins sa necrologia sul jornal L'Union sarladaise2 qu'aviá publicat sos poèmas, al nom de la Societat dels Veterans del canton de Carlux, lo doctor Dupiellet, conse de Carlux, lo ditz « animé du plus pur esprit de justice et de solidarité » e comunica tanben lo discors prononciat per Monsur Sarrazin, un temps medecin a Graulejac ont enreguèt una carrièra politica coma conselhièr municipal, puèi conse de Sarlat, puèi deputat.

A la lectura de sos poèmas, sembla que lo posicionament politic de Leon Grenalha s'acomodava amb lo de son amic Sarrazin qu'aviá evoluït dels Republicans puslèu d'esquèrra als Radicals Socialistas. Son reire-pichon-filh sap pas se Leon èra aderent al partit, mas lo ditz engajat dins la luta per la desseparacion de la Glèisa e de l'Estat (1901), en oposicion al licèu Sent-Josèp de Sarlat tengut per de Jesuitas. Se nòta pasmens dins son poèma Lo poulitico del poysan çai-jos citat una pica contra Jaurès…

Denonciava la condicion dels paísans de son temps, proletarizacion e pèrda de la vita sanitosa dins lo campèstre, que los oblijava d'anar trabalhar dins las fabricas per arribar a viure decentament.

Engatjament dins la renaissença d’oc


Leon Grenalha legissiá d’escrits en lenga d’òc puèi que trobam son nom sus l’endedins de la cobèrta d'un exemplar del libre D’al brès a la toumbo, poema en dotze cants de l’abat Justin Bessou3. Li agradavan los poètas Mistral e Jansemin:

Oh! S'obioy dé Mistral lo plum'olerto et fino...
Sé Jasmin, aoutrescot, éro possat oyssi
S'orrestabot cosset!
Soun amo to sonsiblo; sos pensados divinos
doban ton fluvé pur et toun cel esclorzi,
Oourio fat cen couplets.

(Un coin del Périgor in Ol Périgor Négré, p. 101)

Escriviá de vèrses ont metiá en scèna son amor del país e lo culte de la libertat, lo travalh dels païsans, la natura, las sasons, l’amistat, l'amor de la patria e de tèmas d’actualitat.

Visquèt los eveniments de la guèrra francò-prussiana dins los Mobils de la Dordonha, e atal escriguèt un poèma quand los naviris franceses anèron saludar a Kiel l’emperaire Guilhèm d'Alemanha: O perpau de Kiel.

Fuguèt un patriòta afogat e un republican sincèr. Exprimissiá sas idèas politicas dins sos poèmas, per exemple en març 1894 dins Lo poulitico del poysan (in Ol Perigor Négré, p. 69) :

Quant o fa soun merca, lou dissaddé o lo bilo,
Qué li resto un soou ol foun de soun poutzou:
Otzato un tzournolet, oun lo phraso poulido,
Li dono o réfletzi, bien may qué dé rojou.

Lou principé, per el, bol pas lou discuta;
Soun idéyo es esquélo. Et ré li coustorio
Sé lo menaou un tzour so bieillo liberta
Pu léou sul sol Froncé, li doyssorio lus o.

Mais ço qué counpren pas; qué soun cerbel estré,
N'o pas pongu sozi, malgré so boulounta;
Qu'os tout oquéou discour, qu'oboutissoun o ré
Mas o ogri l'espri et o tout rétorda.

Bourlio per bien zou diré, sans toutzour li tourna:
Qué los proumessoy fatzo siosquessou plo tengudo,
Per oquel que doban d'estré lou députa,
Nous obio proumétu loy réformo ottendudo.

Qué nous obion pas dit, yo bé bint an d'oco?
Qué lou poysan biourio de la manno del cel;
Qué sério rey sus terro, qué l'atzé d'or bendrio;
Qué li monquorio rés, dusco din lou tounbel!

Soun espoir, bien souben es portit en fumado!
Mais malgré tout oco, ès toutzour résigna.
So grando enbitiou: lo terro soménado,
Li proumet din l'estiou uno récolto en bla.

Lo poulitico et del soun pas fat per s'entendré;
Et sé n'obio rés pu per gorni soun gronié
Poudrio sorra lu flan et sé pressa lou bentré,
Car n'engroyssorio pas déou discour de Jauré.

Boudrio pus tan de mou, préférorio déous acté;
Li corlio un paou d'ortzen per douna o sus éfon.
Qué lou goubernomen, per dès proucéda satzé,
Opliquès un inpo, o tout oquéou qué n'on.

S'occupoun pas trot d'el; counessoun so possinço,
Soun corotari dou, esprouba bien souben,
O dounat o la Franço, din dès tzour de démenço,
dé los probo d'omour, o may d'otatzomen.

Per bien résuma, touto so poulitico,
Su dézir, soun espoir et touto so fierta
Montène en soun poï lo grando Républico,
Qué d'aoutrès pu molin doyssorion escopa.

D'autres poèmas benvolents son sovent dedicaçats a d’amics o a d’escasencas particularas. E se plai a botar en scèna son Perigòrd tant aimat, coma dins Mon poï que fuguèt mes en musica per Jean Darquier, professor de musica al collègi Sent Josèp de Sarlat, organista a la catedrala de Sarlat e compositor de melodias e de peças per pianos. La cançon fuguèt cantada mai que mai dins sa província e quitament juscas a l'Opèra de París per Robert Cousinou, cantaire liric baritòn e poeta. Lo jornal local L'Union Sarladaise publicava sos poèmas.

Dins lo discors que Joan de Boisson legiguèt lo 10 de julhet de 1932 a la XXIIIa felibrejada del Bornat del Perigòrd a Sarlat, aprenèm que Leon Grenalha èra membre del Bornat del Peirigòrd. Aquel jorn, sa memòria fuguèt onorada emb la de dos autres poètas sarladeses, Sylvain Cavaillez e Ludovic Sarlat, e una placa pausada sus la faciada de l’Ostal de la Comuna de Sarlat. Vesèm dins lo programa que son poema Los tziboulados (Ol Périgor Négré, p. 27) fuguèt dich a la Cor d’Amor sus una musica de Darquier :

Es toumbado oquesté moti,
Oqui, sul pa dé mo porto;
Lo poouréto, presque morto,
Ocobabo d'ogoni!
Dé soun el, moytat cluca,
Uno grumilho s'escopabo;
Pensabo'l niou qu'obio doyssa
Per mouri tzu los tziboulados.
Lou cat nègré et soun oouséléto,
Ol coin del boy, près del toli,
Obion siés io prest'ospeli,
S'éroun solbat dé lo béléto,
Qu'es to missanto péous oousels.
Lo fomilleto èro porado
Quand tout d'un co tombo d'ol cel
Uno terriblo tziboulado!


1-Testimoniatge del 20 de julhet de 2019 d'Alòi Chaineux qu'a escritas qualquas paraulas de la cançon Mon poï, mas li dona un autre títol: Tu ma vielha Dordonha.

2-L'union Sarladaise, 28 de març de 1920.

3-Librairie E. Carrère, place de la cité, Rodez, 1892 (imprimerie Jules Bardoux, Villefranche-de-Rouergue).



Bibliografia de Leon Granalha


Ol Perigor négré e Qualcos espigos, Poésies patoises de La Pontonnerie du Castelglorieux, Bordeaux, Gounouilhou Libourne, G. Maleville, 1902, 144 paginas.

Moun gabelet Moun poï, musica de Jean Darquier, Sarlat, 1908.

Sources

- Una interpretacion enregistrada de Mon Poï per un grop de musica sarladés Les pastoureaux du Périgord (Fin de las annadas 1970).

- Necrologia de Leon Grenalha dins lo jornal L'Union Sarladaise del 28 de març de 1920.

- Testimoniatge d'Alan Grenalha son reire petit filh de Sarlat, interrogat lo 20 d’agost de 2020.

- Traduccion dels poemas de Leon Grenalha per Sergi Lespinasse et Paulette André.

- Dictionnaire des auteurs de langue d’oc de 1800 à nos jours, Jean Fourié, Felibrige Edicioun 2009, p. 161.

- Le Bournat, école félibréenne du Périgord, Jean-Claude Dugros, Lo Bornat dau Perigòrd, 2001.

- Lou Bournat (avril/juin 1920, p. 313 et juillet/ sept de 1932, p.376).

- Tres pouetas sarladais, discours de Jean de Boisson, in Le Périgourdin de Bordeaux, 1933.

- Lo païsan poèta, de Serge Lespinasse pour l'A.S.C.O., in L'Essor Sarladais du 13 juin 2014.

- Témoignage écrit (20 juillet 2019) d'Eloi Chaineux qui a écrit quelques paroles de la chanson Mon poï qu'il nomme autrement (Tu ma vielha Dordonha).

- Programme de la félibrée de Sarlat de 1908.

- Acte de naissença de Leon Grenalha, Archives de la Dordogne, registre d’état-civil de Carsac.

- Signatura de Leon Grenalha sus un exemplari del libre D'al brès a la toumba1, de l'abat Justin Bessou2.



1Du berceau à la tombe

2Librairie E. Carrère, place de la cité, Rodez, 1892 (imprimerie Jules Bardoux, Villefranche-de-Rouergue).

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Louis Delluc, écrivain en français et en langue d’oc, a laissé une œuvre considérable qui a enrichi d’une manière originale la littérature d’Occitanie : par son métier d’instituteur il a écrit pour les jeunes, et il a même fait une plus grande œuvre pédagogique en aidant les collègues, qui avaient chevillée au cœur l’envie de ne pas laisser tomber la langue d’oc dans les limbes où elle avait été expédiée, après le rapport sur l’état de la langue française présenté par l’abbé Grégoire a la Convention Nationale le 4 juin 1794.

Pour cela, Delluc collabora aux éditions pédagogiques Bourrelier qui sont spécialisées dans la conception et la distribution de matériel éducatif de qualité.

Identité

Formes référentielles

Delluc, Louis (1894-1974)

Autres formes connues

- Delluc, Loïs (forme occitane du nom)

Éléments biographiques

Louis Delluc naquit le 21 août 1894 aux Chambeaux, village de la commune d’Alles-sur-Dordogne. Son père, Jean, qui signa son acte de naissance, avait fait des études sérieuses mais, comme le frère aîné resté à la ferme mourut, Jean dut aider sa famille tout en exerçant le métier de contrôleur des tabacs pour la Régie. Le grand-père avait aussi signé l’acte de mariage de Jean avec Marguerite Besse : la famille Delluc était alphabétisée. Dans les années 1900, ils partirent habiter au Treillac, toujours dans la commune d’Alles-sur-Dordogne, pas loin du fleuve et près de la gare, ce qui aida Louis dans ses déplacements : en effet, après l’école communale, il alla à l’École Supérieure de Belvès où il passa le concours d’entrée a l’Ecole Normale, voie directe pour le métier d’instituteur. Il partit à la guerre en 1914, volontaire au 5e Régiment de Tirailleurs Algériens. Il fut blessé et il en sortit avec une horreur de la guerre qui lui fit refuser la médaille militaire. Il dut partir en convalescence à la caserne Miollis à Aix-en-Provence et ce séjour lui donna l’occasion de connaître Léon Aimard, un avocat à la Cour, dont il devint secrétaire. Cet homme était félibre et il lui ouvrit les portes du Félibrige provençal et de l’œuvre de Frédéric Mistral, qui devait lui rappeler le langage de sa région natale. Il faut peut-être chercher ici son goût futur pour l’écriture en langue d’oc.

À la fin de sa convalescence, en 1917, il se maria avec Lucie Madeleine Rebière, elle-même institutrice, qu’il avait connue quand il était dans son premier poste à Monpazier. Puis, après une année à l’école de Tamniès, en 1926, ils furent nommés à Saint-Vincent de Cosse et ils y restèrent tous deux enseignants pendant vingt-cinq ans. A la retraite, ils s’installèrent dans la commune voisine de Beynac, où Louis plaça l’histoire d’un des personnages de son roman, Tibal lo Garrèl.
Aujourd’hui la rue où il habitait porte le nom de son œuvre principale « Rue Tibal lo garrel roman de Louis Delluc ».

L’œuvre de Delluc comprend aussi des travaux en français. Louis Delluc commença donc par écrire des romans pour la jeunesse en français, dont Le mousse de la Niña, sur l’épopée de Christophe Colomb, qui obtint le prix « jeunesse », puis Des caravelles autour du monde, sur le voyage de la « Victoria » de Magellan, engagée pour le premier tour du monde. Jeunes princes captifs, en 1958, racontait la vie des deux fils du roi François Premier qui restèrent prisonniers en Castille. Puis il fit publier des romans traduits de l’espagnol : Olivier de Castille, adapté d’un roman de chevalerie espagnol ; Le destin de Paquito, récit de la jeunesse aventureuse et tragique de Cervantès ; Par la plume ou par l’épée, roman d’aventure où il s’inspire aussi de la jeunesse du « manchot de Lépante » ; L’enfance d’une reine, qui est l’histoire d’Elisabeth de France, fille d’Henri IV et de Marie de Médicis, devenue reine d’Espagne, et dont la fille Marie-Thérèse fut mariée à son cousin Louis XIV. Ces romans furent édités par les éditions Bourrelier qui étaient en ces années-là, et qui sont toujours, un des principaux éditeurs pédagogiques. Michel Bourrelier1 leur fondateur, est connu pour l’intérêt qu’il porte aux méthodes actives et à la littérature pour la jeunesse. Ce fut une belle marque de reconnaissance pour Delluc.

On doit encore à Louis Delluc le livre Partis d’Argentat, écrit en français, qui est une évocation de la vie de ceux qui faisaient la descente du fleuve Dordogne depuis l’Auvergne au temps de la batellerie. On peut aisément imaginer le garçonnet Louis du village des Chambeaux proche de la « Grande Eau » comme on appelait la Dordogne, rêvant en voyant passer les gabarres pleines de marchandises qui naviguaient vers le port exotique et fourmillant de Bordeaux.

Louis Delluc fit toutes sortes de recherches pour écrire la monographie du village où il était instituteur et directeur d’école. La mode venait de l’Exposition Universelle de 1900 à Paris. Le Ministère de l’Instruction Publique avait demandé à chaque instituteur d’écrire une monographie pour faire connaître l’histoire de son village. L’exposition de monographies réussit tant que ces recherches locales continuèrent d’être publiées.

Delluc mourut le 12 septembre 1974 sans que sa monographie de Saint-Vincent de Cosse soit publiée, nul ne sait pourquoi. Il avait fini sa vie chez sa fille adoptive à Eysines, Gironde (Sa femme était morte en 1968.) Il fut porté au cimetière de Beynac, village dont il disait que « truco [sic] los cels clars » [Il est au contact des cieux clairs]. À Alles où il était né, la place du village porte son nom depuis le 10 janvier 2009. L’homonymie avec Louis Delluc son cousin (1890-1924), né à Cadouin près d’Alles, le spécialiste de cinéma, qui était aussi romancier et journaliste, lui porte tort parce qu’elle prête à confusion dans les recherches.

Engagement dans la renaissance d'oc

De 1926 à 1966 Louis Delluc publia des articles dans Lou Bornat et dans Òc, il écrivit des poésies dont une de cinquante vers sur l’histoire du Périgord : « A la glorio del Périgord », parue dans le journal La lampe édité au Coux-et-Bigaroque par J-A Grafeille. Elle obtint le premier prix aux Jasmin d’argent de 1926 avec le commentaire : « C’est simplement un chef-d’œuvre ».

Une autre poésie, « La gabarra embullada », obtint le prix « Eglantine d’Argent » destiné à une poésie sur un sujet donné par l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse. Il devint mainteneur et maître d’œuvre du Félibrige en 1928, secrétaire du Bornat, qui est l’école félibréenne du Périgord, cigale d’argent maître en gai savoir en 1930, puis vice-président du 17 janvier 1954 à son décès. Une particularité est à noter : toujours actif mais l’âge rendant ses déplacements difficiles, il fut nommé président d’honneur du Bornat en 1970 cela bien qu’il n’ait jamais été président 2.

En 1958, il publia Tibal lo Garrèl et on voit qu’il a adopté l’orthographe classique de l’occitan. Louis Alibert avait sorti sa Gramatica en 1935, outil pédagogique majeur qui aidait à mettre l’écrit en conformité avec une norme panoccitane. Louis Delluc comprit vite la nécessité de normaliser orthographiquement la langue d’oc pour assurer sa crédibilité, et l’élever au niveau de toute autre langue avec ses règles et pourquoi pas, un jour ses diplômes. Il fut décoré de la cravate de Commandeur des Palmes Académiques à la dixième journée d’études occitanes du Périgord organisée par Lou Bornat avec le Mouvement Laïc des cultures régionales, et la Ligue de l’Enseignement.

La première édition de Tibal lo Garrèl fut faite en version bilingue occitan-français par les éditions Aubanel en 1958. Comme l’écrit l’auteur, « ce récit du temps des Huguenots je l’ai écrit pour les jeunes des pays d’oc. » Il présenta l’œuvre au prix Aubanel (prose) en 1958, mais pour cela il lui fallut respecter les contraintes d’un récit court. Il l’obtint, avec 57 points, contre 53 points à Verd paradís de Max Rouquette. Il fut honoré de voir l’ensemble Tibal lo Garrèl publié en catalan à Barcelone en 1963, à la demande du romancier et éditeur Joan Sales pour fêter le 750e anniversaire de la bataille de Muret, dont le dénouement fut peut-être un évènement désastreux pour ce qu’aurait pu être l’avenir de l’Occitanie, avec la mort de Pierre d’Aragon allié du comte de Toulouse, et la réussite de Simon de Monfort. Joan Sales avait choisi ce roman de Delluc parce qu’il trouvait qu’au XVIe siècle, avec les luttes entre papistes et huguenots, le Périgord avait souffert d’évènements religieux de même nature que le reste de l’Occitanie au temps des luttes des croisés contre les cathares3. Joan Sales voulait que se crée en Catalogne « una novelistica viva en lenga occitana», propos justifié par la remarque dans sa préface, que «la immigracion massiva d’Occitans a Catalonha fuguèt un fenomen social de grand volum pendent las guèrras de religion ; aquels emigrants èran venguts s’installar dins una region ont restava lo sovenir de l’epòca que se parlava la meteissa lenga d’un costat e de l’autre de Pirenèus. » [l’immigration massive d’Occitans en catalogne fut un phénomène de grande ampleur pendant les guerres de religion ; ces émigrants étaient venus s’installer dans une région où il restait le souvenir de l’époque où on parlait la même langue de part et d’autre des Pyrénées.]

En 1968, les éditions « Lo libre occitan » publièrent Tibal lo Garrèl en entier, mais seulement en occitan. Ce fut une découverte pour les jeunes occitans du Périgord. De longues années passèrent avant que ne sorte la quatrième édition du roman qui avait été vite épuisé : d’abord une première partie en 2000 par l’éditeur « L’Hydre » de Castelnaud, qui l’appela L’arma que sagna. Elle se terminait un peu brièvement, avec la phrase « M’èri tirat, enfin, de ma primièra, de ma terribla espròva. Una autra vita anava començar. » [Je m’étais tiré, enfin, de ma première, de ma terrible épreuve. Une autre vie allait commencer]. Ceci pour dire que l’auteur avait prévu une seconde partie qui justifiait ce choix éditorial. La seconde partie sortit seulement en 2008 avec le sous-titre E la carn que patís, mais avec un autre éditeur, « Mémoire et traditions en Périgord » d’Alles-sur-Dordogne (24480), avec une préface de l’écrivain Jean Ganiayre et un avertissement de Gérard Marty, président de l’association.

D’une manière générale, Louis Delluc trouvait son inspiration dans la nature autour de lui, dans l’histoire de sa province et dans celle de l’Espagne où il aimait séjourner souvent. Il montrait une prédilection pour le XVIe siècle.

Louis Delluc fonda dans les années 1958 le groupe folklorique Lo Grel qui réunissait jeunes et vieux de la commune de Saint-Vincent de Cosse. Il obtint un premier prix au concours organisé à Périgueux par la Fédération des Œuvres Laïques et un autre au concours régional de Biarritz. Il s’investissait complètement dans l’animation culturelle et plus précisément dans la réhabilitation de la langue d’oc. Dans son travail, il suivait la même ligne. Il faut rappeler qu’à l’époque où il commença d’écrire son œuvre, ses élèves n’entendaient que la langue d’oc dans le quotidien de leur vie : les berceuses de leurs mères, les contes de leurs grands-mères, les gens sur le marché, etc… Le français qu’ils découvraient à l’école était pour eux une langue aussi étrangère que l’anglais ou l’espagnol pour nous. « Le mérite des instituteurs de la IIIe République en est d’autant plus grand que beaucoup d’entre les écoliers décrochaient le certificat d’études ! » dit Michel Chadeuil dans la préface de Fabletas per enfants del país d’òc, éditées en 2004 par Lo bornat del Perigòrd/Novelum.

Ce n’était pas habituel de s’occuper de la langue d’oc cette époque, au contraire dans la majorité des écoles primaires les écoliers se faisaient taper sur les doigts ou punir si un seul mot de la langue « méprisée » leur échappait. L’instituteur de Saint-Vincent, lui, se servait des conjugaisons occitanes pour mieux faire comprendre le verbe « être » ou le verbe « avoir » aux élèves, comme on peut entendre dans le CD Souvenirs d’élèves de Mr et Mme Louis Delluc, propos recueillis par David Dorrance à Saint-Vincent de Cosse les 21/22 juin 1997 (mp3) auprès de Mr et Mme Louveau (née en 1935) et de Mme Moulinier et Mr (né en 1937) :

« En pédagogie, on ne réussit pas si on ne part pas de données connues, dit un de leurs anciens élèves. Ils enseignaient l’Instruction civique. Chaque matin une phrase de morale en haut du tableau était commentée, ça durait environ dix minutes »
et d’ajouter :
« Pendant qu’il (Mr Delluc) nous donnait des exercices à faire il écrivait des poésies en occitan ! »

En qualité d’instituteur qui préparait ses écoliers au certificat d’études, et qui devait leur enseigner l’histoire de France, Louis Delluc savait ce qui pouvait leur plaire, et en temps que militant pour le renouveau de la langue occitane, il leur écrivit un texte à leur mesure, Tibal lo Garrèl, en espérant leur donner le goût de parler la langue. Ce texte contait les aventures d’un garçon de leur âge, avec les mêmes préoccupations, malheurs ou bonheurs, ses apprentissages et ses premières émotions. Ainsi se lit le volontarisme de l’auteur quant au choix de l’occitan. Ce choix est implicite, mais il saute aux yeux.

Il écrivit aussi des fablettes pour les enfants du cours élémentaire (sa femme enseignait à ce niveau), il connaissait la valeur pédagogique de la fable, et les préfaciers de la première édition en 1958 disent :
« Par chance, il ne fit pas une adaptation occitane de plus de La Fontaine ou de Florian. Il créa, et prit ses protagonistes au plus près de la vie quotidienne, dans la maison, dans le pré, devant la porte… Son but avait toujours été d’enseigner. C’était le temps où quelques enseignants entêtés prenaient le sentier étroit ouvert par la récente loi Deixonne pour faire rentrer un peu d’occitan dans les écoles. »

Tibal lo Garrèl fut considéré comme le premier roman occitan écrit en Périgord, un grand évènement. En effet, jusque là, on pouvait y lire et jouer en langue d’oc, des pièces de théâtre, chanter des chansons, lire des poèmes, mais pas de romans. Les faits historiques, sous la trame romanesque, sont vrais et souvent relevés dans les chroniques d’un historien reconnu, le chanoine Jean Tarde. L’atmosphère rude du XVIe siècle en Périgord, la misère dont il souffre (impôts de toutes sortes, intempéries qui anéantissaient les récoltes et menaient à la famine, luttes religieuses entre catholiques et huguenots, incursions de la soldatesque) est décrite sans pathos, malgré les apparences. Il suffit de lire les livres d’Yves-Marie Bercé et les comptes-rendus des subdélégués de Sarlat à la généralité de Guyenne. Louis Delluc écrit : « Dans chaque clocher, des hommes guettaient, et dès qu’ils apercevaient la moindre troupe armée, ils faisaient sonner les cloches. » Les registres paroissiaux sont pleins de pauvres, morts sur les chemins, qui n’avaient pas de maison et même pas de nom.



Tibal, le personnage principal, est le fils d’une mendiante. Ils vivent tous les deux dans une cabane de pierre, à distance du village, parce qu’elle est considérée comme sorcière. Leur horizon est borné par les fourches patibulaires et le château, symboles de la toute-puissance seigneuriale. Le garçon a pour seule richesse un fléau et une fronde, qui lui permettent de manger au jour le jour. Un beau jour sa mère sera saisie, menée à la prison de Sarlat puis suppliciée et brûlée vive sur la place pour accusation de sorcellerie, sans plus de formalité. « Èra la misèria negra […]. E la misèria negra es la germana gran de la bruixeria » [C’était la misère noire […] Et la misère noire est la grande sœur de la sorcellerie], dit le catalan Joan Sales. Les chasses aux sorcières s’étaient amplifiées depuis le deuxième quart du XVe siècle. La majorité des accusées étaient des femmes souvent pauvres, vieilles, et qui vivaient à l’écart. On disait qu’elles avaient le mauvais œil ou qu’elles savaient où se trouvait le matagot, l’herbe qui fait mourir. Ce n’était pas rare qu’elles sachent aussi soulager les gens avec des plantes médicinales, mais cela personne ne s’en souvenait jamais. Dans sa bulle de 1484, le pape Innocent VIII lança le signal de la lutte contre la sorcellerie et les « praticiens infernaux » pour assainir, disait-il, la religion catholique. À la campagne, ceux qui essayaient de soulager mal ou bien les malades ne savaient pas où se mettre…

Tibal va voir la vierge noire de Rocamadour pour essayer d’oublier l’horreur et aussi sa culpabilité de n’avoir pas su sauver sa mère de l’exécution. Les pèlerinages étaient fréquents à l’époque étudiée (Rocamadour, Cadouin où longtemps les pèlerins ont prié devant un linge saint, qu’on disait tâché du sang du Christ, ce qui s’est avéré faux). À la page 45, Delluc pause la question de la relativité du miracle. Sans choisir fermement une religion ou une autre, le héros demande de l’aide à un devin ; nous sommes à l’époque où le syncrétisme est monnaie courante. Pour avoir sauvé la fille des seigneurs de Castelnaud d’une bande de voleurs qui convoitaient sa richesse, Tibal est récompensé par une charge d’écuyer au château. Là Delluc trouve l’occasion de parler de la condition des femmes ; chez les nobles, les mariages réglés par les parents n’étaient que des transactions financières, cela se vérifie aussi dans chaque catégorie sociale, il n’y a qu’à observer les contrats de mariage ! Dans sa nouvelle fonction, Tibal rencontre le capitaine Geoffroi de Vivans, ami d’Henri IV, le roi de France et de Navarre4. Il était huguenot, comme presque tous les seigneurs de la rive gauche de la Dordogne. Les capitaines des Grandes Compagnies avaient vite fait de changer de camp s’ils trouvaient une poignée d’écus à gagner, il fallait partout se méfier. Tibal est confronté aux exactions du triste seigneur qui terrorise son entourage et pour y échapper prend la fuite dans une gabarre.
Un autre personnage célèbre est évoqué par Louis Delluc, Charles de Gontaut-Biron, qui avait été le compagnon d’armes et ami du roi Henri IV. Jamais content des rétributions du roi pour ses services (il lui avait sauvé la vie deux ou trois fois), il complota contre lui et fut décapité en 1602 pour l’avoir trahi. Une chanson, La ronde de Biron5, illustra cette disgrâce, en présentant Biron comme victime d’une injustice. Le débat fit du bruit. L’opinion publique ne retint que le destin tragique du soldat et l’ingratitude du roi. La chanson fut interdite, car le pouvoir craignait un soulèvement du peuple6


Pendant sa lecture, l’air de rien, le lecteur jeune apprend l’histoire de son pays. Ce n’est pourtant pas un livre d’histoire. C’est un roman d’aventures ; Joan Sales en avait le ton entre rondalla et roman.

A lire sa bibliographie, on voit que Louis Delluc fut un Européen de la première heure puisqu’il publia en plusieurs langues étrangères. Il s’adressait le plus souvent aux jeunes dans une langue simple, concise et juste, au ton savoureux, à la vivacité de style qui n’empêchaient pas l’expression poétique. 


1- http://www.crilj.org/2009/05/28/michel-bourrelier/
2-Tome XX de Lo Bornat, janv-fev-mars 1970, page 7
3-Delluc a publié le poème Muret de la batalha, sur Le Périgourdin de Bordeaux n° 279 d'octobre 1953, p. 8.
4-Louis Delluc a publié le poème « L’escalade » qui conte la prise de Domme par Vivans en 1588, dans Le Périgourdin de Bordeaux n° 279
5-Ou « Quand Biron voulut danser ».
6-Louis Delluc a publié le poème « Lou castèl de Biroun » sur Le Périgourdin de Bordeaux n° 100 de juillet 1931, p. 1 et 2.

Bibliographie de Louis Delluc

Ouvrages en occitan

Nombreux articles, poèmes ou nouvelles publiés dans les revues Lo Bornat, Oc, Le Gai saber, L'Armana Provençau, Le Périgourdin de Bordeaux.

- Òda a la Dordonha, poème bilingue, illustré par Maurice Albe, Sarlat, Imprimerie Michelet, 1931

- Un monge-cavalier, en Jeroni de Perigus, avesque del Cid (tirage à part des Analas del Centro de cultura valenciana, 1951), in Lo Bornat n° 4, oct-dec 1992

- La farça del pairolier, comédie en collaboration avec le majoral Marcel Fournier, Périgueux, Fédération des Oeuvres Laïques, sans date

- La poetessa galiciana Rosalia Castro (Oc n° double 201-202 de juillet-décembre 1956, p. 224-236). Essai.

- Fablettes pour les enfants des pays d’Oc, Lo Bornat del Perigòrd/ A.S.C.O. (Atelier sarladais de culture occitane), préface de Jean-Louis Galet, 1958.

- Fablettes pour les enfants du pays d’Oc, Périgueux, Editions Pierre Fanlac, sans date, 35 p.

Tibal lo Garrèl, Avignon, Aubanèl, 1958, 214 p.

Tibal lo Garrèl, Reedicion Lavit, Toulouse, Lo Libre occitan, 1968, 197 p.

Lo secret del comte de Marcafava, comédie pour marionnettes, in Paraulas de Novelum, n° 81 bis, 1998.

-Tibal lo garrèl, L’arma que sagna, (première partie), occitan/français, Castelnaud, Editions L’Hydre, 2000. Préface de Bernard Lesfargues.

- Tibal lo garrèl… E la carn que patís, (seconde partie) occitan / français, 24480 Alles / Dordogne, Editions Mémoire et traditions en Périgord, 2008. Préface de Jean Ganiayre. Avertissement de Gérard Marty, président de l’association Mémoire et traditions du Périgord.

- Fabletas per enfants del país d’Òc, Lo Bornat del Perigòrd/Novelum, 2004.

Traductions espagnol/occitan

- La guerra dels ases, chapitre XXIV du livre de Don Quichote, Bordeaux, Le Périgourdin de Bordeaux, 1957, 15 p.

- Argental e io (Platero y io de Juan Ramon Jimenez, prix Nobel de littérature) en collaboration avec le philosophe Joseph Migot et le majoral Jean Monestier, Lo Bornat. Sans date.

Ouvrages en français

- Le mousse de la Niña, Paris, éditions Bourrelier 1953, Prix « Jeunesse » des éditions éponymes.

- Des caravelles autour du monde, Paris, éditions Bourrelier, 1957.

- L’enfance d’une reine, Paris, éditions Bourrelier, 1958.

- Jeunes princes captifs, Paris, éditions Bourrelier, 1958.

- Le destin de Paquito, Paris, éditions Magnard 1963.

- Par la plume ou par l’épée, Namur, éditions du Soleil Levant, 1963.

- Olivier de Castille, éditions Bourrelier/Armand Colin, 1964.

Traductions de l'œuvre

- El grumete de la Niña, en Espagne en 1955. Traduit en hollandais en 1956 e en allemand per l’enseignement secondaire.

- Lo Garrell, en catalan, Barcelona, éditions Joan Sales, 1963. Préface de Joan Sales p. 7 a 33.

Textes inédits

Lena la Mariandona, pastourelle fluviale en dos actes, sens data.

L’èrba que fai perdre, nouvelles, sans date.

La granda aiga, nouvelles.

La longue espérance, en collaboration avec Germaine Rougier, écrit à la fin de sa vie.

Théâtre

- Pièces inédites, écrites et jouées pour ramasser de l’argent afin d’envoyer des colis aux prisonniers pendant la guerre 1939-1940, dont parlent les locuteurs du CD Souvenirs d'élèves de Louis Delluc.

- Louis Delluc e Marcel Fournier, La farço del peiroulie, Fédération des Œuvres laïques de La Dordogne, 1958.

- Louis Delluc e Bernard Lesfargues, Lo secret del comte de Marcafava, comédie pour marionnettes, Novelum, 1998.

Œuvres posthumes

- Louis Delluc, Partis d’Argentat, Périgueux, Imprimerie Joucla, 1983.

- Louis Delluc, Histoire de Saint-Vincent-de-Cosse, monographie, Le Roc de Bourzac, 2006.

Crédits

Vignette d'illustration de Jacques Saraben

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Louis Delluc, escrivan en francés e en lenga d’Oc, a daissat una òbra considerabla qu’a enriquit d’un biais original la literatura d’òc: de per son mestièr de regent a escrich per los joves, e mai a fach pus granda òbra pedagogica en ajudant los collègas qu’an clavada al còr l’enveja de pas daissar la lenga d’òc dins las limbes ont èra estada expediada, après lo rapòrt sur l'estat de lalenga francesa presentat per l'abat Grégoire a la Convention Nationala lo 4 de junh de 1794.
Per aquò far, Delluc collaborèt a las edicions pedagogicas Bourrelier que son especializats dins la concepcion e la distribucion de material educatiu de qualitat.

Identitat

Formas referencialas

Delluc, Louis (1894-1974)

Autras formas conegudas

- Delluc, Loïs (forma occitana del nom)

Elements biographics

Louis Delluc nasquèt lo 21 d’agost de 1894 als Chambeaux, vilatge de la comuna d’Alas-sus- Dordonha. Son paire, Jean, que signèt l’acte de naissença, aviá faches d’estudis serioses mas coma lo fraire ainat demorat a la bòria moriguèt, Jean deguèt ajudar son monde tot en fasent lo mestièr de contrarotlaire de las plantacions de tabat per la Regia. Lo grand paire aviá tanben signat l’acte de maridatge de Jean amb Margarita Besse: la familha Delluc èra alfabetizada. Dins las annadas 1900, anèron demorar al Treilhac, totjorn comuna d’Alas-sus-Dordohna, pas lonh del flume e prèp de la gara, çò qu’ajudèt Louis dins los desplaçaments seus: de fach, aprèp l’escòla comunala, anèt a l’Escòla Superiora de Belvés ont passèt lo concors per dintrar a l’Escòla Normala, via directa per lo mestièr de regent. Partiguèt a la guèrra en 1914, volontari al 5en Regiment de Tiralhaires Argerians. Fuguèt nafrat e se’n sortiguèt amb una orror de la guèrra que li faguèt refusar la medalha militara. Li calguèt anar en convalescéncia a la caserna Miollis a Ais de Provença e aquel sejorn li donèt l’ocasion de conéisser Leon Aimard, un avocat a la Cort, que ne venguèt lo secretari. Aquel òme èra felibre e li obriguèt las pòrtas del Felibritge provençal e de l’òbra de Frederic Mistral, que li deviá far pensar al lengatge de son país natal. Cal benlèu cercar aquí son gost futur per l’escritura en lenga d’òc.

Al cap de sa convalescéncia, en 1917, maridèt la Lucie Madeleine Rebière, una regenta tanben qu’aviá coneguda quand èra dins son primièr pòste a Monpasièr. Puèi, aprèp una annada a l’escòla de Tanièrs, en 1926, fuguèron nomenats a Sent-Vincenç de Còssa e i restèron tots dos ensenhaires pendent vinc-e-cinc ans. A la retirada, s’installèron dins la comuna vesina de Bainac, ont Louis placèt l’istòria d’un dels personatges de son roman, Tibal lo Garrèl. Anuèch la carrièra ont demorava pòrta lo nom de son òbra màger: « Rue Tibal lo garrel roman de Louis Delluc ».

L’òbra de Louis Delluc compren tanben d’òbras en francés per escriure de romans per la jovença en francés dont Le mousse de la Niña, sus l’epopèia de Cristòl Colomb, qu’obtenguèt lo premi « Jeunesse », puèi Des caravelles autour du monde, sus lo viatge de la « Victoria » de Magellan, engatjada pel primièr torn del monde. Jeunes princes captifs, en 1958, contava la vida dels dos filhs del rei Francés Primièr que demorèron presonièrs en Castilha. Puèi faguèt publicar de romans revirats de l’espanhòl : Olivier de Castille, adaptat d’un roman cavalieresc espanhòl; Le destin de Paquito, raconte de la jovença aventurosa e tragica de Cervantès; Par la plume ou par l’épée, roman d’aventura ont s’inspira tanben de la jovença del « manpòt de Lepante »; L’enfance d’une reine, qu’es l’istòria d’Elisabèt de França, dròlla d’Enric IV e de Maria de Medecis, venguda reina d’Espanha e que sa dròlla Maria-Teresa fuguèt maridada a son cosin Loís XIV. Fuguèron editats per las edicions Bourrelier qu'èran, dins aquelas annadas, e que son totjorn un dels principals editors pedagogics. Michel Bourrelier1, leur fondator, es conegut per son interès portat als metòds actius e a la literatura per la jovença : çò que fuguèt una bèla reconeissença per Delluc.

Devèm encara a Louis Delluc lo libre Partis d’Argentat, escrit en francés, qu’es una evocacion de la vida de los que fasián la davalada del flume Dordonha dempuèi Auvèrnha al temps de la batelariá. Se pòt aisidament imaginar lo drollet Louis del vilatge dels Chambeaux pròche de la « Granda Aiga » coma apelavan la Dordonha, somiant al véser passar las gabarras comolas de merças que navegavan devèrs lo pòrt exotic e formiguejant de Bordèu.

Louis Delluc se vodèt a totas menas d’investigacions per escriure la monografia del vilatge ont èra regent e director d’escòla. La mòda veniá de l’Exposicion Universala de 1900 a Paris. Lo Ministèri de l’Instruccion Publica aviá demandat a cada regent d’escriure una monografia per far conéisser l’istòria de son vilatge. L’exposicion de monografias capitèt tant que se contunhèt de publicar aquelas menas de recercas localas.

Delluc defuntèt lo 12 de setembre de 1974 sens que sa monografia de Sent-Vincenç de Còssa foguèsse sortida, sabèm pas perqué.
Louis Delluc moriguèt en 1974 en çò de sa filha adoptiva a Eisinas, Gironda e fuguèt portat al cementeri de Bainac, vilatge dont disiá que « truco [sic] los cels clars ». Sa femna defuntèt en 1968. A Alàs ont èra nascut, la plaça del vilatge pòrta son nom dempuèi lo 10 de genièr de 2009. L’omonimia amb Louis Delluc son cosin (1890-1924), nascut a Cadonh rasís Alàs, l’especialista de cinèma, qu’es estat tanben romancièr e jornalista, li fai plan tòrt perque prèsta a embolh dins las recercas.

Engatjament dins la Renaissança d'òc

De 1926 a 1966 Louis Delluc publiquèt d’articles dins Lo Bornat e dins Oc, escriguèt de poesias dont una de cinquanta sièis vèrses sus l’istòria del Perigòrd : A la glorio del Périgord, pareguda dins lo jornal La Lampe editat al Cos-e-Bigaròca per J-A. Grafeille. Obtenguèt lo primièr premi als Jasmin d'argent de 1926 amb lo comentari : « C’est simplement un chef-d’œuvre ».

Una autra poesia, La gabarra embullada, obtenguèt lo prèmi « Eglantine d’Argent » destinat a una pèça d'una valor de dos-cent-cinquanta liuras destinat a una pèça sus un subjècte donat per l’Académia dels Jòcs Florals de Tolosa. Venguèt manteneire e mestre d'òbra dau Felibritge en 1928, secretari del Bornat, qu’es l’Escòla felibrenca del Perigòrd, cigala d'argent, mestre en gai saber en 1930, puèi vici-president del 17 de genièr 1954 a sa mòrt. Una particularitat es de notar: totjours actiu mas l'atge li rendent los desplaçaments malaisits, fuguèt nommat president d'onor del Bornat en 1970, e mai foguèsse jamai estat president2.

En 1958, publiquèt Tibal lo Garrèl e vesèm que i a adoptat l’ortografia classica de l’occitan. Loís Alibèrt aviá sortit sa Gramatica en 1935, otís pedagogic màger qu’ajudava a botar l’escrit en conformitat amb una nòrma pan-occitana. Louis Delluc comprenguèt viste la necessitat de normalizar ortograficament la lenga d’Òc per afortir sa credibilitat, e l’enauçar al nivèl de tota autra lenga amb sas règlas e perqué pas, un jorn sos diplòmas. Fuguèt decorat de la cravata de Comandor de las Palmas Academicas a la desena jornada d'estudis occitans del Perigòrd organizada per Lo Bornat, lo Movement Laïc de las culturas regionalas e la Liga de l'Ensenhament3.

La primièra edicion de Tibal lo garrèl fuguèt facha en version bilingüa occitan-francés per las edicions Aubanel en 1958. Coma o escriu l’autor, « aquel raconte del temps dels igonauds l’ai escrich per los joines dels païs d’Òc ». Presentèt l’òbra al premi Aubanel (pròsa) en 1958, mas per aquò far, li calguèt se téner dins las constrenchas d’un recit cort. L’obtenguèt, amb 57 punts, contra 53 punts a Vert paradis de Max Roqueta. Fuguèt onorat de veire l’ensemble Tibal lo garrèl publicat en catalan a Barcelona en 1963, a la demanda del romancièr e editor Joan Sales, jol títol El Garrell. Aquesta publicacion dins la colleccion Club dels Novel.listes la faguèt Joan Sales per festejar lo 750en aniversari de la batalha de Murèth, que son desnosament fuguèt benlèu un eveniment desastrós per çò qu’auria pogut èstre l’avenir d’Occitània amb la mòrt de Pèire d’Aragon, aligat del comte de Tolosa, e la capitada de Simon de Montfort. Joan Sales aviá causit aquel roman de Delluc per çò que trobava qu’al sègle XVI, amb las luchas entremièg papistas e uganauds, lo Perigòrd aviá endurat d’eveniments religioses de la meteissa mena que lo demai d’Occitània al temps de las luchas dels crosats contra los catars4. Joan Sales voliá que se creèsse en Catalonha « una novelistica viva en lenga occitana », prepaus justificat per la remarca dins son prefaci que « la immigracion massiva5 d’occitans a Catalonha fuguèt un fenomen social de grand volum pendent las guèrras de religion »; aquels emigrants èran venguts s’installar dins una region ont restava lo sovenir de l’epòca que se parlava la meteissa lenga d’un costat e de l’autre de Pirenèus.

En 1968, las edicions « Lo Libre Occitan » publiquèron Tibal lo garrèl en entièr, mas solament en occitan. Fuguèt una descobèrta per los joves occitans del Perigòrd. D’annadas longas passèron avans que sortiguèsse la quatrena edicion del roman, viste atarit : d’abòrd una primièra partida en 2000 per las edicions ʺL’Hydre de Castelnaudʺ, que la nomenèt L’arma que sagna. S’acabava un pauc viste, amb la frasa : « M’èri tirat, enfin, de ma primièra, de ma terribla espròva. Una autra vita anava començar »… Aquò per dire que l’autor aviá previst una segonda partida que justificava aquela causida editoriala. La segonda partida sortiguèt nonmas en 2008 amb lo jos títol E la carn que patís, mas amb un autre editor, l'associacion « Mémoire et traditions en Périgord », d' Alàs-sus-Dordonha (24480), amb un prefaci de Jean Ganiayre e un avertiment de Gérard Marty, president de l’associacion.

D’un biais general, Louis Delluc trobava son inspiracion dins la natura a l’entorn d’el, dins l’istòria de sa província e dins l’istòria de l’Espanha ont aimava sovent sejornar. Fasiá mòstra de predileccion per lo sègle XVI.

Louis Delluc fondèt dins las annadas 1958 lo grop folcloric Lo Grel qu’amassava a l’encòp jovents e vièlhs de la comuna de Sent-Vincenç de Còssa. Obtenguèt un primièr premi al concors organizat a Perigüers per la Federacion de las Òbras Laïcas e un autre al concors regional de Biarritz. S’investissiá completament dins l’animacion culturala e pus precisament sus lo punt de la reabilitacion de la lenga d’Òc. Dins son trabalh seguissiá la meteissa linha. Cal rapelar qu’a l’epòca ont comencèt d’escriure son òbra, sos escolans ausissián pas que la lenga d’òc dins la vida vidanta: las breçairòlas de lor maire, los contes de lors grands, lo monde sul mercat, e non sai que... Lo francés que descobrissián a l’escòla èra per els una langue tant estrangièra coma a nosautres l’anglés o l’espanhòl. « Le mérite des instituteurs de la IIIe république en est d’autant plus grand que beaucoup d’entre les écoliers décrochaient le certificat d’études ! » çò ditz Micheu Chapduèlh dins lo prefaci de Fabletas per enfants del país d’Òc, editadas per Lo Bornat del Perigòrd/Novelum, 2004.

Èra pas acostumat de se trachar de lenga d’òc en d’aquela epòca, al contrari dins la màger part de las escòlas primàrias los escolans se fasián picar suls dets o punir se lor escapava un quite mot dins la lenga « mespresada ». Lo regent de Sent-Vincenç, el, se sirviá de las conjugasons occitanas per far melhor comprene lo vèrb être o lo vèrb avoir als escolièrs, coma se pòt ausir dins lo CD : Souvenirs d'élèves de Mr et Mme Louis Delluc, prepaus recaptats per David Dorrance a St-Vincenç de Còssa los 21/22 de junh de 1997 (MP3) al prèp de Mr et Mma Louveau (nascuda en 1935) e de Mma Moulinier e Mr (nascut en 1937).

« En pédagogie, on ne réussit pas si on ne part pas de données connues, çò ditz un de lors ancians escolans. lls (los regents) enseignaient l’Instruction civique. Chaque matin une phrase de morale en haut du tableau était commentée, ça durait environ dix minutes  »
et d’apondre :
« Pendant qu’il (Mr Delluc) nous donnait des exercices à faire il écrivait des poésies en occitan ! »

En qualitat de regent que preparava sos escolans al certificat d’estudis, e que deviá lor ensenhar l’istòria de França, Louis Delluc saviá çò que podiá lor plaire, e coma militant per lo reviscòl de la lenga occitana lor escriguèt un tèxt a lor mesura, Tibal lo Garrèl, en esperar lor donar lo gost de parlar la lenga. Aquel tèxt contava las aventuras d’un dròlle de lor atge, amb sas meteissas preocupacions, sos malurs e son astrada, sos aprentissatges e sas primièras esmogudas. Atal se legís lo volontarisme de l’autor quant a la causida de l’occitan. Aquela causida es pas qu’implicita, mas sauta als uèlhs.

Escriguèt tanben de fabletas per los enfants del cors elementari (sa femna ensenhava dins aquel nivèl), coneissiá plan la valor pedagogica de la faula, e çò dison los prefacièrs de la primièra edicion en 1958,
« Per astre, faguèt pas una adaptacion occitana de mai de La Fontaine o de Florian. Creèt, e prenguèt sos protagonistas au mai près de la vita jornadièra, dins l’ostal, dins lo codèrc, davant la pòrta… Sa tòca finala èra totjorn estada d’ensenhar. Quò èra del temps ont qualques ensenhaires caparuts s’endralhavan dins lo sendarèl estrech dubèrt per la recenta lei Deixonne per fin de far entrar un pauc d’occitan dins las escòlas. »

Tibal lo Garrèl fuguèt considerat coma lo primièr roman occitan escrich en Perigòrd, un eveniment grand. En efièch, fins alara se podián legir e jogar en lenga d’Òc e dins aquel lòc, peças de teatre, cantar de cansons, legir de poèmas, mas pas brica de romans. Los fachs istorics, jos la trama romanèsca, son vertadièrs e sovent relevats dins las cronicas d’un istorian reconegut, lo canonge Jean Tarde. L’ambient rufe del sègle XVI en Perigòrd, a causa de la misèria (impòst de tota mena, tempèris qu’anequelissián recòltas e menavan a la famina, luchas religiosas entre catolics e uganauds, encorregudas de la soldatesca) es escrich sens patòs, malgrat las aparéncias. Sufís de legir los libres d’Yves-Marie Bercé e los comptes renduts dels subdelegats de Sarlat a la generalitat de Guiana. Louis Delluc escriu : « Dins cada cloquièr, dels òmes gaitavan, e còp sec que vesián la mendra tropa armada, fasián tinlar las campanas ». Los registres parroquials son plens de paures, mòrts sus los camins, qu’avián pas de maison e quitament pas de nom.


Tibal, lo personatge màger, es lo filh d’una mendicaira. Vivon tots dos dins una cabana de pèira a distància del vilatge perque es considerada ela coma fachilièra. Lor asuèlh es barrat per las forcas patibulàrias e lo castèl, simbòls de la tota-poténcia senhoriala. Lo dròlle a per sola riquesa un flaujòl e una fonda, que li permeton de manjar ara per ara. Un bèl jorn sa maire serà raubada, menada a la preison de Sarlat puèi supliciada e cremada viva sus la plaça per acusacion de sorcelum, sens mai de formalitat. « Èra la misèria negra […]. E la misèria negra es la germana gran de la bruixeria6», çò ditz lo catalan Joan Sales. Las caças a las fachilièras s’èran amplificadas tre lo segond quart del sègle XV. La majoritat de las acusadas èran de femnas sovent pauras, vièlhas, e que vivián a part. Se disiá qu’avián lo maissant uèlh o que sabián ont se trobava lo matagòt, l’èrba que fai morir. Èra pas rar que sapièsson tanben sonhar lo monde amb de plantas medicinalas, mas aquò degun se’n rementava pas jamai. Dins sa bulla de 1484, lo papa Innocent VIII lançèt lo senhal de la lucha contra lo sorcelum e los «practicians infernals» per assanir, çò disiá, la religion catolica. Al campèstre, los qu’assajavan de solatjar mal o ben los malauts sabián pas ont se metre…
Tibal vai veire la verge negra de Ròcamodor per assajar d’oblidar l’òrre e mai sa culpabilitat d’aver pas sauput salvar sa maire de l’execucion. Los peregrinatges èran frequents a l’epòca estudiada (Ròcamador, Cadonh, ont longtemps los peregrins an pregat davant un linçol sant, que se disiá qu’èra tacat del sang del Crist, çò que s’es averat fals). A la pagina 145, Delluc pausa la question de la relativitat del miracle. Sens causir fèrmament una religion o l’autra, l’eròi demanda ajuda a un endevinaire; sèm dins una epòca ont lo sincretisme es moneda correnta. Per aver salvat la dròlla dels senhors de Castelnòu d’una banda de raubaires cobesejant sa riquesa, Tibal es recompensat d’una carga d’escudièr al castèl. Aquí Delluc tròba l’ocasion de parlar de la condicion de las femnas: en çò dels nòbles, los maridatges reglats per los parents èran pas que de transaccions financièras, aquò se verifica tanben per cada categoria sociala, i a qu’a espepissar los contracts de maridatges! Dins sa novèla fonccion, Tibal rencontra lo capitani Geoffroi de Vivans, amic d’Enric IV, lo rei de França e de Navarra7. Èra uganaud coma quasi tots los senhors de la riva esquèrra de la Dordonha. Los capitanis de las companhiás grandas avián lèu fach de virar casaca se se trobava un ponhat d’escuts a ganhar, se caliá mesfisar d’en pertot. Tibal es confrontat a las exaccions del triste sénher que terroriza son monde e per i escapar pren la fugida dins una gabarra.
Un autre personatge celèbre es evocat per Louis Delluc, Carles de Gontaut-Biron, qu’èra estat lo companhon d’armas e amic del rei Enric IV. Jamai content de las retribucions del rei per sos servicis (li aviá salvat la vida dos o tres còps), complotèt contra el e fuguèt decapitat en 1602 per l’aver traït. Una cançon, La ronda de Biron8 , illustrèt aquesta desgràcia, en donant Biron coma victima d’una injustícia. Lo debat menèt de bruch. L’opinion publica retenguèt nonmas lo destin tragic del soldat e l’ingratitud del rei. La cançon fuguèt interdita, que lo poder crentava un soslevament del pòble


Pendent sa lectura, mina de res, lo legeire jove apren l’istòria de son païs. Es pertant pas un libre d’istòria, es un roman d’aventura, Joan Sales ne’n aviá trobat lo ton entremièg rondalla e roman.

A legir sa bibliografia, se vei que Louis Delluc fuguèt un occitanista militant que se consacrèt plenament a l'educacion populara10. Europèu de la primièra ora puèi que publiquèt en mantuna lenga estrangièra, li agradava plan la cultura catalana e espanhòla ont trobèt l’inspiracion de sos libres. S’adreçava sovent als joves, dins una lenga simpla e justa, quora trebolaira quora galharda. Los dos tòms de Tibal lo Garrèl, roman d’aventuras, pòdon plaire de segur als escolans del collègi mai a los del licèu qu’an causit de conéisser al pus prigond la lenga parlada per lors aujols pendent mile ans. Lor agradarà lo ton saborós, la vivacitat de l’estil, la simplicitat facha de concision qu’empacha pas l’expression poetica.


1- http://www.crilj.org/2009/05/28/michel-bourrelier/
2- tòm XX de Lo Bornat, janv-fev-mars 1970, paja 7).
3-Le Périgourdin de Bordeaux n° 377, p. 6
4-Delluc a publicat lo poema Muret de la batalha, sus Le Périgourdin de Bordeaux n° 279 d'octobre de 1953, p.8
5-L’article « la » s’explica per una mèscla d’occitan e de catalan per Joan Sales.
6-Loís Delluc, El Garrell, traduït de l'occitàn per Joan Sales, Club Editor, 1963, p. 205.
7-Louis Delluc a publicat lo poema L’escalado que conta la presa de Doma per Vivans en 1588, dins Le Périgourdin de Bordeaux n° 279
8-O « Quand Biron voulut danser ».
9-Louis Delluc a publicat lo poema « Lou castèl de Biroun » sus Le Périgourdin de Bordeaux n° 100 de julhet de 1931, p.1 e 2
10- Robert Lafont et Christian Anatole, Nouvelle histoire de la littérature occitane, PUF, 1971, p.768- 769. « Pestour ne pouvait passer à l’occitanisme militant. Ce passage, Louis Delluc (1894) le fait naturellement. Instituteur, il s’est longtemps consacré à l’éducation populaire au sein du Bournat et a beaucoup écrit pour la jeunesse. Il s’est essayé avec beaucoup de bonheur au théâtre, en collaboration avec Fournier. Mais c’est comme prosateur qu’il a donné son œuvre la plus valable. La granda aiga, série de nouvelles non encore réunies en volume, évoque le monde coloré et la vie rude des gabariers de la Dordogne parmi lesquels s’écoula l’enfance de l’auteur. Avec Tibal lo garrèl (1958, 2e édition 1968) qui eut le prix Théodore Aubanel, ʺRaconte dels temps dels Igonauds escrich pels joines del païs d’ocʺ, il a voulu marcher sur les traces d’Eugène Le Roy[...]Avec Delluc, l’insertion du Périgord dans l’architecture commune de la littérature occitane contemporaine est accomplie. »

Bibliografia de Louis Delluc

Obratges en occitan

Nombroses articles, poemas o novelas publicats dins las revistas Lo Bornat, Oc, Le Gai saber, L'Armana Provençau, Le Périgourdin de Bordeaux.

- Òda a la Dordonha, poèma bilingüe, illustrat per Maurice Albe, Sarlat, Imprimerie Michelet, 1931

- Un monge-cavalier, en Jeroni de Perigus, avesque del Cid (tiratge a despart de las Analas del Centro de cultura valenciana, 1951), in Lo Bornat n° 4, oct-dec de 1992.

- La farça del pairolier, comèdia en collaboracion amb lo majoral Marcel Fournier, Périgueux, Federacion de las òbras Laïcas, sens data

- La poetessa galiciana Rosalia Castro (Oc n° doble 201-202 de julhet-decembre 1956, p. 224-236). Ensag.

- Fablettes pour les enfants des pays d’Oc, Lo Bornat del Perigòrd/ A.S.C.O. (Talher sarladés de cultura occitana), prefaci de Jean-Louis Galet, 1958.

- Fablettes pour les enfants du pays d’Oc, Périgueux, Edicions Pierre Fanlac, sens data, 35 p.

Tibal lo Garrèl, Avignon, Aubanèl, 1958, 214 p.

Tibal lo Garrèl, Reedicion Lavit, Toulouse, Lo Libre occitan, 1968, 197 p.

Lo secret del comte de Marcafava, comèdia per mariòtas, in Paraulas de Novelum, n° 81 bis, 1998.

-Tibal lo garrèl, L’arma que sagna, (primièra partida), occitan/francés, Castelnaud, Edicions L’Hydre, 2000. Prefaci de Bernard Lesfargues.

- Tibal lo garrèl… E la carn que patís, (segonda partida) occitan / francés, 24480 Alles / Dordogne, Editions Mémoire et traditions en Périgord, 2008. Prefaci de Jean Ganiayre. Avertiment de Gérard Marty, president de l’associacion Mémoire et traditions du Périgord.

- Fabletas per enfants del país d’Òc, Lo Bornat del Perigòrd/Novelum, 2004.

Traduccions castelhan/occitan

- La guerra dels ases,  capitol XXIV del libre de Don Quichote, Bordeaux, Le Périgourdin de Bordeaux, 1957, 15 p.

- Argental e io (Platero y io de Juan Ramon Jimenez, premi Nobel de literatura) en collaboracion amb lo filosòf Joseph Migot e lo majoral Jean Monestier, Lo Bornat. Sens data.

Obratges en francés

- Le mousse de la Niña, Paris, edicions Bourrelier 1953, Premi « Jeunesse » de las edicions eponimas.

- Des caravelles autour du monde, Paris, edicions Bourrelier, 1957.

- L’enfance d’une reine, Paris,edicions Bourrelier, 1958.

- Jeunes princes captifs, Paris, edicions Bourrelier, 1958.

- Le destin de Paquito, Paris, edicions Magnard 1963.

- Par la plume ou par l’épée, Namur, edicions du Soleil Levant, 1963.

- Olivier de Castille, edicions Bourrelier/Armand Colin, 1964.

Reviradas de l'òbra

- El grumete de la Niña, en Espanha en 1955. Tradusit en olandés en 1956 e en alemand per l’ensenhament segondari.

- Lo Garrell, en catalan,  Barcelona, edicions Joan Sales, 1963. Prefaci de Joan Sales p. 7 a 33.

Tèxtes inedits

Lena la Mariandona, pastorala fluviala en dos actes, sens data.

L’èrba que fai perdre, nòvelas, sens data.

La granda aiga, nòvelas.

La longue espérance,  en collaboracion amb Germaine Rougier, escrit al cap de sa vida.

Teatre

-Pèças ineditas, escritas e jogadas per amassar de l’argent fins a mandar de còlis als presonièrs pendent la guèrra 1939-1940, dont parlan los locutors del CD Souvenirs d'élèves de Louis Delluc.

- Louis Delluc e Marcel Fournier, La farço del peiroulie, Fédération des Œuvres laïques de La Dordogne, 1958.

- Louis Delluc e Bernard Lesfargues, Lo secret del comte de Marcafava,  comèdia per mariòtas, Novelum, 1998.

Òbras postumas

- Louis Delluc, Partis d’Argentat, Périgueux, Imprimerie Joucla, 1983.

- Louis Delluc, Histoire de Saint-Vincent-de-Cosse, monografia, Le Roc de Bourzac, 2006.

Crèdits :

Vinheta d'illustracion de Jacques Saraben

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Célèbre mais méconnu », Lo chalelh, bulletin n° 6, octobre de 2006, Association «Mémoire et traditions en Périgord».

- Préface de Joan Sales p. 7 – 33 de Lo Garrell, (en catalan), Barcelona, éditions Joan Sales, 1963.

- À propos d’une préface, Les conditions de survie d’un dialecte, per Joan Sales, traduction de Louis Delluc, Lo Bornat, revue n° 4, de 1963 de Lo bornat, p. 204 e sus n° 5, de 1964 p. 232.

- CD : Souvenirs d'élèves de Louis Delluc. Souvenirs d’écoliers de Mr e Mme Louis Delluc instituteurs à St-Vincent de Cosse de 1926 a 1951. Propos recueillis par David Dorrance à St-Vincent de Cosse les 21/22 de juin 1997 (MP3) auprès de Mr et Mme Louveau (née en 1935) et de Mme Moulinier e Mr (né en 1937). Chez Gérard Marty, Président de l'association Mémoire et traditions du Périgord, Les Salveyries, 24005, Alles sur-Dordogne.

- Le Périgourdin de Bordeaux, journal hebdomadaire de 1923 à 1963 (A.D.24, REV 925/2, 925/3, 925/4, 925/5,925/6).

- Lo Bornat dau Perigord, journaux de l'école félibréenne du Périgord.

- Robert Lafont et Christian Anatole, Nouvelle histoire de la littérature occitane, PUF, 1971, p.768- 769 :
« Pestour ne pouvait passer à l’occitanisme militant. Ce passage, Louis Delluc (1894) le fait naturellement. Instituteur, il s’est longtemps consacré à l’éducation populaire au sein du Bournat et a beaucoup écrit pour la jeunesse. Il s’est essayé avec beaucoup de bonheur au théâtre, en collaboration avec Fournier. Mais c’est comme prosateur qu’il a donné son œuvre la plus valable. La granda aiga, série de nouvelles non encore réunies en volume, évoque le monde coloré et la vie rude des gabariers de la Dordogne parmi lesquels s’écoula l’enfance de l’auteur. Avec Tibal lo garrèl (1958, 2e édition 1968) qui eut le prix Théodore Aubanel, « Raconte dels temps dels Igonauds escrich pels joines del païs d’oc », il a voulu marcher sur les traces d’Eugène Le Roy. S’il ne nous a pas donné un autre Jacquou le Croquant, il nous du moins donné un roman agréable à lire et un bon témoignage sur la vie populaire périgourdine.
Avec Delluc, l’insertion du Périgord dans l’architecture commune de la littérature occitane contemporaine est accomplie. »
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Une vie entière consacrée à la défense de la langue d'oc.
« La cauza occitana es una cauza santa, que i ai donada ma vida » écrit-il, en 1934. « Avec une quarantaine de livres édités à compte d'auteur Pierre Miremont est un de ceux qui ont le plus marqué le Périgord pour la défense de sa langue et de sa culture. » Daniel Chavaroche, enseignant caminaire.
Écrivain de langue d'oc, poète, conférencier, ce Félibre sarladais qui a beaucoup voyagé est surtout connu pour ses études linguistiques sur le parler du Périgord noir.

Identité

Formes référentielles

Miremont, Pierre (1901-1979)

Autres formes connues

- Miremont, Peire (forme occitane du nom)

- Miremont, Pierre Auguste (nom à l'état civil)

Éléments biographiques

Pierre Miremont voit le jour le 17 Décembre 1901 au Buisson de Cadouin où son père est employé à la Compagnie des chemins de fer. Il est l'aîné de quatre enfants. Ses grands-parents originaires du Sarladais ne parlent que le dialecte nord-languedocien de cette région. Il en sera marqué pour la vie.
À l'école Fénelon, à Sarlat, il fait la connaissance de Marc Delbreil, poète reconnu qui écrit dans sa « langue romane » comme il l’appelle. Le poète se prend d'amitié pour lui, il sera son maître et contribuera à l'intérêt que Pierre Miremont portera toute sa vie à la langue du Périgord. Bon élève, Miremont poursuivra des études secondaires et supérieures dans des institutions privées chez les Pères Marianistes. En 1921, il passe son Brevet élémentaire et abandonnant la prêtrise il entre dans l'enseignement libre. Il sera instituteur en Aveyron pour une année seulement car il doit partir au service militaire.
Devenu lieutenant dans les chasseurs alpins il sera envoyé en Allemagne dans la Ruhr occupée.
Il se marie le 5 Mai 1924 à Limoges et enseigne en écoles libres (écoles catholiques) jusqu'en 1929. D'abord à Serverette en Lozère puis à Terrasson.
C'est alors qu'il est exilé à la Celle-Saint-Cloud dans la région parisienne.
Ayant étudié le droit et ne pouvant supporter l'éloignement de sa terre occitane, il vient s'installer comme huissier de justice à Villefranche-de-Rouergue en 1934.
En 1939, il est mobilisé comme lieutenant dans les chasseurs pyrénéens : les Miquelets, puis il est fait prisonnier dans les Vosges en juin. Il sera enfermé successivement dans les oflags de Lübeck, Hambourg-Fischbeck, Münster et Soëst jusqu'en 1945.
Dès sa libération le 6 Avril 1945 il rentre à Villefranche-de-Rouergue.
Il reçoit le titre de Majoral du Félibrige mais son étude d'huissier étant ruinée, il reprend du service dans l'armée d'occupation. Officier de détail à Kaiserlautern en 1945 il est ensuite officier avocat du tribunal militaire du deuxième corps d'armée à Neustadt, puis substitut à Landau.
En 1946, il est juge d'instruction à Fribourg et enfin à Frankenthal où son épouse et ses deux enfants, nés en 1930 et 1934, viennent le rejoindre. Il est officier de la zone d'occupation de Hesse Palatinat, chargé de la politique, de la police, des cultes et de l'éducation.
Délégué du gouvernement de l'État Rhéno-Palatin, il séjourne à nouveau à Neustadt, puis au cercle de Daun en 1950.
Il quitte définitivement l'armée en 1951 et sera fait chevalier de la légion d'honneur.
Il devient alors inspecteur d'assurances-vie à Nancy, Epinal, Marseille et enfin Toulon où il prend sa retraite au village de Cuers. C'est là qu'il finira ses jours auprès de sa compagne Marcelle Drutel « l'Aubanelenca », Majorale du Félibrige, grande poétesse Provençale avec qui il partagea 25 ans de passion pour la langue d'oc.

Engagement dans la renaissance d'oc

Reprenons les propos de Jean Rigouste dans la préface du livre Pèire Miremont, escrivan oblidat del Perigòrd Negre de Brigita Miremont-Orazio :

« Il est des auteurs dont seule l’œuvre peut susciter l’intérêt ; d’autres dont il faut connaître à la fois l’œuvre et la vie (chacune façonnant l’autre), avec ses bonheurs et ses malheurs, ses aléas et ses péripéties : la vie apporte les clés de l’œuvre, elle explique l’engagement de l’auteur, elle est le riche contre-point d’une aventure littéraire ou spirituelle.
Il en est enfin dont la personnalité, la biographie et les productions constituent un tout indissociable : on doit connaître la vie pour interpréter l’œuvre, il est nécessaire de connaître l’homme pour comprendre l’auteur : Pierre Miremont est de ceux-là... Quant à l’œuvre, elle est d’une telle variété qu’il est difficile d’en faire une synthèse : des « contes risolièrs » au drame historique de « Muratel », de la poésie délicate aux travaux linguistiques, comme Biais de dire en Périgord, sans oublier le théâtre, et le dictionnaire…
J’ai rencontré quelquefois Pierre Miremont : je garde le souvenir d’un homme courtois, à l’œil plein de malice, ouvert et à l’écoute des autres, mais ferme sur ses convictions, et fine lame dans l’argumentation ! Il réunissait un ensemble de qualités humaines qui lui furent bien nécessaires dans les terribles épreuves des camps de concentration, comme dans les petits ennuis que la vie lui prodigua : il s’était ainsi forgé le noyau indestructible d’une personnalité vigoureuse, ce qui lui permit de traverser sans compromissions les périodes difficiles ; son secret est peut-être dans cet « èime » indéfinissable qui fait la profonde originalité de notre peuple périgourdin… »

Premiers écrits en langue d'oc

À dix-huit ans Pierre Miremont choisit la langue d'oc pour écrire sa première pièce de théâtre Paures medecins.
Cette comédie sera présentée à Viviez en Aveyron en 1922. Ses premiers vers écrits pendant son service militaire sont rassemblés dans le recueil Resouns de Ruhr qu'il qualifie lui-même de « péché de jeunesse ». Ce sont des notes prises au jour le jour, impressions et souvenirs du temps passé dans la Ruhr de 1922 à 1924. En voici un exemple avant qu'il ne travaille sa graphie :

L'ocupasiu de la Ruhr

Quoura aicí sèm mountats, rèibabiam de batalhas,
Abiam plan dins lou cap que nos seriam tustats.
Mès talèu arribats, se drèboun las muralhas,
D'enemics n'i a pas 'n lèc, lou vent lous a 'mpourtats.

Noun, lou Franses n'es pas l'enemic que creziaboun,
Co'is l'amic generous qu'es passat en pàuzent
Un bàume à las plagas que ta vivas sannaboun.

Resons de Ruhr p. 18

Rentré du service militaire, il prend part à la vie du Bournat association félibréenne de Périgueux. Sa verve moqueuse lui vaudra quelques ennuis. Il devra payer une forte amende pour avoir dressé des portraits peu flatteurs de certains de ses concitoyens dans Profils terrassonais. C'est aussi à cette période que va éclore son théâtre d'oc, il écrit deux comédies qui seront souvent jouées en Périgord.
Ami de Joseph Vaylet et d’Auguste Bénazet il adhère au Grelh Roergat et en devient secrétaire. Il écrit des pièces de théâtre pour l'association Les grillons de Villefranche qu'il anime avec passion notamment lors des grandes fêtes consacrées à Justin Besson en 1938.
C'est à cette époque qu'il crée avec ses amis Denis Puech, le sculpteur, Joseph Vaylet, Georges Bousquet... la revue Reviscol. Ils veulent réveiller ce « Grelh » qu'ils jugent un peu endormi.
Il est rédacteur en chef de l'Almanach Rouergat lorsqu'il publie le premier poème de Jean Boudou : « Velhado ».
Mais sa forte personnalité et son dynamisme ne tardent pas à provoquer des réactions chez les anciens Félibres rouergats, de sérieuses querelles éclatent au sein du Grelh et c'est chacun de leur côté qu'ils poursuivront leur œuvre félibréenne.
La guerre met fin à ses activités au sein du Grelh. Prisonnier dans un oflag, il ne se décourage pas et fonde à Lubëck au sein de « l'université » l'école félibréenne des « Embarbelats » en septembre 1940. À ses côtés Pierre Henri Simon (futur Académicien), Jean Secret, Paul Roger… Marcel Fournier, Majoral bien connu en Périgord se joint à eux à Münster. Pendant les cinq ans de captivité ils œuvreront pour la langue d'oc et Pierre Miremont en sera l'historiographe.
C'est pendant cette période qu'il va mettre au point sa « nóva grafia ». Les prisonniers de l'Escóla dels embarbelats décident de confronter les divers systèmes de graphie existants afin d'en dégager une formule cohérente d'unification qui pourrait prétendre à rallier tous les dialectes.

« Lorsque voilà déjà trois ans je fondais à Lübeck cette école, mon but n'était pas de distraire les captifs du mal du pays, ni de leur faire passer un moment pour les aider à oublier pendant quelques heures leurs misères, leur faim et leur honte. Non, j'avais visé plus haut et mon regard portait loin, bien loin, au-delà des barbelés, au-delà de l'heure trouble où nous vivons…
...Voliay levar per la Comtessa una tropa de druds, de valents que, deman, dins la fe e l'estrambord, al clar solelh de Dieu e dins la libertat reconquistada sonarian lo rampel dels filhs d'Occitania e levarian africs e arderos la lauza que dumpeis trop de temps i 'es jaguda la bela endurmida. Oc, mos amics, mos fraires, oc soldats, serèm los chivaliers del reviscol esplandorenc... »

(Dichas de Cattivitat, 13 de junh 1943 p 16)

Une bonne partie de son œuvre est écrite en captivité1, à l'insu des gardiens. C'est ainsi que dans son poème « Paor » il exprime sa crainte de ne plus être le même à son retour et de ne plus trouver sa place dans un monde qui, en cinq ans, aura changé.

Paor
Una crenta me monta a l'eime.

Ay crenta dins lo jorn qu'esperi,
D'estre pas plus lo que fusqueri,
D'estre trop dur, d'estre trop mascle,
D'aver perdut lo vanc de rire,
D'aver perdut l'esbrand, lo gaubi
E l'illuzion que fay lo raive :

Crenta d'estre mort a la joia.

Ai paor d'estre solet, veuze, quand tornaray.
Solet emb mon orgulh fargat d'un or trop dur.
Solet emb de pensiers que digun comprendrâ.
Solet lo cor torçut, solet lo cor barrat.
…..
Auran tant caminat lo monde e lo solelh !

Ay crenta d'estre sol, perdut, desconescut
Dins un monde novel, que de io se rirâ
Virat vers d'autres Fes, florit d'autres espers.

Ay paor d'estre tot sol, Quijota atardivat,
A consegre, enluzit, mos raives d'a vint ans !

Münster 15-06-1944

Planh de Faidit
: Salingardes, 1967, p. 75


C'est dans le camp de Hamburg-Fischbeck qu'il écrit aussi « Nostra lenga » en 1942 :


Nostra lenga


Lenga del Gay Saber, lenga de poezia,
Jenta lenga de cortezia,
Clara lenga de la Patria,
Lenga de beutat e d'amor :
Te parlava la senhoressa,
E lo galant, raz sa mestressa,
La ninava al balans de ton parlar de flor.

Lenga, qu'as bronzinat sus nóstre batisteri,
Ses estada lenga d'emperi
Dins la gauj e lo treboleri ;
Te parlavon lus grands sabents,
Lus legats e lus prezicaires ;
Eres la lenga del Terraire
E lo verbe granat d'un póple de valents.

Mes amont, de Paris, per abracar la rassa,
Apres lo bufal de l'aurassa,
Apres Montfórt la tartarassa,
Apres lo sang, lo fec, lo dól,
Nus volian matrassar la lenga
Que de l'aussada a la valenga
Tinda coma l'ama del sól.

A la lenga maldicha, e letruts e profetas
I an sonat la laissa a trompeta.
Vay morir se dis, se repeta,
Vay morir dizon lus sabents.
Mès mal despit lor professia,
Auturiera en sa senhoria,
La lenga nazarda lo temps.

La lenga dèus aujóls, lenga d'ór, lenga maire,
Sempre a la voz de sus trobaires,
Fay clantir son verbe tindaire.
Darrer l'auriflor de Mistral,
Entre las mars d'Ocitania,
Lus ómes d' Oc, que mais cotria,
Te farán retronir, lenga del sól mairal !

Lenga del Gai Saber, lenga de poezia,
Tojorn que mais, sus la Patria
Flotejarás coma un senhal !

Hamburg-Fischbeck 21-3-1942

Jol solelh d'oc, 1975, p. 15

Après la guerre, il est sollicité par les Allemands pour faire des conférences dans leurs universités sur le Félibrige et la langue d'oc. Il donne ainsi des conférences en 1946 à Mayence -Heidelberg. En 1947 à Munich, Esclangen, Wurtzburg (zone américaine). En 1949-1950 à Ratisbonne.
Les Allemands publieront même plusieurs de ses œuvres en français et en langue d'oc.

Études linguistiques sur le parler du Périgord noir

Ces travaux constituent une référence pour tous ceux qui ont besoin d'outils pour retrouver « toute la saveur, toute la sève de la langue vivante », comme l’écrit Jordi Plantaurel – pseudonyme d’André Lagarde - dans La Dépêche du 6 septembre 1976)
C'est ainsi qu'il publiera, à compte d'auteur :

- Glossari del Perigórd Negre (1974: imp. Carrère : Rodez), lexique de 500 pages dans lequel il s'attache à ne relever que les termes dont la consonance et souvent l'orthographe ne sont pas trop voisines du français.

- Biais de dire en Perigórd (1974 : imp.Gerbert : Aurillac), complément du Glossari :

« le glossari, dit-il, n'est en quelque sorte que le reliquaire somptueux des vocables du Périgord Noir. Il n'est porteur d'aucun germe de vie et pourrait tout aussi bien concerner une langue morte. Le présent recueil, tout au contraire, est l'exposition de notre langue dans sa vie réelle de chaque jour, dans son éclat de langue bien vivante. Ici nous avons lié en gerbes notre collecte des expressions, idiotismes et tours syntaxiques dont use notre parler. »

Quelques exemples :

A pas la carampa pèus dets
– il n'a pas la crampe aux doigts, il est laborieux.
A dèus uèlhs que traucon – il a les yeux vifs et perçants.
Cozinier de la sopa freja – Mauvais cuisinier.
Aver lo ventre tras l'esquina – Avoir le ventre creux.
I aurà de capels de resta – Il y aura beaucoup de morts.
Li manca una bulida – Il lui manque un peu de cuisson, manque de jugement.
Es tant cargat d'escuts coma un grapal de plumas – Il a autant d'écus qu'un crapaud a de plumes.

- Proverbis et dittons del Perigord : imp. Gerbert Aurillac 1974): il s’agit de trois cahiers se rapportant aux mois et saisons pour le premier, à la semaine, aux jours, aux fêtes et aux saints pour le deuxième et au temps et aux intempéries pour le troisième.
Voici l’introduction qu’il rédige pour ce travail :

« À l'heure où la Langue d'oc est de plus en plus abandonnée, voici que des jeunes ressentent cet abandon comme une frustration et aspirent à reconquérir le parler de leur race. Hélas ! Ils ne l'entendent plus autour d'eux et souffrent de ne pouvoir confronter l'enseignement de l'école à la réalité vivante. Ce témoignage que les vivants ne peuvent plus rendre, les générations passées nous le transmettent au moyen de ces sentences familières que sont les proverbes et les dictons […]Que de mots savoureux enchâssés dans des phrases lapidaires à la syntaxe infaillible ! C'est là et seulement là que nos jeunes retrouveront la langue dont on les a frustrés »

Quelques exemples :

Se mars non marseja, tot l'an n'a l'enveja – si mars ne suit pas sa nature toute l'année s'en ressent.
Cand lo picatal picateja, pel bósc l'i pleu o venteja – Quand le pic-vert frappe au bois, il pleut ou il vente.
Lo que dejuna orgulhos, sopará vergonhos – Celui qui déjeune orgueilleux, soupera honteux.
Las bonas fonts se vezon a la sequiera, lus bons amics, a la pauriera – On juge des bonnes sources durant la sécheresse, et des bons amis dans l'infortune.

- La syntaxe occitane du Périgord (1976 : imp.Gerbert Orlhac)
Dans l'introduction de cet ouvrage il écrit :

« La langue se meurt, et le peu qu'il en reste de vivant se contamine chaque jour au contact de la syntaxe française. On croit parler occitan mais, trop souvent, on emploie un jargon français accoutré de quelques mots d'oc. Le danger est grand, il est mortel. Ne perdons plus notre temps à de stérilisantes querelles de graphie. La langue n'est pas là, ce n'en est que la vêture... La graphie n'a pour but que de traduire la sonorité de la langue. Elle n'est que le résultat de conventions et peut donc évoluer… L'urgent, actuellement est de sauver ce qui fait la langue : la syntaxe. »

Dernières publications

Pierre Miremont écrira jusqu'à son dernier souffle.

- Des « racontes risolièrs » :

Espofinadas (1971) ; Lo devinaire (1973) ; Contes pel brave monde (1976) ; Contes peus petits èlhs (1973) ; Bastard de curèt (1975).

Dans une lettre au Majoral Monestier il écrit le 30 Novembre 1975 :

« ce ne sont pas des œuvres qui font le plus honneur à notre langue, je les écris seulement pour que les gens puissent en rire et lire de la bonne langue... écrite dans une syntaxe saine. »

Voici un extrait qui donnera une idée de l’ensemble :

A l'escóla

Lo rijent ven de decialar à sus elevas lus misteris del biais que se farga lo plural. Aorà se vól donar comte s'an plan compres e comensa :
- Quand dins un ostal l'i nais un nenet : quó's lo ?…
- Singulièr ! Siscla tota la classa.
- Van plan ; e se n'i a dos, quó's ?...
-De bessons !


Espofinadas, p. 47

Muratel, œuvre de toute une vie

Il s'agit d'un long poème épique de douze chants en vers, commencé en 1925, repris de nombreuses fois et terminé en 1975. Ce récit en vers est inspiré d'une légende locale sur le seigneur du Château de Muratel près de Terrasson. Quand on ouvre le livre, on est de suite pris par la richesse de la langue, l'habileté du poète qui jongle avec les mots avec une grande maîtrise.2

« Co's l'istôria dolenta e bloza
De Gui sans pôu, lo trobador
Qu'anguet raubar son amoroza,
Berta, que l'aimava d'amor,
Al pellant que l'avia, dins son castel, portada
E que rabios, la gardava clavada,
Tot amont a l'ensus de sa pus nauta tor. »

- Rassa rasseje : dans ces 46 poèmes publiés en 1978, il exprime sa satisfaction d'avoir œuvré pour que vive la langue d'oc.

Pel medre avenidor

Uros lus que son mórts comols d'óbras de vita,
Que, sans se revirar, buteron lor prefach.
Uros lo que s'enderm, un cóp l'óbra complida,
Arland de tant de grun que jitet a jaufat.

Uros lo que s'estira al siaud de la talvera,
Après lo seme drut e lo medre rossel.
Uros lo qu'es tombat en crozar lais gavelas,
Lus dets claufits de lum e lo solelh pèus èlhs.

Uros lo que se'n vay, juntant sais mans rimadas
Sus la garba ligada a redórta d'amor.
Uros lus que son mórts riches de lor suzor,
Partits lo granier plen e la terra abladada
Pel medre avenidor.

Cuers, 01-07-1975

« Lorsque vous voyez cette masse d'œuvres, vous êtes presque effrayé et vous vous demandez comment une vie d'homme a pu suffire pour réaliser une telle tâche », écrira Marcelle Drutel dans Vido vidanto, riboun- ribagno, Estamparie Bene, Nimes, 1983

Bibliographie de l'auteur3

- 46 livres édités à compte d'auteur :
- 25 recueils de poèmes
- 11 livres en prose
- 10 pièces de théâtre
- 3 livres édités après sa mort par le majoral Monestier
- Nombreux inédits

En français

a- Poésie

- 1939 : Le cricri de la crèche
- 1940 : Chansons de caserne
- 1928 : Profils Terrassonnais (sonnets), imprimerie de la Vézère, Montignac.
- 1931 : Nouveaux profils, Imprimerie de l'Argonne, Bordeaux
- Chant de grillon
- Cœur de grillon 193?, Autres profils (sonnets), Imprimerie de l'Argonne, Bordeaux
- 1946 : Nos mois harmonieux, Kaiserslautern, Rohr
- 1946 : Chants de prisonnier, Kaiserslautern, Rohr

b- Prose

- 1983 : La littérature d'oc, des troubadours aux Félibres, avec Jean Monestier, P. Fanlac, Périgueux.
- 1985 : Le Félibrige et la langue d'oc, avec Jean Monestier, Imp. Réjou Périgueux

En langue d'oc

a- Poesia

- 1939 : Visto dèus mounts, Toulouse, imp.Sentein.
- 1934 : Jous l'casque, Rodez, Subervie.
- 1935 : Resouns de Ruhr, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1940 : Joul's soulelh dèus troubadors, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1940 : Pantais d'un grelh.
- 1946 : Cantics e pregarias, Préface de Marcel Ducros, Kaiserslautern, Heinz Rohr
- 1946 : Noels e Nadalets, Kaiserslautern,Heins Rohr.
- 1953 : Guerra kaki, Rodez, Supervie.
- 1967 : Planh de faidit, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1969 : Darrer'ls barbelats, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1974 : Al solelh d'amor, Villefranche de Rouergue. Salingardes.
- 1971 : Dolencia, Aurillac, Imprimerie du Cantal, Edition du Centre.
- 1972 : Jol cel del Perigord, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1975 : Jol solelh d'oc, Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1978 : Rassa rasseje ! Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1979 : Muratèl (poèma epic), Villefranche de Rouergue, Salingardes.

b- Pròsa

- 1948 : Dichas de cattivitat, Préface de L.de Lastic, [s .i][s.n][s.d]
- 1973 : Contes peus petits elhs (proza), Rodez, Imp. Carrère.
- 1973 : Lo devinaire (galejadas), Aurillac, Éd du Centre.
- 1975 : Bastard de curèt, Rodez, Imp. Carrère.
- 1976 : Contes pel brave monde (proza), Rodez, Imp. Carrère.
- 1971 : Espofinadas (contes gais), Aurillac, Éd du Centre, Imp. du Cantal.
- 1974 : Proverbis e dittons del Perigord (3 cahiers), Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1974 : Biais de dire en Perigord (estudi) : Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1974 : Glossari del Perigord Negre, Rodez. Imp.Carrère.
- 1976 : La Syntaxe occitane du Périgord, Orlhac, Imp. Gerbert.
- 1977 : Femnas e Miquelets (racontes d'amor e de guerra) : Nîmes. Imp. Bené.
- 1985 : Brondilhs, Le Bugue, Imp. PLB.

c- Teatre en òc

- 1922 : Lou foutougrafe de fiero ?
- 1934 : Chas'l foutougrafe, Montignac. Imprimerie de la Vézère.
- 1931 : Lou bilhet de femna, Montignac, Imprimerie de la Vézère.
- 1927 : Pàures medecins, Montignac, Imprimerie de la Vézère.
- 1937 : La Nora, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1939 : Perqué Soustena se maridèt pas ?, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1952 : L'Espion, Rodez. Imp. Subervie.
- 1951 : La Lotaria, Rodez, Imp. Subervie.
- 1952 : Guston se vol far medecin, Rodez, Subervie
- 1950 : Lo Quorum, Villefranche de Rouergue, Salingardes.

Inédits

- Étude sur le troubadour Cadenet
- Le Félibrige et sa doctrine
- Conferéncias en Alemanha (données en 1946-1950)
- Orlina (drame en vèrs)
- La Font del Gat (roman)
- Mus Cridals Cattius
- Libre d'or deus Embarbelats
- Garsas de femnas
- Teatre d'Oc

Certains des livres édités sont encore en vente au Bournat du Périgord, 13 rue Klébert, 24000-Périgueux 24000. Ils sont consultables au CIRDOC.
Le Bournat à Périgueux possède des cahiers manuscrits, qu’il faudrait inventorier.


1. Dans la graphie des Embarbelats « à » est mis pour « á ». Quand l'imprimeur ne possède pas le caractère « á » il le remplace par « â ».

2. Pierre Miremont écrit « ó » pour « ò » et lorsque l'imprimeur ne dispose pas de ce caractère il remplace « ó » par « ô ».

3. Certains des ouvrages signalés par plusieurs sources (Marcelle Drutel, Zéphirin Bosc) n’ont pas pu être matériellement retrouvés, d’où l’absence de références bibliographiques. Par ailleurs, Miremont payait lui-même les imprimeurs. Il fonctionnait avec des souscriptions et parfois des mécènes. Il n'a pas eu assez d'argent pour publier tout ce qu'il aurait voulu.

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