Frédéric Mistral, co-fondateur et longtemps dirigeant, officiel ou officieux, du Félibrige, écrivain d'oc sans doute le plus régulièrement réédité et le plus traduit dans diverses langues étrangères.

Biographie


Formes du nom


Frédéric-Joseph-Etienne (état civil) Frédéric Mistral, Frederi Mistral, Mistrau. Prononciation maillanaise héritée [mistR'ä]. Pseudonymes : Ambròsi Boufarèu, Felibre dou Mas, Felbre de Bello Visto, Mestre Franc, Gui de Mountpavoun, Cascarelet, Felibre Calu, Un Maianen, Cousinié Macàri, Michèu Gai, F. M....



Le milieu social

Né le 8 septembre 1830 à Maillane ( Bouches du Rhône), mort à Maillane le 25 mars 1914. Fils de François Mistral (1771-1855) et Adélaïde Poullinet (1803-1883). Epoux de Marie Rivière (1857-1943), sans postérité légitime.

Son père est « ménager », paysan propriétaire aisé (une vingtaine d'hectares). Fils cadet, et d'un second lit, Mistral devra compter, au décès de son père, avec ses cohéritiers, son demi- frère Louis et les enfants de sa demi-sœur Marie. Il est donc tôt orienté vers des études susceptibles de lui fournir une profession hors agriculture, études couronnées par un baccalauréat (1847) et une licence en droit obtenue à Aix en Provence (1851). Mais son statut social jusqu'à sa mort est celui d'un rentier vivant du revenu des terres dont il a hérité (dans une zone de cultures maraichères orientées vers le marché national, ce qui n'est pas rien), de ses droits d'auteur (réguliers, au moins pour Mirèio), et de ses prix littéraires, souvent réinvestis au service de la cause félibréenne.

Engagement politique ?

Son implication dans la vie politique se limite à sa participation régulière au conseil municipal de Maillane, sa commune de résidence (même s'il ne manque aucune occasion de s'en éloigner pour des voyages plus ou moins lointains, contrairement au cliché de l'homme enraciné courant chez ses biographes). Il s'est toujours refusé à se présenter à d'autres élections, bien qu'ayant été plusieurs fois sollicité, à droite comme à gauche. Quant à ses opinions politiques, elles sont variables, c'est le moins qu'on puisse dire : républicain « avancé » en 1848 et au cours de ses études à Aix, il est séduit par le bonapartiste « libéral » Emile Ollivier en 1869 avant de l'être par le Prétendant Henri V, puis par le Général Boulanger. Sollicité par Charles Maurras, il adhère en 1899 à la Ligue de la Patrie Française et le regrette assez vite. Le seul point commun entre ces sympathies successives, c'est qu'il s'agit à chaque fois d'un parti ou d'un homme politique qui parle de décentralisation – et comme tous les partis, à un moment ou à un autre en parlent – du moins quand ils ne sont pas au pouvoir...

Distinctions diverses

  • Ordre de la Légion d'Honneur (chevalier en 1863, officier en 1895, commandeur en 1909)
  • Ordre d'Isabelle la Catholique, Espagne (commandeur en 1870)
  • Ordre de la couronne d'Italie (officier en 1874)
  • Ordre de la couronne de Roumanie (1882)
  • Lauréat de l'Académie Française (prix Montyon, 1861, prix Vitet, 1884, prix Née, 1897)
  • Lauréat de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (prix Jean Reynaud, 1890)
  • Maîtres es Jeux Floraux de l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse
  • Membre correspondant ou honoraire d'une vingtaine de sociétés savantes françaises et d'une dizaine de sociétés étrangères (voir Edmond Lefèvre, Bibliographie Mistralienne p. 99-100)
  • Prix Nobel de Littérature, 1904 (partagé avec Etchegaray)

Action au service de la Renaissance d'oc


L'importance de cette action est proprement incalculable. Il s'agit bel et bien pour lui de l'engagement de toute une vie aussi bien au service de l'écriture que de la langue d'oc, sa langue maternelle (l'idée qu'il ait « fini par penser en provençal », comme s'il avait préalablement appris à penser en français est largement contestable, quoique due au linguiste Albert Dauzat).

Des premiers écrits à la fondation du Félibrige

Ses premiers essais écrits en cette langue sont précoces (pré-adolescence), et, si à un moment, vers vingt ans, il s'essaie à la poésie en français (en particulier, mais pas seulement, pour des poèmes politiques), il y renonce assez vite. En dehors de quelques vers que cite Roumanille dans son premier recueil Li Margarideto de 1847, on peut considérer que Mistral publie ses premiers poèmes en oc dans le journal La Commune (Avignon) en 1851, puis dans le recueil collectif Li Prouvençalo de 1852, dans lequel figurent par ailleurs la plupart de ceux qui deux ans plus tard vont fonder le Félibrige, le 21 mai 1854 selon le récit popularisé depuis. Il s'agit en fait de l'aboutissement d'un processus entamé auparavant, et de la formalisation de l'existence d'un groupe de jeunes écrivains d'oc regroupés autour de Roumanille ; Mistral est dès le départ le co-animateur de ce groupe : c'est avec son aide que Roumanille met définitivement au point une orthographe nouvelle pour le provençal, non sans débats assez âpres avec un Mistral qui dès le départ manifeste une connaissance de la langue et de l'histoire de sa littérature assez profonde. Parallèlement à la rédaction de son premier grand poème Mirèio (si on ne compte pas l'essai représenté par Li meissoun de 1848, publiées bien plus tard) Mistral intervient de façon intensive, par ses propres œuvres comme par ses corrections des textes des autres dans les premiers Armana Prouvençau (dès celui pour l'année 1855), destinés à publier régulièrement et à faire connaître les productions de la nouvelle école.

La parution de Mirèio

Mais à ses débuts, le Félibrige n'est guère plus qu'un petit cénacle avignonnais, pesant peu face aux Troubaires marseillais par exemple. Tout change en 1859, quand paraît Mirèio. Mirèio correspond à un double pari de Mistral. D'abord affirmer la capacité de la langue d'oc à affronter tous les registres, en produisant un poème de douze chants placé sus le signe d'Homère, en rupture avec le ton familier et « populaire » affecté jusque-là par la plupart des écrivains d'oc de son temps, Jasmin compris. Poème accompagné de notes copieuses dont une qui constitue un véritable manifeste faisant de la littérature provençale telle que la voit l'auteur l'outil du renouveau de la littérature française dans son ensemble. Second pari, lié au précédent : sortir du seul cadre provincial (perçu par Mistral comme étriqué et suiviste) pour obtenir une reconnaissance parisienne, puisque c'est à Paris que se font les réputations littéraires. En apparence, le pari est gagné : salué par Lamartine et une bonne partie de la critique nationale, le poème connaît un grand succès sanctionné par plusieurs rééditions parisiennes les années suivantes (quatre entre 1860 et 1870). Succès qui masque en réalité le fait que pour les critiques, le poème vaut par son côté « charmant, rustique » pour reprendre les adjectifs les plus utilisés, et pittoresque, et se voit utilisé contre les nouvelles tendances littéraires du temps (notamment Baudelaire). Par ailleurs, le choix linguistique de Mistral n'est absolument pas compris, et personne ne croit vraiment qu'il puisse exister une littérature provençale valant la peine d'être lue. De fait, si Mistral encourage ses amis -Aubanel, Roumieux... à profiter de son succès pour lancer leurs propres ouvrages, leur écho est infiniment moindre, ce qui constitue un premier mauvais signe. Certes, sur place, l'effet Mirèio permet au Félibrige de faire un certain nombre de recrues, en Provence comme en Languedoc oriental.

Elargissement et structuration du Félibrige - Les liens avec les Catalans

Face à cet élargissement géographique, il faut bien que le Félibrige, jusque-là groupe informel de jeunes amis, se structure un peu mieux. C'est Mistral qui élabore les premiers statuts en 1862, afin de fournir cette structure, et permettre l'essor d'une littérature d'oc dont il estime possible l'intégration sans problème au champ littéraire national. Ces premiers statuts, très restrictifs (cinquante « félibres » cooptés à vie) et bâtis sur le modèle de l'Institut de France avec des sections spécialisées (poésie, sciences, arts, histoire...) ont l'ambition de servir de point de ralliement à tous les intellectuels et artistes du Midi de la France -fort peu en réalité se montrent intéressés, ce qui est aussi un mauvais signe. Le début des années 1860 est aussi le moment de la rencontre avec la Renaixença catalane, notamment le poète, historien et militant politique « libéral » Victor Balaguer. Ces contacts amènent Mistral à envisager la possibilité d'un élargissement de l'action du Félibrige, en passant de la simple revendication linguistique et littéraire à une revendication plus directement politique, autour du thème du fédéralisme -un fédéralisme que Mistral envisage à l'échelle européenne -moyen de dépasser le clivage nord-sud interne à la France. Cela dit, les contours de ce fédéralisme restent flous, et exprimés surtout dans des correspondances avec des interlocuteurs choisis (et rares), ou dans des poèmes allégoriques. En 1864, l'opéra Mireille de Gounod réveille l'intérêt parisien pour Mistral, qui peut donc continuer à croire au succès de sa stratégie.

1867 : Calendau, « La Coumtesso » : Mistral incompris

Le réveil sera brutal : en 1867 Mistral repart pour Paris avec son second poème, Calendau, qui se veut d'une certaine manière une épopée « nationale », mettant en scène un jeune homme du peuple libérant une princesse opprimée, sur fond de description de la Provence intérieure, et à grand renfort, là encore, de notes érudites constituant une sorte de manuel de culture provençale. À peu près au même moment, il publie aussi un poème court, « la Coumtesso », allégorie dans laquelle une comtesse (la Provence) est enfermée dans un couvent par sa méchante sœur. Mais un jour, les jeunes vaillants du pays viendront délivrer la prisonnière, et pendre l'abbesse (pas la méchante sœur) aux grilles de son couvent. Or, l'accueil des critiques est plutôt froid. En dehors du fait qu’'ils ne comprennent toujours pas pourquoi Mistral n'écrit pas en français, certains d'entre eux (ceux qui ont entendu parler de la Coumtesso, comme Zola) croient discerner dans ses vers des pensées dangereuses pour l'unité nationale. En 1868, un ouvrage d'un ex-ami de Mistral, Eugène Garcin, Français du Nord et du Midi, confirme cette impression en accusant tout bonnement Mistral de tentations séparatistes (et, par ailleurs, réactionnaires). L'échec de Calendau (qui ne sera réédité que vingt ans plus tard) et cette polémique prennent Mistral au dépourvu.

Le cadre : entre débats nationaux et affaiblissement des liens avec les Catalans

S'il entrevoit, après coup, ce qu'ont été les limites de son succès de 1859, il ne voit pas que ses idées politiques supposées, bien vagues de toute façon, sont manipulées dans un débat interne à la gauche républicaine. Ce débat, assez vif sous le Second Empire, oppose ceux qui considèrent que la République doit centraliser face au péril de dissidences locales de type vendéen, et ceux qui considèrent au contraire que la centralisation dite « jacobine », n'est rien d'autre que le retour au cœur du processus révolutionnaire d'un héritage d'Ancien Régime recyclé au profit de la bourgeoisie (c'est la position de Quinet et de son disciple, Xavier de Ricard, qui la défendra dix ans plus tard à l'intérieur du Félibrige « rouge »). Mistral peut être un temps rassuré par le développement des rapports avec les catalanistes, qui l'invitent à Barcelone en mai 1868 avant d'envoyer une délégation aux grandes fêtes de Saint-Rémy en septembre, mais une révolution en Espagne (automne 68), suivie de troubles assez graves aboutit à ce que ces rapports se distendent, laissant le Maillanais seul avec ses déceptions, renforcées encore par des problèmes intimes. Politiquement, il met un temps ses espoirs dans le dernier premier ministre de Napoléon III, le Marseillais Emile Ollivier, ex-républicain devenu bonapartiste « libéral » qui annonce des réformes décentralisatrices. La guerre de 1870, puis la Commune, accentuent le virage à droite de Mistral, qui se prend alors à espérer, comme son ami Roumanille, une restauration monarchique, qui, croit-il, amènerait le retour aux vieilles provinces.

Le Tresor dóu Felibrige – Lis Isclo d’or – Nouveaux statuts du Félibrige – L’Idée latine

Durant ces années de désarroi confinant à la dépression, sa production littéraire est au plus bas, seule l'élaboration de son dictionnaire le mobilisant encore un peu (Le Tresor dou Felibrige commence à paraître en fascicules à partir de 1878). Mistral reprend pied peu à peu, cependant. Il participe activement à un certain nombre de grandes fêtes couplées avec des concours littéraires en langue d'oc (Cinquième centenaire de la mort de Pétrarque en 1874, inauguration de la chapelle à Notre-Dame de Provence à Forcalquier, et concours de philologie de la Société pour l'Étude des langues romanes de Montpellier en 1875). La même année paraît la première édition de son recueil lyrique Lis Isclo d'or. En 1876, il se marie, quelques mois après avoir doté le Félibrige de ses seconds statuts, correspondant en gros à ceux actuellement en vigueur. Plus question de bâtir une académie à l'échelle de l'ensemble de l'intelligentsia méridionale : si subsiste un Consistoire de cinquante Majoraux couronné par un Capoulié (Mistral jusqu'en 1888), l'accent est mis désormais sur le recrutement de manteneires, autrement dit de sympathisants de la cause de la langue, faisant surtout office de figurants souvent éphémères... Si, dans une France en proie au repli nationaliste il n'est plus question de parler d'un fédéralisme européen qui donnerait une place à la Nation provençale, Mistral se rabat sur une Idée Latine prônant l'union, autour de la France (et de son Midi) des grands peuples « romans » du sud de l'Europe : les grandes Fêtes Latines organisées à Montpellier (par les félibres de la Société pour l'Etude des langues romanes) en 1878 voient ainsi couronné un poète roumain, Vasile Alecsandri, qui se trouve être par ailleurs un homme politique important dans son pays. Cela n'ira au demeurant jamais bien loin. Et à peu près au même moment, une grave crise interne au Félibrige combinée à de nouvelles accusations de séparatisme dans la presse républicaine parisienne (cachant en fait une simple dénonciation des amitiés monarchistes des leaders du Félibrige) amène Mistral, une nouvelle fois, à en rabattre sur ses ambitions.

Volonté de reprise en main du Félibrige – Nouvelles publications – Le Museon arlaten

Mistral se concentre alors d'une part sur la direction du Félibrige, avec un travail énorme de gestion des conflits, mais aussi de correction des textes proposés à publication (dans l'Armana Prouvençau par exemple) et, d'autre part, sur sa propre production. Une seconde édition des Isclo d'or paraît en 1878, puis une troisième, à Paris chez Lemerre en 1889. Entretemps, Mistral a publié sa nouvelle Nerto en 1884. Viendront ensuite la tragédie La Reino Jano en 1890 (seul essai de Mistral dans le domaine du théâtre, peu concluant), Lou Pouemo dou Rose en 1897, un recueil des discours de Mistral en 1906 (Discours e dicho), la même année que Moun Espelido, Memòri e raconte, les « mémoires » du poète, puis en 1910 la traduction de La Genèsi, reprenant des fragments publiés au fil des ans dans l'Armana Prouvençau, et enfin, en 1912, son dernier recueil lyrique, Lis Oulivado (1912). Seront publiés après sa mort trois recueils de Proso d'Armana et un récit de voyage en prose, Escourregudo en Itàli, écrit, nous dit-on, en collaboration avec son épouse. D'autres inédits, notamment des correspondances avec divers acteurs de la renaissance d'oc ont été publiés par la suite, sans épuiser la matière. Parallèlement, Mistral se consacre à la mise en place des collections ethnographiques du Museon Arlaten.

Les dernières années

Si ses dernières années le voient recevoir le demi prix Nobel de littérature de 1904, et être l'objet de célébrations multiples (cinquantenaire du Félibrige en 1904, cinquantenaire de Mirèio en 1909, visite du Président de la République Poincaré en 1913...), sur fond d'un véritable culte de la personnalité orchestré par ses disciples, tout cela ne l'empêche pas de constater la difficulté du Félibrige à trouver en son sein une personnalité capable de lui succéder. Il peut bien faire figure de patriarche « olympien », objet de visites presque touristiques à Maillane et sujet de nombreuses représentations artistiques de plus ou moins bon goût dont lui-même riait parfois volontiers, il est permis de penser que sa déception a été grande, face aux limites de la progression du Félibrige et, au-delà, de la renaissance d'oc dans les domaines qu'il percevait comme prioritaires : la diffusion d'une littérature d'oc ambitieuse et de qualité, la reconnaissance de la langue à l'école, sans parler de la cause de la décentralisation.

La postérité

À sa mort en 1914, quelques mois avant le déclenchement de la première guerre mondiale, commence le temps de sa postérité. Le Félibrige entretient le culte de son père fondateur jusqu'à aujourd'hui, de commémoration en commémoration (centenaire de la naissance en 1930, centenaire du Félibrige en 1954, centenaire de Mirèio en 1959, anniversaires de sa naissance et de sa mort chaque année...). De nombreuses rues et avenues du Midi portent son nom. La bibliographie qui lui est consacrée est immense, quoique de qualité très inégale : il faut attendre les années 50 pour voir vraiment apparaître les premiers travaux critiques dépassant le niveau des « biographies » pittoresques, ou des récupérations politiques (maurrassiennes puis vichistes notamment). Si son œuvre reste largement ignorée des spécialistes de littérature française, qui poursuivent dans la voie ouverte par leurs prédécesseurs les critiques myopes du XIXe, cette œuvre est régulièrement rééditée et trouve ainsi de nouveaux lecteurs. Au-delà des clichés, et du respect machinal dû au personnage, il reste à la redécouvrir, dans sa richesse et sa complexité.

Sources et bibliographie


Compte tenu de l'importance du personnage, la masse de références est colossale, et on ne peut ici donner que quelques indications.

Sources

Les correspondances reçues par Mistral sont conservées au musée de Maillane ; mais un certain nombre de ses lettres et de celles qu'il a pu recevoir ont été recueillies au musée du Roure, à Avignon. Certaines de ses correspondances, (avec les acteurs les plus importants) ont été publiées, mais il reste du travail...

Bibliographie

Un premier point a été fait par Edmond Lefèvre en 1903 : Frédéric Mistral, Bibliographie sommaire de ses œuvres, Marseille, Idèio Prouvençalo, 1903. Contient aussi les références de tous les livres, brochures, articles... consacrés à Mistral (154 p.). Complété en 1969 par Georges Place, bibliographe reconnu de la littérature française : Frédéric Mistral, Paris, Editions de la Chronique des Lettres Françaises (157 pp.).

Biographie et critique

Là encore, on a affaire à une masse considérable, de qualité très inégale. Quelques pistes, classées chronologiquement :

  • Lafont, Robert, Mistral ou l'illusion, Paris, Plon, 1954.
  • Peyre, Sully-André, Essai sur Frédéric Mistral, Paris, Seghers, 1959.
  • Pélissier, J., Frédéric Mistral au jour le jour, Ophrys, publications des Annales de la Faculté des Lettres d'Aix en Provence, 1967.
  • Martel, Philippe, Les Félibres et leur temps. Renaissance d'oc et d'opinion (1850-1914), Bordeaux, PUB, 2010.
  • Mauron, Charles, Études mistraliennes, Saint-Rémy, 1989 (reprend des publications plus anciennes).
  • Mauron, Claude, Frédéric Mistral, Paris, Fayard, 1993.
  • Gardy, Philippe, Torreilles, Claire, dir. Frédéric Mistral et Lou pouèmo dou Rose, sl, CELO, 1997.
  • Casanova, Jean-Yves, Frédéric Mistral, l'enfant, la mort et les rêves, Canet, Trabucaire, 2004.
  • Casanova, Jean-Yves, Frédéric Mistral, l'ombre et l'écho, Paris, Garnier, 2016.
  • Casanova, Jean-Yves, Courouau Jean-François, Martel, Philippe, dir. Sus la mar de l'istòri, lectures et réception de l'œuvre de Frédéric Mistral, Paris, Garnier, 2018.
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le 6 décembre 1922 à Nîmes dans une famille ouvrière, père de culture protestante quoiqu’athée, mère catholique, instituteur adepte des techniques Freinet (dont il était un ami personnel), il grandit dans le quartier populaire de La Placette, peuplé d’artisans et de petits commerçants, il découvre l’occitanisme grâce à la rencontre d’Aimé Serre dans le cadre du mouvement Freinet. Son engagement occitaniste se déploie dans ses trois activités : pédagogue, écrivain et conteur.


Identité


Formes référentielles :

Georges Gros

 

Autres formes du nom :

Georges-Louis Gros

Jòrgi Gròs, Jòrgi Gros (forme occitane)

Éléments biographiques

Georges Gros est né à Nîmes le 6 décembre 1922, d’un père maçon – plâtrier – et d’une mère au foyer. Enfance et jeunesse se passent au cœur des quartiers de la Placette et des « pès descauç » (va-nu-pieds), peuplés d’artisans et de petits commerçants ; les lieux et les gens vont lui laisser les empreintes que l’on retrouve tout au long de son œuvre littéraire et de ses engagements. Ses cousins paysans gardois parlent occitan.

Par la volonté de sa mère, il fait toutes ses études jusqu’au baccalauréat (1941) au lycée Alphonse Daudet à Nîmes, chose rare dans les milieux populaires. Il s’y forge une solide culture qu’il ne cessera toute sa vie d’enrichir. Il apprend l’italien et l’allemand et se passionne pour la philosophie. Ainsi cite-t-il parmi ses lectures Lefebvre, Morin, Sartre, Levi-Strauss, Barthes, Kristeva, Foucault, Michel Serres. À propos des théoriciens du conte, il cite aussi Propp, Lacarrière, Vernant, Ecco… Son œuvre littéraire est nourrie de lectures diverses dont les allusions apparaissent souvent au fil des pages comme autant de clins d’œil.

Il épouse en 1941 Yvette- Marie Louise Roche, couturière, dont la mère est Auvergnate et ils ont deux filles Lise (1943) et Martine (1948). Les doubles racines de la montagne et de la Méditerranée rythmeront la vie et l’identité de la famille Gros-Roche…

Sa jeunesse est marquée par la guerre d’Espagne et la fréquentation des Auberges de jeunesse en compagnie d’amis de lycée dont certains rejoindront les FTP, l’écrivain occitan René Siol (mort en 2011), Jean Vallatte (assassiné par les nazis en 1944)...

En novembre 1941, alors qu’il n’a pas encore 20 ans et qu’il n’a pas de formation il est recruté comme instituteur suppléant et envoyé pour huit mois au Martinet, dans les Cévennes minières. Année difficile à l’issue de laquelle il confie avoir compris que ce métier serait le sien, ce que confirme une année de stage pédagogique en 1942. Affecté dans le cadre du STO à des fonctions administratives, il peut falsifier des fiches pour éviter le départ des soutiens de famille. Recherché, il est envoyé par son inspecteur en 1944 à Montagnac, à 23 km au nord de Nîmes où il découvre la pédagogie Freinet. Il n’évoquait jamais ces activités résistantes ni les années de guerre… modestie extrême certes et aussi souvenirs traumatiques.

En 1947, affecté à Vauvert, il y rencontre un autre instituteur – qui allait devenir plus tard professeur au lysée Dhuoda – l’écrivain occitan Aimé Serre, (auteur du roman d’inspiration autobiographique Bogres d’ases), grâce auquel il associe désormais pédagogie Freinet et occitanisme. Affecté à Brignon de 1952 à 1954, puis à Nîmes où il obtient un poste en janvier 1954 à l’École d’application du Mont Duplan, avec une équipe d’enseignants convaincus et passionnés d’éducation nouvelle, il poursuit son engagement dans la pédagogie Freinet : dans le cadre d’une équipe d’enseignants convaincus : journal scolaire, correspondance scolaire, imprimerie à l’école, travail individuel, expression libre, art enfantin, coopérative scolaire. Il devient en 1954 président du Groupe Gardois de l’Ecole Moderne. Les échanges et travaux d’enseignants se multiplient départementalement, nationalement et internationalement.

De 1964 à 1966, avec Aimé et Abeille Serre, il participe à des stages de formation des élèves instituteurs en Afrique. L’Afrique (Gabon, Tchad et Cameroun) est la source d’inspiration pour son roman Lo Batèu de pèira.

Revenu à Nîmes, il exerce en classe de transition, puis devient conseiller pédagogique au Collège Jules Verne (1969), avant de demander son affectation en 1973 dans la classe unique du quartier de la Planette, où résident ses amis Serre.

Il prend sa retraite de l’enseignement en 1978, ce qui lui permet de passer plus de temps à l’écriture et il reste très actif pratiquement jusqu’à son décès en 2018. Il est de toutes les manifestations syndicales et se considère comme un militant de gauche, sans cependant avoir jamais été membre d’aucun parti.

Engagements dans la renaissance d'oc


Des engagements et activités multiples

L’enfance de Georges Gros est nourrie d’occitan, pratiqué en famille et entre voisins, langue littéraire de Bigot, dont beaucoup de Nîmois aimaient à réciter les fables.

Avant sa rencontre avec Aimé Serre, qui le projette dans la reconquête de la langue et la culture occitanes, Georges Gros, même s’il avait commencé à écrire en occitan à partir de 1950, n’avait pas projeté cette culture occitane populaire dans un investissement conscient – pédagogique, artistique ou militant. À partir de cette prise de conscience, dans le cadre d’associations occitanistes comme de structures de l’éducation populaire à laquelle il était très attaché (Bibliothèque pédagogique Henri Gaillard, Comité de la Placette…), il fait vivre cette culture occitane dans des stages, conférences, émissions de radio et télévision. Il intervient également dans des établissements scolaires où il anime des ateliers d’écriture comme au Lycée Camargue (actuellement lycée Ernest Hemingway) pendant plusieurs années scolaires.

Habitant le quartier de Montaury, proche de la Placette et de son comité de quartier, il vit au cœur de lieux familiers, entouré de connaissances fidèles, où est vivante l’empreinte du poète Bigot. Dans le cadre de l’atelier occitan de Jean Journot et des ateliers MARPOC il donne des cours d’occitan pour adultes.

À la fin des années 1970, il est témoin des débats passionnés de l’IEO entre deux tendances qui s’en disputent la direction, la tendance « Alternative », regroupée autour de Robert Lafont et la tendance « IEO non dependent » autour d’Yves Rouquette. Les occitanistes nîmois se placent majoritairement dans le sillage de Robert Lafont. La défaite, deux années consécutives, 1980 et 1981, de la tendance « Alternative » – dont la participation de ses membres est refusée au sein du conseil d’administration – crée un traumatisme dans l’IEO. Une bonne partie des fidèles de Robert Lafont démissionnent et créent des structures alternatives dont la MARPOC, en 1980, à Nîmes. Georges Gros en est le vice-président. La MARPOC va organiser les Rencontres populaires occitanes, prenant le relais de l’ancienne Université occitane d’été, qui était organisée à Nîmes sous l’égide de l’IEO.

En 2007, MARPOC et IEO se retrouvent de nouveau unis ; le nom d’Université occitane d’été est repris et continue de nos jours, animée par une équipe sous la direction notamment de Georges Peladan. Georges Gros, sans jamais s’imposer, avec une modestie que l’on pourrait juger excessive, avec un souci permanent du dialogue, prête volontiers son concours à ces lieux de formation populaire qui ont pu réunir un temps des centaines de participants.

Georges Gros est aussi de toutes les grandes manifestations pour la langue, pour sa place à la télévision… mais il est bien sûr présent dans d’autres rassemblements comme ceux des années 1970 sur le Larzac.

Passionné par le conte, il crée l’association de conteurs « La voile et l’Ancre » avec sa fille Lise Gros et sa petite-fille Delphine Aguiléra et se réjouit de voir ses filles et ses petites-filles prendre le relais en devenant enseignantes d’occitan, conteuses, chanteuses ou écrivaines.

Un hommage lui a été rendu à Nîmes lors d’un colloque en juin 2007 intitulé Lo dich e l’escrich. Ce colloque a donné lieu à l’édition de l’ouvrage : Lo Dich e l’Escrich. Jòrgi Gròs, ensenhaire, militant, escrivan, contaire

L’œuvre littéraire

Georges Gros a construit à partir des années 1980 une œuvre essentiellement en prose – contes, nouvelles et romans – avec quelques textes poétiques dont certains écrits en vue d’une interprétation musicale (Delfina Aguilera, Groupe Osco, Groupe Masc, Rémi Salamon...). Tout en adoptant la graphie classique de l’occitan, il se réfère au parler du poète Nîmois Antoine Bigot, le provençal dans sa forme nîmoise, dont il a une totale maîtrise, et emploie une forme de langue riche et cohérente.

Il participe aussi à la création de la revue Mar e Mont, complétée par des éditions du même nom ; on peut voir dans ce titre le signe de son double attachement géographique (Nîmes et Auvergne) mais aussi les paysages doubles du Gard – où s’est passé l’essentiel de sa vie - que l’on retrouve dans ses contes. L’Auvergne, pays de son épouse, apparaît en particulier dans le roman Lei bugadièras blavas.

Si l’œuvre s’organise principalement autour de la ville de Nîmes et des garrigues environnantes, c’est une ville ouverte qu’elle donne à voir, à l’image de cette « Placeta », minuscule place populaire d’où s’échappent sept rues. Georges Gros réinvestit les lieux de tout un imaginaire issu de la tradition orale. À ces mythes traditionnels organisés autour de personnages comme la Romèca, qui hantait les puits des maisons, il associe la vie quotidienne de la ville, celle de son enfance dans des quartiers populaires, et la cité d’aujourd’hui, toute pétrie d’occitanité à travers ses toponymes, du Chemin des Anticailles à celui de Camplanier.

Cependant, l’œuvre de Georges Gros est tout sauf enfermée. Les séjours en Afrique lui ont inspiré le roman Lo Batèu de pèira, qui joue entre l’Afrique et Nîmes, lieu de départ et lieu de retour. Le bateau de pierre, c’était, dans l’imagination de l’enfant, le nom d’un immeuble familier, boulevard Jean-Jaurès, semblable à la proue d’un navire. Au fil des contes et romans, le monde est convoqué, dans son histoire comme dans son actualité, des résistants de « L’Affiche rouge » à ce jeune Palestinien, surpris malgré lui en pleine Intifada et protégé par un artisan… juif. Beau conte de Noël, qui n’ignore pas, cependant, l’épaisseur du réel. Quant au roman Ieu, Bancèl oficièr d’Empèri, c’est sur plusieurs moments d’histoire qu’il joue, à travers l’évocation des Camisards ou celle du communard Louis Rossel dont le deuxième personnage du roman, l’officier Le Hir, objecteur de conscience des années 80, croise le destin.

Les contes – dont une grande partie est encore inédite – sont peuplés de figures croisées dans une vie d’observateur aigu et empathique des choses et des êtres, souvent observés par lo Jorgeon, le petit Georges, figure de l’auteur-enfant, qui parcourt en liberté les rues de sa ville. Humbles vendeurs d’herbes sauvages, lavandières, enfants facétieux, marginaux souffre-douleur, gitans plus ou moins sédentarisés… l’œuvre abonde de ces figures dessinées en quelques traits expressifs.

Certains contes, expérimentés par le pédagogue, sont destinés aux enfants, mais beaucoup supposent un public adulte. L’auteur en a d’ailleurs établi un répertoire raisonné et les signale comme « philosophiques », « sociologiques », ou encore « satiriques ». Ce répertoire témoigne de la pratique d’écriture consciente qui est la sienne. En effet, le classement qu’il établit de ses contes, comme ses articles théoriques font montre d’une réflexion du plus haut niveau, inspirée de ses lectures d’ethnologie et d’anthropologie

C’est certainement la conjugaison entre l’humour, la spontanéité et l’humanité du conteur-pédagogue, son écoute du monde et des gens (l’occitan a un seul mot pour dire ces deux réalités : lo mond), sa maîtrise d’une langue riche, juste et variée dans ses tonalités, et la science critique de l’érudit, qui expliquent la qualité de cette œuvre.

Florian Vernet, autre pédagogue écrivain, concluait ainsi sa préface aux Contes de las garrigas nautas : « Ces trois contes, comme tous ceux qu’il a écrits au cours de sa vie valent aussi pour la langue, cet occitan de Provence si fluide, si élégant, si classique. Un des miracles des contes réussis, c’est ainsi de rendre accessible et sensible à tous la diversité, la beauté parfois tragique et la vertigineuse complexité du monde. ».

Bibliographie de l'oeuvre publiée en volumes

Nb. Un inventaire complet de l’œuvre, y compris les inédits a été publié dans le n° 1 de la Revue des Langues romanes, 2022, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée

Romans

Lo batèu de pèira, IEO « A tots », Toulouse, 1984.


Ieu, Bancel, oficièr d’Empèri / Moi, Bancel, officier d’Empire, traduction française par Aimat Serre, MARPOC / IEO 30, Toulouse, 1989.


Lei bugadièiras blavas : Cronicas d’una pantaissada, MARPOC « Mar e Mont », Nîmes, 2014.


Le bateau de pierre, traduction de Lise Gros, IEO, Puylaurens, 2020.


Contes

Lei còntes de la Placeta e dau Cors Nòu / Les contes de la Placette et du Cours Neuf, MARPOC « Vivre à Nîmes », Nîmes, 1982 ; 2ème édition L’Aucèu libre, Salinelles, 2019.


Còntes de la Planeta e dau Planàs, ROMEC, Nîmes, 1985.


Sornetas e cançonetas, CDDP - CRDP, Nîmes, 1989.


Lo pichòt trin, Calandreta nimesenca, Nîmes, 1993.


L’enfant bravonet, Calandreta nimesenca, Nîmes, 1995.


La paura Chacha, Calandreta Aimat Serre, Nîmes, 1995.


Michèu l’Ardit en avion, Calandreta Aimat Serre, Nîmes, 1995.


L’autra Arlatenca, in Colors, Lycée de la Camargue, Nîmes, 1997.


Còntes de la Fònt de Nimes, MARPOC « Mar e Mont », Nîmes, 1997.


Còntes de la garriga nauta / Contes de la haute garrigue, traduction par Marie-Jeanne Verny, CRDP, Montpellier, 2009.


Nouvelles

Paraulas pèr una ciutat, Lycée de la Camargue, Nîmes, 1995.


Contient : « Lo batèu de pèira » [extrait], « Lei Pòrtaclaus », « ZUP Nòrd » [Extrait de Ieu, Bancèl], « Charter », « Ciutat dau sòmi », « La Monaca blanca », « Lo lièch », « Vilaverda », « Fontblanca », « Fontnegra ».

Ai bèus jorns / Aux beaux jours, MARPOC « Mar e Mont », Nîmes, 2006.


Contient : « Gartenstrasse », « Es pas de creire », « Ai bèus jorns », « Nadau d’Intifada », « Lo Gèli gelat », « Retorn a l’infèrn », « Manitoba Dry », « Lo Moisset », « Un laüsert sus lo braç », « Lo sembla-aucèu », « La filha mauva », « Lo papet de Lotza ».

Ai ribas de la mar bèla / Sur les rives de la mer belle, IEO, Nîmes, 2009.


Contient : « La vela e l’ancora », « La pèira dau drac », « La dança de la Tarasca », « La Farfaneta », « Lei tres corrièrs deis Aigas Mòrtas », « La sòrre dei tretze vents », « L’ombra de l’engana », « L’òme qu’aviá pas enveja », « Lo chivau de mar », « Imatges dimenchaus », « Lei chucasang de Teba », « Lo còp de Samòta », « Lei Dieus de sabla », « Miègterrana ».

Poésies

Un jorn, un « ai ! qu ? » / Un jour, un haiku !, IEO Lengadòc, Béziers, 2012.


Bibliographie secondaire

Bastide, Bernard, « Les contes de la Placette et du Cours Neuf », Calades, n° 33, novembre 1982, p. 13.


Castan, Félix-Marcel, « Per saludar Jòrgi Gròs », L’Occitan, n° 100, 1992, p. 5.


Fourié, Jean, « Gros (Georges) », dans Dictionnaire des auteurs de langue d'oc de 1800 à nos jours, Aix-en-Provence, Félibrige, 2009.


Gros Lise, Peladan Jòrdi, Lo dich e l’escrich : Jòrgi Gròs, ensenhaire, militant, escrivan, contaire, actes del colloqui Total Festum, IEO Gard, Nimes, 2008.


Paul, Claudine, Georges Gros, écrits et discours occitans d’un pédagogue nîmois, mémoire de master 2, université Paul-Valéry, Montpellier III, 2006. Disponible également au CIRDOC.


Vielzeuf, Aimé, « Georges Gros », in Conteurs et poètes cévenols et gardois d’aujourd’hui, 1987, Librairie occitane de Salindres, p. 69-72.


Sitographie

Site del jornal Aquò d’aquí : Georges Gros présente Lei bugadièiras blavas. http://www.aquodaqui.info/Jorgi-Gros-presenta-sei-Bugadieirias-blavas-a-Nimes_a699.html


Site del Cep d’òc : Jòrgi Gròs raconte sa rencontre avec Prévert chez Célestin Freinet. http://www.aquodaqui.info/Jorgi-Gros-presenta-sei-Bugadieirias-blavas-a-Nimes_a699.html


Site del jornal Aquò d’aquí : Lo batèu de Pèira. aquodaqui.info/Lo-bateu-de-peira_a1564.html


Site d’Occitanica : Lo dich e l’escrich. occitanica.eu/items/show/19510


Site del CIRDOC Institut occitan de cultura : Hommage à Georges Gros. oc-cultura.eu/evenements/exposition-hommage-a-jorgi-gros


Site de L’eko des quartiers : Adieussiatz Jòrgi Gròs. ekodesquartiers.net/2018/02/19/adieussiatz-jorgi-gros/


Site del Jornalet : Nos a quitat lo grand pedagòg e escrivan Jòrgi Gròs. jornalet.com/nova/9474/nos-a-quitat-lo-grand-pedagog-e-escrivan-jorgi-gros/


Site del Diari : Silvan Chabaud : Lo dire e l’escriure, Jòrgi Gròs. lodiari.com/lo-dire-e-lescriure-jorgi-gros/

Verny, Marie-Jeanne, dir., « Georges Gros » in Mille ans de littérature d’oc, Université ouverte des Humanités / Université Paul-Valéry, 2016 : http://uoh.univ-montp3.fr/1000ans/?p=3314


Site de TèVéOC : www.teveoc.com : émissions « Lenga d’Òc », reportages sur Jòrgi Gròs, par exemple https://youtu.be/1QZog-PPTYQ et https://youtu.be/MdsVyptC_TU






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crédit photo : Georges Souche ]]>

Entretiens avec Georges Gros (2002 et 2009), le premier publié dans la revue Lenga e país d’oc, 41, le deuxième mis en ligne sur le site du CRDP de Montpellier. Ces deux entretiens ont été repris dans le n° 1 de la Revue des Langues romanes, 2022, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée ]]>
Né à Fontenay-sous-Bois, écrivain, journaliste, républicain, communard puis proche de certains socialistes, félibre co-fondateur de La Lauseta, Majoral de la maintenance du Languedoc, Cigale de Cleira ou de l’Orb, mort à Marseille en 1911.


Identité

Formes référentielles :

Louis-Xavier de Ricard


Autres formes du nom :

Loís-Savièr de Ricar, Xavier de Ricard


Appartenances

« Homme de Lettres » ; écrivain, traducteur et journaliste, franc-maçon de la loge des Émules d’Hiram ; rédacteur en chef de la Revue du Progrès ; co-fondateur avec Catulle-Mendès du mouvement poétique français Le Parnasse Contemporain ; participant actif à la Commune de Paris; mantenèire du Felibrige à partir de 1876, (il en devient) majoral en 1888 ; co-fondateur de l’association La Cigale de París ; créateur de La Lauseta avec Auguste Fourès et Lydie Wilson de Ricard; fondateur du journal La Commune Libre ; candidat aux législatives sous l’étiquette socialiste, fédéraliste, membre de La Ligue Républicaine du Midi ; créateur de l’Alouette- l’Alliance Latine, Président d’honneur de la Fédération régionaliste de France ; conservateur du château d’Azay-le-Rideau …


Éléments biographiques

Louis-Xavier de Ricard est né le 26 janvier 1843 à Fontenay-sous-Bois de Joseph Barthélémy, 55 ans, colonel d’infanterie – lui-même né à Cette (Sète) en 1787, mort à Paris en 1867 – et d’Eugénie Françoise Éléonore Pauthier, 21 ans, sans profession. Il s’agit du deuxième mariage de son père, celui-ci avait épousé en premières noces Claire Asténie de Perpigna dont il a eu une fille née à La Martinique en 1822, décédée à Azay-le -Rideau en 1908.

En lutte contre l'Empire

Très jeune, à 14 ans, Louis-Xavier de Ricard a été reçu dans la loge maçonnique des Émules d’Hiram dont Alexandre Massol (Béziers 1803-1875), disciple du père Enfantin et des Saint- Simoniens, était le vénérable. Cette loge était « l’atelier le plus laborieux de propagande contre les institutions impériales 1» ce qui a permis à Ricard d’entrer en contact avec les différents groupes républicains et socialistes sous l’Empire. Fils dun marquis, général de Napoléon et aide de camp du prince Jérôme Bonaparte, Louis-Xavier a tiré un bon numéro lors du recrutement et a été exempté du service militaire.

En 1860 Ricard publie À Melle Léontine Huguet, 16 p., Paris, Imprimerie Jouaust. En 1862 – il n’a pas vingt ans – il publie, toujours à Paris, son premier livre axé sur la littérature Les Chants de l’Aube, chez Poulet-Malassis. Il s’engage en politique avec un fascicule La résurrection de la Pologne (Paris, Marpon 16 pages), et surtout, à partir de mars 1863, avec la création de La Revue du Progrès dont Alphonse Racot est le gestionnaire, L-X de Ricard n’étant pas majeur. Cette revue s’annonce franchement « rationaliste ». Dans sa réponse à G. Véran de la Revue Indépendante, philosophie histoire, sciences, littérature et beaux-arts, proche de Monseigneur Dupanloup, évêque dOrléans et homme politique, L-X de Ricard est plus précis sur les idées de la revue : « Nous autres matérialistes, panthéistes, athées ». On y trouve sous la signature de Pablo, Paul Verlaine qui y dédie à Ricard le poème « Les vaincus », qui sera repris dans son recueil Jadis et naguère (Paris, Vanier 1884). Ricard y publie une lettre de lhistorien philosophe Edgard Quinet alors en exil en Suisse. La Revue est saisie en mars 1864 pour « outrage à la morale religieuse et publication darticles traitant de politique économique et sociale sans autorisation. » Lors du procès qui en découle, Louis-Xavier de Ricard est défendu par Léon Gambetta et Clément Laurier, le secrétaire de Crémieux. Gambetta qui commençait à se faire connaître fait un plaidoyer contre lEmpire à la demande de Ricard. Celui-ci écope de trois mois de prison et dune amende. Incarcéré à Ste Pélagie en octobre 1864, il y côtoie Charles Longuet, Raoul Rigaut, Gustave Flourens… futurs acteurs de la Commune de Paris.

Création du mouvement Le Parnasse contemporain

En 1865 Louis-Xavier de Ricard dirige l’hebdomadaire L’Art chez Lemerre, éditeur du passage Choiseul à Paris ; le premier livre publié par cet éditeur est le deuxième ouvrage de Louis-Xavier de Ricard : Ciel Rue et Foyer. Le premier numéro du Parnasse Contemporain, co-fondé par Ricard et Catulle Mendès, paraît l’année suivante chez le même éditeur. Les poètes du Parnasse, Gautier, Leconte de Lisle, Banville, José-Maria de Heredia, Coppée, Baudelaire, Sully Prudhomme, Verlaine, Valade, Mallarmé, fréquentaient le salon littéraire de sa mère, la Générale de Ricard. Dans la controverse sur la centralisation révolutionnaire menée par Quinet contre les « néo-jacobins », il suit Quinet, le véritable inspirateur de son fédéralisme ultérieur. En 1867, ce dernier participe à la Gazette Rimée de Luzarche où se trouvent également Verlaine et Emmanuel des Essarts qui est plus tard publié dans la Lauseta.

Contre la guerre et avec la Commune de Paris

En 1870 de Ricard participe au Catéchisme Populaire Républicain, toujours chez Lemerre, avant de créer Le Patriote Français dont les trois numéros (7, 11 et 25 Juillet) se positionnent contre la guerre, ce qui l’oblige à un premier exil en Suisse.

Il en revient après la défaite de Sedan et la proclamation de la République s’engageant dans le 69e bataillon de la garde nationale, commandé par Blanqui puis dans les mobiles de la Seine. Fidèle à ses idées il participe à La Commune de Paris avec son ami Charles Longuet. Il publie deux articles signés de son nom dans le Journal Officiel : « Une révolution populaire » (7 avril) et « Tradition unitaire » (24 avril).

Il est avec son autre ami Maillé, sous-délégué au Muséum du Jardin des plantes. Plusieurs auteurs d’articles parus après son décès rapportent qu’il aurait témoigné devoir la vie sauve pendant la semaine sanglante au général chargé de le faire fusiller, qui se serait révélé être un ami de son père : par amitié pour ce dernier, et bien qu’opposé aux idées du fils il l’aurait laissé s’enfuir. Il s’exile une nouvelle fois en Suisse à Vevey. Il rentre début 1872, aidé par Edgard Quinet, le philosophe et historien avec qui il était en relation depuis La Revue du Progrès.

C’est à ce moment que les sentiments d’amitié d’enfance qui l’unissaient à Lydie Wilson se transforment et aboutissent au mariage civil à Authouillet en Août 1873. Le couple « s’apatrie » dans la région de Montpellier en 1874, habitant successivement dans un quartier proche de celui de Figuerolles, puis au Mas du Diable à Castelnau-le-Lez, et enfin au plan des Quatre Seigneurs, à Montpellier, d’abord au Mas de la Lauseta, puis au Mas d’Encombe ; Ricard partage son temps entre Montpellier et Paris. Deux deuils le frappent, celui de la sœur de Lydie, Jeanne, en 1877 et celui de sa femme Lydie, morte à Paris en 1880 et enterrée civilement à Montpellier près de sa sœur.

En politique, de Ricard est soutenu par la tendance socialiste « possibiliste » du Montpelliérain Paul Brousse, très proche des radicaux. En janvier 1881, à Montpellier, lors des élections municipales, tête de liste radicale soutenu par les broussistes, il obtient plus de 2 000 voix. Cest alors quil publie de nombreux articles dans le quotidien républicain de Montpellier Le Petit Éclaireur, puis devient en septembre rédacteur en chef du Midi Républicain. Il est en tête de la liste radicale, comme socialiste, aux élections législatives de la seconde circonscription de Montpellier et obtient la seconde place devant le candidat républicain et le candidat légitimiste. Il joue aussi un rôle important dans la fondation des chambres syndicales de Montpellier. Au même moment, L-X de Ricard poursuit l’écriture de romans et de pièces de théâtre en français : Thédaire Pradon La Conversion dune Bourgeoise, roman publié à Paris chez Fischbacher et La Catalane pièce jouée à Montpellier et ailleurs en 1894. Il traduit aussi de l’Italien Labrégé de lHistoire universelle de César Cantú et de l’espagnol Les Nationalités, du catalan Py i Margall, élu président de la république en janvier 1873.

En Amérique Latine

En 1882 il part pour l’Amérique latine, d’abord en Argentine, puis au Paraguay enfin au Brésil. Il se remarie avec Louise Kirchner, une Champenoise. Malgré sa présence au-delà de l’océan, aux élections législatives de 1885, il figure encore sur une « liste radicale-socialiste de protestation » qui n’obtient pas les résultats espérés. Pendant ce séjour en Amérique Latine dont il revient en 1886, tout en cultivant tout d’abord quelques hectares de terre pour gagner sa vie, il participe à divers journaux dont L’Union Française, le Rio Paraguay et le Sud Américain. Ses articles politiques sont porteurs de ses idées fédéralistes et socialistes et en ce qui concerne le Brésil il relaie une campagne contre l’esclavage qui continuait alors à sévir dans ce pays. De retour en France il publie par exemple dans Le Journal des Voyages (Paris) du 22 août 1886 un article intitulé « Les esclaves au Brésil ». Ce séjour nous est connu par ses articles et par les lettres échangées avec Auguste Fourès.

Retour en France et séjours à Barcelone et Java

Avec son épouse ils rentrent en France et ont un fils né à Montpellier en 1896. Entre temps en 1887 il occupe à Barcelone les fonctions de secrétaire de la section française de l’Université.

En 1890 le ministère des Colonies lui confie une mission à Java où il reste un an. Il séjourne ensuite un an à Paris.

Dès lors, de Ricard se consacre essentiellement à son activité de journaliste, créant et dirigeant des journaux et revues souvent éphémères, tel Le Languedoc à Montpellier en 1886. Il écrit dans La Dépêche de Toulouse, et en 1896 il est responsable de son édition de Montpellier. Le recensement des journaux dans lesquels il a publié des articles – parfois les mêmes comme souvent à l’époque – est encore à compléter, et s’avère compliqué tant ils sont nombreux. En 1902, toujours très attaché à l’Amérique latine, il traduit Les fils du Soleil de José de Alencar. De 1901 à 1903 sa signature est présente dans La Nouvelle Revue, Le Mouvement Catalaniste, Le Panlatinisme, La Renaissance Latine, La Revue Contemporaine, Le Monde moderne, La Revue des revues, Le Mouvement latin…

Dans les années 1901-1903, il tient une rubrique dans le supplément littéraire du Figaro intitulée « La Province ».

Une fin de vie dans la pauvreté

Cependant son travail de journaliste ne lui permet pas d’être à l’abri du besoin et en 1908 il réussit à être nommé conservateur du château d’Azay-le-Rideau récemment acquis par l’Etat. Il y enménage avec femme, enfant et demi-sœur, mais ne peut y rester.

Il finit sa vie malade et pauvre, accueilli sur la côte d’azur avec son fils et bénéficiant d’une souscription des lecteurs du Figaro et l’aide de Christian de Villeneuve-Esclapon (ils se connaissaient au moins depuis les Fêtes Latines de Montpellier en 1878).

Il voulait rentrer à Montpellier pour être enterré aux côtés de sa première femme Lydie, mais ses amis félibres le firent descendre du train où il voyageait avec son fils, pour l’amener à l’hôpital ; il y meurt le 2 Juillet et est enterré dans le carré des indigents.

Un cénotaphe est érigé en 1932 au Saint Lazare de Montpellier (Architecte Marcel Bernard, sculpteur Louis Guigue) et remis par le Félibrige à la municipalité. En 1998 les restes de Lydie et de Jeanne Wilson sont transférés auprès du monument grâce à l’association des amis de Lydie et Louis-Xavier en présence d’élus, de membres du Félibrige et de l’IEO.

Dans tous les actes officiels que nous avons pu consulter Louis-Xavier de Ricard signait : « Homme de Lettres. »



1 Ricard, L-X, 1891, Autour de Bonaparte, Paris, Savine, p 54.


Engagements dans la renaissance d'oc

À Paris dans sa jeunesse

Dans son premier livre en français Les Chants de l’Aube, Ricard place deux épigraphes en occitan, une de Jasmin, Françounetto, et une de Mirèio de Mistral . Dans une note, Ricard qualifie Mistral d’« homme de génie » et parle des « poètes qui ont le courage de parler comme on parle chez eux ». Il suit cependant son ami Eugène Garcin et ses théories sur l’épuisement de la race latine dans sa critique du livre de ce dernier Français du Nord et Français du Midi en 1868, mais ceci constitue un tournant qui le conduit à nouveau à la langue du Midi.

À Montpellier et Paris avec le Félibrige, La Cigala, La Lauseta

À son arrivée à Montpellier il est impossible à Louis-Xavier de Ricard d’écrire dans la presse des articles politiques, la loi du 14 mars 1872 interdisant en effet de publier des textes « visant à changer l’état de la société ». Il est également menacé pour sa participation à la Commune de Paris : l’amnistie n’interviendra qu’en 1880. Il collabore à La République du Midi avec des articles sur le Parnasse et sur le Félibrige (Novembre 1874-Février 1876). Il correspond avec Mistral qu’il admire comme poète mais auquel il s’oppose du point de vue des idées.

Au début de son séjour montpelliérain il écrit l’essai Le Fédéralisme, édité seulement en janvier 1876 chez Fischbacher à Paris. En novembre 1875 il participe, tout comme Auguste Fourès – mais ils ne se connaissent pas encore – à la création du Félibrige languedocien à Montpellier. Fourès entre en contact avec Ricard en lui envoyant son premier recueil en occitan, La Croux del Grand Aigat, en janvier 1876. C’est le début de leur amitié. Au même moment débute sa correspondance avec le pasteur Napoléon Peyrat auteur en 1870 de lHistoire des Albigeois, qui vit à Saint Germain en Laye. Cette Histoire a eu une très grande influence sur le groupe qui se déclare à partir de là « Albigéiste ».

À Paris en janvier 1875 Ricard fonde l’association « La Cigale » avec Lydie Wilson de Ricard, Maurice Faure, le futur ministre, et le peintre Eugène Baudouin, né à Montpellier. Le couple Ricard-Wilson participe en mai 1876 avec Fourès à la Sainte Estelle d’Avignon où le Félibrige se dote de nouveaux statuts centrés sur la défense de la langue et de la culture du Midi, et adhèrent à lassociation fondée à Fontségugne. À partir de là, ils créent l’almanach des félibres républicains La Lauseta dont le premier numéro parait en 1877. Il regroupe les félibres républicains languedociens et des Provençaux qui ne voulaient pas ou ne pouvaient pas être publiés dans lArmana Prouvençau de Mistral et du félibre blanc Roumanille, ainsi que des Catalans et des auteurs de toutes les langues latines. Fourès baptise Lydie « Na Dulciorella » (Madame Toute douceur) en Félibrige et tous trois sont à Paris en décembre 1877 pour assister en janvier suivant à l’assemblée de La Cigale et à la présentation du Fédéralisme chez Fischbacher. Ils en profitent pour rendre visite à Napoléon Peyrat à Saint-Germain (Ricard l’avait déjà rencontré en janvier 1876). De retour, les Ricard-Wilson participent à la felibrejado de Montpellier présidée par Mistral le 25 mars, précédée par la réunion de la Société des Langues Romanes et suivie de l’assemblée de la ligue républicaine du Midi. Mistral rend visite au couple dans sa nouvelle maison le Mas de la Lauseta au plan des Quatre Seigneurs à Montpellier, (ils avaient quitté Castelnau-le -Lez et le Mas du Diable en novembre 1875). En mai 1877 le groupe qui s’appellera plus tard « les félibres rouges », et la soeur de Lydie, Jeanne Wilson, participe à la Sainte Estelle d’Avignon. Le 2 novembre, Jeanne, l’amie, l’albeta, l’inspiratrice du poète Fourès, peintre, meurt et est enterrée civilement.

Après la parution en janvier de La Lauseta 1878, les trois félibres fondateurs lui préparent un supplément, L’Alliance Latine, qui parait en juin avec une anthologie poétique, puis en septembre. Les fêtes latines de Montpellier à l’initiative de la Société des langues romanes (26 et 27 mai) sont présidées par Mistral et en parallèle les félibres de La Lauseta organisent une assemblée dans une salle du café de la Paix dans le quartier de Figuerolles, sous la présidence d’honneur de Victor Hugo. Des sociétés l’Alliance Latine se développent à Paris, Toulouse…

Le groupe fait paraitre le Banquet de lAlouette, recueil des discours et textes envoyés à l’assemblée. Cette société fédéraliste avait pour objet de développer « la culture des sciences et des lettres. »

Le troisième et dernier numéro de cette série de La Lauseta paraît en 1879, un autre parait en 1885 à la demande de Louis-Xavier de Ricard [qui est en Amérique latine] à Fourès qui en a la responsabilité.

Le 13 Février 1879 Louis-Xavier de Ricard lance le bihebdomadaire Fédéraliste La Commune Libre auquel participent Ernest Jourdan (1843-1898) délégué ouvrier au congrès socialiste de Marseille et secrétaire de rédaction du journal et Ernest Ferroul, futur maire de Narbonne. Les numéros parus avec certitude sont au nombre de quatre : 13 et 27 février, l6 mars et 29 mai. Ils prennent position pour les droits des femmes. L-X de Ricard y soutient Mistral accusé de séparatisme par la presse parisienne.

En 1880 parait à Paris la volume de poésie La Cigale de la société éponyme chez Fischbacher. Lydie Wilson de Ricard meurt à Paris chez sa mère le 16 septembre. Elle est enterrée civilement à Montpellier au cimetière Saint Lazare. Les hommages lui sont rendus par Ernest Jourdan et Antide Boyer de Marseille.

Hommage à Fourès et à Lydie Wilson de Ricard

De retour d’Amérique Ricard fonde l’hebdomadaire Le Languedoc en 1886, puis est rédacteur au Petit Méridional. En 1888 il rend hommage à son ami sous le titre Un poète national Auguste Fourès (Paris, Savine). Il vient d’être élu au consistoire du félibrige, maintenance du Languedoc comme majoral avec la cigale de Cleira ou de l’Orb dont Gabriel Azaïs a été le premier titulaire. Fourès meurt en 1891, année où Ricard publie les oeuvres de sa femme Lydie : Aux Bords du Lez (Lemerre, París), précédées d’une introduction qui contient une courte biographie et explique la formation de ce qui sera appelé plus tard le Félibrige rouge. Il publie aussi Autour des Bonaparte (Paris, Savine, 1891), fragments des mémoires de son père le général de Ricard, où il conte dans le premier chapitre son contact avec la langue de Mistral.

En 1892 il est à Toulouse où il est l’un des fondateurs de l’Escolo Mondino, dont il est un temps président. Il revient ensuite à Montpellier où il demeure 5 ans. En 1893 il publie un essai politique, L’esprit politique de la réforme (Paris, Fischbacher), où il essaie de démontrer qu’il y a un protestantisme bourgeois et conservateur au nord, dans la lignée de Calvin, alors que le protestantisme méridional est populaire, progressiste et fédéraliste, car l’homme du midi est par essence ethnique ami de la liberté…

Partout il fait campagne pour l’idée fédéraliste, et à l’intérieur même du Félibrige ; ainsi en 1892 il signe le manifeste des jeunes félibres aux côtés de Charles Maurras et Frédéric Amourreti, deux Provençaux de tendance monarchiste. L-X soutient ce manifeste avec ses amis félibres rouges Jourdanne, Perbosc et Estieu, avant de prendre ses distances quand il comprend le tropisme de droite des amis de Maurras.

Hommage en 1932 à Montpellier

La maintenance du Languedoc dont il était majoral lui rend hommage en 1932 avec l’inauguration d’un cénotaphe au cimetière Saint Lazare en 1932. Un recueil édité pour l’occasion contient un texte de Charles Brun et les discours de Pierre Azéma, majoral du Félibrige, et sendic de la Mantenance du Languedoc, du maire de Montpellier Benjamin Milhaud, de Jean Fournel, Majoral du Felibrige et président du Parage de Montpellier et de R Chapoullié, inspecteur général des Arts appliqués.

 

Sources


  • BLIN-MIOCH, Rose, 2010, Édition critique de la correspondance de Lydie Wilson de Ricard (1850-1880), Thèse sous la direction de Ph. Martel, Univ Paul Valéry Montpellier III, occitan ED 58.
  • BLIN-MIOCH, Rose, 2011, « Les « Communes idées » de Louis-Xavier de Ricard et Lydie Wilson de Ricard à leur arrivée à Montpellier », Études Héraultaises, n° 41, p 139-146
  • BLIN-MIOCH, Rose, 2016, « Louis-Xavier de Ricard et son « Maître » Edgard Quinet », Murphy, Steve dirt, Le chemin des correspondances et le champ poétique, À la mémoire de Michael Pakenham, Paris Classiques Garnier, p 127-139.
  • BLIN-MIOCH, Rose, 2012, « Louis-Xavier de Ricard en 1868 et sa critique des Français du Nord et du Midi d’Eugène Garcin : une hésitation sur la route vers la cause de l’occitan ? », Lengas, 71, 2-12, Montpellier, PULM, p. 119-155. https://journals.openedition.org/lengas/368
    • CARBASSE,Jean-Marie, 1977, Louis-Xavier de Ricard, Félibre rouge, s. 1., Ed. Mireille Lacave, Montpellier.
    • CLERGUET, Fernand, « Louis-Xavier de Ricard », La Revue Littéraire de Paris et de Champagne, Juillet 1905 sur Bnf. Gallica.
    • CLERGUET, Fernand, « L-X de Ricard, « Maguelone Détruite », La Revue Littéraire de Paris et de Champagne, janvier et juin 1906
    • LAFONT, Robert et ANATOLE, Christian, 1970, Nouvelle histoire de la littérature occitan, PUF, 1970, t. 2, p. 670-671.
    • MARTEL, Philippe, 2010, Les félibres et leur temps, renaissance d'oc et opinion 1850-1914, Bordeaux, PUB, pp. 490-525.
    • MOULIN, Stéphane, 2011, L-X de Ricard Socialiste et félibre, Arts et traditions rurales, Montpellier. 1.
    • MORTELETTE, Yann, 2005, Histoire du Parnasse, Paris, Fayard.
    • PAKENHAM, M, éd, 1967, Introductions et commentaires, Ricard, Louis-Xavier de, Petits Mémoires d'un Parnassien, et Adolphe Racot, Les Parnassiens, Aux Lettres modernes, collection avant-siècle, Paris, Minard, 214 p.
    • PEYRONNAT, Georges, 1997, Un fédéraliste méridional du XIXe siècle, Louis-Xavier de Ricard (1843-1911), Nîmes Lacour.
    • RICARD, I Lydie de, 1891, Aux Bords du Lez, Préface L-X de Ricard, Lemerre, réédition avec présentation J-C Richard, Nîmes Lacour Revivia 1995
    • Ricard, Général de, 1891, Autour de Bonaparte, Fragments de Mémoires publiés par L-Xavier de Ricard, Savine, Paris.
    • SAGNES, Jean, fiche Maitron sur L.X de Ricard : Arch. Dép. Hérault : 15 M 34, 35 et 38. LUnion républicaine, août 1881 et septembre 1885.
    • SALADIN, F, Les élections législatives dans lHérault de 1881 à 1885 Montpellier-DES-1965.
    • SALVAT, Joseph, La Vie tourmentée de L.-X. de Ricard (1843-1911), Toulouse, 1943.
    • En Memoria de Louvis-Savié de Ricard (1843-1911). Montpellier, Mari- Lavit, 1932, 56 p. [recueille les discours de Pierre Azéma, Benjamin Milhaud, Jean Fournel et René Chapoullié].
    • [recueille les discours de Pierre Azéma, Benjamin Milhaud, Jean Fournel et René Chapoullié].

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    Nascut en 1943 a Fontenay-sous-Bois, escriveire, jornalista, respublican, comunard, puèi socialista, felibre fondator de La Lauseta, Majoral de la mantenéncia de Lengadòc, Cigala de Cleira o de l’Òrb, defuntèt a Marselha en 1911.


    Identitat 


    Formas referencialas 


    Louis-Xavier de Ricard


    Autras formas conegudas

    Loís-Savièr de Ricard ; Xavier de Ricard



    Apartenéncias

    « Homme de Lettres »; escriveire, traductor e jornalista, franc-maçon de lòtja maçonica dels Émules d’Hiram; cap-redactor de la Revista Revue du Progrès ; Co-fondador amb Catulle-Mendès del moviment poetíc francés Le Parnasse Contemporain ; Comunard de la Comuna de París ; sòci del Felibritge a partir de 1876 ne serà majoral en 1888 ; co-fondator de l’associacion La Cigale de París ; creator de La Lauseta amb Forès e Lidia Wilson de Ricard; del jornal La Commune Libre ; socialista, federalista, sòci de La Ligue Républicaine du Midi;; creator de l’Alouette-l’Alliance Latine, President d’onor de la Fédération régionaliste de France ; conservator del castel d’Azay-le-Rideau …



    Elements biografics

    Loís-Savièr de Ricard nais lo 26 de genièr de 1843 a Fontenay-sous-Bois de Joseph Barthélémy, 55 ans, coronèl dinfanteriánascut a Cette (Sèta) en 1787, mòrt a París en 1867 – e de Eugénie Françoise Éléonore Pauthier, 21 ans sensa profession. Es lo second maridatge de son paire qu’aviá en primièras nòças esposat Claire Asténie de Perpigna. Amb ela a agut una filha nascuda a la Martinica en 1822 e defuntada a Azay-le Rideau en 1908.

    En lucha contra l'Empèri

    Plan jove, a 14 ans, Loís-Savièr de Ricard es recebut dins la lòtja maçonica dels Émules d’Hiram que Alexandre Massol (Bezièrs 1803-1875), discípol del paire Enfantin e dels Sant-Simonians n’es lo venerable. "Aquela lòtja es lo talhièr mai valent de propaganda contra las institucions imperialas"1, que permeton a Ricard d’èsser en contacte amb los grops diferents de republicans e socialistas jos l’Empèri. Filh de marqués, general de Napoleon e ajuda de camp del prince Jérôme Bonaparte, Loís-Savièr tira lo bon numerò al temps de la conscripcion e es exemptat del servici militar.

    En 1860 Ricard, publica À Melle Léontine Huguet, 16 p., Imprimerie Jouaust. En 1862, a pas encara 20 ans, publica a París son primièr libre consacrat a la literatura Les Chants de l’Aube, en cò de Poulet-Malassis. S’engatja en politica amb un fascicle titolat La résurrection de la Pologne (Paris, Marpon, 16 pages) e subretot a partir de març de 1863 amb la creacion de la Revue du Progrès que ne pòt pas èsser lo gestionari, estent qu’es pas major. Es donc Alphonse Racot que ne pren la carga. La revista es anonciada coma « rationaliste ». Dins una responsa a G. Véran de la Revue Indépendante, philosophie histoire, sciences, littérature et beaux-arts, revista ligada a Monsénher Dupanloup, avèsque d’Orleans e òme politic, L-S de Ricard es mai precís sus las ideas dels redactors : « Nous autres matérialistes, panthéistes, athées ». [nosautres materialistas, panteistas e ateus]. Jos la signatura de Pablo se tròba Paul Verlaine qua escrich per Loís-Savièr « Les vaincus » [los vencuts], poèma que tornarà estampar dins una version diferenta dins son recuelh Jadis et naguère (Paris, Vanier 1884). Ricard i publica tanben una letra de l’istorian filosòf Edgard Quinet, en exili en Soïssa. La revista es sasida en març de 1864 jol motiu d’« outrage à la morale religieuse et publication d’articles traitant de politique économique et sociale sans autorisation ». Del temps del procès que seguís, Loís-Savièr de Ricard es defendut per Léon Gambetta e Clément Laurier, lo secretari de Crémieux. Gambetta, que comença d’èsser conegut, fai una plaidejariá contra l’Empèri coma li a demandat Loís-Savièr de Ricard. Aqueste es punit d’una multa e de tres meses de carcel. Dintra a Stelagie en octòbre de 1864, i costeja Charles Longuet, Raoul Rigaut, Gustave Flourens… futurs actors de la Comuna de Paris.

    1 Ricard, L-X, 1891, Autour de Bonaparte, Paris, Savine, p 54.

    Creacion del moviment Le Parnasse contemporain

    En 1865 Loís-Savièr de Ricard baileja lo setmanièr L’Art en cò de Lemerre. Lo primièr libre publicat per l’editor del passatge Choiseul es lo segond de L-S de Ricard : Ciel Rue et Foyer. Lo primièr numerò del Parnasse contemporain, co-fondat per Ricard e Catulle Mendès pareis l’annada seguenta en cò del meteis editor. Los poetas del Parnasse, Gautier, Leconte de Lisle, Banville, José-Maria de Hérédia, Coppée, Baudelaire, Sully Prudhomme, Verlaine, Valade, Mallarmé trevan lo salon literari de la maire de L-S, la generala de Ricard. Dins la controvèrsa sus la centralizacion revolucionària menada per Quinet contra los « neo-jacobins », seguís Quinet, lo vertadier inspirator de son federalisme ulterior. En 1867 Ricard participa a la revista de Luzarche, la Gazette Rimée, ont se tròba tanben Verlaine mas tanben Emmanuel des Essarts que serà mai tard un autor de La Lauseta.

    Contra la guerra e amb la Comuna de París

    En 1870 participa al Catéchisme Populaire Républicain, totjorn en cò de Lemerre abans de crear Le Patriote Français que sos tres numeròs (7, 11 et 25 Julhet) se posicionan contra la guerra, çò que l’obliga a un primièr exili en Soïssa. Ne torna aprèp la desfacha de Sedan e la proclamacion de la Republica, s’engatja dins lo batalhon de la garda nacionala comandada per Blanqui puèi dins los mobils de la Seina. Fidèl a sas opinions participa a la Comuna de París amb son amíc Charles Longuet. Publica dos articles dins lo Journal Officiel signats de son nom « Une révolution populaire » (7 avril) et « Tradition unitaire » (24 avril).

    Amb un autre amíc, Maillé, es jos-delegat al Museum du Jardin des plantes. Mantun autor d’articles escriches aprèp sa mòrt dison qu’auriá testimoniat dever sa vida del temps de la Semaine Sanglante al général cargat de lo far fusilhar, que s’èra revelat èsser un amíc de son paire e que malgrat l’oposicion a sas ideas l’auriá daissat fugir per aquesta amistat. S’exila un còp de mai en Soïssa a Vevey. Ne torna a la debuta de 1872, ajudat per Edgard Quinet amb loqual aviá de ligams dempuèi La Revue du Progrès.

    A son retorn de Soïssa, los sentiments d’amistat d’enfança que lo ligavan a Lydie Wilson se càmbian e se celebra lor maridatge civil a Authouillet prèp de Montfort l’Amaury en agost de 1873. Davalan dins la region de Montpellier, van viure dins un barri a costat del barri Figairòla, puèi al Mas del Diable a Castèlnòu de Les, enfin a partir de 1975, al plan dels quatre Sénhers à Montpelhièr, Mas de la Lauseta puèi al Mas d’Encombe. Ricard partís son temps entre Montpelhièr e París. Dos dòls tustan L-X de Ricard, lo de la sòrre de Lidia, Jeanne Wilson en 1877 a Montpelhièr e lo de sa femna Lidia mòrta dins la capitala en 1880, qu’es estada enterrada a Montpelhièr prèp de sa sòrre Jeanne.

    Politicament Ricard èra sostengut per la tendéncia socialista « possibilista » del Montpelhierenc Paul Brousse, pròchi dels radicals. En 1881 se presenta a las eleccions municipalas a Montpelhier e obten mai de 2000 voses. Es lo cap de lista radicala a las eleccions legislativas de la segonda circonscripcion de Montpellièr coma candidat sostengut per los socialistas e obten la segonda plaça dabans lo republican e lo legitimista. Publica un molon darticles sus Le Petit éclaireur, puèi ven en setembre cap-redactor del Midi Républicain. Jòga tanben un ròtle dins la fondacion de las cambras sindicalas. Paralelament, Loís-Savièr de Ricard contunha d’escriure de romans e de peças de teatre en francés : Thédaire Pradon, La Conversion d’une Bourgeoise, roman publicat a París chez Fischbacher e La Catalane peça jogada a Montpelhièr e endacòm mai en 1894, per exemple. Revira tanben de l’italian L’abrégé de l’Histoire universelle de César Cantú e de l’espanhòl Les Nationalités, del catalan Py i Margall, elegit president de la Republica en genièr de 1873.

    En America Latina

    Partís en 1882 en America latina, den premier en Argentina, puèi al Paraguay, enfin al Brasil. Se torna maridar amb Louise Kirchner, una femna champanhesa. Se presenta encara a deleccions legislativas del temps ques al Brasil en 1885. Sus una lista « radical-socialiste de protestation » que capita pas.

    Del temps qu’es en America Latina, cultiva qualques ectaras per s’avidar e participa a de jornals coma L’Union Française, lo Rio Paraguay e lo Sud Américain, de còps coma director. Sos articles politics son portaires de sas ideas federalistas e socialistas e per çò que concernís Brasil relaian una campanha contra l’esclavatge que contunhava de far de mal dins aqueste país. De retorn en França publica dins Le Journal des Voyages (París) del 22 d’agost de 1886 un article titolat « Les esclaves au Brésil ». Son sejorn nos es conegut mercé a sos articles e a las letras mandadas a son amic August Forés.

    Retorn en França amb de sejorns a Barcelona e Java

    Tornan amb son esposa en França en 1886 e an un filh que nais a Montpelhièr en 1896. Entretemps en 1887 a la fin de l’annada ocupa a Barcelona las foncions de secretari de la secion francesa de l’Universitat. En 1890 Lo ministèri de las Colonias li fisa una mission a Java ont demòra una annada. Sejorna puèi un an a París.

    Se consacra al jornalisme, crèa e baileja de jornals e revistas mai d’un còp efemèrs, escriu dins La Dépêche de Toulouse que n’es lo responsable de l’edicion de Montpelhièr. Lo recensament dels jornals ont publica d’articles – de còps los meteisses coma èra frequent d’aquel temps – es encara de completar e s’avera complicat en causa de lor nombre. De 1901 a 1903 sa signatura es presenta dins La Nouvelle Revue, Le Mouvement Catalaniste, Le Panlatinisme, La Renaissance Latine, La Revue Contemporaine, Le Monde moderne, La Revue des revues, Le Mouvement latin…

    En 1902, totjorn fòrça ligat a l’America latina, revira Les fils du Soleil de José de Alencar.

    Dins las annadas 1901- 1903 Ricard ten una rubrica dins lo suplement literari del Figaro que se sonava « La Province ».

    Una fin de vida dins la pauretat

    Pasmens son trabalh de jornalista li permet pas de se preservar del besonh e en 1908 capita de se far nomenar conservator del castel d’Azay-le-Rideau que l’Estat veniá de crompar. S’i installa amb femna, enfant e sòrre, mas i pòt pas demorar.

    Ricard acaba sa vida malaut e paure sus la Còsta d’Azur a Bandòl amb son filh, mercé a una soscripcion dels legeires del Figaro e l’ajuda de Christian de Villeneuve -Esclapon (se conoissián despuèi au mens lo temps de las Festas latinas de 1878).

    Voliá anar en tren fins a Montpelhier per jaire a costat de Lidia, mas sos amícs felibres lo fan davalar a Marselha per lo menar a l’espital. Tròp tard, ailàs, morís lo 2 de Julhet de 1911 e es enterrat dins lo canton dels paures al cementèri.

    Un cenotafi es arborat en 1932 al cementari San Làzer a Montpelhièr en sa memòria (Arquitècte Marcel Bernard, escalpraire Louis Guigue) e remés pel Eelibritge al municipi. En 1998 las sòbras de Lidia e de Jeanne Wilson son mudadas al prèp del monument per la societat dels amícs de Lidia e Loís-Savièr en preséncia d’elegits del municipi, de membres del Felibritge e de l’IEO.

    Dins totes los actes oficials qu’avèm pogut consultar Loís-Savièr se disiá « Homme de Lettres ».

    Engatjaments dins la renaissença d’òc

    À París dins sa joinessa

    Dins sa joinessa e son primièr Libre Les Chants de l’Aube – en francés –,Ricard fa figurar doas epigrafas en occitan, una de Jansemin, Françounetto, e una de Mirèio de Mistral. Dins una nòta, Ricard qualifica Mistral d’« homme de génie » e parla tanben dels « poètes qui ont le courage de parler comme on parle chez eux ». Seguís pasmens son amíc Eugène Garcin e sas teorias sus l’aganiment de la raça latina dins sa critica sul libre Français du Nord et Français du Midi en 1868, mas aquò constituís una virada que lo torna menar a la lenga del Miègjorn.

    À Montpelhièr e París amb lo Félibrige, La Cigala, La Lauseta ...

    Quand arriba a Montpelhièr Loís-Savièr de Ricard pòt pas escriure dins la premsa d’articles politics que la lei del 14 de març de 1872 enebissiá de publicar de tèxtes « visant à changer l’état de la société ». Es tanben menaçat per la seuna participacion a la Comuna de París que l’amnestia vendrà pas qu’en 1880. Collabòra a La République du Midi amb darticles sus lo Parnasse e sus lo Felibritge (Novembre de 1874-Febrièr de 1876). Correspond tanben amb Mistral que remira coma poeta mas amb loqual s’opausa per çò qu’es de las idèas.

    Tre la debuta del sejorn montpelhierenc escriu l’ensag Le Fédéralisme, editat sonque en genièr de 1877 en cò de Fischbacher a París. Lo 4 de novembre de 1875 participa, coma August Forès mas se coneissián pas encara a la creacion del Felibritge lengadocian a Montpelhièr. Forés dintra en contacte amb Ricard en li mandant son primièr recuelh en occitan, La Croux del Grand Aigat, en genièr de 1876. Es la debuta de lor amistat. Dins lo meteis temps debuta la correspondéncia amb lo pastor Napoleon Peyrat qu’aviá escrich en 1870 l’Histoire des Albigeois e que viviá a Sant German en Laye. Aquela istòria aguèt una influéncia bèla sus lo grop que se declara puèi albigeïsta.

    A París en genièr de 1875 Ricard aviá fondat l’associacion « la Cigale » amb Lidia Wilson de Ricard, Maurici Faure, lo futur ministre, et le pintre Eugèni Baudouin nascut a Montpelhièr. Lo coble Ricard-Wilson participa en mai amb Forés a la Santa-Estela d’Avinhon ont lo Felibritge se dòta d’estatuts novèls centrats sus la defensa de la lenga e de la cultura del Miègjorn, aquò permet lor adesion a l’associacion fondada a Fontsegunha. A partir d’aquí, crean l’almanac dels felibres republicans La Lauseta que son primièr numèro pareis en 1877. Agropa los felibres republicans lengadocians e mai de provençals que volián pas o podián pas èsser publicats dins l’Armanac Prouvençau de Mistral e del felibre blanc Roumanille, e de Catalans puèi d’autors de totas las lengas latinas. Forés bateja Lidia « Na Dulciorella en felibritge » e totes tres se tròban a París en decembre de 1875 per assistir en genièr a l’amassada de la Cigala e a la presentacion del Fédéralisme en cò de Fischbacher. Van veire tanben Napoleon Peyrat a San German (L-S de Ricard l’aviá ja rescontrat en junh de 1876). De retorn a Montpelhièr los Ricard-Wilson i participan a la felibrejada presidida per Mistral lo 25 de març, precedida de la reunion de la Societat de las lengas romanas e seguida de l’amassada de la liga republicana del Miegjorn. Mistral va veire lo coble dins son novel ostal, lo mas de la Lauseta al Plan dels quatre Sénhers a Montpelhièr. En mai de 1877 lo grop, que se sonarà pus tard « los felibres roges », amb la sòrre de Lidia, Jeanne Wilson, participan a la Santa-Estela d’Avinhon. Lo 2 de novembre, Jeanne, l’amiga, l’albeta, l’inspiratritz del poeta Forés, pintra, morís e es mesa al cròs civilament.

    Aprèp la parucion en genièr de La Lauseta 1878, los tres felibres fondators adòban un complement a la revista L’Alliance Latine (que pareis en junh amb una antologia poetica, puèi en setembre). Las Festas latinas de Montpelhièr que la Société des langues romanes n’es a l’iniciativa (26 e 27 de mai) son presididas per Mistral e en parallèl los felibres de La Lauseta organizan una taulejada dins la sala del café de la Paix dins lo barri de Figairòlas, jos la presidéncia d’onor de Victor Hugo. De societats « l’Alliance Latine » se desvelopan a París, Tolosa…

    Lo grop fa paréisser le Banquet de l’Alouette, recuelh de discorses e tèxtes mandats a la taulejada.

    Aquesta societat federalista aviá per tòca de desvelopar « la culture des sciences et des lettres. »

    Lo tresen e darrièr numerò d’aquesta tièra de Lauseta pareis en 1879, un autre pareis en 1885 a la demanda de L-S de Ricard [qu’es en America latina] a Forés que n’a la responsabilitat.

    Lo 13 de febrièr de 1879 es lo lançament de La Commune Libre, bisetmanièr federalista que i participan Ernest Jourdan (1843-1898) delegat obrier e secretari de redaccion del journal et Ernest Ferroul, futur conse de Narbona. Los numeròs pareguts amb certesa son sièis : 13 e 27 de febrièr, 16 de març e 29 de Mai. Prenon posicion per los dreches de las femnas. L-S de Ricard sosten Mistral accusat de separatisme dins la premsa parisenca.

    En 1880 pareis à París lo volum de poesia La Cigale de la societat eponima en cò de Fischbacher.

    Lidia Wilson de Ricard morís à París en cò de sa maire lo 16 de setembre. Es enterrada civilament a Montpelhièr al cementèri San Làzer. Los omenatges son diches pels socialistas Ernest Jordan e Antide Boyer de Marselha.

    Omenatge a Forès e a Lidia Wilson de Ricard

    De retorn d’America, fonda lo setmanièr Le Languedoc, en 1886 puèi es redactor al Petit Méridional. En 1888 rend un omenatge a son amic August Forès jos lo títol Un poète National, Auguste Fourès (Paris, Savine). Ven d’èsser elegit al consistòri del Felibritge, mantenéncia de Lengadòc coma majoral amb la cigala de Cleira o de l’Òrb que Gabriel Azaïs ne foguèt lo primièr titulari. Forès morís en 1891, annada que Ricard publica las òbras de sa femna Lydie, Aux Bords du Lez (Lemerre, París) precedidas per una introduccion que conten una corta biografia e explica la formacion de çò que se sonarà mai tard lo Felibritge roge. Publica tanben Autour des Bonaparte (París, Savine, 1891) fragments de memòris de son paire, lo general de Ricard. Dins lo primièr capítol, conta son contacte amb la lenga de Mistral.

    En 1892 se tròba à Tolosa ont es un dels fondators de L’Escolo Mondino que n’es un temps lo president. Torna puèi à Montpelhièr ont demòra cinc ans. En 1893 publica un ensag politic, L’esprit politique de la réforme (Paris, Fischbacher), ont assaja de mostrar que i a un protestantisme borgés e conservator al nòrd, dins la rega de Calvin, non pas que lo protestantisme miegjornal es popular, progressista e federalista, car lo Miegjornal es per esséncia etnica amic de la libertat…

    D’en pertot mena campanha per l’idèa federalista, e mai al dintre del Felibritge ; aital en 1892 signa lo Manifèst dels Joves felibres a costat de Ch. Maurras e Frederic Amourreti, dos Provençals de tendénciá monarquista. L-X sosten lo manifesta amb Jourdanne, Perbosc e Estieu, abans de préner sas distàncias quand compren lo tropisme de drecha dels amics de Maurràs.

    En 1900 ven president d’onor de la Fédération régionaliste de France presidida per Charles Brun.

    Omenatge en 1932 à Montpelhièr

    La Mantenéncia del Lengadòc, que n’èra estat majoral, li rend omenatge en 1932 amb l’inauguracion d’un cenotafi al cimentèri Sant Lèzar en 1932. Un recuelh editat a l’escasença conten un tèxte de Charles Brun e los discorses de Peire Azema, majoral del Felibritge e sendic de la Mantenéncia del Lengadòc, del Conse de Montpelhièr Benjamin Milhaud, de Jean Fournel, Majoral del Felibritge e cabiscòl del Paratge de Montpelhièr e de R Chapoullié, inspector general de las Arts aplicadas.


    Sorsas


    • BLIN-MIOCH, Rose, 2010, Édition critique de la correspondance de Lydie Wilson de Ricard (1850-1880), Thèse sous la direction de Ph. Martel, Univ Paul Valéry Montpellier III, occitan ED 58.
    • BLIN-MIOCH, Rose, 2011, « Les « Communes idées » de Louis-Xavier de Ricard et Lydie Wilson de Ricard à leur arrivée à Montpellier », Études Héraultaises, n° 41, p 139-146
    • BLIN-MIOCH, Rose, 2016, « Louis-Xavier de Ricard et son « Maître » Edgard Quinet », Murphy, Steve dirt, Le chemin des correspondances et le champ poétique, À la mémoire de Michael Pakenham, Paris Classiques Garnier, p 127-139.
    • BLIN-MIOCH, Rose, 2012, « Louis-Xavier de Ricard en 1868 et sa critique des Français du Nord et du Midi d’Eugène Garcin : une hésitation sur la route vers la cause de l’occitan ? », Lengas, 71, 2-12, Montpellier, PULM, p. 119-155. https://journals.openedition.org/lengas/368
      • CARBASSE,Jean-Marie, 1977, Louis-Xavier de Ricard, Félibre rouge, s. 1., Ed. Mireille Lacave, Montpellier.
      • CLERGUET, Fernand, « Louis-Xavier de Ricard », La Revue Littéraire de Paris et de Champagne, Juillet 1905 sur Bnf. Gallica.
      • CLERGUET, Fernand, « L-X de Ricard, « Maguelone Détruite », La Revue Littéraire de Paris et de Champagne, janvier et juin 1906
      • LAFONT, Robert et ANATOLE, Christian, 1970, Nouvelle histoire de la littérature occitan, PUF, 1970, t. 2, p. 670-671.
      • MARTEL, Philippe, 2010, Les félibres et leur temps, renaissance d'oc et opinion 1850-1914, Bordeaux, PUB, pp. 490-525.
      • MOULIN, Stéphane, 2011, L-X de Ricard Socialiste et félibre, Arts et traditions rurales, Montpellier. 1.
      • MORTELETTE, Yann, 2005, Histoire du Parnasse, Paris, Fayard.
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      • RICARD, I Lydie de, 1891, Aux Bords du Lez, Préface L-X de Ricard, Lemerre, réédition avec présentation J-C Richard, Nîmes Lacour Revivia 1995
      • Ricard, Général de, 1891, Autour de Bonaparte, Fragments de Mémoires publiés par L-Xavier de Ricard, Savine, Paris.
      • SAGNES, Jean, fiche Maitron sur L.X de Ricard : Arch. Dép. Hérault : 15 M 34, 35 et 38. LUnion républicaine, août 1881 et septembre 1885.
      • SALADIN, F, Les élections législatives dans lHérault de 1881 à 1885 Montpellier-DES-1965.
      • SALVAT, Joseph, La Vie tourmentée de L.-X. de Ricard (1843-1911), Toulouse, 1943.
      • En Memoria de Louvis-Savié de Ricard (1843-1911). Montpellier, Mari- Lavit, 1932, 56 p. [recueille les discours de Pierre Azéma, Benjamin Milhaud, Jean Fournel et René Chapoullié].
      • [recueille les discours de Pierre Azéma, Benjamin Milhaud, Jean Fournel et René Chapoullié].

       

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      Une vie entière consacrée à la défense de la langue d'oc.
      « La cauza occitana es una cauza santa, que i ai donada ma vida » écrit-il, en 1934. « Avec une quarantaine de livres édités à compte d'auteur Pierre Miremont est un de ceux qui ont le plus marqué le Périgord pour la défense de sa langue et de sa culture. » Daniel Chavaroche, enseignant caminaire.
      Écrivain de langue d'oc, poète, conférencier, ce Félibre sarladais qui a beaucoup voyagé est surtout connu pour ses études linguistiques sur le parler du Périgord noir.

      Identité

      Formes référentielles

      Miremont, Pierre (1901-1979)

      Autres formes connues

      - Miremont, Peire (forme occitane du nom)

      - Miremont, Pierre Auguste (nom à l'état civil)

      Éléments biographiques

      Pierre Miremont voit le jour le 17 Décembre 1901 au Buisson de Cadouin où son père est employé à la Compagnie des chemins de fer. Il est l'aîné de quatre enfants. Ses grands-parents originaires du Sarladais ne parlent que le dialecte nord-languedocien de cette région. Il en sera marqué pour la vie.
      À l'école Fénelon, à Sarlat, il fait la connaissance de Marc Delbreil, poète reconnu qui écrit dans sa « langue romane » comme il l’appelle. Le poète se prend d'amitié pour lui, il sera son maître et contribuera à l'intérêt que Pierre Miremont portera toute sa vie à la langue du Périgord. Bon élève, Miremont poursuivra des études secondaires et supérieures dans des institutions privées chez les Pères Marianistes. En 1921, il passe son Brevet élémentaire et abandonnant la prêtrise il entre dans l'enseignement libre. Il sera instituteur en Aveyron pour une année seulement car il doit partir au service militaire.
      Devenu lieutenant dans les chasseurs alpins il sera envoyé en Allemagne dans la Ruhr occupée.
      Il se marie le 5 Mai 1924 à Limoges et enseigne en écoles libres (écoles catholiques) jusqu'en 1929. D'abord à Serverette en Lozère puis à Terrasson.
      C'est alors qu'il est exilé à la Celle-Saint-Cloud dans la région parisienne.
      Ayant étudié le droit et ne pouvant supporter l'éloignement de sa terre occitane, il vient s'installer comme huissier de justice à Villefranche-de-Rouergue en 1934.
      En 1939, il est mobilisé comme lieutenant dans les chasseurs pyrénéens : les Miquelets, puis il est fait prisonnier dans les Vosges en juin. Il sera enfermé successivement dans les oflags de Lübeck, Hambourg-Fischbeck, Münster et Soëst jusqu'en 1945.
      Dès sa libération le 6 Avril 1945 il rentre à Villefranche-de-Rouergue.
      Il reçoit le titre de Majoral du Félibrige mais son étude d'huissier étant ruinée, il reprend du service dans l'armée d'occupation. Officier de détail à Kaiserlautern en 1945 il est ensuite officier avocat du tribunal militaire du deuxième corps d'armée à Neustadt, puis substitut à Landau.
      En 1946, il est juge d'instruction à Fribourg et enfin à Frankenthal où son épouse et ses deux enfants, nés en 1930 et 1934, viennent le rejoindre. Il est officier de la zone d'occupation de Hesse Palatinat, chargé de la politique, de la police, des cultes et de l'éducation.
      Délégué du gouvernement de l'État Rhéno-Palatin, il séjourne à nouveau à Neustadt, puis au cercle de Daun en 1950.
      Il quitte définitivement l'armée en 1951 et sera fait chevalier de la légion d'honneur.
      Il devient alors inspecteur d'assurances-vie à Nancy, Epinal, Marseille et enfin Toulon où il prend sa retraite au village de Cuers. C'est là qu'il finira ses jours auprès de sa compagne Marcelle Drutel « l'Aubanelenca », Majorale du Félibrige, grande poétesse Provençale avec qui il partagea 25 ans de passion pour la langue d'oc.

      Engagement dans la renaissance d'oc

      Reprenons les propos de Jean Rigouste dans la préface du livre Pèire Miremont, escrivan oblidat del Perigòrd Negre de Brigita Miremont-Orazio :

      « Il est des auteurs dont seule l’œuvre peut susciter l’intérêt ; d’autres dont il faut connaître à la fois l’œuvre et la vie (chacune façonnant l’autre), avec ses bonheurs et ses malheurs, ses aléas et ses péripéties : la vie apporte les clés de l’œuvre, elle explique l’engagement de l’auteur, elle est le riche contre-point d’une aventure littéraire ou spirituelle.
      Il en est enfin dont la personnalité, la biographie et les productions constituent un tout indissociable : on doit connaître la vie pour interpréter l’œuvre, il est nécessaire de connaître l’homme pour comprendre l’auteur : Pierre Miremont est de ceux-là... Quant à l’œuvre, elle est d’une telle variété qu’il est difficile d’en faire une synthèse : des « contes risolièrs » au drame historique de « Muratel », de la poésie délicate aux travaux linguistiques, comme Biais de dire en Périgord, sans oublier le théâtre, et le dictionnaire…
      J’ai rencontré quelquefois Pierre Miremont : je garde le souvenir d’un homme courtois, à l’œil plein de malice, ouvert et à l’écoute des autres, mais ferme sur ses convictions, et fine lame dans l’argumentation ! Il réunissait un ensemble de qualités humaines qui lui furent bien nécessaires dans les terribles épreuves des camps de concentration, comme dans les petits ennuis que la vie lui prodigua : il s’était ainsi forgé le noyau indestructible d’une personnalité vigoureuse, ce qui lui permit de traverser sans compromissions les périodes difficiles ; son secret est peut-être dans cet « èime » indéfinissable qui fait la profonde originalité de notre peuple périgourdin… »

      Premiers écrits en langue d'oc

      À dix-huit ans Pierre Miremont choisit la langue d'oc pour écrire sa première pièce de théâtre Paures medecins.
      Cette comédie sera présentée à Viviez en Aveyron en 1922. Ses premiers vers écrits pendant son service militaire sont rassemblés dans le recueil Resouns de Ruhr qu'il qualifie lui-même de « péché de jeunesse ». Ce sont des notes prises au jour le jour, impressions et souvenirs du temps passé dans la Ruhr de 1922 à 1924. En voici un exemple avant qu'il ne travaille sa graphie :

      L'ocupasiu de la Ruhr

      Quoura aicí sèm mountats, rèibabiam de batalhas,
      Abiam plan dins lou cap que nos seriam tustats.
      Mès talèu arribats, se drèboun las muralhas,
      D'enemics n'i a pas 'n lèc, lou vent lous a 'mpourtats.

      Noun, lou Franses n'es pas l'enemic que creziaboun,
      Co'is l'amic generous qu'es passat en pàuzent
      Un bàume à las plagas que ta vivas sannaboun.

      Resons de Ruhr p. 18

      Rentré du service militaire, il prend part à la vie du Bournat association félibréenne de Périgueux. Sa verve moqueuse lui vaudra quelques ennuis. Il devra payer une forte amende pour avoir dressé des portraits peu flatteurs de certains de ses concitoyens dans Profils terrassonais. C'est aussi à cette période que va éclore son théâtre d'oc, il écrit deux comédies qui seront souvent jouées en Périgord.
      Ami de Joseph Vaylet et d’Auguste Bénazet il adhère au Grelh Roergat et en devient secrétaire. Il écrit des pièces de théâtre pour l'association Les grillons de Villefranche qu'il anime avec passion notamment lors des grandes fêtes consacrées à Justin Besson en 1938.
      C'est à cette époque qu'il crée avec ses amis Denis Puech, le sculpteur, Joseph Vaylet, Georges Bousquet... la revue Reviscol. Ils veulent réveiller ce « Grelh » qu'ils jugent un peu endormi.
      Il est rédacteur en chef de l'Almanach Rouergat lorsqu'il publie le premier poème de Jean Boudou : « Velhado ».
      Mais sa forte personnalité et son dynamisme ne tardent pas à provoquer des réactions chez les anciens Félibres rouergats, de sérieuses querelles éclatent au sein du Grelh et c'est chacun de leur côté qu'ils poursuivront leur œuvre félibréenne.
      La guerre met fin à ses activités au sein du Grelh. Prisonnier dans un oflag, il ne se décourage pas et fonde à Lubëck au sein de « l'université » l'école félibréenne des « Embarbelats » en septembre 1940. À ses côtés Pierre Henri Simon (futur Académicien), Jean Secret, Paul Roger… Marcel Fournier, Majoral bien connu en Périgord se joint à eux à Münster. Pendant les cinq ans de captivité ils œuvreront pour la langue d'oc et Pierre Miremont en sera l'historiographe.
      C'est pendant cette période qu'il va mettre au point sa « nóva grafia ». Les prisonniers de l'Escóla dels embarbelats décident de confronter les divers systèmes de graphie existants afin d'en dégager une formule cohérente d'unification qui pourrait prétendre à rallier tous les dialectes.

      « Lorsque voilà déjà trois ans je fondais à Lübeck cette école, mon but n'était pas de distraire les captifs du mal du pays, ni de leur faire passer un moment pour les aider à oublier pendant quelques heures leurs misères, leur faim et leur honte. Non, j'avais visé plus haut et mon regard portait loin, bien loin, au-delà des barbelés, au-delà de l'heure trouble où nous vivons…
      ...Voliay levar per la Comtessa una tropa de druds, de valents que, deman, dins la fe e l'estrambord, al clar solelh de Dieu e dins la libertat reconquistada sonarian lo rampel dels filhs d'Occitania e levarian africs e arderos la lauza que dumpeis trop de temps i 'es jaguda la bela endurmida. Oc, mos amics, mos fraires, oc soldats, serèm los chivaliers del reviscol esplandorenc... »

      (Dichas de Cattivitat, 13 de junh 1943 p 16)

      Une bonne partie de son œuvre est écrite en captivité1, à l'insu des gardiens. C'est ainsi que dans son poème « Paor » il exprime sa crainte de ne plus être le même à son retour et de ne plus trouver sa place dans un monde qui, en cinq ans, aura changé.

      Paor
      Una crenta me monta a l'eime.

      Ay crenta dins lo jorn qu'esperi,
      D'estre pas plus lo que fusqueri,
      D'estre trop dur, d'estre trop mascle,
      D'aver perdut lo vanc de rire,
      D'aver perdut l'esbrand, lo gaubi
      E l'illuzion que fay lo raive :

      Crenta d'estre mort a la joia.

      Ai paor d'estre solet, veuze, quand tornaray.
      Solet emb mon orgulh fargat d'un or trop dur.
      Solet emb de pensiers que digun comprendrâ.
      Solet lo cor torçut, solet lo cor barrat.
      …..
      Auran tant caminat lo monde e lo solelh !

      Ay crenta d'estre sol, perdut, desconescut
      Dins un monde novel, que de io se rirâ
      Virat vers d'autres Fes, florit d'autres espers.

      Ay paor d'estre tot sol, Quijota atardivat,
      A consegre, enluzit, mos raives d'a vint ans !

      Münster 15-06-1944

      Planh de Faidit
      : Salingardes, 1967, p. 75


      C'est dans le camp de Hamburg-Fischbeck qu'il écrit aussi « Nostra lenga » en 1942 :


      Nostra lenga


      Lenga del Gay Saber, lenga de poezia,
      Jenta lenga de cortezia,
      Clara lenga de la Patria,
      Lenga de beutat e d'amor :
      Te parlava la senhoressa,
      E lo galant, raz sa mestressa,
      La ninava al balans de ton parlar de flor.

      Lenga, qu'as bronzinat sus nóstre batisteri,
      Ses estada lenga d'emperi
      Dins la gauj e lo treboleri ;
      Te parlavon lus grands sabents,
      Lus legats e lus prezicaires ;
      Eres la lenga del Terraire
      E lo verbe granat d'un póple de valents.

      Mes amont, de Paris, per abracar la rassa,
      Apres lo bufal de l'aurassa,
      Apres Montfórt la tartarassa,
      Apres lo sang, lo fec, lo dól,
      Nus volian matrassar la lenga
      Que de l'aussada a la valenga
      Tinda coma l'ama del sól.

      A la lenga maldicha, e letruts e profetas
      I an sonat la laissa a trompeta.
      Vay morir se dis, se repeta,
      Vay morir dizon lus sabents.
      Mès mal despit lor professia,
      Auturiera en sa senhoria,
      La lenga nazarda lo temps.

      La lenga dèus aujóls, lenga d'ór, lenga maire,
      Sempre a la voz de sus trobaires,
      Fay clantir son verbe tindaire.
      Darrer l'auriflor de Mistral,
      Entre las mars d'Ocitania,
      Lus ómes d' Oc, que mais cotria,
      Te farán retronir, lenga del sól mairal !

      Lenga del Gai Saber, lenga de poezia,
      Tojorn que mais, sus la Patria
      Flotejarás coma un senhal !

      Hamburg-Fischbeck 21-3-1942

      Jol solelh d'oc, 1975, p. 15

      Après la guerre, il est sollicité par les Allemands pour faire des conférences dans leurs universités sur le Félibrige et la langue d'oc. Il donne ainsi des conférences en 1946 à Mayence -Heidelberg. En 1947 à Munich, Esclangen, Wurtzburg (zone américaine). En 1949-1950 à Ratisbonne.
      Les Allemands publieront même plusieurs de ses œuvres en français et en langue d'oc.

      Études linguistiques sur le parler du Périgord noir

      Ces travaux constituent une référence pour tous ceux qui ont besoin d'outils pour retrouver « toute la saveur, toute la sève de la langue vivante », comme l’écrit Jordi Plantaurel – pseudonyme d’André Lagarde - dans La Dépêche du 6 septembre 1976)
      C'est ainsi qu'il publiera, à compte d'auteur :

      - Glossari del Perigórd Negre (1974: imp. Carrère : Rodez), lexique de 500 pages dans lequel il s'attache à ne relever que les termes dont la consonance et souvent l'orthographe ne sont pas trop voisines du français.

      - Biais de dire en Perigórd (1974 : imp.Gerbert : Aurillac), complément du Glossari :

      « le glossari, dit-il, n'est en quelque sorte que le reliquaire somptueux des vocables du Périgord Noir. Il n'est porteur d'aucun germe de vie et pourrait tout aussi bien concerner une langue morte. Le présent recueil, tout au contraire, est l'exposition de notre langue dans sa vie réelle de chaque jour, dans son éclat de langue bien vivante. Ici nous avons lié en gerbes notre collecte des expressions, idiotismes et tours syntaxiques dont use notre parler. »

      Quelques exemples :

      A pas la carampa pèus dets
      – il n'a pas la crampe aux doigts, il est laborieux.
      A dèus uèlhs que traucon – il a les yeux vifs et perçants.
      Cozinier de la sopa freja – Mauvais cuisinier.
      Aver lo ventre tras l'esquina – Avoir le ventre creux.
      I aurà de capels de resta – Il y aura beaucoup de morts.
      Li manca una bulida – Il lui manque un peu de cuisson, manque de jugement.
      Es tant cargat d'escuts coma un grapal de plumas – Il a autant d'écus qu'un crapaud a de plumes.

      - Proverbis et dittons del Perigord : imp. Gerbert Aurillac 1974): il s’agit de trois cahiers se rapportant aux mois et saisons pour le premier, à la semaine, aux jours, aux fêtes et aux saints pour le deuxième et au temps et aux intempéries pour le troisième.
      Voici l’introduction qu’il rédige pour ce travail :

      « À l'heure où la Langue d'oc est de plus en plus abandonnée, voici que des jeunes ressentent cet abandon comme une frustration et aspirent à reconquérir le parler de leur race. Hélas ! Ils ne l'entendent plus autour d'eux et souffrent de ne pouvoir confronter l'enseignement de l'école à la réalité vivante. Ce témoignage que les vivants ne peuvent plus rendre, les générations passées nous le transmettent au moyen de ces sentences familières que sont les proverbes et les dictons […]Que de mots savoureux enchâssés dans des phrases lapidaires à la syntaxe infaillible ! C'est là et seulement là que nos jeunes retrouveront la langue dont on les a frustrés »

      Quelques exemples :

      Se mars non marseja, tot l'an n'a l'enveja – si mars ne suit pas sa nature toute l'année s'en ressent.
      Cand lo picatal picateja, pel bósc l'i pleu o venteja – Quand le pic-vert frappe au bois, il pleut ou il vente.
      Lo que dejuna orgulhos, sopará vergonhos – Celui qui déjeune orgueilleux, soupera honteux.
      Las bonas fonts se vezon a la sequiera, lus bons amics, a la pauriera – On juge des bonnes sources durant la sécheresse, et des bons amis dans l'infortune.

      - La syntaxe occitane du Périgord (1976 : imp.Gerbert Orlhac)
      Dans l'introduction de cet ouvrage il écrit :

      « La langue se meurt, et le peu qu'il en reste de vivant se contamine chaque jour au contact de la syntaxe française. On croit parler occitan mais, trop souvent, on emploie un jargon français accoutré de quelques mots d'oc. Le danger est grand, il est mortel. Ne perdons plus notre temps à de stérilisantes querelles de graphie. La langue n'est pas là, ce n'en est que la vêture... La graphie n'a pour but que de traduire la sonorité de la langue. Elle n'est que le résultat de conventions et peut donc évoluer… L'urgent, actuellement est de sauver ce qui fait la langue : la syntaxe. »

      Dernières publications

      Pierre Miremont écrira jusqu'à son dernier souffle.

      - Des « racontes risolièrs » :

      Espofinadas (1971) ; Lo devinaire (1973) ; Contes pel brave monde (1976) ; Contes peus petits èlhs (1973) ; Bastard de curèt (1975).

      Dans une lettre au Majoral Monestier il écrit le 30 Novembre 1975 :

      « ce ne sont pas des œuvres qui font le plus honneur à notre langue, je les écris seulement pour que les gens puissent en rire et lire de la bonne langue... écrite dans une syntaxe saine. »

      Voici un extrait qui donnera une idée de l’ensemble :

      A l'escóla

      Lo rijent ven de decialar à sus elevas lus misteris del biais que se farga lo plural. Aorà se vól donar comte s'an plan compres e comensa :
      - Quand dins un ostal l'i nais un nenet : quó's lo ?…
      - Singulièr ! Siscla tota la classa.
      - Van plan ; e se n'i a dos, quó's ?...
      -De bessons !


      Espofinadas, p. 47

      Muratel, œuvre de toute une vie

      Il s'agit d'un long poème épique de douze chants en vers, commencé en 1925, repris de nombreuses fois et terminé en 1975. Ce récit en vers est inspiré d'une légende locale sur le seigneur du Château de Muratel près de Terrasson. Quand on ouvre le livre, on est de suite pris par la richesse de la langue, l'habileté du poète qui jongle avec les mots avec une grande maîtrise.2

      « Co's l'istôria dolenta e bloza
      De Gui sans pôu, lo trobador
      Qu'anguet raubar son amoroza,
      Berta, que l'aimava d'amor,
      Al pellant que l'avia, dins son castel, portada
      E que rabios, la gardava clavada,
      Tot amont a l'ensus de sa pus nauta tor. »

      - Rassa rasseje : dans ces 46 poèmes publiés en 1978, il exprime sa satisfaction d'avoir œuvré pour que vive la langue d'oc.

      Pel medre avenidor

      Uros lus que son mórts comols d'óbras de vita,
      Que, sans se revirar, buteron lor prefach.
      Uros lo que s'enderm, un cóp l'óbra complida,
      Arland de tant de grun que jitet a jaufat.

      Uros lo que s'estira al siaud de la talvera,
      Après lo seme drut e lo medre rossel.
      Uros lo qu'es tombat en crozar lais gavelas,
      Lus dets claufits de lum e lo solelh pèus èlhs.

      Uros lo que se'n vay, juntant sais mans rimadas
      Sus la garba ligada a redórta d'amor.
      Uros lus que son mórts riches de lor suzor,
      Partits lo granier plen e la terra abladada
      Pel medre avenidor.

      Cuers, 01-07-1975

      « Lorsque vous voyez cette masse d'œuvres, vous êtes presque effrayé et vous vous demandez comment une vie d'homme a pu suffire pour réaliser une telle tâche », écrira Marcelle Drutel dans Vido vidanto, riboun- ribagno, Estamparie Bene, Nimes, 1983

      Bibliographie de l'auteur3

      - 46 livres édités à compte d'auteur :
      - 25 recueils de poèmes
      - 11 livres en prose
      - 10 pièces de théâtre
      - 3 livres édités après sa mort par le majoral Monestier
      - Nombreux inédits

      En français

      a- Poésie

      - 1939 : Le cricri de la crèche
      - 1940 : Chansons de caserne
      - 1928 : Profils Terrassonnais (sonnets), imprimerie de la Vézère, Montignac.
      - 1931 : Nouveaux profils, Imprimerie de l'Argonne, Bordeaux
      - Chant de grillon
      - Cœur de grillon 193?, Autres profils (sonnets), Imprimerie de l'Argonne, Bordeaux
      - 1946 : Nos mois harmonieux, Kaiserslautern, Rohr
      - 1946 : Chants de prisonnier, Kaiserslautern, Rohr

      b- Prose

      - 1983 : La littérature d'oc, des troubadours aux Félibres, avec Jean Monestier, P. Fanlac, Périgueux.
      - 1985 : Le Félibrige et la langue d'oc, avec Jean Monestier, Imp. Réjou Périgueux

      En langue d'oc

      a- Poesia

      - 1939 : Visto dèus mounts, Toulouse, imp.Sentein.
      - 1934 : Jous l'casque, Rodez, Subervie.
      - 1935 : Resouns de Ruhr, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
      - 1940 : Joul's soulelh dèus troubadors, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
      - 1940 : Pantais d'un grelh.
      - 1946 : Cantics e pregarias, Préface de Marcel Ducros, Kaiserslautern, Heinz Rohr
      - 1946 : Noels e Nadalets, Kaiserslautern,Heins Rohr.
      - 1953 : Guerra kaki, Rodez, Supervie.
      - 1967 : Planh de faidit, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
      - 1969 : Darrer'ls barbelats, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
      - 1974 : Al solelh d'amor, Villefranche de Rouergue. Salingardes.
      - 1971 : Dolencia, Aurillac, Imprimerie du Cantal, Edition du Centre.
      - 1972 : Jol cel del Perigord, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
      - 1975 : Jol solelh d'oc, Aurillac, Imp. Gerbert.
      - 1978 : Rassa rasseje ! Aurillac, Imp. Gerbert.
      - 1979 : Muratèl (poèma epic), Villefranche de Rouergue, Salingardes.

      b- Pròsa

      - 1948 : Dichas de cattivitat, Préface de L.de Lastic, [s .i][s.n][s.d]
      - 1973 : Contes peus petits elhs (proza), Rodez, Imp. Carrère.
      - 1973 : Lo devinaire (galejadas), Aurillac, Éd du Centre.
      - 1975 : Bastard de curèt, Rodez, Imp. Carrère.
      - 1976 : Contes pel brave monde (proza), Rodez, Imp. Carrère.
      - 1971 : Espofinadas (contes gais), Aurillac, Éd du Centre, Imp. du Cantal.
      - 1974 : Proverbis e dittons del Perigord (3 cahiers), Aurillac, Imp. Gerbert.
      - 1974 : Biais de dire en Perigord (estudi) : Aurillac, Imp. Gerbert.
      - 1974 : Glossari del Perigord Negre, Rodez. Imp.Carrère.
      - 1976 : La Syntaxe occitane du Périgord, Orlhac, Imp. Gerbert.
      - 1977 : Femnas e Miquelets (racontes d'amor e de guerra) : Nîmes. Imp. Bené.
      - 1985 : Brondilhs, Le Bugue, Imp. PLB.

      c- Teatre en òc

      - 1922 : Lou foutougrafe de fiero ?
      - 1934 : Chas'l foutougrafe, Montignac. Imprimerie de la Vézère.
      - 1931 : Lou bilhet de femna, Montignac, Imprimerie de la Vézère.
      - 1927 : Pàures medecins, Montignac, Imprimerie de la Vézère.
      - 1937 : La Nora, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
      - 1939 : Perqué Soustena se maridèt pas ?, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
      - 1952 : L'Espion, Rodez. Imp. Subervie.
      - 1951 : La Lotaria, Rodez, Imp. Subervie.
      - 1952 : Guston se vol far medecin, Rodez, Subervie
      - 1950 : Lo Quorum, Villefranche de Rouergue, Salingardes.

      Inédits

      - Étude sur le troubadour Cadenet
      - Le Félibrige et sa doctrine
      - Conferéncias en Alemanha (données en 1946-1950)
      - Orlina (drame en vèrs)
      - La Font del Gat (roman)
      - Mus Cridals Cattius
      - Libre d'or deus Embarbelats
      - Garsas de femnas
      - Teatre d'Oc

      Certains des livres édités sont encore en vente au Bournat du Périgord, 13 rue Klébert, 24000-Périgueux 24000. Ils sont consultables au CIRDOC.
      Le Bournat à Périgueux possède des cahiers manuscrits, qu’il faudrait inventorier.


      1. Dans la graphie des Embarbelats « à » est mis pour « á ». Quand l'imprimeur ne possède pas le caractère « á » il le remplace par « â ».

      2. Pierre Miremont écrit « ó » pour « ò » et lorsque l'imprimeur ne dispose pas de ce caractère il remplace « ó » par « ô ».

      3. Certains des ouvrages signalés par plusieurs sources (Marcelle Drutel, Zéphirin Bosc) n’ont pas pu être matériellement retrouvés, d’où l’absence de références bibliographiques. Par ailleurs, Miremont payait lui-même les imprimeurs. Il fonctionnait avec des souscriptions et parfois des mécènes. Il n'a pas eu assez d'argent pour publier tout ce qu'il aurait voulu.

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      Félix Gras, Auguste Fourès, Noël Blache, Prosper Estieu ont, à des époques différentes, tous été qualifiés de « félibre rouge ». À leur engagement de félibres en faveur du renouveau de la langue occitane (avec parfois des opinions fédéralistes assumées) à des convictions républicaines non moins affirmées. Souvent partisans de la laïcité, de l’éducation pour tous, sensibles aux conditions de travail des classes laborieuses, ces félibres ont souvent transposé leur vision du monde dans l’histoire occitane, sur laquelle ils ont parfois porté un regard teinté de leurs opinions. Pour Fourès, comme pour Gras, c’est ainsi l’épopée de la Croisade contre les Albigeois, revue à travers le regard de leur temps et de leur bagage, qui a cristallisé leur attention, au risque d’ailleurs d’opposer au roman national historique français, qui se constituait à la même époque, un autre roman national guère plus dégagé de parti-pris idéologique. En plus de son activité de quincailler, Fourès donna toute sa (courte) vie l’impression de se démultiplier : journaliste en français dans plusieurs journaux, élu politique, fondateur de revues, félibre majoral, il fut incontestablement un des acteurs les plus prolifiques de la renaissance d’oc.

      Identité

      Formes référentielles

      Fourès, Auguste (1848-1891)

      Autres formes du nom

      - Fourès, Aguste
      - Forés, August

      Élements biografiques

      Auguste Fourès, fils du juge de commerce Jean-François Fourès et d’une mère propriétaire d’une quincaillerie, est né le 8 avril 1848 à Castelnaudary, capitale du Lauragais. Attiré par le monde des Lettres et l’écriture, précocément gagné aux idées républicaines, il commence à écrire dans plusieurs journaux du Midi, tous d’orientation républicaine : L’Entracte (Toulouse, à partir de 1866), L’Investigateur (Toulouse, à partir de 1867), Méphistophélès, « journal charivarique et satirique de Toulouse », à partir de 1868, Le Midi Artiste, toujours de Toulouse, puis La Fraternité de Carcassonne et L’Écho de Marseille en 1870. Il fondera en 1887 Le Petit Toulousain, organe républicain lié à La Dépêche du Midi, dont il assurera la direction et qui disparaîtra avec lui à sa mort, en 1891. Candidat aux élections municipales de sa commune, il devient en 1878 adjoint au maire de Castelnaudary avant de démissionner deux ans plus tard, lassé semble-t-il par l’incurie de l’équipe municipale. C’est à cette époque qu’il rencontre le poète et journaliste Louis-Xavier de Ricard, récemment installé à Montpellier et converti à l’histoire du Languedoc par les écrits de Napoléon Peyrat, avec qui il fonde en 1878 L’Armana de la Lauseta, almanach félibréen, et développe l’idée de félibrige républicain, ou « félibrige rouge ». Il est inutile de préciser que cette approche du félibrige ne sera pas sans provoquer oppositions et grincements de dents au sein de l’institution. Après avoir été même poussé à la démission, Fourès réintègre le Félibrige et devient même majoral en 1881, Cigalo de la Libertat.
      Fourès commence par écrire l’occitan - le sous-dialecte languedocien est-toulousain du Lauragais - avec sa propre graphie, une graphie « patoisante ». Il se formera année après année aux normes graphiques prônées par le Félibrige. Employant un occitan local mais de bonne facture, Fourès est adepte d’un style simple et raffiné. Il lui arrive de se cacher derrière des noms de plume, comme l’ont fait beaucoup de félibres.
      Combinant le fédéralisme avec un patriotisme français très revendiqué, Fourès se passionne pourtant pour le catharisme, perçu à travers le prisme de son anticléricalisme républicain du XIXe siècle. Il considère l’ « albigéisme » comme un pilier de l’identité occitane, et regarde l’épopée de la Croisade comme fondateur de la culture d’oc. Fourès est également un chantre du « panlatinisme », alliance des peuples et des cultures romanes et méditerranéennes. Aux côtés de Xavier de Ricard, tout aussi opposé que lui à l’orientation conservatrice du Félibrige de leur temps, Fourès tente de lancer l’Alliance latine, revue dont seuls deux numéros paraîtront, qui prétend rassembler et réunir tous les peuples de culture latine d’Europe et au-delà. Cette volonté d’ouverture de l’identité occitane sur l’espace euroméditerranéen est représentative de la vision que les « félibres rouges » avaient de la notion même d’identité occitane. De Ricard sera du reste un des premiers à employer le terme de « parlers occitaniens ».
      Atteint semble-t-il d’ataxie tabétique, il meurt en 1891 à Castelnaudary, à l’âge de quarante-quatre ans. Franc-maçon et libre-penseur, Fourès sera enterré une première fois selon le rite catholique sur la volonté de sa famille, avant que son corps, par décision de son exécuteur testamentaire, soit exhumé quelques jours plus tard et enterré de nouveau selon ses principes : debout, la tête tournée vers l’Orient et sans cérémonie religieuse. Un buste le représentant est érigé devant le palais de justice de Castelnaudary.

      Engagement dans la renaissance d'oc

      L’engagement dans la renaissance d’oc d’Auguste Fourès n’est pas dissociable de son existence. Son engagement républicain, « progressiste » dans l’acception que possédait le terme à l’époque, franc-maçon et anticlérical allait de paire avec sa revendication d’une identité occitane assumée et reconnue dans le cadre de la République, ce cadre dût-il être repensé sous l’angle du fédéralisme, alors en vogue chez les félibres républicains. S’il fonda une revue et en co-fonda une autre, Fourès vécut son double engagement félibréen et républicain au cœur de sa vie, que ce soit à travers son court mandat d’élu local comme dans ses fonctions de rédacteur et responsable de journaux et revues. Félibre, fédéraliste, mais opposé en quelque sorte à la doxa et à l’approche politique et philosophique du Félibrige provençal de son temps, catholique et conservateur, il tenta de concilier entre eux des idéaux qui, dans le contexte idéologique de son temps, n’allaient pas forcément de soi ensemble. En élargissant la reconnaissance et la valorisation de la culture d’oc à l’échelle des cultures latines, Fourès, associé à Ricard, manifeste la volonté d’ouvrir, d’élargir la réflexion à l’échelle du dialogue entre cultures voisines et liées, en fuyant la tentation de l’entre-soi occitan et félibréen.

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      Érudit autodidacte, conteur, écrivain, ce n’est qu’à la retraite que cet instituteur fils de paysans écrit en occitan. Il puise la matière de ses contes dans ce qu’il a appris dans les villages où il a enseigné, il s’inspire aussi de contes des provinces françaises. Spécialiste des vieux documents médiévaux et de l’occitan ancien, il est l’auteur de nombreux articles historiques et philologiques.

      Identité

      Formes référentielles

      Vezole, Jean (1923-2014)

      Autres formes du nom

      - Joan Vesòla (forme occitane du nom)

      - Joan da Tron (pseudonyme) ; son premier nom de plume dans la revue La Cabreta du Félibrige cantalien, du nom du village où il né (Thourou de Saint-Cernin)

      Élements biografiques

      Jean Vezole nait le 2 février 1923 dans une ferme de la commune de Saint-Cernin, dans le Cantal, il est l’aîné de trois enfants. Il passe quelques années à l’Hôpital Ydes (ancien nom de la commune qui est maintenant « Ydes »), où ses parents tiennent un bureau de tabac. À la mort du père en 1935, la famille revient à Saint-Cernin. Pendant les vacances, Jean, adolescent, travaille chez ses oncles paysans.
      À l’âge de onze ans il rentre au cours complémentaire de l’Hôpital Ydes et en 1939, à l’École Normale d’Aurillac. En 1943 il part pour les « chantiers de jeunesse » puis pour échapper au Service du Travail Obligatoire, il se cache dans une ferme sous une fausse identité. À la Libération il est nommé instituteur dans le nord du département.
      Il effectue un an de service militaire puis enseigne dans des classes uniques de la région de Saint-Flour (communes de Lavastrie et d’Alleuze). En 1958 il est nommé auxiliaire au Rouget, en Châtaigneraie ; puis directeur, c’est là qu’il termine sa carrière à l’âge de cinquante-six ans. Comme l’immense majorité des instituteurs de sa génération, il était membre du Syndicat National des Instituteurs (SNI), sans pour autant y exercer des responsabilités. Homme de gauche, il n’était affilié à aucun parti politique.
      En 2007 Jean Vézole est promu chevalier des Arts et des Lettres. 
      Jean Vezole est le père de trois garçons.
      Il est décédé le 27 novembre 2014, à la maison de retraite d’Ytrac.

      Engagement dans la renaissance d'oc

      Quand il rentre à l’école en 1929 Jean ne parle que la langue d’oc, il l’utilise pour écrire le français, apprendre les conjugaisons… plus tard il s’en servira pour enseigner l’orthographe à ses élèves.
      Instituteur il fait le tour du département, il entend la langue d’oc dans sa diversité et sa richesse. Il achète des livres, s’abonne à La Cabreta, la revue du Félibrige cantalien, dont il fut un membre de base ; en lisant il apprend à écrire sa langue maternelle.
      Lorsqu’arrive la retraite, Jean Vezole se consacre à la recherche historique et à la langue occitane. Habitant à Aurillac, il se rend tous les jours à pied aux archives départementales pour y travailler : il a appris seul à déchiffrer les vieux documents. Il adhère à la société savante « la Haute-Auvergne », en devient la secrétaire général. Lo Vièlh Orlhac (les racines occitanes d’Aurillac) paraît en 1989 aux éditions L’ostal del libre, Le moyen occitan cantalien – documents médiévaux et actes notariés en langue d’oc des XIVe, XVe et XVIe siècles – en 2005 aux éditions « Lo Convise ». 
      Homme très ouvert, il est membre de la section cantalienne de l’Institut d’Etudes Occitanes qu’il préside à partir de 1983, avant d’en devenir président d’honneur. Il appartient aussi au Félibrige. Il collabore à différentes publications (La Cabreta, Monde en Òc, Parlem, Vent Autan, Lo Convise, La vida aicí…). Diseur recherché il participe à divers spectacles et animations dont à partir de 1983 et pendant près de 30 ans l’émission félibréenne « Occitania » avec son compagnon le majoral Jean Fay sur Radio Jordanne, qui prit, à partir de 1997, le nom de Jordanne FM. 
      Il avait collecté quantité de contes auprès d’anciens, particulièrement de l’un d’entre eux qu’il désignait du nom de Trapon. C’est ainsi qu’il édite, entre collectage et création, trois recueils de contes ou récits : Contes mai qu’a meitat vertadièrs (I.E.O. Cantal, 1985), Contes pas tròp messorguièrs (Ostal del Libre, 1985), Racontes per gardar la santat (Ostal del Libre, 2005) et un recueil d’expressions pittoresques de langue d’oc : Biais de dire dins lo Cantal (Lo convise, 2007). 
      Intéressé par la musique, il avait appris aussi à jouer de la mandoline et du piano. Il recueille des airs populaires, il est aussi compositeur à ses heures, sa bourrée « Au Joan ! » est enregistrée par le groupe musical du Convise (Margarida al país verd, lo Convise – 2001).
      Jean Vezole a été enregistré, on peut l’entendre lire ses textes et raconter (documents sonores aux archives départementales du Cantal).
      Comme en témoignent ces enregistrements et publications, Jean Vezoles parlait et écrivait dans une langue populaire, et faisait le lien entre le monde paysan et une élite cultivée.



      Bibliographie de l'auteur

      - 1985 : Contes mai qu’a meitat vertadièrs, Aurillac, I.E.O. Cantal
      - 1989 : Lo Vièlh Orlhac (les racines occitanes d’Aurillac) Aurillac, I.E.O. Cantal
      - 2005 : Contes pas tròp messorguièrs, Aurillac, Ostal del Libre
      - 2005 : Racontes per gardar la santat, Aurillac, Ostal del Libre
      - 2005 : Le moyen occitan cantalien – documents médiévaux et actes notariés en langue d’oc des XIVe, XVe et XVIe siècles, Aurillac, Lo convise.
      - 2007 : Biais de dire dins lo Cantal, Aurillac, Lo convise.

      Voir aussi un enregistrement audio : https://www.youtube.com/watch?v=ePNhTgFSemU

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      Ambertois de naissance et de cœur, Régis Michalias s’est tardivement mais sûrement lancé dans la production littéraire et les études dialectales, pour apporter sa pierre à l’œuvre félibréenne.

      Identité

      Forme référentielle

      > Michalias, Régis (forme d’état-civil)

      Éléments biographiques

      Régis Michalias est né et mort à Ambert, et semble n’avoir quitté sa ville qu’occasionnellement et par nécessité.

      Il fait d’abord des études au lycée de Clermont-Ferrand. Il part ensuite pour Paris, d’où il revient diplômé de première classe à l’École supérieure de pharmacie. Adolphe Van Bever (Poètes du terroir, 1924) nous apprend qu’il est capitaine de mobilisés à la guerre de 1870. Il revient définitivement dans sa ville natale pour y pratiquer le métier de pharmacien de 1873 à 1895.

      Il consacre sa retraite à la culture des fleurs et à l’étude des parlers auvergnats, s’impliquant dans le mouvement de renaissance littéraire occitane à travers le Félibrige.

      Michel Camelat (Reclams, n°3, 1936) décrit Michalias « bâti comme un châtaigner, l’œil clair et l’épaule carrée. »

      Régis Michalias a eu de son mariage une fille unique, Jeanne, qui semble s’être intéressée aux activités félibréennes de son père, l’accompagnant et fréquentant à l’occasion ses amis félibres.

      Jean Ajalbert, contemporain de Michalias (et Auvergnat revendiqué), lui consacre un chapitre complet dans son ouvrage Au Cœur de l'Auvergne, et éclaire ainsi le portrait du poète en révélant au fil de son récit certains détails sur sa vie et son œuvre qu'on peine à trouver par ailleurs, comme par exemple son intérêt pour les pierres et la géologie ou son implication dans l'ouverture de bains-douches initialement destinés aux populations les plus précaires.

      Engagement dans la renaissance d'oc

      Liens avec le Félibrige

      Les activités félibréennes de Régis Michalias ne se manifestent véritablement qu’au moment de sa retraite.

      C’est un grand lecteur et admirateur de Frédéric Mistral et d'Arsène Vermenouze, et c’est d’ailleurs Mistral qui le pousse en 1902 à entrer en rapport avec le majoral aurillacois, ouvrant la voie à une amitié de plusieurs années, jusqu’au décès de Vermenouze en 1910.
      Le poète d’Ambert (basse-Auvergne), et celui d’Ytrac (haute-Auvergne) partagent une admiration commune pour le héros de Gergovie, Vercingétorix, fréquemment évoqué dans les poèmes de l’un comme de l’autre. C’est à Font-Ségugne, en mai 1904, qu’ils se voient pour la première fois, à l’occasion du cinquantenaire du Félibrige.

      Selon Jean-François Chanet (Les félibres cantaliens, 2000), Michalias aurait été « officiellement invité par Jules Ronjat, le baile du Consistoire, [...] », qui l’aide pour ses ouvrages de linguistique. Mais Michalias est un félibre isolé dans son pays, et il exprime son inquiétude à Vermenouze : « Seul, isolé, inconnu, noyé et perdu dans une assemblée dont je ne comprendrais que difficilement le langage sonore, impuissant moi-même à me faire comprendre, qu'irais-je faire ? » (Ambert, 29 avril 1904).

      Il s’y rend pourtant, accompagné de sa fille, et ne le regrette pas : il y fait de nombreuses rencontres et compose en outre un poème à ce sujet, publié dans son premier recueil Èrs de lous Suts (1904). Il y cite les noms des amis rencontrés : Adrien Planté, (un des dirigeants du félibrige béarnais avec Michel Camélat), les félibres toulousains Jean Rozès de Brousse, Armand Praviel, Pierre Bacquié-Fonade, le Haut-Alpin F. N. Nicollet et bien sûr Arsène Vermenouze, et Frédéric Mistral.
      Ainsi Camelat évoque-t-il dans son article les excursions à Avignon, à Arles, aux Saintes-Maries, et les retrouvailles à la Santo-Estello de 1905, occasion pour l’enthousiaste Michalias de découvrir Nîmes, Montpellier (« lou Clapas »), Narbonne, Toulouse, puis Lourdes, Pau, Orthez et Arrens.

      Au moment de « l’affaire Dévoluy », lorsqu'à la Santo-Estello de 1909 le capoulié Dévoluy est mis en minorité par une coalition de majoraux et acculé à la démission, Michalias, qualifié d’« òmi de pats » par Camelat, ne semble pas s’être engagé activement dans l’un ou l’autre camp mais, se disant ami de Ronjat et de Planté, il prend le parti de Dévoluy.

      Au contact des félibres, il trouvera peut-être une sorte de raison d’être à ses aspirations littéraires et linguistiques, mais au fond, dans les premiers temps au moins, Michalias ne croit pas à la renaissance de la langue dans son pays. Ce pessimisme s’explique sans doute par un apparent désintérêt de la population locale pour la valorisation de la langue et de la culture occitanes. Desdevise du Dézert (Bulletin de la Société des Amis de l'Université, 1905) dit à ce sujet, pour renforcer le mérite de Michalias, que « l’Auvergne s’ignore, elle semble se dédaigner, elle regarde beaucoup trop vers Paris ; sa vie intellectuelle ne lui vient pas d’elle-même, et pour cette raison, n’est qu’une vie factice et d’emprunt ».
      D’ailleurs le Félibrige est quasi inexistant dans l’environnement proche de Michalias. Chanet retranscrit des passages d’une lettre adressée à Vermenouze qui résument parfaitement l’état d’esprit du poète ambertois au début de leurs échanges : « Vous me dites que je devrais provoquer un réveil ou un éveil félibréen dans nos régions. Hélas ! le temps des résurrections est passé ; on n'éveille plus les morts...Notre dialecte est de plus en plus abandonné des classes éclairées. Les "bourgeois" notamment en considèrent l'usage comme une sorte de déchéance. Le comprenant à peine, quand ils s'essayent à le parler, ils y sont grotesques. [...] Aussi, je me borne à chanter pour moi seul, et quelques rares amis [...]. Mais il ne saurait être question de fonder chez nous une revue ou publication quelconque, car aux raisons données plus haut, il faut encore en joindre une autre de très grande importance : la variété des prononciations, qui changent d'une localité à une autre, très voisine souvent, [...] et partant l'affaiblissement d'intérêt, (chacun n'estimant bien que le parler de sa paroisse...), et aussi une difficulté de lecture du langage écrit. » (Ambert, 11 décembre 1902).

      Malgré tout, Régis Michalias est mû d’une vraie volonté productrice et créatrice, et fait partie de ces félibres qui ont su s’attirer la bienveillance et la reconnaissance de la communauté félibréenne. Sans doute les diverses rencontres qu’il a faites par la suite lui ont-elles donné cette foi.
      D’après Chanet, cependant, « le seul intérêt de sa démarche, et Mistral en effet pouvait l'estimer grand, était de fixer un patrimoine, d'ajouter à la connaissance philologique une matière qui, un jour peut-être, ferait l'objet d'études approfondies. »

      Cette implication était à même de justifier une élection au majoralat. Il candidate en 1910, mais n’est pas élu. Les expressions de regret au sujet de ce manquement seront par la suite assez nombreuses au sein du Félibrige. Lui-même ne semble pas s’en formaliser outre mesure, mais peut-être revient-il un peu sur son idée du Félibrige. Christian de Villeneuve-Esclapon le cite dans sa revue Occitania (Paris, n°7, 1910) : « j’ai surtout le désir de servir de mon mieux les lettres occitanes en chantant mon très beau et pittoresque Livradois dans son non moins pittoresque dialecte. »

      On lit dans l'article de Camelat qu'après son décès en 1916, Louis Delhostal, Bénézet Vidal « e autes frays en pouesie » posent une plaque de marbre sur sa maison.
      Plus tard, en mars 1944, à l’occasion du centenaire de sa naissance, un court hommage paraît dans le journal Fe (n°48, 1944).

      Ouvrages et réception

      Son expérience finalement assez courte a donné lieu à une production elle aussi relativement réduite. On dénombre deux recueils de poèmes, l’adaptation d’une pièce de théâtre, une grammaire et un glossaire. Un recueil de contes, Tant fa per rire, est annoncé dans sa dernière publication, et lui-même parle dans une lettre datée de 1910 (adressée à Camelat qui la reproduit dans son article) d’un recueil d’« Ers » à paraître, Enco Noutre, mais l’un comme l’autre semblent être restés inédits, peut-être existent-il quelque part à l’état de manuscrits. Enfin on trouve sa signature dans quelques numéros de Vivo Prouvènço ! et ses poèmes sont parus entre autres dans les revues Reclams et l’Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren.

      Son premier recueil de poèmes, Èrs de lous Suts, paraît en 1904 ; il est constitué de trente-trois poèmes et de leur traduction en regard, avec une note sur la prononciation au début de l’ouvrage. Michalias y fait paraître en guise de préface une lettre enthousiaste de Mistral.

      Il est suivi en 1907 des Éléments abrégés de grammaire auvergnate : dialecte des environs d'Ambert (Puy-de-Dôme). Dans sa préface, Michalias cite ses deux collaborateurs, Foulché Delbosc, auteur d'une Grammaire Catalane, et Jules Ronjat. De ces influences extérieures il hérite de l’usage de caractères particuliers, notamment un « å » qui se retrouvera dans ses publications suivantes.
      Villeneuve-Esclapon fait un commentaire très positif sur la grammaire, dont il trouve le propos « clair et facile à retenir ». Pour autant Michalias n'est pas linguiste et ne prétend pas l'être, les spécialistes ne manqueront pas de le signaler tout en saluant l'initiative et reconnaissant tout de même un certain mérite à son travail.

      Margoutou, o no batueito au vialage est une pièce de théâtre, qui paraît la même année.
      La note aux lecteurs est un peu mystérieuse : d'une part Michalias ne signe à aucun moment en toutes lettres, bien que son ouvrage ait été annoncé dans ses précédentes publications. D'autre part il explique que la pièce de théâtre qu’il édite est l’œuvre d’un auteur mort depuis vingt ans, son anonymat devant être respecté.
      Il s’agit en fait à l’origine d’une pièce de Jarsaillon, auteur du Livradois mort en 1893. La revue Parlem (n° 9, 1982) décrit la pièce, en trois actes et 589 vers, aux personnages traditionnels et carnavalesques, que Michalias a modifiée, changeant les paroles, et passant certaines répliques en français, « benliau per mostrar ce qu’èron las doàs lingas dins la societat de son temps e le siau vejaire ».

      Le second recueil de poèmes, Èrs d’uen Païsan, paraît l’année suivante, en 1908.
      Il comporte cinquante poèmes avec la traduction en regard, il est lui aussi précédé d’une note sur la prononciation, et s’achève sur une autre lettre de Mistral.

      L’œuvre de Michalias ne semble pas avoir fait l’objet d’une quelconque étude approfondie. Toutefois elle est souvent évoquée, le nom de Michalias apparaissant, même brièvement, dans de nombreux ouvrages, et on peut citer les commentaires de quelques auteurs à son propos :

      - Voici ce que Desdevise du Dézert dit en 1905 à propos d’Èrs de lous Suts : « Ce sont des paysages, dont les aspects changent avec chaque saison ; c’est la chanson des amoureux sous les grands bois ; ce sont les cancans du hameau, les bonnes histoires dont le Gaulois se gaudit, depuis qu’il pousse son rire clair au milieu des nations ; ce sont les souvenirs d’enfance, les longues randonnées par la montagne, les vieilles coutumes du pays ; c’est tout ce qui fait de la terre natale votre terre à vous et non une autre, votre sol nourricier, votre domaine et votre bien. »

      - On trouve cette citation d’Alexandre Vialatte (originaire d'Ambert et ami d'Henri Pourrat) dans l’ouvrage de Chanet : « Rabotant la matière ingrate de notre idiome, des gens comme Michalias ont su pourtant faire des merveilles parce qu'ils avaient le génie du style familier et travaillaient dans l'esprit même de la langue, dans le sens du bois, si je puis dire. »

      - Paule Bouvelot (L’Auvergne à travers la poésie auvergnate contemporaine.  [1952]) commente vers 1952 l’œuvre de Michalias : « C’est aussi une vision réaliste qui transparaît aux pages de Régis Michalias ; mais ici le détail l’emporte sur l’ensemble. C’est une suite de jolis croquis qui n’ont d’autre but que de peindre et dont une fine observation fait tout le prix. Cependant cette poésie est à l’image du Livradois. Comme ce pays doux et sans secousses, elle est contenue, naturelle, animée de sens pratique et d’utilitarisme, très locale donc par cette ambiance morale qui baigne les choses et les êtres… »

      - Robert Lafont et Christian Anatole (Nouvelle histoire de la littérature occitane, 1970) voient sa poésie « plus discrète et plus artiste que celle de Vermenouze, mais bien traditionnelle encore »

      - Jean Roux (Huit siècles de littérature occitane en Auvergne et Velay, 2015) confirme ce point de vue, et, à la suite d'une courte présentation de l'auteur, donne le poème « La Chadeno » dans la graphie d’origine telle qu’on la trouve dans Èrs d’uen Païsan, en français et en graphie classique.

      Le dernier de ses ouvrages est son « Glossaire », publié dans la Revue de Philologie française (1912)
      Il présente une graphie très inspirée de celle de Ronjat, censée représenter la prononciation des mots.

      Dans les dernières années de sa vie, Michalias collabore à l’œuvre d’Henri Pourrat.
      Celui-ci, également ambertois, commence ses collectes de contes vers 1911. Michalias le seconde en transcrivant puis traduisant en français ceux des textes qui sont en occitan. L’édition de Bernadette Bricout (Contes et récits du Livradois, 1989) conserve la graphie employée alors par Michalias.
      On y trouve de nombreuses références au « Glossaire » (en partie repris en fin de volume), ainsi que des notes d’explication de termes occitans ajoutées par Michalias.

      Il existe en outre, fait plutôt remarquable, une édition allemande des poèmes de Michalias, Auvergnatische Lieder, traduits par le Dr Hans Weiske et précédés d’une étude sur l’auteur. Une note au bas du poème « D'Eijaire » dans le recueil Èrs d'uen païsan évoque également l'existence d'une traduction en suédois, introuvable à ce jour, par le Dr Göran Björkman (1860-1923, traducteur suédois qui s'est intéressé à la littérature française, italienne, espagnole, portugaise et allemande).

      Bibliographie de l'auteur

      Auteur

      - Voir les publications de Régis Michalias référencées dans Le Trobador, catalogue international de la documentation occitane

      - Voir les archives et manuscrits de Régis Michalias référencés dans Calames

      - « Masaira d'èrba ». Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren. 1936, p.10. Consulter le numéro sur Occitanica.

      - « Lo Chamin de Sant-Jaque ». Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren. 1938, pp.11-12. Consulter le numéro sur Occitanica.

      Contributeur

      - Contes et récits du Livradois. Textes recueillis par Henri Pourrat, édition établie par Bernadette Bricout. Paris : Maisonneuve et Larose, 1989

      - Prouvènço ! mars 1906, n°15

      - Vivo Prouvènço ! mars 1908, n°39

      - Vivo Prouvènço ! mars 1910, n°63]]>
      Embertés de naissença e de còr, Régis Michalias s’es lançat tardièrament mas segurament dins la produccion literària e los estudis dialectals, per portar sa pèira a l’òbra felibrenca.

      Identitat

      Forma referenciala

      > Michalias, Régis (forma d’estat-civil)

      Elements biografics

      Régis Michalias es nascut e mòrt a Embèrt, e sembla d’aver pas daissat sa vila qu’ocasionalament e per necessitat.

      Fa primièr d'estudis al licèu de Clarmont d'Auvèrnhe. Partís puèi per París, d’ont torna diplomat de primièra classa a l’Escòla superiora de farmacia. Adolphe Van Bever (Poètes du terroir, 1924) nos aprend qu’es capitani de mobilizats pendent la guèrra de 1870. Torna definitivament dins sa vila natala per i practicar lo mestièr de farmacian de 1873 a 1895.

      Consacra sa retirada a la cultura de las flors e a l’estudi dels parlars auvernhats, s’implicant dins lo movement de renaissença literària occitana a travèrs lo Felibritge.

      Michel Camelat (Reclams, n°3, 1936) descriu Michalias « bastit coma un castanhèr, l’uèlh clar e l’espatla cairada. » 1.

      Régis Michalias aguèt de son maridatge una filha unica, Jeanne, que sembla s’èsser interessada a las activitats felibrencas de son paire, l’acompanhant e frequentant a l’escasença sos amics felibrencs.

      Jean Ajalbert, contemporan de Michalias (e Auvernhat revendicat), li consacra un capítol complet dins son obratge Au Cœur de l'Auvergne, e esclaira aital lo retrach del poèta en desvelant al fial de son raconte d'unes detalhs sus sa vida e son òbra malaisits de trapar endacòm mai, coma per exemple son interés per las pèiras e la geologia o son implicacion dins la dubèrtura de banhs-dochas inicialament destinats a las populacions mai precàrias.

      Engatjament dins la renaissença d'òc

      Ligams amb lo Felibritge

      Las activitats felibrencas de Régis Michalias se manifèstan vertadièrament pas qu’al moment de sa retirada.

      Es un grand legeire e admirator de Frédéric Mistral e d'Arsène Vermenouze, e es justament Mistral que lo buta en 1902 a dintrar en rapòrt amb lo majoral orlhagués, dubrissent la via a una amistat de mantuna annadas, fins a la mòrt de Vermenouze en 1910.
      Lo poèta d’Embèrt (bas-Auvèrnhe), e lo d’Eitrac (naut-Auvèrnhe) partatjan una admiracion comuna per l'eròi de Gergovia, Vercingétorix, pron sovent evocat dins los poèmas de l’un coma de l’autre. Es a Font-Segunha, en mai de 1904, que se veson per lo primièr còp, a l’escasença del cinquantenari del Felibritge.

      Segon Jean-François Chanet (Les félibres cantaliens, 2000), Michalias seriá estat « oficialament convidat per Jules Ronjat, lo baile del Consistòri, [...] » 1, que l’ajuda per sos obratges de linguistica. Mas Michalias es un felibre isolat dins son país, e exprimís son inquietud a Vermenouze : « Sol, isolat, desconegut, negat e perdut dins una assemblada que ne comprendrai pas que malaisidament lo lengatge sonòr, mai ieu incapable de me far comprene, de qu'anariái far ? » (Embèrt, 29 d'abril de 1904) 1.

      S'i rend çaquelà, acompanhat de sa filha, e o regreta pas : i fa de rescontres nombroses e compausa quitament un poèma sus aquel subjècte, publicat dins son primièr recuèlh Èrs de lous Suts (1904). I cita los noms dels amics rescontrats : Adrien Planté, (un dels dirigents del Felibritge bearnés amb Michel Camélat), los felibres tolosans Jean Rozès de Brousse, Armand Praviel, Pierre Bacquié-Fonade, lo Naut-Alpenc F. N. Nicollet e plan segur Arsène Vermenouze e Frédéric Mistral.
      Aital, Camelat evòca dins son article las excursions a Avinhon, a Arle, a las Santas Marias, e les retrobadas a la Santo-Estello de 1905, escasença per l’entosiasta Michalias de descobrir Nimes, Montpelhièr (« lou Clapas »), Narbona, Tolosa, puèi Lorda, Pau, Ortès e Arrens.

      Al moment de « l’afaire Dévoluy », quand a la Santo-Estello de 1909 lo capolièr Dévoluy es mes en minoritat per una coalicion de majorals e aculat a la demission, Michalias, qualificat d’« òmi de pats » per Camelat, sembla de s’èsser pas engatjat activament dins l’un o l’autre camp mas, en tant qu'amic de Ronjat e de Planté, pren lo partit de Dévoluy.

      Al contacte dels felibres, traparà benlèu una mena de rason d’èsser a sas aspiracions literàrias e linguisticas, mas al fons, dins los primièrs temps al mens, Michalias crei pas a la renaissença de la lenga dins son país. Aquel pessimisme s’explica sens dobte per un aparent desinterés de la populacion locala per la valorizacion de la lenga e de la cultura occitanas. Desdevise du Dézert (Bulletin de la Société des Amis de l'Université, 1905) ditz sus aquel subjècte, per renforçar lo merit de Michalias, que « Auvèrnhe s’ignòra, sembla de se desdenhar, agacha plan tròp vèrs París ; sa vida intellectuala li ven pas d’el-meteis, e per aquela rason, es pas qu’una vida factícia e de manlèu » 1.
      D’alhors lo Felibritge es quasi inexistent dins l’environament pròchi de Michalias. Chanet transcriu de passatges d’una letra adreiçada a Vermenouze que resumisson perfièchament l’estat d’esperit del poèta embertés a la debuta de lors escambis : « Me disètz que dèuriái provocar un desrevelh felibrenc dins nòstras regions. Ailàs ! lo temps de las resurreccions es passat ; òm desrevelha pas mai los mòrts...Nòstre dialècte es de mai en mai abandonat de las classas esclairadas. Los "borgeses" notament ne considèran l'usatge coma una mena de descasença. Lo comprenent a pena, quand s'assajan a lo parlar, i son grotesques. [...] Aital, me contenti de cantar per ieu solet, e d'unes rares amics [...]. Mas es fòra question de fondar a cò nòstre una revista o publicacion quina que siá, qu'a las rasons donadas çai sus, ne cal apondre una autra de fòrça granda importància : la varietat de las prononciacions, que càmbian d'una localitat a una autra, fòrça vesina sovent, [...] e d'aquí l'aflaquiment d'interés, (cadun estimant pas plan que lo parlar de sa parròquia...), e tanben una dificultat de lectura del lengatge escrich. » (Embèrt, 11 de decembre de 1902) 1.

      Malgrat tot, Régis Michalias es mogut d’una vertadièra volontat productiva e creadoira, e fa partida d'aqueles felibres qu'an sauput s’atraire la benvolença e la reconeissença de la communautat felibrenca. Sens dobte los diferents rescontres qu’a faches en seguida li an donat aquela fe.
      Segon Chanet, çaquelà, « lo sol interés de son amira, e Mistral en efièch lo podiá estimar grand, èra de fixar un patrimòni, d'apondre a la coneissença filologica una matèria que, un jorn benlèu, fariá l'objècte d'estudis aprigondits. » 1

      Aquela implicacion podiá justificar una eleccion al majoralat. Candidata en 1910, mas es pas elegit. Las expressions de regret al subjècte d'aquel mancament seràn puèi pron nombrosas al dintre del Felibritge. El sembla pas de se’n formalizar, mas benlèu torna un pauc sus son idèa del Felibritge. Christian de Villeneuve-Esclapon lo cita dins sa revista Occitania (París, n°7, 1910) : « ai mai que mai lo desir de servir de mon melhor las letras occitanas en cantant mon Liuradés dels bèls e dels pintoresques dins son non mens pintoresc dialècte. » 1

      Òm legís dins l'article de Camelat qu'aprèp sa mòrt en 1916, Louis Delhostal, Bénézet Vidal « e autes frays en pouesie » pausan una placa de marme sus son ostal.
      Mai tard, en març de 1944, a l’escasença del centenari de sa naissença, un brèu omenatge pareis dins lo jornal Fe (n°48, 1944).

      Obratges e recepcion

      Son experiéncia fin finala pron corta a donat luòc a una produccion ela tanben relativament reducha. Se destrian dos recuèlhs de poèmas, l’adaptacion d’una pèça de teatre, una gramatica e un glossari. Un recuèlh de contes, Tant fa per rire, es anonciat dins sa darrièra publicacion, e quitament el parla dins una letra datada de 1910 (adreiçada a Camelat que la reprodusís dins son article) d’un recuèlh d’« Ers » per paréisser, Enco Noutre, mas l’un coma l’autre semblan èsser demorats inediches, benlèu existisson endacòm a l’estat de manescriches. Enfin se trapa sa signatura dins d'unes numèros de Vivo Prouvènço ! e sos poèmas pareisson entre autres dins las revistas Reclams e l’Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren.

      Son primièr recuèlh de poèmas, Èrs de lous Suts, pareis en 1904 ; es constituit de trenta-tres poèmas e de lor traduccion en regard, amb una nòta sus la prononciacion a la debuta de l’obratge. Michalias i fa paréisser en guisa de prefaci una letra entosiasta de Mistral.

      Es seguit en 1907 dels Éléments abrégés de grammaire auvergnate : dialecte des environs d'Ambert (Puy-de-Dôme). Dins son prefaci, Michalias cita sos dos collaborators, Foulché Delbosc, autor d'una Grammaire Catalane, e Jules Ronjat. D'aquelas influéncias exterioras eireta de l’usatge de caractèrs particulars, notament un « å » que se tornarà trapar dins sas publicacions seguentas.
      Villeneuve-Esclapon fa un comentari fòrça positiu sus la gramatica, que ne trapa lo prepaus « clar e aisit de retener » 1. Çaquelà Michalias es pas linguista e pretend pas de l'èsser, los especialistas manquèron pas d'o senhalar en tot saludar l'iniciativa e reconeissent quitament un cèrt merit a son trabalh.

      Margoutou, o no batueito au vialage es un pèça de teatre, que pareis la meteissa annada.
      La nòta als lectors es un pauc misteriosa : d'una part Michalias signa pas en cap d'endrech en totas letras, alara que son obratge es estat anonciat dins sas precedentas publicacions. D'autra part explica que la pèça de teatre qu’edita es l’òbra d’un autor mòrt dempuèi vint ans, son anonimat devent èsser respectat.
      S’agís en fach a l’origina d’una pèça de Jarsaillon, autor del Liuradés mòrt en 1893. La revista Parlem (n° 9, 1982) descriu la pèça, en tres actes e 589 vèrses, dels personatges tradicionals e carnavalesques, que Michalias a modificada, cambiant las paraulas, e passant d'unas replicas en francés, « benliau per mostrar ce qu’èron las doàs lingas dins la societat de son temps e le siau vejaire ».

      Lo segond recuèlh de poèmas, Èrs d’uen Païsan, pareis l’annada seguenta, en 1908.
      Compòrta cinquanta poèmas amb la traduccion en regard, es el tanben precedit d’una nòta sus la prononciacion, e s’acaba sus una autra letra de Mistral.

      L’òbra de Michalias sembla d'aver pas fach l’objècte d’un estudi aprigondit. Çaquelà es sovent evocada, lo nom de Michalias apareissent, emai brèvament, dins mantun obratges, e se pòdon citar los comentaris de qualques autors a son prepaus :

      - Vaquí çò que Desdevise du Dézert ditz en 1905 a prepaus d’Èrs de lous Suts : « Son de païsatges, que los aspèctes càmbian amb cada sason ; es la cançon dels amoroses jos los grands bòsques ; son los cancans del masatge, las bonas istòrias que lo Gallés se ne regaudís, dempuèi que buta son rire clar al mitan de las nacions ; son los sovenirs d’enfància, les longas escorregudas per la montanha, las vièlhas costumas del país ; es tot çò que fa de la tèrra natala, vòstra tèrra a vosautres e non pas una autra, vòstre sòl noiriguièr, vòstre domeni e vòstre ben. » 1

      - Se trapa aquela citacion d’Alexandre Vialatte (originari d'Embèrt e amic d'Henri Pourrat) dins l’obratge de Chanet : « Rabotant la matèria ingrata de nòstre idiòma, de mond coma Michalias an sauput çaquelà far de meravilhas perqu'avián l'ingèni de l'estil familiar e trabalhavan dins lo quite esperit de la lenga, dins lo sens de la fusta, se pòdi dire. » 1

      - Paule Bouvelot (L’Auvergne à travers la poésie auvergnate contemporaine.  [1952]) comenta vèrs 1952 l’òbra de Michalias : « Es tanben una vision realista que transpareis a las paginas de Régis Michalias ; mas aquí lo detalh l’empòrta sus l’ensems. Es una seguida de polits crocadisses qu’an pas d’autra tòca que de pintrar e qu'una observacion fina ne fa tot lo prètz. Çaquelà aquela poesia es a l’imatge del Liuradés. Coma aquel país doç e sens brandidas, es contenguda, naturala, animada de sens practic e d’utilitarisme, fòrça locala doncas per aquel ambient moral que banha las causas e los èssers… » 1

      - Robert Lafont et Christian Anatole (Nouvelle histoire de la littérature occitane, 1970) veson sa poesia « mai discreta e mai artista que la de Vermenouze, mas plan tradicionala encara » 1

      - Jean Roux (Huit siècles de littérature occitane en Auvergne et Velay, 2015) confirma aquel vejaire, e, a la seguida d'una corta presentacion de l'autor, dona lo poèma « La Chadeno » dins la grafia d’origina tala coma se trapa dins Èrs d’uen Païsan, en francés e en grafia classica.

      Lo darrièr de sos obratges es son « Glossaire », publicat dins la Revue de Philologie française (1912).
      Presenta una grafia fòrça inspirada de la de Ronjat, censada representar la prononciacion dels mots.

      Dins las darrièras annadas de sa vida, Michalias collabòra a l’òbra d’Henri Pourrat.
      El, tanben embertés, comença sas collèctas de contes vèrs 1911. Michalias lo segonda en transcrivent puèi tradusent en francés los dels tèxtes que son en occitan. L’edicion de Bernadette Bricout (Contes et récits du Livradois, 1989) consèrva la grafia emplegada alara per Michalias.
      S'i trapan mantuna referéncias al « Glossaire » (en partida représ en fin de volum), tal coma de nòtas d’explicacion de mots occitans apondudas per Michalias.

      Existís mai, fach qu'es puslèu de remarcar, una edicion alemanda dels poèmas de Michalias, Auvergnatische Lieder, traduits per lo Dr Hans Weiske e precedits d’un estudi sus l’autor. Una nòta al bas del poèma « D'Eijaire » dins lo recuèlh Èrs d'uen païsan evòca tanben l'existéncia d'una traduccion en suedés, non averada a l'ora d'ara, per lo Dr Göran Björkman (1860-1923, traductor suedés que s'es interessat a la literatura francese, italiana, espanhòla, portuguesa e alemanda).

      1. Las traduccion en occitan de las citacions dempuèi lo francés son nòstras.

      Bibliografia de l'autor

      Autor

      - Véser las publicacions de Régis Michalias referenciadas dins Lo Trobador, catalòg internacional de la documentacion occitana

      - Véser los archius e manescriches de Régis Michalias referenciats dins Calames

      - « Masaira d'èrba ». Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren. 1936, p.10. Consultar lo numèro sus Occitanica.

      - « Lo Chamin de Sant-Jaque ». Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren. 1938, pp.11-12. Consultar lo numèro sus Occitanica.

      Contributor

      - Contes et récits du Livradois. Tèxtes reculhits per Henri Pourrat, edicion establida per Bernadette Bricout. París : Maisonneuve et Larose, 1989

      - Prouvènço ! mars de 1906, n°15

      - Vivo Prouvènço ! mars de 1908, n°39

      - Vivo Prouvènço ! mars de 1910, n°63]]>
      Écrivain, félibre et journaliste languedocien. Militaire puis administrateur colonial au Tonkin où il réside de 1886 jusqu’à sa mort prématurée en 1897, des suites de sa consommation intense de l’opium. Il a utilisé deux langues – le français et le provençal rhodanien – comme vecteurs d’une production artistique, tant en prose qu’en vers, qui trouvera essentiellement en Indochine sa terre d’inspiration.

      Identité

      Formes référentielles

      Boissière, Jules (1863-1897)

      Autres formes connues

      - Boissière, Juli (forme occitane du nom)

      - Khou-Mi (pseudonyme)

      Éléments biographiques 

      Né le 17 avril 1863 à Clermont-l’Hérault, rue Croix-Rouge, Jules Boissière effectue une brillante scolarité à Montpellier puis à Paris (classe de rhétorique supérieure au lycée Henri IV), où ses parents et sa sœur se sont installés. Particulièrement doué en langues, il commence à s’initier au journalisme en collaborant au journal radical-socialiste de Clémenceau La Justice. C’est à la même époque qu’il se met à fréquenter le Paris de la fin du Parnasse, des Décadents et des Symbolistes. Il n’a que vingt ans lorsqu’est publié chez Lemerre – l’éditeur parnassien par excellence – son premier recueil de poésies Devant l’énigme où l’on sent particulièrement l’influence de Mallarmé, l’un des auteurs qui l’accompagnera tout au long de sa brève vie.
      Au lendemain de la défaite de 1870, de nombreux poètes continuent d’être tentés par le voyage en Orient  et par le goût de l’aventure, voire de l’héroïsme… Jules Boissière, comme Rimbaud et Loti en tête de toute une génération, ne fait pas exception à la règle et se laisse aller à des rêves de départ et de lointains voyages... Pourtant, ses racines provençales ne sont jamais bien loin – comme on peut le constater à la lecture de son deuxième recueil Provensa ! (1887) – et se retrouvent renforcées par la fréquentation des félibres parisiens du café Voltaire, parmi lesquels Alphonse Daudet, Clovis Hugues, Charles Maurras et Paul Mariéton avec lesquels il nouera des liens amenés à perdurer. Il devient très vite le secrétaire de la Société des Félibres de Paris et est invité par Valère Bernard à venir en Provence où il rencontre Frédéric Mistral. C’est sans doute l’époque de la naissance de son amour pour Thérèse Roumanille, fille du célèbre primadié, qui vient d’être choisie à Hyères comme nouvelle reine du Félibrige. Aimer une « reine », qui plus est fille d’un ardent polémiste royaliste, pas toujours très tolérant envers les agnostiques, n’était assurément pas chose aisée ! Le poète écrit désormais, le plus souvent sans signature, des chroniques parlementaires dans des journaux d’obédience radical-socialiste et volontiers anticléricale, tels que le quotidien héraultais Le Petit Méridional. C’est en 1886, pour des raisons qui demeurent encore partiellement obscures – mais qui ont sans doute un lien avec l’abandon de Louis-Edouard Boissière, père de l’auteur, du domicile conjugal et avec les difficultés financières qui s’en suivent –, qu’il prend le parti de s’expatrier et de voir du pays. Justement, le Tonkin vient d’être transformé en colonie française et l’Annam est sous protectorat français depuis 1874 : tour à tour secrétaire de Paulin-Alexandre Vial, résident général en Annam et au Tonkin, puis surtout de Paul Bert, gouverneur civil de l’Annam et du Tonkin dont il devient le commis de résidence, Jules Boissière effectue en Indochine son service militaire, combat – puisque la conquête n’est alors pas encore terminée –, apprend l’annamite et lit 3000 caractères de chinois puis devient fonctionnaire dans le corps des administrateurs. Collaborateur d’Ernest Constans, nommé en 1887 gouverneur général, il devient alors ce poète provençal en Indochine qui s’installe à Binh-Dinh puis à Qui-Nhon, visite tout le pays nouvellement conquis, Calendau de Mistral sous le bras et sa bibliothèque toujours prête à le suivre en brousse. Depuis le Tonkin, il ne cesse de correspondre avec l’auteur de Mirèio puis, plus tard, avec Mallarmé. Il écrit alors toute une œuvre poétique en provençal, recueillie et traduite post-mortem par son épouse sous le titre Li Gabian (Les Goëlands).

      Dans un premier temps, sa nostalgie de la terre de Provence prend le pas sur l’attirance pour le paysage environnant, son peuple et ses coutumes. L’écriture coloniale obéit chez lui à un lent processus de maturation qui semble parallèlement correspondre à sa progression dans l’échelle administrative et à sa rencontre avec l’opium.
      C’est, de fait, avec ses seuls Propos d’un intoxiqué, récit publié à Hanoï en 1890 – sous le pseudonyme de Khou-Mi, gardien de pagode – et plusieurs fois réédité, qu’il se fait un nom parmi ces écrivains de l’opiomanie en vogue à la fin du XIXe siècle.
      Devenu un administrateur brillant, tout auréolé de ses succès indochinois, il rentre en France pour sa première permission. Il peut désormais prétendre à la main de Thérèse Roumanille, qu’il épouse en l’église Saint-Agricol d’Avignon, le 17 avril 1891, puis ramène en Indochine l’année suivante.
      Alors même que la vie semble lui sourire, il n’écrit curieusement plus en provençal et il faut attendre son dernier séjour en France, en 1896, pour qu’il rédige ses cinq derniers poèmes dans la langue de Mistral. Entre-temps, il est devenu en Indochine un homme d’action pour lequel l’écriture en prose devient le vecteur principal de la production littéraire. Il prend alors la direction de La Revue Indochinoise qui publiera, au-delà de la disparition de son fondateur, les principaux auteurs français d’Indochine. C’est l’époque où Boissière écrit certains de ses textes les plus forts et les plus influencés par sa vie d’aventurier, de soldat et de haut-fonctionnaire du Tonkin, tous publiés chez Flammarion en 1896 dans le recueil Fumeurs d’Opium : Dans la forêt, La prise de Lang-Xi, Comédiens ambulants, Le blockhaus incendié, Les génies du mont Tân-Vien, Une âme, Journal d’un fusillé.
      Le 12 août 1897, à peine retourné à Hanoï, en qualité de vice-résident, il meurt brutalement d’une occlusion intestinale (sans doute due à sa fréquentation assidue des fumeries d’opium…). Il a 34 ans. Pour respecter sa volonté, sa dépouille n’est pas ramenée sur le sol français et il est enterré au cimetière d’Hanoï. Sur sa stèle ne figurent que son nom et ses dates de naissance et de mort.

      Engagement dans la renaissance d’oc

      Contrairement à ce que pourrait le laisser croire une lecture trop rapide de sa biographie, Jules Boissière demeure nostalgiquement et sensoriellement attaché, tout au long de sa brève vie, à la Provence et à la langue rhodanienne telle que codifiée par Roumanille, Mistral et leurs compagnons. Si on ne trouve pas trace dans sa production d’une expression en dialecte languedocien usité à Clermont – quoiqu’il appelle à la cultiver dans sa critique d’un ouvrage de A.P. Fleury-Geniez, Histoire populaire de la ville de Clermont-L’Hérault rédigée, pour La Revue Félibréenne de mars 1886 – c’est sans doute parce que chez lui, au sein d’une famille très bourgeoise, on est assez éloigné de la langue d’Oc. De fait, l’attachement à la langue provençale sera davantage le fruit d’une démarche intellectuelle – voire élitiste – et s’exprimera dès la préface de Provensa ! (1887), son deuxième recueil de poésies, toutes écrites en français, où il écrit, non sans une nostalgie de circonstance : « Mais à courir les chemins, je me suis épris de la Terre, et surtout de notre terre à nous, l’antique Provensa dont le nom, jeté de l’Océan aux Alpes, rallia nos aïeux contre Montfort ».
      C’est la fréquentation à Paris des félibres du café Voltaire, puis l’invitation de certains d’entre eux à venir séjourner en Provence, qui pousse Boissière à écrire en vers provençaux. Parmi ses nombreuses contributions aux divers organes officiels du Félibrige (L’Armana prouvencau et La Revue Félibréenne essentiellement), il faut relever 5 poèmes qui reparaîtront, à titre posthume, dans le recueil Li Gabian (1899) et dans lesquels s’exprime déjà l’inspiration provençale de l’auteur : Partènço où l’on trouve l’idée – empreinte d’un souffle épique – de l’exil du peuple provençal opprimé ; Li Plagnun dou Tambourinaire où le vieux joueur préfère rester seul, à l’écart, plutôt que de faire ou de voir danser les jeunes filles avec les étrangers venus du nord ; Au Comte Gastoun De Ravousset-Bourboun, aventurier provençal fusillé au Mexique en 1854, qui permet de retrouver une âme héroïque ; La Campano et Au Païs de Prouvènço qui en appellent au réveil de la jeunesse et de la Patrie provençale.
      Un soir de 1885, dans le cadre splendide du plateau du Cheiron (Alpes-Maritimes), il tente de créer, en compagnie d’autres félibres de la nouvelle génération, Valère Bernard, Louis Funel et Frédéric Amouretti, une fédération de la jeunesse patriote provençale : Lou Roble  di Jouve. L’entreprise, pas vraiment encouragée par Mistral, s’arrête vite, mais on en retrouvera la trace, quelques années plus tard, dans la Déclaration des jeunes félibres fédéralistes du 22 février 1892 soutenue mais non signée par Boissière, alors au Tonkin.
      Mais c’est sans doute la période indochinoise – en particulier les années 1887-1888, puis 1896, après le dernier séjour en France – qui constitue chez lui un creuset essentiel au développement d’une sensibilité et d’une écriture occitane renouvelée. À côté de quelques pièces où s’expriment des regrets déchirants et le désir du retour (I Proumiè Felibre et I jouini Felibre), c’est bien une renaissance poétique que Boissière connaît sur la terre d’Annam : écrits en langue d’Oc mais prenant pour thème des sujets indochinois ou asiatiques, sans ajout d’exotisme à bon marché, certains de ses poèmes permettent alors au côté provençal de s’exprimer avec force et comptent parmi les plus beaux de l’auteur : Pantai di belli fiho, Lou Bouddha, Retra de Chineso, Cementèri d’Annam, En Barquet, Souto li tourrè d’argènt, Après la bataio
      Avec le 1er retour en Provence (1891), son vers se fait souvent plus lyrique et laisse percer l’émotion derrière le costume du troubadour – si l’on en juge par les vers de l’époque du mariage avec Thérèse Roumanille – jusqu’à créer le vers halluciné et parfois amer de 1896, année qui est également celle de la parution du recueil Fumeurs d’opium. La vision est désormais pénétrante, morbide et le style a pris une ampleur allant bien au-delà de tout néo-exotisme.
      Des vers d’épithalame d’A-N-Uno Rèino, célébrant le retour du Prince lointain, on se retrouve ainsi avec un vers enfiévré : Lou Félibre Canto (la roumanso à sa Réino), chant d’un pur lyrisme, suivi par Lou Félibre raconto (coume arribè que soun Cors e soun Amo, las d’avè cerca’n van l’Amour e la Muso, s’entournéron au vilage patriau, mounte se repauson de la Vido emai di Sounge) et Lou Félibre raconto (ço qu’a vist is enfèr dins la fourèst enmascarello) puis, enfin, par Mar e Sereno (Avignon, 5 mars 1896) où le poète, las de la réalité, se berce d’imaginations et dispose désormais d’une maîtrise supérieure de son instrument.
      Le fantastique et le symbolisme ne sont pas absents de la production poétique de cette dernière époque et d’étranges figures (de Cléopâtre à Messaline, de Salomé à la Borgia, en passant par Isabeau, Marguerite, Hélène et la Lorelei de Heine, même non directement citée…) peuplent ces vers d’où l’opium n’est sans doute guère éloigné…

      Bibliographie de l'auteur

      Voir les publications occitanes de Jules Boissière référencées dans 
      Le Trobador, catalogue international de la documentation occitane

      Œuvres littéraires de Jules Boissière

      - Devant l’énigme, poésies (1879-1883), Paris, Alphonse Lemerre, 1883

      - Propos bourguignons sur trois sonnets in Causeur bourguignon n° 48, 9 novembre 1884

      - Provensa ! poésies (1884-1885), Paris, Alphonse Lemerre, 1887

      - Le Carnet d’un soldat in L’Avenir du Tonkin, 1889 (inséré dans Fumeurs d’opium sous le titre Carnet d’un troupier)

      - Le Bonze Khou-Su, Hanoï, François-Henri Schneider, 1890 (sous le pseudonyme de Jean Rodde)

      - Propos d’un intoxiqué, imprimerie de L’Avenir du Tonkin, 1890 (sous le pseudonyme de Khou-Mi, gardien de pagode) puis Paris, Louis Michaud, 1911(incluant Le Bonze Khou-Su, Terre de fièvre, Cahier de route)

      - Fumeurs d’opium (comprenant Dans la forêt, La prise de Lang-Xi, Comédiens ambulants, Le blockhaus incendié, Les génies du mont Tan-Vien, Carnet d’un troupier, Une âme. Journal d’un fusillé) Paris, Flammarion, 1896

      - Li Gabian (Les Goélands), recueil des poésies provençales de Jules Boissière traduites littéralement en français par Mme Boissière, Avignon, Joseph Roumanille, 1899

      - Lou Souto-Prefét, poème inclus dans « Flourilege Prouvencau » (« Anthologie Provençale ») par J.Bourrilly, A.Esclangon et P.Fontan, Escolo de la Targo, Toulon, 1909, p.192-194

      - Pèr Mounto-Davalo, texte en prose inclus dans L’Armana prouvençau de 1889, p. 95-97

      - Li Pàuri Coumedian, texte en prose inclus dans L’Armana prouvençau de 1897, p. 66-70.

      - La Congaï, poème inédit cité intégralement par Victor Le Lan in « Essai sur la littérature Indochinoise », Les Cahiers Indochinois, Hanoï, 1907

      - Ailes et Fumées, poème inédit dédicacé à Albert de Pouvourville sur son exemplaire de Fumeurs d’opium, publié dans La Dépêche Coloniale Illustrée, 31 juillet 1909

      - Cahiers de route, pages inédites in Mercure de France n° 344, mai 1911

      - L’Indo-Chine avec les français, Paris, Louis Michaud, 1913

      - Peno De Gabian (Plumes De Goéland, extraits de Li Gabian), l’Astrado, Toulon, 1977

      - Dans la forêt et La prise de Lang-Xi in Indochine, Un rêve d’Asie, Omnibus, 1995 – Réédition en 2000

      - Fumeurs d’opium (comprenant Comédiens ambulants, Les génies du mont Tan-Vien et autres nouvelles), Kailash, Paris, 1993 et 2005

      - Opium (textes choisis 1885-1895), Magellan et Cie, Paris, 2007

      Correspondances

      - Correspondance Jules Boissière-Frédéric Mistral. Musée bibliothèque Mistral de Maillane (série 31/44 à 31/80)

      - Correspondance Jules Boissière-Stéphane Mallarmé. Documents Stéphane Mallarmé III, présentés par Carl Paul Barbier, Paris, Nizet, 1971

      - Correspondance Jules Boissière- Marie Louise Boissière (née Rodde), 1886-1892, Médiathèque Ceccano, Avignon (Microfiche 239, ms 6052)

      Collaboration de Jules Boissière à divers journaux, revues, rapports…

      Le Petit Méridional, Journal Républicain Quotidien (1883-1886)

      - La Justice (1884-1886)

      - La Revue Félibréenne (1885-1898)

      - L’Armana Prouvençau (1889-1897) : Pèr Mounto-Davalo (numéro de 1889, p. 95-97), À la bèllo eisservo (numéro de 1897, p. 51-52), Li Pàuri Coumedian (numéro de 1897, p. 66-70) Les autres textes en vers ont été recueillis dans le recueil Li Gabian. Les quelques contes en prose que J.Boissière écrivit pour L’Armana n’ont jamais été recueillis.

      - La Revue Verte « Monde, littérature, beaux-arts, finance » : Au Tonkin (25 novembre 1886) et Poésies : La vision de Montfort et Village Provençal (25 février 1887)

      - Chimère, Revue de littérature et de critique indépendante : Ac-Koï, Tonquin (n° 20, mai 1893-introuvable)

      - L’Avenir du Tonkin (1886-1897) : Par la Brousse (publié sous le pseudonyme de Khou-Mi, gardien de pagode), 14 mai 1890

      - Courrier d’Haïphong : Une âme, journal d’un fusillé (2 mars 1893, sous le pseudonyme de Jean Robert)

      - La Revue Indochinoise (1893-1897)

      - Le XIXème Siècle, Journal Républicain Conservateur (années ?)

      - L’Écho de Paris (années ?)

      - Le Temps (années ?)

      - Le Soleil (années ?)

      - Rapport général sur le châu de Bach-Tong, Journal Officiel de l’Indochine française, 5 septembre 1889 (2ème partie Annam-Tonkin, p.666)

      - Situation de l’Indochine française au commencement de 1894 (Rapport administratif anonyme… mais dédicacé au couple Boissière…), Hanoï, François-Henri Schneider, 1894, Bulletin de l’Ecole française d’Extrême-Orient, vol.13, (p.90), 1913

      Travaux universitaires relatifs à Jules Boissière

      - Nguyen Manh Tuong, L’Annam dans la littérature française-Jules Boissière. Thèse complémentaire pour le doctorat en lettres (228 p.), 1 vol., Université de Montpellier, faculté des lettres, 1932

      - Jean-Yves Casanova, Estrangié pèr li viéu, estrangié pèr li mort : « entre deux » du temps et de l’espace dans la poésie de Jules Boissière », Amb un fil d’amistat. Mélanges offerts à Philippe Gardy, Toulouse, Centre d’Étude de la Littérature Occitane, 2014, p. 267-296.

      Monographies, notices biographiques et articles sur Jules Boissière et son œuvre

      - Charles Maurras, « La vie littéraire : deux voyageurs, M. Ouvré, M. Boissière », Revue Encyclopédique, 14 octobre 1896

      - Jean Dream, « Boissière », L’Avenir du Tonkin, 18 août 1897

      - René Dorsan, « Notice sur Jules Boissière », La Provence illustrée, 15 mai 1900

      - Paul Mariéton, « Jules Boissière », La Revue Félibréenne, t. XIII, fascicule pour 1897, Paris, 1898

      - Paul Mariéton, « Notice sur Jules Boissière », La Revue Félibréenne, 1907 

      - Victor Le Lan, « Essai sur la littérature Indochinoise », Les Cahiers Indochinois, Hanoï, 1907

      - Albert Maybon, « Jules Boissière », Revue Indochinoise, 2ème semestre 1910

      - Jean Ajalbert, préface à Propos d’un intoxiqué, Paris, Louis Michaud, 1911

      - René Crayssac, « Essai sur la vie et l’œuvre de Jules Boissière », Revue Indochinoise, juillet-août 1912- p.24-59.

      - Eugène Pujarniscle, « La philosophie de Jules Boissière », Revue Indochinoise, janvier 1918- p.1 à 44.

      - Albert de Pouvourville, « L’opium » - Conférence donnée le lundi 1er juin 1908 au siège du Congrès, Comité des congrès coloniaux français (parue dans Propos d’un intoxiqué, Paris, Editions Zanzibar, 1995

      - Albert de Pouvourville, Chasseur de Pirates !..., Aux Editeurs associés, 79 bis rue de Vaugirard, Paris, 1923.

      - Félix Bertrand, Félix Gras et son œuvre (1844-1901), Li Gabian de Jules Boissière, Aix-en-Provence, Les Editions du « Feu », 1935

      - Farfantello (pseudonyme d’Henriette Dibon), Juli Boissière in Visage Felibren, Edicioun dou Porto-Aigo, Aix-en-Provence, 1935

      - Postface de Jean-Philippe Geley à Fumeurs d’opium, Paris, Kailash, 1993

      - Préface d’Émilie Cappella à Opium (textes choisis 1885-1895), Magellan et Cie, Paris, 2007

      - Patrick Leblanc, « Jules Boissière (1863-1897). Le Malentendu », in Semeurs de signes, passeurs de sens… Des Poètes en Languedoc, Béziers, Arcadia, 2012, p. 11-23

      - Jean-Yves Casanova, préface à Dans la forêt in La Revue Littéraire n° 57, avril-mai 2015

      Ouvrages et articles sur le Félibrige et son temps faisant référence à Jules Boissière

      - Ernest Gaubert et Jules Veran, Anthologie de l’Amour Provençal, Paris, Mercure de France 1909

      - Jules Charles-Roux, Des Troubadours à Mistral, François Seguin, Avignon, 1917 (incluant la célèbre lettre de Mistral à Boissière du 14 septembre 1885 sur le système fédéral)

      - Jean Ajalbert, L’En-Avant de Frédéric Mistral, Paris, Denoël et Steele, 1931

      - Émile Ripert, La librairie Roumanille, Lyon, S.A de l’imprimerie A. Rey, 1934

      - Michel Courty, « Peno de gabian » de Juli Boissiere, in Lou Liame, Revue de Culture Provençale de l’Escolo Dou Dragoun n° 68, Draguignan, 1978

      - Jacques Thibert, Georges Granier, « Jules Boissière », in Bulletin du Groupe de Recherches et d’Etudes du Clermontais (G.R.E.C), n° 59-60, avril-juillet 1991

      - Charles Maurras, Barbares et Romans, Les Félibres, numéro spécial du journal La Plume, 1891.

      - René Jouveau, Histoire du Félibrige (4 vol., en particulier vol.2 « 1876-1914 »), Nîmes, 1970.

      - Victor N’Guyen, « Maurras et le Félibrige : éléments de problématique » in La France Latine, n°78-79, 1979 (cite la lettre de Jules Boissière à Paul Mariéton du 3 août 1892 à propos de la déclaration des félibres fédéralistes)

      - Victor N’Guyen, Aux origines de l’Action Française-Intelligence et politique autour des années 1900, Paris, Fayard, 1991.

      - Philippe Martel, Les Félibres et leur temps-Renaissance d’oc et opinion (1850-1914), Presses Universitaires de Bordeaux, 2010


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      Nadal Rey (Lévignac-sur-Save, 23-12-1911 † Salses, 20-11-2016) est un professeur d’espagnol, puis censeur. Il mène un combat pour une double reconnaissance : celle de la langue d’oc et celle des aînés qu’il regroupe en associations départementales, puis fédération nationale et internationale. Le prix Nadal-Rey qu’il a fondé se veut intergénérationnel.

      Identité

      Formes référentielles

      Rey, Nadal (1911-2016)

      Autres formes connues

      - Rey, Noël (nom à l'état civil)

      - Rei, Nadal (version occitane du nom)

      Éléments biographiques

      Né d’un père languedocien et d’une mère gasconne, c’est à l’école que Noël Rey apprend le français. Après l’Ecole Normale de Toulouse en 1931, il rejoint l’ENSET (Ecole Normale Supérieure de l’Enseignement Technique) à Paris, puis la faculté de Lettres de Madrid en 1933, pour être nommé professeur d’espagnol à Verdun-Saint Chamond. En 1934, jeune marié, il enseigne à Grenoble, aux classes préparatoires aux Arts & Métiers, mais en 1939, la guerre arrivant, il est envoyé en Afrique : épisode narré dans le Bataillon perdu, titre d’un de ses nombreux ouvrages. C’est au Maroc qu’il passe la majeure partie de sa carrière (22 ans) comme professeur d’espagnol, puis censeur. En 1973, l’âge de la retraite le fait revenir à Lavilledieu.
      Noël Rey est écrivain : « Écrire c’est participer à la vie », avait-il coutume de dire. En 1988 paraît Camins… qui présage d’un long cheminement, pédestre et spirituel. Plusieurs associations peuvent le compter à son actif : la Compagnie des écrivains de Tarn-et-Garonne, l’association Miguel de Cervantès, l’Association des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques, l’Académie de Montauban où il est élu en 1980, et récemment l’Académie du Languedoc.
      C’est avant tout un homme d’action, sa règle étant, disait-il « parler, écrire, agir, réaliser ». À son retour du Maroc, il fait revivre les battages à l’ancienne et crée « Los Ainats de Laviladieu ». En 1976, c’est la naissance de la Fédération des Aînés Ruraux de Tarn-et-Garonne qui va rassembler en vingt ans 112 clubs avec 12 600 adhérents. En 1990, la Fédération Nationale est forte de 73 fédérations départementales avec 800 000 adhérents. L’association a aussi une dimension internationale avec la création de la FIAPA en 1980 qui, en vingt ans, va réunir 54 pays avec un statut consultatif n°1 auprès de l’UNESCO. Nadal Rey se consacre surtout à la « Fédération Iberómericana de Asociaciones de Personas Adultas Mayores » qu’il anime. Pas moins de neuf tomes recensent sa pensée sous le titre de La troisième étape. Le lien social est indispensable pour lui et, à l’intention des isolés, il met en place la « Présence verte ». Plusieurs décorations ont ponctué cette vie intense au service de la communauté : Palmes académiques, Légion d’honneur, Mérite militaire, Médaille de la Jeunesse et des Sports, Médaille de la Croix-Rouge, Médaille de l’Ordre de Malte.

      Engagement dans la renaissance d’oc

      Nadal Rey est tout autant occitaniste : son amour de la langue d’oc transparaît dans L’Esclarida, où il est aussi bien question de Machu Pichu que de Montségur, ou sa Canta de l’amor.
      Il anime la section occitane du Club des retraités de l’Éducation Nationale, et crée celle du « Recaliu » de Lavilledieu. Il est membre de la plupart des associations occitanes tarn-et-garonnaises : de la section Antonin-Perbosc, de l’Institut d’Etudes Occitanes et de l’Association pour la Langue et la Culture occitanes qui met en place tous les deux ans le prix qui porte son nom, en liaison étroite avec la Fédération des Aînés ruraux de Tarn-et-Garonne devenue « Générations Mouvement 82 ».

      Pour accueillir Nadal Rey, élu à l’Académie de Montauban, le 16 juin 1980 au 38ème fauteuil, Pierre Gardes, capiscol de l’Escolo Carsinolo et secrétaire de l’Académie s’exprime d’abord en occitan, précisant qu’avec lui, « c’est aussi la langue du Midi qui rentre à l’Académie ». Dans sa réponse, Nadal doit louer ses prédécesseurs occitans du Quercy, mais il réserve pour la séance solennelle le soin de révéler son maître à penser, Fernand Barrué, issu comme lui du pays de Save, qui l’a imprégné tant pour la poésie que pour la conduite de sa vie.

      Bibliographie de Nadal Rey

      - Voir la bibliographie de Nadal Rey sur Lo Trobador, le catalogue collectif occitan

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      - « Nadal Rey, sa vida, sas accions, son òbra », Lo Diari, 32, julhet-agost de 2016

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      Joseph Soulet est un poète et chansonnier d’expression occitane, né à Sète en 1851 et mort dans la même ville en 1919.
      Il est le directeur de l’Armanac cetòri entre 1893 et 1913 et fonde en 1893 l’Escola felibrenca de Sent Cla dont il sera le premier président. Il sera également collaborateur du journal La Campana de Magalouna et nommé majoral du félibrige en 1907.

      Identité

      Formes référentielles

      Soulet, Joseph (1851-1919)

      Autres formes connues

      - Soulet, Jousèp (forme occitane du nom)

      - Soulet, Josèp (forme occitane du nom)

      Éléments biographiques 

      Négociant en vins et alcools, il fait bâtir par Léon-Etienne Rosiès, le premier urbaniste de la ville de Sète, une grande maison à La Corniche où se réuniront pendant de nombreuses années les félibres sétois et dans laquelle il recevra notamment le poète maillanais Frédéric Mistral, prix Nobel de littérature en 1904.

      Engagement dans la renaissance d’oc

      Les premières traces de liens entre Joseph Soulet et la langue d’oc remonte à 1887 et la publication de son premier recueil Las ajustas à Ceta, recueil illustré célébrant et présentant la pratique des joutes à Sète. Dès lors, débute l’engagement d’une vie dans la défense de la langue d’oc et plus particulièrement de son particularisme sétois. Il sera l’un des principaux acteurs de la renaissance occitane sétoise en vertu de son statut de président fondateur de Escola felibrenca de Sent Cla, l’école félibréenne sétoise.
      Militant et auteur actif, il entretiendra la tradition occitane à Sète mais également au delà et célèbrera son amitié avec quelques-uns des principaux acteurs de la renaissance félibréenne du XIXe siècle dont Louis Roumieux et Frédéric Mistral avec qui il entretiendra une importante correspondance, publiée en 2008.
      En 2002, sera inaugurée à Sète la statue L'homme aux pieds nus, qui rend hommage à la pratique au moins quadricentenaire des joutes sur l'Île singulière. Au dos de la statue, sont présents quatre vers de Joseph Soulet extraits de sa chanson « L’ajustaire ». Cette chanson est présente dans son recueil Mas cansous : ressouns cetoris, publié en 1917.

      Bibliographie de l'auteur

      - Las ajustas à Ceta : pouème lenguadocien dins lou parla de Céta. Céta : Empremarie A. Cros, 1887, 16 p.
      - Souveni felibrenc. Montpellier : Cabirou Frères & Cie, 1889, 16 p.
      - Oda a Beziès : pèça lengadouçiana. Montpellier : Impr. Centrale du Midi, 1890, 15 p.
      - Lou Cassoulet : Cansouneta lengadouciana. Montpellier : Lith. I. Combes, [ca 189.], 3 p. [Voir sur Occitanica.eu]
      - Lous pescadous lengadouçians : pouësia lengadouciana. Montpellier : Impr. Centrale du Midi, 1893, 19 p.
      - Las Vendemias. Bordeaux : Impr. Candolives, [1894 ?], 8 p. [Voir sur Occitanica.eu]
      - A ma filha Maria-Louisa pèr lou jour de sa prumièira coumunioun, 2 de julhet 1895 : pouesia lengadouciana. Montpellier : Imprimerie Centrale du Midi, 1895, 15 p.
      - La sorre de caritat : pouësia lengadouciana. Montpellier : Imprimerie Centrale du Midi, 1902, 19 p.
      - Lou capelan : pouësìa lengadouciana en set estrofas. [1905], 6 p.
      - Lous cocha-vestits : Cansou. Montpellier : [La Campana de Magalouna], [ca 1905], 4 p.
      - Sounet nouviau : a ma filha Elisa per lou jour de soun maridage amé René Barrillon, lou 12 de nouvembre de 1907. 1907, 8 p.
      - Sounet nouviau : a ma filha Maria-Louisa per lou jour de soun maridage amé Marcel Brouillonet, lou 12 de Julhet de 1909. 1909, 8 p.
      - Mas cansous : ressouns cetoris. Montpellier : impr. Firmin et Montane, 1917, 110 p., [25] p. pl. [réed. 2014]

      Archives et manuscrits de l'auteur

      - Voir l'inventaire des archives et manuscrits de Joseph Soulet

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      Josèp Soulet es un poèta e cançonièr d’expression occitana, nascut a Seta en 1851 e mòrt dins la meteissa vila en 1919. Es lo director de l’Armanac cetòri entre 1893 et 1913 et fonda en 1893 l’Escola felibrenca de Sent Cla que ne serà lo primièr president. Serà tanben collaborator del jornal La Campana de Magalouna e nomenat majoral del felibrige en 1907

      Identitat

      Formas referencialas

      Soulet, Joseph (1851-1919)

      Autras formas conegudas

      - Soulet, Jousèp (forma occitana del nom)

      - Soulet, Josèp (forma occitana del nom)

      Elements biografics 

      Negociant en vins e alcoòls, fai bastir per Léon-Etienne Rosiès, lo primièr urbanista de la vila de Seta, un ostal grand a La Corniche ont se recamparàn pendent de nombrosas annadas los felibres setòris e dins la quala recebrà lo poèta malhanenc Frederic Mistral, prèmi Nobel de literatura en 1904..

      Engatjament dins la renaissença d’òc

      Las primièras traças de ligams entre Josèp Soulet e la langue d’oc remontan a 1887 e la publicacion de son primièr recuèlh Las ajustas à Ceta, recuèlh illustrat que celèbra e presenta la practica de las ajutas a Seta. Se dubrís alara l’engatjament d’una vida dins la defensa de la lenga d’òc e mai particularament de son particularisme setòri. Serà un dels actors principals de la renaissença occitana setòria mercés a son estatut de president fondator de l’Escola felibrenca de Sent Cla, l’escòla felibrenca setòria.
      Militant e autor actiu, mantendrà la tradicion occitana a Seta mas tanben al delà e celebrarà son amistat amb qualques uns dels principals actors de la renaissença felibrenca del sègle XIX coma Loís Roumieux e Frederic Mistral amb lo qual tendrà una importanta correspondéncia, publicada en 2008.
      En 2002, serà inaugurada a Seta l’estatua L'homme aux pieds nus, que rend omenatge a la practica al mens quadricentenària de las ajutas sus l'Île singulière. Jos l’esquina de l’estatua, son presents quatre vèrses de Josèp Soulet extraches de sa cançon « L’ajustaire ». Aquela cançon es presenta dins son recuèlh Mas cansous : ressouns cetoris, publicat en 1917.

      Bibliografia de l'autor

      - Las ajustas à Ceta : pouème lenguadocien dins lou parla de Céta. Céta : Empremarie A. Cros, 1887, 16 p.
      - Souveni felibrenc. Montpellier : Cabirou Frères & Cie, 1889, 16 p.
      - Oda a Beziès : pèça lengadouçiana. Montpellier : Impr. Centrale du Midi, 1890, 15 p.
      - Lou Cassoulet : Cansouneta lengadouciana. Montpellier : Lith. I. Combes, [ca 189.], 3 p. [Veire sus Occitanica.eu]
      - Lous pescadous lengadouçians : pouësia lengadouciana. Montpellier : Impr. Centrale du Midi, 1893, 19 p.
      - Las Vendemias. Bordeaux : Impr. Candolives, [1894 ?], 8 p. [Veire sus Occitanica.eu]
      - A ma filha Maria-Louisa pèr lou jour de sa prumièira coumunioun, 2 de julhet 1895 : pouesia lengadouciana. Montpellier : Imprimerie Centrale du Midi, 1895, 15 p.
      - La sorre de caritat : pouësia lengadouciana. Montpellier : Imprimerie Centrale du Midi, 1902, 19 p.
      - Lou capelan : pouësìa lengadouciana en set estrofas. [1905], 6 p.
      - Lous cocha-vestits : Cansou. Montpellier : [La Campana de Magalouna], [ca 1905], 4 p.
      - Sounet nouviau : a ma filha Elisa per lou jour de soun maridage amé René Barrillon, lou 12 de nouvembre de 1907. 1907, 8 p.
      - Sounet nouviau : a ma filha Maria-Louisa per lou jour de soun maridage amé Marcel Brouillonet, lou 12 de Julhet de 1909. 1909, 8 p.
      - Mas cansous : ressouns cetoris. Montpellier : impr. Firmin et Montane, 1917, 110 p., [25] p. pl. [réed. 2014]

      Archius e manuscrits de l'autor

      - Voir l'inventaire des archives et manuscrits de Joseph Soulet

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      - Cartabèu de Santo Estello, n°5, 1907-1908, p. 19

      - Di Nitto, Paul-René. « Joseph Soulet, le pape cettois du félibrige » in Midi Libre, 6 septembre 1998, p. 15

      - Soulet, Joseph. Mistral, Frédéric. Correspondance Joseph Soulet, Frédéric Mistral (1882-1912). Institut d'Estudis Occitans, 2008, 185 p.

      - Soulet, Joseph. Mas cansous : ressouns cetoris. Montpellier : impr. Firmin et Montane, 1917, 110 p.

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