- Condò Sambeat, Jusèp
- Condò Sambeat, Josèp (autre orthographe du nom)
- Condó Sambeat, Jousèp
- Condó Sambeat, Jûsep
- Condó Sambeat, Joseph
Il naît à Montcorbau, dans le Val d'Aran, le 29 mars 1867, et il se destine à une carrière religieuse : il est ordonné prêtre le 28 mai 1891. Son instruction s'est faite dans plusieurs villes du Val d'Aran puis de Catalogne. Il commence à exercer dans l'Alt Urgell, puis il part pour l'Aragon et ne revient dans le Val d'Aran qu'au début du XXème siècle : il exerce à Gesse en 1905, puis à Salardú. Il meurt de maladie le 5 août 1919 à Bossost.
Sa langue maternelle est l'aranais, mais c'est une langue qui ne s'écrit pas à cette époque, ou très peu. Ses premiers écrits littéraires sont des poèmes en catalan, qu'il présente à l'Acadèmia Mariana de Lleida. Il écrit aussi quelques textes religieux en castillan. Après son retour dans le Val d'Aran, il se met à écrire en aranais : il présente son poème « Era Val d'Aran » aux Jeux Floraux de Lleida en 1912. L'année suivante le même poème ainsi qu'un autre, « Horaci a Mecenas », paraissent dans la Revue de Comminges et dans Era Bouts dera Mountanho (organe de l'Escòlo deras Pirenéos). Cette première publication dans la revue du Félibrige commingeois marque l'entrée de Condò dans les rangs félibréens, et elle sera suivie d'autres publications. Bernard Sarrieu (1875-1935), fondateur de l'Escòlo et animateur zélé du Félibrige gascon, toujours en recherche de nouveaux correspondants et contributeurs, rassemble les manuscrits de Condò après sa mort dans l'optique de publier ses œuvres complètes. Le projet n'ayant pas vu le jour, ce sont les derniers animateurs de l'Escòlo, Jules et Yvonne Ponsolle, qui composent un recueil d'œuvres publiées et inédites de Condò sous le titre d'une de ses œuvres principales, Era isla des Diamants, en 1981.
Reste à savoir comment Condò a décidé d'écrire en aranais : est-ce Bernard Sarrieu qui l'a incité à le faire ? Ou faut-il plutôt chercher du côté d'un autre écrivain aranais, par exemple Jusèp Sandaran Bacaria (1875-1942), qui a précédé de quelques années Jusèp Condò Sambeat dans la défense de l'aranais e qui a lui aussi été publié dans la revue Era Bouts ?
Condò et Sandaran ont tous deux travaillé sur la langue. Condò a publié un « Vocabulari Aranés » paru dans le Butlletí de Dialectologia Catalana (1915), il a commencé à travailler sur une grammaire et il a élaboré une graphie un peu « hybride », teintée d'influences graphiques catalanes, castillanes et occitanes (félibréennes). Sa graphie personnelle semble plus proche de la graphie catalane, mais il existe des manuscrits de sa main dans la graphie de l'Escòlo deras Pirenéos (élaborée par Sarrieu). Signalons le fait que Condò a été sollicité comme informateur pour l'Atlas lingüístic de la Vall d'Aran de Antonio Griera, et qu'il a compté au nombre des sources de Joan Coromines pour son ouvrage El parlar de la Vall d'Aran.
En ce qui concerne sa production littéraire, elle se compose principalement de poèmes et dans une moindre mesure de prose (théâtre, contes), qui ont majoritairement pour sujet le Val d'Aran ou des thèmes religieux (les deux étant souvent mêlés). L'œuvre Era Isla des Diamants est une fiction qui s'appuie sur le contexte colonialiste pour imaginer « l'exportation » du Val d'Aran dans une île des Philipines où il jouirait d'une autonomie économique et sociale, émancipée de toute autorité politique espagnole pour promouvoir la culture aranaise. Christian Lagarde qualifie l'œuvre de « parabole » plutôt que de roman, d'une part à cause de son volume (qui ne justifie pas le nom de roman) et de sa structure littéraire mais aussi en raison de la place de la morale et du discours évangélique dans le récit1 .
Selon Michel Camélat, Condò s'est principalement inspiré d'auteurs catalans2. Il a lu entre autres Jacint Verdaguer (1845-1902), auteur célèbre contemporain de la Renaixença catalane.
En 1989, le Conselh Generau d'Aran crée en hommage le prix Mossen Condò Sambeat, pour récompenser des pièces de littérature aranaise.
1. « Parabole de l'insularité: era isla des diamants, ou le val d'Aran de Condó Sambeat », in Lengas, 1999, n°45, pp.95-108.↑
2. « J. Condo Sambeat », in Reclams, 1938, n°11/12, pp.300-302. Michel Camélat (1871-1962), écrivain gascon de Bigorre, fut un des fondateurs et animateurs de l'Escole Gastou Febus.↑
- Manuscrits conservés dans le fonds Escolo deras Pireneos (52 J 373-375) à l'annexe du Comminges à Saint-Gaudens des Archives Départementales de la Haute-Garonne : « Es Aranesi » ; « Victoria d'es Aranesi » ; « Era Caritat » ; « Cansoun d'et Praube » ; « Cartes de un hilh à sa mare » ; « Catecisme cûert » ; « Coundes cuèrts » ; « Et Loup è'ra Guinèu » ; « Ovidi à Mecenas » ; « Era millú flú » ; « Era Val d'Aran » ; « At deuant d'et Sant Cristu de Salardû » ; « Luenh dera pátria » ; « Era mare pátria » ; « Era Lengua aranesa » ; « Cansun d'era Garuna » ; « Nuguera pallaresa » ; « Era Net de Sant Juan » ; « Et Pastou as estrelhes » ; « Et darrè cant d'er Um » ; « Ena mort de M. Père Sarrieu » ; « Era Maladeta » ; « Era Isla des Diamants » ; « Sang noble è sang d'et poble ».
- « Vocabulari aranes » in Butlletí de Dialectologia Catalana, t. III, 1915.
- Publicacions dins la revista Era Bouts dera Mountanho a partir de 1913.
- La Caritat : coumèdia aranésa, en prôso è en un acte, floucada als Jocs Flouraus dera Scôlo en 1914. [s. l.] : Bibliouteco dera 'scolo deras Pirenéos, 1971.
- Era Isla des Diamants. [s. l.] : Bibliouteco dera 'scolo deras Pirenéos, 1981.
- Era Isla des Diamants. Vielha : Conselh Generau d'Aran, DL 2006.
- Era Maladeta. [Vielha] : Conselh Generau d'Aran, [2009].
- Vocabulari aranés : extrèt deth vocabulari aranés de Jusèp Condò : adaptat ara grafia normativa. [Vielha] : Institut d'Estudis Aranesi, Acadèmia aranesa dera lengua occitana, deseme 2016.
- Sang nòble e sang deth pòble. [Casau, Lleida] : Institut d'Estudis Aranesi-Acadèmia Aranesa dera Lengua Occitana, 2017.
Jusèp Condò Sambeat est un écrivain félibre, connu aujourd'hui comme la figure emblématique de la renaissance linguistique et littéraire aranaise.
- Condò Sambeat, Jusèp
- Condò Sambeat, Josèp (autre orthographe du nom)
- Condó Sambeat, Jousèp
- Condó Sambeat, Jûsep
- Condó Sambeat, Joseph
Il naît à Montcorbau, dans le Val d'Aran, le 29 mars 1867, et il se destine à une carrière religieuse : il est ordonné prêtre le 28 mai 1891. Son instruction s'est faite dans plusieurs villes du Val d'Aran puis de Catalogne. Il commence à exercer dans l'Alt Urgell, puis il part pour l'Aragon et ne revient dans le Val d'Aran qu'au début du XXème siècle : il exerce à Gesse en 1905, puis à Salardú. Il meurt de maladie le 5 août 1919 à Bossost.
Sa langue maternelle est l'aranais, mais c'est une langue qui ne s'écrit pas à cette époque, ou très peu. Ses premiers écrits littéraires sont des poèmes en catalan, qu'il présente à l'Acadèmia Mariana de Lleida. Il écrit aussi quelques textes religieux en castillan. Après son retour dans le Val d'Aran, il se met à écrire en aranais : il présente son poème « Era Val d'Aran » aux Jeux Floraux de Lleida en 1912. L'année suivante le même poème ainsi qu'un autre, « Horaci a Mecenas », paraissent dans la Revue de Comminges et dans Era Bouts dera Mountanho (organe de l'Escòlo deras Pirenéos). Cette première publication dans la revue du Félibrige commingeois marque l'entrée de Condò dans les rangs félibréens, et elle sera suivie d'autres publications. Bernard Sarrieu (1875-1935), fondateur de l'Escòlo et animateur zélé du Félibrige gascon, toujours en recherche de nouveaux correspondants et contributeurs, rassemble les manuscrits de Condò après sa mort dans l'optique de publier ses œuvres complètes. Le projet n'ayant pas vu le jour, ce sont les derniers animateurs de l'Escòlo, Jules et Yvonne Ponsolle, qui composent un recueil d'œuvres publiées et inédites de Condò sous le titre d'une de ses œuvres principales, Era isla des Diamants, en 1981.
Reste à savoir comment Condò a décidé d'écrire en aranais : est-ce Bernard Sarrieu qui l'a incité à le faire ? Ou faut-il plutôt chercher du côté d'un autre écrivain aranais, par exemple Jusèp Sandaran Bacaria (1875-1942), qui a précédé de quelques années Jusèp Condò Sambeat dans la défense de l'aranais e qui a lui aussi été publié dans la revue Era Bouts ?
Condò et Sandaran ont tous deux travaillé sur la langue. Condò a publié un « Vocabulari Aranés » paru dans le Butlletí de Dialectologia Catalana (1915), il a commencé à travailler sur une grammaire et il a élaboré une graphie un peu « hybride », teintée d'influences graphiques catalanes, castillanes et occitanes (félibréennes). Sa graphie personnelle semble plus proche de la graphie catalane, mais il existe des manuscrits de sa main dans la graphie de l'Escòlo deras Pirenéos (élaborée par Sarrieu). Signalons le fait que Condò a été sollicité comme informateur pour l'Atlas lingüístic de la Vall d'Aran de Antonio Griera, et qu'il a compté au nombre des sources de Joan Coromines pour son ouvrage El parlar de la Vall d'Aran.
En ce qui concerne sa production littéraire, elle se compose principalement de poèmes et dans une moindre mesure de prose (théâtre, contes), qui ont majoritairement pour sujet le Val d'Aran ou des thèmes religieux (les deux étant souvent mêlés). L'œuvre Era Isla des Diamants est une fiction qui s'appuie sur le contexte colonialiste pour imaginer « l'exportation » du Val d'Aran dans une île des Philipines où il jouirait d'une autonomie économique et sociale, émancipée de toute autorité politique espagnole pour promouvoir la culture aranaise. Christian Lagarde qualifie l'œuvre de « parabole » plutôt que de roman, d'une part à cause de son volume (qui ne justifie pas le nom de roman) et de sa structure littéraire mais aussi en raison de la place de la morale et du discours évangélique dans le récit1 .
Selon Michel Camélat, Condò s'est principalement inspiré d'auteurs catalans2. Il a lu entre autres Jacint Verdaguer (1845-1902), auteur célèbre contemporain de la Renaixença catalane.
En 1989, le Conselh Generau d'Aran crée en hommage le prix Mossen Condò Sambeat, pour récompenser des pièces de littérature aranaise.
1. « Parabole de l'insularité: era isla des diamants, ou le val d'Aran de Condó Sambeat », in Lengas, 1999, n°45, pp.95-108.↑
2. « J. Condo Sambeat », in Reclams, 1938, n°11/12, pp.300-302. Michel Camélat (1871-1962), écrivain gascon de Bigorre, fut un des fondateurs et animateurs de l'Escole Gastou Febus.↑
- Manuscrits conservés dans le fonds Escolo deras Pireneos (52 J 373-375) à l'annexe du Comminges à Saint-Gaudens des Archives Départementales de la Haute-Garonne : « Es Aranesi » ; « Victoria d'es Aranesi » ; « Era Caritat » ; « Cansoun d'et Praube » ; « Cartes de un hilh à sa mare » ; « Catecisme cûert » ; « Coundes cuèrts » ; « Et Loup è'ra Guinèu » ; « Ovidi à Mecenas » ; « Era millú flú » ; « Era Val d'Aran » ; « At deuant d'et Sant Cristu de Salardû » ; « Luenh dera pátria » ; « Era mare pátria » ; « Era Lengua aranesa » ; « Cansun d'era Garuna » ; « Nuguera pallaresa » ; « Era Net de Sant Juan » ; « Et Pastou as estrelhes » ; « Et darrè cant d'er Um » ; « Ena mort de M. Père Sarrieu » ; « Era Maladeta » ; « Era Isla des Diamants » ; « Sang noble è sang d'et poble ».
- « Vocabulari aranes » in Butlletí de Dialectologia Catalana, t. III, 1915.
- Publicacions dins la revista Era Bouts dera Mountanho a partir de 1913.
- La Caritat : coumèdia aranésa, en prôso è en un acte, floucada als Jocs Flouraus dera Scôlo en 1914. [s. l.] : Bibliouteco dera 'scolo deras Pirenéos, 1971.
- Era Isla des Diamants. [s. l.] : Bibliouteco dera 'scolo deras Pirenéos, 1981.
- Era Isla des Diamants. Vielha : Conselh Generau d'Aran, DL 2006.
- Era Maladeta. [Vielha] : Conselh Generau d'Aran, [2009].
- Vocabulari aranés : extrèt deth vocabulari aranés de Jusèp Condò : adaptat ara grafia normativa. [Vielha] : Institut d'Estudis Aranesi, Acadèmia aranesa dera lengua occitana, deseme 2016.
- Sang nòble e sang deth pòble. [Casau, Lleida] : Institut d'Estudis Aranesi-Acadèmia Aranesa dera Lengua Occitana, 2017.
Jusèp Condò Sambeat es un escrivan felibre, conegut a l'ora d'ara coma la figura emblematica de la renaissença linguistica e literària aranesa.
- Condò Sambeat, Jusèp
- Condò Sambeat, Josèp
- Condó Sambeat, Jousèp
- Condó Sambeat, Jûsep
- Condó Sambeat, Joseph
Nais a Montcorbau, dins la Val d'Aran, lo 29 de març de 1867, e se destina a una carrièra religiosa : es ordonat prèire lo 28 de mai de 1891. Son instruccion s’es facha dins mai d’una vila de la Val d’Aran puèi de Catalonha. Comença d’exerçar en Naut Urgell, puèi partís en Aragon, e torna dins la Val d'Aran a la debuta del sègle XX : exerça a Gessa en 1905, puèi a Salardú.Morís de malautiá lo 5 d'agost de 1919 a Bossòst.
Sa lenga mairala es l'aranés, mas es una lenga que s'escriu pas de son temps, o pas gaire. Sos primièrs escriches literaris son de poèmas en catalan, que presenta a l’Acadèmia Mariana de Lleida. Escriu tanben d'unes tèxtes religioses en castelhan. Aprèp son retorn dins la Val d'Aran, comença d'escriure en aranés : presenta son poèma « Era Val d'Aran » als Jòcs Florals de Lleida en 1912. L'annada seguenta lo meteis poèma e un autre, « Horaci a Mecenas », pareisson dins la Revue de Comminges e dins Era Bouts dera Mountanho (organ de l'Escòlo deras Pirenéos). Aquela primièra publicacion dins la revista del Felibritge comengés marca l'entrada de Condò dins los rengs felibrencs, e serà seguida d'autras publicacions. Bernard Sarrieu (1875-1935), fondator de l'Escòlo e animator zelat del Felibritge gascon, totjorn en cèrca de novèls correspondents e contributors, recampa los manescriches de Condò aprèp sa mòrt dins l'amira de publicar sas òbras completas. Lo projècte aguent pas vist lo jorn, son los darrièrs animators de l'Escòlo, Jules e Yvonne Ponsolle, que compausan un recuèlh d'òbras publicadas e inedichas de Condò jos lo títol d'una de sas òbras màgers, Era isla des Diamants, en 1981.
Demòra de saupre cossí Condò decidiguèt d'escriure en aranés : foguèt Bernard Sarrieu lo motivator ? O caldriá puslèu cercar del costat d'un autre escrivan aranés, per exemple Jusèp Sandaran Bacaria (1875-1942), que precediguèt de qualques annadas Jusèp Condò Sambeat dins la defensa de l'aranés e que foguèt el tanben publicat dins la revista Era Bouts ?
Tant Condò coma Sandaran trabalhèron sus la lenga. Condò publiquèt un « Vocabulari Aranés » paregut dins lo Butlletí de Dialectologia Catalana (1915), comencèt de trabalhar sus una gramatica e elaborèt una grafia que se poiriá dire un pauc « ibrida », pastada d'influéncias graficas catalanas, castelhanas e occitanas (felibrencas). Se pòt dire que sa grafia personala es puslèu pròcha de la grafia catalana, mas se tròban de manescriches de sa man dins la grafia de l'Escòlo deras Pirenéos (elaborada per Sarrieu). De notar que Condò foguèt sollicitat coma informator per l'Atlas lingüístic de la Vall d'Aran de Antonio Griera, e que comptèt al nombre de las sorsas de Joan Coromines per son obratge El parlar de la Vall d'Aran.
Per çò qu'es de sa produccion literària, se compausa principalament de poèmas e dins una mendra mesura de pròsa (contes, teatre), qu'an per subjècte mai que mai la Val d'Aran o de tèmas religioses (los dos son sovent entremesclats). L'òbra Era Isla des Diamants es una ficcion que s'apuèja sul contèxt colonialista per imaginar « l'exportacion » de la Val d'Aran dins una illa de las Filipinas ont gaudiriá d'una autonomia economica e sociala, emancipada de tota autoritat politica espanhòla per botar endavant la cultura aranesa. Christian Lagarde qualifica l'òbra de « parabòla » puslèu que de roman, d'una part per causa de son volum (que justifica pas lo nom de roman) e de son estructura literària mas tanben per la plaça de la morala e del discors evangelic dins lo raconte1.
Segon Miquèu Camelat, Condò s'inspirèt mai que mai d'autors catalans2. Entre autres, legiguèt Jacint Verdaguer (1845-1902), autor famós contemporanèu de la Renaixença catalana.
En 1989, lo Conselh Generau d'Aran crèa en omenatge lo prèmi Mossen Condò Sambeat, per recompensar de pèças de literatura aranesa.
1. « Parabole de l'insularité: era isla des diamants, ou le val d'Aran de Condó Sambeat », in Lengas, 1999, n°45, pp.95-108.↑
2. « J. Condo Sambeat », in Reclams, 1938, n°11/12, pp.300-302. Miquèu Camelat (1871-1962), escrivan gascon de Bigòrra, foguèt un dels fondators e animators de l'Escole Gastou Febus.↑
- Manescriches conservats dins lo fons Escolo deras Pireneos (52 J 373-375) a l'anèxa del Comenges a Sant-Gaudens dels Archius Departamentals de la Nauta-Garona : « Es Aranesi » ; « Victoria d'es Aranesi » ; « Era Caritat » ; « Cansoun d'et Praube » ; « Cartes de un hilh à sa mare » ; « Catecisme cûert » ; « Coundes cuèrts » ; « Et Loup è'ra Guinèu » ; « Ovidi à Mecenas » ; « Era millú flú » ; « Era Val d'Aran » ; « At deuant d'et Sant Cristu de Salardû » ; « Luenh dera pátria » ; « Era mare pátria » ; « Era Lengua aranesa » ; « Cansun d'era Garuna » ; « Nuguera pallaresa » ; « Era Net de Sant Juan » ; « Et Pastou as estrelhes » ; « Et darrè cant d'er Um » ; « Ena mort de M. Père Sarrieu » ; « Era Maladeta » ; « Era Isla des Diamants » ; « Sang noble è sang d'et poble ».
- « Vocabulari aranes » in Butlletí de Dialectologia Catalana, t. III, 1915.
- Publicacions dins la revista Era Bouts dera Mountanho a partir de 1913.
- La Caritat : coumèdia aranésa, en prôso è en un acte, floucada als Jocs Flouraus dera Scôlo en 1914. [s. l.] : Bibliouteco dera 'scolo deras Pirenéos, 1971.
- Era Isla des Diamants. [s. l.] : Bibliouteco dera 'scolo deras Pirenéos, 1981.
- Era Isla des Diamants. Vielha : Conselh Generau d'Aran, DL 2006.
- Era Maladeta. [Vielha] : Conselh Generau d'Aran, [2009].
- Vocabulari aranés : extrèt deth vocabulari aranés de Jusèp Condò : adaptat ara grafia normativa. [Vielha] : Institut d'Estudis Aranesi, Acadèmia aranesa dera lengua occitana, deseme 2016.
- Sang nòble e sang deth pòble. [Casau, Lleida] : Institut d'Estudis Aranesi-Acadèmia Aranesa dera Lengua Occitana, 2017.
Eynaudi, Jules (1871-1948)
Jules Eynaudi est né le 6 mai 1871 dans le centre de Nice, la Vieille Ville. Il était le fils d'un tailleur lettré venu de Savillan, en Italie, et sa mère était du Comté de Nice. Le niçois se parlait naturellement autour de lui, dans la famille et avec les amis. Il entra comme typographe à l'imprimerie l'Éclaireur du Littoral à l'âge de quatorze ans. Il fit son service militaire en Corse et fut mobilisé pendant la guerre de 14.
En 1907, Eynaudi fut employé comme auxilliaire à la Bibliothèque Municipale de Nice.
Louis Cappatti (1886-1966), ami et collaborateur d'Eynaudi, décrit un homme "petit, élancé et vif, quoique badaud et d'une apparente nonchalance déhanchée, pipe aux lèvres, le feutre mou sur une oreille, l'ample lavallière nouée sous le menton, [...]" (CAPPATTI, 1937). Il semble qu'Eynaudi ait été un enfant puis un homme discret et modeste, ayant le goût du travail et de l'étude.
Il mourut à Nice en 1948.
Au moment où Eynaudi s'intéressait aux lettres et au particularisme de sa ville natale, le bassin niçois était traversé de conflits idéologiques territoriaux, toujours vifs après le rattachement de Nice à la France. Le rapport avec l'aire provençale en particulier se manifestait principalement dans une conception de voisinage, sans plus. Toutefois, des personnalités comme Joseph-Rosalinde Rancher (1785-1843), poète niçois d'expression occitane, avaient ouvert la voie du rapprochement avec les Provençaux, en particulier autour de la question de la langue.
En 1879, Antoine-Léandre Sardou (1803-1894, enseignant et érudit, niçois d'adoption mais provençal d'origine) fonda l'Escòla de Bellanda, avec Jean-Baptiste Calvino. La nouvelle école félibréenne s'occupa prioritairement de questions linguistiques : grammaire, lexique et réforme orthographique. Le niçois était alors généralement écrit sur le modèle orthographique italien. Sardou et Calvino recommandèrent la graphie mistralienne, adaptée aux particularités du niçois. L'école ne passa pas le cap du XIXème siècle et il fallut attendre 1927 pour voir naître une nouvelle école félibréenne, le Cairèu. Toutefois, une première pierre était posée qui permit à Eynaudi de continuer l'entreprise de renaissance niçoise en collaboration avec le Félibrige. Il devint mainteneur en 1902.
En 1903, il fonda l'Armanac Niçart, graphié Armanac Nissart à partir de 1928. La même année, il fut l'un des fondateurs principaux de l'Académie Rancher, qui devint en 1922 Lu Amic de Rancher. L'objectif de l'association n'était pas très différent de celui des écoles et revues félibréennes, et plus largement régionalistes : promotion de la langue et de la littérature niçoises, connaissance des traditions et de l'histoire locales.
Rancher représentait pour eux une figure paternelle du mouvement niçois. Ils lui vouaient une sorte de culte, faisant chaque année une visite de sa tombe, organisée par Eynaudi.
À peu près au même moment, le journaliste Henri Sappia (1833-1906) avait créé d'abord la revue Nice-Historique (1898) puis l'Acadèmia Nissarda (1904) qui rejoignait certains objectifs de l'association Rancher. Des passerelles se créèrent entre sociétés niçoises mais des tensions et désaccords nacquirent aussi. Eynaudi ne réussit pas même à réunir les propres collaborateurs de l'Armanac Nissart sur les questions graphique et félibréenne, malgré le soutien de Pierre Devoluy (qui demeura quelques années à Nice) et de Mistral lui-même. En 1922, il laissa la direction de la revue à Pierre Isnard, suivi de Louis Cappatti.
En 1901, Eynaudi avait publié sa première pièce de théâtre, Lou Cagancio, qui fut représentée sur scène en 1902. Il se fit l'un des héritiers de François Guisol (1803-1874), auteur et acteur qui publia des chansons et pièces de théâtre en niçois. De nombreuses compagnies de théâtre dialectal et de représentations folkloriques suivirent le mouvement : la compagnie du Théâtre de Barba-Martin (dirigée par Gustav-Adolf Mossa, 1883-1971, peintre symboliste et dramaturge occitan) ; la Ciamada Nissarda, qui existe toujours ; les Nissardas ; et Francis Gag (pseudonyme de Francis Gagliolo, 1900-1988, dramaturge occitan). En parallèle de ses articles, contes, chansons et poésies parues en revue, Eynaudi fit publier et jouer d'autres pièces durant les années suivantes. Il cherchait son inspiration dans la vie citadine de la Vieille Ville.
Entre 1931 et 1939, il se consacra à la rédaction et à la publication de son Dictionnaire de la langue niçoise, co-écrit avec Louis Cappatti notamment pour la partie historique de l'ouvrage. Le dictionnaire avait une vocation encyclopédique, donnant autant que possible le vocabulaire en usage, avec les définitions en français, les expressions et locutions, les conjugaisons, des entrées sur la flore et le paysage locaux, les noms propres féminins et masculins, les noms de lieux et les surnoms des habitants, des recettes de cuisine, des données historiques et etnologiques, etc. Les entrées sont parfois accompagnées d'extraits littéraires. Certaines sont signées par des collaborateurs autres qu'Eynaudi et Cappatti. Le dictionnaire fut rédigé en graphie mistralienne. Eynaudi était un félibre convaincu, pourtant le dictionnaire est très nuancé sur la question du Félibrige. Mistral n'apparaît pas dans les entrées et l'entrée Félibrige fut rédigée per Cappatti, qui faisait partie des sceptiques. Si dans la majorité des aires occitanes des groupes félibréens cohérents se créèrent (en parallèle d'autres groupes dits régionalistes), avec toujours une admiration affichée pour Mistral et le Félibrige, les Niçois conservèrent une certaine distance, malgré quelques enthousiastes, dûe à leurs rapports avec la Provence.
Le dictionnaire fut publié en fascicules, jusqu'à la lettre "p". La suite était restée à l'état de manuscrit. Une édition complète est parue en 2009, grâce à l'Acadèmia Nissarda avec une introduction de Remy Gasiglia (enseignant-chercheur à l'université de Nice Sophia Antipolis).
Eynaudi collabora à plusieurs revues et journaux : les Annales du Comté de Nice, l'Armanac Nissart, L'Éclaireur de Nice et du Sud-Est, L'Éclaireur du Soir, L'Éclaireur du Dimanche, L'Essor Niçois, Nice Historique, le Phare du Littoral, La Pignata, et probablement d'autres encore.
]]>Jules Eynaudi est un félibre niçois, fondateur de l'Armanac Nissart, auteur de pièces de théâtre et d'un dictionnaire au caractère encyclopédique.
Eynaudi, Jules (1871-1948)
Jules Eynaudi est né le 6 mai 1871 dans le centre de Nice, la Vieille Ville. Il était le fils d'un tailleur lettré venu de Savillan, en Italie, et sa mère était du Comté de Nice. Le niçois se parlait naturellement autour de lui, dans la famille et avec les amis. Il entra comme typographe à l'imprimerie l'Éclaireur du Littoral à l'âge de quatorze ans. Il fit son service militaire en Corse et fut mobilisé pendant la guerre de 14.
En 1907, Eynaudi fut employé comme auxilliaire à la Bibliothèque Municipale de Nice.
Louis Cappatti (1886-1966), ami et collaborateur d'Eynaudi, décrit un homme "petit, élancé et vif, quoique badaud et d'une apparente nonchalance déhanchée, pipe aux lèvres, le feutre mou sur une oreille, l'ample lavallière nouée sous le menton, [...]" (CAPPATTI, 1937). Il semble qu'Eynaudi ait été un enfant puis un homme discret et modeste, ayant le goût du travail et de l'étude.
Il mourut à Nice en 1948.
Au moment où Eynaudi s'intéressait aux lettres et au particularisme de sa ville natale, le bassin niçois était traversé de conflits idéologiques territoriaux, toujours vifs après le rattachement de Nice à la France. Le rapport avec l'aire provençale en particulier se manifestait principalement dans une conception de voisinage, sans plus. Toutefois, des personnalités comme Joseph-Rosalinde Rancher (1785-1843), poète niçois d'expression occitane, avaient ouvert la voie du rapprochement avec les Provençaux, en particulier autour de la question de la langue.
En 1879, Antoine-Léandre Sardou (1803-1894, enseignant et érudit, niçois d'adoption mais provençal d'origine) fonda l'Escòla de Bellanda, avec Jean-Baptiste Calvino. La nouvelle école félibréenne s'occupa prioritairement de questions linguistiques : grammaire, lexique et réforme orthographique. Le niçois était alors généralement écrit sur le modèle orthographique italien. Sardou et Calvino recommandèrent la graphie mistralienne, adaptée aux particularités du niçois. L'école ne passa pas le cap du XIXème siècle et il fallut attendre 1927 pour voir naître une nouvelle école félibréenne, le Cairèu. Toutefois, une première pierre était posée qui permit à Eynaudi de continuer l'entreprise de renaissance niçoise en collaboration avec le Félibrige. Il devint mainteneur en 1902.
En 1903, il fonda l'Armanac Niçart, graphié Armanac Nissart à partir de 1928. La même année, il fut l'un des fondateurs principaux de l'Académie Rancher, qui devint en 1922 Lu Amic de Rancher. L'objectif de l'association n'était pas très différent de celui des écoles et revues félibréennes, et plus largement régionalistes : promotion de la langue et de la littérature niçoises, connaissance des traditions et de l'histoire locales.
Rancher représentait pour eux une figure paternelle du mouvement niçois. Ils lui vouaient une sorte de culte, faisant chaque année une visite de sa tombe, organisée par Eynaudi.
À peu près au même moment, le journaliste Henri Sappia (1833-1906) avait créé d'abord la revue Nice-Historique (1898) puis l'Acadèmia Nissarda (1904) qui rejoignait certains objectifs de l'association Rancher. Des passerelles se créèrent entre sociétés niçoises mais des tensions et désaccords nacquirent aussi. Eynaudi ne réussit pas même à réunir les propres collaborateurs de l'Armanac Nissart sur les questions graphique et félibréenne, malgré le soutien de Pierre Devoluy (qui demeura quelques années à Nice) et de Mistral lui-même. En 1922, il laissa la direction de la revue à Pierre Isnard, suivi de Louis Cappatti.
En 1901, Eynaudi avait publié sa première pièce de théâtre, Lou Cagancio, qui fut représentée sur scène en 1902. Il se fit l'un des héritiers de François Guisol (1803-1874), auteur et acteur qui publia des chansons et pièces de théâtre en niçois. De nombreuses compagnies de théâtre dialectal et de représentations folkloriques suivirent le mouvement : la compagnie du Théâtre de Barba-Martin (dirigée par Gustav-Adolf Mossa, 1883-1971, peintre symboliste et dramaturge occitan) ; la Ciamada Nissarda, qui existe toujours ; les Nissardas ; et Francis Gag (pseudonyme de Francis Gagliolo, 1900-1988, dramaturge occitan). En parallèle de ses articles, contes, chansons et poésies parues en revue, Eynaudi fit publier et jouer d'autres pièces durant les années suivantes. Il cherchait son inspiration dans la vie citadine de la Vieille Ville.
Entre 1931 et 1939, il se consacra à la rédaction et à la publication de son Dictionnaire de la langue niçoise, co-écrit avec Louis Cappatti notamment pour la partie historique de l'ouvrage. Le dictionnaire avait une vocation encyclopédique, donnant autant que possible le vocabulaire en usage, avec les définitions en français, les expressions et locutions, les conjugaisons, des entrées sur la flore et le paysage locaux, les noms propres féminins et masculins, les noms de lieux et les surnoms des habitants, des recettes de cuisine, des données historiques et etnologiques, etc. Les entrées sont parfois accompagnées d'extraits littéraires. Certaines sont signées par des collaborateurs autres qu'Eynaudi et Cappatti. Le dictionnaire fut rédigé en graphie mistralienne. Eynaudi était un félibre convaincu, pourtant le dictionnaire est très nuancé sur la question du Félibrige. Mistral n'apparaît pas dans les entrées et l'entrée Félibrige fut rédigée per Cappatti, qui faisait partie des sceptiques. Si dans la majorité des aires occitanes des groupes félibréens cohérents se créèrent (en parallèle d'autres groupes dits régionalistes), avec toujours une admiration affichée pour Mistral et le Félibrige, les Niçois conservèrent une certaine distance, malgré quelques enthousiastes, dûe à leurs rapports avec la Provence.
Le dictionnaire fut publié en fascicules, jusqu'à la lettre "p". La suite était restée à l'état de manuscrit. Une édition complète est parue en 2009, grâce à l'Acadèmia Nissarda avec une introduction de Remy Gasiglia (enseignant-chercheur à l'université de Nice Sophia Antipolis).
Eynaudi collabora à plusieurs revues et journaux : les Annales du Comté de Nice, l'Armanac Nissart, L'Éclaireur de Nice et du Sud-Est, L'Éclaireur du Soir, L'Éclaireur du Dimanche, L'Essor Niçois, Nice Historique, le Phare du Littoral, La Pignata, et probablement d'autres encore.
Jules Eynaudi es un felibre niçard, fondator de l'Armanac Nissart, autor de pèças de teatre e d'un diccionari del caractèr enciclopedic.
Eynaudi, Jules (1871-1948)
Jules Eynaudi es nascut lo 6 de mai de 1871 dins lo centre de Niça, la Vièlha Vila. Èra filh d'un sartre letrat vengut de Savian, oltre-mont, e sa maire èra del Comtat de Niça. Lo niçard se parlava naturalament a l'entorn d'el, dins la familha e amb los amics. Dintrèt coma tipograf a l'estampariá l'Éclaireur du Littoral a l'atge de quatòrze ans. Faguèt son servici militar en Corsega e foguèt mobilizat pendent la guèrra de 14.
En 1907, Eynaudi foguèt emplegat coma auxiliari a la Bibliotèca Municipala de Niça.
Louis Cappatti (1886-1966), amic e collaborator d'Eynaudi, descriu un òme "pichon, prim e viu, encara que badaire e d'una aparenta indoléncia, desancat, pipa als pòts, lo feutre sus l'aurelha, l'ampla lavalièra nosada jol menton, [...]" (CAPPATTI, 1937). Sembla qu'Eynaudi foguèt un enfant puèi un òme discret e modèst, amb lo gost del trabalh e de l'estudi.
Moriguèt a Niça en 1948.
Al moment qu'Eynaudi s'interessava a las letras e al particularisme de sa vila natala, lo baçin niçard èra traversat pels conflictes ideologics territorials, totjorn vius aprèp lo restacament de Niça a França. Lo rapòrt amb l'airal provençal en particular se manifestava mai que mai dins una concepcion de vesinatge, pas mai. Pasmens, de personalitats coma Joseph-Rosalinde Rancher (1785-1843), poèta niçard d'expression occitana, avián dubèrta la dralha del raprochament amb los Provençals, en particular a l'entorn de la question de la lenga.
En 1879, Antoine-Léandre Sardou (1803-1894, ensenhaire e erudit, niçard d'adopcion mas provençal d'origina) fondèt l'Escòla de Bellanda, amb Jean-Baptiste Calvino. L'escòla felibrenca novèla s'entrevèt prioritàriament de questions linguisticas : gramatica, lexic e reforma ortografica. Lo niçard èra alara generalament escrich sul modèl ortografic italian. Sardou e Calvino recomandèron la grafia mistralenca, adaptada a las particularitats niçardas. L'escòla passèt pas lo cap del sègle XIX e calguèt esperar 1927 per veire nàisser una novèla escòla felibrenca, lo Cairèu. Pasmens, una primièra pèira èra pausada que permetèt a Eynaudi de contunhar l'entrepresa de renaissença niçarda en collaboracion amb lo Felibritge. Venguèt manteneire en 1902.
En 1903, fondèt l'Armanac Niçart, grafiat Armanac Nissart a partir de 1928. La meteissa annada foguèt un dels fondators màgers de l'Acadèmia Rancher, que venguèt en 1922 Lu Amic de Rancher. L'objectiu de l'associacion èra pas gaire diferent de lo de las escòlas e revistas felibrencas, e mai largament regionalistas : promocion de la lenga e de la literatura niçardas, coneissença de las tradicions e de l'istòria localas.
Rancher representava per eles una figura pairala del movement niçard. Li vodavan una mena de culte, fasent cada annada una visita de sa tomba, organizada per Eynaudi.
A pauc près al meteis moment, lo jornalista Henri Sappia (1833-1906) aviá creat primièr la revista Nice-Historique (1898) puèi l'Acadèmia Nissarda (1904) que rejonhiá d'unes objectius de l'associacion Rancher. De palancas se creèron entre societats niçardas mas de tensions e desacòrdis naissèron tanben. Eynaudi capitèt pas d'unir ni manca los pròpris collaborators de l'Armanac Nissart sus las questions grafica e felibrenca, malgrat lo sosten de Pierre Devoluy (que demorèt d'unas annadas a Niça) e del quite Mistral. En 1922, daissèt la direccion de la revista a Pierre Isnard, seguit de Louis Cappatti.
En 1901, Eynaudi aviá publicat sa primièra pèça de teatre, Lou Cagancio, que foguèt representada sus scèna en 1902. Se faguèt un eiretièr de François Guisol (1803-1874), autor e actor que publiquèt de cançons e pèças de teatre en niçard. Mantuna companhiá de teatre dialectal e de representacions folcloricas seguiguèron lo movement : la companhiá del Teatre de Barba-Martin (menada per Gustav-Adolf Mossa, 1883-1971, pintre simbolista e dramaturga occitan) ; la Ciamada Nissarda, qu'existís totjorn ; las Nissardas ; e Francis Gag (pseudonim de Francis Gagliolo, 1900-1988, dramaturga occitan). En parallèl de sos articles, contes, cançons e poesias pareguts en revista, Eynaudi faguèt publicar e jogar d'autras pèças dins las annadas seguentas. Cercava son inspiracion dins la vida ciutadana de la Vièlha Vila.
Entre 1931 e 1939, se consacrèt a la redaccion e publicacion de son Dictionnaire de la langue niçoise, amb Louis Cappatti per la partida istorica de l'obratge. Lo diccionari aviá una vocacion enciclopedica, donant tant coma possible lo vocabulari en usatge, amb las definicions en francés, las expressions e locucions, las conjugasons, d'entradas sus la flòra e lo païsatge locals, los noms pròpris femenins e masculins, los noms de luòcs e los escais-noms dels estatjants, de recèptas de cosina, de donadas istoricas e etnologicas, etc. Las entradas son per còps acompanhadas d'extraches literaris. D'unas son signadas per de collaborators autres qu'Eynaudi e Cappatti. Lo diccionari foguèt redigit en grafia mistralenca. Eynaudi èra un felibre convinçut, pasmens lo diccionari es fòrça nuançat sus la question del Felibritge. Mistral aparéis pas dins las entradas e l'entrada Felibritge foguèt redigida per Cappatti, que fasiá partida dels sceptics. Se dins la màger part dels airals occitans de grops felibrencs coërents se creèron (en parallèl d'autres grops diches regionalistas), amb totjorn una admiracion afichada per Mistral e lo Felibritge, los Niçards mantenèron una cèrta distància, malgrat d'unes entosiastes, deguda a lors rapòrts amb Provença.
Lo diccionari foguèt publicat en fascicles, fins a la letra "p". Lo demai èra demorat a l'estat de manescrich. Una edicion completa es pareguda en 2009, deguda a l'Acadèmia Nissarda amb una introduccion de Remy Gasiglia (ensenhaire-cercaire a l'universitat de Niça Sophia Antipolis).
Eynaudi collaborèt a mantuna revista e jornal : las Annales du Comté de Nice, l'Armanac Nissart, L'Éclaireur de Nice et du Sud-Est, L'Éclaireur du Soir, L'Éclaireur du Dimanche, L'Essor Niçois, Nice Historique, lo Phare du Littoral, La Pignata, e probablament d'autres encara.
Lou Cagancio, Nice, Imprimerie des Alpes-Maritimes, 1900 ;
Lou dialète niçard, Nice, Imprimerie des Alpes-Maritimes, 1903 ;
Lou Terno, Nice, Imprimerie des Alpes-Maritimes, 1905 ;
Misé Pounchoun, Nice, Imprimerie des Alpes-Maritimes, 1910 ;
Lou retour de Pierrot, [s.l.], [s.n.], [1922] ;
Una bouona plaça, Nice, Imprimerie de l'Éclaireur de Nice, 1924 ;
Dapè dou fougueiroun, Nice, l'Éclaireur de Nice, 1926 ;
EYNAUDI Jules et CAPPATTI Louis, Dictionnaire de la langue niçoise, Nice, Acadèmia Nissarda, 2009.
> Michalias, Régis (forme d’état-civil)
Régis Michalias est né et mort à Ambert, et semble n’avoir quitté sa ville qu’occasionnellement et par nécessité.
Il fait d’abord des études au lycée de Clermont-Ferrand. Il part ensuite pour Paris, d’où il revient diplômé de première classe à l’École supérieure de pharmacie. Adolphe Van Bever (Poètes du terroir, 1924) nous apprend qu’il est capitaine de mobilisés à la guerre de 1870. Il revient définitivement dans sa ville natale pour y pratiquer le métier de pharmacien de 1873 à 1895.
Il consacre sa retraite à la culture des fleurs et à l’étude des parlers auvergnats, s’impliquant dans le mouvement de renaissance littéraire occitane à travers le Félibrige.
Michel Camelat (Reclams, n°3, 1936) décrit Michalias « bâti comme un châtaigner, l’œil clair et l’épaule carrée. »
Régis Michalias a eu de son mariage une fille unique, Jeanne, qui semble s’être intéressée aux activités félibréennes de son père, l’accompagnant et fréquentant à l’occasion ses amis félibres.
Jean Ajalbert, contemporain de Michalias (et Auvergnat revendiqué), lui consacre un chapitre complet dans son ouvrage Au Cœur de l'Auvergne, et éclaire ainsi le portrait du poète en révélant au fil de son récit certains détails sur sa vie et son œuvre qu'on peine à trouver par ailleurs, comme par exemple son intérêt pour les pierres et la géologie ou son implication dans l'ouverture de bains-douches initialement destinés aux populations les plus précaires.
Les activités félibréennes de Régis Michalias ne se manifestent véritablement qu’au moment de sa retraite.
C’est un grand lecteur et admirateur de Frédéric Mistral et d'Arsène Vermenouze, et c’est d’ailleurs Mistral qui le pousse en 1902 à entrer en rapport avec le majoral aurillacois, ouvrant la voie à une amitié de plusieurs années, jusqu’au décès de Vermenouze en 1910.
Le poète d’Ambert (basse-Auvergne), et celui d’Ytrac (haute-Auvergne) partagent une admiration commune pour le héros de Gergovie, Vercingétorix, fréquemment évoqué dans les poèmes de l’un comme de l’autre. C’est à Font-Ségugne, en mai 1904, qu’ils se voient pour la première fois, à l’occasion du cinquantenaire du Félibrige.
Selon Jean-François Chanet (Les félibres cantaliens, 2000), Michalias aurait été « officiellement invité par Jules Ronjat, le baile du Consistoire, [...] », qui l’aide pour ses ouvrages de linguistique. Mais Michalias est un félibre isolé dans son pays, et il exprime son inquiétude à Vermenouze : « Seul, isolé, inconnu, noyé et perdu dans une assemblée dont je ne comprendrais que difficilement le langage sonore, impuissant moi-même à me faire comprendre, qu'irais-je faire ? » (Ambert, 29 avril 1904).
Il s’y rend pourtant, accompagné de sa fille, et ne le regrette pas : il y fait de nombreuses rencontres et compose en outre un poème à ce sujet, publié dans son premier recueil Èrs de lous Suts (1904). Il y cite les noms des amis rencontrés : Adrien Planté, (un des dirigeants du félibrige béarnais avec Michel Camélat), les félibres toulousains Jean Rozès de Brousse, Armand Praviel, Pierre Bacquié-Fonade, le Haut-Alpin F. N. Nicollet et bien sûr Arsène Vermenouze, et Frédéric Mistral.
Ainsi Camelat évoque-t-il dans son article les excursions à Avignon, à Arles, aux Saintes-Maries, et les retrouvailles à la Santo-Estello de 1905, occasion pour l’enthousiaste Michalias de découvrir Nîmes, Montpellier (« lou Clapas »), Narbonne, Toulouse, puis Lourdes, Pau, Orthez et Arrens.
Au moment de « l’affaire Dévoluy », lorsqu'à la Santo-Estello de 1909 le capoulié Dévoluy est mis en minorité par une coalition de majoraux et acculé à la démission, Michalias, qualifié d’« òmi de pats » par Camelat, ne semble pas s’être engagé activement dans l’un ou l’autre camp mais, se disant ami de Ronjat et de Planté, il prend le parti de Dévoluy.
Au contact des félibres, il trouvera peut-être une sorte de raison d’être à ses aspirations littéraires et linguistiques, mais au fond, dans les premiers temps au moins, Michalias ne croit pas à la renaissance de la langue dans son pays. Ce pessimisme s’explique sans doute par un apparent désintérêt de la population locale pour la valorisation de la langue et de la culture occitanes. Desdevise du Dézert (Bulletin de la Société des Amis de l'Université, 1905) dit à ce sujet, pour renforcer le mérite de Michalias, que « l’Auvergne s’ignore, elle semble se dédaigner, elle regarde beaucoup trop vers Paris ; sa vie intellectuelle ne lui vient pas d’elle-même, et pour cette raison, n’est qu’une vie factice et d’emprunt ».
D’ailleurs le Félibrige est quasi inexistant dans l’environnement proche de Michalias. Chanet retranscrit des passages d’une lettre adressée à Vermenouze qui résument parfaitement l’état d’esprit du poète ambertois au début de leurs échanges : « Vous me dites que je devrais provoquer un réveil ou un éveil félibréen dans nos régions. Hélas ! le temps des résurrections est passé ; on n'éveille plus les morts...Notre dialecte est de plus en plus abandonné des classes éclairées. Les "bourgeois" notamment en considèrent l'usage comme une sorte de déchéance. Le comprenant à peine, quand ils s'essayent à le parler, ils y sont grotesques. [...] Aussi, je me borne à chanter pour moi seul, et quelques rares amis [...]. Mais il ne saurait être question de fonder chez nous une revue ou publication quelconque, car aux raisons données plus haut, il faut encore en joindre une autre de très grande importance : la variété des prononciations, qui changent d'une localité à une autre, très voisine souvent, [...] et partant l'affaiblissement d'intérêt, (chacun n'estimant bien que le parler de sa paroisse...), et aussi une difficulté de lecture du langage écrit. » (Ambert, 11 décembre 1902).
Malgré tout, Régis Michalias est mû d’une vraie volonté productrice et créatrice, et fait partie de ces félibres qui ont su s’attirer la bienveillance et la reconnaissance de la communauté félibréenne. Sans doute les diverses rencontres qu’il a faites par la suite lui ont-elles donné cette foi.
D’après Chanet, cependant, « le seul intérêt de sa démarche, et Mistral en effet pouvait l'estimer grand, était de fixer un patrimoine, d'ajouter à la connaissance philologique une matière qui, un jour peut-être, ferait l'objet d'études approfondies. »
Cette implication était à même de justifier une élection au majoralat. Il candidate en 1910, mais n’est pas élu. Les expressions de regret au sujet de ce manquement seront par la suite assez nombreuses au sein du Félibrige. Lui-même ne semble pas s’en formaliser outre mesure, mais peut-être revient-il un peu sur son idée du Félibrige. Christian de Villeneuve-Esclapon le cite dans sa revue Occitania (Paris, n°7, 1910) : « j’ai surtout le désir de servir de mon mieux les lettres occitanes en chantant mon très beau et pittoresque Livradois dans son non moins pittoresque dialecte. »
On lit dans l'article de Camelat qu'après son décès en 1916, Louis Delhostal, Bénézet Vidal « e autes frays en pouesie » posent une plaque de marbre sur sa maison.
Plus tard, en mars 1944, à l’occasion du centenaire de sa naissance, un court hommage paraît dans le journal Fe (n°48, 1944).
Son expérience finalement assez courte a donné lieu à une production elle aussi relativement réduite. On dénombre deux recueils de poèmes, l’adaptation d’une pièce de théâtre, une grammaire et un glossaire. Un recueil de contes, Tant fa per rire, est annoncé dans sa dernière publication, et lui-même parle dans une lettre datée de 1910 (adressée à Camelat qui la reproduit dans son article) d’un recueil d’« Ers » à paraître, Enco Noutre, mais l’un comme l’autre semblent être restés inédits, peut-être existent-il quelque part à l’état de manuscrits. Enfin on trouve sa signature dans quelques numéros de Vivo Prouvènço ! et ses poèmes sont parus entre autres dans les revues Reclams et l’Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren.
Son premier recueil de poèmes, Èrs de lous Suts, paraît en 1904 ; il est constitué de trente-trois poèmes et de leur traduction en regard, avec une note sur la prononciation au début de l’ouvrage. Michalias y fait paraître en guise de préface une lettre enthousiaste de Mistral.
Il est suivi en 1907 des Éléments abrégés de grammaire auvergnate : dialecte des environs d'Ambert (Puy-de-Dôme). Dans sa préface, Michalias cite ses deux collaborateurs, Foulché Delbosc, auteur d'une Grammaire Catalane, et Jules Ronjat. De ces influences extérieures il hérite de l’usage de caractères particuliers, notamment un « å » qui se retrouvera dans ses publications suivantes.
Villeneuve-Esclapon fait un commentaire très positif sur la grammaire, dont il trouve le propos « clair et facile à retenir ». Pour autant Michalias n'est pas linguiste et ne prétend pas l'être, les spécialistes ne manqueront pas de le signaler tout en saluant l'initiative et reconnaissant tout de même un certain mérite à son travail.
Margoutou, o no batueito au vialage est une pièce de théâtre, qui paraît la même année.
La note aux lecteurs est un peu mystérieuse : d'une part Michalias ne signe à aucun moment en toutes lettres, bien que son ouvrage ait été annoncé dans ses précédentes publications. D'autre part il explique que la pièce de théâtre qu’il édite est l’œuvre d’un auteur mort depuis vingt ans, son anonymat devant être respecté.
Il s’agit en fait à l’origine d’une pièce de Jarsaillon, auteur du Livradois mort en 1893. La revue Parlem (n° 9, 1982) décrit la pièce, en trois actes et 589 vers, aux personnages traditionnels et carnavalesques, que Michalias a modifiée, changeant les paroles, et passant certaines répliques en français, « benliau per mostrar ce qu’èron las doàs lingas dins la societat de son temps e le siau vejaire ».
Le second recueil de poèmes, Èrs d’uen Païsan, paraît l’année suivante, en 1908.
Il comporte cinquante poèmes avec la traduction en regard, il est lui aussi précédé d’une note sur la prononciation, et s’achève sur une autre lettre de Mistral.
L’œuvre de Michalias ne semble pas avoir fait l’objet d’une quelconque étude approfondie. Toutefois elle est souvent évoquée, le nom de Michalias apparaissant, même brièvement, dans de nombreux ouvrages, et on peut citer les commentaires de quelques auteurs à son propos :
- Voici ce que Desdevise du Dézert dit en 1905 à propos d’Èrs de lous Suts : « Ce sont des paysages, dont les aspects changent avec chaque saison ; c’est la chanson des amoureux sous les grands bois ; ce sont les cancans du hameau, les bonnes histoires dont le Gaulois se gaudit, depuis qu’il pousse son rire clair au milieu des nations ; ce sont les souvenirs d’enfance, les longues randonnées par la montagne, les vieilles coutumes du pays ; c’est tout ce qui fait de la terre natale votre terre à vous et non une autre, votre sol nourricier, votre domaine et votre bien. »
- On trouve cette citation d’Alexandre Vialatte (originaire d'Ambert et ami d'Henri Pourrat) dans l’ouvrage de Chanet : « Rabotant la matière ingrate de notre idiome, des gens comme Michalias ont su pourtant faire des merveilles parce qu'ils avaient le génie du style familier et travaillaient dans l'esprit même de la langue, dans le sens du bois, si je puis dire. »
- Paule Bouvelot (L’Auvergne à travers la poésie auvergnate contemporaine. [1952]) commente vers 1952 l’œuvre de Michalias : « C’est aussi une vision réaliste qui transparaît aux pages de Régis Michalias ; mais ici le détail l’emporte sur l’ensemble. C’est une suite de jolis croquis qui n’ont d’autre but que de peindre et dont une fine observation fait tout le prix. Cependant cette poésie est à l’image du Livradois. Comme ce pays doux et sans secousses, elle est contenue, naturelle, animée de sens pratique et d’utilitarisme, très locale donc par cette ambiance morale qui baigne les choses et les êtres… »
- Robert Lafont et Christian Anatole (Nouvelle histoire de la littérature occitane, 1970) voient sa poésie « plus discrète et plus artiste que celle de Vermenouze, mais bien traditionnelle encore »
- Jean Roux (Huit siècles de littérature occitane en Auvergne et Velay, 2015) confirme ce point de vue, et, à la suite d'une courte présentation de l'auteur, donne le poème « La Chadeno » dans la graphie d’origine telle qu’on la trouve dans Èrs d’uen Païsan, en français et en graphie classique.
Le dernier de ses ouvrages est son « Glossaire », publié dans la Revue de Philologie française (1912)
Il présente une graphie très inspirée de celle de Ronjat, censée représenter la prononciation des mots.
Dans les dernières années de sa vie, Michalias collabore à l’œuvre d’Henri Pourrat.
Celui-ci, également ambertois, commence ses collectes de contes vers 1911. Michalias le seconde en transcrivant puis traduisant en français ceux des textes qui sont en occitan. L’édition de Bernadette Bricout (Contes et récits du Livradois, 1989) conserve la graphie employée alors par Michalias.
On y trouve de nombreuses références au « Glossaire » (en partie repris en fin de volume), ainsi que des notes d’explication de termes occitans ajoutées par Michalias.
Il existe en outre, fait plutôt remarquable, une édition allemande des poèmes de Michalias, Auvergnatische Lieder, traduits par le Dr Hans Weiske et précédés d’une étude sur l’auteur. Une note au bas du poème « D'Eijaire » dans le recueil Èrs d'uen païsan évoque également l'existence d'une traduction en suédois, introuvable à ce jour, par le Dr Göran Björkman (1860-1923, traducteur suédois qui s'est intéressé à la littérature française, italienne, espagnole, portugaise et allemande).
Ambertois de naissance et de cœur, Régis Michalias s’est tardivement mais sûrement lancé dans la production littéraire et les études dialectales, pour apporter sa pierre à l’œuvre félibréenne.
> Michalias, Régis (forme d’état-civil)
Régis Michalias est né et mort à Ambert, et semble n’avoir quitté sa ville qu’occasionnellement et par nécessité.
Il fait d’abord des études au lycée de Clermont-Ferrand. Il part ensuite pour Paris, d’où il revient diplômé de première classe à l’École supérieure de pharmacie. Adolphe Van Bever (Poètes du terroir, 1924) nous apprend qu’il est capitaine de mobilisés à la guerre de 1870. Il revient définitivement dans sa ville natale pour y pratiquer le métier de pharmacien de 1873 à 1895.
Il consacre sa retraite à la culture des fleurs et à l’étude des parlers auvergnats, s’impliquant dans le mouvement de renaissance littéraire occitane à travers le Félibrige.
Michel Camelat (Reclams, n°3, 1936) décrit Michalias « bâti comme un châtaigner, l’œil clair et l’épaule carrée. »
Régis Michalias a eu de son mariage une fille unique, Jeanne, qui semble s’être intéressée aux activités félibréennes de son père, l’accompagnant et fréquentant à l’occasion ses amis félibres.
Jean Ajalbert, contemporain de Michalias (et Auvergnat revendiqué), lui consacre un chapitre complet dans son ouvrage Au Cœur de l'Auvergne, et éclaire ainsi le portrait du poète en révélant au fil de son récit certains détails sur sa vie et son œuvre qu'on peine à trouver par ailleurs, comme par exemple son intérêt pour les pierres et la géologie ou son implication dans l'ouverture de bains-douches initialement destinés aux populations les plus précaires.
Les activités félibréennes de Régis Michalias ne se manifestent véritablement qu’au moment de sa retraite.
C’est un grand lecteur et admirateur de Frédéric Mistral et d'Arsène Vermenouze, et c’est d’ailleurs Mistral qui le pousse en 1902 à entrer en rapport avec le majoral aurillacois, ouvrant la voie à une amitié de plusieurs années, jusqu’au décès de Vermenouze en 1910.
Le poète d’Ambert (basse-Auvergne), et celui d’Ytrac (haute-Auvergne) partagent une admiration commune pour le héros de Gergovie, Vercingétorix, fréquemment évoqué dans les poèmes de l’un comme de l’autre. C’est à Font-Ségugne, en mai 1904, qu’ils se voient pour la première fois, à l’occasion du cinquantenaire du Félibrige.
Selon Jean-François Chanet (Les félibres cantaliens, 2000), Michalias aurait été « officiellement invité par Jules Ronjat, le baile du Consistoire, [...] », qui l’aide pour ses ouvrages de linguistique. Mais Michalias est un félibre isolé dans son pays, et il exprime son inquiétude à Vermenouze : « Seul, isolé, inconnu, noyé et perdu dans une assemblée dont je ne comprendrais que difficilement le langage sonore, impuissant moi-même à me faire comprendre, qu'irais-je faire ? » (Ambert, 29 avril 1904).
Il s’y rend pourtant, accompagné de sa fille, et ne le regrette pas : il y fait de nombreuses rencontres et compose en outre un poème à ce sujet, publié dans son premier recueil Èrs de lous Suts (1904). Il y cite les noms des amis rencontrés : Adrien Planté, (un des dirigeants du félibrige béarnais avec Michel Camélat), les félibres toulousains Jean Rozès de Brousse, Armand Praviel, Pierre Bacquié-Fonade, le Haut-Alpin F. N. Nicollet et bien sûr Arsène Vermenouze, et Frédéric Mistral.
Ainsi Camelat évoque-t-il dans son article les excursions à Avignon, à Arles, aux Saintes-Maries, et les retrouvailles à la Santo-Estello de 1905, occasion pour l’enthousiaste Michalias de découvrir Nîmes, Montpellier (« lou Clapas »), Narbonne, Toulouse, puis Lourdes, Pau, Orthez et Arrens.
Au moment de « l’affaire Dévoluy », lorsqu'à la Santo-Estello de 1909 le capoulié Dévoluy est mis en minorité par une coalition de majoraux et acculé à la démission, Michalias, qualifié d’« òmi de pats » par Camelat, ne semble pas s’être engagé activement dans l’un ou l’autre camp mais, se disant ami de Ronjat et de Planté, il prend le parti de Dévoluy.
Au contact des félibres, il trouvera peut-être une sorte de raison d’être à ses aspirations littéraires et linguistiques, mais au fond, dans les premiers temps au moins, Michalias ne croit pas à la renaissance de la langue dans son pays. Ce pessimisme s’explique sans doute par un apparent désintérêt de la population locale pour la valorisation de la langue et de la culture occitanes. Desdevise du Dézert (Bulletin de la Société des Amis de l'Université, 1905) dit à ce sujet, pour renforcer le mérite de Michalias, que « l’Auvergne s’ignore, elle semble se dédaigner, elle regarde beaucoup trop vers Paris ; sa vie intellectuelle ne lui vient pas d’elle-même, et pour cette raison, n’est qu’une vie factice et d’emprunt ».
D’ailleurs le Félibrige est quasi inexistant dans l’environnement proche de Michalias. Chanet retranscrit des passages d’une lettre adressée à Vermenouze qui résument parfaitement l’état d’esprit du poète ambertois au début de leurs échanges : « Vous me dites que je devrais provoquer un réveil ou un éveil félibréen dans nos régions. Hélas ! le temps des résurrections est passé ; on n'éveille plus les morts...Notre dialecte est de plus en plus abandonné des classes éclairées. Les "bourgeois" notamment en considèrent l'usage comme une sorte de déchéance. Le comprenant à peine, quand ils s'essayent à le parler, ils y sont grotesques. [...] Aussi, je me borne à chanter pour moi seul, et quelques rares amis [...]. Mais il ne saurait être question de fonder chez nous une revue ou publication quelconque, car aux raisons données plus haut, il faut encore en joindre une autre de très grande importance : la variété des prononciations, qui changent d'une localité à une autre, très voisine souvent, [...] et partant l'affaiblissement d'intérêt, (chacun n'estimant bien que le parler de sa paroisse...), et aussi une difficulté de lecture du langage écrit. » (Ambert, 11 décembre 1902).
Malgré tout, Régis Michalias est mû d’une vraie volonté productrice et créatrice, et fait partie de ces félibres qui ont su s’attirer la bienveillance et la reconnaissance de la communauté félibréenne. Sans doute les diverses rencontres qu’il a faites par la suite lui ont-elles donné cette foi.
D’après Chanet, cependant, « le seul intérêt de sa démarche, et Mistral en effet pouvait l'estimer grand, était de fixer un patrimoine, d'ajouter à la connaissance philologique une matière qui, un jour peut-être, ferait l'objet d'études approfondies. »
Cette implication était à même de justifier une élection au majoralat. Il candidate en 1910, mais n’est pas élu. Les expressions de regret au sujet de ce manquement seront par la suite assez nombreuses au sein du Félibrige. Lui-même ne semble pas s’en formaliser outre mesure, mais peut-être revient-il un peu sur son idée du Félibrige. Christian de Villeneuve-Esclapon le cite dans sa revue Occitania (Paris, n°7, 1910) : « j’ai surtout le désir de servir de mon mieux les lettres occitanes en chantant mon très beau et pittoresque Livradois dans son non moins pittoresque dialecte. »
On lit dans l'article de Camelat qu'après son décès en 1916, Louis Delhostal, Bénézet Vidal « e autes frays en pouesie » posent une plaque de marbre sur sa maison.
Plus tard, en mars 1944, à l’occasion du centenaire de sa naissance, un court hommage paraît dans le journal Fe (n°48, 1944).
Son expérience finalement assez courte a donné lieu à une production elle aussi relativement réduite. On dénombre deux recueils de poèmes, l’adaptation d’une pièce de théâtre, une grammaire et un glossaire. Un recueil de contes, Tant fa per rire, est annoncé dans sa dernière publication, et lui-même parle dans une lettre datée de 1910 (adressée à Camelat qui la reproduit dans son article) d’un recueil d’« Ers » à paraître, Enco Noutre, mais l’un comme l’autre semblent être restés inédits, peut-être existent-il quelque part à l’état de manuscrits. Enfin on trouve sa signature dans quelques numéros de Vivo Prouvènço ! et ses poèmes sont parus entre autres dans les revues Reclams et l’Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren.
Son premier recueil de poèmes, Èrs de lous Suts, paraît en 1904 ; il est constitué de trente-trois poèmes et de leur traduction en regard, avec une note sur la prononciation au début de l’ouvrage. Michalias y fait paraître en guise de préface une lettre enthousiaste de Mistral.
Il est suivi en 1907 des Éléments abrégés de grammaire auvergnate : dialecte des environs d'Ambert (Puy-de-Dôme). Dans sa préface, Michalias cite ses deux collaborateurs, Foulché Delbosc, auteur d'une Grammaire Catalane, et Jules Ronjat. De ces influences extérieures il hérite de l’usage de caractères particuliers, notamment un « å » qui se retrouvera dans ses publications suivantes.
Villeneuve-Esclapon fait un commentaire très positif sur la grammaire, dont il trouve le propos « clair et facile à retenir ». Pour autant Michalias n'est pas linguiste et ne prétend pas l'être, les spécialistes ne manqueront pas de le signaler tout en saluant l'initiative et reconnaissant tout de même un certain mérite à son travail.
Margoutou, o no batueito au vialage est une pièce de théâtre, qui paraît la même année.
La note aux lecteurs est un peu mystérieuse : d'une part Michalias ne signe à aucun moment en toutes lettres, bien que son ouvrage ait été annoncé dans ses précédentes publications. D'autre part il explique que la pièce de théâtre qu’il édite est l’œuvre d’un auteur mort depuis vingt ans, son anonymat devant être respecté.
Il s’agit en fait à l’origine d’une pièce de Jarsaillon, auteur du Livradois mort en 1893. La revue Parlem (n° 9, 1982) décrit la pièce, en trois actes et 589 vers, aux personnages traditionnels et carnavalesques, que Michalias a modifiée, changeant les paroles, et passant certaines répliques en français, « benliau per mostrar ce qu’èron las doàs lingas dins la societat de son temps e le siau vejaire ».
Le second recueil de poèmes, Èrs d’uen Païsan, paraît l’année suivante, en 1908.
Il comporte cinquante poèmes avec la traduction en regard, il est lui aussi précédé d’une note sur la prononciation, et s’achève sur une autre lettre de Mistral.
L’œuvre de Michalias ne semble pas avoir fait l’objet d’une quelconque étude approfondie. Toutefois elle est souvent évoquée, le nom de Michalias apparaissant, même brièvement, dans de nombreux ouvrages, et on peut citer les commentaires de quelques auteurs à son propos :
- Voici ce que Desdevise du Dézert dit en 1905 à propos d’Èrs de lous Suts : « Ce sont des paysages, dont les aspects changent avec chaque saison ; c’est la chanson des amoureux sous les grands bois ; ce sont les cancans du hameau, les bonnes histoires dont le Gaulois se gaudit, depuis qu’il pousse son rire clair au milieu des nations ; ce sont les souvenirs d’enfance, les longues randonnées par la montagne, les vieilles coutumes du pays ; c’est tout ce qui fait de la terre natale votre terre à vous et non une autre, votre sol nourricier, votre domaine et votre bien. »
- On trouve cette citation d’Alexandre Vialatte (originaire d'Ambert et ami d'Henri Pourrat) dans l’ouvrage de Chanet : « Rabotant la matière ingrate de notre idiome, des gens comme Michalias ont su pourtant faire des merveilles parce qu'ils avaient le génie du style familier et travaillaient dans l'esprit même de la langue, dans le sens du bois, si je puis dire. »
- Paule Bouvelot (L’Auvergne à travers la poésie auvergnate contemporaine. [1952]) commente vers 1952 l’œuvre de Michalias : « C’est aussi une vision réaliste qui transparaît aux pages de Régis Michalias ; mais ici le détail l’emporte sur l’ensemble. C’est une suite de jolis croquis qui n’ont d’autre but que de peindre et dont une fine observation fait tout le prix. Cependant cette poésie est à l’image du Livradois. Comme ce pays doux et sans secousses, elle est contenue, naturelle, animée de sens pratique et d’utilitarisme, très locale donc par cette ambiance morale qui baigne les choses et les êtres… »
- Robert Lafont et Christian Anatole (Nouvelle histoire de la littérature occitane, 1970) voient sa poésie « plus discrète et plus artiste que celle de Vermenouze, mais bien traditionnelle encore »
- Jean Roux (Huit siècles de littérature occitane en Auvergne et Velay, 2015) confirme ce point de vue, et, à la suite d'une courte présentation de l'auteur, donne le poème « La Chadeno » dans la graphie d’origine telle qu’on la trouve dans Èrs d’uen Païsan, en français et en graphie classique.
Le dernier de ses ouvrages est son « Glossaire », publié dans la Revue de Philologie française (1912)
Il présente une graphie très inspirée de celle de Ronjat, censée représenter la prononciation des mots.
Dans les dernières années de sa vie, Michalias collabore à l’œuvre d’Henri Pourrat.
Celui-ci, également ambertois, commence ses collectes de contes vers 1911. Michalias le seconde en transcrivant puis traduisant en français ceux des textes qui sont en occitan. L’édition de Bernadette Bricout (Contes et récits du Livradois, 1989) conserve la graphie employée alors par Michalias.
On y trouve de nombreuses références au « Glossaire » (en partie repris en fin de volume), ainsi que des notes d’explication de termes occitans ajoutées par Michalias.
Il existe en outre, fait plutôt remarquable, une édition allemande des poèmes de Michalias, Auvergnatische Lieder, traduits par le Dr Hans Weiske et précédés d’une étude sur l’auteur. Une note au bas du poème « D'Eijaire » dans le recueil Èrs d'uen païsan évoque également l'existence d'une traduction en suédois, introuvable à ce jour, par le Dr Göran Björkman (1860-1923, traducteur suédois qui s'est intéressé à la littérature française, italienne, espagnole, portugaise et allemande).
Embertés de naissença e de còr, Régis Michalias s’es lançat tardièrament mas segurament dins la produccion literària e los estudis dialectals, per portar sa pèira a l’òbra felibrenca.
> Michalias, Régis (forma d’estat-civil)
Régis Michalias es nascut e mòrt a Embèrt, e sembla d’aver pas daissat sa vila qu’ocasionalament e per necessitat.
Fa primièr d'estudis al licèu de Clarmont d'Auvèrnhe. Partís puèi per París, d’ont torna diplomat de primièra classa a l’Escòla superiora de farmacia. Adolphe Van Bever (Poètes du terroir, 1924) nos aprend qu’es capitani de mobilizats pendent la guèrra de 1870. Torna definitivament dins sa vila natala per i practicar lo mestièr de farmacian de 1873 a 1895.
Consacra sa retirada a la cultura de las flors e a l’estudi dels parlars auvernhats, s’implicant dins lo movement de renaissença literària occitana a travèrs lo Felibritge.
Michel Camelat (Reclams, n°3, 1936) descriu Michalias « bastit coma un castanhèr, l’uèlh clar e l’espatla cairada. » 1.
Régis Michalias aguèt de son maridatge una filha unica, Jeanne, que sembla s’èsser interessada a las activitats felibrencas de son paire, l’acompanhant e frequentant a l’escasença sos amics felibrencs.
Jean Ajalbert, contemporan de Michalias (e Auvernhat revendicat), li consacra un capítol complet dins son obratge Au Cœur de l'Auvergne, e esclaira aital lo retrach del poèta en desvelant al fial de son raconte d'unes detalhs sus sa vida e son òbra malaisits de trapar endacòm mai, coma per exemple son interés per las pèiras e la geologia o son implicacion dins la dubèrtura de banhs-dochas inicialament destinats a las populacions mai precàrias.
Las activitats felibrencas de Régis Michalias se manifèstan vertadièrament pas qu’al moment de sa retirada.
Es un grand legeire e admirator de Frédéric Mistral e d'Arsène Vermenouze, e es justament Mistral que lo buta en 1902 a dintrar en rapòrt amb lo majoral orlhagués, dubrissent la via a una amistat de mantuna annadas, fins a la mòrt de Vermenouze en 1910.
Lo poèta d’Embèrt (bas-Auvèrnhe), e lo d’Eitrac (naut-Auvèrnhe) partatjan una admiracion comuna per l'eròi de Gergovia, Vercingétorix, pron sovent evocat dins los poèmas de l’un coma de l’autre. Es a Font-Segunha, en mai de 1904, que se veson per lo primièr còp, a l’escasença del cinquantenari del Felibritge.
Segon Jean-François Chanet (Les félibres cantaliens, 2000), Michalias seriá estat « oficialament convidat per Jules Ronjat, lo baile del Consistòri, [...] » 1, que l’ajuda per sos obratges de linguistica. Mas Michalias es un felibre isolat dins son país, e exprimís son inquietud a Vermenouze : « Sol, isolat, desconegut, negat e perdut dins una assemblada que ne comprendrai pas que malaisidament lo lengatge sonòr, mai ieu incapable de me far comprene, de qu'anariái far ? » (Embèrt, 29 d'abril de 1904) 1.
S'i rend çaquelà, acompanhat de sa filha, e o regreta pas : i fa de rescontres nombroses e compausa quitament un poèma sus aquel subjècte, publicat dins son primièr recuèlh Èrs de lous Suts (1904). I cita los noms dels amics rescontrats : Adrien Planté, (un dels dirigents del Felibritge bearnés amb Michel Camélat), los felibres tolosans Jean Rozès de Brousse, Armand Praviel, Pierre Bacquié-Fonade, lo Naut-Alpenc F. N. Nicollet e plan segur Arsène Vermenouze e Frédéric Mistral.
Aital, Camelat evòca dins son article las excursions a Avinhon, a Arle, a las Santas Marias, e les retrobadas a la Santo-Estello de 1905, escasença per l’entosiasta Michalias de descobrir Nimes, Montpelhièr (« lou Clapas »), Narbona, Tolosa, puèi Lorda, Pau, Ortès e Arrens.
Al moment de « l’afaire Dévoluy », quand a la Santo-Estello de 1909 lo capolièr Dévoluy es mes en minoritat per una coalicion de majorals e aculat a la demission, Michalias, qualificat d’« òmi de pats » per Camelat, sembla de s’èsser pas engatjat activament dins l’un o l’autre camp mas, en tant qu'amic de Ronjat e de Planté, pren lo partit de Dévoluy.
Al contacte dels felibres, traparà benlèu una mena de rason d’èsser a sas aspiracions literàrias e linguisticas, mas al fons, dins los primièrs temps al mens, Michalias crei pas a la renaissença de la lenga dins son país. Aquel pessimisme s’explica sens dobte per un aparent desinterés de la populacion locala per la valorizacion de la lenga e de la cultura occitanas. Desdevise du Dézert (Bulletin de la Société des Amis de l'Université, 1905) ditz sus aquel subjècte, per renforçar lo merit de Michalias, que « Auvèrnhe s’ignòra, sembla de se desdenhar, agacha plan tròp vèrs París ; sa vida intellectuala li ven pas d’el-meteis, e per aquela rason, es pas qu’una vida factícia e de manlèu » 1.
D’alhors lo Felibritge es quasi inexistent dins l’environament pròchi de Michalias. Chanet transcriu de passatges d’una letra adreiçada a Vermenouze que resumisson perfièchament l’estat d’esperit del poèta embertés a la debuta de lors escambis : « Me disètz que dèuriái provocar un desrevelh felibrenc dins nòstras regions. Ailàs ! lo temps de las resurreccions es passat ; òm desrevelha pas mai los mòrts...Nòstre dialècte es de mai en mai abandonat de las classas esclairadas. Los "borgeses" notament ne considèran l'usatge coma una mena de descasença. Lo comprenent a pena, quand s'assajan a lo parlar, i son grotesques. [...] Aital, me contenti de cantar per ieu solet, e d'unes rares amics [...]. Mas es fòra question de fondar a cò nòstre una revista o publicacion quina que siá, qu'a las rasons donadas çai sus, ne cal apondre una autra de fòrça granda importància : la varietat de las prononciacions, que càmbian d'una localitat a una autra, fòrça vesina sovent, [...] e d'aquí l'aflaquiment d'interés, (cadun estimant pas plan que lo parlar de sa parròquia...), e tanben una dificultat de lectura del lengatge escrich. » (Embèrt, 11 de decembre de 1902) 1.
Malgrat tot, Régis Michalias es mogut d’una vertadièra volontat productiva e creadoira, e fa partida d'aqueles felibres qu'an sauput s’atraire la benvolença e la reconeissença de la communautat felibrenca. Sens dobte los diferents rescontres qu’a faches en seguida li an donat aquela fe.
Segon Chanet, çaquelà, « lo sol interés de son amira, e Mistral en efièch lo podiá estimar grand, èra de fixar un patrimòni, d'apondre a la coneissença filologica una matèria que, un jorn benlèu, fariá l'objècte d'estudis aprigondits. » 1
Aquela implicacion podiá justificar una eleccion al majoralat. Candidata en 1910, mas es pas elegit. Las expressions de regret al subjècte d'aquel mancament seràn puèi pron nombrosas al dintre del Felibritge. El sembla pas de se’n formalizar, mas benlèu torna un pauc sus son idèa del Felibritge. Christian de Villeneuve-Esclapon lo cita dins sa revista Occitania (París, n°7, 1910) : « ai mai que mai lo desir de servir de mon melhor las letras occitanas en cantant mon Liuradés dels bèls e dels pintoresques dins son non mens pintoresc dialècte. » 1
Òm legís dins l'article de Camelat qu'aprèp sa mòrt en 1916, Louis Delhostal, Bénézet Vidal « e autes frays en pouesie » pausan una placa de marme sus son ostal.
Mai tard, en març de 1944, a l’escasença del centenari de sa naissença, un brèu omenatge pareis dins lo jornal Fe (n°48, 1944).
Son experiéncia fin finala pron corta a donat luòc a una produccion ela tanben relativament reducha. Se destrian dos recuèlhs de poèmas, l’adaptacion d’una pèça de teatre, una gramatica e un glossari. Un recuèlh de contes, Tant fa per rire, es anonciat dins sa darrièra publicacion, e quitament el parla dins una letra datada de 1910 (adreiçada a Camelat que la reprodusís dins son article) d’un recuèlh d’« Ers » per paréisser, Enco Noutre, mas l’un coma l’autre semblan èsser demorats inediches, benlèu existisson endacòm a l’estat de manescriches. Enfin se trapa sa signatura dins d'unes numèros de Vivo Prouvènço ! e sos poèmas pareisson entre autres dins las revistas Reclams e l’Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren.
Son primièr recuèlh de poèmas, Èrs de lous Suts, pareis en 1904 ; es constituit de trenta-tres poèmas e de lor traduccion en regard, amb una nòta sus la prononciacion a la debuta de l’obratge. Michalias i fa paréisser en guisa de prefaci una letra entosiasta de Mistral.
Es seguit en 1907 dels Éléments abrégés de grammaire auvergnate : dialecte des environs d'Ambert (Puy-de-Dôme). Dins son prefaci, Michalias cita sos dos collaborators, Foulché Delbosc, autor d'una Grammaire Catalane, e Jules Ronjat. D'aquelas influéncias exterioras eireta de l’usatge de caractèrs particulars, notament un « å » que se tornarà trapar dins sas publicacions seguentas.
Villeneuve-Esclapon fa un comentari fòrça positiu sus la gramatica, que ne trapa lo prepaus « clar e aisit de retener » 1. Çaquelà Michalias es pas linguista e pretend pas de l'èsser, los especialistas manquèron pas d'o senhalar en tot saludar l'iniciativa e reconeissent quitament un cèrt merit a son trabalh.
Margoutou, o no batueito au vialage es un pèça de teatre, que pareis la meteissa annada.
La nòta als lectors es un pauc misteriosa : d'una part Michalias signa pas en cap d'endrech en totas letras, alara que son obratge es estat anonciat dins sas precedentas publicacions. D'autra part explica que la pèça de teatre qu’edita es l’òbra d’un autor mòrt dempuèi vint ans, son anonimat devent èsser respectat.
S’agís en fach a l’origina d’una pèça de Jarsaillon, autor del Liuradés mòrt en 1893. La revista Parlem (n° 9, 1982) descriu la pèça, en tres actes e 589 vèrses, dels personatges tradicionals e carnavalesques, que Michalias a modificada, cambiant las paraulas, e passant d'unas replicas en francés, « benliau per mostrar ce qu’èron las doàs lingas dins la societat de son temps e le siau vejaire ».
Lo segond recuèlh de poèmas, Èrs d’uen Païsan, pareis l’annada seguenta, en 1908.
Compòrta cinquanta poèmas amb la traduccion en regard, es el tanben precedit d’una nòta sus la prononciacion, e s’acaba sus una autra letra de Mistral.
L’òbra de Michalias sembla d'aver pas fach l’objècte d’un estudi aprigondit. Çaquelà es sovent evocada, lo nom de Michalias apareissent, emai brèvament, dins mantun obratges, e se pòdon citar los comentaris de qualques autors a son prepaus :
- Vaquí çò que Desdevise du Dézert ditz en 1905 a prepaus d’Èrs de lous Suts : « Son de païsatges, que los aspèctes càmbian amb cada sason ; es la cançon dels amoroses jos los grands bòsques ; son los cancans del masatge, las bonas istòrias que lo Gallés se ne regaudís, dempuèi que buta son rire clar al mitan de las nacions ; son los sovenirs d’enfància, les longas escorregudas per la montanha, las vièlhas costumas del país ; es tot çò que fa de la tèrra natala, vòstra tèrra a vosautres e non pas una autra, vòstre sòl noiriguièr, vòstre domeni e vòstre ben. » 1
- Se trapa aquela citacion d’Alexandre Vialatte (originari d'Embèrt e amic d'Henri Pourrat) dins l’obratge de Chanet : « Rabotant la matèria ingrata de nòstre idiòma, de mond coma Michalias an sauput çaquelà far de meravilhas perqu'avián l'ingèni de l'estil familiar e trabalhavan dins lo quite esperit de la lenga, dins lo sens de la fusta, se pòdi dire. » 1
- Paule Bouvelot (L’Auvergne à travers la poésie auvergnate contemporaine. [1952]) comenta vèrs 1952 l’òbra de Michalias : « Es tanben una vision realista que transpareis a las paginas de Régis Michalias ; mas aquí lo detalh l’empòrta sus l’ensems. Es una seguida de polits crocadisses qu’an pas d’autra tòca que de pintrar e qu'una observacion fina ne fa tot lo prètz. Çaquelà aquela poesia es a l’imatge del Liuradés. Coma aquel país doç e sens brandidas, es contenguda, naturala, animada de sens practic e d’utilitarisme, fòrça locala doncas per aquel ambient moral que banha las causas e los èssers… » 1
- Robert Lafont et Christian Anatole (Nouvelle histoire de la littérature occitane, 1970) veson sa poesia « mai discreta e mai artista que la de Vermenouze, mas plan tradicionala encara » 1
- Jean Roux (Huit siècles de littérature occitane en Auvergne et Velay, 2015) confirma aquel vejaire, e, a la seguida d'una corta presentacion de l'autor, dona lo poèma « La Chadeno » dins la grafia d’origina tala coma se trapa dins Èrs d’uen Païsan, en francés e en grafia classica.
Lo darrièr de sos obratges es son « Glossaire », publicat dins la Revue de Philologie française (1912).
Presenta una grafia fòrça inspirada de la de Ronjat, censada representar la prononciacion dels mots.
Dins las darrièras annadas de sa vida, Michalias collabòra a l’òbra d’Henri Pourrat.
El, tanben embertés, comença sas collèctas de contes vèrs 1911. Michalias lo segonda en transcrivent puèi tradusent en francés los dels tèxtes que son en occitan. L’edicion de Bernadette Bricout (Contes et récits du Livradois, 1989) consèrva la grafia emplegada alara per Michalias.
S'i trapan mantuna referéncias al « Glossaire » (en partida représ en fin de volum), tal coma de nòtas d’explicacion de mots occitans apondudas per Michalias.
Existís mai, fach qu'es puslèu de remarcar, una edicion alemanda dels poèmas de Michalias, Auvergnatische Lieder, traduits per lo Dr Hans Weiske e precedits d’un estudi sus l’autor. Una nòta al bas del poèma « D'Eijaire » dins lo recuèlh Èrs d'uen païsan evòca tanben l'existéncia d'una traduccion en suedés, non averada a l'ora d'ara, per lo Dr Göran Björkman (1860-1923, traductor suedés que s'es interessat a la literatura francese, italiana, espanhòla, portuguesa e alemanda).
1. Las traduccion en occitan de las citacions dempuèi lo francés son nòstras. ↑
Poncy, Charles (forme référentielle française)
< Louis-Charles Poncy (forme complète d'état-civil)
< Carle Poncy (forme occitane du nom)
< Charle Poncy (forme occitane du nom)
< Cascavèu (pseudonyme)
< De Profundis (pseudonyme)
Charles Poncy est né le 4 avril 1821 à Toulon. Il est le second fils de Nicolas-Joseph Poncy, maçon toulonnais originaire de Marseille, et de Françoise Gazan, de Toulon.
Il commence son apprentissage de maçon dès l’âge de neuf ans, dans le « chantier » qu’il forme avec son père et son frère aîné. Il suit une courte scolarité qui lui donne le goût de la lecture. Il fait le reste de sa formation littéraire et savante française en autodidacte dans Le Magasin pittoresque, journal mensuel et bon marché, sorte d’encyclopédie populaire très répandue.
Ce serait un médecin, venu soigner son père, qui aurait découvert les talents de Charles Poncy et l'aurait introduit en 1840 à l’Académie des Sciences et Belles-Lettres de Toulon où sont lus en séance publique ses premiers poèmes.
Le jeune poète-maçon jouit rapidement d’une certaine popularité à Toulon puis à Paris. Dès 1841 la Revue Indépendante publie ses poèmes, par l’entremise de François Arago. Co-fondatrice de la revue, George Sand fait, sous le pseudonyme de Gustave Bonnin, un commentaire élogieux sur la poésie de Poncy, dans le numéro du 1er novembre 1841.
Sous l'influence de ses protecteurs, Poncy oriente ses lectures vers des poètes tels que Hugo ou Lamartine et en profite pour améliorer sa maîtrise du français, sa langue maternelle étant l'occitan. Mais c’est Ortolan, jurisconsulte et professeur de Droit à la faculté de Paris, toulonnais et saint-simonien, qui s’enthousiasme le plus pour Poncy : il ouvre une souscription pour publier en recueil les poèmes du jeune Poncy, souscription rapidement couverte. En mars 1842 paraît le premier recueil, Marines (Paris : éditions Lavigne).
Mais Marines a confirmé l’intérêt que lui portait George Sand, qui commence à lui écrire en avril 1842. C’est le début d’une longue amitié qui ne cesse qu’à la mort de George Sand, en 1876. L’importante correspondance entre George Sand et Charles Poncy est la source majeure pour connaître la personnalité de Poncy. On y voit une George Sand maternelle et qui dirige l’éducation d’un jeune poète, dans le sens de la cause qu’elle défend, en faveur de l’émancipation et de l’instruction des classes populaires. Le soutien de George Sand fait naître des ambitions de consécration chez le poète. Il s’obstine à vouloir être publié à Paris malgré les coûts que cela représente, sans pour autant vouloir quitter sa ville ni, dans un premier temps, son métier de maçon. Il suit avec une relative docilité les orientations littéraires et morales qu’elle lui conseille de prendre.
D'autres recueils suivront Marines, mais leur succès reste relatif. Seules quelques revues consacrent des articles aux poèmes de Poncy, notamment des revues intéressées par l'émancipation populaire comme la Revue indépendante et la Ruche populaire, journal local dirigé par le chansonnier Vinçard à tendance socialiste. Sa petite notoriété lui permet tout de même, lors d'un passage à Paris en 1845, d’être reçu dans les salons et de rencontrer quelques-uns des grands écrivains du temps.
Il vit de son métier de maçon jusqu'en 1848, année pendant laquelle il se présente à l’Assemblée Constituante. Une lettre de George Sand, datée du 9 mars 1848 l’invite à se présenter comme député républicain, pour laisser aux ouvriers le soin de « dire leurs besoins, leurs inspirations » dans le cadre de la République. Cependant, s’il est sensible aux questions sociales, qui apparaissent dans sa poésie, et s’il assimile en partie l’idéologie de sa protectrice, il ne semble pas absolument investi dans l’action politique et ne sera d’ailleurs pas élu. Poncy ne sera jamais vraiment le poète prolétaire tant espéré par George Sand et s'il parle de sa condition d'ouvrier, il reste plutôt un poète régional qui dit Toulon et la Méditerranée.
Après avoir étudié le droit et la géométrie, il finit par s’affranchir de sa condition d’ouvrier, contre les avis de ses protecteurs. À partir de 1849, il occupe plusieurs postes dans différentes administrations. En 1850 il devient vice-président de la Société des Sciences et Belles-Lettres de Toulon, et en 1860 il reçoit la Légion d’Honneur.
Il ne cesse pas de publier pour autant, mais sa verve semble s’amenuiser.
Il meurt le 30 janvier 1891 à Toulon, sans avoir laissé le souvenir d’un poète de grand talent : on lui prête des défauts souvent reprochés aux poètes qui ont eu une éducation littéraire autodidacte et assez laborieuse. Le fait de vouloir trop imiter les grands maîtres de la littérature au détriment de sa propre sensibilité poétique lui a fait produire des œuvres jugées un peu « forcées » et lourdes, inférieures en qualité au modèle suivi, et dépourvues de l’originalité, de « l’authenticité » qu’on attendait de lui en tant que prolétaire.
Pour autant sa ville ne l’oublie pas complètement et ne le traite pas si sévèrement que l’intelligentsia parisienne : une plaque a été posée sur sa maison et la rue porte son nom depuis 1911.
Resté toute sa vie très attaché à sa ville, il commence à produire quelques poèmes en occitan provençal, sa langue maternelle, après les événements de 1848. Ceux-ci paraissent dans l’Armana Prouvençau à partir de 1860 et dans quelques autres revues locales. Ses poèmes seront publiés plus tard dans La Pignato, à Toulon. Il participe au mouvement félibréen et entretient des relations avec les figures du mouvement en Provence, Mistral, Aubanel mais surtout Roumanille. Il est élu majoral du Félibrige (Cigalo di Mauro) en 1881.
Il reste cependant une personnalité assez mineure de la littérature d’expression occitane.
Quasiment absent des ouvrages d’histoire littéraire occitane, il est éventuellement mentionné (C. Camproux, Histoire de la littérature occitane, 1953, rééd. 1971, p. 148 e J. Rouquette, La Littérature d'oc, Que sais-je? 1963, p. 83) aux côtés des poètes-ouvriers occitans tels que Jasmin, Reboul, Peyrottes, etc. É. Ripert lui consacre une sous-partie dans la Renaissance provençale et un paragraphe dans Le Félibrige, et J. Fourié le compte dans les entrées de son dictionnaire. Mistral le cite dans une note de Mirèio (chant VI, note II), aux côtés d’autres écrivains d’expression française originaires du Midi. Mais, localement, son prestige d'auteur français reconnu à Paris lui a valu l'hommage, en provençal, d'écrivains de Toulon : outre son frère Alexandre, Louis Pélabon ou Etienne Garcin.
Quelques hommages lui sont rendus au moment du centenaire de sa mort dans des revues telles que Lou felibrige, Prouvenço d’aro et, à Toulon, La Targo et le Bulletin des Amis du Vieux Toulon. Son frère, Alexandre Poncy (1823-1870), maçon lui aussi, est l’auteur d’un recueil de Pouesios prouvençalos (Toulon : impr. F. Monge, 1845).
Occitan
Voir les publications de Charles Poncy référencées dans
Le Trobador, catalogue international de la documentation occitane
Français
- Marines. Paris : éditions Lavigne, 1842 [préface de M. Ortolan]
- Le Chantier : poésies nouvelles. Paris : Perrotin, 1844 [préface de George Sand]
- Toulon, faible revue d’une ville forte. Toulon : Monge, 1845
- Poésies de Charles Poncy, ouvrier maçon de Toulon : Marines - Le Chantier. Paris : Société de l’industrie fraternelle, 1846 [nouvelle édition entièrement refondue par l’auteur]
- La chanson de chaque métier. Paris : Cormon, 1850 ; rééd. Portraits de 76 métiers, sur des airs populaires.
- Fragments du Bouquet de marguerites. Toulon, 1851.
- Un coin des Alpes à Moustiers. Toulon : Aurel, 1855
- Marguerite, ou le Frère et la Sœur. comédie en 1 acte, en vers, imitée de Goethe, Toulon : Impr. de E. Aurel, 1858
- Le gabier de Tamaris. Toulon : Milhière, 1862
- Œuvres complètes. Paris, Hachette, 1867-1873, 9 vol. I. Marines, 1867 ; II. Le Chantier, 1868 ; III. Bouquet de Marguerites, 1868 ; IV. La Chanson de chaque Métier, 1868 ; V. Regains, 1868 ; VI.-IX. Contes et Nouvelles, 1869-1873 (contient quelques poésies en occitan)
- La Loire. Toulon : Milhière, 1869.
- Toast à George Sand. Toulon : Milhière, 1876
- Reliquaire. Toulon : Massonne, 1879.
- Toulon après le choléra de 1884. Toulon : Impr. de A. Isnard, 1884
- Choses d’antan et d’aujourd’hui : Tamaris et les Sablettes avant et depuis Michel-Pacha. Toulon : Impr. de A. Isnard, 1889
- 12 lettres de George Sand à Charles Poncy : voir la transcription des lettres en ligne sur le site http://sand.nightangel.fr consacré à George Sand : aller sur le site.
- Correspondance de Charles Poncy à George Sand, Paris, Bibliothèque historique de la ville de Paris, fonds George Sand, G 3112-G 3142
voir la notice dans le Catalogue Collectif de France
- Correspondance de Solange Clésinger-Sand et de Charles Poncy. 1863-1891 BnF Cote NAF 14661-14662
voir la notice dans le Catalogue Collectif de France
Maçon et protégé de George Sand, il s’est fait une place dans la génération des poètes-ouvriers d’expression française. Sa langue toulonnaise s’exprime principalement dans l’Armana Prouvençau. Il est élu Majoral du Félibrige en 1881.
Poncy, Charles (forme référentielle française)
< Louis-Charles Poncy (forme complète d'état-civil)
< Carle Poncy (forme occitane du nom)
< Charle Poncy (forme occitane du nom)
< Cascavèu (pseudonyme)
< De Profundis (pseudonyme)
Charles Poncy est né le 4 avril 1821 à Toulon. Il est le second fils de Nicolas-Joseph Poncy, maçon toulonnais originaire de Marseille, et de Françoise Gazan, de Toulon.
Il commence son apprentissage de maçon dès l’âge de neuf ans, dans le « chantier » qu’il forme avec son père et son frère aîné. Il suit une courte scolarité qui lui donne le goût de la lecture. Il fait le reste de sa formation littéraire et savante française en autodidacte dans Le Magasin pittoresque, journal mensuel et bon marché, sorte d’encyclopédie populaire très répandue.
Ce serait un médecin, venu soigner son père, qui aurait découvert les talents de Charles Poncy et l'aurait introduit en 1840 à l’Académie des Sciences et Belles-Lettres de Toulon où sont lus en séance publique ses premiers poèmes.
Le jeune poète-maçon jouit rapidement d’une certaine popularité à Toulon puis à Paris. Dès 1841 la Revue Indépendante publie ses poèmes, par l’entremise de François Arago. Co-fondatrice de la revue, George Sand fait, sous le pseudonyme de Gustave Bonnin, un commentaire élogieux sur la poésie de Poncy, dans le numéro du 1er novembre 1841.
Sous l'influence de ses protecteurs, Poncy oriente ses lectures vers des poètes tels que Hugo ou Lamartine et en profite pour améliorer sa maîtrise du français, sa langue maternelle étant l'occitan. Mais c’est Ortolan, jurisconsulte et professeur de Droit à la faculté de Paris, toulonnais et saint-simonien, qui s’enthousiasme le plus pour Poncy : il ouvre une souscription pour publier en recueil les poèmes du jeune Poncy, souscription rapidement couverte. En mars 1842 paraît le premier recueil, Marines (Paris : éditions Lavigne).
Mais Marines a confirmé l’intérêt que lui portait George Sand, qui commence à lui écrire en avril 1842. C’est le début d’une longue amitié qui ne cesse qu’à la mort de George Sand, en 1876. L’importante correspondance entre George Sand et Charles Poncy est la source majeure pour connaître la personnalité de Poncy. On y voit une George Sand maternelle et qui dirige l’éducation d’un jeune poète, dans le sens de la cause qu’elle défend, en faveur de l’émancipation et de l’instruction des classes populaires. Le soutien de George Sand fait naître des ambitions de consécration chez le poète. Il s’obstine à vouloir être publié à Paris malgré les coûts que cela représente, sans pour autant vouloir quitter sa ville ni, dans un premier temps, son métier de maçon. Il suit avec une relative docilité les orientations littéraires et morales qu’elle lui conseille de prendre.
D'autres recueils suivront Marines, mais leur succès reste relatif. Seules quelques revues consacrent des articles aux poèmes de Poncy, notamment des revues intéressées par l'émancipation populaire comme la Revue indépendante et la Ruche populaire, journal local dirigé par le chansonnier Vinçard à tendance socialiste. Sa petite notoriété lui permet tout de même, lors d'un passage à Paris en 1845, d’être reçu dans les salons et de rencontrer quelques-uns des grands écrivains du temps.
Il vit de son métier de maçon jusqu'en 1848, année pendant laquelle il se présente à l’Assemblée Constituante. Une lettre de George Sand, datée du 9 mars 1848 l’invite à se présenter comme député républicain, pour laisser aux ouvriers le soin de « dire leurs besoins, leurs inspirations » dans le cadre de la République. Cependant, s’il est sensible aux questions sociales, qui apparaissent dans sa poésie, et s’il assimile en partie l’idéologie de sa protectrice, il ne semble pas absolument investi dans l’action politique et ne sera d’ailleurs pas élu. Poncy ne sera jamais vraiment le poète prolétaire tant espéré par George Sand et s'il parle de sa condition d'ouvrier, il reste plutôt un poète régional qui dit Toulon et la Méditerranée.
Après avoir étudié le droit et la géométrie, il finit par s’affranchir de sa condition d’ouvrier, contre les avis de ses protecteurs. À partir de 1849, il occupe plusieurs postes dans différentes administrations. En 1850 il devient vice-président de la Société des Sciences et Belles-Lettres de Toulon, et en 1860 il reçoit la Légion d’Honneur.
Il ne cesse pas de publier pour autant, mais sa verve semble s’amenuiser.
Il meurt le 30 janvier 1891 à Toulon, sans avoir laissé le souvenir d’un poète de grand talent : on lui prête des défauts souvent reprochés aux poètes qui ont eu une éducation littéraire autodidacte et assez laborieuse. Le fait de vouloir trop imiter les grands maîtres de la littérature au détriment de sa propre sensibilité poétique lui a fait produire des œuvres jugées un peu « forcées » et lourdes, inférieures en qualité au modèle suivi, et dépourvues de l’originalité, de « l’authenticité » qu’on attendait de lui en tant que prolétaire.
Pour autant sa ville ne l’oublie pas complètement et ne le traite pas si sévèrement que l’intelligentsia parisienne : une plaque a été posée sur sa maison et la rue porte son nom depuis 1911.
Resté toute sa vie très attaché à sa ville, il commence à produire quelques poèmes en occitan provençal, sa langue maternelle, après les événements de 1848. Ceux-ci paraissent dans l’Armana Prouvençau à partir de 1860 et dans quelques autres revues locales. Ses poèmes seront publiés plus tard dans La Pignato, à Toulon. Il participe au mouvement félibréen et entretient des relations avec les figures du mouvement en Provence, Mistral, Aubanel mais surtout Roumanille. Il est élu majoral du Félibrige (Cigalo di Mauro) en 1881.
Il reste cependant une personnalité assez mineure de la littérature d’expression occitane.
Quasiment absent des ouvrages d’histoire littéraire occitane, il est éventuellement mentionné (C. Camproux, Histoire de la littérature occitane, 1953, rééd. 1971, p. 148 e J. Rouquette, La Littérature d'oc, Que sais-je? 1963, p. 83) aux côtés des poètes-ouvriers occitans tels que Jasmin, Reboul, Peyrottes, etc. É. Ripert lui consacre une sous-partie dans la Renaissance provençale et un paragraphe dans Le Félibrige, et J. Fourié le compte dans les entrées de son dictionnaire. Mistral le cite dans une note de Mirèio (chant VI, note II), aux côtés d’autres écrivains d’expression française originaires du Midi. Mais, localement, son prestige d'auteur français reconnu à Paris lui a valu l'hommage, en provençal, d'écrivains de Toulon : outre son frère Alexandre, Louis Pélabon ou Etienne Garcin.
Quelques hommages lui sont rendus au moment du centenaire de sa mort dans des revues telles que Lou felibrige, Prouvenço d’aro et, à Toulon, La Targo et le Bulletin des Amis du Vieux Toulon. Son frère, Alexandre Poncy (1823-1870), maçon lui aussi, est l’auteur d’un recueil de Pouesios prouvençalos (Toulon : impr. F. Monge, 1845).
Occitan
Voir les publications de Charles Poncy référencées dans
Le Trobador, catalogue international de la documentation occitane
Français
- Marines. Paris : éditions Lavigne, 1842 [préface de M. Ortolan]
- Le Chantier : poésies nouvelles. Paris : Perrotin, 1844 [préface de George Sand]
- Toulon, faible revue d’une ville forte. Toulon : Monge, 1845
- Poésies de Charles Poncy, ouvrier maçon de Toulon : Marines - Le Chantier. Paris : Société de l’industrie fraternelle, 1846 [nouvelle édition entièrement refondue par l’auteur]
- La chanson de chaque métier. Paris : Cormon, 1850 ; rééd. Portraits de 76 métiers, sur des airs populaires.
- Fragments du Bouquet de marguerites. Toulon, 1851.
- Un coin des Alpes à Moustiers. Toulon : Aurel, 1855
- Marguerite, ou le Frère et la Sœur. comédie en 1 acte, en vers, imitée de Goethe, Toulon : Impr. de E. Aurel, 1858
- Le gabier de Tamaris. Toulon : Milhière, 1862
- Œuvres complètes. Paris, Hachette, 1867-1873, 9 vol. I. Marines, 1867 ; II. Le Chantier, 1868 ; III. Bouquet de Marguerites, 1868 ; IV. La Chanson de chaque Métier, 1868 ; V. Regains, 1868 ; VI.-IX. Contes et Nouvelles, 1869-1873 (contient quelques poésies en occitan)
- La Loire. Toulon : Milhière, 1869.
- Toast à George Sand. Toulon : Milhière, 1876
- Reliquaire. Toulon : Massonne, 1879.
- Toulon après le choléra de 1884. Toulon : Impr. de A. Isnard, 1884
- Choses d’antan et d’aujourd’hui : Tamaris et les Sablettes avant et depuis Michel-Pacha. Toulon : Impr. de A. Isnard, 1889
- 12 lettres de George Sand à Charles Poncy : voir la transcription des lettres en ligne sur le site http://sand.nightangel.fr consacré à George Sand : aller sur le site.
- Correspondance de Charles Poncy à George Sand, Paris, Bibliothèque historique de la ville de Paris, fonds George Sand, G 3112-G 3142
voir la notice dans le Catalogue Collectif de France
- Correspondance de Solange Clésinger-Sand et de Charles Poncy. 1863-1891 BnF Cote NAF 14661-14662
voir la notice dans le Catalogue Collectif de France
Maçon e protegit de George Sand, s’es fach una plaça dins la generacion dels poètas-obrièrs d’expression francesa. Sa lenga tolonenca s’exprimís principalament dins l’Armana Prouvençau. Es elegit Majoral del Felibritge en 1881.
Poncy, Charles (forma referenciala francesa)
< Louis-Charles Poncy (forma completa d'estat-civil)
< Carle Poncy (forma occitana del nom)
< Charle Poncy (forma occitana del nom)
< Cascavèu (pseudonim)
< De Profundis (pseudonim)
Carle Poncy es nascut lo 4 d’abril 1821 a Tolon. Es lo second filh de Nicolas-Joseph Poncy, maçon tolonenc originari de Marselha, e de Françoise Gazan, de Tolon.
Comença son aprendissatge de maçon tre l’atge de nòus ans, dins lo « chantier » que forma amb son paire e son fraire ainat. Seguís una corta escolaritat que li dona lo gost de la lectura. Fa lo demai de sa formacion literària e sabenta en autodidacte dins lo Magasin Pittoresque, jornal mesadièr e bon mercat, mena d’enciclopèdia populara fòrça espandida.
Seriá un metge, vengut sonhar son paire, qu’auriá descobèrt los talents de Carle Poncy e l’auriá introduch en 1840 a l’Acadèmia de las Sciéncias e Bèlas-Letras de Tolon ont son legits en sesilha publica sos primièrs poèmas.
Lo jove poèta-obrièr gaudís rapidament d’una cèrta popularitat a Tolon puèi a París. Tre 1841 la Revue Indépendante publica sos poèmas, per l’entremesa de François Arago. Co-fondadoira de la revista, George Sand, jos lo pseudonim de Gustave Bonnin, fa un comentari elogiós sus la poesia de Poncy, dins lo numero del 1èr de novembre de 1841.
Jos l’influéncia de sos protectors, Poncy dirigís sas lecturas vèrs de poètas coma Hugo o Lamartine e ne profiècha per melhorar sa mestresa del francés, puèi que sa lenga mairala es l’occitan. Mas es Ortolan, jusrisconsulte e professor de Drech a la facultat de París, tolonenc e sant-simonian, que mòstra lo mai d’estrambòrd : dobrís una soscripcion per publicar en recuèlh los poèmas del jove Poncy, soscripcion lèu cobèrta. En mars de 1842 pareis lo primièr recuèlh, Marines (París : edicions Lavigne).
Mas Marines a confirmat l'interès que li portava George Sand, que comença de li escriure en abril de 1842. Es la debuta d'una longa amistat que s'acaba pas qu'amb la mòrt de George Sand, en 1876. L'importanta correspondéncia entre George Sand e Carle Poncy es la sorsa màger per conéisser la personalitat de Poncy. S'i vei una George Sand mairala que dirigís l'educacion del jove poèta, dins lo sens de la causa que defend, en favor de l'emancipacion e de l'instruccion de las classas popularas. Lo sosten de George Sand fa nàisser d'ambicions de consecracion a cò del poèta. S'obstina a voler èsser publicat a París malgrat los còstes qu'aquò representa, sens voler pasmens daissar sa vila ni, dins un primièr temps, son mestièr de maçon. Seguís amb una docilitat relativa las orientacions literàrias e moralas que Sand li conselha de prene.
D'autres recuèlhs seguiràn Marines, mas lor succès demòra relatiu. Sonque d'unas revistas consacran d'articles als poèmas de Poncy, mai que mai de revistas interessadas per l'emancipacion populara coma la Revue Indépendante e la Ruche Populaire, jornal local dirigit per lo cançonièr Vinçard a tendéncia socialista. Sa pichòta notorietat li permet, a l'escasença d'un passatge a París en 1845, d'èsser recebut dins los salons e de rescontrar d'unes dels grands escrivans del temps.
Viu de son mestièr de maçon fins a 1848, annada pendent laquala se presenta a l'Assemblada Constituenta. Una letra de George Sand, datada del 9 de mars 1848 lo convida a se presentar coma deputat republican, per daissar als obrièrs lo suènh de « dire lors besonhs, lors inspiracions » dins l'encastre de la Republica. Totun, s'es sensible a las questions socialas, qu'apareisson dins sa poesia, e se assimila en partida l'ideologia de sa protectritz, sembla pas absoludament investit dins l'accion politica e serà d'alhors pas elegit. Poncy serà pas jamai lo poèta proletari tant esperat per George Sand e se parla de sa condicion d'obrièr, es puslèu un poèta regional que ditz Tolon e la Mediterranèa.
Après aver estudiat lo drech e la geometria, finís per s'afranquir de sa condicion d'obrièr contra los avises de sos protectors. A comptar de 1849, ocupa mai d'un pòste dins diferentas administracions. En 1850 ven vice-president de la Societat de Sciéncias e Bèlas-Letras de Tolon, e en 1860 recep la Legion d'Onor. Quita pas de publicar per aquò, mas son inspiracion sembla de demesir.
Morís lo 30 de genièr 1891 a Tolon, sens aver daissat lo sovenir d'un poèta de grand talent : li son prestats de defauts sovent reprochats als poètas qu'an agut una educacion literària autodidacta e pro laboriosa. Lo fach de voler tròp imitar los grands mèstres de la literatura al detriment de sa pròpria sensibilitat poetica li a fach produire d'òbras jutjadas un pauc « forçadas » e pesugas, inferioras en qualitat al modèl seguit, e desprovesidas de l'originalitat, de « l'autenticitat » esperada d'el coma proletari.
Sa vila lo doblida pas completament per aquò e lo tracta pas amb tant de severitat que l'intelliguenzia parisenca : una placa foguèt pausada sus son ostal e la carrièra pòrta son nom dempuèi 1911.
Demorat tota sa vida fòrça estacat a sa vila, comencèt de produire d'unes poèmas en occitan provençal, sa lenga mairala, aprèp los eveniments de 1848. Aquestes pareisson dins l'Armana Prouvençau a comptar de 1860 e dins d'unas autras revistas localas. Sos poèmas seràn publicats mai tard dins La Pignato, a Tolon. Participa al movement felibrenc e entreten de relacions amb las figuras del movement en Provença, Mistral, Aubanèl e subretot Romanilha. Es elegit majoral del Felibritge (Cigalo di Mauro) en 1881.
Demòra pasmens una personalitat pro menora de la literatura d'expression occitana. Gaireben absent dels obratges d'istòria literària occitana, es eventualament mencionat (C. Camproux, Histoire de la littérature occitane, 1953, rééd. 1971, p. 148 e J. Rouquette, La Littérature d'oc, Que sais-je? 1963, p. 83) a costat dels poètas-obrièrs coma Jasmin, Reboul, Peyrottes, etc. E. Ripert li consacra una sota-partida dins la Renaissance provençale e un paragraf dins Le Félibrige, e J. Fourié lo compta dins las entradas de son diccionari. Mistral lo cita dins una nòta de Mirèio (cant VI, nòta II), a costat d'autres escrivans d'expression francesa originaris del Miègjorn. Mas localament, son prestigi d'autor francés reconegut a París li valguèt l'omenatge d'escriveires d'òc de Tolon : fòra son fraire Alexandre, Lois Pelabon o Estève Garcin.
Qualques omenatges li son renduts al moment del centenari de sa mòrt dins de revistas coma Lou Felibrige, Prouvenço d'aro e, a Tolon, La Targo e lo Bulletin des Amis du Vieux Toulon. Son fraire, Alexandre Poncy (1823-1870), maçon el tanben, es l'autor d'un recuèlh de Pouesios Prouvençalos (Tolon : impr. Monge, 1845).
Occitan
Véser las publicacions de Carle Poncy referenciadas dins
Lo Trobador, catalòg internacional de la documentacion occitana
Francés
- Marines. París : edicions Lavigne, 1842 [prefaci de M. Ortolan]
- Le Chantier : poésies nouvelles. París : Perrotin, 1844 [prefaci de George Sand]
- Toulon, faible revue d’une ville forte. Tolon : Monge, 1845
- Poésies de Charles Poncy, ouvrier maçon de Toulon : Marines - Le Chantier. París : Société de l’industrie fraternelle, 1846 [novèla edicion entièirament refonduda per l’autor]
- La chanson de chaque métier. París : Cormon, 1850 ; rééd. Portraits de 76 métiers, sur des airs populaires.
- Fragments del Bouquet de marguerites. Tolon, 1851.
- Un coin des Alpes à Moustiers. Tolon : Aurel, 1855
- Marguerite, ou le Frère et la Sœur. comèdia en 1 acte, en vèrses, imitada de Goethe, Tolon : Impr. de E. Aurel, 1858
- Le gabier de Tamaris. Tolon : Milhière, 1862
- Œuvres complètes. París, Hachette, 1867-1873, 9 vol. I. Marines, 1867 ; II. Le Chantier, 1868 ; III. Bouquet de Marguerites, 1868 ; IV. La Chanson de chaque Métier, 1868 ; V. Regains, 1868 ; VI.-IX. Contes et Nouvelles, 1869-1873 (conten d'unas poesias en occitan)
- La Loire. Tolon : Milhière, 1869.
- Toast à George Sand. Tolon : Milhière, 1876
- Reliquaire. Tolon : Massonne, 1879.
- Toulon après le choléra de 1884. Tolon : Impr. de A. Isnard, 1884
- Choses d’antan et d’aujourd’hui : Tamaris et les Sablettes avant et depuis Michel-Pacha. Tolon : Impr. de A. Isnard, 1889
- 12 letras de George Sand a Carle Poncy : véser la transcripcion de las letras en linha sus lo site http://sand.nightangel.fr consacrat a George Sand : anar sus lo site.
- Correspondéncia de Carle Poncy a George Sand, París, Bibliothèque historique de la ville de Paris, fons George Sand, G 3112-G 3142
véser la notícia dins lo Catalogue Collectif de France
- Correspondéncia de Solange Clésinger-Sand e de Carle Poncy. 1863-1891 BnF Cote NAF 14661-14662
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Ouvrages et articles spécifiques
- BLANCHET Paul. « Carle Poncy : Charradisso de Mèstre Pau Blanchet pèr l’Escolo de la Targo... » dans : La Targo, 15 et 16, 1994.
- FAHMY Dorrya. Charles Poncy, poète-maçon, 1821-1891 : thèse complémentaire pour le doctorat ès lettres présentée devant la Faculté des lettres de l'Université de Paris, 1934
- Lou Felibrige, n°11, t. IV, febrié 1891, p. 214, necrologia
- Lou Felibrige, n°200, 2ème trimestre 1991, p. 10, “Carle Poncy (Touloun 1821-1891)”, R. Jonnekin, suivi du poème “L’istòri de Chouas”. Cet article a été publié dans Prouvenço d’Aro, n°50, octobre 1991
Ouvrages généraux
- BONDILH H. et A. LACROIX. Les Ouvriers-poètes, suivis des prosateurs, leurs biograhies et portraits, appréciation et fragmens de leurs œuvres. Première partie, Paris : Au comptoir des Imprimeurs-Unis ; Marseille : chez Deretz Jeune, 1845
- FOURIÉ Jean. Dictionnaire des auteurs de langue d'oc : de 1800 à nos jours. Paris : Les Amis de la langue d'oc, 1994, 2ème édition revue et augmentée, Aix, Félibrige, 2009.
- GIMET François. Les Muses prolétaires, Paris : Emile Fareu, 1856
- HENNION Constant. Les fleurs félibresques, poésies provençales et languedociennes modernes, mises en vers français par Constant Hennion. Paris : Union générale de la librairie ; Aix : F. Guitton Talamel ; Avignon : J. Roumanille, 1883
- LEFÈVRE Edmond. Les Majoraux du Félibrige, des origines à nos jours (21 mai 1878 - 21 avril 1901). Marseille : Paul Ruat, 1901
- MARICOURT Thierry. Dictionnaire des auteurs prolétariens de langue française de la Révolution à nos jours. Amiens : Encrage, 1994, p. 190.
- MERLE, René. Inventaire du texte provençal de la région toulonnaise. s.l. : GRAICHS, 1986.
- MILLOT H., VINCENT MUNNIA N., SCHAPIRA M. C., et al. La poésie populaire en France au XIXème siècle, Théories, pratiques et réception. Tusson : Du Lérot, 2005.
- RIPERT Émile. La Renaissance Provençale (1800-1860). Paris : Champion ; Aix-en-Provence : Dragon, 1917.
- RIPERT Émile. Le Félibrige. Paris : Armand Colin, 3ème éd. revue et complétée, 1948, pp 30-31
- ROCHEBLAVE Samuel. « Georges Sand. Lettres à Poncy. La littérature prolétaire - Vers la Révolution (1842 - 1848) », la Revue des deux-mondes, 1909
- SAND Georges. « Poésie », Revue indépendante, 1er novembre 1841, p. 248.
Roux, Joseph (1834-1905)
Joseph Roux est né le 19 avril 1834 à Tulle, dernier venu d'une fratrie nombreuse, fils d'un cordonnier plutôt aisé.
Destiné tôt au clergé, il commence son parcours d'écolier chez les Frères de Tulle, puis il passe au Petit Séminaire de Servières-le-Château, au Collège de Tulle, au Petit Séminaire de Brive et enfin au Grand Séminaire de Tulle.
Il présente « un goût profond pour les auteurs classiques et pour le latin », selon les mots de Joseph Nouaillac1.
Il est ordonné prêtre en 1858. Il est professeur au Petit Séminaire de Brive pendant quelque temps mais la situation ne lui convient pas et il obtient le poste de vicaire à Varetz. Il écrit ses Hymnes et Poésies en l'Honneur de la Vierge Marie (publiés en 1865). En 1864 il est nommé à Saint-Sylvain, localité qui ne lui agrée pas mais où il lui faudra pourtant rester douze longues années dans l'isolement. L'endroit est décrit par Nouaillac comme un fond de vallée encaissée, austère et sombre. Il se met à remplir des cahiers de pensées et maximes qui feront l'objet d'une brochure en 1866 sous le titre Pensées (maximes, études, images).
En 1870, pour se sortir de Saint-Sylvain, il accepte un poste de précepteur en Normandie, qu'il lui faut laisser au bout de quelques mois à cause de la guerre.
Il revient à Saint-Sylvain jusqu'en 1876, date à laquelle il obtient enfin une autre place de prêtre à Saint-Hilaire-Peyrou. C'est durant ces années qu'il commence à se consacrer sérieusement à des études sur la langue et à sa production littéraire en occitan.
En 1885, les Pensées sont publiées à Paris. C'est Paul Mariéton2 qui, dans un premier temps, fait paraître les pensées et maximes dans la Revue Lyonnaise (entre autres) et devant le succès, entreprend une sélection qui sera publiée en recueil chez Lemerre. La renommée de Roux ne se fait pas attendre dans le milieu intellectuel français et international, globalement plutôt bienveillant. Des noms comme Ernest Renan (1823-1892, homme de lettres), Francisque Sarcey (1827-1899, critique et journaliste), Elme Caro (1826-1887, philosophe et critique littéraire), Félicien Champsaur (1858-1934, journaliste) ou Jules Lemaître (1853-1914, critique et écrivain) ont signé des conférences et articles sur le recueil et sur son auteur. Les Pensées furent traduites en anglais et étudiées en Allemagne. Un Prix Montyon de 1500 francs lui est remis en 1886 par l'Académie Française. Un "bémol", toutefois : le chapitre sur les paysans est jugé trop sévère, dans le milieu "bien-pensant", de la part d'un homme de Dieu. Pour certains commentateurs, il révèle plutôt une vision réaliste et lucide pas si dédaigneuse.
En 1886 il est nommé chanoine de Tulle. Sa volonté de devenir évêque ne sera jamais satisfaite.
Les Nouvelles Pensées, constituées en substance de ce que Mariéton n'avait pas sélectionné pour le premier recueil, paraissent en 1887, et leur réception plutôt négative a un goût amer pour Roux qui s'investit toujours plus dans les activités félibréennes.
En 1897 il obtient la croix de la Légion d'Honneur.
Il meurt de maladie (grippe ou bronchopneumonie), à Tulle, le 4 février 1905.
Une plaque commémorative a été posée sur sa maison. Un médaillon façonné par la sculptrice et graveuse Geneviève Granger-Chanlaine (1877-1967) a été inauguré en 1934. Quelques années avant sa mort, son portrait a été peint par les sœurs Cécile et Marie Desliens (artistes peintres, respectivement 1853-1937 et 1856-1938) et exposé au Salon de 1901 de la Société Nationale des Beaux-Arts à Paris3.
Dans son article « Histoire d'un curé de campagne », Jean Nesmy4 évoque le climat maussade et l'environnement triste qui auraient fait de Roux un enfant puis un homme grave, sérieux. L'abbé est généralement décrit comme un homme imposant, haut, large d'épaules, au regard clair et la voix puissante. Ses ambitions et son franc-parler, ainsi que sa notoriété, ne sont pas du goût de tout le monde et il en souffrira toute sa vie.
Il connaît la langue depuis toujours, il connaît aussi les proverbes et les légendes du pays, entendus dans la rue et dans la campagne, pendant son enfance comme pendant sa carrière de prêtre. Il s'essaie de bonne heure à la versification en français, en occitan mais aussi en latin et toute sa vie durant il ressent le besoin d'écrire. C'est ainsi qu'en 1874, il présente à l'occasion du Vème centenaire de la mort de Pétrarque à Avignon un sonnet en occitan qui sera couronné. Il rencontre alors Mistral, Roumanille, Aubanel et d'autres félibres qui l'encouragent à continuer. En 1976 il est élu Majoral du Félibrige (« Cigale du Limousin »). Il participe aux fêtes latines de Montpellier en 1878.
Depuis les années 1870, Joseph Roux est largement publié dans les revues locales de Corrèze, mais pas seulement, et ses écrits en français et en occitan sont connus des lecteurs de la Revue des Langues Romanes, la Revue Lyonnaise, la Revue du Monde Latin, la Revue félibréenne, la Gazette d'Augsbourg et d'autres encore. Dans la Revue des Langues Romanes, ont été publiés entre autres les premiers épisodes de son « épopée », la Chansou Lemouzina, qui seront récompensés en 1882 du rameau vert de laurier à Montpellier.
La Chansou Lemouzina, publiée en 1889, est composée de vingt-quatre poèmes lyriques, chacun peignant un épisode de l'histoire ou du légendaire du bas-Limousin depuis le Vème jusqu'au XIXème siècle (à noter que l'héroïne de « Marguerite Chastang » est sa propre mère). Les félibres limousins n'hésitent pas à comparer Roux à Mistral, et la Chansou à Mirèïo ou Calendal.
L'abbé recevra plusieurs autres récompenses au cours de sa carrière, aux Jeux Floraux d'Avignon, Apt, Forcalquier ou encore au concours de la Société Archéologique de Béziers (médaille d'argent en 1877 et en 1878).
Sa littérature compte aussi des poèmes, des fables, une série de Rustiques (textes en français qui mettent en scène les usages populaires et les croyances du Limousin) pour la plupart publiés dans la presse ou restés manuscrits. On peut ajouter des énigmes et proverbes collectés et publiés.
En 1893 il participe à la création de l'École Limousine à Brive et il en devient le capiscòl. La société parisienne la Ruche Corrézienne vient d'être créée aussi et ses membres sont en relation étroite avec les félibres de la province. Roux collabore à la revue Lemouzi, organe de l'école. D'autres écoles naissent dans les villes alentours et forment une fédération d'écoles limousines dont Roux sera le chaptal. La Sainte-Estelle de 1895 est organisée à Brive. Joseph Roux, admiré pour son esprit combatif, sert de figure tutélaire à la renaissance limousine portée par un groupe de félibres enthousiastes. On peut citer entre autres Sernin Santy (1850-1906), un des fondateurs du Félibrige limousin et de la revue ; Johannès Plantadis (1864-1922), historien et ethnologue, animateur de la Ruche Corrézienne à Paris ; Marguerite Genès (1868-1955), institutrice et poétesse ; Eusèbe Bombal (1827-1915), érudit, archéologue et écrivain ; plus récemment Robert Joudoux (1939-2016), homme de lettres, directeur de Lemouzi.
L'abbé s'est investi de bonne heure dans ce qu'il considérait comme un travail d'épuration de la langue nécessaire après des siècles de dégâts causés par l'influence du français, tant dans la graphie que dans le vocabulaire. Il étudie des textes anciens et en particulier les textes des troubadours, en raison d'une origine limousine historique prêtée aux premiers troubadours. Il collecte aussi de la matière dans le parler de ses contemporains : proverbes, énigmes (« sourcelages » selon son mot), légendes et autres. À partir de ses observations, il reconstitue une graphie inspirée de celle des textes médiévaux et s'efforce de retirer tout emprunt au français.
Cette tâche donne lieu d'une part à une Grammaire Limousine, qui paraît d'abord par morceaux dans la revue Lemouzi avant de faire l'objet d'une édition en 1895, et à un dictionnaire de l'ambition du Trésor du Félibrige, la Lengua d'Aur, resté à l'état de manuscrit. Dans une lettre à Plantadis datée du 21 février 19055, Mistral témoigne de sa reconnaissance à Roux, pour le prêt de son manuscrit comme contribution au Trésor. Certains commentateurs du travail de Roux le voient comme un précurseur, avec Auguste Fourès (1848-1891) et même Mistral, de la graphie élaborée par Antonin Perbosc (1861-1944) et Prosper Estieu (1860-1939). L'abbé Joseph Salvat (1889-1972) dit : « Ce que Mistral avait entrevu, ce que Roux avait entrepris, Estieu et Perbosc, nos maîtres de l'Escola Occitana, l'ont réalisé »6. Mais une telle entreprise ne peut pas faire l'unanimité, et Nesmy évoque les détracteurs accusant l'abbé de créer une langue littéraire et fictive, que le peuple ne pourra pas lire ni comprendre. Le Félibrige limousin soutient l'abbé dans sa démarche, les détracteurs sont probablement plutôt des limousins extérieurs au Félibrige, ou éventuellement des gens, félibres ou non, étrangers au Limousin. La graphie dite mistralienne a fait son chemin et est très populaire dans l'espace occitan, adaptée ici et là dans son application. Cependant l'abbé Roux est aujourd'hui retenu comme un des acteurs de la construction graphique de l'occitan.
1-« Joseph Roux et la renaissance limousine », Lemouzi, 1905, p. 75. Joseph Nouaillac (1880-1947) fut professeur et historien spécialiste du Limousin.
2-Paul Mariéton (1862-1911), poète, félibre, fondateur de la Revue Félibréenne.
3-L'Intransigeant, 22 avril 1901, pp. 1 e 3.
4-La Revue hebdomadaire, 1905, n°27, pp. 167-195. Jean Nesmy est le pseudonyme de Henry Surchamp (1876-1959), écrivain régionaliste.
5-Reproduite dans Lemouzi, 1905, p. 102.
6-Lo Gai Saber, numéro spécial, avril 1934, n°114, p. 379.
Joseph Roux est un prêtre du canton de Tulle, en Corrèze. Il est connu avant tout comme l'auteur d'un recueil en français, Pensées, qui l'a rendu célèbre en France et à l'étranger. Il se consacre ensuite à la renaissance limousine en participant activement au Félibrige. Ses œuvres principales en occitan sont la Chansou Lemouzina et la Grammaire Limousine.
Roux, Joseph (1834-1905)
Joseph Roux est né le 19 avril 1834 à Tulle, dernier venu d'une fratrie nombreuse, fils d'un cordonnier plutôt aisé.
Destiné tôt au clergé, il commence son parcours d'écolier chez les Frères de Tulle, puis il passe au Petit Séminaire de Servières-le-Château, au Collège de Tulle, au Petit Séminaire de Brive et enfin au Grand Séminaire de Tulle.
Il présente « un goût profond pour les auteurs classiques et pour le latin », selon les mots de Joseph Nouaillac1.
Il est ordonné prêtre en 1858. Il est professeur au Petit Séminaire de Brive pendant quelque temps mais la situation ne lui convient pas et il obtient le poste de vicaire à Varetz. Il écrit ses Hymnes et Poésies en l'Honneur de la Vierge Marie (publiés en 1865). En 1864 il est nommé à Saint-Sylvain, localité qui ne lui agrée pas mais où il lui faudra pourtant rester douze longues années dans l'isolement. L'endroit est décrit par Nouaillac comme un fond de vallée encaissée, austère et sombre. Il se met à remplir des cahiers de pensées et maximes qui feront l'objet d'une brochure en 1866 sous le titre Pensées (maximes, études, images).
En 1870, pour se sortir de Saint-Sylvain, il accepte un poste de précepteur en Normandie, qu'il lui faut laisser au bout de quelques mois à cause de la guerre.
Il revient à Saint-Sylvain jusqu'en 1876, date à laquelle il obtient enfin une autre place de prêtre à Saint-Hilaire-Peyrou. C'est durant ces années qu'il commence à se consacrer sérieusement à des études sur la langue et à sa production littéraire en occitan.
En 1885, les Pensées sont publiées à Paris. C'est Paul Mariéton2 qui, dans un premier temps, fait paraître les pensées et maximes dans la Revue Lyonnaise (entre autres) et devant le succès, entreprend une sélection qui sera publiée en recueil chez Lemerre. La renommée de Roux ne se fait pas attendre dans le milieu intellectuel français et international, globalement plutôt bienveillant. Des noms comme Ernest Renan (1823-1892, homme de lettres), Francisque Sarcey (1827-1899, critique et journaliste), Elme Caro (1826-1887, philosophe et critique littéraire), Félicien Champsaur (1858-1934, journaliste) ou Jules Lemaître (1853-1914, critique et écrivain) ont signé des conférences et articles sur le recueil et sur son auteur. Les Pensées furent traduites en anglais et étudiées en Allemagne. Un Prix Montyon de 1500 francs lui est remis en 1886 par l'Académie Française. Un "bémol", toutefois : le chapitre sur les paysans est jugé trop sévère, dans le milieu "bien-pensant", de la part d'un homme de Dieu. Pour certains commentateurs, il révèle plutôt une vision réaliste et lucide pas si dédaigneuse.
En 1886 il est nommé chanoine de Tulle. Sa volonté de devenir évêque ne sera jamais satisfaite.
Les Nouvelles Pensées, constituées en substance de ce que Mariéton n'avait pas sélectionné pour le premier recueil, paraissent en 1887, et leur réception plutôt négative a un goût amer pour Roux qui s'investit toujours plus dans les activités félibréennes.
En 1897 il obtient la croix de la Légion d'Honneur.
Il meurt de maladie (grippe ou bronchopneumonie), à Tulle, le 4 février 1905.
Une plaque commémorative a été posée sur sa maison. Un médaillon façonné par la sculptrice et graveuse Geneviève Granger-Chanlaine (1877-1967) a été inauguré en 1934. Quelques années avant sa mort, son portrait a été peint par les sœurs Cécile et Marie Desliens (artistes peintres, respectivement 1853-1937 et 1856-1938) et exposé au Salon de 1901 de la Société Nationale des Beaux-Arts à Paris3.
Dans son article « Histoire d'un curé de campagne », Jean Nesmy4 évoque le climat maussade et l'environnement triste qui auraient fait de Roux un enfant puis un homme grave, sérieux. L'abbé est généralement décrit comme un homme imposant, haut, large d'épaules, au regard clair et la voix puissante. Ses ambitions et son franc-parler, ainsi que sa notoriété, ne sont pas du goût de tout le monde et il en souffrira toute sa vie.
Il connaît la langue depuis toujours, il connaît aussi les proverbes et les légendes du pays, entendus dans la rue et dans la campagne, pendant son enfance comme pendant sa carrière de prêtre. Il s'essaie de bonne heure à la versification en français, en occitan mais aussi en latin et toute sa vie durant il ressent le besoin d'écrire. C'est ainsi qu'en 1874, il présente à l'occasion du Vème centenaire de la mort de Pétrarque à Avignon un sonnet en occitan qui sera couronné. Il rencontre alors Mistral, Roumanille, Aubanel et d'autres félibres qui l'encouragent à continuer. En 1976 il est élu Majoral du Félibrige (« Cigale du Limousin »). Il participe aux fêtes latines de Montpellier en 1878.
Depuis les années 1870, Joseph Roux est largement publié dans les revues locales de Corrèze, mais pas seulement, et ses écrits en français et en occitan sont connus des lecteurs de la Revue des Langues Romanes, la Revue Lyonnaise, la Revue du Monde Latin, la Revue félibréenne, la Gazette d'Augsbourg et d'autres encore. Dans la Revue des Langues Romanes, ont été publiés entre autres les premiers épisodes de son « épopée », la Chansou Lemouzina, qui seront récompensés en 1882 du rameau vert de laurier à Montpellier.
La Chansou Lemouzina, publiée en 1889, est composée de vingt-quatre poèmes lyriques, chacun peignant un épisode de l'histoire ou du légendaire du bas-Limousin depuis le Vème jusqu'au XIXème siècle (à noter que l'héroïne de « Marguerite Chastang » est sa propre mère). Les félibres limousins n'hésitent pas à comparer Roux à Mistral, et la Chansou à Mirèïo ou Calendal.
L'abbé recevra plusieurs autres récompenses au cours de sa carrière, aux Jeux Floraux d'Avignon, Apt, Forcalquier ou encore au concours de la Société Archéologique de Béziers (médaille d'argent en 1877 et en 1878).
Sa littérature compte aussi des poèmes, des fables, une série de Rustiques (textes en français qui mettent en scène les usages populaires et les croyances du Limousin) pour la plupart publiés dans la presse ou restés manuscrits. On peut ajouter des énigmes et proverbes collectés et publiés.
En 1893 il participe à la création de l'École Limousine à Brive et il en devient le capiscòl. La société parisienne la Ruche Corrézienne vient d'être créée aussi et ses membres sont en relation étroite avec les félibres de la province. Roux collabore à la revue Lemouzi, organe de l'école. D'autres écoles naissent dans les villes alentours et forment une fédération d'écoles limousines dont Roux sera le chaptal. La Sainte-Estelle de 1895 est organisée à Brive. Joseph Roux, admiré pour son esprit combatif, sert de figure tutélaire à la renaissance limousine portée par un groupe de félibres enthousiastes. On peut citer entre autres Sernin Santy (1850-1906), un des fondateurs du Félibrige limousin et de la revue ; Johannès Plantadis (1864-1922), historien et ethnologue, animateur de la Ruche Corrézienne à Paris ; Marguerite Genès (1868-1955), institutrice et poétesse ; Eusèbe Bombal (1827-1915), érudit, archéologue et écrivain ; plus récemment Robert Joudoux (1939-2016), homme de lettres, directeur de Lemouzi.
L'abbé s'est investi de bonne heure dans ce qu'il considérait comme un travail d'épuration de la langue nécessaire après des siècles de dégâts causés par l'influence du français, tant dans la graphie que dans le vocabulaire. Il étudie des textes anciens et en particulier les textes des troubadours, en raison d'une origine limousine historique prêtée aux premiers troubadours. Il collecte aussi de la matière dans le parler de ses contemporains : proverbes, énigmes (« sourcelages » selon son mot), légendes et autres. À partir de ses observations, il reconstitue une graphie inspirée de celle des textes médiévaux et s'efforce de retirer tout emprunt au français.
Cette tâche donne lieu d'une part à une Grammaire Limousine, qui paraît d'abord par morceaux dans la revue Lemouzi avant de faire l'objet d'une édition en 1895, et à un dictionnaire de l'ambition du Trésor du Félibrige, la Lengua d'Aur, resté à l'état de manuscrit. Dans une lettre à Plantadis datée du 21 février 19055, Mistral témoigne de sa reconnaissance à Roux, pour le prêt de son manuscrit comme contribution au Trésor. Certains commentateurs du travail de Roux le voient comme un précurseur, avec Auguste Fourès (1848-1891) et même Mistral, de la graphie élaborée par Antonin Perbosc (1861-1944) et Prosper Estieu (1860-1939). L'abbé Joseph Salvat (1889-1972) dit : « Ce que Mistral avait entrevu, ce que Roux avait entrepris, Estieu et Perbosc, nos maîtres de l'Escola Occitana, l'ont réalisé »6. Mais une telle entreprise ne peut pas faire l'unanimité, et Nesmy évoque les détracteurs accusant l'abbé de créer une langue littéraire et fictive, que le peuple ne pourra pas lire ni comprendre. Le Félibrige limousin soutient l'abbé dans sa démarche, les détracteurs sont probablement plutôt des limousins extérieurs au Félibrige, ou éventuellement des gens, félibres ou non, étrangers au Limousin. La graphie dite mistralienne a fait son chemin et est très populaire dans l'espace occitan, adaptée ici et là dans son application. Cependant l'abbé Roux est aujourd'hui retenu comme un des acteurs de la construction graphique de l'occitan.
1-« Joseph Roux et la renaissance limousine », Lemouzi, 1905, p. 75. Joseph Nouaillac (1880-1947) fut professeur et historien spécialiste du Limousin.
2-Paul Mariéton (1862-1911), poète, félibre, fondateur de la Revue Félibréenne.
3-L'Intransigeant, 22 avril 1901, pp. 1 e 3.
4-La Revue hebdomadaire, 1905, n°27, pp. 167-195. Jean Nesmy est le pseudonyme de Henry Surchamp (1876-1959), écrivain régionaliste.
5-Reproduite dans Lemouzi, 1905, p. 102.
6-Lo Gai Saber, numéro spécial, avril 1934, n°114, p. 379.
Joseph Roux es un clèrgue del canton de Tula, en Corrèsa. Es conegut primièr coma l'autor d'un recuèlh en francés, Pensées, que l'a rendut famós en França e a l'estrangièr. Se consacra puèi a la renaissença lemosina en participant activament al Felibritge. Sas òbras màgers en occitan son la Chansou Lemouzina e la Grammaire Limousine.
Roux, Joseph (1834-1905)
Joseph Roux es nascut lo 19 d'abril de 1834 a Tula, darrièr vengut d'una frairia nombrosa, filh d'un sabatièr puslèu aisat.
Destinat d'ora al clergat, comença son percors d'escolan en cò dels Fraires de Tula, puèi passa al Pichon Seminari de Serviera, al Collègi de Tula, al Pichon Seminari de Briva e enfin al Grand Seminari de Tula.
Presenta « un gost prigond per los autors classics e per lo latin », segon los mots de Joseph Nouaillac1.
Es ordonat prèire en 1858. Fa lo professor al Pichon Seminari de Briva pendent un temps mas la situacion li conven pas e obten la posicion de vicari a Vares. Escriu sos Hymnes et Poésies en l'Honneur de la Vierge Marie (publicats en 1865). En 1864 es mandat coma prèire a Sent Silvan, localitat que li sembla pas tròp gaujosa mas ont li caldrà demorar dotze longas annadas dins l'isolament. L'endrech es descrich per Nouaillac coma un fond de valada encaissat, austèr e sorn. Comença d'emplenar de quasèrns de pensadas e maximas que faràn l'objècte d'una brocadura en 1866 jos lo títol Pensées (maximes, études, images).
En 1870, per se sortir de Sent Silvan, accepta un pòste de preceptor en Normandia, que li cal quitar al cap d'unes meses per causa de la guèrra.
Torna a Sent Silvan fins a 1876, data a la quala obten enfin una autra plaça de prèire a Sent Alari Peiros. Es dins aquelas annadas que comença de se consacrar seriosament a d'estudis sus la lenga e a sa produccion literària en occitan.
En 1885, las Pensées son publicadas a París. Es Paul Mariéton2 que, dins un primièr temps, fa paréisser las pensadas e maximas dins la Revue Lyonnaise (entre autre) e davant lo succès, entrepren una seleccion publicada en recuèlh a cò de Lemerre. La renommada de Roux se fa pas esperar dins lo mitan intellectual francés e internacional, globalament puslèu benvolent. De noms coma Ernest Renan (1823-1892, òme de letras), Francisque Sarcey (1827-1899, critic e jornalista), Elme Caro (1826-1887, filosòf e critic literari), Félicien Champsaur (1858-1934, jornalista) o Jules Lemaître (1853-1914, critic e escrivan) an signat conferéncias e articles sul recuèlh e sus son autor. Las Pensées foguèron traduchas en anglés e estudiadas en Alemanha. Un Prèmi Montyon de 1500 francs li es remés en 1886 per l'Académia Francesa. Un "bemòl", pasmens : lo capítol suls païsans es jutjat tròp sevèr, dins lo mitan "ben-pensant", de la part d'un òme de Dieu. Per d'unes comentators, revèla puslèu una vision realista e lucida pas tant desdenhosa.
En 1886 es nommat canonge de Tula. Sa volontat de venir evesque serà pas jamai satisfacha.
Las Nouvelles Pensées, constituïdas en substància de çò que Mariéton aviá daissat de caire per lo primièr recuèlh, pareisson en 1887, e lor recepcion puslèu negativa a un gost amar per Roux que s'investís que mai dins las activitats felibrencas.
En 1897 obten la crotz de la Legion d'Onor.
Morís de malautiá (gripa o broncho-pneumonia), a Tula, lo 4 de febrièr de 1905.
Una placa comemorativa es estada pausada sus son ostal. Un medalhon fargat per l'escultora e gravaira Geneviève Granger-Chanlaine (1877-1967) es estat inaugurat en 1934. Qualques annadas abans sa mòrt, son retrach es pintrat per las sòrres Cécile e Marie Desliens (artistas pintras, respectivament 1853-1937 e 1856-1938) e expasaut al Salon de 1901 de la Société Nationale des Beaux-Arts a París3.
Dins son article « Histoire d'un curé de campagne », Jean Nesmy4 evòca lo climat sorn e l'environament triste qu'aurián fach de Roux un enfant puèi un òme grèu, seriós. L'abat es generalament descrich coma un òme impausant, naut, larg d'espatlas, de l'agach clar e de la votz fòrta. Sas ambicions amb son franc-parlar, tal coma sa notorietat, son pas del gost de tot lo mond e se ne ressentirà tota sa vida.
Coneis la lenga dempuèi totjorn, coneis tanben los provèrbis e las legendas del canton, ausits dins la carrièra e dins lo campèstre, pendent son enfància coma pendent sa carrièra de prèire. S'assaja d'ora a la versificacion en francés, en occitan emai en latin e tota sa vida durant sentís lo besonh d'escriure. Es aital qu'en 1874, presenta a l'escasença del Ven centenari de la mòrt de Petrarca a Avinhon un sonet en occitan que serà coronat. Rescontra alara Mistral, Roumanille, Aubanel e d'autres felibres que l'encoratjan a contunhar. En 1976 es elegit Majoral del Felibritge (« Cigala del Lemosin »). Participa a las fèstas latinas de Montpelhièr en 1878.
Dempuèi las annadas 1870, Joseph Roux es largament publicat dins las revistas localas de Corresa, mas pas solament, e sos escriches en francés e en occitan son coneguts dels legeires de revistas coma la Revue des Langues Romanes, la Revue Lyonnaise, la Revue du Monde Latin, la Revue félibréenne, la Gazette d'Augsbourg e d'autras encara. Dins la Revue des Langues Romanes, son estats publicats entre autres los primièrs episòdis de son « epopèa », la Chansou Lemouzina, que seràn recompensats en 1882 del ramèl vèrd de laurèl a Montpelhièr.
La Chansou Lemouzina, publicada en 1889, es compausada de vint-e-quatre poèmas lirics que cadun pintra un episòdi de l'istòria o del legendari del bas Lemosin dempuèi lo sègle V fins al sègle XIX (de notar que l'eroïna de « Marguerite Chastang » es sa pròpria maire). Los felibres lemosins esiton pas a comparar Roux a Mistral, e la Chansou a Mirèïo o Calendal.
L'abat reçauprà mantuna autra recompensa al cors de sa carrièra, als Jòcs Florals d'Avinhon, Ate, Forcauquier o encara al concors de la Societat Arqueologica de Besièrs (medalha d'argent en 1877 e en 1878).
Sa literatura compta encara de poèmas, de faulas, una seria de Rustiques (tèxtes en francés que meton en scèna los usatges populars e las cresenças del Lemosin) per la màger part publicats dins la premsa o demorats manescriches. Se pòdon apondre d'enigmas e provèrbis collectats e publicats.
En 1893 participa a la creacion de l'Escòla Lemosina a Briva e ne ven lo capiscòl. La societat parisenca la Ruche Corrézienne ven de se crear tanben e sos sòcis son en relacion estrecha amb los felibres de la província. Roux collabòra a la revista Lemouzi, organ de l'escòla. D'autras escòlas nàisson dins las vilas a l'entorn e fòrman una federacion d'escòlas lemosinas que Roux ne serà lo chaptal. La Santa Estela de 1895 s'organiza a Briva. Joseph Roux, admirat per son esperit combatedor, servís de figura tutelària a la renaissença lemosina portada per un grop de felibres entosiastes. Se pòdon nommar entre autres Sernin Santy (1850-1906), un dels fondators del felibritge lemosin e de la revista ; Johannès Plantadis (1864-1922), istorian e etnològ, animator de la Ruche Corrézienne a París ; Marguerite Genès (1868-1955), institutritz e poetessa ; Eusèbe Bombal (1827-1915), erudit, arqueològ e escrivan ; mai recentament Robert Joudoux (1939-2016), òme de letras, director de Lemouzi.
L'abat s'es investit d'ora dins çò que considerava coma un trabalh d'epuracion de la lenga necessari aprèp de sègles de degalhs causats per l'influéncia del francés, tant dins la grafia coma dins lo vocabulari. Estúdia de tèxtes ancians e en particular los tèxtes dels trobadors, pr'amor d'una origina lemosina istorica prestada als primièrs trobadors. Collècta tanben de matèria dins lo parlar de sos contemporanèus, provèrbis, enigmas (« sourcelages » segon son mot), legendas e autres. A partir de sas observacions, torna bastir una grafia inspirada de la dels tèxtes medievals e s'esfòrça de levar tot manlèu al francés.
Aquela tasca dona luòc d'una part a una Grammaire Limousine, que pareis primièr per tròces dins la revista Lemouzi abans de far l'objècte d'una edicion en 1895, e a un diccionari de l'ambicion del Tresor dóu Felibrige, la Lengua d'Aur, demorat a l'estat de manescrich. Dins una letra a Plantadis datada del 21 de febrièr de 19055, Mistral testimònia de sa reconeissença a Roux, per lo prèst de son manescrich coma contribucion al Tresor. D'unes comentators del trabalh de Roux lo veson coma un precursor, amb Auguste Fourès (1848-1891) emai amb Mistral, de la grafia elaborada per Antonin Perbosc (1861-1944) e Prosper Estieu (1860-1939). L'abat Joseph Salvat (1889-1972) ditz : « Çò que Mistral aviá entrevist, çò que Roux aviá entrepres, Estieu e Perbosc, nòstres mèstres de l'Escola Occitana, l'an realizat »6. Mas una tala entrepresa pòt pas far l'unanimitat, e Nesmy evòca los detractors acusant l'abat de crear una lenga literària e fictiva, que lo pòble poirà pas legir e comprene. Lo Felibritge lemosin sosten l'abat dins sa demarcha, los detractors son probablament puslèu de lemosins fòra lo Felibritge, o eventualament de mond, felibres o pas, fòra Lemosin. La grafia dicha mistralenca a fach son camin e es plan populara dins l'espaci occitan, adaptada d'aicí d'alai dins son aplicacion. Pasmens l'abat Roux es encara a l'ora d'ara retengut coma un dels actors de la construccion grafica de l'occitan.
1-« Joseph Roux et la renaissance limousine », Lemouzi, 1905, p. 75. Joseph Nouaillac (1880-1947) foguèt professor e istorian especialista del Lemosin.
2-Paul Mariéton (1862-1911), poèta, felibre, fondator de la Revue Félibréenne.
3-L'Intransigeant, 22 d'abril de 1901, pp. 1 e 3.
4-La Revue hebdomadaire, 1905, n°27, pp. 167-195. Jean Nesmy es lo pseudonim de Henry Surchamp (1876-1959), escrivan regionalista.
5-Reproducha dins Lemouzi, 1905, p. 102.
6-Lo Gai Saber, numero especial, abril de 1934, n°114, p. 379.
- Hymnes et poèmes en l'honneur de la Vierge Marie, Putois-Cretté, Paris, 1865.
- Pensées (maximes, études, idées), 1866.
- Sourcelages lemouzis : Énigmes limousines, Maisonneuve, Paris, 1877.
- Proverbes bas-lemouzis, E. Karras, Halle, 1883. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica.
- Pensées, A. Lemerre, Paris, 1885.
- Nouvelles Pensées, A. Lemerre, Paris, 1887.
- La Chansou Lemouzina, A. Picard, Tulle, 1889.
- Grammaire Limousine, Lemouzi, Brive, 1895.
- Fablas tulencas, manescriches de la Société des Langues Romanes conservats a la Bibliotèca Interuniversitària de Montpelhièr, H 672-01. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica.
- Lou Grand Flourege, sonet, manescriches de la Société des Langues Romanes conservats a la Bibliotèca Interuniversitària de Montpelhièr, H 672-02. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica.
- Transcripcion d'un tèxt del sègle XV, extrach de l'ancian fons de la Catedrala de Tula. Manescriches de la Société des Langues Romanes conservats a la Bibliotèca Interuniversitària de Montpelhièr, H637-01. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica.
- Fons Joseph Roux (10 F) dels Archius Departamentals de Corresa, que conten entre autre lo diccionari del bas-lemosin en mantun volum La Lengua d'Aur. Véser l'inventari numeric sul site dels archius.
Sarrieu, Bernard (1875-1935)
Il est né le 29 juin 1875 à Montauban. Son père était professeur et directeur à l'École Normale de Montauban, mais la maison familiale était depuis plus d'une génération à Saint-Mamet.
Sarrieu fut un élève brillant, bachelier de rhétorique et de philosophie avec mention, admis à la 4ème place sur 24 admis au concours d'entrée de l'École Normale Supérieure à 17 ans. Il entra à l' École à 19 ans, après deux ans de maladie.
Il fut « camarade de promotion » de Charles Péguy1 (Feuillets mensuels, 1958 : p. 136). Il est difficile de savoir quelles furent leurs relations, mais on ne peut nier certaines sensibilités communes catholiques, sociales et même philosophiques puisque, si l'on en croit Jean Castex (J. CASTEX, 2001 : p. 329), Sarrieu était bergsonien, comme Péguy.
Il sortit professeur de philosophie de ses trois années à l'École. Il enseigna dans différents lycées jusqu'à Auch puis Montauban en 1913 (en passant par Quimper). Les années passées loin de sa terre natale représentèrent pour lui un exil douloureux.
Sa santé fragile le ralentit encore dans son évolution professionnelle et il lui fallut attendre 1907 pour obtenir l'agrégation de philosophie.
Les éloges et hommages posthumes décrivent un homme très cultivé, consciencieux, rigoureux, curieux de toutes les disciplines (philosophie, mathématiques, astronomie, linguistique, musique, histoire, ethnologie, etc.), maîtrisant plusieurs langues romanes et germaniques, acharné au travail et volontaire, mais aussi modeste, indulgent, très sensible aux valeurs chrétiennes, pieux, bon et ouvert aux autres.
Il mourut de maladie le 5 janvier 1935 à Montauban et il fut enterré à Saint-Mamet. Une stèle a été dressée dans le jardin de l'église. Elle porte un médaillon de bronze avec son portrait, sculpté par Jean-Marie Mengue2. Une place de la ville porte le nom de Bernard Sarrieu, ainsi qu'une rue de Saint-Gaudens.
La langue de sa famille, de petite bourgeoisie, n'était pas l'occitan mais le français. Il fut probablement assez tôt en contact avec le languedocien à Montauban et avec le gascon à Saint-Mamet. Très attaché à son terroir, il s'intéressa, semble-t-il, dès l'adolescence, au parler de son village. Il lui fallut donc apprendre le luchonnais. Il développa au même moment une curiosité pour les us et coutumes de son pays.
Cette curiosité le mena à se rapprocher du Félibrige. Grand admirateur de Mistral et de son œuvre, il fut d'abord membre de l'Escolo Moundino de Toulouse, et il publia des articles dans sa revue, Terro d'òc, puis il se donna pour mission de fournir au Comminges une école félibréenne. Il fonda en 1904 à Saint-Gaudens l'Escòlo deras Pirenéos, qu'il présenta comme une sœur de l'Escole Gastou Febus et de l'Escolo Moundino pour le Comminges, le Couserans, le Nébouzan, les Quatre Vallées et le Val d'Aran.
Il occupait la fonction de secrétaire-trésorier. Il créa une revue mensuelle, Era Bouts dera Mountanho et un almanach, l'Armanac dera Mountanho.
Il publia dans la Revue de Comminges (1904 : p. 62) une présentation de la nouvelle Escòlo en projet. Il y expliqua les raisons de cette création, les objectifs et les statuts de l'Escòlo. On y trouve surtout un bon résumé et un condensé des préoccupations, des idées et de la personnalité de Sarrieu, dans un vocabulaire et des associations de mots qui le révèlent bien. C'était un humaniste d’obédience profondément chrétienne. Pour le citer, les « coutumes traditionnelles », ainsi que le « langage [des] pères », sont à « considérer avec respect et affection » ; la langue d'oc est la « langue sœur » du français. Ces deux aspects, les traditions et la langue, sont conçus selon une logique de développement des populations dans l'espace du vécu, l'environnement culturel direct, à échelle humaine, mais en bonne intelligence avec la nation française et dans le cadre plus large de celle-ci. Sarrieu parlait comme la majorité de ses contemporains de la « grande » et de la « petite » patries.
Dans sa volonté de « sauver » la langue, il avait plus que tout le souci des populations dans une perspective autant sociale (le « bien-être », la « prospérité », « l'instruction », la dignité de façon générale) que morale (la « mentalité », les « mœurs »). À noter aussi, les mots qu'il employait pour parler de la langue et de son espace : il parlait à une grande échelle de la « langue d'oc » (pas d'occitan, il reprit les notions de « langue d'oc » et « langue d'oïl »), qui se parle en « Occitanie ». À une échelle plus locale il parlait de « dialectes » (le gascon, le provençal, etc.) avec des « sous-dialectes » (le luchonnais, l'aranais, le toulousain, etc.). Il parlait d'une « œuvre d'union régionale » sans volonté d'uniformité mais avec un désir de connaissance mutuelle.
Sarrieu avait beaucoup d'ambition pour son Escòlo, qu'il voulait être une digne disciple du Félibrige de Mistral. Il encouragea les initiatives de toute sorte et il donna lui-même l'exemple. Il organisa des félibrées, des fêtes de Sainte-Estelle, des concours de costumes locaux, des représentations de groupes folkloriques, des Jeux Floraux, concours importants de création littéraire (poésie, prose, sujets d'histoire locale, etc) ouverts également aux écoles en vue de la transmission de la langue aux plus jeunes.
Une de ses principales préoccupations était d'ailleurs l'enseignement de la langue d'oc à l'école.
Il était toujours en recherche de nouveaux collaborateurs et contributeurs. Un musée et un théâtre gascons seraient restés à sa mort en l'état de projet (J.-L. de LA VERDONIE, 1935 : p. 30).
En ce qui concerne la graphie, son modèle de référence était la graphie dite « mistralienne ». Pourtant celle-ci ne lui semblait pas suffisante pour représenter la réalité des prononciations des différents parlers de la langue d'oc, en particulier du gascon. Elle méritait, selon lui, d'être améliorée en prenant en considération les différents modèles étymologiques et phonétiques à disposition.
Il publia vers 1924 une brochure intitulée La graphie de la langue d'oc et la langue commune d'Occitanie.
Au moment de la polémique sur la réforme des statuts du Félibrige en 1905, Sarrieu se positionna en faveur du Capoulier Devoluy et de son projet.
Son engagement dans le Félibrige fut couronné par sa nomination au majoralat en 1910 avec la Cigalo dis Aupiho.
Sarrieu faisait partie de plusieurs sociétés savantes. Il fut membre de l'Académie de Montauban de 1913 jusqu'à sa mort (secrétaire jusqu'en 1929), de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne (dans laquelle il fréquentait Antonin Perbosc), de la Société des Études du Comminges, et plus précisément du comité qui s'occupait de toponymie et de topographie pyrénéennes ; il fut premier vice-président de la société Julien Sacaze3 depuis la création de celle-ci en 1922 jusqu'à sa propre mort.
Il publiait dans plusieurs revues savantes et faisait des communications dans des congrès scientifiques.
Ce multi-engagement est représentatif de sa volonté de créer des passerelles, des réseaux et surtout d'investir la culture et la connaissance locale dans des initiatives érudites et transdisciplinaires.
L'ensemble de son œuvre est bilingue. Sarrieu employait autant l'occitan que le français, avec une nette préférence pour l'occitan dans ses productions littéraires et au contraire une prédominance du français dans les articles et les communications.
Son œuvre littéraire occitane se compose majoritairement de poésie et de théâtre publiés à part, de chansons (paroles et musique) et de proses courtes publiées dans la revue et l'almanach de l'Escòlo.
Il fut primé aux Jeux Floraux de l'Escolo Moundino en 1902 pour sa pièce Era Garlando, il reçut l'Églantine d'argent en 1907 aux Jeux Floraux de Toulouse pour Imnes d'Amou et le Prix Pujol en 1912 pour Era Pireneido, épopée de plus de 30000 vers et 12 chants sur des guerres (fictives) entre peuples pyrénéens au début de notre ère.
Une grande partie de l'œuvre de Sarrieu est restée à l'état de manuscrit.
Son œuvre érudite traite d'une grande variété de sujets :
- études de linguistique romane, notamment sur la description du luchonnais (morphologie, syntaxe, phonologie, lexique, etc.) ;
- un dictionnaire savant du luchonnais (étymologie, commentaires, illustrations, etc.) resté à l'état de manuscrit et conservé aux archives de Saint-Gaudens ;
- des études d'onomastique et surtout de toponymie et de topographie pyrénéennes fondées sur ses connaissances des langues anciennes et modernes ;
- des études d'histoire locale et d'ethnographie ;
- des éditions savantes de textes anciens, comme par exemple La Margalide Gascoue (1604) du poète Bertrand Larade (Montréjeau, 1581-ca 1635) ;
- des publications d'œuvres contemporaines d'auteurs gascons (« revues et corrigées » de sa main).
Il reçut en 1900 le prix Boucherie de la Société des Langues Romanes pour son mémoire sur le parler de Bagnères-de-Luchon.
Pour ce qui est de sa réception, il semble que sa production littéraire n'ait pas été autant appréciée que son implication dans des tâches linguistiques, et plus largement érudites.
Des personnes telles que le romaniste Jules Ronjat (1864-1925) ou l'agrégé d'histoire Raymond Lizop (1879-1969), président de l'Escòlo et ami de Sarrieu, tout en lui reconnaissant certaines qualités littéraires, regrettèrent qu'il ne consacre pas plus son temps à son travail de collectage et de description des parlers gascons, qui leur semblait plus fondamental et urgent.
Ses travaux de topographie et de toponymie le mirent en rapport avec des linguistes et romanistes tels qu'Edouard Bourciez (1854-1946), Georges Millardet (1876-1953), Maurice Grammont (1866-1946) et Jules Ronjat. Il semble qu'ils approuvèrent, dans ce contexte, ses analyses linguistiques. Jules Ronjat le cite dens sa Grammaire istorique des parlers provençaux modernes (1930-1932). Il n'empêche que Sarrieu n'était pas linguiste et que, par conséquent, il n'était sans doute pas attendu de lui l'expertise d'un linguiste.
- Era Garlando. Luchon : Impr. Sarthe, 1903
- Piréno : tragedió imitado des tragediéz elleniques : en luchounés, dap còrz en larboustès è muzico. Luchon : Impr. Sarthe, 1903
- Era 'Rrenechénço : coumedió-mouralitat en bèrsi è pròso luchounés è ... franchimant. Luchon : Impr. Sarthe, 1909
- Et perdut : pastouralo luchounéso : En pròso, bèrsi è musico. Luchon : Impr. Sarthe, 1910
- Sans-Parro de Oço : o'r'aparicioun de Sént Betran : dramo coumengés en 5 actes. Luchon : Impr. Sarthe, 1910
- Er'assoumpcioun : mistèri sacrat en 5 cènes : seguit de Ourfèu : allegourio crestiano. Luchon : Impr. Sarthe, 1913
- Sént Mamèt, et gran martir : 260-275 : mistèri en 5 actes, en bèrs. Saint-Gaudens : Abadie, 1914
- Et drac : o'ra carroulho d'or : coumedió-mouralitat en tres actes. Luchon : Impr. Sarthe, 1914
- Edj arroumaire : peçòto coumico en siés tablèus. Luchon : Impr. Sarthe, 1922
- « Le parler de Bagnères-de-Luchon et de sa vallée », in Revue des langues romanes, T. 45, 1902. Voir la ressource en ligne sur Occitanica
- « L’ "Ecole des Pyrénées" : Projet de Félibrige commingeois & Couseran », in Revue de Comminges, 1904. Voir la ressource en ligne sur Occitanica
- Une langue vivante méconnue : la langue d'oc : Discours prononcé à la distribution des prix du Lycée d'Auch le 31 juillet 1909. Auch : Impr. T. Bouquet, 1909
- Latin et gascon : communication faite au congrès de l'Union Historique et Archéologique du Sud-Ouest à Bayonne et Biarritz, août 1911. Biarritz : Impr. E. Soulé, 1912
- Une difficulté du problème régionaliste. Montauban : G. Forestié, 1916
- L'enseignement de la langue d'Oc : son intérêt, son intégralité, sa portée. Toulouse : Privat, 1923
- L'enseignement et les divisions universitaires au point de vue régionaliste. Toulouse : Privat, 1923
- La graphie de la langue d'Oc et la langue commune d'Occitanie. Bordeaux : éd. de la "Revue Méridionale, [1924]
- L'assimilation des étrangers en France et particulièrement dans le Midi. Montauban : G. Forestié, 1924
- Le docteur Cator : félibre gascon : Sa vie et son œuvre. Toulouse : Sentein, 1924
- « La langue locale à l'école pour le français et pour elle-même : le breton, le basque, la langue d'oc », in La Terro d'Oc (Toulouse), 1926
- « Observations sur l'enseignement de la langue d'Oc », in Bulletin de la Société gersoise des études locales, 1929
- Era Bouts dera Mountanho. Voir la ressource en ligne sur Occitanica
1. Charles Péguy (1873-1914), intellectuel engagé et écrivain. ↑
2. Jean-Marie Mengue (1855-1939), sculpteur français né à Bagnères-de-Luchon. ↑
3. Julien Sacaze (1847-1889) était un érudit spécialisé dans l'Antiquité des Pyrénées et il fut le fondateur de la Société des Études du Comminges et de sa revue, la Revue de Comminges.
Voir sa Vida en ligne à l'adresse : https://vidas.occitanica.eu/items/show/2105. ↑
Bernard Sarrieu est le fondateur en 1904 de l'Escòlo deras Pirenéos, école félibréenne des Pyrénées centrales très active au cours du XXème siècle. Majoral du Félibrige, il est connu pour avoir été un animateur polyvalent et zélé de la renaissance gasconne.
Sarrieu, Bernard (1875-1935)
Il est né le 29 juin 1875 à Montauban. Son père était professeur et directeur à l'École Normale de Montauban, mais la maison familiale était depuis plus d'une génération à Saint-Mamet.
Sarrieu fut un élève brillant, bachelier de rhétorique et de philosophie avec mention, admis à la 4ème place sur 24 admis au concours d'entrée de l'École Normale Supérieure à 17 ans. Il entra à l' École à 19 ans, après deux ans de maladie.
Il fut « camarade de promotion » de Charles Péguy1 (Feuillets mensuels, 1958 : p. 136). Il est difficile de savoir quelles furent leurs relations, mais on ne peut nier certaines sensibilités communes catholiques, sociales et même philosophiques puisque, si l'on en croit Jean Castex (J. CASTEX, 2001 : p. 329), Sarrieu était bergsonien, comme Péguy.
Il sortit professeur de philosophie de ses trois années à l'École. Il enseigna dans différents lycées jusqu'à Auch puis Montauban en 1913 (en passant par Quimper). Les années passées loin de sa terre natale représentèrent pour lui un exil douloureux.
Sa santé fragile le ralentit encore dans son évolution professionnelle et il lui fallut attendre 1907 pour obtenir l'agrégation de philosophie.
Les éloges et hommages posthumes décrivent un homme très cultivé, consciencieux, rigoureux, curieux de toutes les disciplines (philosophie, mathématiques, astronomie, linguistique, musique, histoire, ethnologie, etc.), maîtrisant plusieurs langues romanes et germaniques, acharné au travail et volontaire, mais aussi modeste, indulgent, très sensible aux valeurs chrétiennes, pieux, bon et ouvert aux autres.
Il mourut de maladie le 5 janvier 1935 à Montauban et il fut enterré à Saint-Mamet. Une stèle a été dressée dans le jardin de l'église. Elle porte un médaillon de bronze avec son portrait, sculpté par Jean-Marie Mengue2. Une place de la ville porte le nom de Bernard Sarrieu, ainsi qu'une rue de Saint-Gaudens.
La langue de sa famille, de petite bourgeoisie, n'était pas l'occitan mais le français. Il fut probablement assez tôt en contact avec le languedocien à Montauban et avec le gascon à Saint-Mamet. Très attaché à son terroir, il s'intéressa, semble-t-il, dès l'adolescence, au parler de son village. Il lui fallut donc apprendre le luchonnais. Il développa au même moment une curiosité pour les us et coutumes de son pays.
Cette curiosité le mena à se rapprocher du Félibrige. Grand admirateur de Mistral et de son œuvre, il fut d'abord membre de l'Escolo Moundino de Toulouse, et il publia des articles dans sa revue, Terro d'òc, puis il se donna pour mission de fournir au Comminges une école félibréenne. Il fonda en 1904 à Saint-Gaudens l'Escòlo deras Pirenéos, qu'il présenta comme une sœur de l'Escole Gastou Febus et de l'Escolo Moundino pour le Comminges, le Couserans, le Nébouzan, les Quatre Vallées et le Val d'Aran.
Il occupait la fonction de secrétaire-trésorier. Il créa une revue mensuelle, Era Bouts dera Mountanho et un almanach, l'Armanac dera Mountanho.
Il publia dans la Revue de Comminges (1904 : p. 62) une présentation de la nouvelle Escòlo en projet. Il y expliqua les raisons de cette création, les objectifs et les statuts de l'Escòlo. On y trouve surtout un bon résumé et un condensé des préoccupations, des idées et de la personnalité de Sarrieu, dans un vocabulaire et des associations de mots qui le révèlent bien. C'était un humaniste d’obédience profondément chrétienne. Pour le citer, les « coutumes traditionnelles », ainsi que le « langage [des] pères », sont à « considérer avec respect et affection » ; la langue d'oc est la « langue sœur » du français. Ces deux aspects, les traditions et la langue, sont conçus selon une logique de développement des populations dans l'espace du vécu, l'environnement culturel direct, à échelle humaine, mais en bonne intelligence avec la nation française et dans le cadre plus large de celle-ci. Sarrieu parlait comme la majorité de ses contemporains de la « grande » et de la « petite » patries.
Dans sa volonté de « sauver » la langue, il avait plus que tout le souci des populations dans une perspective autant sociale (le « bien-être », la « prospérité », « l'instruction », la dignité de façon générale) que morale (la « mentalité », les « mœurs »). À noter aussi, les mots qu'il employait pour parler de la langue et de son espace : il parlait à une grande échelle de la « langue d'oc » (pas d'occitan, il reprit les notions de « langue d'oc » et « langue d'oïl »), qui se parle en « Occitanie ». À une échelle plus locale il parlait de « dialectes » (le gascon, le provençal, etc.) avec des « sous-dialectes » (le luchonnais, l'aranais, le toulousain, etc.). Il parlait d'une « œuvre d'union régionale » sans volonté d'uniformité mais avec un désir de connaissance mutuelle.
Sarrieu avait beaucoup d'ambition pour son Escòlo, qu'il voulait être une digne disciple du Félibrige de Mistral. Il encouragea les initiatives de toute sorte et il donna lui-même l'exemple. Il organisa des félibrées, des fêtes de Sainte-Estelle, des concours de costumes locaux, des représentations de groupes folkloriques, des Jeux Floraux, concours importants de création littéraire (poésie, prose, sujets d'histoire locale, etc) ouverts également aux écoles en vue de la transmission de la langue aux plus jeunes.
Une de ses principales préoccupations était d'ailleurs l'enseignement de la langue d'oc à l'école.
Il était toujours en recherche de nouveaux collaborateurs et contributeurs. Un musée et un théâtre gascons seraient restés à sa mort en l'état de projet (J.-L. de LA VERDONIE, 1935 : p. 30).
En ce qui concerne la graphie, son modèle de référence était la graphie dite « mistralienne ». Pourtant celle-ci ne lui semblait pas suffisante pour représenter la réalité des prononciations des différents parlers de la langue d'oc, en particulier du gascon. Elle méritait, selon lui, d'être améliorée en prenant en considération les différents modèles étymologiques et phonétiques à disposition.
Il publia vers 1924 une brochure intitulée La graphie de la langue d'oc et la langue commune d'Occitanie.
Au moment de la polémique sur la réforme des statuts du Félibrige en 1905, Sarrieu se positionna en faveur du Capoulier Devoluy et de son projet.
Son engagement dans le Félibrige fut couronné par sa nomination au majoralat en 1910 avec la Cigalo dis Aupiho.
Sarrieu faisait partie de plusieurs sociétés savantes. Il fut membre de l'Académie de Montauban de 1913 jusqu'à sa mort (secrétaire jusqu'en 1929), de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne (dans laquelle il fréquentait Antonin Perbosc), de la Société des Études du Comminges, et plus précisément du comité qui s'occupait de toponymie et de topographie pyrénéennes ; il fut premier vice-président de la société Julien Sacaze3 depuis la création de celle-ci en 1922 jusqu'à sa propre mort.
Il publiait dans plusieurs revues savantes et faisait des communications dans des congrès scientifiques.
Ce multi-engagement est représentatif de sa volonté de créer des passerelles, des réseaux et surtout d'investir la culture et la connaissance locale dans des initiatives érudites et transdisciplinaires.
L'ensemble de son œuvre est bilingue. Sarrieu employait autant l'occitan que le français, avec une nette préférence pour l'occitan dans ses productions littéraires et au contraire une prédominance du français dans les articles et les communications.
Son œuvre littéraire occitane se compose majoritairement de poésie et de théâtre publiés à part, de chansons (paroles et musique) et de proses courtes publiées dans la revue et l'almanach de l'Escòlo.
Il fut primé aux Jeux Floraux de l'Escolo Moundino en 1902 pour sa pièce Era Garlando, il reçut l'Églantine d'argent en 1907 aux Jeux Floraux de Toulouse pour Imnes d'Amou et le Prix Pujol en 1912 pour Era Pireneido, épopée de plus de 30000 vers et 12 chants sur des guerres (fictives) entre peuples pyrénéens au début de notre ère.
Une grande partie de l'œuvre de Sarrieu est restée à l'état de manuscrit.
Son œuvre érudite traite d'une grande variété de sujets :
- études de linguistique romane, notamment sur la description du luchonnais (morphologie, syntaxe, phonologie, lexique, etc.) ;
- un dictionnaire savant du luchonnais (étymologie, commentaires, illustrations, etc.) resté à l'état de manuscrit et conservé aux archives de Saint-Gaudens ;
- des études d'onomastique et surtout de toponymie et de topographie pyrénéennes fondées sur ses connaissances des langues anciennes et modernes ;
- des études d'histoire locale et d'ethnographie ;
- des éditions savantes de textes anciens, comme par exemple La Margalide Gascoue (1604) du poète Bertrand Larade (Montréjeau, 1581-ca 1635) ;
- des publications d'œuvres contemporaines d'auteurs gascons (« revues et corrigées » de sa main).
Il reçut en 1900 le prix Boucherie de la Société des Langues Romanes pour son mémoire sur le parler de Bagnères-de-Luchon.
Pour ce qui est de sa réception, il semble que sa production littéraire n'ait pas été autant appréciée que son implication dans des tâches linguistiques, et plus largement érudites.
Des personnes telles que le romaniste Jules Ronjat (1864-1925) ou l'agrégé d'histoire Raymond Lizop (1879-1969), président de l'Escòlo et ami de Sarrieu, tout en lui reconnaissant certaines qualités littéraires, regrettèrent qu'il ne consacre pas plus son temps à son travail de collectage et de description des parlers gascons, qui leur semblait plus fondamental et urgent.
Ses travaux de topographie et de toponymie le mirent en rapport avec des linguistes et romanistes tels qu'Edouard Bourciez (1854-1946), Georges Millardet (1876-1953), Maurice Grammont (1866-1946) et Jules Ronjat. Il semble qu'ils approuvèrent, dans ce contexte, ses analyses linguistiques. Jules Ronjat le cite dens sa Grammaire istorique des parlers provençaux modernes (1930-1932). Il n'empêche que Sarrieu n'était pas linguiste et que, par conséquent, il n'était sans doute pas attendu de lui l'expertise d'un linguiste.
- Era Garlando. Luchon : Impr. Sarthe, 1903
- Piréno : tragedió imitado des tragediéz elleniques : en luchounés, dap còrz en larboustès è muzico. Luchon : Impr. Sarthe, 1903
- Era 'Rrenechénço : coumedió-mouralitat en bèrsi è pròso luchounés è ... franchimant. Luchon : Impr. Sarthe, 1909
- Et perdut : pastouralo luchounéso : En pròso, bèrsi è musico. Luchon : Impr. Sarthe, 1910
- Sans-Parro de Oço : o'r'aparicioun de Sént Betran : dramo coumengés en 5 actes. Luchon : Impr. Sarthe, 1910
- Er'assoumpcioun : mistèri sacrat en 5 cènes : seguit de Ourfèu : allegourio crestiano. Luchon : Impr. Sarthe, 1913
- Sént Mamèt, et gran martir : 260-275 : mistèri en 5 actes, en bèrs. Saint-Gaudens : Abadie, 1914
- Et drac : o'ra carroulho d'or : coumedió-mouralitat en tres actes. Luchon : Impr. Sarthe, 1914
- Edj arroumaire : peçòto coumico en siés tablèus. Luchon : Impr. Sarthe, 1922
- « Le parler de Bagnères-de-Luchon et de sa vallée », in Revue des langues romanes, T. 45, 1902. Voir la ressource en ligne sur Occitanica
- « L’ "Ecole des Pyrénées" : Projet de Félibrige commingeois & Couseran », in Revue de Comminges, 1904. Voir la ressource en ligne sur Occitanica
- Une langue vivante méconnue : la langue d'oc : Discours prononcé à la distribution des prix du Lycée d'Auch le 31 juillet 1909. Auch : Impr. T. Bouquet, 1909
- Latin et gascon : communication faite au congrès de l'Union Historique et Archéologique du Sud-Ouest à Bayonne et Biarritz, août 1911. Biarritz : Impr. E. Soulé, 1912
- Une difficulté du problème régionaliste. Montauban : G. Forestié, 1916
- L'enseignement de la langue d'Oc : son intérêt, son intégralité, sa portée. Toulouse : Privat, 1923
- L'enseignement et les divisions universitaires au point de vue régionaliste. Toulouse : Privat, 1923
- La graphie de la langue d'Oc et la langue commune d'Occitanie. Bordeaux : éd. de la "Revue Méridionale, [1924]
- L'assimilation des étrangers en France et particulièrement dans le Midi. Montauban : G. Forestié, 1924
- Le docteur Cator : félibre gascon : Sa vie et son œuvre. Toulouse : Sentein, 1924
- « La langue locale à l'école pour le français et pour elle-même : le breton, le basque, la langue d'oc », in La Terro d'Oc (Toulouse), 1926
- « Observations sur l'enseignement de la langue d'Oc », in Bulletin de la Société gersoise des études locales, 1929
- Era Bouts dera Mountanho. Voir la ressource en ligne sur Occitanica
1. Charles Péguy (1873-1914), intellectuel engagé et écrivain. ↑
2. Jean-Marie Mengue (1855-1939), sculpteur français né à Bagnères-de-Luchon. ↑
3. Julien Sacaze (1847-1889) était un érudit spécialisé dans l'Antiquité des Pyrénées et il fut le fondateur de la Société des Études du Comminges et de sa revue, la Revue de Comminges.
Voir sa Vida en ligne à l'adresse : https://vidas.occitanica.eu/items/show/2105. ↑
Bernard Sarrieu es lo fondator en 1904 de l'Escòlo deras Pirenéos, escòla felibrenca dels Pirenèus centrals fòrça activa pendent lo sègle XX. Majoral del Felibritge, es conegut per èsser estat un animator polivalent e zelat de la renaissença gascona.
Sarrieu, Bernard (1875-1935)
Nasquèt lo 29 de junh de 1875 a Montalban. Son paire èra professor e director a l'Escòla Normala de Montalban, mas l'ostal familial èra dempuèi mai d'una generacion a Sent Mamet.
Sarrieu foguèt un escolan brilhant, bachelièr de retorica e de filosofia amb mencion, admés a la 4ena plaça sus 24 admeses al concors d'entrada de l'Escòla Normala Superiora a 17 ans. Dintrèt a l'Escòla a 19 ans, aprèp dos ans de malautiá.
Foguèt « camarada de promocion » de Charles Péguy1 (Feuillets mensuels, 1958 : p. 136). Es malaisit de saupre quinas foguèron lors relacions, mas se pòdon pas negar de sensibilitats comunas catolicas, socialas e mai filosoficas puèi que, se ne cresèm Jean Castex (J. CASTEX, 2001 : p. 329), Sarrieu èra bergsonian, coma Péguy.
Sortiguèt professor de filosofia de sas tres annadas a l'Escòla. Ensenhèt dins diferents licèus fins a Aush puèi Montalban en 1913 (en passant per Quimper). Las annadas luènh de sa tèrra natala representèron per el un exil dolorós.
Sa santat freula lo ralentiguèt encara dins son evolucion professionala e li calguèt esperar 1907 per obténer l'agregacion de filosofia.
Los elògis e omenatges postums descrivon un òme fòrça cultivat, conscienciós, rigorós, curiós de totas las disciplinas (filosofia, matematicas, astronomia, linguistica, musica, istòria, etnologia, etc.), coneisseire de mantuna lenga romanica e germanica, acarnassit al trabalh e volontari, mas tanben modèst, indulgent, fòrça sensible a las valors crestianas, piós, bon e dubèrt als autres.
Moriguèt de malautiá lo 5 de genièr de 1935 a Montalban e foguèt sepelit a Sent Mamet. Una estela es estada quilhada dins l'òrt de la gleisa. S'i vei un medalhon de bronze amb son retrach, escultat per Jean-Marie Mengue2. Una plaça de la vila pòrta lo nom de Bernard Sarrieu, e mai una carrièra de Sent Gaudenç.
La lenga de sa familha, de pichòta borgesia, èra pas l'occitan mas lo francés. Foguèt probablament d'ora en contacte amb lo lengadocian a Montalban e amb lo gascon a Sent Mamet. Estacat qu'èra a son terrador s'interessèt, a çò que sembla, tre l'adolescéncia, al parlar de son vilatge. Li calguèt doncas apréner lo luishonés. Desvolopèt mentretant una curiositat pels uses e costumas de son canton.
Aquela curiositat lo menèt a se raprochar del Felibritge. Grand admirator de Mistral e de son òbra, foguèt primièr membre de l'Escolo Moundino de Tolosa, e publiquèt d'articles dins sa revista, Terro d'òc, puèi se donèt per mission de provesir lo Comenge d’una escòla felibrenca. Fondèt en 1904 a Sent Gaudenç l'Escòlo deras Pirenéos, que presentèt coma una sòrre de l'Escole Gastou Febus e de l'Escolo Moundino per lo Comenge, lo Coserans, lo Nebosan, las Quatre Valadas e la Val d'Aran.
N'èra lo secretari-clavaire. Creèt una revista mesadièra, Era Bouts dera Mountanho e un almanac, l'Armanac dera Mountanho.
Faguèt paréisser dins la Revue de Comminges (1904 : p. 62) una presentacion de l'Escòlo novèla en projècte. I expliquèt las rasons d'aquela creacion, los objectius e los estatuts de l'Escòlo. S'i tròba subretot un bon resumit e un condensat de las preocupacions, de las idèias e de la personalitat de Sarrieu, dins un vocabulari e d'associacions de mots que lo revèlan plan. Èra un umanista d’obediéncia prigondament crestiana. Per lo citar, las « costumas tradicionalas », talas coma lo « lengatge [dels] paires », son de « considerar amb respècte e afeccion » ; la lenga d'òc es la « lenga sòrre » del francés. Aqueles dos aspèctes, las tradicions e la lenga, son concebuts dins una logica de desvolopament de las populacions dins l'espaci del viscut, l'environament cultural dirècte, a escala umana, mas en bona intelligéncia amb la nacion francesa e dins l'encastre mai larg d’aquesta. Sarrieu parlava coma la màger part de sos contemporanèus de la « granda » e de la « pichòta » patrias.
Dins sa volontat de « sauvar » la lenga, aviá mai que tot, lo suènh de las populacions dins una amira tan sociala (lo « ben estar », la « prosperitat », « l'instruccion », la dignitat d'un biais general) coma morala (la « mentalitat », las « mors »). De notar tanben los mots qu'emplegava per parlar de la lenga e de son espaci : parlava a una escala larga de la « lenga d'òc » (pas d'occitan, reprenguèt las nocions de « lenga d'òc » e « lenga d'oïl »), que se parla en « Occitania ». A una escala mai locala parlava de « dialèctes » (lo gascon, lo provençal, etc.) amb de « jos-dialèctes » (lo luishonés, l'aranés, lo tolosan, etc.). Parlava d'una « òbra d'union regionala » sens volontat d'uniformitat mas amb un desir de coneissença mutuala.
Sarrieu aviá fòrça ambicion per son Escòlo, que voliá una digna discipla del Felibritge de Mistral. Encoratgèt las iniciativas de tota mena e donèt l'exemple el-meteis. Organizèt de felibrejadas, de fèstas de Santa-Estèla, de concorses de costums locals, de representacions de grops folclorics, de Jòcs Florals, concorses importants de creacion literària (poesia, pròsa, subjèctes d'istòria locala, etc) dubèrts tanben a las escòlas dins l'amira de la transmission de la lenga als mai joves.
Una de sas preocupacions màgers èra precisament l'ensenhament de la lenga d'òc a l'escòla.
Èra totjorn en cèrca de novèls collaborators e contributors. Un musèu e un teatre gascons serián demorats a sa mòrt en l'estat de projècte (J.-L. de LA VERDONIE, 1935 : p. 30).
Per çò que concernís la grafia, son modèl de referéncia èra la grafia dicha « mistralenca ». Pasmens aquesta li semblava pas sufisenta per representar la realitat de las prononciacions dels diferents parlars de la lenga d'òc, en particular del gascon. Meritava, segon el, d'èsser ameliorada en prenent en consideracion los diferents modèls etimologics e fonetics a disposicion.
Publiquèt vèrs 1924 una brocadura titolada La graphie de la langue d'oc et la langue commune d'Occitanie.
Al moment de la polemica sus la reforma dels estatuts del Felibritge en 1905, Sarrieu se posicionèt en favor del Capolièr Devoluy e de son projècte.
Son engatjament dins lo Felibritge foguèt coronat per sa nominacion al majoralat en 1910 amb la Cigalo dis Aupiho.
Sarrieu fasiá partida de mantuna societat sabenta. Foguèt sòci de l'Académie de Montauban de 1913 fins a sa mòrt (secretari fins a 1929), de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne (dins la quala frequentava Antonin Perbòsc), de la Société des Études du Comminges, e mai precisament del comitat que s'entrevava de toponimia e topografia pirenenca ; foguèt primièr vice-president de la societat Julien Sacaze3 dempuèi de la creacion d'aquesta en 1922 fins a sa pròpria mòrt.
Publicava dins mantuna revista sabenta e fasiá de comunicacions dins de congrès scientifics.
Aquel multi-engatjament es representatiu de sa volontat de crear de palancas, de rets e subretot d'investir la cultura e la coneissença locala dins d'iniciativas eruditas e transdisciplinàrias.
L'ensemble de son òbra es bilingue. Sarrieu emplegava tant l'occitan coma lo francés, amb una neta preferéncia per l'occitan dins sas produccions literàrias e al contrari una predominança del francés dins los articles e las comunicacions.
Son òbra literària occitana se compausa majoritàriament de poesia e teatre publicats a despart, de cançons (paraulas e musica) e de pròsas cortetas publicadas dins la revista e l'almanac de l'Escòlo.Foguèt premiat als Jòcs Florals de l'Escolo Moundino en 1902 per sa pèça Era Garlando, reçaupèt l'Aiglentina d'argent en 1907 als Jòcs Florals de Tolosa per Imnes d'Amou e lo Prèmi Pujol en 1912 per Era Pireneido, epopèa en mai de 30000 vèrses e 12 cants sus de guèrras (fictivas) entre pòbles pirenencs a la debuta de nòstra èra.
Granda part de l'òbra de Sarrieu demorèt a l'estat de manescrich.
Son òbra erudita tracha d'una granda varietat de subjèctes :
- estudis de linguistica romanica, e mai particularament sus la descripcion del luishonés (morfologia, sintaxi, fonologia, lexic, etc.) ;
- un diccionari sabent del luishonés (etimologia, comentaris, illustracions, etc.) demorat a l'estat de manescrich e conservat als archius de Sent Gaudenç ;
- d'estudis d'onomastica e subretot de toponimia e de topografia pirenencas fondats sus sas coneissenças de las lengas ancianas e modèrnas ;
- d'estudis d'istòria locala e d'etnografia ;
- d'edicions sabentas de tèxtes ancians, coma per exemple La Margalide Gascoue (1604) del poèta Bertrand Larade (Monrejau, 1581-ca 1635) ;
- de publicacions d'òbras contemporanèas d'autors gascons (« revistas e corregidas » de sa man).
Reçaupèt en 1900 lo prèmi Boucherie de la Société des Langues Romanes per son memòri sul parlar de Banhèras de Luishon.
Per çò qu'es de sa recepcion, sembla que sa produccion literària es pas estada tant estimada coma son implicacion dins de tascas linguisticas, e mai largament eruditas.
De mond coma lo romanista Jules Ronjat (1864-1925) o l'agregat d'istòria Raymond Lizop (1879-1969), president de l'Escòlo e amic de Sarrieu, en li reconeissent d'unas qualitats literàrias, regretèron que consacrèsse pas mai son temps a son trabalh de collectatge e descripcion dels parlars gascons, que lor semblava mai fondamental e urgent.
Sos trabalhs de topografia e toponimia lo metèron en rapòrt amb de linguistas e romanistas coma Edouard Bourciez (1854-1946), Georges Millardet (1876-1953), Maurice Grammont (1866-1946) e Jules Ronjat. Semblèron d'aprovar, dins aquel contèxt, sas analisis linguisticas. Jules Ronjat lo cita dins sa Grammaire istorique des parlers provençaux modernes (1930-1932). Demòra que Sarrieu èra pas linguista e que doncas èra pas esperat d'el l'expertesa d'un linguista.
- Era Garlando. Luchon : Impr. Sarthe, 1903
- Piréno : tragedió imitado des tragediéz elleniques : en luchounés, dap còrz en larboustès è muzico. Luchon : Impr. Sarthe, 1903
- Era 'Rrenechénço : coumedió-mouralitat en bèrsi è pròso luchounés è ... franchimant. Luchon : Impr. Sarthe, 1909
- Et perdut : pastouralo luchounéso : En pròso, bèrsi è musico. Luchon : Impr. Sarthe, 1910
- Sans-Parro de Oço : o'r'aparicioun de Sént Betran : dramo coumengés en 5 actes. Luchon : Impr. Sarthe, 1910
- Er'assoumpcioun : mistèri sacrat en 5 cènes : seguit de Ourfèu : allegourio crestiano. Luchon : Impr. Sarthe, 1913
- Sént Mamèt, et gran martir : 260-275 : mistèri en 5 actes, en bèrs. Saint-Gaudens : Abadie, 1914
- Et drac : o'ra carroulho d'or : coumedió-mouralitat en tres actes. Luchon : Impr. Sarthe, 1914
- Edj arroumaire : peçòto coumico en siés tablèus. Luchon : Impr. Sarthe, 1922
- « Le parler de Bagnères-de-Luchon et de sa vallée », in Revue des langues romanes, T. 45, 1902. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica
- « L’ "Ecole des Pyrénées" : Projet de Félibrige commingeois & Couseran », in Revue de Comminges, 1904. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica
- Une langue vivante méconnue : la langue d'oc : Discours prononcé à la distribution des prix du Lycée d'Auch le 31 juillet 1909. Auch : Impr. T. Bouquet, 1909
- Latin et gascon : communication faite au congrès de l'Union Historique et Archéologique du Sud-Ouest à Bayonne et Biarritz, août 1911. Biarritz : Impr. E. Soulé, 1912
- Une difficulté du problème régionaliste. Montauban : G. Forestié, 1916
- L'enseignement de la langue d'Oc : son intérêt, son intégralité, sa portée. Toulouse : Privat, 1923
- L'enseignement et les divisions universitaires au point de vue régionaliste. Toulouse : Privat, 1923
- La graphie de la langue d'Oc et la langue commune d'Occitanie. Bordeaux : éd. de la "Revue Méridionale, [1924]
- L'assimilation des étrangers en France et particulièrement dans le Midi. Montauban : G. Forestié, 1924
- Le docteur Cator : félibre gascon : Sa vie et son œuvre. Toulouse : Sentein, 1924
- « La langue locale à l'école pour le français et pour elle-même : le breton, le basque, la langue d'oc », in La Terro d'Oc (Toulouse), 1926
- « Observations sur l'enseignement de la langue d'Oc », in Bulletin de la Société gersoise des études locales, 1929
- Era Bouts dera Mountanho. Véser los numeros disponibles en linha sus Occitanica
1. Charles Péguy (1873-1914), intellectual engatjat e escrivan. ↑
2. Jean-Marie Mengue (1855-1939), escultor francés nascut a Banhèras de Luishon. ↑
3. Julien Sacaze (1847-1889) èra un erudit especializat dins l'Antiquitat dels Pirenèus e foguèt lo fondator de la Société des Études du Comminges e de sa revista, la Revue de Comminges
Veire sa Vida en linha a l'adreiça : https://vidas.occitanica.eu/items/show/2105. ↑
- LIZOP Raymond. « Un grand commingeois, Bernard Sarrieu ». Revue de Comminges, 1934, T. 48, pp. 121-127. Véser la ressorsa en linha sus Gallica
- DE LA VERDONIE Jean-Louis. « Bernard Sarrieu, Membre de la Société, Félibre Majoral ». Bulletin de la Société Archéologique de Tarn-et-Garonne, 1935, T. 63, pp. 21-38. Véser la ressorsa en linha sus Gallica
- FORESTIÉ Georges. « Réponse de M. Georges Forestié ». Recueil de l'Académie de Montauban, 1935, pp. 117-120
- CASTEX Jean. « Hommage à Bernard Sarrieu ». Revue de Comminges, 1975, n°1, page 445.
- CASTEX Jean. « L'écrivain gascon dans les Pyrénées centrales ». Revue de Comminges, 2001, n°3, pp. 325-330.
- SERMET Ernest. « Discours prononcé aux obsèques de M. Bernard Sarrieu, Membre de l'Académie, par M. Ernest Sermet, Vice-Président de l'Académie (7 janvier 1935) ». Recueil de l'Académie de Montauban, 1935, pp. 75-76
- SERMET Ernest. « Bernard Sarrieu ». Recueil de l'Académie de Montauban, 1936, pp. 111-113
- « Avis des autorités linguistiques sur les principes proposés par la Sous-Commission de toponymie ». Bulletin Pyrénéen, 1912, n°2, pp. 345-350
- « Rapport sur le concours du prix Boucherie ». Trentenaire de la Société pour l'Étude des langues Romanes, 1900, pp. XXXVI-XXXIX
- RONJAT Jules. Grammaire istorique des parlers provençaux modernes, T. 1. Montpellier : Société des Langues Romanes, 1930
- RONJAT Jules. Grammaire istorique des parlers provençaux modernes, T. 2. Montpellier : Société des Langues Romanes, 1932
- L'Amitié Charles Péguy. « Feuillets Mensuels », 1958, p. 136
- Letra de B. Sarrieu a Georges Hérelle, 17 de mars de 1913. Véser la ressorsa en linha sus Bilketa
- Fons « Escolo deras Pireneos » conservat a l'antena del Comenge a Sent Gaudenç. Véser la notícia del fons en linha sus Occitanica
Vermenouze, Arsène
Vermenosa, Arsèni
Poe͏̈ta d'Eitrac, Lo
Il est né le 26 septembre 1850 à Vielle, commune d'Ytrac, dans une famille de propriétaires terriens. Son instruction fut partagée entre l'école des Frères à Aurillac pendant 3 ans et les enseignements d'une préceptrice qui lui donna le goût des lettres. Il passa son enfance dans la campagne cantalienne, avec ses grands-parents, sa mère, ses frères et sa sœur. À l'epoque, de nombreuses familles auvergnates complétaient leurs ressources en faisant du commerce en Espagne. C'est ainsi que Vermenouze rejoignit son père à l'âge de 16 ans à Illescas, près de Tolède, où ils tenaient une boutique de vins, épices, tissus et autres marchandises. Il resta plus de quinze ans en "exil" ponctué de retours tous les deux ans. En 1870 il revint quelque temps en France, comme engagé volontaire dans le 4ème régiment de hussards. À son retour définitif d'Espagne, il tint une boutique de liqueurs avec des cousins à Aurillac.
Il eut une activité assez soutenue de journaliste et polémiste, devenant avec le temps profondément attaché à des valeurs de foi chrétienne et de patriotisme. Républicain, il était notamment favorable au Ralliement, dans un primier temps, puis à l'Action Française vers la fin de sa vie après des déceptions républicaines. Le Ralliement était une tendance chez les catholiques dans la ligne de l'encyclique Au milieu des sollicitudes (1892) du pape Léon XIII en faveur de la République, à condition d'abandonner les lois sur la laïcization.
Il obtint le prix Archon-Desperouses de l'Académie Française (1000 fcs) en 1903 pour son recueil en français Mon Auvergne.
Il mourut de maladie le 8 janvier 1910.
Quelques années plus tard, son buste fut inauguré dans un parc d'Aurillac, et des rues portent aujourd'hui son nom à Aurillac, Clermont-Ferrand, Riom e Paris.
Le chanoine cantalien Jean Mazières (1903-1983) écrivit une thèse très complète et documentée sur la vie et l'œuvre d'Arsène Vermenouze.
Il écrivit tant en français qu'en occitan et d'une manière générale ses textes parurent dans des revues comme L'Avenir du Cantal, l'Indépendant du Cantal, le Moniteur du Cantal, la Croix du Cantal et la Croix cantalienne. Il signait (souvent sous des pseudonymes comme “Jantou” ou “L'Arverne”) des écrits poétiques, satiriques et engagés, qui eurent beaucoup de succès. À partir de 1901 il collabora au Mois littéraire et pittoresque, revue culturelle catholique qui paraissait à Paris.
Ses premiers écrits en oc datent de 1879 et furent publiés dans la revue L'Avenir du Cantal d'Auguste Bancharel (1832-1889), écrivain d'oc lui aussi. Un ami et un collaborateur très important dans les activités félibréennes de Vermenouze fut l'abbé Francis Courchinoux (1859-1902).
Il fut encouragé à publier et introduit dans le milieu intellectuel parisien par Jean Ajalbert (1863-1947), écrivain et polémiste, né dans une famille d'origine auvergnate.
À partir de 1890, il se rapprocha du Félibrige et composa des textes comme le poème « Als felibres, als cigalièrs e als trobaires », ou le manifeste « O touto l'Oubergno » qui appellent les Auvergnats à la défense e à la promotion de la langue, la « lenga d'òc », de concert avec les Gascons et les Provençaux. En 1894 il devint capiscòl de l'Escolo Oubernhato, et l'année suivante il fonda la revue félibréenne Lo Cobreto. En 1900 il fut élu majoral du Félibrige. Il en fut un animateur très actif, au centre des relations avec félibres et érudits dans le Cantal. Il fit pendant près de dix ans des interventions annuelles dans des écoles auvergnates pour parler du Félibrige.
En 1908, il collabora à une initiative destinée à réunir les Auvergnats de Paris : la fondation de la Veillée d'Auvergne, association et revue littéraire, en parler auvergnat, dans la ligne de Lo Cobreto qui ne paraissait plus.
Recherché pour ses talents d'orateur et surtout de conteur, il anima des veillées renommées et fut sollicité pour plusieurs manifestations régionalistes.
Il publia deux recueils en occitan, Flour de Brousso en 1896 et Jous la Cluchado en 1908, récompensés aux Jeux Floraux de Toulouse. Certains poèmes sont inspirés des excursions de l'auteur dans la campagne et de son activité de chasseur ; d'autres mettent en scène la vie de la maisonnée et peint les portraits de personnes de son environnement : famille, domestiques, voisins, etc.
Ses premiers écrits occitans se présentaient dans une graphie “phonétique”, adressée au lectorat aurillacois, puis à la suite de son rapprochement avec le Félibrige il adopta avec enthousiasme la graphie mistralienne, et finalement d'autres influences l'amenèrent à remplacer celle-ci par la graphie “étymologique” ou “occitane”. En effet, il avait des relations tout-à-fait amicales avec des gens comme Antonin Perbosc (1861-1944) et Prosper Estieu (1860-1939), instituteurs dans les environs de Toulouse et promoteurs d'une graphie inspirée des Troubadours. Pour achever de le convaincre, l'abbé Raymond Four (1877-1918) d'Aurillac avait pris le parti de la graphie “étymologique”. L'abbé aida Vermenouze pour la publication de Jous la Cluchado et il y fit figurer une transcription de chaque poème dans cette graphie, en regard de la version en graphie “phonétique” et de la traduction en français.
Flour de Brousso, Imprimerie Moderne, Aurillac, 1896. Voir la ressource en ligne sur le site du Cieldoc
En Plein Vent, Stock, Paris, 1900.
Mon Auvergne, Plon, Paris, [s.d.].
Jous la Cluchado, Imprimerie Moderne, Aurillac, 1908. Voir la ressource en ligne sur Occitanica
Dernières Veillées, Revue des Poètes, Paris, 1911.
Revue Lo Cobreto. Voir les numéros disponibles en lignes sur Occitanica
]]>Arsène Vermenouze est un écrivain du canton d'Aurillac (Haute-Auvergne) d'expression languedocienne et française. Élu majoral du Félibrige en 1900, il est connu comme le "chasseur-poète", composant ses poèmes en parcourant la campagne.
Vermenouze, Arsène
Vermenosa, Arsèni
Poe͏̈ta d'Eitrac, Lo
Il est né le 26 septembre 1850 à Vielle, commune d'Ytrac, dans une famille de propriétaires terriens. Son instruction fut partagée entre l'école des Frères à Aurillac pendant 3 ans et les enseignements d'une préceptrice qui lui donna le goût des lettres. Il passa son enfance dans la campagne cantalienne, avec ses grands-parents, sa mère, ses frères et sa sœur. À l'epoque, de nombreuses familles auvergnates complétaient leurs ressources en faisant du commerce en Espagne. C'est ainsi que Vermenouze rejoignit son père à l'âge de 16 ans à Illescas, près de Tolède, où ils tenaient une boutique de vins, épices, tissus et autres marchandises. Il resta plus de quinze ans en "exil" ponctué de retours tous les deux ans. En 1870 il revint quelque temps en France, comme engagé volontaire dans le 4ème régiment de hussards. À son retour définitif d'Espagne, il tint une boutique de liqueurs avec des cousins à Aurillac.
Il eut une activité assez soutenue de journaliste et polémiste, devenant avec le temps profondément attaché à des valeurs de foi chrétienne et de patriotisme. Républicain, il était notamment favorable au Ralliement, dans un primier temps, puis à l'Action Française vers la fin de sa vie après des déceptions républicaines. Le Ralliement était une tendance chez les catholiques dans la ligne de l'encyclique Au milieu des sollicitudes (1892) du pape Léon XIII en faveur de la République, à condition d'abandonner les lois sur la laïcization.
Il obtint le prix Archon-Desperouses de l'Académie Française (1000 fcs) en 1903 pour son recueil en français Mon Auvergne.
Il mourut de maladie le 8 janvier 1910.
Quelques années plus tard, son buste fut inauguré dans un parc d'Aurillac, et des rues portent aujourd'hui son nom à Aurillac, Clermont-Ferrand, Riom e Paris.
Le chanoine cantalien Jean Mazières (1903-1983) écrivit une thèse très complète et documentée sur la vie et l'œuvre d'Arsène Vermenouze.
Il écrivit tant en français qu'en occitan et d'une manière générale ses textes parurent dans des revues comme L'Avenir du Cantal, l'Indépendant du Cantal, le Moniteur du Cantal, la Croix du Cantal et la Croix cantalienne. Il signait (souvent sous des pseudonymes comme “Jantou” ou “L'Arverne”) des écrits poétiques, satiriques et engagés, qui eurent beaucoup de succès. À partir de 1901 il collabora au Mois littéraire et pittoresque, revue culturelle catholique qui paraissait à Paris.
Ses premiers écrits en oc datent de 1879 et furent publiés dans la revue L'Avenir du Cantal d'Auguste Bancharel (1832-1889), écrivain d'oc lui aussi. Un ami et un collaborateur très important dans les activités félibréennes de Vermenouze fut l'abbé Francis Courchinoux (1859-1902).
Il fut encouragé à publier et introduit dans le milieu intellectuel parisien par Jean Ajalbert (1863-1947), écrivain et polémiste, né dans une famille d'origine auvergnate.
À partir de 1890, il se rapprocha du Félibrige et composa des textes comme le poème « Als felibres, als cigalièrs e als trobaires », ou le manifeste « O touto l'Oubergno » qui appellent les Auvergnats à la défense e à la promotion de la langue, la « lenga d'òc », de concert avec les Gascons et les Provençaux. En 1894 il devint capiscòl de l'Escolo Oubernhato, et l'année suivante il fonda la revue félibréenne Lo Cobreto. En 1900 il fut élu majoral du Félibrige. Il en fut un animateur très actif, au centre des relations avec félibres et érudits dans le Cantal. Il fit pendant près de dix ans des interventions annuelles dans des écoles auvergnates pour parler du Félibrige.
En 1908, il collabora à une initiative destinée à réunir les Auvergnats de Paris : la fondation de la Veillée d'Auvergne, association et revue littéraire, en parler auvergnat, dans la ligne de Lo Cobreto qui ne paraissait plus.
Recherché pour ses talents d'orateur et surtout de conteur, il anima des veillées renommées et fut sollicité pour plusieurs manifestations régionalistes.
Il publia deux recueils en occitan, Flour de Brousso en 1896 et Jous la Cluchado en 1908, récompensés aux Jeux Floraux de Toulouse. Certains poèmes sont inspirés des excursions de l'auteur dans la campagne et de son activité de chasseur ; d'autres mettent en scène la vie de la maisonnée et peint les portraits de personnes de son environnement : famille, domestiques, voisins, etc.
Ses premiers écrits occitans se présentaient dans une graphie “phonétique”, adressée au lectorat aurillacois, puis à la suite de son rapprochement avec le Félibrige il adopta avec enthousiasme la graphie mistralienne, et finalement d'autres influences l'amenèrent à remplacer celle-ci par la graphie “étymologique” ou “occitane”. En effet, il avait des relations tout-à-fait amicales avec des gens comme Antonin Perbosc (1861-1944) et Prosper Estieu (1860-1939), instituteurs dans les environs de Toulouse et promoteurs d'une graphie inspirée des Troubadours. Pour achever de le convaincre, l'abbé Raymond Four (1877-1918) d'Aurillac avait pris le parti de la graphie “étymologique”. L'abbé aida Vermenouze pour la publication de Jous la Cluchado et il y fit figurer une transcription de chaque poème dans cette graphie, en regard de la version en graphie “phonétique” et de la traduction en français.
Flour de Brousso, Imprimerie Moderne, Aurillac, 1896. Voir la ressource en ligne sur le site du Cieldoc
En Plein Vent, Stock, Paris, 1900.
Mon Auvergne, Plon, Paris, [s.d.].
Jous la Cluchado, Imprimerie Moderne, Aurillac, 1908. Voir la ressource en ligne sur Occitanica
Dernières Veillées, Revue des Poètes, Paris, 1911.
Revue Lo Cobreto. Voir les numéros disponibles en lignes sur Occitanica
Arsène Vermenouze es un escrivan del canton d'Orlhac (Naut Auvèrnhe) d'expression lengadociana e francesa. Elegit majoral del Felibritge en 1900, es conegut coma lo "caçaire-poèta", compausant sos poèmas en percorrent lo campèstre.
Vermenouze, Arsène
Vermenosa, Arsèni
Poe͏̈ta d'Eitrac, Lo
Nasquèt lo 26 de setembre de 1850 a Vielha d'Eitrac dins una familha de proprietaris terrians. Son instruccion foguèt partatjada entre l'escòla dels Fraires a Orlhac pendent 3 ans e una preceptritz que li donèt lo gost de las letras. Passèt son enfància dins lo campèstre cantalés, amb sos grands, sa maire, sos fraires e sa sòrre. A l'epòca, mantuna familha auvernhata completava sas ressorsas en fasent de comèrci en Espanha. Es atal que Vermenouze rejonhèt son paire a l'atge de 16 ans a Illescas, pròche Toledo, ont tenián una botiga de vins, espècias, teissuts e autras merças. Demorèt mai de quinze ans en "exili", ponctuat de retorns cada dos ans. En 1870 tornèt un temps en França, engatjat volontari dins lo 4en regiment de hussards. A son retorn definitiu d'Espanha, tenguèt un negòci de liquors amb de cosins sieus a Orlhac.
Aguèt una activitat pro sostenguda de jornalista e polemista, venent amb lo temps prigondament estacat a de valors de fe crestiana e de patriotisme. Republican, èra notament favorable al Ralligament, dins un primièr temps, puèi a l'Accion Francesa a la fin de sa vida aprèp de decepcions republicanas. Lo Ralligament èra una tendéncia a cò dels catolics dins la linha de l'enciclica Au milieu des sollicitudes (1892) del papa Leon XIII en favor de la Republica, a condicion d'abandonar las leis sus la laïcizacion.
Obtenguèt lo prèmi Archon-Desperouses de l'Académia Francesa (1000 fcs) en 1903 per son recuèlh en francés Mon Auvergne.
Moriguèt de malautiá lo 8 de genièr de 1910.
D'unas annadas puèi, son bust foguèt inaugurat dins un pargue d'Orlhac, e d'unas carrièras pòrtan son nom a Orlhac, Clarmont, Riom e París.
Lo canonge cantalés Jean Mazières (1903-1983) escriguèt una tèsi fòrt completa e documentada sus la vida e l'òbra d'Arsène Vermenouze.
Escriguèt tant en francés coma en occitan e d'un biais general sos tèxtes pareguèron dins de revistas coma L'Avenir du Cantal, l'Indépendant du Cantal, lo Moniteur du Cantal, la Croix du Cantal e la Croix cantalienne. Signava (sovent jos de pseudonims coma “Jantou” o “L'Arverne”) d'escriches poetics, satirics e engajats, qu'aguèron fòrça succès. A partir de 1901 collaborèt al Mois littéraire et pittoresque, revista culturala catolica que pareissiá a París.
Sos primièrs escriches en òc datan de 1879 e foguèron publicats dins la revista L'Avenir du Cantal d'Auguste Bancharel (1832-1889), escrivan d'òc el tanben. Un amic e un collaborator fòrça important dins las activitats felibrencas de Vermenouze foguèt l'abat Francis Courchinoux (1859-1902).
Foguèt encoratjat a publicar e introdusit dins lo mitan intellectual parisenc per Jean Ajalbert (1863-1947), escrivan e polemista, nascut dins una familha d'origina auvernhata.
A partir de 1890, se raprochèt del Felibritge e compausèt de tèxtes coma lo poèma « Als felibres, als cigalièrs e als trobaires », o lo manifest « O touto l'Oubergno » qu'apèlan los Auvernhats a la defensa e a la promocion de la lenga, la « lenga d'òc », de concèrt amb los Gascons e los Provençals. En 1894 venguèt capiscòl de l'Escolo Oubernhato, l'annada seguenta fondèt la revista felibrenca Lo Cobreto. En 1900 foguèt elegit majoral del Felibritge. Foguèt un animator fòrça actiu del Felibritge, al centre de las relacions amb felibres e erudits dins lo Cantal. Faguèt pendent gaireben un decenni d'intervencions annadièras dins d'escòlas auvernhatas per parlar del Felibritge.
En 1908, collaborèt a una iniciativa destinada a acampar los Auvernhats de París : la fondacion de la Veillée d'Auvergne, associacion e revista literària, en parlar auvernhat, dins la dralha de Lo Cobreto que pareissiá pas mai.
Recercat per sos talents d'orator e subretot de contaire, animèt de velhadas famosas e foguèt sollicitat dins mantuna manifestacion regionalista.
Publiquèt dos recuèlhs en occitan, Flour de Brousso en 1896 e Jous la Cluchado en 1908, recompensats als Jòcs Florals de Tolosa. D'unes poèmas son inspirats de las escapadas de l'autor dins lo campèstre e de son activitat de caçaire ; d'autres meton en scèna la vida de l'ostalada e pintra los retraches de personatges de son environa : familha, domestics, vesins, etc.
Sos primièrs escriches occitans èran dins una grafia “fonetica”, adreçada al lectorat orlhagués, puèi a la seguida de son raprochament amb lo Felibritge adoptèt amb entosiasme la grafia mistralenca, e fin finala d'autras influéncias lo menèron a remplaçar aquesta per la grafia “etimologica” o “occitana”. En efièch, aviá de relacions pro amicalas amb de mond coma Antonin Perbosc (1861-1944) e Prosper Estieu (1860-1939), institutors dins lo ròdol de Tolosa e promotors d'una grafia inspirada dels Trobadors. Per acabar de lo convéncer, l'abat Raymond Four (1877-1918) d'Orlhac aviá pres lo partit de la grafia “etimologica”. L'abat ajudèt Vermenouze per la publicacion de Jous la Cluchado e i faguèt figurar una transcripcion de cada poèma dins aquesta grafia, en regard de la version en grafia “fonetica” e de la traduccion en francés.
Flour de Brousso, Imprimerie Moderne, Aurillac, 1896. Voir la ressource en ligne sur le site du Cieldoc
En Plein Vent, Stock, Paris, 1900.
Mon Auvergne, Plon, Paris, [s.d.].
Jous la Cluchado, Imprimerie Moderne, Aurillac, 1908. Voir la ressource en ligne sur Occitanica
Dernières Veillées, Revue des Poètes, Paris, 1911.
Revue Lo Cobreto. Voir les numéros disponibles en lignes sur Occitanica