Fabre, Roger (1920-2015)
- Fabre, Rogièr (forme occitane du nom)
- Lo Rogièr (pseudonyme)
- Lo gardian (pseudonyme)
Roger Raymond François René Fabre est né dans le Tarn en 1920. Sa mère était originaire du Poujol-sur-Orb (Hérault) et son père avait une entreprise de charpente-menuiserie à Mazamet (Tarn). Cadet de quatre enfants, trois garçons puis une fille, il étudie à l’École Pratique de sa ville natale pour être menuisier et sera aussi apprenti boulanger chez des parents à Lavaur. Sa vie professionnelle s’est cependant déroulée dans l’administration des Postes où il entre comme télégraphiste à près de quatorze ans et où il reste 46 ans, une carrière achevée comme chef d’établissement (ou receveur des PTT) à Villefranche-de-Lauragais (Haute-Garonne) en 1980. Il évoque sa vie dans ses œuvres et souvenirs, situe ses débuts et son parcours dans le contexte de l’époque.
Il n’a pas été mobilisé en 1940 mais a été convoqué aux chantiers de jeunesse au Vigan, puis requis pour le Service du travail obligatoire (STO). Il part dans un train de postiers à destination d’Innsbruck (Autriche), où il est affecté aux tâches de commis et facteur du bureau local. Il est alors en contact avec la population de langue allemande et y subit les premiers bombardements américains. Il réussit à revenir au bout de quelques mois et mène une vie semi-clandestine dans sa région. Il rejoint le maquis du groupe Vény dans le sud du Tarn et participe à la Libération dans le secteur de la Montagne Noire. Il se marie en 1946 avec Claire, une jeune femme d’origine italienne, et leur naît une fille.
Dès ses seize ans, lors du Front Populaire, il s’intéresse à la vie politique et au syndicalisme. Il est membre des Jeunesses socialistes puis de la SFIO, de la CGT réunifiée puis de la CGT-FO à sa création. Il s’éloigne de ce militantisme quand il entre dans la carrière de receveur en 1956 et adhère à l’Amicale des chefs d’établissement dont il était toujours membre à son décès. Issu d’une famille pratiquante, il entretient des liens étroits avec la religion catholique.
Pour progresser dans sa carrière suite à un goût des contacts humains, il devient receveur et se déplace avec sa famille de poste en poste dans la France entière pendant un quart de siècle. Auparavant, il prépare plusieurs concours administratifs où il découvre les matières de l’enseignement secondaire, et notamment la littérature. De même, il apprécie les lectures que lui permettent les nuits de travail à la Poste de Mazamet. Il apprend l’italien pour communiquer avec sa belle-famille et cette connaissance, jointe à celle de l’occitan et à l’intérêt porté aux langues romanes, lui permet de renseigner des migrants du bassin méditerranéen quand il est en fonction dans des régions industrielles.
Dans les postes occupés en pays occitans, par exemple dans la Haute-Garonne (vers 1975), il observe l’ampleur de la diversité linguistique. « Sur le marché de Saint-Gaudens, quand j’étais à Aspet, on entendait parler 1°/ le toulousain, 2°/ l’ariégeois, 3°/ le bigourdan, 4°/ l’occitan du Gers […]. J’assimile un peu de tout. » (2014).
Il avait remarqué tout jeune les variantes que sa famille proche pratiquait, de Lavaur à Montpellier. Entre l’enfance et les loisirs de retraité, la curiosité pour les langues ne l’a pas quitté. L’occitan a été une aventure à la fois précoce et tardive. Chez ces artisans citadins, c’était la langue de l’atelier de menuiserie paternel et la langue des échanges avec les grands-parents, dont une grand-mère qui connaissait des proverbes et contes locaux. Il l’approfondit aussi à la métairie d’un grand-oncle au Ribec (commune du Pont-de-l’Arn), où il passe l’été avec d’autres enfants de la famille élargie embauchés autour de leur dixième année pour apporter leur force de travail au moment des récoltes.
« De tot l’estiu, ausissiam pas gaire parlar lo francés, las discutidas se debanavan en occitan. Per las batesons, lo ser, se cantava e solament de cants vièlhs occitans. Pòdes pas saupre lo recòrd qu’ai dins lo cap d’aquel temps benesit. L’occitan que se parlava èra linde e quand pus tard me mainèri de l’ensenhar als autres al Cercle Occitan de Montpelhièr, l’ai plan sovent pres coma referéncia », écrivait-il en 2013 à une descendante de ces métayers tarnais.
Une autre pratique vient de la presse écrite et de ses récits comiques lus en famille. La Campana de Magalouna était apportée au Poujol par un oncle travaillant à Montpellier : « Pour nous, c’était nouveau, on pouvait lire notre langue, celle qu’on entendait parler tous les jours ». Pas de rencontre avec le félibrige local, un autre monde.
Plus tard, au milieu des années 1980, la retraite le conduit à Montpellier où il intègre le Cercle occitan de Montpellier, où Jean Rouquette-Larzac assure des cours au Centre Saint-Guilhem. Il y apprend l’orthographe normalisée, enrichit son vocabulaire et s’intéresse à l’étude des textes anciens. Il avait élaboré des grilles de mots croisés au STO puis avait rédigé des souvenirs familiaux en français. Il transpose ces pratiques à la langue occitane. Et il lit au Cercle ses premiers vers, avec l’assurance du locuteur natif.
« A la debuta farguèri qualques poèmas per far véser als companhs las diferéncias entre las formas francesas e occitanas e mai que mai pausar l’accent tonic, pas facil per un Parisenc o Irlandesa o Japonesa. Per començar, ai fait amb los dits de ma grand-maire e puèi ai parlat de la familha, de ieu mas, plan sovent, una frasa canta dins mon cap que sembla un vèrs, la meti negre sus blanc e, aquí dessus, bròdi, sens saupre tròp ont vau, daissi far mon inconscient o mon subconscient », témoigne-t-il en 2013.
Il assure un temps à son tour la responsabilité des cours, tout comme il co-anime un éphémère Cercle occitan de Saint-Gély. La revue du Cercle occitan de Montpellier, Lo Bram dau Clapàs, accueille au fil des années ses grilles, ses textes et poèmes et il en devient rédacteur en chef. Il s’engage un peu plus dans les années 2000-2010. A 80 ans, vivant seul et moins valide, il est disponible pour des activités de type intellectuel où il s’épanouit dans une grande liberté d’action. Il correspond ainsi avec le journaliste Jacques Bruyère de Midi Libre, à propos de sa rubrique « Nature et patrimoine ».
L’année de ses 90 ans, le Cercle prend l’initiative avec Alain Bessière d’éditer et de faire connaître un choix de ses écrits en oc, traduits par ses soins, A Tròces e a Bocins, édité par l’IEO Lengadòc, poèmes et nouvelles. C’est aussi l’époque où il diffuse une sélection hebdomadaire d’informations occitanes par courriel, Lo Bramaironet. Il pratiquait la poésie de circonstance en français et en gratifiait sa famille et ses amis d’un club de retraités dans la ville de Saint-Gély-du-Fesc (Hérault) où il est décédé d’une crise cardiaque en 2015. Devenu malvoyant au cours des quatre dernières années de sa vie, il était resté lucide et sociable dans son dernier cadre de vie, la maison de retraite Belle-Viste. Il y est interviewé en mai 2013 par Aimat Brees pour l’émission Camina que caminaràs de Ràdio Lenga d’Oc. Il participe à un ultime concours de poésie sur le thème de la solidarité. Il tient sa place dans les échanges intergénérationnels avec les enfants d’une école et du collège local, et ceux du collège Leon Còrdas de Grabels, sur ses thèmes de prédilection, l’occitan et la Résistance.
]]>Fonctionnaire (receveur des PTT), résistant (groupe Vény), administrateur du Cercle occitan de Montpellier, rédacteur en chef du Bram dau Clapas, auteur de grilles de mots croisés, poèmes, récits et nouvelles.
Fabre, Roger (1920-2015)
- Fabre, Rogièr (forme occitane du nom)
- Lo Rogièr (pseudonyme)
- Lo gardian (pseudonyme)
Roger Raymond François René Fabre est né dans le Tarn en 1920. Sa mère était originaire du Poujol-sur-Orb (Hérault) et son père avait une entreprise de charpente-menuiserie à Mazamet (Tarn). Cadet de quatre enfants, trois garçons puis une fille, il étudie à l’École Pratique de sa ville natale pour être menuisier et sera aussi apprenti boulanger chez des parents à Lavaur. Sa vie professionnelle s’est cependant déroulée dans l’administration des Postes où il entre comme télégraphiste à près de quatorze ans et où il reste 46 ans, une carrière achevée comme chef d’établissement (ou receveur des PTT) à Villefranche-de-Lauragais (Haute-Garonne) en 1980. Il évoque sa vie dans ses œuvres et souvenirs, situe ses débuts et son parcours dans le contexte de l’époque.
Il n’a pas été mobilisé en 1940 mais a été convoqué aux chantiers de jeunesse au Vigan, puis requis pour le Service du travail obligatoire (STO). Il part dans un train de postiers à destination d’Innsbruck (Autriche), où il est affecté aux tâches de commis et facteur du bureau local. Il est alors en contact avec la population de langue allemande et y subit les premiers bombardements américains. Il réussit à revenir au bout de quelques mois et mène une vie semi-clandestine dans sa région. Il rejoint le maquis du groupe Vény dans le sud du Tarn et participe à la Libération dans le secteur de la Montagne Noire. Il se marie en 1946 avec Claire, une jeune femme d’origine italienne, et leur naît une fille.
Dès ses seize ans, lors du Front Populaire, il s’intéresse à la vie politique et au syndicalisme. Il est membre des Jeunesses socialistes puis de la SFIO, de la CGT réunifiée puis de la CGT-FO à sa création. Il s’éloigne de ce militantisme quand il entre dans la carrière de receveur en 1956 et adhère à l’Amicale des chefs d’établissement dont il était toujours membre à son décès. Issu d’une famille pratiquante, il entretient des liens étroits avec la religion catholique.
Pour progresser dans sa carrière suite à un goût des contacts humains, il devient receveur et se déplace avec sa famille de poste en poste dans la France entière pendant un quart de siècle. Auparavant, il prépare plusieurs concours administratifs où il découvre les matières de l’enseignement secondaire, et notamment la littérature. De même, il apprécie les lectures que lui permettent les nuits de travail à la Poste de Mazamet. Il apprend l’italien pour communiquer avec sa belle-famille et cette connaissance, jointe à celle de l’occitan et à l’intérêt porté aux langues romanes, lui permet de renseigner des migrants du bassin méditerranéen quand il est en fonction dans des régions industrielles.
Dans les postes occupés en pays occitans, par exemple dans la Haute-Garonne (vers 1975), il observe l’ampleur de la diversité linguistique. « Sur le marché de Saint-Gaudens, quand j’étais à Aspet, on entendait parler 1°/ le toulousain, 2°/ l’ariégeois, 3°/ le bigourdan, 4°/ l’occitan du Gers […]. J’assimile un peu de tout. » (2014).
Il avait remarqué tout jeune les variantes que sa famille proche pratiquait, de Lavaur à Montpellier. Entre l’enfance et les loisirs de retraité, la curiosité pour les langues ne l’a pas quitté. L’occitan a été une aventure à la fois précoce et tardive. Chez ces artisans citadins, c’était la langue de l’atelier de menuiserie paternel et la langue des échanges avec les grands-parents, dont une grand-mère qui connaissait des proverbes et contes locaux. Il l’approfondit aussi à la métairie d’un grand-oncle au Ribec (commune du Pont-de-l’Arn), où il passe l’été avec d’autres enfants de la famille élargie embauchés autour de leur dixième année pour apporter leur force de travail au moment des récoltes.
« De tot l’estiu, ausissiam pas gaire parlar lo francés, las discutidas se debanavan en occitan. Per las batesons, lo ser, se cantava e solament de cants vièlhs occitans. Pòdes pas saupre lo recòrd qu’ai dins lo cap d’aquel temps benesit. L’occitan que se parlava èra linde e quand pus tard me mainèri de l’ensenhar als autres al Cercle Occitan de Montpelhièr, l’ai plan sovent pres coma referéncia », écrivait-il en 2013 à une descendante de ces métayers tarnais.
Une autre pratique vient de la presse écrite et de ses récits comiques lus en famille. La Campana de Magalouna était apportée au Poujol par un oncle travaillant à Montpellier : « Pour nous, c’était nouveau, on pouvait lire notre langue, celle qu’on entendait parler tous les jours ». Pas de rencontre avec le félibrige local, un autre monde.
Plus tard, au milieu des années 1980, la retraite le conduit à Montpellier où il intègre le Cercle occitan de Montpellier, où Jean Rouquette-Larzac assure des cours au Centre Saint-Guilhem. Il y apprend l’orthographe normalisée, enrichit son vocabulaire et s’intéresse à l’étude des textes anciens. Il avait élaboré des grilles de mots croisés au STO puis avait rédigé des souvenirs familiaux en français. Il transpose ces pratiques à la langue occitane. Et il lit au Cercle ses premiers vers, avec l’assurance du locuteur natif.
« A la debuta farguèri qualques poèmas per far véser als companhs las diferéncias entre las formas francesas e occitanas e mai que mai pausar l’accent tonic, pas facil per un Parisenc o Irlandesa o Japonesa. Per començar, ai fait amb los dits de ma grand-maire e puèi ai parlat de la familha, de ieu mas, plan sovent, una frasa canta dins mon cap que sembla un vèrs, la meti negre sus blanc e, aquí dessus, bròdi, sens saupre tròp ont vau, daissi far mon inconscient o mon subconscient », témoigne-t-il en 2013.
Il assure un temps à son tour la responsabilité des cours, tout comme il co-anime un éphémère Cercle occitan de Saint-Gély. La revue du Cercle occitan de Montpellier, Lo Bram dau Clapàs, accueille au fil des années ses grilles, ses textes et poèmes et il en devient rédacteur en chef. Il s’engage un peu plus dans les années 2000-2010. A 80 ans, vivant seul et moins valide, il est disponible pour des activités de type intellectuel où il s’épanouit dans une grande liberté d’action. Il correspond ainsi avec le journaliste Jacques Bruyère de Midi Libre, à propos de sa rubrique « Nature et patrimoine ».
L’année de ses 90 ans, le Cercle prend l’initiative avec Alain Bessière d’éditer et de faire connaître un choix de ses écrits en oc, traduits par ses soins, A Tròces e a Bocins, édité par l’IEO Lengadòc, poèmes et nouvelles. C’est aussi l’époque où il diffuse une sélection hebdomadaire d’informations occitanes par courriel, Lo Bramaironet. Il pratiquait la poésie de circonstance en français et en gratifiait sa famille et ses amis d’un club de retraités dans la ville de Saint-Gély-du-Fesc (Hérault) où il est décédé d’une crise cardiaque en 2015. Devenu malvoyant au cours des quatre dernières années de sa vie, il était resté lucide et sociable dans son dernier cadre de vie, la maison de retraite Belle-Viste. Il y est interviewé en mai 2013 par Aimat Brees pour l’émission Camina que caminaràs de Ràdio Lenga d’Oc. Il participe à un ultime concours de poésie sur le thème de la solidarité. Il tient sa place dans les échanges intergénérationnels avec les enfants d’une école et du collège local, et ceux du collège Leon Còrdas de Grabels, sur ses thèmes de prédilection, l’occitan et la Résistance.
Foncionari (recebeire dels PTT), resistent (grop Vény), administrator del Cercle occitan de Montpelhièr, cap-redactor del Bram dau Clapàs, autor de mots en crotz, poèmas, racontes e novèlas.
Fabre, Roger (1920-2015)
- Fabre, Rogièr (forme occitane du nom)
- Lo Rogièr (pseudonyme)
- Lo gardian (pseudonyme)
Rogièr, Raimon, Francés Renat Fabre nasquèt dins Tarn en 1920. Sa maire èra de Pojòl-sus-Òrb (Erau) e son paire aviá una entrepresa de fustatge e menusariá a Masamet (Tarn). Cabdet de tres dròlles e una dròlla, estúdia a l’Escòla Practica de sa vila natala per far menusièr e farà tanben aprendís-fornier ençò de parents a La Vaur. Çaquelà, sa vida professionala se debanarà dins l’administracion de las Pòstas ont dintra per telegrafista a gaireben quatòrze ans e ont demòra 46 ans e i acaba sa carrièra cap d’establiment (o recebeire dels PTT) a Vilafranca de Lauragués (Garona-Nauta) en 1980. Evòca sa vida dins sas òbras e sovenirs, situa sos debuts e son caminament dins lo contèxte de l’epòca.
Foguèt pas mobilizat en 1940, mas foguèt mandat als « Chantiers de Jeunesse » al Vigan, puèi requesit pel Servici del Trabalh Obligatòri (STO). Partís dins un tren de postièrs per Innsbrück (Austria) ont es afectat au prètzfach de comís e portaire del burèu local. Es al contacte ambe la populacion de lenga alemanda e coneis los primièrs bombardaments americans. Capita a tornar aprèp qualques meses e viu dains la semi-clandestinitat dins sa region. Jonh lo maquís del grop Vény dins lo sud de Tarn e participa a la Liberacion dins lo sector de La Montanha Negra.
En 1946, marida Clara, joventa d’origina italiana que li balharà una dròlla.
Tre setze ans, pendent lo Front Popular, s’interèssa a la vida politica e al sindicalisme. Es sòci de las Joventuts Socialistas, puèi de la SFIO, de la CGT reünificada, puèi de la CGT-FO a sa creacion. S’aluènha d’aquel militantisme quand comença sa carrièra de recebeire en 1956 e aderís a l’Amicala dels caps d’establiments e n’èra encara sòci quans se moriguèt. Sortit d’una familha practicanta, aurà de ligams estreches ambe la religion catolica.
Per s’enançar dins sa carrièra e per gost pels contactes umans, ven recebeire e se muda ambe sa familha, pòst aprèp pòst dins tota la França pendent un quart de sègle. Aperabans, prepara mantun concorses administratius e i descobrís las matèrias de l’ensenhament segondari e mai que mai la literatura. Prèsa tanben las lecturas que li permeton las nuèches de trabalh a la Pòsta de Masamet. Apren l’italian per comunicar ambe sos bèlsparents e aquela coneissença, ligada a la de l’occitan e a l’interès que pòrta a las lengas romanas, li permet d’entre-senhar de migrants del bacin mediterranèu quand es en foncion dins de regions industrialas.
Jovenòt, aviá remarcat las variantas que sa familha pròcha practicava, de La Vaur a Montpelhièr. Entre l’enfança e los lésers de la retirada, la curiositat per las lengas lo quitèt pas. L’occitan foguèt una aventura a l’encòp precòça e tardiva. Ençò d’aqueles mestierals ciutadans, èra la lenga del talhièr de menusariá pairal e la lenga dels escambis ambe los pairegrands, qu’una grand sabiá de provèrbis e de contes locals. L’aprigondís tanben a la bòria d’un grand oncle al Ribec (comuna del Pont-de-l’Arn), ont passa l’estiu ambe d’autres dròlles de la familha embauchats tre dètz ans per ajudar a las recòltas.
« De tot l’estiu, ausissiam pas gaire parlar lo francés, las discutidas se debanavan en occitan. Per las batesons, lo ser, se cantava e solament de cants vièlhs occitans. Pòdes pas saupre lo recòrd qu’ai dins lo cap d’aquel temps benesit. L’occitan que se parlava èra linde e quand pus tard, me mainèri de l’ensenhar als autres al Cercle Occitan de Montpelhièr, l’ai plan sovent pres coma referéncia », escriviá en 2013 a una descendenta d’aqueles borièrs tarneses.
Negligís pas la premsa escricha e sos racontes comics legits en familha. La Campana de Magalona èra portada al Pojòl per un oncle que trabalhava a Montpelhièr : « Pour nous, c’était nouveau, on pouvait lire notre langue, celle qu’on entendait parler tous les jours. » Pas de rescontre ambe lo Felibritge, un autre monde...
Al mitan de las annadas 1980, la retirada lo mena a Montpelhièr ont intègra lo Cercle Occitan de la vila. e ont Joan Larzac assegura los corses al centre Sant-Guilhèm. I apren la grafia normalizada, enriquís son vocabulari e s’interèssa a l’estudi dels tèxtes ancians. Aviá elaborat de grasilhas de mots en crotz al STO puèi aviá escrich de sovenirs familials en francés. Transpausa aquelas practicas a la lenga occitana, e legís al Cercle sos primièrs vèrses, ambe l’assegurança d’un locutor natiu.
« A la debuta, farguèri qualques poèmas per far véser als companhs las diferéncias entre las formas francesas e occitanas e mai que mai pausar l’accent tonic, pas facil per un Parisenc o Irlandesa o Japonesa. Per començar, ai fait amb los dits de ma grand-maire e puèi ai parlat de la familha, de ieu, mas, plan sovent, una frasa canta dins mon cap que sembla un vèrs, la meti negre sus blanc e, aquí dessús, bròdi, sens saupre tròp ont vau, daissi far mon inconscient o mon subconscient », çò ditz en 2013.
Assegura un temps a son torn la responsabilitat dels corses e co-anima un Cercle Occitan passadís a Sant-Gèli. La revista del Cercle Occitan de Montpelhièr, Lo Bram dau Clapàs, aculhís al fil de las annadas sas grasilhas, sos tèxtes e poèmas e ne vèn cap-redactor. S’engatja un pauc mai dins las annadas 2000-2010. A 80 ans, vivent sol e essent mens valide, es disponible per d’activitats intellectualas ont se carra dins una granda libertat d’accion. Correspond atal ambe lo jornalista Jaume Bruyère de Midi Libre, a prepaus de sa rubrica « Nature et Patrimoine ».
L’annada de sos 90 ans, lo Cercle pren l’iniciativa ambe Alan Bessière d’editar e de faire conéisser una causida de sos escriches en òc, tradusits per l’autor, A Tròces e a Bocins, poèmas e novèlas, editat per l’IEO-Lengadòc. Es tanben lo temps ont difusa una seleccion setmanièra d’entre-senhas occitanas sus la tela, Lo Bramaironet. Practicava la poesia de circonstància en francés e ne gratificava sa familha e sos amics d’un club de retirats dins la vila de Sant-Gèli-del-Fesc (Erau) ont defuntèt d’un infart en 2015. Vengut òrb pendent las quatre darrièras annadas de sa vida, èra demorat lucide e sociable dins son darrièr quadre de vida, l’ostal de retirada, Bèla-Vista.I es entrevistat en mai de 2013 per Aimat Brees per l’emission Camina que caminaràs de Ràdio Lenga d’Òc. Participa a un ultime concors de poesia sul tèma de la solidaritat. Ten sa plaça dins los escambis entre generacions ambe los dròlles d’una escòla e del collègi local, e los del Collègi Leon Còrdas de Grabels, sus sos tèmas de predileccion : l’occitan e la Resisténcia.
Fabre, Roger, A Trocès e a Bocins, Poèmas e Racontes en Occitan, Revirats en Francés, Béziers, IEO Languedoc-Roussillon, 2010, 285 p.
Bram dau Clapàs. http://cercle-occitan.perso.sfr.fr/tableaux/octabram.html, dont mots croisés.
Ràdio Lenga d’Oc, Camina que caminaràs, par Aimat Brees, 23 juin 2013, « Omenatge a Roger Fabre », rediffusion février 2015 (Avec Alain Bessière, Jean Larzac et le Cercle occitan de Montpellier).
Ràdio Occitània, Good morning occitània, par Marius Blenet, 27 février 2015, « Un omenatge a un escrivan et militant que ven de morir, Roger Fabre » (Avec Jean-Claude Forêt et Marie-Jeanne Verny, Université Paul-Valéry, Montpellier) http://www.fimoc.com/?p=510.
Fabre, Roger, Lo Bramaironet, feuille électronique d’informations occitanes (arrêt septembre 2011).
Fabre, Roger, « Témoignage : mes six mois de chantiers de jeunesse au Vigan et Avèze (mars-octobre 1941) », Lien des Chercheurs Cévenols, n° 175, octobre 2013, p. 4-7.
Archives départementales de l’Hérault, Collecte de témoignages sur la mémoire dans l’Hérault de la Résistance et de la Déportation, 2027 W 5 à 2027 W 8, Témoignage de Roger Fabre, enregistrements réalisés au domicile du témoin à Saint-Gély-du-Fesc les 24 et 29 mai 2007.
« Roger Fabre, un patrimoine au fil de la plume. Focus », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 54, juillet-août 2010, p. 7.
« Les écoliers à la rencontre des résidants de Belle-Viste », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 81, mai 2013, p. 6.
« Résidence Belle-Viste. Dossier du mois », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 97, février 2015, p. 5.
Archives privées.
Fabre, Rogièr, A Tròces e a Bocins, Poèmas e Racontes en Occitan, Revirats en francés, Besièrs, IEO Lengadòc 2010, 285 p.
Lo Bram dau Clapàs. http://cercle-occitan.perso.sfr.fr/tableaux/octabram.html, ambe mots crosats.
Ràdio Lenga d’Òc, Camina que caminaràs, per Aimat Brees, 23 juin 2013, « Omenatge a Rogièr Fabre », redifusion febrièr de 2015 (Ambe Alan Bessière, Joan Larzac e lo Cercle occitan de Montpelhièr).
Ràdio Occitània, Good morning Occitània, per Marius Blenet, 27 de febrièr de 2015, « Un omenatge a un escrivan e militant que ven de morir, Rogièr Fabre » (Ambe Joan-Claudi Forest e Maria-Joana Verny, Universitat Paul-Valéry, Montpelhièr).
Fabre, Rogièr, Lo Bramaironet, fuèlha electronica d’entre-senhas occitanas (arrestat en setembre de 2011).
Fabre, Roger, « Témoignage : mes six mois de chantiers de jeunesse au Vigan et Avèze (mars-octobre 1941) », Lien des Chercheurs Cévenols, n° 175, octobre 2013, p. 4-7.
Archives départementales de l’Hérault, Collecte de témoignages sur la mémoire dans l’Hérault de la Résistance et de la Déportation, 2027 W 5 à 2027 W 8, Témoignage de Roger Fabre, enregistrements réalisés au domicile du témoin à Saint-Gély-du-Fesc les 24 et 29 mai 2007.
« Roger Fabre, un patrimoine au fil de la plume. Focus », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 54, juillet-août 2010, p. 7.
« Les écoliers à la rencontre des résidents de Belle-Viste », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 81, mai 2013, p. 6.
« Résidence Belle-Viste. Dossier du mois », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 97, février 2015, p. 5.
Archius privats.