Fonctionnaire (receveur des PTT), résistant (groupe Vény), administrateur du Cercle occitan de Montpellier, rédacteur en chef du Bram dau Clapas, auteur de grilles de mots croisés, poèmes, récits et nouvelles.

Identité

Formes référentielles

Fabre, Roger (1920-2015)

Autres formes connues

- Fabre, Rogièr (forme occitane du nom)

- Lo Rogièr (pseudonyme)

- Lo gardian (pseudonyme)

Éléments biographiques

Roger Raymond François René Fabre est né dans le Tarn en 1920. Sa mère était originaire du Poujol-sur-Orb (Hérault) et son père avait une entreprise de charpente-menuiserie à Mazamet (Tarn). Cadet de quatre enfants, trois garçons puis une fille, il étudie à l’École Pratique de sa ville natale pour être menuisier et sera aussi apprenti boulanger chez des parents à Lavaur. Sa vie professionnelle s’est cependant déroulée dans l’administration des Postes où il entre comme télégraphiste à près de quatorze ans et où il reste 46 ans, une carrière achevée comme chef d’établissement (ou receveur des PTT) à Villefranche-de-Lauragais (Haute-Garonne) en 1980. Il évoque sa vie dans ses œuvres et souvenirs, situe ses débuts et son parcours dans le contexte de l’époque.

Il n’a pas été mobilisé en 1940 mais a été convoqué aux chantiers de jeunesse au Vigan, puis requis pour le Service du travail obligatoire (STO). Il part dans un train de postiers à destination d’Innsbruck (Autriche), où il est affecté aux tâches de commis et facteur du bureau local. Il est alors en contact avec la population de langue allemande et y subit les premiers bombardements américains. Il réussit à revenir au bout de quelques mois et mène une vie semi-clandestine dans sa région. Il rejoint le maquis du groupe Vény dans le sud du Tarn et participe à la Libération dans le secteur de la Montagne Noire. Il se marie en 1946 avec Claire, une jeune femme d’origine italienne, et leur naît une fille.

Dès ses seize ans, lors du Front Populaire, il s’intéresse à la vie politique et au syndicalisme. Il est membre des Jeunesses socialistes puis de la SFIO, de la CGT réunifiée puis de la CGT-FO à sa création. Il s’éloigne de ce militantisme quand il entre dans la carrière de receveur en 1956 et adhère à l’Amicale des chefs d’établissement dont il était toujours membre à son décès. Issu d’une famille pratiquante, il entretient des liens étroits avec la religion catholique.

Pour progresser dans sa carrière suite à un goût des contacts humains, il devient receveur et se déplace avec sa famille de poste en poste dans la France entière pendant un quart de siècle. Auparavant, il prépare plusieurs concours administratifs où il découvre les matières de l’enseignement secondaire, et notamment la littérature. De même, il apprécie les lectures que lui permettent les nuits de travail à la Poste de Mazamet. Il apprend l’italien pour communiquer avec sa belle-famille et cette connaissance, jointe à celle de l’occitan et à l’intérêt porté aux langues romanes, lui permet de renseigner des migrants du bassin méditerranéen quand il est en fonction dans des régions industrielles.

Engagement dans la renaissance d'oc

Dans les postes occupés en pays occitans, par exemple dans la Haute-Garonne (vers 1975), il observe l’ampleur de la diversité linguistique. « Sur le marché de Saint-Gaudens, quand j’étais à Aspet, on entendait parler 1°/ le toulousain, 2°/ l’ariégeois, 3°/ le bigourdan, 4°/ l’occitan du Gers […]. J’assimile un peu de tout. » (2014).

Il avait remarqué tout jeune les variantes que sa famille proche pratiquait, de Lavaur à Montpellier. Entre l’enfance et les loisirs de retraité, la curiosité pour les langues ne l’a pas quitté. L’occitan a été une aventure à la fois précoce et tardive. Chez ces artisans citadins, c’était la langue de l’atelier de menuiserie paternel et la langue des échanges avec les grands-parents, dont une grand-mère qui connaissait des proverbes et contes locaux. Il l’approfondit aussi à la métairie d’un grand-oncle au Ribec (commune du Pont-de-l’Arn), où il passe l’été avec d’autres enfants de la famille élargie embauchés autour de leur dixième année pour apporter leur force de travail au moment des récoltes.

« De tot l’estiu, ausissiam pas gaire parlar lo francés, las discutidas se debanavan en occitan. Per las batesons, lo ser, se cantava e solament de cants vièlhs occitans. Pòdes pas saupre lo recòrd qu’ai dins lo cap d’aquel temps benesit. L’occitan que se parlava èra linde e quand pus tard me mainèri de l’ensenhar als autres al Cercle Occitan de Montpelhièr, l’ai plan sovent pres coma referéncia », écrivait-il en 2013 à une descendante de ces métayers tarnais.

Une autre pratique vient de la presse écrite et de ses récits comiques lus en famille. La Campana de Magalouna était apportée au Poujol par un oncle travaillant à Montpellier : « Pour nous, c’était nouveau, on pouvait lire notre langue, celle qu’on entendait parler tous les jours ». Pas de rencontre avec le félibrige local, un autre monde.

Plus tard, au milieu des années 1980, la retraite le conduit à Montpellier où il intègre le Cercle occitan de Montpellier, où Jean Rouquette-Larzac assure des cours au Centre Saint-Guilhem. Il y apprend l’orthographe normalisée, enrichit son vocabulaire et s’intéresse à l’étude des textes anciens. Il avait élaboré des grilles de mots croisés au STO puis avait rédigé des souvenirs familiaux en français. Il transpose ces pratiques à la langue occitane. Et il lit au Cercle ses premiers vers, avec l’assurance du locuteur natif.

« A la debuta farguèri qualques poèmas per far véser als companhs las diferéncias entre las formas francesas e occitanas e mai que mai pausar l’accent tonic, pas facil per un Parisenc o Irlandesa o Japonesa. Per començar, ai fait amb los dits de ma grand-maire e puèi ai parlat de la familha, de ieu mas, plan sovent, una frasa canta dins mon cap que sembla un vèrs, la meti negre sus blanc e, aquí dessus, bròdi, sens saupre tròp ont vau, daissi far mon inconscient o mon subconscient », témoigne-t-il en 2013.

Il assure un temps à son tour la responsabilité des cours, tout comme il co-anime un éphémère Cercle occitan de Saint-Gély. La revue du Cercle occitan de Montpellier, Lo Bram dau Clapàs, accueille au fil des années ses grilles, ses textes et poèmes et il en devient rédacteur en chef. Il s’engage un peu plus dans les années 2000-2010. A 80 ans, vivant seul et moins valide, il est disponible pour des activités de type intellectuel où il s’épanouit dans une grande liberté d’action. Il correspond ainsi avec le journaliste Jacques Bruyère de Midi Libre, à propos de sa rubrique « Nature et patrimoine ».

L’année de ses 90 ans, le Cercle prend l’initiative avec Alain Bessière d’éditer et de faire connaître un choix de ses écrits en oc, traduits par ses soins, A Tròces e a Bocins, édité par l’IEO Lengadòc, poèmes et nouvelles. C’est aussi l’époque où il diffuse une sélection hebdomadaire d’informations occitanes par courriel, Lo Bramaironet. Il pratiquait la poésie de circonstance en français et en gratifiait sa famille et ses amis d’un club de retraités dans la ville de Saint-Gély-du-Fesc (Hérault) où il est décédé d’une crise cardiaque en 2015. Devenu malvoyant au cours des quatre dernières années de sa vie, il était resté lucide et sociable dans son dernier cadre de vie, la maison de retraite Belle-Viste. Il y est interviewé en mai 2013 par Aimat Brees pour l’émission Camina que caminaràs de Ràdio Lenga d’Oc. Il participe à un ultime concours de poésie sur le thème de la solidarité. Il tient sa place dans les échanges intergénérationnels avec les enfants d’une école et du collège local, et ceux du collège Leon Còrdas de Grabels, sur ses thèmes de prédilection, l’occitan et la Résistance.

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Foncionari (recebeire dels PTT), resistent (grop Vény), administrator del Cercle occitan de Montpelhièr, cap-redactor del Bram dau Clapàs, autor de mots en crotz, poèmas, racontes e novèlas.

Identitat

Formas referencialas

Fabre, Roger (1920-2015)

Autres formes connues

- Fabre, Rogièr (forme occitane du nom)

- Lo Rogièr (pseudonyme)

- Lo gardian (pseudonyme)

Elements biografics

Rogièr, Raimon, Francés Renat Fabre nasquèt dins Tarn en 1920. Sa maire èra de Pojòl-sus-Òrb (Erau) e son paire aviá una entrepresa de fustatge e menusariá a Masamet (Tarn). Cabdet de tres dròlles e una dròlla, estúdia a l’Escòla Practica de sa vila natala per far menusièr e farà tanben aprendís-fornier ençò de parents a La Vaur. Çaquelà, sa vida professionala se debanarà dins l’administracion de las Pòstas ont dintra per telegrafista a gaireben quatòrze ans e ont demòra 46 ans e i acaba sa carrièra cap d’establiment (o recebeire dels PTT) a Vilafranca de Lauragués (Garona-Nauta) en 1980. Evòca sa vida dins sas òbras e sovenirs, situa sos debuts e son caminament dins lo contèxte de l’epòca.

 

Foguèt pas mobilizat en 1940, mas foguèt mandat als « Chantiers de Jeunesse » al Vigan, puèi requesit pel Servici del Trabalh Obligatòri (STO). Partís dins un tren de postièrs per Innsbrück (Austria) ont es afectat au prètzfach de comís e portaire del burèu local. Es al contacte ambe la populacion de lenga alemanda e coneis los primièrs bombardaments americans. Capita a tornar aprèp qualques meses e viu dains la semi-clandestinitat dins sa region. Jonh lo maquís del grop Vény dins lo sud de Tarn e participa a la Liberacion dins lo sector de La Montanha Negra.

En 1946, marida Clara, joventa d’origina italiana que li balharà una dròlla.

 

Tre setze ans, pendent lo Front Popular, s’interèssa a la vida politica e al sindicalisme. Es sòci de las Joventuts Socialistas, puèi de la SFIO, de la CGT reünificada, puèi de la CGT-FO a sa creacion. S’aluènha d’aquel militantisme quand comença sa carrièra de recebeire en 1956 e aderís a l’Amicala dels caps d’establiments e n’èra encara sòci quans se moriguèt. Sortit d’una familha practicanta, aurà de ligams estreches ambe la religion catolica.

 

Per s’enançar dins sa carrièra e per gost pels contactes umans, ven recebeire e se muda ambe sa familha, pòst aprèp pòst dins tota la França pendent un quart de sègle. Aperabans, prepara mantun concorses administratius e i descobrís las matèrias de l’ensenhament segondari e mai que mai la literatura. Prèsa tanben las lecturas que li permeton las nuèches de trabalh a la Pòsta de Masamet. Apren l’italian per comunicar ambe sos bèlsparents e aquela coneissença, ligada a la de l’occitan e a l’interès que pòrta a las lengas romanas, li permet d’entre-senhar de migrants del bacin mediterranèu quand es en foncion dins de regions industrialas.

Engatjament dins la Renaissença d’Òc 

Dins los pòstes ocupats en país occitan, pèr exemple en Garona-Nauta (cap a 1975), obsèrva l’ample de la diversitat linguistica.

« 
sur le marché de Saint-Gaudens, quand j’étais à Aspet, on entendait parler 1° le toulousain, 2° l’ariégeois, 3° le bigourdan, 4° l’occitan du Gers [...]. J’assimile un peu de tout. » (2014).

Jovenòt, aviá remarcat las variantas que sa familha pròcha practicava, de La Vaur a Montpelhièr. Entre l’enfança e los lésers de la retirada, la curiositat per las lengas lo quitèt pas. L’occitan foguèt una aventura a l’encòp precòça e tardiva. Ençò d’aqueles mestierals ciutadans, èra la lenga del talhièr de menusariá pairal e la lenga dels escambis ambe los pairegrands, qu’una grand sabiá de provèrbis e de contes locals. L’aprigondís tanben a la bòria d’un grand oncle al Ribec (comuna del Pont-de-l’Arn), ont passa l’estiu ambe d’autres dròlles de la familha embauchats tre dètz ans per ajudar a las recòltas.

 

« De tot l’estiu, ausissiam pas gaire parlar lo francés, las discutidas se debanavan en occitan. Per las batesons, lo ser, se cantava e solament de cants vièlhs occitans. Pòdes pas saupre lo recòrd qu’ai dins lo cap d’aquel temps benesit. L’occitan que se parlava èra linde e quand pus tard, me mainèri de l’ensenhar als autres al Cercle Occitan de Montpelhièr, l’ai plan sovent pres coma referéncia », escriviá en 2013 a una descendenta d’aqueles borièrs tarneses.

 

Negligís pas la premsa escricha e sos racontes comics legits en familha. La Campana de Magalona èra portada al Pojòl per un oncle que trabalhava a Montpelhièr : « Pour nous, c’était nouveau, on pouvait lire notre langue, celle qu’on entendait parler tous les jours. » Pas de rescontre ambe lo Felibritge, un autre monde...

Al mitan de las annadas 1980, la retirada lo mena a Montpelhièr ont intègra lo Cercle Occitan de la vila. e ont Joan Larzac assegura los corses al centre Sant-Guilhèm. I apren la grafia normalizada, enriquís son vocabulari e s’interèssa a l’estudi dels tèxtes ancians. Aviá elaborat de grasilhas de mots en crotz al STO puèi aviá escrich de sovenirs familials en francés. Transpausa aquelas practicas a la lenga occitana, e legís al Cercle sos primièrs vèrses, ambe l’assegurança d’un locutor natiu.

 

« A la debuta, farguèri qualques poèmas per far véser als companhs las diferéncias entre las formas francesas e occitanas e mai que mai pausar l’accent tonic, pas facil per un Parisenc o Irlandesa o Japonesa. Per començar, ai fait amb los dits de ma grand-maire e puèi ai parlat de la familha, de ieu, mas, plan sovent, una frasa canta dins mon cap que sembla un vèrs, la meti negre sus blanc e, aquí dessús, bròdi, sens saupre tròp ont vau, daissi far mon inconscient o mon subconscient », çò ditz en 2013.

 

Assegura un temps a son torn la responsabilitat dels corses e co-anima un Cercle Occitan passadís a Sant-Gèli. La revista del Cercle Occitan de Montpelhièr, Lo Bram dau Clapàs, aculhís al fil de las annadas sas grasilhas, sos tèxtes e poèmas e ne vèn cap-redactor. S’engatja un pauc mai dins las annadas 2000-2010. A 80 ans, vivent sol e essent mens valide, es disponible per d’activitats intellectualas ont se carra dins una granda libertat d’accion. Correspond atal ambe lo jornalista Jaume Bruyère de Midi Libre, a prepaus de sa rubrica « Nature et Patrimoine ».

L’annada de sos 90 ans, lo Cercle pren l’iniciativa ambe Alan Bessière d’editar e de faire conéisser una causida de sos escriches en òc, tradusits per l’autor, A Tròces e a Bocins, poèmas e novèlas, editat per l’IEO-Lengadòc. Es tanben lo temps ont difusa una seleccion setmanièra d’entre-senhas occitanas sus la tela, Lo Bramaironet. Practicava la poesia de circonstància en francés e ne gratificava sa familha e sos amics d’un club de retirats dins la vila de Sant-Gèli-del-Fesc (Erau) ont defuntèt d’un infart en 2015. Vengut òrb pendent las quatre darrièras annadas de sa vida, èra demorat lucide e sociable dins son darrièr quadre de vida, l’ostal de retirada, Bèla-Vista.I es entrevistat en mai de 2013 per Aimat Brees per l’emission Camina que caminaràs de Ràdio Lenga d’Òc. Participa a un ultime concors de poesia sul tèma de la solidaritat. Ten sa plaça dins los escambis entre generacions ambe los dròlles d’una escòla e del collègi local, e los del Collègi Leon Còrdas de Grabels, sus sos tèmas de predileccion : l’occitan e la Resisténcia.

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Fabre, Roger, A Trocès e a Bocins, Poèmas e Racontes en Occitan, Revirats en Francés, Béziers, IEO Languedoc-Roussillon, 2010, 285 p.

Bram dau Clapàs. http://cercle-occitan.perso.sfr.fr/tableaux/octabram.html, dont mots croisés.

Ràdio Lenga d’Oc, Camina que caminaràs, par Aimat Brees, 23 juin 2013, « Omenatge a Roger Fabre », rediffusion février 2015 (Avec Alain Bessière, Jean Larzac et le Cercle occitan de Montpellier).

Ràdio Occitània, Good morning occitània, par Marius Blenet, 27 février 2015, « Un omenatge a un escrivan et militant que ven de morir, Roger Fabre » (Avec Jean-Claude Forêt et Marie-Jeanne Verny, Université Paul-Valéry, Montpellier) http://www.fimoc.com/?p=510.

Fabre, Roger, Lo Bramaironet, feuille électronique d’informations occitanes (arrêt septembre 2011).

Fabre, Roger, « Témoignage : mes six mois de chantiers de jeunesse au Vigan et Avèze (mars-octobre 1941) », Lien des Chercheurs Cévenols, n° 175, octobre 2013, p. 4-7.

Archives départementales de l’Hérault, Collecte de témoignages sur la mémoire dans l’Hérault de la Résistance et de la Déportation, 2027 W 5 à 2027 W 8, Témoignage de Roger Fabre, enregistrements réalisés au domicile du témoin à Saint-Gély-du-Fesc les 24 et 29 mai 2007.

« Roger Fabre, un patrimoine au fil de la plume. Focus », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 54, juillet-août 2010, p. 7.

« Les écoliers à la rencontre des résidants de Belle-Viste », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 81, mai 2013, p. 6.

« Résidence Belle-Viste. Dossier du mois », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 97, février 2015, p. 5.

Archives privées.

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Fabre, Rogièr, A Tròces e a Bocins, Poèmas e Racontes en Occitan, Revirats en francés, Besièrs, IEO Lengadòc 2010, 285 p.

Lo Bram dau Clapàs. http://cercle-occitan.perso.sfr.fr/tableaux/octabram.html, ambe mots crosats.

Ràdio Lenga d’Òc, Camina que caminaràs, per Aimat Brees, 23 juin 2013, « Omenatge a Rogièr Fabre », redifusion febrièr de 2015 (Ambe Alan Bessière, Joan Larzac e lo Cercle occitan de Montpelhièr).

Ràdio Occitània, Good morning Occitània, per Marius Blenet, 27 de febrièr de 2015, « Un omenatge a un escrivan e militant que ven de morir, Rogièr Fabre » (Ambe Joan-Claudi Forest e Maria-Joana Verny, Universitat Paul-Valéry, Montpelhièr).

http://www.fimoc.com/?p=510.

Fabre, Rogièr, Lo Bramaironet, fuèlha electronica d’entre-senhas occitanas (arrestat en setembre de 2011).

Fabre, Roger, « Témoignage : mes six mois de chantiers de jeunesse au Vigan et Avèze (mars-octobre 1941) », Lien des Chercheurs Cévenols, n° 175, octobre 2013, p. 4-7.

Archives départementales de l’Hérault, Collecte de témoignages sur la mémoire dans l’Hérault de la Résistance et de la Déportation, 2027 W 5 à 2027 W 8, Témoignage de Roger Fabre, enregistrements réalisés au domicile du témoin à Saint-Gély-du-Fesc les 24 et 29 mai 2007.

« Roger Fabre, un patrimoine au fil de la plume. Focus », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 54, juillet-août 2010, p. 7.

« Les écoliers à la rencontre des résidents de Belle-Viste », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 81, mai 2013, p. 6.

« Résidence Belle-Viste. Dossier du mois », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 97, février 2015, p. 5.

Archius privats.

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Poète de langue dʼÒc, historien de la littérature et de la civilisation occitane, penseur et acteur de la décentralisation culturelle en France.

Autres formes du nom

Identité

Formes référentielles

Castan, Félix-Marcel (1920-2001)

Autres formes connues

- Castan, Félix (nom à l'état civil)

À propos des différentes formes du nom

Félix CASTAN
A lʼétat civil, il se prénomme Félix (en souvenir de son arrière-grand-père paternel), Paul (en souvenir de son grand-père maternel), Marcel (en souvenir de la meilleure amie de sa mère).

A partir de 1978 (année du décès de son épouse Marcelle Dulaut), il signera Félix-Marcel Castan. Dans les chroniques nécrologiques, on trouve aussi la graphie « Castanh ».

Éléments biographiques

Félix CASTAN naît le 1er Juillet 1920 à Labastide-Murat (46). Son père est ingénieur aux Ponts et Chaussées, sa mère professeur de français. Lʼoccitan est la langue maternelle de son père (il apprend le français à lʼécole). Sa mère le comprend mais refuse de le parler.

Son enfance se passe à Moissac (82). Mais la crue du Tarn en 1930 va détruire la maison familiale. Un an après, la famille sʼinstalle à Montauban, 30, rue de la Banque. Lʼadaptation à cette nouvelle vie est difficile pour la mère, Hélène. Elle sombre dans une profonde dépression. Félix a alors 12 ans. Il se rend compte que la seule chose qui rende le sourire à sa mère est de parler de littérature.

Car sa mère écrit et lui apprend la versification. En 1935, nous trouvons son premier cahier de 17 poèmes en vers classiques (en langue française). Ce qui frappe le plus, cʼest la maîtrise du lyrisme : peu dʼétats dʼâme, par contre un sens déjà aiguisé de la critique...

À cette époque il découvre un auteur pour lequel il gardera jusquʼà la fin de sa vie un sentiment de fraternité profonde : Germain Nouveau.

Il passe un baccalauréat « Math.élèm » pour faire plaisir à son père puis le bac « Philo ». Sa mère lʼenvoie donc à Paris en Khâgne à Louis Le Grand. À cette époque, il rêve de partir aux Etats Unis.

En mai 1939, il tombe malade et se retrouve à Labastide-Murat chez sa grand-mère. Il ne sera rétabli quʼà la fin de lʼannée 1940 : de là date sa passion pour la langue et la littérature occitanes.

Il trouve une embauche à Léribosc. Mais il lui faut partir aux Chantiers de Jeunesse, service obligatoire. Il s’en va en octobre 1941 à Castillon en Couserans, avec une adresse en poche (M. André Barrès, à Orignac près de Bagnères de Bigorre, membre du PCF, qui professe un marxisme chrétien). Cʼest auprès de cet homme qu’il découvre le marxisme et le communisme.

Libéré en 1942, il revient à Léribosc où on lui a gardé sa place dʼouvrier agricole. Il a toutes ses soirées pour lire, écrire, entretenir ses correspondances : le groupe de Montauban (les poètes Malrieu et Albouy), les peintres Marcelle Dulaut et Lapoujade, la philosophe Odette Penot. Avec eux, il découvrira le jazz chez Panassié. Dʼautre part, il est en correspondance régulière avec les occitanistes : Ismaël Girard, René Nelli, Max Rouquette, Robert Lafont. En décembre 1944, nous le retrouvons engagé volontaire, encaserné à Montauban dans le 1er bataillon de marche dit bataillon Cottaz - 2ème Compagnie. Il adhère au Parti Communiste.

En avril 1945, il participe aux combats de la Pointe de Grave puis le bataillon remonte vers Strasbourg. En décembre 1945, Félix Castan contracte une deuxième longue maladie et passe quelques mois entre la vie et la mort. En 1946, il est guéri. Il rentre à Montauban où il est censé préparer le concours de lʼEcole Normale d’instituteurs.

Un grand projet lʼanime en 1946-47 : rassembler tous les poètes français et occitans dʼOccitanie en une publication en hommage à Joë Bousquet. Malgré le soutien de Bousquet et de Marcenac, ce projet ne verra jamais le jour... Cʼest sûrement la première désillusion. Mais le travail a été fait et on peut penser que le fameux numéro spécial dʼOc de 1948 dont il est le rédacteur en chef en est le prolongement. Pour la partie française nʼapparaissent que quatre textes publiés sous le titre Montauban-Epopée (Éd. Mòstra, 1979). Il y donne un texte daté de 1944 quʼil considérait comme son dernier texte en langue française. Il contient toute son adhésion à la langue occitane.

Dans les années 50, lʼaction militante au Parti Communiste lʼoccupe particulièrement au travers dʼune amitié indéfectible avec le journaliste Maurice Oustrières.

Cʼest à cette époque que débute la relation amoureuse avec Marcelle Dulaut. Elle est peintre. Cʼest elle qui illustre son recueil qui paraît dans la collection Messatges en 1951. Ils se marient en décembre 1953.

Quelques mois auparavant, ils organisent au Musée Ingres de Montauban une exposition rétrospective de lʼœuvre de Lucien Andrieu. Félix Castan y donne une conférence importante, publiée en 1954 dans lʼalbum qui suit lʼexposition. Sur la lancée, le Groupe « Art Nouveau » se constitue : organisateur du Salon du Sud-Ouest (lʼancêtre de la Mòstra del Larzac). De 1954 à 1963, il organise avec Marcelle Dulaut qui en est la directrice artistique le Salon du Sud-Ouest qui deviendra la Mostra del Larzac de 1969 à 1997.

La première structure est née : dans le domaine des arts plastiques. Lʼidée du Festival de Montauban, qu’il animera plusieurs années durant, est déjà en germe. Sa sœur, Jeanne, inscrite au Cours Dulin après la guerre, est devenue comédienne. Une lettre de janvier 54 témoigne de lʼintérêt quʼils portent à Antoine Dubernard, auteur de théâtre occitan (limousin) sur lequel elle travaille... Jeanne sʼorientera finalement vers le théâtre du Siglo de Oro espagnol pour créer le Festival dʼArt Dramatique de Montauban en 1957. En parallèle, Félix Castan prévoit une Biennale Occitane de Poésie.

En 1958, apparaît la quatrième structure créée par Castan : le Forum de la Décentralisation. Félix Castan, organisateur et théoricien de lʼaction culturelle, acteur farouchement autonome, se réinstalle à Montauban où il devient professeur de français au Collège de la Fobio, alors que Marcelle Dulaut est professeur de dessin au Lycée Michelet. Le poète reste seul avec son travail. Il se sait mal compris par ses amis intellectuels de jeunesse. Ascèse définitive : silencieusement, il poursuit son œuvre. Nous savons quʼen 1959, il a déjà entamé la série des Prophéties (sus la Patz), qui seront publiées dans le recueil Jorn en 1972.

1962 voit naître un projet qui le passionnera : une agence de publicité qui pourrait financer une maison dʼédition occitane ! Tout est prévu, les financements sont prêts... au dernier moment, lʼassocié inquiet de ce choix dʼédition le lâche... lʼOccitanie crée décidément bien des problèmes!..

En 1964, Art Nouveau perd son lieu dʼexposition. Il se réfugie au Château de Nérac. Commence alors la recherche dʼun lieu (qui sera la Mòstra del Larzac) et dʼun financement autonome : un collectage de vanneries traditionnelles à partir du travail de lʼethnologue Maurice Robert, qui le passionne et le met en contact avec de nombreux locuteurs naturels.

En 1965 éclate une violente crise interne du comité du Festival de Montauban, qui se poursuit au tribunal (des contrats avaient été signés conjointement auprès de plusieurs compagnies par des membres différents et tous ne pouvaient être honorés). Jeanne, Félix, Marcelle et quelques autres membres sont exclus de lʼassociation. Jeanne perd sa santé, Félix sʼarc-boute jusquʼau jugement, où lui, sa sœur et son épouse sont réhabilités, réhabilitation qui laisse pourtant le Festival exsangue.

Il crée la même année le Centre International de Recherches et de Synthèse du Baroque et, dans ce cadre, il dirige la revue Baroque (Association des Publications de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines - Toulouse 1965). Plus tard, le C.N.R.S., le Centre National des Lettres et les Editions Cocagne deviennent partie prenante. La revue deviendra Lucter en 1971.

Sa mère décède au printemps 1966 dʼune longe maladie. Il lui dédie l’« Oda a ma maire » publiée dans Jorn.

Dans les années 1960, il crée la revue Cocagne (revue dʼactualité culturelle).

En 1968 : il prend une retraite anticipée et commence à réhabiliter (il y faudra plus de 5 ans) l’ancien relais de poste qui deviendra la Mostra del Larzac.

1969 marque la première exposition de la Mostra del Larzac au milieu des travaux inachevés. Notons que les statuts de la Mostra comportent une section "édition". Pierre Viaud est responsable de la mise en page, Félix Castan du choix dʼédition. Tous les deux porteront au jour la publication complète et définitive de lʼœuvre de Roger Milliot (salué par Seghers dans son Anthologie des Poètes Maudits, grâce à la parution in extremis du livre). Milliot était un ami très proche, familier de la maison, associé de Marcelle Dulaut dans un atelier de modelage et de dessin pour enfants. Il accroche les expos dʼArt Nouveau. Il se suicide en 1968, laissant une œuvre poétique brève et dense.

L’édition de cette œuvre est la première réussite éditoriale de Félix Castan. Dʼautres viendront : Rien de Bernard Derrieu, Lo plag de Max Allier…

De 1969 à 1973, le Festival de Montauban survit contre toute attente. Les subsides ont très sensiblement diminué : le Ministère nʼappuie plus une action qui a été perturbée par les conflits internes. Les rêves de production de cette époque ne seront jamais réalisés : entre autre La Tragédie du Roi Christophe dʼAimé Césaire...

En 1971, la revue Cocagne devient Lucter.

Après le décès brutal de Marcelle Dulaut au printemps 1978, la Mostra perdure sous sa première forme (rassembler et confronter toutes les tendances) jusquʼen 1983. Par la suite, elle sʼapplique à montrer et étudier une tendance ou un groupe particulier. En 1983 les éditions Mostra sont ainsi transmises aux Éditions Cocagne aujourdʼhui responsables de lʼédition de son œuvre. A la fin des années 1980, Félix Castan entame son travail sur lʼœuvre dʼOlympe de Gouges dont beaucoup reste à publier.

Il achève sa vie auprès de sa compagne Betty Daël, directrice des Editions Cocagne. Ils se marient en 1998.


Les dix dernières années de sa vie, il réfléchit à une histoire de la lyrique occidentale depuis les origines. Il relit par exemple Grégoire de Narek, les grands poètes de langue arabe...

Il décède le 22 Janvier 2001.

Terminons avec une citation extraite dʼHétérodoxies : « La loi véritable de la vie culturelle nʼest pas une loi unitariste. Lʼ universalité porte, inscrite dans ses gènes, la multiculturalité : on pense trop souvent, naïvement, la culture en termes statiques, espaces vides, masses immobiles... Son patrimoine génétique assure lʼinfini renouvellement, la dialectique créatrice des cultures. Il nʼy a de culture que dans une permanente genèse de la diversité par la diversité. »

Engagement dans la renaissance d'oc

Félix Castan découvre la littérature occitane en 1939 durant sa maladie à Labastide-Murat à travers les œuvres de Cubaynes et Perbosc, grâce à des livres que lui porte l’instituteur du village. Il prend contact avec Cubaynes en février 1940 (la réponse de Cubaynes est datée de février 1940).

Début 1941, il rentre à Montauban où il apprend à ses parents, sidérés, quʼil veut devenir ouvrier agricole pour apprendre la langue dʼOc. Il rencontre Ismaël Girard en 1942, Nelli en 1943, ainsi que Lafont, Max Rouquette...

En 1945, juste avant le combat de la Pointe de Grave, il envoie 200 F. à Girard pour la constitution de lʼI E O.

Ses débuts dʼécriture poétique en langue dʼoc datent des années 1940. Il envoie ses textes à Perbosc qui lui répond en janvier 43.
Il est rédacteur en chef de la revue Òc de 1948 à 1954.
Il participe à la réflexion et à la mise en place de l’IEO : méthodes de travail, pédagogie, critique littéraire…

En 1954, à l’Assemblée générale de Montpellier, Castan critique la pensée économiste

En 1954, il abandonne la rédaction dʼÒc.

En 1957, il signe avec Manciet la déclaration de Nérac.

En 1963, il présente une motion dʼunité à lʼAssemblée Générale de lʼIEO. Cette motion adoptée à l’unanimité par l’Assemblée Génerale fait partie du Manifèst Eretge, qui sera imprimé le 4 Août 1966, mais jamais diffusé.

Le 6 septembre 1964, à l’Assemblée générale de l’IEO à Decazeville, Girard, Castan et Manciet sont exclus de l’IEO. Le montage de textes intitulé Manifèst Erètge tend à faire comprendre la position des trois exclus de l’IEO. Cette exclusion est très douloureuse pour Félix Castan qui n’en continue pas moins l’action culturelle entreprise depuis les années 1950.

De 1954 à 1963, il organise avec Marcelle Dulaut qui en est la directrice artistique le Salon du Sud-Ouest qui deviendra la Mostra del Larzac de 1969 à 1997, implantée aux Infruts (La Couvertoirade 12230 La Cavalerie), lieu d’expositions dʼarts plastiques et de vannerie traditionnelle, représentatives de lʼart dʼavant-garde et de la tradition occitane. Dans la belle maison caussenarde, ex relais de poste, il fait visiter les expositions et aime échanger avec les visiteurs de passage. De nombreuses années, le 15 août, il y organise des débats culturels qui rassemblent créateurs (peintres et écrivains) et acteurs de l’occitanisme. Un de ces débats est par exemple retranscrit dans le n° 33/34 de la revue Mòstra.

En 1957, dans le cadre du Festival de Montauban qui deviendra en 1974, le Festival dʼOccitanie, il crée les Biennales de Poésie Occitane (1957, 1959, 1961) « où se confronteront des poètes de langue française et des poètes de langue dʼoc ». Lʼidée de cette Biennale découle directement de la fameuse Déclaration de Nérac.

En 1959, Félix appelle les écrivains dʼOc à signer cette Déclaration en prévision de la deuxième Biennale de 1960 où se rencontreront français, occitans et espagnols. La 3ème et dernière Biennale aura lieu en 1962 (rencontre poésie / cinéma expérimental).

En 1972, il édite son recueil Jorn : six longs textes dont deux odes, deux satires et deux prophéties datés de 1959 à 1966. Les prophéties font référence au prophète de la Bible Amos, issu du peuple et surtout critique de lʼinstitution religieuse et politique...
Ces textes donnent matière au film de Michel Gayraud Mas paraulas dison quicòm.

Si le recueil ne contient que six textes, nous pouvons affirmer que la production fut beaucoup plus importante : il existe par exemple une « Ode à la Ville », une « Ode à Garonne »...

Bien sûr les Editions Mostra nʼauront jamais la capacité financière de diffusion.

1973 voit la rencontre de Castan et André Benedetto. La chanson occitane apparaît au festival, qui se réoriente, se nomme Festival dʼOccitanie, devient pluridisciplinaire.

En 1983, il fonde le Forum dʼOccitanie qui chapeaute toutes ces structures, plus le Forum des Identités Communales, Caméra Libératrice et les Editions Cocagne.

À la fin de sa vie, il met en place son épopée Epos-Ethos où la légende familiale qui a bercé son enfance lui sert de point dʼappui : ses deux parents s’étaient trouvés orphelins très jeunes.

Tout au long de son existence, Félix Castan a construit en parallèle une œuvre poétique en langue dʼoc, une œuvre d'essayiste sur la décentralisation culturelle, une œuvre dʼhistorien de la culture occitane.

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Voir la bibliographie de Félix-Marcel Castan dans lo Trobador, catalogue collectif occitan


Voir les œuvres au sujet de Félix-Marcel Castan]]>
Sa participation à la Renaissance d’oc avant son mariage est celle d’une grande poétesse en langue d’oc. Elle est présente dans la Revue des Langues Romanes, dans les divers Almanachs, mais aussi nommée dans tous les articles et recueils qui paraissent dans le Midi ou à Paris sur le Félibrige. Elle peut être considérée comme la première journaliste en langue d’oc, grâce à ses « Portisson » dans Le Dominique, journal en langue d’oc publié par Louis Roumieux, félibre blanc. Elle développe par la correspondance un réseau amical et activiste dans le Félibrige.

Identité

Formes référentielles

Goirand, Léontine (1853-1933)

Autres formes connues

- Lauriol, Léontine (pseudonyme)

- Mathieu-Goirand, Léontine (nom de mariage)

- Félibresse d’Arène (pseudonyme)

- Félibresse de Nîmes (pseudonyme)

Éléments biographiques

Comme l’indique son acte de naissance, Léontine Goirand (nom de son père sous lequel elle est le plus connue) est née à Nîmes « l’an mil huit cent cinquante- trois... le dix-neuf courant [novembre] à une heure du soir ».

Sa mère « Rosine Lauriol, modiste, âgée de vingt-cinq ans, non mariée, native d’Anduze (Gard) domiciliée à Nîmes section 7 rue des Orangères 24, fille de feu Pierre Lauriol, propriétaire et de Marie Aline Ca(R)el couturière est accouchée dans son domicile audit Nîmes, le dix-neuf courant à une heure du soir d’un enfant de sexe féminin qu’elle nous a présenté et auquel elle a donné le prénom de Léontine... » C’est l’accoucheuse Catherine, âgée de 69 ans, accompagnée d’un témoin, ébéniste, Pierre Le Moine (seul à signer avec le Maire) qui fait la déclaration en mairie le vingt et un novembre à dix heures du matin.

L’acte de naissance de Léontine Lauriol porte la mention « enfant naturel », et, en date du 2 Août 1861, la mention en marge de la reconnaissance par sa mère : « couturière, suivant acte passé devant Maitre Rebuffat notaire à Nîmes le 1er Août mil huit cent soixante et un et transcrit le vingt-cinq septembre même année. »

Elle sera légitimée par son père, Jean-Pierre Goirand, avocat, homme politique républicain, historien spécialiste de 1851, lors du mariage de ses parents célébré à la mairie de Nîmes le 1er Août 1863, Léontine a alors 10 ans. Ses parents avaient eu avant elle un garçon, mort au mois de juin précédent à l’âge de 18 ans et qui sera légitimé à titre posthume dans le même document daté du 28 août.

L’acte de mariage des parents indique, une fois « unis par le mariage » que : « de leur liaison sont nés deux enfants, à savoir le premier de sexe masculin né le 23 mai 1845 à Brouzet (Gard), inscrit à l'État Civil le lendemain, sous le nom de Julle [sic] Lauriol et décédé à Nîmes le 16 juin dernier, le second de sexe féminin née à Nîmes le dix-neuf novembre 1853 et inscrit à l'État civil le 21 du même mois sous les noms de Léontine Lauriol, lesquels enfants ils entendent légitimer. »

Il semble que ce soit la mort de ce frère, né à Brouzet, village situé à une quinzaine de kilomètres d’Alès, dont le père est originaire, qui est à l’origine du mariage. La mère a alors 43 ans et le père 40, ils se sont donc connus dans leur jeunesse mais leurs milieux sociaux étaient différents : la mère était modiste lors de la naissance de Léontine, dite « sans profession » sur l’acte de mariage, elle se déclare « Libre de ses volontés » alors que le père fait état des consentements de ses père, propriétaire à Alès, et mère. Le couple habite alors à Nîmes « rue Graverol près de la porte d’Alès »

On peut comprendre la reconnaissance que Léontine Goirand portait à son père et à sa mère à une époque où les enfants nés hors mariage étaient définis comme bâtards et bien souvent abandonnés.

On ne sait pas exactement quelle a été son éducation, a-t-elle eu celle dont elle parle dans « Li Risènt de l'Alzoun » prodiguée par son père à Alès ou a-t-elle reçu une partie de celle-ci dans le quartier populaire où elle est née à Nîmes ? À Alès, elle partage son enfance avec son cousin Maurice Faure né le 19 janvier 1850 né à Saillans dans la Drôme.

En 1882, elle se marie avec un veuf, Émile Mathieu, et part avec lui s’installer à Cette (Sète) où il est un des premiers receveurs municipaux. Elle habite dans la maison Quermal, 4 quai du Pont Neuf. C'est là qu'elle mettra au monde ses deux enfants, Antoine Jean Léon André Mathieu le 25 Février 1884 et Emilie Suzanne Eva Mathieu le 1er novembre 1885. Son père, Jean-Pierre Goirand, alors membre du Conseil Général du Gard, habitant avec sa femme à Alès, lui sert de témoin pour chaque enfant au moment de dresser l’acte de naissance.

Début 1886, Émile Mathieu, alors receveur municipal de Sète, est accusé de négligence par la commission des finances de la Municipalité. Après sa démission présentée au conseil et acceptée par le préfet en Avril, toute la famille part pour Alès. Il devient représentant de commerce avant d’être lavé de tout soupçon en 1890. Il meurt l’année suivante le 18 mars 1891 à Alès.

En 1911, en tant que femme de lettres, Léontine Goirand reçoit les insignes d’officier d’Académie (Journal Officiel de la République Française, décret du 3 mars 1911).

Léontine et ses enfants demeureront à Alès. L’écrivain André Chamson l’a rencontrée dans son enfance à Alès (Le Chiffre de nos jours, cité par Mazoyer 2013 : 462)

Elle meurt le 26 Juillet 1923, Maison Mathieu-Goirand place de la République. Alcide Blavet prononce au nom du Félibrige son éloge funèbre.

Engagement dans la renaissance d'oc

Léontine Goirand est présente dès 1876 sur le Cartabèu, la liste officielle des membres du Félibrige. Elle est présente à la Sainte-Estelle d’Avignon en mai 1876 : on l’y retrouve avec son père, « M. Achile Mir e sa filho; Mlo Melanio, M. et Mmo Xavié de Ricard, Mlo Jano Wilçon, sorre de Mmo de Ricard e M. Aguste Fourès de Castelnaudary », compagnons de voyage au Pont du Gard d’Alphonse Tavan qui leur dédie tout d’abord son recueil Amour e Plour, avant de le dédier à sa femme défunte. Elle y revient l’année suivante et participe avec son père ou son cousin Maurice Faure à toutes les initiatives du Félibrige languedocien, provençal ou des méridionaux de Paris avec l’association "La Cigale".

Entre temps, Léontine Goirand est devenue la Felibresso d’Areno, du nom du château sur les rives de l’Alzon, lors de la félibrée du même nom en août 1876. Louis Roumieux chante cette félibrée et Léontine dans une « Letro à Madamisello Leountino Goirand » (Nîmes, Baldy-Riffard, 1877, 28 pages).

Fin mars 1877, nous la retrouvons à l'Assemblée de la Maintenance du Languedoc du Félibrige, puis à la séance extraordinaire de la Société des langues Romanes. Dans la Revue des Langues Romanes du mois de mai, Alphonse Roque-Ferrier souligne la présence des « dames » aux côtés de Léontine (RLR, 1877, n°=32 octobre ; série 2, t 3 = t 11 : 157). Dès 1878 elle participe à Sceaux à l’hommage au poète Florian par la Cigale, association fondée par Louis-Xavier de Ricard, Lydie Wilson de Ricard, le peintre Auguste Baudouin et Maurice Faure. Cette cérémonie sera ensuite organisée par les félibres de Paris.

Son ami Louis Roumieux publie d’abord à Montpellier, puis à Nîmes, deux journaux Le Dominique et La Cigale d’Or, dans lesquels Léontine publie, en première page, des « Portissons », présentés comme des « lettres à Mireille » qui sont de véritables reportages.

Ses différentes activités lui permettent de faire connaissance avec les félibres languedociens comme provençaux que nous retrouverons dédicataires des poèmes de son recueil de 1880, Li Risènts de l’Alzoun. Elle échange avec eux et elles, lettres et poèmes. Citons ses relations avec Arnavielle, Lydie Wilson de Ricard, Mireille Roumieux, Théodore Aubanel, Louis-Xavier de Ricard, Baptiste Bonnet (300 lettres !) et bien sûr Mistral lui-même. La liste de ses relations constitue un véritable cartabèu que l’on retrouve dans son Capelet Noviau, recueils de poèmes écrits et réunis à l’occasion du mariage des félibres.

Pendant son séjour à Cette (1882-1896) elle entre en relation, grâce à Roumieux, avec le félibre du Ratatet, J-H Castelnau, et participe aux initiatives félibréennes d’avant la sortie de L’Armanach Cetori, les dimanches à la baraquette, équivalent du mazet nîmois. Léontine, devenue Mme Mathieu, est présente avec son mari et ses enfants dans Ma Dinierola, recueil de J-H Castelnau dans le bonheur puis le temps mauvais (voir biographie).

Revenue précipitamment à Alès, la félibresse, qui prendra désormais le nom de Mathieu-Goirand consacre essentiellement son temps à son foyer et ses enfants (Blavet Alcide 1923). Cependant les grandes occasions du Félibrige et les rencontres amicales la font sortir de ce rôle et retrouver la Léontine de sa jeunesse. Elle préside ainsi le Jury poétique des Fêtes d’Alès en 1889 à l’occasion de l’inauguration du buste de La Fare Alais, en présence de Mistral, Roumanille, Arnavielle, le 20 octobre 1889, en même temps que le monument commémoratif de Jean-Baptiste Dumas et le lycée Dumas d’Alès.

Parmi les Prix qu’elle a reçus :

1877 : La cigale de Paris organise une fête en Arles en septembre 1877 au cours de laquelle Léontine gagne le prix de Provence avec son sonnet « Lis Areno », dédié à son maître et ami Louis Roumieux.

1878 : son recueil Li Risent de l’Alzon reçoit le premier prix du concours poétique des Fêtes Latines de Montpellier sous la forme d’une statuette, reproduction de la Polymnie du Louvre.

1879 : Son poème « La draio flourido » obtient une médaille d’argent au concours de la Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers. La même année elle obtient une médaille au concours poétique en l’honneur de Florian à Sceaux (Armana Prouvençau, 1880 : 110).

1880 : Elle reçoit la médaille d’argent au concours de la Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers avec « Permenade a Sant German » Armanac Prouvençau, 1881 :12).

1901 : elle obtient le diplôme des Félibres de Paris pour l’épitaphe de Brémonde de Tarascon (Mazoyer 2013 : 461)

La réception de son œuvre :

Léontine Goirand est mentionnée par Paul Mariéton dans La terre provençale : journal de route (3e édition), 1894, dans la conférence de Gabriel Haon reproduite dans Les Mémoires et comptes rendus de la société scientifique et littéraire d'Alais de 1897 et en 1914 dans La Revue des Pyrénées et de la France Méridionale. Elle est toujours présente dans Les annales politiques et littéraires (Paris) de 1905. Enfin, en 1931, dans le recueil des Jeux Floraux de Toulouse on trouve cette appréciation à propos d’Henriette Dibon : « Cette jeune muse provençale, qui signe Farfantello, fait honneur à la littérature d'Òc et prend une digne place aux côtés d'Antounieto de Beucaire et de Léontine Goirand. »

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Sa participacion a la renaissença d’òc abans son maridatge es la d’una granda poetessa en lenga d’òc. Es presenta dins la Revista de las lengas romanas, dins los almanacs divèrses, mas tanben nommada dins totes los articles e recuèlhs que pareisson dins lo Miègjorn o a París sul Felibritge. Pòt èstre tenguda coma la primièra jornalista en lenga d’òc, gràcias a sos « Portissons » dins Le Dominique, jornal en lenga d’òc publicat per Loís Romieux, felibre blanc. Desvolopa per la correspondéncia un malhum amistós e activista dins lo Felibritge.

Identitat

Formas referencialas

Goirand, Léontine (1853-1933)

Altras formas conegudas

- Lauriol, Léontine (pseudonim)

- Mathieu-Goirand, Léontine (nom de maridatge)

- Félibresse d’Arène (pseudonim)

- Félibresse de Nîmes (pseudonim)

Elements biografics

Coma o senha son acte de naissença, Leontina Goirand ( es jos aquel nom, lo de son paire, qu’es mai coneguda) nasquèt a Nimes « l’an mila uèit cents cinquanta tres... lo dètz-e-nòu corrent (de novembre), a una ora del ser ».

Sa maire « Rosina Lauriòl, capelièra, vièlha de vint-e-cinc ans, pas maridada, nativa d’Andusa (Gard) domiciliada a Nimes, seccion 7 carrièra de las Irangièras 24, filha de Pèire Lauriòl defunt, proprietari e de Maria Alina Ca(R)el, cordurièra, s’es ajairada dins son ostal aldit Nimes, lo dètz-e-nòu corrent a una ora del ser d’un enfant del sèxe femenin que nos presentèt e que li balhèt lo pichon nom de Leontina... » Es la levandièra, Catarina, vièlha de 69 ans, acompanhada d’un testimòni, ebenista, Pèire Le Moine (sol a signar ambe lo Conse) que fa la declaracion a l’ostal comunal lo vint-e-un de novembre a dètz oras del matin.

L’acte de naissença de Leontina Lauriòl pòrta la mencion « enfant natural » e, datat del 2 d’agost de 1861, la mencion en marge de la reconeissença per sa maire : « cordurièra, segon l’acte passat davant Mèstre Rebufat, notari a Nimes lo 1° d’agost mila uèit cents seissanta un e transcrich lo vint-e-cinc de setembre de la meteissa annada ».

Serà legitimada per son paire, avocat, òme politic republican, istorian especialista de 1851, pel maridatge de sos parents celebrat a la comuna de Nimes lo 1° d’agost de 1863, Leontina aviá dètz ans. Sos parents avián agut abans ela un dròlle, mòrt al mes de junh precedent, vièlh de 18 ans e que serà legitimat a títol postume dins lo meteis document datat del 28 d’agost.

L’acte de maridatge dels parents senha, un còp « units pel maridatge » que : « de lor apariada, son nascuts dos enfants, lo primièr del sèxe masculin, nascut lo 23 de mai de 1845 a Broset (Gard), inscrich a l’Estat Civil l’endeman, jol nom de Julle [sic] Lauriòl e defuntat a Nimes lo 16 de junh passat, lo segond del sèxe femenin, nascut lo 19 de novembre de 1853 e inscrich a l’Estat Civil lo 21 del meteis mes jos los noms de Leontina Lauriòl, e que vòlon legitimar aqueles enfants ».

Sembla que siá la mòrt d’aquel fraire, nascut a Broset, vilatge situat a una quinzena de quilomètres d’Alès, que lo paire n’es natiu, qu’es a l’origina del maridatge. La maire a alara 43 ans e lo paire, 40, se coneguèron joves mas èran pas del meteis mitan social : la maire èra capelièra a la naissença de Leontina, dicha « sens mestièr » sus l’acte de maridatge, se ditz : « Liura de sas volontats » mentre que lo paire menciona los agrats de son paire, proprietari a Alès e de sa maire. Lo coble demòra a aquel moment a Nimes, carrièra Graveròl, prèp de la pòrta d’Alès.

Se pòt comprene la gratitud qu’aviá Leontina Goirand per son paire e sa maire dins un temps que los dròlles nascuts fòra maridatge èran tenguts per bastards e plan sovent abandonats.

Se sap pas vertadièrament quina foguèt son educacion, aguèt la que ne parla dins Li Risènt de l’Alzoun donada per son paire a Alès o ne recebèt una partida dins lo quartièr popular ont nasquèt, a Nimes ? A Alès, passa son enfança ambe son cosin Maurici Faure, nascut lo 19 de genièr de 1850 a Salhans dins Droma.

En 1882, marida un veuse, Emili Matieu e s’installa ambe el a Sèta ont es un dels primièrs recebeires comunals. Demòra dins l’ostal Quermal, 4 cai del Pont Nòu. Es aquí que balharà naissença a sos dos enfants, Antòni Leon Andrieu Matieu, lo 25 de febrièr de 1884 e Emília Susanna Èva Matieu, lo 1° de novembre de 1885. Son paire, Joan-Pèire Goirand, membre del Conselh General de Gard que demòra ambe sa femna a Alès, li servís de testimòni per establir l’acte de naissença dels dos enfants.

A la debuta de 1886, Emili Matieu, recebeire comunal de Sèta, es acusat de negligéncia per la comission de las finanças de la municipalitat. Aprèp sa demission presentada al conselh e acceptada pel prefècte en abrial, tota la familha partís per Alès. Ven viatjador abans d’èstre desculpat en 1890. Se morís l’annada seguenta lo 18 de març de 1891 a Alès.

En 1911, Leontina Goirand recep los insignes d’oficièr d’Acadèmia coma femna de letras (Jornal Oficial de la Republica Francesa, decrèt del 3 de març de 1911).

Leontina e sos enfants demoraràn a Alès. L’escrivan Andrieu Chamson la rescontrèt dins son enfança a Alès ( Le Chiffre de nos jours, citat per Mazoyer 2013 : 462).

Se morís lo 26 de julhet de 1923, Ostal Matieu-Goirand, plaça de la Republica. Alcides Blavet prononcièt son laus funèbre al nom del Felibritge.

Engatjaments dins la Renaissença d’Òc

Leontina Goirand es presenta tre 1876 sul Cartabèu, tièra oficiala dels sòcis del Felibritge. Participa a la Santa-Estela d’Avinhon en mai de 1876 : s’i tròba ambe son paire, « M. Aquiles Mir e sa filha, Madomaisèla Melania, M. e Mma Xavièr de Ricard, Madomaisèla Jana Wilson, sòrre de Mma de Ricard e M. August Forés de Castèlnòu d’Arri », companhons de viatge al Pont de Gard, d’Amfós Tavan que lor dedica son recuèlh Amour e Plour, abans de lo dedicar a sa femna defunta. I torna l’annada seguenta e participa ambe son paire o son cosin Maurici Faure a totas las iniciativas del Felibritge lengadocian, provençal o dels Meridionals de París ambe l’associacion « La Cigale ».

Entretant, Leontina Goirand es venguda la Felibressa d’Arèna, del nom del castèl situat sus las ribas d’Alzon, pendent la felibrejada del meteis nom en agost de 1876. Loís Romieux canta aquela felibrejada e Leontina dins una « Letro à Madamisello Leountino Goirand » (Nimes, Baldy-Riffard, 1877, 28 paginas).

A la fin de març de 1877, participa a l’assemblada de la Mantenença del Lengadòc del Felibritge, puèi a la sesilha extraordinària de la Societat de las Lengas Romanas. Dins la Revista de las Lengas Romanas del mes de mai, Amfós Ròca-Ferrièr soslinha la preséncia de « damas » a costat de Leontina (RLR, 1877, n° 32, octobre, tièra 2, t 3 = t 11 : 157). Tre 1878, es a Sceaux, per l’omenatge al poèta Florian per « La Cigale », associacion fondada per Loís-Xavièr de Ricard, Lídia Wilson de Ricard, lo pintre August Baudoïn e Maurici Faure. Aquela ceremònia serà puèi organizada pels felibres de París.

Son amic Loís Romieux publica, primièr a Montpelhièr, puèi a Nimes, dos jornals, Le Dominique e la Cigale d’Or ont Leontina publica, en primièra pagina, de « Portissons », presentats coma de « letras a Mirèlha » que son de reportatges vertadièrs.

Sas activitats li permeton de rescontrar los felibres lengadocians coma provençals que se retròban dins las dedicacions dels poèmas de son recuèlh de 1880 Li Risent de l’Alzoun. Escàmbia ambe eles e elas, letras e poèmas. Podèm citar sas relacions ambe Arnavièla, Lídia Wilson de Ricard, Mirèlha Romieux, Teodòr Aubanèl, Loís-Xavièr de Ricard, Baptista Bonnet (300 letras !) e de segur, Mistral el meteis. La tièra de sas relacions constituís un vertadièr cartabèu que tornam trobar dins son Capelet Noviau, recuèlhs de poèmas escriches e recampats a l’escasença del maridatge dels felibres.

Pendent son sojorn a Sèta (1882-1896), rescontra, gràcias a Romieux, lo felibre del Ratatet, J.H. Castèlnòu e participa a las activitats felibrencas abans la sortida de l’Armanac Cetòri, los dimenges a la barraqueta, equivalent del maset nimesenc. Leontina, venguda Dòna Matieu, es presenta ambe son òme e sos enfants dins Ma Dinieròla, recuèlh de J.H. Castèlnòu dins lo bonaür puèi lo mal temps (veire biografia).

Tornada al brutle a Alès, la felibressa, que prendrà d’ara enlà lo nom de Matieu-Goirand avoda mai que mai son temps a son fogal e a sos enfants (Balvet Alcides 1923).Çaquelà, las granda fèstas del Felibritge e los rescontres amistoses la fan sortir d’aquel ròtle e tornar trobar la Leontina de sa joventut. Presidís atal la jurada poetica de las Fèstas d’Alès en 1889 a l’escasença de l’inauguracion del bust de la Fara-Alès, en preséncia de Mistral, Romanilha, Arnavièla, lo 20 d’octobre de 1889 e, al meteis temps, lo monument commemoratiu de Joan-Baptista Dumàs e lo licèu Dumàs d’Alès.

Demest los prèmis que recebèt :

1877 : « La Cigale » de París organiza una fèsta a Arle en setembre de 1877 ont Leontina ganha lo prèmi de Provença ambe son sonet Lis Areno, dedicat a son mèstre e amic Loís Romieux.

1878 : Son recuèlh Li Risent de L’Alzoun recep lo primièr prèmi del concors poetic de las Fèstas Latinas de Montpelhièr jos la fòrma d’una estatueta, reproduccion de la Polymnie del Louvre.

1879 : Son poèma La draio flourido obten una medalha d’argent al concors de la Societat arqueologica, scientifica e literària de Besièrs. La meteissa annada, obten una medalha al concors poetic en l’onor de Florian, a Sceaux (Armana Prouvençau, 1880 : 110).

1880 : Recep la medalha d’argent al concors de la Societat arqueologica, scientifica e literària de Besièrs ambe Permenada a San German (Armana Prouvençau 1881 : 12).

1901 : Obten lo diplòma dels felibres de París per l’epitafi de Bremonda de Tarascon (Mazoyer 2013 : 461).

La recepcion de son òbra : 

Leontina Goirand es mencionada per Paul Marieton dins La terre provençale : journal de route (tresena edicion), 1894, dins la conferéncia de Gabrièl Haon, publicada dins Les mémoires et comptes rendus de la société scientifique et littéraire d’Alais de 1897, e en 1914 dans La Revue des Pyrénées et de la France Méridionale. Es totjorn presenta dins Les annales politiques et littéraires (París) de 1905. Enfin, en 1931, dins lo recuèlh dels Jòcs Florals de Tolosa, trobam aquela apreciacion a prepaus d’Enriqueta Dibon : « Aquela jove musa provençala, que signa Farfantello, fa onor a la literatura d’òc e pren una plaça digna a costat d’Antonieta de Beucaire e de Leontina Goirand ».

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Recueils

  • Trioulet a la pichota Eloisa, Alais, J Martin, 1879.
  • Li Risènts de l’Alzoun, Avignon, Impr.Aubanel, 1882, 241p.

Poèmes

  • « Nemausa », Revue des Langues Romanes, Montpellier, 1877, série 2, T3=T11, p. 37 ; « Bello Proumièro », ibidem, p. 241 ; « Calabrun », ibidem, 1878, Série 2 ; T5=T13, p. 270 ; « Vespre d’estiu », ibidem, série 2, T6=T14, p 102 ; « Mort d’uno iroundello », ibidem, 1879, série 3T1=T15, p. 284, ; « Coquilheto », ibidem, série 3 T2=T16, p. 67 ; « A Florian », ibidem, p. 250.
  • « Vounge an après » à Mireio de Roumieux, Armanac Prouvençau, Félibrige, Avignon, 1877, p71-72 ; «  Sus uno estello », ibidem, 1878, p. 85 ; « Plang », ibidem, 1878, p. 90 ; « Trioulet a-uno-enfant », ibidem, 1879, p. 76-78.
  • « Abriéu », La Lauseta, 1877, p 131 ; de 1878 : A Dona Dulciorella, ibidem, 1878, p. 167, traduction François Delille ; A Mllo Jano Wilson, ibidem, 1878, p. 168.
  • « Au felibre Teodor Aubanel », Armanac de Lengadò, Alès, Brugueirolle
  • « Lis Areno », Armanac de Lengadò, per lou bèl An de Diéu 1878, Alès, Brugueirolle p. 63,
  • « Nemausa », La Cigale, 1880, Paris, Fischbacher.
  • « A Jano d’Arc », Fourès, Auguste, Les felibres per l’Alsacio Loraino, 1883, p. 72.

Chanson

  • « La roumance de mai » paroles mises en musique par Eugène Crouzat d’Alès, Armanac Prouvençau, Avignon, Roumanille, 1881, p. 110.

Traductions

  • « A mon amie Amélie Mir » ; « Le petit oiseau » et « À Mme Xavier de Ricard. », traductions françaises in François Delille, Chants des félibres : poésies provençales modernes / traduites en vers français, Paris, Auguste Ghio, éditeur, 1881, p. 139-142.
  • « Nemausa », Constant Hennion, Les Fleurs félibresques, poésies provençales et languedociennes modernes, mises en vers français, Paris Union générale de la librairie, 1883, p. 312.

Sources

  • Armana de Lengadò, per lou bèl An de Diéu 1877 et 1878, publica per l’Escolo das Felibres gardounencs d’Alès en Alès, a l’entrepaus central de l’Armana de Lengadò en cò de A.Brugueirolle etc Libraires-editous, Toulouso.
  • Armanac Prouvençau, Avignon, Roumanille.
  • La Lauseta, Armanac dal Patriotò lengadocian, mitat francés, mitat lengo d’oc per l’an 1877 et 1878, en cò de Charles Brun, Toulouse ; Coulet MountPelhé ; Sandoz et Fischbacher et Ernest Leroux, Paris.
  • La Cigalo d’or, escolo felibrenco de la Miougrano, espellissent lo dimenche, annada 77, Redactor Capoulié Loís Roumieux.
  • La Cigale, Paris, Librairie Sandoz et Fischbacher, G Fischbacher, éditeur, 33 rue de Seine, 1880.
  • Le Dominique, Imprimerie Baldy Riffard à Nîmes, Journau dóu Gai sabé espelissent lo dimenche, 1877.
  • Lou capelet Nouviau de la Felibresso d’Areno, Alès lo 15 d’Abriéu de 1882 ; tirat a 120 exemplari, Mont-Pelié Empremarié centralo dóu miejour, (Hamelin fraire), 110 p.
  • Revue des Langues Romanes, http://gallica.bnf.fr/, périodiques en ligne Société pour l'étude des langues romanes (France), 1870-1939, série 2/ T4/ T12.
  • Blavet, Alcido, Pelado de terro, paraulo is oùssequi de Leontine Goirand, Alès, 1923.
  • Blin-Mioch, Rose, Lettres de la félibresse rouge, Lydie Wilson de Ricard, (1850-1880), Mercues, PULM, (Univ Montp 3), 2013.
  • Camélio, Alain, Armanac Cetòri, histoire du félibrige sétois, IEO edicions, s.d.
  • Castelnau Joseph-Henri, Souvenir de La grande Félibrée du 31 Mai 1896 en l'Honneur des Abeilles Cettoises, 1896, Montpellier, Firmin et Montane.
  • Castelnau, Joseph-Henri, La Courouna pouetica dau Lengadoc. Ma Dinièirola Em' una letra-prefaci di L. Roumieux, 1887, Montpellier, Hamelin frères.
  • Delille, François, Chants des félibres : poésies provençales modernes / traduites en vers français, 1881, Paris, Auguste Ghio, éditeur.
  • Fourès, Auguste, Les felibres per l’Alsacio Loraino, Paris, Maisonneuve, Avignon, Roumanille, 1883.
  • Gaussen, Yvan, Nouveaux écrits sur le Gard, Paris,Les Belles lettres, 1977.
  • Guiraud, Louis, Au sujet des félibres rouges, imprimerie Bene, Nîmes 1991.
  • Hennion Constant, Les Fleurs félibresques, poésies provençales et languedociennes modernes, mises en vers français, 1883, Paris Union générale de la librairie.
  • Mazoyer Marineta, Leontina Goirand… estela limpaira, Nîmes, Comédia, 2013, 496 p.
  • Pic, François, Dictionnaire des pseudonymes de la littérature occitane, Béziers, Cido, 1981.
  • Roumieux, Louis, « Letro à Madamisello Leountino Goirand » Nimes, Baldy-Riffard, 1877, 28 p.
  • Roussot, Elie, in La Provence artiste. Sciences, littérature, beaux-arts, 1882/05/28, sur Gallica.fr, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6183551m/f7.image.r=Roussot.langFR
  • Société scientifique et littéraire d'Alès, Mémoires et comptes rendus, tomes 19,20, 1887-1888-1889, Alès, Martin, 1890.
  • Voir également le compte-rendu de l’hommage à Lafare Alais dans l’Eclair du 19, 20 et 21 octobre 1889sur http://pierresvives.herault.fr/ressource/leclair.
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Los recuèlhs

  • Trioulet a la pichota Eloisa, Alais, J Martin, 1879.
  • Li Risènts de l’Alzoun, Avignon, Impr.Aubanel, 1882, 241p.

Poèmas

  • « Nemausa », Revue des Langues Romanes, Montpellier, 1877, série 2, T3=T11, p. 37 ; « Bello Proumièro », ibidem, p. 241 ; « Calabrun », ibidem, 1878, Série 2 ; T5=T13, p. 270 ; « Vespre d’estiu », ibidem, série 2, T6=T14, p 102 ; « Mort d’uno iroundello », ibidem, 1879, série 3T1=T15, p. 284, ; « Coquilheto », ibidem, série 3 T2=T16, p. 67 ; « A Florian », ibidem, p. 250.
  • « Vounge an après » à Mireio de Roumieux, Armanac Prouvençau, Félibrige, Avignon, 1877, p71-72 ; «  Sus uno estello », ibidem, 1878, p. 85 ; « Plang », ibidem, 1878, p. 90 ; « Trioulet a-uno-enfant », ibidem, 1879, p. 76-78.
  • « Abriéu », La Lauseta, 1877, p 131 ; de 1878 : A Dona Dulciorella, ibidem, 1878, p. 167, traduction François Delille ; A Mllo Jano Wilson, ibidem, 1878, p. 168.
  • « Au felibre Teodor Aubanel », Armanac de Lengadò, Alès, Brugueirolle
  • « Lis Areno », Armanac de Lengadò, per lou bèl An de Diéu 1878, Alès, Brugueirolle p. 63,
  • « Nemausa », La Cigale, 1880, Paris, Fischbacher.
  • « A Jano d’Arc », Fourès, Auguste, Les felibres per l’Alsacio Loraino, 1883, p. 72.

Cançon

  • « La roumance de mai » paroles mises en musique par Eugène Crouzat d’Alès, Armanac Prouvençau, Avignon, Roumanille, 1881, p. 110.

Traduccions 

  • « A mon amie Amélie Mir » ; « Le petit oiseau » et « À Mme Xavier de Ricard. », traductions françaises in François Delille, Chants des félibres : poésies provençales modernes / traduites en vers français, Paris, Auguste Ghio, éditeur, 1881, p. 139-142.
  • « Nemausa », Constant Hennion, Les Fleurs félibresques, poésies provençales et languedociennes modernes, mises en vers français, Paris Union générale de la librairie, 1883, p. 312.

Sorgas

  • Armana de Lengadò, per lou bèl An de Diéu 1877 et 1878, publica per l’Escolo das Felibres gardounencs d’Alès en Alès, a l’entrepaus central de l’Armana de Lengadò en cò de A.Brugueirolle etc Libraires-editous, Toulouso.
  • Armanac Prouvençau, Avignon, Roumanille.
  • La Lauseta, Armanac dal Patriotò lengadocian, mitat francés, mitat lengo d’oc per l’an 1877 et 1878, en cò de Charles Brun, Toulouse ; Coulet MountPelhé ; Sandoz et Fischbacher et Ernest Leroux, Paris.
  • La Cigalo d’or, escolo felibrenco de la Miougrano, espellissent lo dimenche, annada 77, Redactor Capoulié Loís Roumieux.
  • La Cigale, Paris, Librairie Sandoz et Fischbacher, G Fischbacher, éditeur, 33 rue de Seine, 1880.
  • Le Dominique, Imprimerie Baldy Riffard à Nîmes, Journau dóu Gai sabé espelissent lo dimenche, 1877.
  • Lou capelet Nouviau de la Felibresso d’Areno, Alès lo 15 d’Abriéu de 1882 ; tirat a 120 exemplari, Mont-Pelié Empremarié centralo dóu miejour, (Hamelin fraire), 110 p.
  • Revue des Langues Romanes, http://gallica.bnf.fr/, périodiques en ligne Société pour l'étude des langues romanes (France), 1870-1939, série 2/ T4/ T12.
  • Blavet, Alcido, Pelado de terro, paraulo is oùssequi de Leontine Goirand, Alès, 1923.
  • Blin-Mioch, Rose, Lettres de la félibresse rouge, Lydie Wilson de Ricard, (1850-1880), Mercues, PULM, (Univ Montp 3), 2013.
  • Camélio, Alain, Armanac Cetòri, histoire du félibrige sétois, IEO edicions, s.d.
  • Castelnau Joseph-Henri, Souvenir de La grande Félibrée du 31 Mai 1896 en l'Honneur des Abeilles Cettoises, 1896, Montpellier, Firmin et Montane.
  • Castelnau, Joseph-Henri, La Courouna pouetica dau Lengadoc. Ma Dinièirola Em' una letra-prefaci di L. Roumieux, 1887, Montpellier, Hamelin frères.
  • Delille, François, Chants des félibres : poésies provençales modernes / traduites en vers français, 1881, Paris, Auguste Ghio, éditeur.
  • Fourès, Auguste, Les felibres per l’Alsacio Loraino, Paris, Maisonneuve, Avignon, Roumanille, 1883.
  • Gaussen, Yvan, Nouveaux écrits sur le Gard, Paris,Les Belles lettres, 1977.
  • Guiraud, Louis, Au sujet des félibres rouges, imprimerie Bene, Nîmes 1991.
  • Hennion Constant, Les Fleurs félibresques, poésies provençales et languedociennes modernes, mises en vers français, 1883, Paris Union générale de la librairie.
  • Mazoyer Marineta, Leontina Goirand… estela limpaira, Nîmes, Comédia, 2013, 496 p.
  • Pic, François, Dictionnaire des pseudonymes de la littérature occitane, Béziers, Cido, 1981.
  • Roumieux, Louis, « Letro à Madamisello Leountino Goirand » Nimes, Baldy-Riffard, 1877, 28 p.
  • Roussot, Elie, in La Provence artiste. Sciences, littérature, beaux-arts, 1882/05/28, sur Gallica.fr, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6183551m/f7.image.r=Roussot.langFR
  • Société scientifique et littéraire d'Alès, Mémoires et comptes rendus, tomes 19,20, 1887-1888-1889, Alès, Martin, 1890.
  • Veire tanben lo compte-rendut de l’omenatge a La Fara Alès dins l’Eclair dels 19, 20 et 21 d'octobre de 1889 sus http://pierresvives.herault.fr/ressource/leclair.
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Prêtre et félibre drômois, Louis Moutier se signale par son rôle essentiel dans la renaissance de la littérature d’oc en Drôme, ses talents de conteur et de poète et sa remarquable contribution à la connaissance de la langue.

Identité

Formes référentielles

Moutier, Louis (1831-1903)

Autres formes connues

- L’abbé L. Moutier (pseudonyme)

- M. l’abbé L (pseudonyme)

- Moutier, L’abè (pseudonyme)

- Moutier, Louiset (pseudonyme)

- Luiset (pseudonyme)

- Louviset de Lauriòu (pseudonyme)

- Luiset de Lòurióu (pseudonyme)

- Lou Droumadère (pseudonyme)

- Un de Lauriòu (pseudonyme)

- L. M (pseudonyme)

Éléments biographiques

Dernier-né de dix enfants, Louis Moutier voit le jour à Loriol le 15 février 1831 ; sa mère est catholique et son père, modeste artisan charron, protestant (ou « eiganaud » comme il écrira à Mistral). Probablement remarqué assez tôt et aidé par le curé de sa paroisse, il entreprend des études comme boursier au séminaire de Valence où il rafle quelques accessits en rhétorique, histoire et mathématiques. Il est bachelier ès-sciences en 1853 et ordonné prêtre le 19 juillet 1857.

Ses affectations successives (dans la Drôme du sud, provençale, jusqu’en 1870, puis dans le Royans, nord-occitan) lui ont permis de se familiariser avec la variété des parlers locaux lorsqu’il est nommé curé archiprêtre de Marsanne en 1877. C’est à cette date qu’il publie ses premiers travaux. Dès lors et jusqu’à sa mort le 31 octobre 1903, après une dernière nomination en 1886 comme curé d’Étoile où il sera fait chanoine, Louis Moutier se consacre sans répit à ses activités de recherche linguistique et de création littéraire. Il n’en néglige pas ses paroissiens pour autant, sa compassion devant leur situation difficile l’amenant même à renoncer à une augmentation. Si bien que dans le rapport confidentiel qu’il écrit à son sujet en 1886, le sous-préfet de Montélimar conclut que « cet homme dont la vie privée a toujours été irréprochable jouit de l’estime de tous. »

Engagement dans la renaissance d'oc

En janvier 1859, cinq ans à peine après la fondation du Félibrige, le jeune vicaire de Taulignan – Louis Moutier est tout juste âgé de 28 ans – contacte l’éditeur Joseph Roumanille à Avignon pour lui demander quand paraîtra la Mirèio de Mistral et, quelques mois plus tard, lui envoie sa poésie au titre prophétique « Les Deux Muses ou le réveil de la littérature provençale ». Il se présente alors comme un ami des félibres et, en dépit des tensions et désaccords, cette amitié ne se démentira pas et son admiration pour Mistral restera intacte.

Outre ses travaux de linguiste, Moutier se livre, par l’écriture, à une véritable « défense et illustration » de son parler drômois. Bien avant Charles Joisten et le collectage d’ethnotextes, il remet en circulation les vieux contes populaires (Mythologie dauphinoise). Et, pour toucher un public qui ne lit pas dans sa langue, il sacrifie au genre, obligé, de la prose d’almanach (Armagna doufinen).

Cependant, c’est la poésie qui s’avère son moyen d’expression privilégié. D’inspiration religieuse d’abord, avec son Brounché de nouvèus doufinens dans la tradition des noëls provençaux, ses textes, finement travaillés, disséminés ensuite dans diverses revues, vont se faire plus intimistes (« La Crous », « Toussant », 1880), puisant parfois dans le merveilleux ou le fantastique (« La Bouama/Les Sorcières », 1880) avant d’évoluer sur la fin vers une thématique plus classique (Lou Tiatre d’Aurenjo, Eirodiado ( Hérodiade ). Entre temps a vu le jour son long poème épique, Lou Rose (Le Rhône) (1896), dont il est si fier de pouvoir envoyer un exemplaire à son « char mestre » Mistral, quelques mois avant que paraisse Lou Pouèmo dóu Rose. Toute sa vie, Moutier a œuvré pour la promotion des « dialectes dauphinois », comme il dit. Il est à l’origine de la création à Valence, le 10 juin 1879, de l’Escolo dóufinalo dóu Felibrige qui, autour de lui, permettra, avec Roch Grivel, Ernest Chalamel, Maurice Viel et bien d’autres, l’émergence d’une véritable littérature d’oc en Drôme. Cette école drômoise s’inscrit d’abord dans la mouvance du Félibrige provençal même si des frictions se produisent bientôt, en matière de graphie notamment.

Car Louis Moutier n’a rien du félibre inconditionnel. Dans ses lettres à son ami Chalamel, il dénonce d’un même élan le comportement hégémonique de ceux qui veulent habiller « à la mode provençale » son parler dauphinois, aussi bien que la morgue des Cigaliers et félibres parisiens qui, de passage à Valence, n’ont pas cru bon de convier à leur fête les « écoliers » drômois, ou encore le changement d’orientation du Félibrige lors de l’élection de Félix Gras (le « félibre rouge ») comme capoulié.

Mais, toujours soucieux de promouvoir les parlers dauphinois, il n’hésite pas à proposer, en vain il est vrai, à l’abbé Pascal, de Gap, la création d’une maintenance dauphinoise du Félibrige, tout en continuant à participer au culte mistralien, plusieurs années après la mort de son école delphinale. Ainsi, en 1896, il ne manque pas d’inviter le « maître » à présider les fêtes d’Étoile où, comme l’année suivante à Valence en présence du Président Félix Faure, triomphe Lou Nouananto-nòu de Gatien Almoric. Mais à vrai dire, plus que l’esprit d’école ou les mondanités, c’est sa passion pour la langue qui anime Moutier et va motiver ses recherches linguistiques.

Ses premiers travaux connus, Grammaire dauphinoise et Glossaire du sous-dialecte de Loriol, sont couronnés d’une médaille d’or par l’Académie delphinale de Grenoble au concours de 1877. Et on note que c’est très certainement dans ce glossaire qu’il envoie à Mistral en 1879 – et qui semble aujourd’hui disparu – que l’auteur du Tresor dóu Felibrige a puisé une partie non négligeable de ses entrées notées « d. » pour dauphinois.

S’il n’est pas un théoricien de la linguistique, Moutier met avec ardeur ses compétences d’érudit consciencieux au service d’une meilleure connaissance des parlers de sa région : étymologie et philologie (Les Noms de rivières du Dauphiné, Analyse philologique du Mystère de Saint-Antoine) ou édition de textes anciens, dont les manuscrits lui sont probablement communiqués par l’archiviste André Lacroix (Mens d’airanço, sirventès inédit d’un troubadour du XIIe siècle, publié en 1884 ; Charte de Die (1325), en 1885, etc.). Il réfléchit aussi aux problèmes de graphie (Orthographe des dialectes de la Drôme) et sa contribution dans ce domaine, où il se démarque de l’orthodoxie félibréenne, le situe parmi les précurseurs d’une orthographe moderne de l’occitan.

Mais c’est surtout pour son Dictionnaire des dialectes dauphinois, édité en 2007 seulement, que la communauté des linguistes restera reconnaissante à Louis Moutier. Riche de plus de 37000 formes pour plus de 25000 articles, c’est, dit le romaniste suisse Wartburg, l’« un des ouvrages les plus remarquables qu’il y ait dans ce genre ». Les entrées, dont beaucoup ne figurent dans aucun autre dictionnaire, sont accompagnées de leur localisation et d’une notation phonétique qui en font un outil irremplaçable. C’est aussi la pièce maîtresse d’une œuvre qui permet de situer Louis Moutier parmi les pionniers de la linguistique de l’occitan.

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Prèire e felibre dromenc, Loís Motièr s’illustra per son ròtle essencial dins la renaissença de la literatura d’òc en Droma, son engenh de contaire e poèta e sa remarcabla contribucion a la coneissença de la lenga.

Identitat

Formas referencialas

Moutier, Louis (1831-1903)

Altras formas conegudas

- L’abbé L. Moutier (pseudonim)

- M. l’abbé L (pseudonim)

- Moutier, L’abè (pseudonim)

- Moutier, Louiset (pseudonim)

- Luiset (pseudonim)

- Louviset de Lauriòu (pseudonim)

- Luiset de Lòurióu (pseudonim)

- Lou Droumadère (pseudonim)

- Un de Lauriòu (pseudonim)

- L. M (pseudonim)

Elements biografics

Cachaniu de dètz enfants, Loís Motièr nais a Loriòu lo 15 de febrièr de 1831. Sa maire es catolica e son paire, modèste mestieral-rodièr, protestant (o eiganaud coma o escriurà a Mistral). Sai que remarcat pro d’ora e ajudat pel curat de sa parròquia, seguís d’estudis coma borsièr al seminari de Valença ont rascla qualques accèssits de retorica, d’istòria e de matematicas. Es bachelièr ès sciéncias en 1853 e ordenat prèire lo 19 de julhet de 1857.

Sas afectacions successivas (dins la Droma del Sud, provençala fins a 1870, puèi dins lo Roianés, nòrd-occitan) li permetèron de sa familiarizar ambe la varietat dels parlars locals quand es nommat curat archiprèire de Marsanne en 1877. Es a aquela data que publica sos primièrs obratges. D’ara enlà e fins a sa mòrt lo 31 d’octobre de 1903, aprèp una darrièra nominacion en 1886, coma curat d’Estela ont serà fach canonge, Loís Motièr s’avoda sens relambi a sas activitats de recèrca lingüistica e de creacion literària. Çaquelà, oblida pas sos parroquians, son compatiment davant lor situacion penibla lo mena quitament a renonciar a un aument. Tant i a que, dins lo rapòrt confidencial qu’escriu en 1886 lo sosprefècte de Monteleimar conclutz que « aquel òme que sa vida privada foguèt totjorn irreprochabla, gausís de l’estima de totes ».

Engatjaments dins la Renaissença d’Òc

En genièr de 1859, tot escàs cinc ans aprèp la fondacion del Felibritge, lo jove vicari de Taulinhan – Loís Motièr a just 28 ans – contacta l’editor Josèp Romanilha a Avinhon per li demandar quora pareisserà la Mirèio de Mistral e, qualques meses mai tard, li manda sa poesia del títol profetic « Les Deux Muses ou le réveil de la litterature provençale ». Se presenta coma un amic dels felibres e malgrat las tensions e los mescòrdis, aquela amistat se desmentirà pas e son admiracion per Mistral demorarà sencera.

A costat de sos obratges de lingüista, Motièr s’avoda, per l’escritura, a una vertadièra « defensa e illustracion » de son parlar dromenc. Plan abans Carles Joisten e lo collectatge d’etnotèxtes, fa reviure los vièlhs contes populars (Mythologie dauphinoise). E, per tocar un public que legís pas dins sa lenga, sacrifica al genre de la pròsa d’almanac (Armagna doufinen).

Mas es la poesia que s’avera son mejan d’expression privilegiat. Primièr, d’inspiracion religiosa ambe son Brounché de nouvèus doufinens, dins la tradicion dels « novès provençals », sos tèxtes, trabalhats finament, esparpalhats puèi dins de revistas divèrsas, se faràn mai intimistas (La Crous, Toussant, 1880). Posa, de còps, dins lo meravilhós o lo fantastic (La Bouama / Les Sorcières, 1880) abans d’evoluir pus tard cap a una tematica mai classica (Lou Tiatre d’Aurenjo, Eirodiado / Hérodiade). Entretant espelís son long poèma epic, Lou Rose (1896) e es plan ufanós de ne mandar un exemplar a son « char mestre » Mistral, qualques meses abans la publicacion de Lou Poèmo dóu Rose. Tota sa vida, Mostièr obrèt per la promocion dels « dialèctes dalfineses » coma disiá. Es a l’origina de la creacion a Valença, lo 10 de junh de 1879, de l’Escolo dóufinala dóu Felibrige que, a son entorn, permetrà, ambe Ròch Grivèl, Ernèst Chalamèl, Maurici Vièl e plan d’autres, l’emergéncia d’una vertadièra literatura d’òc en Droma. Aquela escòla dromenca s’inscriu, a la debuta, dins la movéncia del Felibritge, emai de mescòrdis aparescan, mai que mai al subjècte de la grafia.

Loís Motièr es pas brica un felibre incondicional. Dins sas letras a son amic Chalamèl, denóncia a l’encòp lo compòrtament senhorejaire de los que vòlon vestir « a la mòda provençala » son parlar dalfinés, atal coma la cròia dels Cigalièrs e felibres parisencs que, de passatge a Valença, an jutjat inutil de convidar a lor fèsta los sòcis de l’Escòla dalfinesa, o encara lo cambiament d’orientacion del Felibritge al moment de l’eleccion de Fèlix Gras (« lo felibre roge ») coma capolièr.

Mas tostemps preocupat de promòure los parlars dalfineses, trantalha pas a prepausar, de badas, vertat, a l’abat Pascal de Gap, la creacion d’una mantenença dalfinesa del Felibritge, en tot contunhar a participar al culte mistralenc, mantuna annada aprèp la disparicion de son escòla dalfinesa. Atal, en 1896, manca pas de convidar lo « Mèstre » a presidir las fèstas d’Estela, ont, coma l’annada seguenta a Valença, en preséncia del President Fèlix Faure, trionfa Lou Nouananta-nòu de Gacian Almoric. Mas a dire lo verai, mai que l’esperit d’escòla o las mondanitats, es sa passion per la lenga qu’anima Motièr e motivarà sas recèrcas lingüisticas.

Sos primièrs obratges coneguts, Grammaire dauphinoise et Glossaire du sous-dialecte de Loriol, son coronats d’una medalha d’òr per l’Acadèmia dalfinala de Gernòble al concors de 1877. E se pòt notar qu’es certanament dins aquel glossari que manda a Mistral en 1879 – e que sembla disparegut uèi – que l’autor del Tresor dóu Felibrige posèt una brava partida de sas entradas notadas « d. » per dalfinés.

S’es pas un teorician de la lingüistica, Motièr bota ambe abeluc sas competéncias de saberut conscienciós al servici d’una coneissença aprigondida dels parlars de sa region : etimologia e filologia (Les noms de rivières du Dauphiné, Analyse philologique du Mystère de saint Antoine) o edicion de tèxtes ancians que los manuscriches li son, probable, comunicats per l’archivista Andrieu Lacroix : Mens d’airança, sirventés inedich d’un trobador del sègle XII, publicat en 1884 – Carta de Diá (1325), en 1885, eca... Sosca tanben als problèmas de grafia (Orthographe des dialectes de la Drôme). Sa contribucion dins aquel domeni, ont se destria de l’ortodoxia felibrenca, lo situa demest los precursors d’una ortografia modèrna de l’occitan.

Mas es sustot per son Dictionnaire des dialectes dauphinois, editat sonque en 2007, que la comunitat dels lingüistas demorarà reconeissenta a Loís Motièr. Ric de mai de 37 000 fòrmas per mai de 25 000 articles, es, çò ditz lo romanista soís Wartburg, « un dels obratges mai remarcable que i aja dins aquel domeni ». Las entradas, que fòrça son pas dins cap d’autre diccionari, son acompanhadas de lor localizacion e d’una notacion fonetica que ne fan un otís irremplaçable. Es tanben la pèça màger d’una òbra que permet de situar Loís Motièr demest los davantièrs de la lingüistica de l’occitan.

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Sources

  • Correspondances de Louis Moutier avec Ernest Chalamel (15 lettres conservées par La Glena de Jabron, à Dieulefit, contacter IEO Droma, Montélimar), Frédéric Mistral (29 lettres répertoriées 160, 34 à 160, 63 au Musée Mistral, Maillane), l’abbé François Pascal (2 lettres conservées aux Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : F 2866 et F 2867), Joseph Roumanille (Bibliothèque municipale d’Avignon, ms. 6011, année 1859, folios 28-29 et 264-265), la Société d’études des Hautes-Alpes (Bulletin de la Société d’études des Hautes-Alpes, tome II, 1883, p. 497-498.)
  • Archives concernant Louis Moutier conservées aux Archives départementales de la Drôme, Valence : 2 O 527, 14 V 28, 23 V 2, 28 V 5, 51 V 187.
  • Pour un inventaire détaillé des sources et toutes références utiles, voir J.-C. Rixte, « L’abbé Louis-Auguste Moutier : essai de bibliographie avec notes et commentaires » dans Louis Moutier, félibre drômois, poète du Rhône, actes réunis par Jean-Claude Bouvier, colloque de Montélimar, 18-19 octobre 1997, Montélimar : Daufinat-Provença, Tèrra d’Òc, 1999, p. i-lxvii.
  • Jourdanne, Gaston, « Quelques mots sur la littérature languedocienne à Narbonne du XVIIe au XIXe siècle » p. 493-518, in Bulletin de la commission archéologique de Narbonne, Narbonne, Imprimerie Gaillard, 1892, p. 517.

Bibliographie

  • Un Brounché de nouvèus doufinens e quauqueis vers per Chalendas. Montélimar : Impr. et lith. Bourron, 1879. 86 p.
  • Noms de rivières et légendes du Dauphiné : Notes philologigues. Montélimar : Impr. et lith. Bourron, 1882. 71 p.
  • Grammaire dauphinoise, dialecte de la vallée de la Drôme. Montélimar : Impr. et lith. Bourron, 1882. X-165 p.
  • « Analyse philologique du Mystère de Saint-Antoine » dans Le Mystère de Sant-Anthoni de Viennès, publié [...] par l’abbé Paul Guillaume. Gap : Société d’études des Hautes-Alpes ; Paris : Maisonneuve et Cie, 1884, p. 145-164.
  • Armagna doufinen per lou bel an de Diéu 1885. Fourcouquié : F. Bruneau. 101 p.
  • Bibliographie des dialectes dauphinois : Documents inédits. Valence : Impr. valentinoise, 1885. 55 p. [Contient « Noëls de Taulignan (17e siècle) », p. 37-50.]
  • Armagna dòufinen per lou bel an de Dìou 1886. Valenço : Imprimario valentinoiso. 80 p.
  • Orthographe des dialectes de la Drôme. Valence : Impr. valentinoise, 1886. 21 p.
  • « Petit glossaire patois des végétaux du Dauphiné », Bulletin de la Société d’archéologie, d’histoire et de géographie de la Drôme, tome XXIII, 1889, p. 480-490, p. 613-616 ; tome XXIV, 1890, p. 107-111.
  • Lou Tiatre d’Aurenjo. Valence : Impr. valentinoise, 1895. 15 p.
  • Lou Rose / Le Rhône : Pouème daufinen / Poème dauphinois avec traduction française en regard. Valence : Impr. valentinoise, 1896. 235 p.
  • « Glossaire d’ameublement, XIVe siècle », Bulletin de la Société d’archéologie, d’histoire et de géographie de la Drôme, tome XXXV, 1901, p. 35-44 ; p. 153-160.
  • Eirodiado / Hérodiade. Valence : Impr. valentinoise, 1902. 11 p.
  • Dictionnaire des dialectes dauphinois anciens et modernes. Édition, introduction, bibliographie et notes de Jean-Claude Rixte. Montélimar : IEO-Drôme ; Grenoble : ELLUG, 2007. 899 p., carte.
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Sorgas 

  • Correspondances de Louis Moutier avec Ernest Chalamel (15 lettres conservées par La Glena de Jabron, à Dieulefit, contacter IEO Droma, Montélimar), Frédéric Mistral (29 lettres répertoriées 160, 34 à 160, 63 au Musée Mistral, Maillane), l’abbé François Pascal (2 lettres conservées aux Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : F 2866 et F 2867), Joseph Roumanille (Bibliothèque municipale d’Avignon, ms. 6011, année 1859, folios 28-29 et 264-265), la Société d’études des Hautes-Alpes (Bulletin de la Société d’études des Hautes-Alpes, tome II, 1883, p. 497-498.)
  • Archives concernant Louis Moutier conservées aux Archives départementales de la Drôme, Valence : 2 O 527, 14 V 28, 23 V 2, 28 V 5, 51 V 187.
  • Pour un inventaire détaillé des sources et toutes références utiles, voir J.-C. Rixte, « L’abbé Louis-Auguste Moutier : essai de bibliographie avec notes et commentaires » dans Louis Moutier, félibre drômois, poète du Rhône, actes réunis par Jean-Claude Bouvier, colloque de Montélimar, 18-19 octobre 1997, Montélimar : Daufinat-Provença, Tèrra d’Òc, 1999, p. i-lxvii.
  • Jourdanne, Gaston, « Quelques mots sur la littérature languedocienne à Narbonne du XVIIe au XIXe siècle » p. 493-518, in Bulletin de la commission archéologique de Narbonne, Narbonne, Imprimerie Gaillard, 1892, p. 517.

Bibliografia 

  • Un Brounché de nouvèus doufinens e quauqueis vers per Chalendas. Montélimar : Impr. et lith. Bourron, 1879. 86 p.
  • Noms de rivières et légendes du Dauphiné : Notes philologigues. Montélimar : Impr. et lith. Bourron, 1882. 71 p.
  • Grammaire dauphinoise, dialecte de la vallée de la Drôme. Montélimar : Impr. et lith. Bourron, 1882. X-165 p.
  • « Analyse philologique du Mystère de Saint-Antoine » dans Le Mystère de Sant-Anthoni de Viennès, publié [...] par l’abbé Paul Guillaume. Gap : Société d’études des Hautes-Alpes ; Paris : Maisonneuve et Cie, 1884, p. 145-164.
  • Armagna doufinen per lou bel an de Diéu 1885. Fourcouquié : F. Bruneau. 101 p.
  • Bibliographie des dialectes dauphinois : Documents inédits. Valence : Impr. valentinoise, 1885. 55 p. [Contient « Noëls de Taulignan (17e siècle) », p. 37-50.]
  • Armagna dòufinen per lou bel an de Dìou 1886. Valenço : Imprimario valentinoiso. 80 p.
  • Orthographe des dialectes de la Drôme. Valence : Impr. valentinoise, 1886. 21 p.
  • « Petit glossaire patois des végétaux du Dauphiné », Bulletin de la Société d’archéologie, d’histoire et de géographie de la Drôme, tome XXIII, 1889, p. 480-490, p. 613-616 ; tome XXIV, 1890, p. 107-111.
  • Lou Tiatre d’Aurenjo. Valence : Impr. valentinoise, 1895. 15 p.
  • Lou Rose / Le Rhône : Pouème daufinen / Poème dauphinois avec traduction française en regard. Valence : Impr. valentinoise, 1896. 235 p.
  • « Glossaire d’ameublement, XIVe siècle », Bulletin de la Société d’archéologie, d’histoire et de géographie de la Drôme, tome XXXV, 1901, p. 35-44 ; p. 153-160.
  • Eirodiado / Hérodiade. Valence : Impr. valentinoise, 1902. 11 p.
  • Dictionnaire des dialectes dauphinois anciens et modernes. Édition, introduction, bibliographie et notes de Jean-Claude Rixte. Montélimar : IEO-Drôme ; Grenoble : ELLUG, 2007. 899 p., carte.
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Félibre toulousain, Marius Bacquié-Fonade (1854-1910) est un représentant de commerce et intellectuel toulousain. Il est principalement connu pour avoir créé l'association des Toulousains de Toulouse et avoir posé les bases du Musée du Vieux Toulouse.

Identité

Formes référentielles

Bacquié-Fonade, Marius (1854-1910) (1901-1979)

Autres formes connues

- Bacquié-Fonade, Pierre (nom à l'état civil)

- Bacquié-Fonade, Louis (forme erronée du nom)

- Bacquié-Fonade, Auguste (forme erronée du nom)

- Nadofoun (pseudonyme)

- Nadal de la fount (pseudonyme)

Engagement dans la renaissance d'oc

Marius Bacquié Fonade est également membre-fondateur de l'Escolo Moundino et rédacteur en chef de la revue La Terro d'Oc (1894-1933). Il devient majoral du Félibrige en 1905.
Il rentre d'abord en contact avec Joseph Roumanille qui lui conseille de constituer une bibliothèque sur son fonds régional. Dans le cadre de ces travaux Bacquié-Fonade s'intéresse notamment à l'œuvre d'Auguste Fourès, décédé quelques temps plus tôt, et dont il juge les écrits remarquables.
Ses archives ont intégré les collections du CIRDÒC en 2014.

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A consulter :

Archives :

  • Fonds Bacquié-Fonade. CIRDÒC - Archius. Ce fonds comprends de la correspondance et des pièces littéraires envoyées à Marius Bacquié-Fonade.
    Instrument de recherche disponible à cette adresse.
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Membre de Sociétés savantes de l’Aude, l’enseignante Marguerite Sol, qui signe également M. Sol, écrit en languedocien sur les conseils d’Auguste Fourès (1848-1891). Elle a publié à Narbonne et Paris au moins deux œuvres en cette langue, notamment Lou curat de Minerbo, adaptation d’une nouvelle d’Hippolyte Babou (1823-1878), dont l’édition parisienne a bénéficié d’une préface de Mistral.

Identité

Formes référentielles

Sol, Marguerite (1867-1950)

Autres formes connues

- M. Sol (pseudonyme)

Éléments biographiques

Son père, Paul Sol, directeur du journal Le Vigneron Narbonnais, était membre fondateur de la Société scientifique de l’Aude dont le siège était à Carcassonne. Marguerite a accompagné son père lors des initiatives de la Société, dès sa fondation, en particulier lors des excursions au Pays de Sault, dans la Montagne Noire ou sur le littoral audois où elle ramasse coquillages et crustacés (ce dont témoignent les comptes rendus du Bulletin de la Société scientifique de l’Aude en 1890). Elle participe à la rédaction du Bulletin de la société. En 1890, lorsqu’elle est élue membre titulaire de la société, présentée par deux de ses plus importants fondateurs, MM l’abbé Baichère et Louis Gavoy (1847-1939), elle en est la première femme (Bulletin de 1891: p. LII).

Elle est également membre « libre » – c’est ainsi que la présente le Bulletin – de la commission archéologique de Narbonne. Elle est directrice de la pension Fénelon à Narbonne. Une école maternelle de sa ville natale porte aujourd’hui son nom.

Engagement dans la renaissance d'oc

Dans sa biographie d’Auguste Fourès, l’Abbé Salvat (Salvat, 1974, p.188), signale que Marguerite Sol a reçu, dans sa jeunesse, les conseils de celui-ci. C’est le même Fourès qui corrigea sa nouvelle languedocienne Lou curat de Minerbo, publiée en 1890 à Narbonne et rééditée en 1892 à Paris avec une préface de Mistral.

Le docteur Henri Boyer, membre de la Société Scientifique, indique dans le Bulletin de la société scientifique de l’Aude de 1890 qu’elle se serait largement inspirée de l’ouvrage Les Payens innocents de l’écrivain originaire du Minervois, Hippolyte Babou (1823-1878). Des membres de la société font la même remarque dans le Bulletin de 1926 (pp. 125-126).

Lou curat de Minerbo, mis au concours de la Maintenance Languedocienne du Félibrige, a été couronné aux Jeux Floraux du VIIe centenaire de l'Université de Montpellier, tenus le 26 mai 1890. La nouvelle a reçu le premier prix (médaille de vermeil) aux Jeux Floraux d’Agen le 10 Août 1890.

La publication, sous le nom de M. Sol [sic], en 1891, de Claude de Rébé, Archevêque de Narbonne, Président des États Généraux du Languedoc défendant les droits, les traditions, les privilèges de cette province [sic] chez Champion éditeurs à Paris nous apprend que ce « M. Sol » est « mainteneur du Félibrige Languedocien ». Ce « M. Sol » au masculin est notre Marguerite Sol, c’est en effet « l’auteur » du Curat de Minerbo, comme l’indique le paratexte.

Dans une conférence donnée par Gaston Jourdanne à la Commission archéologique de Narbonne en 1891, elle est nommée par le conférencier félibresse avec « le mainteneur Adam Peyrusse » et le « Majoral Achille Mir », ce qui confirme l’engagement de Marguerite Sol dans le Félibrige.

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Sources

  • Salvat, Joseph, Le poète Auguste Fourès, Albi, 1974, Collège d’Occitanie, Toulouse 1974, 207 pages.
  • Jourdanne, Gaston, « Quelques mots sur la littérature languedocienne à Narbonne du XVIIe au XIXe siècle » pp. 493-518, in Bulletin de la commission archéologique de Narbonne, Narbonne, Imprimerie Gaillard, 1892, p. 517.
  • Bulletin de la commission archéologique de Narbonne, imprimerie F. Caillard, Narbonne, 1890, p. 238.
  • Bulletin de la commission archéologique de Narbonne, imprimerie F. Caillard, Narbonne, 1892, p XVIII et CXXIII.
  • Revue de la Société d’études scientifiques de l’Aude, Carcassonne, imprimerie Gabelle Bonafous (1890-1893) et 1926.

Bibliographie

  • Lou curat de Minerbo, Narbonne, 1890 (Exemplaire disponible au Cirdoc)
  • Lou curat de Minerbo, Préfaço de Mistral, dessins de Salieros, Paris, Champion 1892 (d’après les indications du Bulletin de la commission archéologique de Narbonne, 1914, p 92).
  • Claude de Rébé, Archevêque de Narbonne, Président des États généraux du Languedoc, défendant les droits, les traditions, les privilèges de cette province, Champion, Paris, 1891. Cette étude mise au concours de la Maintenance languedocienne du Félibrige a été couronnée aux Jeux Floraux du VIème centenaire de l’Université de Montpellier du 26 Mai 1890.
  • La Bistando, légende Narbonnaise, Narbonne, Caillard, 1891, 11 p, extrait de La Revue Méridionale (d’après les indications du Bulletin de la commission archéologique de Narbonne, 1914, p 92)
  • Poissons et crustacés, Narbonne, imprimerie Pons, 1893, préface de M Alfred Julia ; cet ouvrage a été couronné d’une médaille d’argent par la Société d’histoire naturelle de l’Hérault.
  • « Rapport sur l'excursion faite par la société d'études les 5 et 6 juin 1892 dans la vallée du Rebenty et la plaine de Sault » in Revue de la Société d’études scientifiques de l’Aude, Carcassonne, imprimerie Gabelle Bonafous, 1893, p 39.
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Léon Cordes (Siran, Hérault, 30 mars 1913, Montpellier, 19 octobre 1987), agriculteur, écrivain, cofondateur de L’Ase Negre – Occitania, membre du Félibrige, de la Société d’Études Occitanes, puis de l’Institut d’Études Occitanes.

Identité

Formes référentielles

Cordes, Léon (1913-1987)

Autres formes connues

- Còrdas, Leon (forme occitane du nom)

Éléments biographiques

Issu d’une famille originaire de Minerve (Hérault), où il passe sa prime enfance après la mobilisation en 1914 puis la mort de son père, il retrouve en 1920 la propriété viticole de Siran dont il s’occupe lui-même à partir du début des années 1930 après des études à l’Institut Agricole Saint-Joseph de Limoux. Vigneron à Siran jusqu’en 1952, il tente ensuite, quelques mois durant, de prendre la gérance d’une laverie automatique pour le compte de l’Institut d’Études Occitanes avant d’acheter à Lattes, près de Montpellier une propriété maraîchère qu’il gère jusqu’en 1969.

Passionné de théâtre et particulièrement de théâtre en langue d’oc, il écrit sa première pièce, La Matalena, en 1932. Outre ses nombreuses pièces qu’il met parfois en scène et même interprète, il est l’auteur de poèmes et de romans.

Engagement dans la renaissance d'oc

Commençant à écrire des textes en occitan dès l’âge de quinze ans, alors qu’il est interne à Limoux, il s’inscrit en 1929 aux cours par correspondance du Collège d’Occitanie de Toulouse. Le début des années 1930 est le temps des rencontres. Après Marcel Carrières qui lui fait connaître la Société d’Études Occitanes, il fait connaissance avec Charles Camproux en 1933 à Narbonne, à la même époque qu’avec Ernest Vieu, défenseur du théâtre en langue d’oc, puis, lors de son service militaire à Montpellier en 1934, il rencontre l’équipe des étudiants du Nouveau Languedoc, Roger Barthe, Max Rouquette, Jean Lesaffre, Raymond Combarnous, ainsi qu’un félibre d’action de la génération précédente, Pierre Azéma.

Proche à l’époque du Félibrige et de l’occitanisme naissant, Léon Cordes s’engage dans le théâtre d’oc en suivant la troupe d’Ernest Vieu et en commençant à écrire ses propres pièces, mais aussi de la jeunesse fédéraliste incarnée par la revue Occitania menée par Camproux dans laquelle il aborde notamment dès le premier numéro, en mars 1934, la question paysanne, et tient par ailleurs, à partir de 1937, une rubrique sur le théâtre d’oc.

Après avoir participé à deux troupes de théâtre durant la Seconde guerre mondiale et participé, toujours essentiellement sur le thème du théâtre d’oc, à la revue Tèrra d’Òc, il rencontre en 1945, lors de la création de l’Institut d’Études Occitanes, Hélène Cabanes et Robert Lafont. C’est avec eux qu’il fonde la revue L’Ase Negre-Occitania.

Très impliqué dans l’Institut d’Études Occitanes dans les années d’après-guerre et les années 1950 mais en difficulté sur le plan financier après une décennie de sécheresse qui a fortement grevé la production de ses vignes, Léon Cordes accepte en 1951 de prendre la gestion d’une laverie automatique à Montpellier censée créer de nouvelles rentrées financières pour l’IEO. Mais le projet est un échec et, après avoir vendu ses terres de Siran, il s’installe comme jardinier-maraîcher à Lattes. Participant inlassablement à la quasi-totalité des débats de l’occitanisme, il milite aussi par le biais de son œuvre dont la pièce Menèrba, 1210, jouée entièrement en occitan pour pas moins de 10 000 personnes en 1985, représente un aboutissement.

Premier président de la calandreta dau Clapàs, à Montpellier en 1981, il a aussi donné son nom au premier collège Calandreta à Grabels.

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Sources

    • Jean-Marie Petit, Leon Còrdas, Béziers, CIDO & « Occitania », juillet 1985.
    • Pierre Serre, « La foi de Léon Cordes », Sud, n° 96, 26 décembre 1977 – 1er janvier 1978.
    • Correspondance avec Robert Lafont. Fonds Robert Lafont. Béziers, CIRDOC, LAF. (Voir la description du fonds)

Bibliographie

Voir les œuvres de Léon Cordes dans lo Trobador, catalogue collectif occitan

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Identité

Formes référentielles

Bernheim de Villers, Maxence 

Autres formes connues

- Maxence (pseudonyme)

- Maxenci (pseudonyme)

- Maxence Bernheim de Viviers (forme erronnée du nom)

Éléments biographiques

Maxence Bernheim de Villers, descendant de la célèbre famille de galeristes Berhneim, est essentiellement connu comme auteur d'un poème bilingue, Sòrga (IEO Messatges, 1958), et d’émissions radiophoniques pour le Club d'Essai de la radiodiffusion française dirigé par le poète et dramaturge Jean Tardieu de 1946 à 1963.

Engagement dans la renaissance d'oc

Parisien, il découvre la littérature occitane contemporaine grâce à une émission du Club d'Essai consacrée au Carré de sept/Li quatre sèt, pièce de théâtre de l’écrivain Charles Galtier (1913-2004). Il entre en relation avec des poètes occitans, en particulier Sully-André Peyre (1890-1961) et Henri Espieux (1923-1971) et consacre dès lors plusieurs émissions à la poésie occitane.

Quand il écrit son premier poème Source, il souhaite que celui-ci soit publié avec la traduction occitane d'Henri Espieux Sòrga (IEO Messatges, 1958). Le poème est salué par Robert Lafont dans la revue Oc et les Cahiers du Sud.

Nous ne connaissons aucune autre œuvre de cet auteur.

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Œuvres :

  • Maxence, Sòrga : poëma (version occitana d'Enric Espieu), Toulouse : Institut d'Etudes Occitanes, 1958, Rodez. Où le trouver ?

A consulter :

  • "La poesia d'oc a la radio : interview de Maxence Bernheim par Henri Espieux", OC, n°187, 1953, pp. 43-44.
  • Sòrgas : Compte-rendu critique de Robert Lafont, OC, n°211, 1959, p.46.
  • "Robert Lafont, Lettres d'oc", Cahiers du Sud, n° 351, 1959, pp. 287-291.
  • La radio d'art et d'essai en France après 1945 [Multimédia multisupport] / [souvenirs, communications, documents écrits et sonores réunis et présentés par Pierre-Marie Héron]. - Montpellier : Centre d'étude du XXe siècle, Université Paul-Valéry, DL 2006, cop. 2006. - 2 disques compacts. - (Littérature et radio). - La couv. porte en plus : "Club d'essai de Paris, Centre d'essai de Montpellier". - Publication issue d'un colloque, 19-20 novembre 2004, Montpellier.

Archives :

  • M. Maxence, Poésie sans passeport, 1952. Coll. CIRDOC - Archius : ms. 95. Voir la notice détaillée (texte émission radio) : ici
  • Correspondance Robert Lafont / Henri Espieux (1950-1960). CIRDÒC - Archius : fonds Robert Lafont. Dans cette correspondance il est fréquemment question de “Maxence”, auteur de Source = Sòrga
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Hélène Gracia-Cabanes (Hérault), 16 juillet 1919 – 19 novembre 2010 (Hérault), institutrice, pédagogue, militante de L’École Moderne, fondatrice du Grop Antonin Perbosc, membre de l’Institut d’Études Occitanes, cofondatrice de la revue L’Ase Negre, Présidente d’honneur de la Calandreta dagtenca.

Identité

Formes référentielles

Gracia, Hélène (1919-2010)

Autres formes connues

- Cabanes, Elèna (forme occitane du nom)

- Cabanes, Hélène (nom de naissance)

- Gracia, Elèna (forme occitane du nom)

Éléments biographiques

Fille unique d’une famille bilingue de viticulteurs modestes de Servian, elle intègre l’Ecole Normale de Montpellier en automne 1936. Reçue institutrice en juillet 1939, elle est affectée à Roujan comme remplaçante du directeur de l’école, alors mobilisé, Marcel Valière, enseignant anarcho-syndicaliste ; il dirigeait la branche « syndicalisme révolutionnaire-lutte des classes » de la Fédération Unitaire de l’Enseignement (FUE)1 dont la revue créée à l’époque en 1910 et regroupant les éléments anarcho-syndicalistes de l’époque s’intitulait l’École Émancipée.

Le contact avec Valière va être déterminant pour la jeune institutrice, déjà influencée par les idées de sa famille (anticléricalisme, pacifisme, féminisme de sa mère). Tout au long de sa vie, elle a été une militante active de l’École Émancipée au Syndicat National des Instituteurs (SNI)2.

C’est par le syndicalisme qu’elle a découvert Célestin Freinet et l’École Moderne.

Engagement dans la renaissance d'oc

C’est alors qu’elle fréquente l’École Normale qu’elle commence à s’intéresser timidement à la langue d’oc après avoir lu Mirèio de Mistral et avoir choisi comme sujet de travail personnel dans le cadre de la préparation du Brevet Supérieur « langue et littérature languedocienne ».

Une fois en poste, elle continue à se passionner pour la langue et la culture occitane. Elle entre en relation en 1943 avec Charles Camproux qui vient juste d’être professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier. Celui-ci va l’inciter à rassembler les jeunes instituteurs de l’école laïque intéressés par la langue d’oc (le futur Groupe Antonin Perbosc) et à rejoindre les jeunes occitanistes d’après-guerre. Elle entretient par ailleurs à cette époque (1943-1944) une correspondance avec Honoré Bourguignon, félibre varois espérantiste et adhérent du mouvement Freinet. Premier cadre féminin de la Société d’Études Occitanes (SEO) puis de l’Institut d’Études Occitanes (IEO), elle va, avec ses deux amis Léon Cordes et Robert Lafont, créer la revue l’Ase Negre, organe politique officieux du nouvel IEO. Elle en sera la cheville ouvrière, assurant l’administration, l’envoi et, au début, l’impression de la nouvelle revue sur l’imprimerie de son école d’Abeilhan. Parallèlement, elle est une militante syndicale active et Marcel Valière vient la chercher pour entrer au Conseil syndical du Syndicat National des Instituteurs (SNI) où certains de ses collègues lui feront mieux connaître l’École Moderne de Célestin Freinet.

Dès 1946, alors qu’elle est en poste à Abeilhan dans l’Hérault, elle commence à appliquer les méthodes Freinet à son enseignement et y introduit parallèlement (autant que faire se peut) l’occitan. Elle rassemble autour d’elle ses collègues instituteurs intéressés par la langue autour d’une structure, le Groupe Antonin Perbosc dont va découler la Section Pédagogique de l’IEO (1951-1966) et ses parutions : d’abord les Bulletins Pédagogiques jusqu’en 1956 puis les Cahiers Pédagogiques. Les Centres Régionaux d’Études Occitanes (CREO), seront créés en 1966, pour mieux coller aux différentes académies, par son amie Denise Imbert, dernière rédactrice des Cahiers Pédagogiques.

Dès le début, la pédagogie développée par le Groupe Antonin Perbosc s’inspire de l’École Moderne de Freinet. En 1949, la Garba Occitana, compilation de travaux de collégiens, voit le jour sur le modèle de La Gerbe3 de Freinet. Le travail d'Hélène Cabanes Gracia, clairement fondé sur les méthodes de l'Ecole Moderne, a été fondamental pour le développement de l'enseignement de l'occitan après la guerre de 39-45.

Jusqu’à sa retraite de l’enseignement en 1974, Hélène Cabanes-Gracia est de tous les combats : autour de la langue en collaborant aux Bulletins Pédagogiques (elle est au Comité de Rédaction avec ses amis Charles Camproux, Raymond Chabbert, Robert Lafont, Pierre Lagarde...), aux Cahiers Pédagogiques qu’elle dirige de 1960 à 1964 puis à Vida Nòstra et à l’organisation des stages pédagogiques où se tissaient les liens entre enseignants…

On notera aussi sa participation à la fondation du MLCR (Mouvement laïque des cultures régionales) et le travail de liaison qu’elle organise autour de son ami Raoul Bayou alors député de l’Hérault (et ancien membre du Groupe Antonin Perbosc) et le MLCR avec l’instituteur breton Armand Keravel et Robert Lafont en vue de déposer un projet de loi pour les langues régionales. Retirée à Agde où elle avait fondé le Cercle occitan dagtenc en octobre 1977 tout en préparant les lycéens à l’épreuve facultative d’occitan au bac, elle fait éditer trois livres : La cosina dagtenca, Contes e racontes del país dagtenc, de Paulona Duconquéré, adhérente du cercle occitan, en quelque sorte mémoire vivante de la vie agathoise d’autrefois. Le troisième est la réédition partielle d’une œuvre de l’écrivain agathois du XIXe siècle Balthazard Floret, La Borrida Dagtenca. Elle participe à la fin de sa vie à la création de l’école Calandreta Dagtenca en 2002.

Hélène Cabanes-Gracia, surtout connue pour ses livres pédagogiques destinés aux enseignants d’occitan et avant tout pour son action et ses articles en faveur de l’enseignement de la langue occitane, s’est aussi essayée à la littérature sous forme de nouvelles (six nouvelles répertoriées dans les revues Viure et Òc).


1. La FUE sera la seule branche de la CGTU à échapper au processus de stalinisation d’avant-guerre. Lors de la réunification de 1936 entre la CGT et la CGTU, c’est Marcel Valière qui négocie, au nom de la FUE, la réunification avec la branche rivale, la Fédération Générale de l’Éducation (FGT) incorporée à la CGT de tendance réformiste pour créer la Fédération de l’Education Nationale et en dirigera la tendance syndicalisme-révolutionnaire-lutte de classes sous le nom d’École Émancipée ; c’est encore lui avec un autre syndicaliste, René Bonissel, qui va 1948 assurer l’autonomie de la FEN en refusant la nouvelle scission entre CGT et CGT-FO. l’École Émancipée continuera être une des tendances de la FEN regroupant l’extrême gauche non communiste de l’époque dont les libertaires.  

2. L'École émancipée (l'EE) peut se prévaloir du titre de plus ancien courant du syndicalisme français, puisque sa revue a été créée en 1910 comme organe de la Fédération des membres de l'enseignement laïque (FMEL) affiliée à la toute nouvelle CGT. Elle est à l'époque marquée par l'anarcho-syndicalisme. De 1921 à 1936, ses militants ont animé et dirigé la Fédération Unitaire de l'Enseignement de la CGTU : en pleine "bolchévisation" de la CGTU voulue par la direction stalinienne du PCF, elle a été la seule fédération oppositionnelle de cette confédération réussissant à se maintenir majoritaire jusqu'à la réunification CGT-CGTU. C'est alors Marcel Valière, son nouveau secrétaire général, qui négocie la réunification des Fédérations de l'enseignement. De 1948 à 1992, elle a été la « 3e tendance » de la FEN derrière la majorité autonome (UID) et les cégétistes d'Unité et action. En 1948, Marcel Valière contribua avec l'autonome René Bonissel à faire passer la FEN dans l'autonomie en rédigeant la motion qui refusait de choisir entre la CGT dominée par les communistes et la nouvelle confédération Force ouvrière. Elle a longtemps rassemblé l'ensemble des courants d'extrême-gauche au sein de la FEN dont l'EE est réputée proche, mais elle a aussi attiré des militants pédagogiques (en particulier du mouvement Freinet).

3. La Garba est un travail de l’ICEM qui réunit des instituteurs occitanistes.

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Ouvrages pédagogiques

  • Pels camins del país, (Cahiers Pédagogiques n°33), IEO, Toulouse 1966, réédition CEO, Toulouse, 1975.
  • Lecturas occitanas, IEO, Toulouse, 1969.
  • Lecturas occitanas (fichas de trabalh), IEO, Toulouse, 1972.
  • Poésies pour les écoliers occitans (Cahiers Pédagogiques n°59-60) IEO, Laurens, 1973, réédition CEO, Montpellier, 1975.
  • Chants pour les écoliers occitans (Cahiers Pédagogiques n° 60-61), IEO, Laurens, 1973.

Romans, contes et nouvelles 

  • « Reviudança », nouvelle, Oc, n° 205-206, 1957.
  • « Lo paure òme », conte, Cahiers Pédagogiques n° 5, 1958.
  • « L’escorreguda », conte, Oc n° 225, 1962.
  • « Lo viòl », conte, Viure n° 7, 1966.
  • « La cavala », conte, Viure n° 8, 1967.
  • « Lo vudel », conte, Oc n° 19, 1983.

Il convient d’ajouter de nombreux articles touchant à la pédagogie, à la politique, au féminisme, au syndicalisme dans de nombreuses revues dont l’Ase Negre, les Bulletins Pédagogiques de l’IEO, les Cahiers Pédagogiques de l’IEO, Vida Nòstra, Viure, l’École Émancipée, Lenga e país d’oc…)

Éditions du « Cercle occitan dagtenc » sous la direction d’Hélène Gracia 

  • Racòntes dal país dagtenc, Paule Duconquéré, Cercle Occitan Dagtenc, Agde, 1982.
  • La cosina del país d’Agde, Paule Duconquéré, Cercle Occitan Dagtenc, Agde, 1987.
  • La borrida dagtenca, Balthazard Floret, Cercle Occitan Dagtenc, Agde, 1994. (Recueil de poèmes, réédition partielle en graphie normalisée).

Collaboration à des revues (soit comme membre du Comité de rédaction, soit comme administratrice ou directrice) 

  • L’agaça canta, journal scolaire. Abeilhan, 1946-1949. Gérante.
  • L’Ase Negre, revue de la jeunesse occitane. Abeilhan 08/46 - 12/47. Administratrice. (gestion, tenue des adhésions, envois…).
  • Occitània, revue de la jeunesse occitane. Abeilhan , 01/48 - 04/49. Administratrice. (gestion, tenue des adhésions, envois…).
  • La Garba Occitana, lien des journaux scolaires de l’École Moderne, Abeilhan et Soulages-Bonneval, 1949 – 1951. Gérante et co-gérante.
  • Escòla e Vida, journal du Groupe Antonin Perbosc. Abeilhan 1946 – 1949. Gérante.
  • Bulletin Pédagogique de l’IEO, revue de la section pédagogique de l’IEO. Toulouse, 02/51-06/1956.
  • À la volette, journal scolaire. Lodève, 09/52-06/1954. Gérante.
  • Cahiers Pédagogiques de l’IEO, revue de la section pédagogique de l’IEO. Toulouse, 09/56 – 1973. (Directrice du n° 12 à 15).
  • Vida Nòstra, Toulouse, 1971 – 1974.

Sources :

Ouvrages 

  • Abrate Laurent, Occitanie 1900-1968. Des idées et des hommes, Toulouse, IEO, 2001.
  • ICEM, Un instituteur : Célestin Freinet, Cannes, CEL, 1979.
  • Toti Yves, Òc, Pèlerin de l’absolu, Mouans-Sarthoux (06), OC, 1996.

Revues 

  • Martel Philippe, « Chronologie de l’histoire de l’IEO » Estudis occitan, n° 18, 1995.

Thèses et mémoire 

  • Canales, Philippe, Itinerari d’una ensenhaira occitana, Elèna Cabanas-Gràcia 1919-2010, Mémoire de Master, Université Paul valéry, Montpellier, 2012.
 

Correspondances 

  • CIRDOC, Béziers. Lettres prêtées personnellement par Hélène Cabanes.

Ressources électroniques

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Christian Laux, de culture scientifique, s’engagea très tôt dans l’occitanisme, notamment au sein de l’IEO. Il s’occupa de plusieurs revues et rédigea, outre des récits pour une large part d’inspiration autobiographique des dictionnaires de langue qui font référence.

Identité

Formes référentielles

Laux, Christian (1934-2002)

Autres formes connues

- Laus, Cristian (forme occitane du nom)

- Laus, Crestian (forme occitane du nom)

Éléments biographiques

Christian Laux est né en 1934 à Lugné, commune de Cessenon (Hérault) dans une famille de viticulteurs. Après ses études au lycée de Béziers, puis en math-sup, math-spé à Montpellier, il est admis à l’École des Mines de Paris et à L’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (Paris puis Cachan). Souhaitant revenir au pays et exercer un métier centré sur les relations humaines, il choisit l’ENSET.

Abonné à la revue ÒC, il est ainsi informé du stage occitan d’Uzès de 1956 auquel il participe ; il y rencontre Robert Lafont, Jean Boudou, Pierre Bec, Serge Bec, Charles Camproux (son ancien professeur de français), Éliane Gauzit, Aimé Serres, Raymond Chabbert… C’est pour lui une découverte.

Il se marie, effectue le service militaire puis enseigne la physique au lycée technique d’Albi et, par la suite, assure des cours d’occitan. Il mènera de front enseignement, recherches, publications, responsabilités associatives…

Il meurt à Albi le 4 février 2002.

Engagement dans la renaissance d'oc

Il a été président de l’IEO du Tarn à deux reprises, président de la Société des Amis de Jean Boudou et organisateur du colloque de Naucelle de septembre 1985, collaborateur de revues occitanes (L’Occitan, Occitans !, Lo Gai Saber, Mesclum, Vent Terral), de la Revue du Tarn et d’Albi Mag, chef-rédacteur de l’Occitan de 1995 à 2002, producteur d’émissions à Radio Albigés, membre du CAOC, animateur d’ateliers de langue et de stages.

Cheville ouvrière du CREO du Tarn, il en est le premier président de 1988 à 1995 ; c’est durant ce mandat que sont créées en 1989 les premières écoles bilingues à Albi et à Saint-Affrique. Il est présent lors de la création de l’association ÒC – BI (association des parents d’élèves bilingues de l’enseignement public) en 1998. Conscient qu’il faut créer des outils adaptés à un nouveau public, il travaille à son dictionnaire FRANÇAIS – OCCITAN de 1990 à 1997. Il poursuit avec la réalisation du dictionnaire OCCITAN - FRANÇAIS.

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Publications

  • Martin de Castanet en Egipte, Bande dessinée illustrée par François Piquemal, Vent Terral, 1976.
  • La Coa de la cabra, Vent Terral, 1978.
  • Albigés País occitan, Section du Tarn de l’IEO / CIDO, 1980.
  • Les Troubadours dans l’Albigeois, Revue du Tarn, 1982.
  • Martin de Castanet al pont d’Arcòla, Bande dessinée illustrée par Capelon, Vent Terral, 1984
  • Nadals (avec Daniel Loddo), IEO / La Talvera, 1986.
  • Marianne, l’occitane de Puylaurens, (avec Paul Hormière), Loubatières, 1987.
  • « Henry Paschal de Rochegude (1741 – 1834) et la langue occitane de son temps », Revues du Tarn 135, 136, 138, 139, 1989-1990.
  • Langue et Littérature Occitanes, Tarn, Bonneton, 1991.
  • Garriguenc, IEO A Tots, 1996.
  • Dictionnaire Français – Occitan, Section du Tarn de l’IEO, 1997.
  • « L’occitan, langue du droit dans le milieu des notaires de l’Albigeois au XVIe siècle », Pouvoir et société en pays albigeois, Presses de l’Université des Sciences Sociales de Toulouse, 1997.
  • Los uèlhs de l’anhèl, IEO A Tots, 1999.
  • Dictionnaire Occitan – Français, Section du Tarn de l’IEO, 2001.
  • Joan Delcaire, IEO A Tots, 2003.

Participation à d’autres éditions

  • Josèp Daubian, Òbras complètas (avec Raymond Chabbert et Jean Thomas), IEO, 1982.
  • Clardeluna, Lison, IEO A Tots, 1986.
  • Letras de Joan Bodon a Enric Mouly, Société des Amis de Jean Boudou, 1986.
  • Répertoire toponymique et ethnographique des communes du Tarn, IEO Section du Tarn, 1988.
  • Jan Laurés, Los secrets de la vendémia, IEO Section du Tarn, 1988.
  • Célestin Boyer, Contes del Pepin, IEO Section du Tarn, 1993.
  • Josèp Chauvet, Flors d’Amor, IEO Messatges, 1998.

Sources

  • - On consultera évidemment la collection de L’occitan, qu’il dirigea de 1995 à 2002 et qui n’a pas survécu à son rédacteur principal.
  • - Christian Laux a fourni des éléments d’inspiration autobiographique dans La Coa de la cabra sous le nom de Fabian Cròs, et surtout dans Los uèlhs de l’anhèl.
  • - Omenatge a Christian Laus (1934-2002), Jornada del 4 de febrier de 2012, organisée par l’IEO du Tarn et le Centre Culturel Occitan de L’Albigeois, brochure éditée per l’IEO Tarn, s.l.s.d. Interventions de Serge Gayral, Raymond Ginouillac, Bernard Lescalier, Robert Marti, Gilbert Mercadier, Christine Pujol, Yves Rouquette, Michel Tayac, Jean Thomas.
  • Sa famille conserve sa bibliothèque et ses documents de travail, notamment dans des domaines qui auraient pu, par la suite, donner lieu à des publications (l’œuvre d’Henri Paschal de Rochegude, le Nouveau Testament cathare de Lyon, la présence de l’occitan dans la presse tarnaise…).
  • Les manuscrits de Joseph Chauvet ainsi que les recherches complémentaires qu’il a menées ont été déposés au CIRDOC.
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