Goirand, Léontine (1853-1933)
Goirand, Leontina (1853-1933)
Écrivain
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Sa participation à la Renaissance d’oc avant son mariage est celle d’une grande poétesse en langue d’oc. Elle est présente dans la <em>Revue des Langues Romanes</em>, dans les divers Almanachs, mais aussi nommée dans tous les articles et recueils qui paraissent dans le Midi ou à Paris sur le Félibrige. Elle peut être considérée comme la première journaliste en langue d’oc, grâce à ses « Portisson » dans <em>Le Dominique</em>, journal en langue d’oc publié par Louis Roumieux, félibre blanc. Elle développe par la correspondance un réseau amical et activiste dans le Félibrige.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Goirand, Léontine (1853-1933)</p>
<h3>Autres formes connues</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Lauriol, Léontine (pseudonyme)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Mathieu-Goirand, Léontine (nom de mariage)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Félibresse d’Arène (pseudonyme)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Félibresse de Nîmes (pseudonyme)</p>
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Comme l’indique son acte de naissance, Léontine Goirand (nom de son père sous lequel elle est le plus connue) est née à Nîmes « l’an mil huit cent cinquante- trois... le dix-neuf courant [novembre] à une heure du soir ».</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Sa mère « Rosine Lauriol, modiste, âgée de vingt-cinq ans, non mariée, native d’Anduze (Gard) domiciliée à Nîmes section 7 rue des Orangères 24, fille de feu Pierre Lauriol, propriétaire et de Marie Aline Ca(R)el couturière est accouchée dans son domicile audit Nîmes, le dix-neuf courant à une heure du soir d’un enfant de sexe féminin qu’elle nous a présenté et auquel elle a donné le prénom de Léontine... » C’est l’accoucheuse Catherine, âgée de 69 ans, accompagnée d’un témoin, ébéniste, Pierre Le Moine (seul à signer avec le Maire) qui fait la déclaration en mairie le vingt et un novembre à dix heures du matin.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">L’acte de naissance de Léontine Lauriol porte la mention « enfant naturel », et, en date du 2 Août 1861, la mention en marge de la reconnaissance par sa mère : « couturière, suivant acte passé devant Maitre Rebuffat notaire à Nîmes le 1er Août mil huit cent soixante et un et transcrit le vingt-cinq septembre même année. »</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Elle sera légitimée par son père, Jean-Pierre Goirand, avocat, homme politique républicain, historien spécialiste de 1851, lors du mariage de ses parents célébré à la mairie de Nîmes le 1er Août 1863, Léontine a alors 10 ans. Ses parents avaient eu avant elle un garçon, mort au mois de juin précédent à l’âge de 18 ans et qui sera légitimé à titre posthume dans le même document daté du 28 août.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">L’acte de mariage des parents indique, une fois « unis par le mariage » que : « de leur liaison sont nés deux enfants, à savoir le premier de sexe masculin né le 23 mai 1845 à Brouzet (Gard), inscrit à l'État Civil le lendemain, sous le nom de Julle [sic] Lauriol et décédé à Nîmes le 16 juin dernier, le second de sexe féminin née à Nîmes le dix-neuf novembre 1853 et inscrit à l'État civil le 21 du même mois sous les noms de Léontine Lauriol, lesquels enfants ils entendent légitimer. »</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il semble que ce soit la mort de ce frère, né à Brouzet, village situé à une quinzaine de kilomètres d’Alès, dont le père est originaire, qui est à l’origine du mariage. La mère a alors 43 ans et le père 40, ils se sont donc connus dans leur jeunesse mais leurs milieux sociaux étaient différents : la mère était modiste lors de la naissance de Léontine, dite « sans profession » sur l’acte de mariage, elle se déclare « Libre de ses volontés » alors que le père fait état des consentements de ses père, propriétaire à Alès, et mère. Le couple habite alors à Nîmes « rue Graverol près de la porte d’Alès »</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">On peut comprendre la reconnaissance que Léontine Goirand portait à son père et à sa mère à une époque où les enfants nés hors mariage étaient définis comme bâtards et bien souvent abandonnés.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">On ne sait pas exactement quelle a été son éducation, a-t-elle eu celle dont elle parle dans « Li Risènt de l'Alzoun » prodiguée par son père à Alès ou a-t-elle reçu une partie de celle-ci dans le quartier populaire où elle est née à Nîmes ? À Alès, elle partage son enfance avec son cousin Maurice Faure né le 19 janvier 1850 né à Saillans dans la Drôme.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">En 1882, elle se marie avec un veuf, Émile Mathieu, et part avec lui s’installer à Cette (Sète) où il est un des premiers receveurs municipaux. Elle habite dans la maison Quermal, 4 quai du Pont Neuf. C'est là qu'elle mettra au monde ses deux enfants, Antoine Jean Léon André Mathieu le 25 Février 1884 et Emilie Suzanne Eva Mathieu le 1er novembre 1885. Son père, Jean-Pierre Goirand, alors membre du Conseil Général du Gard, habitant avec sa femme à Alès, lui sert de témoin pour chaque enfant au moment de dresser l’acte de naissance.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Début 1886, Émile Mathieu, alors receveur municipal de Sète, est accusé de négligence par la commission des finances de la Municipalité. Après sa démission présentée au conseil et acceptée par le préfet en Avril, toute la famille part pour Alès. Il devient représentant de commerce avant d’être lavé de tout soupçon en 1890. Il meurt l’année suivante le 18 mars 1891 à Alès.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">En 1911, en tant que femme de lettres, Léontine Goirand reçoit les insignes d’officier d’Académie (Journal Officiel de la République Française, décret du 3 mars 1911).</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Léontine et ses enfants demeureront à Alès. L’écrivain André Chamson l’a rencontrée dans son enfance à Alès (<em>Le Chiffre de nos jours</em>, cité par Mazoyer 2013 : 462)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Elle meurt le 26 Juillet 1923, Maison Mathieu-Goirand place de la République. Alcide Blavet prononce au nom du Félibrige son éloge funèbre.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Léontine Goirand est présente dès 1876 sur le <em>Cartabèu</em>, la liste officielle des membres du Félibrige. Elle est présente à la Sainte-Estelle d’Avignon en mai 1876 : on l’y retrouve avec son père, « <em>M. Achile Mir e sa filho; Mlo Melanio, M. et Mmo Xavié de Ricard, Mlo Jano Wilçon, sorre de Mmo de Ricard e M. Aguste Fourès de Castelnaudary</em> », compagnons de voyage au Pont du Gard d’Alphonse Tavan qui leur dédie tout d’abord son recueil <em>Amour e Plour</em>, avant de le dédier à sa femme défunte. Elle y revient l’année suivante et participe avec son père ou son cousin Maurice Faure à toutes les initiatives du Félibrige languedocien, provençal ou des méridionaux de Paris avec l’association "La Cigale".</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Entre temps, Léontine Goirand est devenue <em>la Felibresso d’Areno</em>, du nom du château sur les rives de l’Alzon, lors de la félibrée du même nom en août 1876. Louis Roumieux chante cette félibrée et Léontine dans une « <em>Letro à Madamisello Leountino Goirand</em> » (Nîmes, Baldy-Riffard, 1877, 28 pages).</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Fin mars 1877, nous la retrouvons à l'Assemblée de la Maintenance du Languedoc du Félibrige, puis à la séance extraordinaire de la Société des langues Romanes. Dans la <em>Revue des Langues Romanes</em> du mois de mai, Alphonse Roque-Ferrier souligne la présence des « dames » aux côtés de Léontine (RLR, 1877, n°=32 octobre ; série 2, t 3 = t 11 : 157). Dès 1878 elle participe à Sceaux à l’hommage au poète Florian par la Cigale, association fondée par Louis-Xavier de Ricard, Lydie Wilson de Ricard, le peintre Auguste Baudouin et Maurice Faure. Cette cérémonie sera ensuite organisée par les félibres de Paris.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Son ami Louis Roumieux publie d’abord à Montpellier, puis à Nîmes, deux journaux <em>Le Dominique</em> et <em>La Cigale d’Or</em>, dans lesquels Léontine publie, en première page, des « <em>Portissons</em> », présentés comme des « lettres à Mireille » qui sont de véritables reportages.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Ses différentes activités lui permettent de faire connaissance avec les félibres languedociens comme provençaux que nous retrouverons dédicataires des poèmes de son recueil de 1880, <em>Li Risènts de l’Alzoun</em>. Elle échange avec eux et elles, lettres et poèmes. Citons ses relations avec Arnavielle, Lydie Wilson de Ricard, Mireille Roumieux, Théodore Aubanel, Louis-Xavier de Ricard, Baptiste Bonnet (300 lettres !) et bien sûr Mistral lui-même. La liste de ses relations constitue un véritable <em>cartabèu</em> que l’on retrouve dans son <em>Capelet Noviau</em>, recueils de poèmes écrits et réunis à l’occasion du mariage des félibres.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Pendant son séjour à Cette (1882-1896) elle entre en relation, grâce à Roumieux, avec le félibre du Ratatet, J-H Castelnau, et participe aux initiatives félibréennes d’avant la sortie de <em>L’Armanach Cetori</em>, les dimanches à la baraquette, équivalent du mazet nîmois. Léontine, devenue Mme Mathieu, est présente avec son mari et ses enfants dans <em>Ma Dinierola</em>, recueil de J-H Castelnau dans le bonheur puis le temps mauvais (voir biographie).</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Revenue précipitamment à Alès, la félibresse, qui prendra désormais le nom de Mathieu-Goirand consacre essentiellement son temps à son foyer et ses enfants (Blavet Alcide 1923). Cependant les grandes occasions du Félibrige et les rencontres amicales la font sortir de ce rôle et retrouver la Léontine de sa jeunesse. Elle préside ainsi le Jury poétique des Fêtes d’Alès en 1889 à l’occasion de l’inauguration du buste de La Fare Alais, en présence de Mistral, Roumanille, Arnavielle, le 20 octobre 1889, en même temps que le monument commémoratif de Jean-Baptiste Dumas et le lycée Dumas d’Alès.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; font-weight: bold;">Parmi les Prix qu’elle a reçus :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">1877 : La cigale de Paris organise une fête en Arles en septembre 1877 au cours de laquelle Léontine gagne le prix de Provence avec son sonnet « <em>Lis Areno</em> », dédié à son maître et ami Louis Roumieux.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">1878 : son recueil <em>Li Risent de l’Alzon</em> reçoit le premier prix du concours poétique des Fêtes Latines de Montpellier sous la forme d’une statuette, reproduction de la Polymnie du Louvre.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">1879 : Son poème « <em>La draio flourido</em> » obtient une médaille d’argent au concours de la Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers. La même année elle obtient une médaille au concours poétique en l’honneur de Florian à Sceaux (<em>Armana Prouvençau</em>, 1880 : 110).</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">1880 : Elle reçoit la médaille d’argent au concours de la Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers avec « <em>Permenade a Sant German</em> » <em>Armanac Prouvençau</em>, 1881 :12).</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">1901 : elle obtient le diplôme des Félibres de Paris pour l’épitaphe de Brémonde de Tarascon (Mazoyer 2013 : 461)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; font-weight: bold;">La réception de son œuvre :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Léontine Goirand est mentionnée par Paul Mariéton dans <em>La terre provençale : journal de route</em> (3e édition), 1894, dans la conférence de Gabriel Haon reproduite dans <em>Les Mémoires et comptes rendus de la société scientifique et littéraire d'Alais</em> de 1897 et en 1914 dans <em>La Revue des Pyrénées et de la France Méridionale</em>. Elle est toujours présente dans <em>Les annales politiques et littéraires</em> (Paris) de 1905. Enfin, en 1931, dans le recueil des Jeux Floraux de Toulouse on trouve cette appréciation à propos d’Henriette Dibon : « Cette jeune muse provençale, qui signe Farfantello, fait honneur à la littérature d'Òc et prend une digne place aux côtés d'Antounieto de Beucaire et de Léontine Goirand. »</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Sa participacion a la renaissença d’òc abans son maridatge es la d’una granda poetessa en lenga d’òc. Es presenta dins la <em>Revista de las lengas romanas</em>, dins los almanacs divèrses, mas tanben nommada dins totes los articles e recuèlhs que pareisson dins lo Miègjorn o a París sul Felibritge. Pòt èstre tenguda coma la primièra jornalista en lenga d’òc, gràcias a sos « Portissons » dins <em>Le Dominique</em>, jornal en lenga d’òc publicat per Loís Romieux, felibre blanc. Desvolopa per la correspondéncia un malhum amistós e activista dins lo Felibritge.</p>
<h2>Identitat</h2>
<h3><b>Formas referencialas</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Goirand, Léontine (1853-1933)</p>
<h3>Altras formas conegudas</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Lauriol, Léontine (pseudonim)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Mathieu-Goirand, Léontine (nom de maridatge)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Félibresse d’Arène (pseudonim)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Félibresse de Nîmes (pseudonim)</p>
<h2>Elements biografics</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Coma o senha son acte de naissença, Leontina Goirand ( es jos aquel nom, lo de son paire, qu’es mai coneguda) nasquèt a Nimes « l’an mila uèit cents cinquanta tres... lo dètz-e-nòu corrent (de novembre), a una ora del ser ».</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Sa maire « Rosina Lauriòl, capelièra, vièlha de vint-e-cinc ans, pas maridada, nativa d’Andusa (Gard) domiciliada a Nimes, seccion 7 carrièra de las Irangièras 24, filha de Pèire Lauriòl defunt, proprietari e de Maria Alina Ca(R)el, cordurièra, s’es ajairada dins son ostal aldit Nimes, lo dètz-e-nòu corrent a una ora del ser d’un enfant del sèxe femenin que nos presentèt e que li balhèt lo pichon nom de Leontina... » Es la levandièra, Catarina, vièlha de 69 ans, acompanhada d’un testimòni, ebenista, Pèire Le Moine (sol a signar ambe lo Conse) que fa la declaracion a l’ostal comunal lo vint-e-un de novembre a dètz oras del matin.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">L’acte de naissença de Leontina Lauriòl pòrta la mencion « enfant natural » e, datat del 2 d’agost de 1861, la mencion en marge de la reconeissença per sa maire : « cordurièra, segon l’acte passat davant Mèstre Rebufat, notari a Nimes lo 1° d’agost mila uèit cents seissanta un e transcrich lo vint-e-cinc de setembre de la meteissa annada ».</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Serà legitimada per son paire, avocat, òme politic republican, istorian especialista de 1851, pel maridatge de sos parents celebrat a la comuna de Nimes lo 1° d’agost de 1863, Leontina aviá dètz ans. Sos parents avián agut abans ela un dròlle, mòrt al mes de junh precedent, vièlh de 18 ans e que serà legitimat a títol postume dins lo meteis document datat del 28 d’agost.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">L’acte de maridatge dels parents senha, un còp « units pel maridatge » que : « de lor apariada, son nascuts dos enfants, lo primièr del sèxe masculin, nascut lo 23 de mai de 1845 a Broset (Gard), inscrich a l’Estat Civil l’endeman, jol nom de Julle [sic] Lauriòl e defuntat a Nimes lo 16 de junh passat, lo segond del sèxe femenin, nascut lo 19 de novembre de 1853 e inscrich a l’Estat Civil lo 21 del meteis mes jos los noms de Leontina Lauriòl, e que vòlon legitimar aqueles enfants ».</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Sembla que siá la mòrt d’aquel fraire, nascut a Broset, vilatge situat a una quinzena de quilomètres d’Alès, que lo paire n’es natiu, qu’es a l’origina del maridatge. La maire a alara 43 ans e lo paire, 40, se coneguèron joves mas èran pas del meteis mitan social : la maire èra capelièra a la naissença de Leontina, dicha « sens mestièr » sus l’acte de maridatge, se ditz : « Liura de sas volontats » mentre que lo paire menciona los agrats de son paire, proprietari a Alès e de sa maire. Lo coble demòra a aquel moment a Nimes, carrièra Graveròl, prèp de la pòrta d’Alès.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Se pòt comprene la gratitud qu’aviá Leontina Goirand per son paire e sa maire dins un temps que los dròlles nascuts fòra maridatge èran tenguts per bastards e plan sovent abandonats.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Se sap pas vertadièrament quina foguèt son educacion, aguèt la que ne parla dins Li Risènt de l’Alzoun donada per son paire a Alès o ne recebèt una partida dins lo quartièr popular ont nasquèt, a Nimes ? A Alès, passa son enfança ambe son cosin Maurici Faure, nascut lo 19 de genièr de 1850 a Salhans dins Droma.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">En 1882, marida un veuse, Emili Matieu e s’installa ambe el a Sèta ont es un dels primièrs recebeires comunals. Demòra dins l’ostal Quermal, 4 cai del Pont Nòu. Es aquí que balharà naissença a sos dos enfants, Antòni Leon Andrieu Matieu, lo 25 de febrièr de 1884 e Emília Susanna Èva Matieu, lo 1° de novembre de 1885. Son paire, Joan-Pèire Goirand, membre del Conselh General de Gard que demòra ambe sa femna a Alès, li servís de testimòni per establir l’acte de naissença dels dos enfants.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">A la debuta de 1886, Emili Matieu, recebeire comunal de Sèta, es acusat de negligéncia per la comission de las finanças de la municipalitat. Aprèp sa demission presentada al conselh e acceptada pel prefècte en abrial, tota la familha partís per Alès. Ven viatjador abans d’èstre desculpat en 1890. Se morís l’annada seguenta lo 18 de març de 1891 a Alès.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">En 1911, Leontina Goirand recep los insignes d’oficièr d’Acadèmia coma femna de letras (<em>Jornal Oficial de la Republica Francesa</em>, decrèt del 3 de març de 1911).</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Leontina e sos enfants demoraràn a Alès. L’escrivan Andrieu Chamson la rescontrèt dins son enfança a Alès ( <em>Le Chiffre de nos jours</em>, citat per Mazoyer 2013 : 462).</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Se morís lo 26 de julhet de 1923, Ostal Matieu-Goirand, plaça de la Republica. Alcides Blavet prononcièt son laus funèbre al nom del Felibritge.</p>
<h2>Engatjaments dins la Renaissença d’Òc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Leontina Goirand es presenta tre 1876 sul Cartabèu, tièra oficiala dels sòcis del Felibritge. Participa a la Santa-Estela d’Avinhon en mai de 1876 : s’i tròba ambe son paire, « M. Aquiles Mir e sa filha, Madomaisèla Melania, M. e Mma Xavièr de Ricard, Madomaisèla Jana Wilson, sòrre de Mma de Ricard e M. August Forés de Castèlnòu d’Arri », companhons de viatge al Pont de Gard, d’Amfós Tavan que lor dedica son recuèlh Amour e Plour, abans de lo dedicar a sa femna defunta. I torna l’annada seguenta e participa ambe son paire o son cosin Maurici Faure a totas las iniciativas del Felibritge lengadocian, provençal o dels Meridionals de París ambe l’associacion « La Cigale ».</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Entretant, Leontina Goirand es venguda la <em>Felibressa d’Arèna</em>, del nom del castèl situat sus las ribas d’Alzon, pendent la felibrejada del meteis nom en agost de 1876. Loís Romieux canta aquela felibrejada e Leontina dins una « Letro à Madamisello Leountino Goirand » (Nimes, Baldy-Riffard, 1877, 28 paginas).</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">A la fin de març de 1877, participa a l’assemblada de la Mantenença del Lengadòc del Felibritge, puèi a la sesilha extraordinària de la Societat de las Lengas Romanas. Dins la <em>Revista de las Lengas Romanas</em> del mes de mai, Amfós Ròca-Ferrièr soslinha la preséncia de « damas » a costat de Leontina (<em>RLR</em>, 1877, n° 32, octobre, tièra 2, t 3 = t 11 : 157). Tre 1878, es a Sceaux, per l’omenatge al poèta Florian per « La Cigale », associacion fondada per Loís-Xavièr de Ricard, Lídia Wilson de Ricard, lo pintre August Baudoïn e Maurici Faure. Aquela ceremònia serà puèi organizada pels felibres de París.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Son amic Loís Romieux publica, primièr a Montpelhièr, puèi a Nimes, dos jornals, <em>Le Dominique</em> e <em>la Cigale d’Or</em> ont Leontina publica, en primièra pagina, de « Portissons », presentats coma de « letras a Mirèlha » que son de reportatges vertadièrs.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Sas activitats li permeton de rescontrar los felibres lengadocians coma provençals que se retròban dins las dedicacions dels poèmas de son recuèlh de 1880 <em>Li Risent de l’Alzoun</em>. Escàmbia ambe eles e elas, letras e poèmas. Podèm citar sas relacions ambe Arnavièla, Lídia Wilson de Ricard, Mirèlha Romieux, Teodòr Aubanèl, Loís-Xavièr de Ricard, Baptista Bonnet (300 letras !) e de segur, Mistral el meteis. La tièra de sas relacions constituís un vertadièr cartabèu que tornam trobar dins son <em>Capelet Noviau</em>, recuèlhs de poèmas escriches e recampats a l’escasença del maridatge dels felibres.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Pendent son sojorn a Sèta (1882-1896), rescontra, gràcias a Romieux, lo felibre del Ratatet, J.H. Castèlnòu e participa a las activitats felibrencas abans la sortida de <em>l’Armanac Cetòri</em>, los dimenges a la barraqueta, equivalent del maset nimesenc. Leontina, venguda Dòna Matieu, es presenta ambe son òme e sos enfants dins <em>Ma Dinieròla</em>, recuèlh de J.H. Castèlnòu dins lo bonaür puèi lo mal temps (veire biografia).</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Tornada al brutle a Alès, la felibressa, que prendrà d’ara enlà lo nom de Matieu-Goirand avoda mai que mai son temps a son fogal e a sos enfants (Balvet Alcides 1923).Çaquelà, las granda fèstas del Felibritge e los rescontres amistoses la fan sortir d’aquel ròtle e tornar trobar la Leontina de sa joventut. Presidís atal la jurada poetica de las Fèstas d’Alès en 1889 a l’escasença de l’inauguracion del bust de la Fara-Alès, en preséncia de Mistral, Romanilha, Arnavièla, lo 20 d’octobre de 1889 e, al meteis temps, lo monument commemoratiu de Joan-Baptista Dumàs e lo licèu Dumàs d’Alès.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; font-weight: bold;">Demest los prèmis que recebèt :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">1877 : « La Cigale » de París organiza una fèsta a Arle en setembre de 1877 ont Leontina ganha lo prèmi de Provença ambe son sonet <em>Lis Areno</em>, dedicat a son mèstre e amic Loís Romieux.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">1878 : Son recuèlh <em>Li Risent de L’Alzoun</em> recep lo primièr prèmi del concors poetic de las Fèstas Latinas de Montpelhièr jos la fòrma d’una estatueta, reproduccion de la Polymnie del Louvre.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">1879 : Son poèma <em>La draio flourido</em> obten una medalha d’argent al concors de la Societat arqueologica, scientifica e literària de Besièrs. La meteissa annada, obten una medalha al concors poetic en l’onor de Florian, a Sceaux (<em>Armana Prouvençau</em>, 1880 : 110).</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">1880 : Recep la medalha d’argent al concors de la Societat arqueologica, scientifica e literària de Besièrs ambe <em>Permenada a San German</em> (<em>Armana Prouvençau</em> 1881 : 12).</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">1901 : Obten lo diplòma dels felibres de París per l’epitafi de Bremonda de Tarascon (Mazoyer 2013 : 461).</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; font-weight: bold;">La recepcion de son òbra : </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Leontina Goirand es mencionada per Paul Marieton dins <em>La terre provençale : journal de route</em> (tresena edicion), 1894, dins la conferéncia de Gabrièl Haon, publicada dins <em>Les mémoires et comptes rendus de la société scientifique et littéraire d’Alais</em> de 1897, e en 1914 dans <em>La Revue des Pyrénées et de la France Méridionale</em>. Es totjorn presenta dins <em>Les annales politiques et littéraires</em> (París) de 1905. Enfin, en 1931, dins lo recuèlh dels Jòcs Florals de Tolosa, trobam aquela apreciacion a prepaus d’Enriqueta Dibon : « Aquela jove musa provençala, que signa <em>Farfantello</em>, fa onor a la literatura d’òc e pren una plaça digna a costat d’Antonieta de Beucaire e de Leontina Goirand ».</p>
Blin-Mioch, Rose
Mazoyer, Marinette
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2015-02-25
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Gracia, Hélène (1919-2010)
Gracia, Hélène (1919-2010)
Enseignant ; professeur
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Hélène Gracia-Cabanes (Hérault), 16 juillet 1919 – 19 novembre 2010 (Hérault), institutrice, pédagogue, militante de L’École Moderne, fondatrice du <em>Grop Antonin Perbosc</em>, membre de l’Institut d’Études Occitanes, cofondatrice de la revue <em>L’Ase Negre</em>, Présidente d’honneur de la <em>Calandreta dagtenca</em>.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Gracia, Hélène (1919-2010)</p>
<h3>Autres formes connues</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Cabanes, Elèna (forme occitane du nom)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Cabanes, Hélène (nom de naissance)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- <span class="detail_value">Gracia, Elèna</span> (forme occitane du nom)</p>
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Fille unique d’une famille bilingue de viticulteurs modestes de Servian, elle intègre l’Ecole Normale de Montpellier en automne 1936. Reçue institutrice en juillet 1939, elle est affectée à Roujan comme remplaçante du directeur de l’école, alors mobilisé, <a href="http://www.ecoleemancipee.org/spip.php?article1439" target="_blank" rel="noopener">Marcel Valière</a>, enseignant anarcho-syndicaliste ; il dirigeait la branche « syndicalisme révolutionnaire-lutte des classes » de la Fédération Unitaire de l’Enseignement (FUE)<a id="1" href="#note1"><sup>1</sup></a> dont la revue créée à l’époque en 1910 et regroupant les éléments anarcho-syndicalistes de l’époque s’intitulait l’École Émancipée.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Le contact avec Valière va être déterminant pour la jeune institutrice, déjà influencée par les idées de sa famille (anticléricalisme, pacifisme, féminisme de sa mère). Tout au long de sa vie, elle a été une militante active de l’École Émancipée au Syndicat National des Instituteurs (SNI)<a id="2" href="#note2"><sup>2</sup></a>.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">C’est par le syndicalisme qu’elle a découvert <a href="http://www.icem-pedagogie-freinet.org/celestin-freinet-et-son-mouvement" target="_blank" rel="noopener">Célestin Freinet</a> et <a href="http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/8329" target="_blank" rel="noopener">l’École Moderne</a>.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">C’est alors qu’elle fréquente l’École Normale qu’elle commence à s’intéresser timidement à la langue d’oc après avoir lu <em>Mirèio</em> de Mistral et avoir choisi comme sujet de travail personnel dans le cadre de la préparation du Brevet Supérieur « langue et littérature languedocienne ».</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Une fois en poste, elle continue à se passionner pour la langue et la culture occitane. Elle entre en relation en 1943 avec <a title="voir l'article encyclopédique sur Occitanica" href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/378" target="_blank" rel="noopener">Charles Camproux</a> qui vient juste d’être professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier. Celui-ci va l’inciter à rassembler les jeunes instituteurs de l’école laïque intéressés par la langue d’oc (le futur Groupe Antonin Perbosc) et à rejoindre les jeunes occitanistes d’après-guerre. Elle entretient par ailleurs à cette époque (1943-1944) une correspondance avec Honoré Bourguignon, félibre varois espérantiste et adhérent du mouvement Freinet. Premier cadre féminin de la Société d’Études Occitanes (SEO) puis de l’Institut d’Études Occitanes (IEO), elle va, avec ses deux amis Léon Cordes et Robert Lafont, créer la revue <em>l’Ase Negre</em>, organe politique officieux du nouvel IEO. Elle en sera la cheville ouvrière, assurant l’administration, l’envoi et, au début, l’impression de la nouvelle revue sur l’imprimerie de son école d’Abeilhan. Parallèlement, elle est une militante syndicale active et Marcel Valière vient la chercher pour entrer au Conseil syndical du Syndicat National des Instituteurs (SNI) où certains de ses collègues lui feront mieux connaître l’École Moderne de Célestin Freinet.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Dès 1946, alors qu’elle est en poste à Abeilhan dans l’Hérault, elle commence à appliquer les méthodes Freinet à son enseignement et y introduit parallèlement (autant que faire se peut) l’occitan. Elle rassemble autour d’elle ses collègues instituteurs intéressés par la langue autour d’une structure, le Groupe Antonin Perbosc dont va découler la Section Pédagogique de l’IEO (1951-1966) et ses parutions : d’abord les <em>Bulletins Pédagogiques</em> jusqu’en 1956 puis les <em>Cahiers Pédagogiques</em>. Les Centres Régionaux d’Études Occitanes (CREO), seront créés en 1966, pour mieux coller aux différentes académies, par son amie Denise Imbert, dernière rédactrice des <em>Cahiers Pédagogiques</em>.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Dès le début, la pédagogie développée par le Groupe Antonin Perbosc s’inspire de l’École Moderne de Freinet. En 1949, la Garba Occitana, compilation de travaux de collégiens, voit le jour sur le modèle de <em>La Gerbe</em><a id="3" href="#note3"><sup>3</sup></a> de Freinet. Le travail d'Hélène Cabanes Gracia, clairement fondé sur les méthodes de l'Ecole Moderne, a été fondamental pour le développement de l'enseignement de l'occitan après la guerre de 39-45.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Jusqu’à sa retraite de l’enseignement en 1974, Hélène Cabanes-Gracia est de tous les combats : autour de la langue en collaborant aux <em>Bulletins Pédagogiques</em> (elle est au Comité de Rédaction avec ses amis Charles Camproux, Raymond Chabbert, Robert Lafont, Pierre Lagarde...), aux <em>Cahiers Pédagogiques</em> qu’elle dirige de 1960 à 1964 puis à <em>Vida Nòstra</em> et à l’organisation des stages pédagogiques où se tissaient les liens entre enseignants…</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">On notera aussi sa participation à la fondation du MLCR (Mouvement laïque des cultures régionales) et le travail de liaison qu’elle organise autour de son ami Raoul Bayou alors député de l’Hérault (et ancien membre du Groupe Antonin Perbosc) et le MLCR avec l’instituteur breton Armand Keravel et Robert Lafont en vue de déposer un projet de loi pour les langues régionales. Retirée à Agde où elle avait fondé le Cercle occitan dagtenc en octobre 1977 tout en préparant les lycéens à l’épreuve facultative d’occitan au bac, elle fait éditer trois livres : <em>La cosina dagtenca</em>, <em>Contes e racontes del país dagtenc</em>, de Paulona Duconquéré, adhérente du cercle occitan, en quelque sorte mémoire vivante de la vie agathoise d’autrefois. Le troisième est la réédition partielle d’une œuvre de l’écrivain agathois du XIX<sup>e</sup> siècle Balthazard Floret, <em>La Borrida Dagtenca</em>. Elle participe à la fin de sa vie à la création de l’école Calandreta Dagtenca en 2002.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Hélène Cabanes-Gracia, surtout connue pour ses livres pédagogiques destinés aux enseignants d’occitan et avant tout pour son action et ses articles en faveur de l’enseignement de la langue occitane, s’est aussi essayée à la littérature sous forme de nouvelles (six nouvelles répertoriées dans les revues <em>Viure</em> et <em>Òc</em>).</p>
<hr />
<p id="note1" style="text-align: justify; line-height: 150%;">1. La FUE sera la seule branche de la CGTU à échapper au processus de stalinisation d’avant-guerre. Lors de la réunification de 1936 entre la CGT et la CGTU, c’est Marcel Valière qui négocie, au nom de la FUE, la réunification avec la branche rivale, la Fédération Générale de l’Éducation (FGT) incorporée à la CGT de tendance réformiste pour créer la Fédération de l’Education Nationale et en dirigera la tendance syndicalisme-révolutionnaire-lutte de classes sous le nom d’École Émancipée ; c’est encore lui avec un autre syndicaliste, René Bonissel, qui va 1948 assurer l’autonomie de la FEN en refusant la nouvelle scission entre CGT et CGT-FO. l’École Émancipée continuera être une des tendances de la FEN regroupant l’extrême gauche non communiste de l’époque dont les libertaires. <a href="#1">↑</a></p>
<p id="note2" style="text-align: justify; line-height: 150%;">2. L'École émancipée (l'EE) peut se prévaloir du titre de plus ancien courant du syndicalisme français, puisque sa revue a été créée en 1910 comme organe de la Fédération des membres de l'enseignement laïque (FMEL) affiliée à la toute nouvelle CGT. Elle est à l'époque marquée par l'anarcho-syndicalisme. De 1921 à 1936, ses militants ont animé et dirigé la Fédération Unitaire de l'Enseignement de la CGTU : en pleine "bolchévisation" de la CGTU voulue par la direction stalinienne du PCF, elle a été la seule fédération oppositionnelle de cette confédération réussissant à se maintenir majoritaire jusqu'à la réunification CGT-CGTU. C'est alors Marcel Valière, son nouveau secrétaire général, qui négocie la réunification des Fédérations de l'enseignement. De 1948 à 1992, elle a été la « 3e tendance » de la FEN derrière la majorité autonome (UID) et les cégétistes d'Unité et action. En 1948, Marcel Valière contribua avec l'autonome René Bonissel à faire passer la FEN dans l'autonomie en rédigeant la motion qui refusait de choisir entre la CGT dominée par les communistes et la nouvelle confédération Force ouvrière. Elle a longtemps rassemblé l'ensemble des courants d'extrême-gauche au sein de la FEN dont l'EE est réputée proche, mais elle a aussi attiré des militants pédagogiques (en particulier du mouvement Freinet).<a href="#2">↑</a></p>
<p id="note3" style="text-align: justify; line-height: 150%;">3. La Garba est un travail de l’ICEM qui réunit des instituteurs occitanistes.<a href="#3">↑</a></p>
Canales, Philippe
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
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Grenaille, Léon (1850-1920)
Grenalha, Leon (1850-1920)
Agriculteur ; paysan
<p>Léon Grenaille était agriculteur. Il écrivait des poésies en langue d'oc, dans la variante langadocienne del sud Périgord, publiées dans les recueils <em>Ol Perigor négré</em> et <em>Qualcos espigos</em>, dont deux, <em>Mon gobelet</em> et <em>Moun poï</em>, furent mises en musique par Jean Darquier (Sarlat, 1908). <em>Mon poï</em> fut chanté à l'Opéra de Paris par Robert Cousinou, chanteur lyrique baryton et poète (entré à l'Opéra de Paris en 1913). Cent ans après, les Périgourdins chantaient encore cette chanson.</p>
<h2><br />Identité </h2>
<h3><br />Formes référentielles :</h3>
<p>Grenaille, Léon (1850-1920)</p>
<h3>Autres formes connues :</h3>
<p>Grenalha, Leon (Forme occitane du nom)<br /><br /></p>
<h2>Éléments biographiques </h2>
<p style="text-align: justify;">Sur son acte de naissance, Léon Grenaille est appelé Pierre Grenaille, fils de Géraud Grenaille et de Suzanne Lagugie qui habitaient au Port de Grolejac ; Son nom de baptême fut changé au cours de sa vie, comme c'était la mode à cette époque-là.<br />Il naquit à La Pontonnerie de Carsac (Dordogne) le 5 juillet 1850, dans une famille d'origine locale ; les Grenaille y habitaient depuis la Révolution ; c'était une auberge ancienne, relais de poste qui se trouvait en face du port de Grolejac installé sur l'autre rive. Le poète trouvait son inspiration dans la vie près du fleuve.<br />Il était issu d'une famille rurale, paysans depuis de nombreuses générations. Il se maria avec une fille qui venait aussi du milieu rural. Son arrière-petit-fils, interrogé le 20 août 2020, n'a pas pu donner d'informations quant à sa scolarité dans les années 1850-1870, ni même quant à ses diplômes. Il aurait pu fréquenter une des écoles primaires communales non gratuites créées par Guizot en 1833, ou, comme d'autres de la même génération, suivre des leçons du curé de son village.<br />Il ne fit pas le service militaire, ni la guerre de 1870-1871, sa famille paya un remplaçant afin de le garder pour le travail de la ferme (Le service durait sept ans). Ce qui implique que sa famille avait les moyens de payer ce remplaçant. <br />Léon Grenaille mourut le 19 mars 1920 à Grolejac (Dordogne). Dans sa nécrologie sur le journal<span> </span><em>L'Union sarladaise</em><sup>1</sup><span> </span>qui avait publié ses poèmes, au nom de la Société des Vétérans du canton de Carlux, le docteur Dupiellet, maire de Carlux, le dit « animé du plus pur esprit de justice et de solidarité » et communique aussi le discours prononcé par Monsieur Sarrazin, un temps médecin à Grolejac où il commença une carrière politique comme conseiller municipal, puis maire de Sarlat, puis député. À la lecture de ses poèmes, il semble que le positionnement politique de Léon Grenaille s'accommodait avec celui de son ami Sarrazin qui avait évolué des Républicains plutôt de gauche aux Radicaux Socialistes. Son arrière-petit-fils ne sait pas si Léon était adhérent au parti, mais il le dit engagé dans la lutte pour la séparation de l'Église et de l'État (1901), en opposition au lycée Saint-Joseph de Sarlat tenu par des Jésuites. Il dénonçait la condition des paysans de son temps, prolétarisation et perte de la vie saine à la campagne, qui les obligeait à aller travailler en usine pour arriver à vivre décemment. Remarquons cependant dans son poème<span> </span><em>Lo poulitico del poysan</em><span> </span>cité ci-après une pique contre Jaurès.</p>
<h2>Engagements dans le renaissance d’oc </h2>
<p style="text-align: justify;">Léon Grenaille lisait des écrits en langue d'oc puisqu'on trouve son nom à l'intérieur de la couverture d'un exemplaire du livre<span> </span><em>D'al brès a la toumba</em><sup>1</sup>, poème en douze chants de l'abbé Justin Bessou<sup>2</sup>.</p>
<p>Il aimait les poètes Mistral et Jasmin :</p>
<p style="text-align: center;">Oh! S'obioy dé Mistral lo plum'olerto et fino...<br />Sé Jasmin, aoutrescot, éro possat oyssi<br />S'orrestabot cosset!<br />Soun amo to sonsiblo; sos pensados divinos<br />doban ton fluvé pur et toun cel esclorzi,<br />Oourio fat cen couplets<sup>3</sup>.</p>
<p style="text-align: right;"><em>Un coin del Périgor</em>, in<span> </span><em>Périgor Négré</em>, p. 101.</p>
<p style="text-align: justify;">Il écrivait des vers où il mettait en scène son amour du pays et le culte de la liberté, le travail des paysans, la nature, les saisons, l'amitié, l'amour de la patrie et des thèmes d'actualité. <br />Il vécut les événements de la guerre franco-prussienne dans Les Mobiles de la Dordogne et écrivit un poème quand les navires français allèrent saluer à Kiel l’empereur Guillaume d’Allemagne :<span> </span><em>O perpau de Kiel</em><sup>4</sup>.<br />Il fut un patriote enthousiaste et un républicain sincère. Il exprimait ses idées politiques dans ses poèmes, par exemple en mars 1894 dans<span> </span><em>Lo poulitico del poysan</em><sup>5</sup><span> </span>(in<span> </span><em>Ol Perigor Négré</em><span> </span>p.69):</p>
<p style="text-align: center;">Quant o fa soun merca, lou dissaddé o lo bilo,<br />Qué li resto un soou ol foun de soun poutzou :<br />Otzato un tzournolet, oun lo phraso poulido,<br />Li dono o réfletzi, bien may qué dé rojou.<br /><br />Lou principé, per el, bol pas lou discuta ;<br />Soun idéyo es esquélo. Et ré li coustorio<br />Sé lo menaou un tzour so bieillo liberta<br />Pu léou sul sol Froncé, li doyssorio lus o.<br /><br />Mais ço qué counpren pas ; qué soun cerbel estré,<br />N'o pas pongu sozi, malgré so boulounta;<br />Qu'os tout oquéou discour, qu'oboutissoun o ré<br />Mas o ogri l'espri et o tout rétorda.<br /><br />Bourlio per bien zou diré, sans toutzour li tourna :<br />Qué los proumessoy fatzo siosquessou plo tengudo,<br />Per oquel que doban d'estré lou députa,<br />Nous obio proumétu loy réformo ottendudo.<br /><br />Qué nous obion pas dit, yo bé bint an d'oco ?<br />Qué lou poysan biourio de la manno del cel ;<br />Qué sério rey sus terro, qué l'atzé d'or bendrio;<br />Qué li monquorio rés, dusco din lou tounbel!<br /><br />Soun espoir, bien souben es portit en fumado !<br />Mais malgré tout oco, ès toutzour résigna.<br />So grando enbitiou: lo terro soménado,<br />Li proumet din l'estiou uno récolto en bla.<br /><br />Lo poulitico et del soun pas fat per s'entendré ;<br />Et sé n'obio rés pu per gorni soun gronié<br />Poudrio sorra lu flan et sé pressa lou bentré,<br />Car n'engroyssorio pas déou discour de Jauré.<br /><br />Boudrio pus tan de mou, préférorio déous acté ;<br />Li corlio un paou d'ortzen per douna o sus éfon.<br />Qué lou goubernomen, per dès proucéda satzé,<br />Opliquès un inpo, o tout oquéou qué n'on.<br /><br />S'occupoun pas trot d'el ; counessoun so possinço,<br />Soun corotari dou, esprouba bien souben,<br />O dounat o la Franço, din dès tzour de démenço,<br />dé los probo d'omour, o may d'otatzomen.<br /><br />Quan bay médre ol mé d’o tzus un soulel dé ploun;<br />Qué dé soun froun, lo suour, tombo sans pu féni,<br />L’omé déu loubi d’or, fay donsa lu milioun <br />O l’oumbro dès polay san crogna lou sondi<br /><br />Per bien résuma, touto so poulitico,<br />Su dézir, soun espoir et touto so fierta:<br />Montène en soun poï lo grando Républico,<br />Qué d'aoutrès pu molin doyssorion escopar !6</p>
<p style="text-align: justify;">D’autres poèmes sont souvent dédicacés à des amis ou à des occasions particulières. Et il aime mettre en scène son Périgord aimé, comme dans<span> </span><em>Mon po</em>, mis en musique par Jean Darquier, qui était professeur de musique au collège Saint-Joseph de Sarlat, organiste à la cathédrale de Sarlat et compositeur de mélodies et de pièces pour pianos. La chanson fut chantée surtout dans sa province et même jusqu’à l’Opéra de Paris par Robert Cousinou, chanteur lyrique baryton et poète. Le journal local<span> </span><em>L’Union Sarladaise</em><span> </span>publiait les poèmes de Léon Grenaille.</p>
<p style="text-align: justify;">Dans le discours que Jean de Boysson lut le 10 juillet 1932 à la 23e félibrée du Bornat del Perigòrd à Sarlat, on apprend que Léon Grenaille en était membre en tant que maître-ouvrier. Ce jour-là, sa mémoire fut honorée avec celle de deux autres poètes sarladais, Sylvain Cavaillez et Ludovic Sarlat, et une plaque commémorative apposée sur la façade de la mairie de Sarlat. On voit dans le programme que son poème<span> </span><em>Los tziboulados</em><span> </span>(Ol<span> </span><em>Périgor Négré</em><span> </span>p. 27) fut récité à la Cour d’Honneur sur une musique de Darquier:</p>
<p style="text-align: center;">Es toumbado oquesté moti,<br />Oqui, sul pa dé mo porto;<br />Lo poouréto, presque morto,<br />Ocobabo d'ogoni!<br />Dé soun el, moytat cluca,<br />Uno grumilho s'escopabo;<br />Pensabo'l niou qu'obio doyssa<br />Per mouri tzu los tziboulados.<br />Lou cat nègré et soun oouséléto,<br />Ol coin del boy, près del toli,<br />Obion siés io prest'ospeli,<br />S'éroun solbat dé lo béléto,<br />Qu'es to missanto péous oousels.<br />Lo fomilleto èro porado<br />Quand tout d'un co tombo d'ol cel<br />Uno terriblo tziboulado...<sup>7</sup></p>
<hr />
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: small; font-family: Calibri, sans-serif;"><br /><br />1-<span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Selon le terme de Jean de Boysson, avocat, dans son discours a la vingt-troisième félibrée du Bournat du Périgord à Sarlat le 10 juillet 1932, cité par<span> </span></span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><i>Le Périgourdin de Bordeaux :</i></span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><span> </span>« Il était des vôtres, Messieurs du Bournat, en qualité de ʺMaître-ouvrierʺ ; et ce n'était pas sans raison que vous aviez ouvert, pour lui, les portes de votre savante compagnie; Grenaille avait l'âme d'un Félibre; il ne voyait rien de plus grand, de plus pur, que Mistral et Jasmin... »<br /></span>2- <span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Témoignage du 20 juillet 2019 d'Eloi Chaineux qui a écrit quelques paroles de la chanson<span> </span></span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><i>Moun poï</i></span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">, mais il lui donne un autre titre :<span> </span></span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><i>Toi ma vieille Dordogne</i></span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">.<br /></span>3-<span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><i>L'Union sarladaise<span> </span></i></span></span><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><span style="font-size: small;">du 28 mars 1920<br /></span></span>4- <i style="font-size: small; font-family: Calibri, sans-serif;">Du berceau à la tombe<br /></i>5- <span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><span style="font-size: small;">Librairie E.Carrère, place de la cité, Rodez, 1892 (imprimerie Jules Bardoux, Villefranche-de-Rouergue).<br /></span></span>6<span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><span style="font-size: small;">- </span></span>« Oh! Si j'avais de Mistral la plume alerte et fine…/ Si Jasmin, autrefois, était passé ici/ Il s'arrêtait de suite !/ Son âme si sensible ; ses pensées divines/ Devant ton fleuve pur et ton ciel clair,/I l aurait fait cent couplets. »<br />7<span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><i>- A propos de Kiel<br /></i></span></span>8<span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><i>- La politique du paysan<br /></i></span></span>9<span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><span style="font-size: small;"> -<span> </span></span></span>Quand il a fait son marché le samedi à la ville/ Qu’il lui reste un sou au fond de sa poche/ Il achète un petit journal où la belle phrase /Lui donne à réfléchir, / bien plus que de raison./Le principe, lui ne veut pas le discuter : C’est son idée. Et ça ne lui coûterait pas/ Si sa vieille liberté le menait un jour/Sur le sol français, il y laisserait plutôt la peau.Mais ce qu’il ne comprend pas, que son cerveau étroit/N’a pas pu saisir malgré sa volonté,/ Ce sont tous ces discours qui n’aboutissent à rien /Qu’à aigrir l’esprit et à tout retarder.Il voudrait, pour bien dire, sans toujours répéter,/ Que les promesses faites soient tenues/Par celui qui, avant d’être député/Nous avait promis les réformes attendues.<br /><br /><br /></span></p>
<h2 class="western" align="JUSTIFY">Bibliographie de Léon Grenaille </h2>
<p align="JUSTIFY"><i>Ol Perigor négré</i> e <i>Qualcos espigos, </i>Poésies patoises de La Pontonnerie du Castelglorieux<i>, </i>Bordeaux, Gounouilhou Libourne, G. Maleville, 1902, 144 paginas.</p>
<p align="JUSTIFY"><i>Moun gabelet Moun poï</i>, musique de Jean Darquier, Sarlat, 1908.</p>
<h2 class="western" align="JUSTIFY">Sources</h2>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;">- Una interpretacion enregistrada de </span><span style="color: #000000;"><i>Mon Poï </i></span><span style="color: #000000;">per un grop de musica sarladés </span><span style="color: #000000;"><i>Les pastoureaux du Périgord</i></span><span style="color: #000000;"> (Fin de las annadas 1970).</span></p>
<p align="JUSTIFY">- Necrologia de Leon Grenalha dins lo jornal <i>L'Union Sarladaise del 28 de març de 1920.</i></p>
<p align="JUSTIFY">- Testimoniatge d'Alan Grenalha son reire petit filh de Sarlat, interrogat lo 20 d’agost de 2020.</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000033;">- Traduccion dels poemas de Leon Grenalha per Sergi Lespinasse et Paulette André.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><i>- Dictionnaire des auteurs de langue d’oc de 1800 à nos jours</i>, Jean Fourié, Felibrige Edicioun 2009, p. 161.</p>
<p align="JUSTIFY">- <i>Le Bournat, école félibréenne du Périgord</i>, Jean-Claude Dugros, Lo Bornat dau Perigòrd, 2001.</p>
<p align="JUSTIFY"><i>- Lou Bournat</i> (avril/juin 1920, p. 313 et juillet/ sept de 1932, p.376).</p>
<p align="JUSTIFY"><i>- Tres pouetas sarladais</i>, discours de Jean de Boisson, in <i>Le Périgourdin de Bordeaux</i>, 1933.</p>
<p align="JUSTIFY"><i>- Lo païsan poèta</i>, de Serge Lespinasse pour l'A.S.C.O., in <i>L'Essor Sarladais</i> du 13 juin 2014.</p>
<p align="JUSTIFY">- Témoignage écrit (<span style="color: #000033;">20 juillet 2019) </span>d'Eloi<span style="color: #000033;"> Chaineux qui a écrit quelques paroles de la chanson </span><span style="color: #000033;"><i>Mon poï </i></span><span style="color: #000033;">qu'il nomme autrement (</span><span style="color: #000033;"><i>Tu ma vielha Dordonha</i></span><span style="color: #000033;">).</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000033;">- Programme de la félibrée de Sarlat de 1908.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;">- Acte de naissença de Leon Grenalha, Archives de la Dordogne, registre d’état-civil de Carsac.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;">- Signatura de Leon Grenalha sus un exemplari del libre </span><span style="color: #000000;"><i>D'al brès a la toumba<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote1anc" href="#sdfootnote1sym"><sup>1</sup></a></i></span><span style="color: #000000;">, de l'abat Justin Bessou</span><span style="color: #000000;"><sup><a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote2anc" href="#sdfootnote2sym">2</a></sup></span><span style="color: #000000;">.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><br /><br /></p>
<div id="sdfootnote1">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote1sym" href="#sdfootnote1anc">1</a><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><i>Du berceau à la tombe</i></span></p>
</div>
<div id="sdfootnote2">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote2sym" href="#sdfootnote2anc">2</a><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Librairie E. Carrère, place de la cité, Rodez, 1892 (imprimerie Jules Bardoux, Villefranche-de-Rouergue).</span></p>
</div>
<p>Leon Grenalha èra agricultor. Escriguèt de poesias en lenga d'òc dins la varianta lengadociana del sud Perigòrd, publicadas dins los recuèlhs <em>Ol Perigor négré e Qualcos espigos</em>, que doas, M<em>oun gabelet</em> e <em>Moun po</em>ï, fuguèron mesas en musica per Joan Darquier (Sarlat, 1908). <em>Moun poï</em> fuguèt cantat a l’Opèra de París per Robert Cousinou, cantaire liric baritòn e poèta (entrat a l'opèra de Paris en 1913). Cent ans aprèp, lo monde del Perigòrd cantavan encara aquesta cançon<sup>1</sup>. <br /><br /></p>
<h2>Identitat </h2>
<h3><br />Formas referencialas </h3>
<br />Grenaille, Léon (1850-1920)<br />
<h3><br />Autras formas conegudas</h3>
<br />Grenalha, Leon (forma occitana del nom)<br /><br />
<h2>Elements biografics</h2>
Sus son acte de naissença, Leon Grenalha es apelat Pierre, filh de Geraud Grenalha e de Suzanna Lagugie, que demoravan al Pòrt de Graulejac. Son nom de baptisme fuguèt cambiat al cors de sa vida, coma èra de mòda en d’aquel temps.<br /><br />Nasquèt a la Pontonaria de Carsac (Dordonha) lo 5 de julhet de 1850, dins una familha d'origina locala: los Grenalha i demoravan dempuèi la Revolucion; èra una abitarèla anciana, relais de pòsta qu'enfàcia lo Pòrt de Graulejac asegat sus l'autra riva. De viure rasis lo flume Dordonha, l’autor i trobava son inspiracion.<br /><br />Sortiá d'una familha qu'èran de païsans dempuèi de nombrosas generacions. Maridèt una dròlla que veniá tanben del mitan rural. Son reire-petit filh, interrogat lo vint d’agost de 2020, non a pogut donar d'informacions quant a son escolaritat dins las annadas 1850-1870, ni mai sus sos diplòmas. Auriá pogut frequentar una de las escòlas primàrias comunalas non gratuitas creadas per Guizot en 1833, o, coma d'autres de la meteissa generacion, seguir de leiçons del curat de son vilatge.<br /><br />Non faguèt lo servici militar, ni mai la guèrra de 1870-1871, sa familha paguèt un remplaçant per fin de lo gardar pel trabalh de la bòria (lo servici èra de 7 ans)… Çò qu'implica que sa familha avián los mejans d'o pagar.<br /><br />Leon Grenalha moriguèt lo 19 de març de 1920 a Graulejac (Dordonha). Dins sa necrologia sul jornal <em>L'Union sarladaise<sup>2</sup></em> qu'aviá publicat sos poèmas, al nom de la Societat dels Veterans del canton de Carlux, lo doctor Dupiellet, conse de Carlux, lo ditz « <em>animé du plus pur esprit de justice et de solidarité</em> » e comunica tanben lo discors prononciat per Monsur Sarrazin, un temps medecin a Graulejac ont enreguèt una carrièra politica coma conselhièr municipal, puèi conse de Sarlat, puèi deputat.<br /><br />A la lectura de sos poèmas, sembla que lo posicionament politic de Leon Grenalha s'acomodava amb lo de son amic Sarrazin qu'aviá evoluït dels Republicans puslèu d'esquèrra als Radicals Socialistas. Son reire-pichon-filh sap pas se Leon èra aderent al partit, mas lo ditz engajat dins la luta per la desseparacion de la Glèisa e de l'Estat (1901), en oposicion al licèu Sent-Josèp de Sarlat tengut per de Jesuitas. Se nòta pasmens dins son poèma <em>Lo poulitico del poysan</em> çai-jos citat una pica contra Jaurès…<br /><br />Denonciava la condicion dels paísans de son temps, proletarizacion e pèrda de la vita sanitosa dins lo campèstre, que los oblijava d'anar trabalhar dins las fabricas per arribar a viure decentament.<br /><br />
<h2>Engatjament dins la renaissença d’oc</h2>
<br />Leon Grenalha legissiá d’escrits en lenga d’òc puèi que trobam son nom sus l’endedins de la cobèrta d'un exemplar del libre D’al brès a la toumbo, poema en dotze cants de l’abat Justin Bessou<sup>3</sup>. Li agradavan los poètas Mistral e Jansemin:<br /><br />
<div style="text-align: center;">Oh! S'obioy dé Mistral lo plum'olerto et fino...</div>
<div style="text-align: center;">Sé Jasmin, aoutrescot, éro possat oyssi</div>
<div style="text-align: center;">S'orrestabot cosset!</div>
<div style="text-align: center;">Soun amo to sonsiblo; sos pensados divinos</div>
<div style="text-align: center;">doban ton fluvé pur et toun cel esclorzi,</div>
<div style="text-align: center;">Oourio fat cen couplets.<br /><br /></div>
<div style="text-align: center;">(<em>Un coin del Périgor</em> in <em>Ol Périgor Négré</em>, p. 101)</div>
<br />Escriviá de vèrses ont metiá en scèna son amor del país e lo culte de la libertat, lo travalh dels païsans, la natura, las sasons, l’amistat, l'amor de la patria e de tèmas d’actualitat.<br /><br />Visquèt los eveniments de la guèrra francò-prussiana dins los Mobils de la Dordonha, e atal escriguèt un poèma quand los naviris franceses anèron saludar a Kiel l’emperaire Guilhèm d'Alemanha: O perpau de Kiel.<br /><br />Fuguèt un patriòta afogat e un republican sincèr. Exprimissiá sas idèas politicas dins sos poèmas, per exemple en març 1894 dins <em>Lo poulitico del poysan</em> (in <em>Ol Perigor Négré</em>, p. 69) :<br /><br />
<div style="text-align: center;">Quant o fa soun merca, lou dissaddé o lo bilo,</div>
<div style="text-align: center;">Qué li resto un soou ol foun de soun poutzou:</div>
<div style="text-align: center;">Otzato un tzournolet, oun lo phraso poulido,</div>
<div style="text-align: center;">Li dono o réfletzi, bien may qué dé rojou.<br /><br /></div>
<div style="text-align: center;">Lou principé, per el, bol pas lou discuta;</div>
<div style="text-align: center;">Soun idéyo es esquélo. Et ré li coustorio</div>
<div style="text-align: center;">Sé lo menaou un tzour so bieillo liberta</div>
<div style="text-align: center;">Pu léou sul sol Froncé, li doyssorio lus o.<br /><br /></div>
<div style="text-align: center;">Mais ço qué counpren pas; qué soun cerbel estré,</div>
<div style="text-align: center;">N'o pas pongu sozi, malgré so boulounta;</div>
<div style="text-align: center;">Qu'os tout oquéou discour, qu'oboutissoun o ré</div>
<div style="text-align: center;">Mas o ogri l'espri et o tout rétorda.<br /><br /></div>
<div style="text-align: center;">Bourlio per bien zou diré, sans toutzour li tourna:</div>
<div style="text-align: center;">Qué los proumessoy fatzo siosquessou plo tengudo,</div>
<div style="text-align: center;">Per oquel que doban d'estré lou députa,</div>
<div style="text-align: center;">Nous obio proumétu loy réformo ottendudo.<br /><br /></div>
<div style="text-align: center;">Qué nous obion pas dit, yo bé bint an d'oco?</div>
<div style="text-align: center;">Qué lou poysan biourio de la manno del cel;</div>
<div style="text-align: center;">Qué sério rey sus terro, qué l'atzé d'or bendrio;</div>
<div style="text-align: center;">Qué li monquorio rés, dusco din lou tounbel!<br /><br /></div>
<div style="text-align: center;">Soun espoir, bien souben es portit en fumado!</div>
<div style="text-align: center;">Mais malgré tout oco, ès toutzour résigna.</div>
<div style="text-align: center;">So grando enbitiou: lo terro soménado,</div>
<div style="text-align: center;">Li proumet din l'estiou uno récolto en bla.<br /><br /></div>
<div style="text-align: center;">Lo poulitico et del soun pas fat per s'entendré;</div>
<div style="text-align: center;">Et sé n'obio rés pu per gorni soun gronié</div>
<div style="text-align: center;">Poudrio sorra lu flan et sé pressa lou bentré,</div>
<div style="text-align: center;">Car n'engroyssorio pas déou discour de Jauré.<br /><br /></div>
<div style="text-align: center;">Boudrio pus tan de mou, préférorio déous acté;</div>
<div style="text-align: center;">Li corlio un paou d'ortzen per douna o sus éfon.</div>
<div style="text-align: center;">Qué lou goubernomen, per dès proucéda satzé,</div>
<div style="text-align: center;">Opliquès un inpo, o tout oquéou qué n'on.<br /><br /></div>
<div style="text-align: center;">S'occupoun pas trot d'el; counessoun so possinço,</div>
<div style="text-align: center;">Soun corotari dou, esprouba bien souben,</div>
<div style="text-align: center;">O dounat o la Franço, din dès tzour de démenço,</div>
<div style="text-align: center;">dé los probo d'omour, o may d'otatzomen.<br /><br /></div>
<div style="text-align: center;">Per bien résuma, touto so poulitico,</div>
<div style="text-align: center;">Su dézir, soun espoir et touto so fierta</div>
<div style="text-align: center;">Montène en soun poï lo grando Républico,</div>
<div style="text-align: center;">Qué d'aoutrès pu molin doyssorion escopa.</div>
<br />D'autres poèmas benvolents son sovent dedicaçats a d’amics o a d’escasencas particularas. E se plai a botar en scèna son Perigòrd tant aimat, coma dins Mon poï que fuguèt mes en musica per Jean Darquier, professor de musica al collègi Sent Josèp de Sarlat, organista a la catedrala de Sarlat e compositor de melodias e de peças per pianos. La cançon fuguèt cantada mai que mai dins sa província e quitament juscas a l'Opèra de París per Robert Cousinou, cantaire liric baritòn e poeta. Lo jornal local <em>L'Union Sarladaise</em> publicava sos poèmas.<br /><br />Dins lo discors que Joan de Boisson legiguèt lo 10 de julhet de 1932 a la XXIIIa felibrejada del Bornat del Perigòrd a Sarlat, aprenèm que Leon Grenalha èra membre del Bornat del Peirigòrd. Aquel jorn, sa memòria fuguèt onorada emb la de dos autres poètas sarladeses, Sylvain Cavaillez e Ludovic Sarlat, e una placa pausada sus la faciada de l’Ostal de la Comuna de Sarlat. Vesèm dins lo programa que son poema Los tziboulados (<em>Ol Périgor Négré</em>, p. 27) fuguèt dich a la Cor d’Amor sus una musica de Darquier :<br /><br />
<div style="text-align: center;">Es toumbado oquesté moti,</div>
<div style="text-align: center;">Oqui, sul pa dé mo porto;</div>
<div style="text-align: center;">Lo poouréto, presque morto,</div>
<div style="text-align: center;">Ocobabo d'ogoni!</div>
<div style="text-align: center;">Dé soun el, moytat cluca,</div>
<div style="text-align: center;">Uno grumilho s'escopabo;</div>
<div style="text-align: center;">Pensabo'l niou qu'obio doyssa</div>
<div style="text-align: center;">Per mouri tzu los tziboulados.</div>
<div style="text-align: center;">Lou cat nègré et soun oouséléto,</div>
<div style="text-align: center;">Ol coin del boy, près del toli,</div>
<div style="text-align: center;">Obion siés io prest'ospeli,</div>
<div style="text-align: center;">S'éroun solbat dé lo béléto,</div>
<div style="text-align: center;">Qu'es to missanto péous oousels.</div>
<div style="text-align: center;">Lo fomilleto èro porado</div>
<div style="text-align: center;">Quand tout d'un co tombo d'ol cel</div>
<div style="text-align: center;">Uno terriblo tziboulado!<br /><br /><hr /></div>
<p align="JUSTIFY"><span style="font-size: small;">1-Testimoniatge del 20 de julhet de 2019 d'Alòi Chaineux qu'a escritas qualquas paraulas de la cançon </span><span style="font-size: small;"><i>Mon poï, </i></span><span style="font-size: small;">mas </span><span style="color: #000033;"><span style="font-size: small;">li dona un autre títol: </span></span><span style="color: #000033;"><span style="font-size: small;"><i>Tu ma vielha Dordonha</i></span></span><span style="color: #000033;"><span style="font-size: small;">.</span></span></p>
<p><i>2-L'union Sarladaise,</i> 28 de març de 1920.</p>
<p><span style="font-size: small;">3-Librairie E. Carrère, place de la cité, Rodez</span>, <span style="font-size: small;">1892 (imprimerie Jules Bardoux, Villefranche-de-Rouergue).</span></p>
<h2></h2>
<h2><br /><br />Bibliografia de Leon Granalha</h2>
<br /><em>Ol Perigor négré e Qualcos espigos</em>, Poésies patoises de La Pontonnerie du Castelglorieux, Bordeaux, Gounouilhou Libourne, G. Maleville, 1902, 144 paginas.<br /><br /><em>Moun gabelet Moun poï</em>, musica de Jean Darquier, Sarlat, 1908.<br /><br />
<h2 class="western" align="JUSTIFY">Sources</h2>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;">- Una interpretacion enregistrada de </span><span style="color: #000000;"><i>Mon Poï </i></span><span style="color: #000000;">per un grop de musica sarladés </span><span style="color: #000000;"><i>Les pastoureaux du Périgord</i></span><span style="color: #000000;"> (Fin de las annadas 1970).</span></p>
<p align="JUSTIFY">- Necrologia de Leon Grenalha dins lo jornal <i>L'Union Sarladaise del 28 de març de 1920.</i></p>
<p align="JUSTIFY">- Testimoniatge d'Alan Grenalha son reire petit filh de Sarlat, interrogat lo 20 d’agost de 2020.</p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000033;">- Traduccion dels poemas de Leon Grenalha per Sergi Lespinasse et Paulette André.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><i>- Dictionnaire des auteurs de langue d’oc de 1800 à nos jours</i>, Jean Fourié, Felibrige Edicioun 2009, p. 161.</p>
<p align="JUSTIFY">- <i>Le Bournat, école félibréenne du Périgord</i>, Jean-Claude Dugros, Lo Bornat dau Perigòrd, 2001.</p>
<p align="JUSTIFY"><i>- Lou Bournat</i> (avril/juin 1920, p. 313 et juillet/ sept de 1932, p.376).</p>
<p align="JUSTIFY"><i>- Tres pouetas sarladais</i>, discours de Jean de Boisson, in <i>Le Périgourdin de Bordeaux</i>, 1933.</p>
<p align="JUSTIFY"><i>- Lo païsan poèta</i>, de Serge Lespinasse pour l'A.S.C.O., in <i>L'Essor Sarladais</i> du 13 juin 2014.</p>
<p align="JUSTIFY">- Témoignage écrit (<span style="color: #000033;">20 juillet 2019) </span>d'Eloi<span style="color: #000033;"> Chaineux qui a écrit quelques paroles de la chanson </span><span style="color: #000033;"><i>Mon poï </i></span><span style="color: #000033;">qu'il nomme autrement (</span><span style="color: #000033;"><i>Tu ma vielha Dordonha</i></span><span style="color: #000033;">).</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000033;">- Programme de la félibrée de Sarlat de 1908.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;">- Acte de naissença de Leon Grenalha, Archives de la Dordogne, registre d’état-civil de Carsac.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><span style="color: #000000;">- Signatura de Leon Grenalha sus un exemplari del libre </span><span style="color: #000000;"><i>D'al brès a la toumba<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote1anc" href="#sdfootnote1sym"><sup>1</sup></a></i></span><span style="color: #000000;">, de l'abat Justin Bessou</span><span style="color: #000000;"><sup><a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote2anc" href="#sdfootnote2sym">2</a></sup></span><span style="color: #000000;">.</span></p>
<p align="JUSTIFY"><br /><br /></p>
<div id="sdfootnote1">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote1sym" href="#sdfootnote1anc">1</a><span style="font-family: Calibri, sans-serif;"><i>Du berceau à la tombe</i></span></p>
</div>
<div id="sdfootnote2">
<p class="sdfootnote"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote2sym" href="#sdfootnote2anc">2</a><span style="font-family: Calibri, sans-serif;">Librairie E. Carrère, place de la cité, Rodez, 1892 (imprimerie Jules Bardoux, Villefranche-de-Rouergue).</span></p>
</div>
Audivert, Monique Bourgès
CIRDOC - Mediatèca occitana (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2020-12-07, Blandine Delhaye
Lespoux, Yan
Martel, Philippe
Verny, Marie-Jeanne
<img src="https://occitanica.eu/illustrations/CC88x31.png" /><br /><br />Cet article est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution (Audivert, Monique Bourgès RedÒc/LLACS, CIRDOC)- Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.
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Hot, Laurent (1863-1928)
Hot, Laurent (1863-1928)
Fonctionnaire
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Emplegat de comuna, Laurent Hot apareis coma un personatge original, e mai siá periferic, demest lo felibritge besieirenc del començament del sègle XX. Es mai estacat a l'us oral popular de la lenga qu'a la cultura literària promoguda pel felibritge. Mai que res pus es un poèta comic e Fourié lo ten per <em>un alerte chansonnier de circonstance<a id="1" href="#note1"><sup>1</sup></a></em>. Es tanben actor de teatre. Refusa las proposicions graficas dels felibres. Aficha d'idèas puslèu progressistas, que son tèxt contra la mistificacion de la tauromaquia a Besièrs demòra d'actualitat en 2018.</p>
<h2>Identitat</h2>
<h3><b>Formas referencialas</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Hot, Laurent (1863-1928)</p>
<h3>Autras formas conegudas</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Bèco figuos (pseudonim)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Hobt, Laurent (forma erronada del nom de familha)</p>
<h2>Elements biografics</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Laurent Hot es nascut a Florensac en 1863 e mòrt a Autinhac en 1928. Sus sa vida professionala sabèm solament que fasiá lo secretari de comuna a Autinhac.<br /> En 1903 a mai d'un enfant dont una filha nommada Mireille. <br />Avèm pas d'informacion sus d'engatjaments politics eventuals. Sembla qu'agèt de relacions amb lo president de l'union republicana d'Erau, J.-B. Perdraut, qu'es tanben imprimeire de sos dos libres. Prenguèt vagament la defensa del president Loubet dins son poèma <em>L'Esprit</em> del recuèlh <em>Esprit Pouncheut, Coumo mé plaï</em>. Amb aquò apelèt dins un autre poèma, d'un biais que demòra allegoric e poetic, a una revolucion sociala.</p>
<h2>Engatjament dins la renaissança d'òc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Avèm pas d'informacion per explicar cossí Laurent Hot venguèt a escriure e a jogar en occitan. Aviá agut escrich de vèrses en francés, que lo jornal <em>l'Éclair</em><a id="2" href="#note2"><sup>2</sup></a> ne fa mencion dins lo comte rendut d'una velhada a Florensac en 1895. Se sarrèt del felibritge besieirenc en 1901. A aquel moment lo Felibritge a Besièrs es l'Escolo del Titan, fondada en 1897. Los felibres s'acampan al <em>Café de la Comédie</em>. Aquí i trapam, entre mai, Emile Barthe (1874-1939), Fernand Pigot (1867-1928), Junior Sans (1820-1905), Jean Laurès (1822-1902), Achille Maffre de Baugé (?-1928), Albert Arnaud (1863-1937), Clovis Roques (1876-1958), Pierre Jean Bédard (1859-1938), René Fournier (1871-1940), Antonin Maffre (1852-1924), Louis Rouquier (1863-1939), Auguste Advenier (?-?) e Marius Labarre (?-?). <br />Publiquèt aquel meteis an 1901 <em>Rirés et Plours</em>, son primièr recuèlh de poesia. A partir de 1902 foguèt un dels actors de la tropa <em>Lou brès</em> menada per Emile Barthe. En setembre de 1902 foguèt nommat soscabiscòl de l'<em>Escolo del Titan</em>. En octòbre de 1903 publiquèt son segond e darrièr recuèlh de pèças en vèrs, farcejadas e poesias, <em>Esprit Pouncheut, Coumo me plaï</em>, prefaciat per Marius Labarre. En junh de 1904 comencèt de paréisser lo jornal bimensual <em>Lou Camel</em> e Laurent Hot ne foguèt director pendent quatre meses, abans qu'i lo remplacèsse Fernand Pigot. Puèi après un arrèst de quinze ans lo jornal se torna publicar en 1922 e Laurent Hot n'es lo director de 17 numèros abans qu'Emile Barthe ne prenguèsse la direccion d'aquí a 1925.</p>
<h3>1. L'actor</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Lo mes de Genièr de 1895 lo jornal <em>L'Éclair</em><a id="3" href="#note3"><sup>3</sup></a> menciona una pèça de teatre en francés a Florensac, que Laurent Hot i ten lo primièr ròtle, <em>Le Voyage de M. Perrichon</em>, de Labiche. <br />Lo 6 d'abril de 1902 l'escòla del Titan organiza una fèsta felibrenca. Se representa <em>Lous Abinatach</em>, d'Emile Barthe, pèça en forma de jutjament ja populara a l'entorn de Besièrs. <em>La Campana de Magalouna</em> ne dona un comte rendut de René Fournier<a id="4" href="#note4"><sup>4</sup></a> : </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>[...] la comedio, debanado coumo se dèu per una colo d'amatous bezieirencs, acabèt d'enfiouca tout lou mounde. Lou felibre Hot tenguèt en ma de mèstre lou rolle del President de Court, coumo s'aviò fach acò touto sa vido [...] <br /></em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Lo mes de mai d'aquel an los felibres organizan la Santa Estèla a Besièrs. A calgut qu'Emile Barthe anèsse d'aquí a Malhana per suplicar Mistral, malaut, que venguèsse. Las festivitats se van clavar amb la representacion de la pèça novèla de Barthe, <em>Coucourdou</em>. Barthe ven de montar la tropa de teatre <em>Lou Brès</em>. Lo president n'es Paul Ollié e demest los actors trobam Laurent Hot. Lo jornal <em>Le Publicateur de Beziers</em><a id="5" href="#note5"><sup>5</sup></a> o conta : </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Le soir, devant une salle comble, Mistral a fait son apparition au théâtre [...]. A son arrivée, la représentation est interrompue; tout le public debout lui fait une immense ovation. A ses côtés, on voit la poètesse Filadelpho [...]. On a joué Coucourdou, le nouveau drame de M. Barthe, excellemment interprété par le félibre Laurent Hot et la société du Brès. </em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><em>La Vie Montpellieraine</em><a id="6" href="#note6"><sup>6</sup></a> o afirma tanben : </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;">Coucourdou<em>, l’œuvre nouvelle de M. Barthe, a été excellemment jouée. Grand succès pour les interprètes et pour l'auteur auquel le public a fait une chaleureuse ovation. </em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">La tropa jogarà mai de pèças d'Emile Barthe d'aquí en 1905. Serà reviscolada sens Laurent Hot en 1923 jol nom de <em>Lou Brès Bersierenc</em>. <br /><br /></p>
<h3>2. Lo poèta popular</h3>
<h4><span style="padding-left: 30px;">2.1 <span style="font-style: italic;"><em>Rirés et Plours</em><br /><br /></span></span></h4>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">En 1901 pareis lo recuèlh Rirés et Plours. Un felibre montpelhieirenc li fa bona aculhença dins la Pichota Bibliougrafia de La Campana de Magalouna de febrièr de 1902<a id="7" href="#note7"><sup>7</sup></a> : </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>[…] i'a pa'ncara un an que s'es virat au Felibrige e aqui que dejà prend plaça au ròdou emb'un galant libre de vers, que nous en promés, de segu, d'autres. Dins </em>Rires e plours<em>, l'autou s'es pas proun entrevat de la façoun d'escriéure nosta lenga. Cau pas tout demandà à la fes.</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Ja poncheja de per la critica facha a la grafia un dels elements que va caracterizar lo Laurent Hot escriveire : un refús acapriciat de tota tentativa de codificacion grafica, refús que lo pòrta una vision d'a fons diglossica de la lenga occitana. </p>
<h4><span style="padding-left: 30px;">2.2 <span style="font-style: italic;"><em>Esprit Pouncheut, Coumo mé plaï<br /><br /></em></span></span></h4>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Lo segond recuèlh, <em>Esprit Pouncheut, Coumo me plaï</em>, acampa 56 tèxtes en vèrs de divèrsas menas. Mai que mai i trapam de farças e de « couyounado[s] »<a id="8" href="#note8"><sup>8</sup></a>. René Fournier, tot descriguent la Santa Estèla a Besièrs en 1902 qu'i declamava Laurent Hot, parla d'<em>œuvres épicées</em><a id="9" href="#note9"><sup>9</sup></a>. Aqueles tèxtes an lo biais dels poèmas populars que se recitan en occitan per amusar las fins de repais. Çò que fa escriure a Jean Fourié a prepaus de Laurent Hot :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Écrivain contreversé, dont l'inspiration parfois un peu trop scatologique laissait à désirer<a id="10" href="#note10"><sup>10</sup></a>.</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Tant i a que Marius Labarre, en prefaciant l'òbra, se'n tira en desconselhant a las <em>natures délicates</em><a id="11" href="#note11"><sup>11</sup></a> mièja-dozena de las pèças del recuèlh. Mas per Laurent Hot s’agís de far rire lo legeire en emplegant a fons totas las riquesas del registre pus bas que l'estatut de <em>patois</em> balha a la lenga dominada e refusa a la lenga dominanta. Aicí per exemple lo poèma « Lou Débignaïré »<a id="12" href="#note12"><sup>12</sup></a>, que ne balham la conclusion :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;">- Dins tas mas boou légi so qué té fa dé mal : <br />- Bésés aquélés plech qué formou pè dé gal ? <br />- Té bolou diré tout, es quicon dé pla piré <br />- E qué sé guéris pas ; escouto, tou boou diré : <br />- Lous dous preumiès, aïssi, en formo dé coumpas, <br />- Disou : tant qué biouras, moun paouré cagaras ! <br />- Lou troisièmé qu'en bas pichounet se présento <br />- Dis : qué toujours aouras la régo pla peudento. <br />- Anfin, lou qu'es aqui, qué semblo tout crouqueut, <br />- Dis qué jeusqu'à la mort séras toujours baneut !</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">I trapam tanben de tèxtes satirics que meton en scèna lo pòble de Besièrs o dels vilatges a tocar. De pèças que i a son criticas vèrs las causidas culturalas de la comuna de Besièrs. Per exemple l'autor se trufa de l'elitisme de la representacion de Parysatis a las arenas en agost de 1902 ( « Parlen-né » ). Se trufa tanben de la fèsta que se dona en onor a Paul Riquet. Dins « Expliquen-nous »<a id="13" href="#note13"><sup>13</sup></a>, s'ataca a la tauromaquia e al discors que cèrca de faire passar la corrida amb mesa a mòrt per una vièlha tradicion besieirenca, e n'apèla a son grand :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>- Gueïto-lous ! Oou teugat tas bielhos farandolos, </em><br /><em>- Beï tout lou moundé a sét dé coursos espagnolos, </em><br /><em>- Dount l'euniqué régal per lous entéressach </em><br /><em>- Es dé beïré lou sang des chabals enbentrach. […] </em><br /><em>- Mès qu'aoumens bengou pas, sé jogou lou Foot-Ball </em><br /><em>- Ou qu'anou s'amoura dins dé goustés sannousés, </em><br /><em>- Crida desseus téoulach coumo dé malérousés </em><br /><em>- Qu'es dé toun tems, moun grand, qué lous abèn tirach, </em><br /><em>- Car mé geïnario pas an' aquellés bournach </em><br /><em>- D'y diré en quatré moch qué sou pas [que] dé lachés </em><br /><em>- E qué del tems passat èrés pas tant saoubachés !</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Laurent Hot se fa veire aicí en plen desacòrd amb Emile Barte e d'autres felibres que pauc de temps pus tard, dins <em>Lou Camel</em>, faràn fòrça publicitat a las corridas de las arenas. <br />A travèrs lo recuèlh s'entrevei mai d'una allusion al tèma de la crisi viticòla, coma dins « Mous Souech a prépaous dé l'an 1902 »<a id="14" href="#note14"><sup>14</sup></a>. Es de remarcar dins aqueste poèma que Laurent Hot fa mòstra de simpatias revolucionàrias :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Souèti per desseus tout qué lou Lioun puissent </em><br /><em>D'euno rébouleuçiou sourtigué triomphen </em><br /><em>Dé soun traou en jitten un crit ardent qué groundé, Per affirma soun drech à la faço del moundé </em><br /><em>E prouclama per tout lou rébel soucial </em><br /><em>D'un siècle dé prougrès è d'amour sans égal. </em><br /><em>Car s'l'Heumanitat qué règno seus la terro </em><br /><em>Sap pas sé descarga dé soun faïs dé misèro, </em><br /><em>L'omé es pas peus un omé, es piré qu'un fourçat </em><br /><em>Am'un boulet dé hounto à sous pès estacat</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Trapam tanben de poèmas qu'an un biais mai solèmne e que pòdon evocar la mòrt coma <em>Lou Pourrou dé moun Grand</em>, <em>Un de Maï e Désabeusat</em>. D'autras pèças son de dedicaças a de personalitats. Notem per exemple <em>A JEAN LAOURÉS</em>, <em>A moun Mestré Junior Sans</em>, e <em>A l'Estèlo Proubençalo</em> – <em>A Frédéric Mistral</em> :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>[...]soï qu'un pichou, féplé, tranpaléjaïré, </em><br /><em>Qué plouro lou maleur ounté lou sort la més </em><br /><em>En perden soun païri, lou grand Mestré Laourés, </em><br /><em>E qué ben té préga d'estré soun ségound païré.<a id="15" href="#note15"><sup>15</sup></a></em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">I a tanben una dedicaça al senator Ernest Perréal qu'ajudarà en 1904 a finançar <em>Lou Camel</em>. <br />Trobam una romança sus l'amor mairal, « Païlhétos d'Amour ». Lo recuèlh se clava amb « Adiou ! », poèma cortet que Laurent Hot i declara arrestar de compausar de vèrses</p>
<h4><span style="padding-left: 30px;">2.3 Laurent Hot dins <span style="font-style: italic;"><em>Lou Camel</em></span><br /><br /></span></h4>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">A partir de junh de 1904, just lo cinquantenari del felibritge, l'Escolo del Titan fa paréisser <em>Lou Camel</em>. De junh a octòbre Laurent Hot n'es director. Lo cap-redactor n'es Emile Barthe. Los felibres de montpelhièr saludan l'aparicion del primièr numèro <em>ple couma un iòu de pouësias e de moussèls de prosa<a id="16" href="#note16"><sup>16</sup></a></em>. Laurent Hot i publica de farcejadas en vèrs coma <em>L'Asé de Pégoumas, conté dé moun grand lou Panard<a id="17" href="#note17"><sup>17</sup></a></em> o <em>Catin è Leucien</em><a id="18" href="#note18"><sup>18</sup></a> e mai en pròsa coma <em>Tibi</em><a id="19" href="#note19"><sup>19</sup></a>. Es pas impossible, d'après la grafia e lo registre emplegats, que las galejadas en pròsa dels primièrs numèros signadas del nom d'escais PAPARI las agèsse escrichas el. <br />Entre sortir lo segond numèro, pareis una rubrica <em>Pichoto Courrespoundenço</em> que i trobam dedins de responsas a de corrièrs o a de mandadís d'autors que propausan qualque tèxt per publicar, e de rampeladas als soscriptors que delembran de pagar. Quand aqueles escambis son signats Emile Barthe lo ton demòra plan cortés, mas quand son signats <em>Bèco figuos</em>, s'i emplega una grafia e un registre, registre del biais mai que franc e dirècte, que permeton de far l'ipotèsi que darrièr aquel pseudonim foguèsse rescondut Laurent Hot :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>A Mousseu A. Quenaille. - </em>Prégan bostro illustro persouno dé passa à la Redaciu del Journal, séren trop flattach dé bous aplati coum'euno merlusso, abèn per habiteudo dé parla dabant lou moundé é nous foutèn dé lous que s'amagou.<em> </em><br /><em>A Madoumaiselo Bioulèto.</em>[que s'encaparà èstre un òme] – Bostre moussi es delicious. Lou Camel pot que n'estré flattat, seurtout sé ses poulido. Sabès bous cal pas geina de nous rendré bisito, troubarés à la Redaciou la flou dè la galantariè patouèso.<em> </em><br /><em>A Parpaillou, à Ligno. - </em>Abèn ressacheut bostro létro en bersés. […] m'abès l'er d'estré un paouquet pataoud. Papari dé la Rédaciou à mêmes abançat qu'ères un rimairé passat seus la raquo, è sabès s'y entend. [...]<a id="20" href="#note20"><sup>20</sup></a><em> </em><br /><em>A Louis Cerquolou. - </em>Sabès crégut que lou Camel, tenio une agenço matrimounialo, bous sès fiquat lou det dins l'èl. Coussi boulès que occupen dè caousos tant S... ousquos ? Benès y metre lou nas bous-mèmes.<a id="21" href="#note21"><sup>21</sup></a></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">D'octòbre 1904 enlai Laurent Hot quita la direccion del <em>Camel</em>. Sembla qu'arrèsta tanben d'i escriure. La redaccion ne dona pas lo motiu. Nos podèm figurar qu'i agèsse agut de divergéncias d'opinion tròp importantas entre el e los autres felibres del Camèl, a prepaus de l'estatut de <em>patois</em> per la lenga e a prepaus de sa grafia, o benlèu sus d'autras questions. Per exemple entre sortir lo primièr <em>Camel </em>d'octòbre se publica una publicitat elogiosa per la corrida a la arenas de Besièrs. Totjorn es que dos ans mai tard Lou Camel s'arrèsta de paréisser, e torna solament en 1922 d'aquí en 1925. D'abril a decembre de 1922 Laurent Hot es tornarmai director, puèi es Emile Barthe que lo remplaça. Publica tornar de tèxtes en vèrses e en pròsa, d'unes que i a represes de sos dos recuèlhs.</p>
<h3>3. Un felibre mai patesejaire que cap pus</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Lo poèta « patoisant » Laurent Hot, aital lo qualifica Jean Fourié<a id="22" href="#note22"><sup>22</sup></a>. En efècte, lo felibre de l'esprit ponchut va acceptar e mai arribar a reïvindicar, d'un biais que i a, l'estatut de <em>patois</em> per la lenga d'òc. Mai que mai es aquela significacion sociolingüistica que ne fa un autor contraversat, se reprenèm mai los mots de Fourié.<a id="23" href="#note23"><sup>23</sup></a> <br />Lo poèma « Councleusiou » dins <em>Rirés et Plours</em> balha, d'après Marius Labarre que lo cita dins la prefàcia a son segond recuèlh, la <em>profession de foi littéraire</em> de Laurent Hot<a id="24" href="#note24"><sup>24</sup></a>. I comprenèm tanben una profession sociolongüistica :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Entendèri bibra lou cant mysterious </em><br /><em>Que lous pouètos souls entendou dïn las flous. </em><br /><em>Alors, coum' un éfan qué sap pas dé qué faïré, </em><br /><em>Prenguèri lou biouloun qué mé laïsset moun païré. </em><br /><em>Oh ! Lou paouré biouloun ! Èro tout englandat, </em><br /><em>Sans accors, mal fouteut, et l'arquet tout brisat. </em><br /><em>Faguèri d'al biouloun uno lyro baroquo, </em><br /><em>A défaous dé l'arquét m'armèri d'euno broquo, </em><br /><em>E despeï aquel jour, rasclo qué rasclaras, </em><br /><em>Seus moun paouré biouloun canti coum' un diaplas.</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">S'interprèta aisidament que lo paure <em>violon</em> es la lenga d'òc, amb son estatut de patois que la fa lenga mutilada, desprovesida dels registres nauts e desprovesida de las aisinas per dire de compausar de poesia fina e armoniosa. Mas puslèu que de s'i faire a adobar lo violon, valent a dire de participar a la normalizacion entemenada pels felibres, Laurent Hot decidís de prene lo <em>patois</em> tal coma es, e donc de <em>rasclar</em> del melhor que podrà. <br /><br />Dins lo numèro 4 de la primièira sèria del Camel, signa un article long entitolat <em>Lou Patouès</em><a id="25" href="#note25"><sup>25</sup></a>. I legissèm sa vision de la lenga occitana recpècte a las criticas que reçaup :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>abèn ressachut […] quauquos critiquos, bengudos dé certèns délicats ou puristos, coumo sé boumbardou elles mêmés dins lous Journals, ounté nous reprochou dé parla trop patouès, è d'escriouré amé uno ourtografo qué fa péno a embala.<br /> […] nous reprochou dé parla patouès, noun pas perque parlan pas francés, mès qué parlan pas lou beritaplé patouès […] Lou parla des privélégiats è que parlou lous delicats, s'appèlo lou lengedoucian, es un lengage pur, braï, que se parlabo y a sabi pas peus can de cens ans, tandis que lou patouès es que lou bastard d'aqueste […] Certénoment la facultat d'escriouré a la faissou d'aqueles grands sabans es a la pourtado dé tout lou moundé, sachis tout simploment d'abeire lous mouyèns dè foucha lous diciounaris</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Laurent Hot vòl pas crear de continuïtat entre la lenga minorizada de las classas pus pauras e la lenga literària prestigiosa de l'univèrs dels filològues. Lo discors que cèrca de tornar balhar una dignitat a la lenga minorizada, en la plaçant dins una continuïtat istorica, el i es pas ges sensible. De mai Laurent Hot lèva una question importanta. El es antinormatiu perque pòt pas far de mens que de constatar que lo trabalh felibrenc de normalizacion de l'occitan ja entemenat a aquel moment (per Mistral, per exemple) es òbra de personas d'una autra classa sociala. Aicí nos mancan d'informacions sus la situacion sociala de Laurent Hot, mas es solide que se plaça pròche de la classa sociala que se pòt pas permetre de participar a aquela òbra de letrats renaissentistas. El pòrta donc una vision conservatritz dins la dialectica lenga dominanta/lenga dominada. Accèpta la division de las foncions entre lo francés e l'occitan. Contunha amb lo parlar franc, a sa mòda :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Sachis pas d'estre puristo per pas rès dire : m'en fique pas mal que tel ou tel fagué un sounet enflambat à la luno ou à las mouscos, escrich dins las reglos de l'art, més qu'es bide de tout boun sens. <br />[…] nostre Journal es doubert à toutos las entelligenços, mès qu'a part aco, naoutrés fasèn coumo nous plai.</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">E tornam trobar lo sostítol <em>Coumo mé plaï</em> del recuèlh <em>Esprit Pouncheut</em>.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">L'ideologia diglossica a tres efèctes sus l'òbra de Laurent Hot : selecciona de registres, selecciona de formas lingüisticas, e selecciona una grafia. L'occitan per el es d'en primièr <em>patois</em>.<br /> Lo registre de lenga es çò pus sovent plan familiar e oral. E aquí l'òbra es mai que rica e nos pòt ensenhar qué semblava l'occitan popular parlat. Las marcas d'oralitat son abondosas. Plan de còps la lenga sarra una forma d'argòt. I trapam tant o mai d'expressions del registre mai bas, que d'autres felibres emplegan pauc. <br />Dins la situacion diglossica acceptada, es totjorn possible d'adaptar lo lexic de la lenga dominanta, valent a dire de far interferir la lenga dominanta. Tanben Hot va importar fòrça francismes, en particular quand compausa dins un registre mai auçat. Cèrca pas de posar dins la riquesa pròpria de l'occitan per petaçar las mancas d'un registre reservat al francés. Son escitura divergís aquí de la d'Emile Barthe, per exemple. <br />Çò que li va atirar mai de criticas es la grafia qu'emplega. Es una grafia oralizanta que se fonda sul sistèma del francés, mas plan mai que non pas la grafia dels autres felibres. Per exemple representa las semivocalas [w] e [j] sistematicament <ou> e <ï>. Escriu la vocala [e] quora <e> quora <é>, e escriu <eu> la pronóncia de “u” dins lo lengadocian mediterranèu, que se sarra de [œ]. D'après la pronóncia totjorn, escriu <ch> totes los grops consonantics creats per la marca del plural “t+s”, “p+s”, “c+s”. <br />Del ponch de vista dialectologic, la lenga de Laurent Hot es de lengadocian besieirenc. Per aquò podèm trapar d'unes traches que sarran aquela varietat d'una varietat mai orientala, coma la possibilitat per lo morfèma de primièira persona del singular d'èstre “e” al costat de “i”, o la confusion en [tʃ] de [ʒ] amb [tʃ], son rendut <ch> dins la grafia <batécha> per “batejar”<a id="26" href="#note26"><sup>26</sup></a>, que lo son [ʒ] aparten puslèu al besieirenc <em>stricto-sensu</em>.<br /><br /></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"></p>
<hr />
<p id="note1" style="text-align: justify; line-height: 150%;">1. (FOURIÉ ; 1975) p. 74 <a href="#1">↑</a></p>
<p id="note2" style="text-align: justify; line-height: 150%;">2. <em>L'Éclair, </em>n° 6069 20/01/1895, p. 3 <a href="#2">↑</a></p>
<p id="note3" style="text-align: justify; line-height: 150%;">3. <em>L'Éclair, </em>n° 6069 20/01/1895, p. 3. <a href="#3">↑</a></p>
<p id="note4" style="text-align: justify; line-height: 150%;">4. <em>La Campana de Magalouna, </em>n°231, 01/05/1902, p. 2 <a href="#4">↑</a></p>
<p id="note5" style="text-align: justify; line-height: 150%;">5. <em>Le Publicateur de Béziers</em>, n°23, 30/05/1902, p. 2 <a href="#5">↑</a></p>
<p id="note6" style="text-align: justify; line-height: 150%;">6. <em>La Vie Montpelliéraine</em>, n°402, 01/06/1902, p. 10 <a href="#6">↑</a></p>
<p id="note7" style="text-align: justify; line-height: 150%;">7. <em>La Campana de Magalouna</em>, n°226, 01/02/1902, p. 8 <a href="#7">↑</a></p>
<p id="note8" style="text-align: justify; line-height: 150%;">8. (HOT ; 1903) « Mous Souech », p. 171 <a href="#8">↑</a></p>
<p id="note9" style="text-align: justify; line-height: 150%;">9. <em>Le Publicateur de Béziers,</em> n°23, 30/05/1902, p. 2 <a href="#9">↑</a></p>
<p id="note10" style="text-align: justify; line-height: 150%;">10. (FOURIÉ ; 1975) p. 74 <a href="#10">↑</a></p>
<p id="note11" style="text-align: justify; line-height: 150%;">11. (HOT ; 1903) Prefaci, p. XI <a href="#11">↑</a></p>
<p id="note12" style="text-align: justify; line-height: 150%;">12. (HOT ; 1903) p. 23 <a href="#12">↑</a></p>
<p id="note13" style="text-align: justify; line-height: 150%;">13. (HOT ; 1903) p. 109 <a href="#13">↑</a></p>
<p id="note14" style="text-align: justify; line-height: 150%;">14. (HOT ; 1903) « Mous Souech », p. 171 <a href="#14">↑</a></p>
<p id="note15" style="text-align: justify; line-height: 150%;">15. (HOT ; 1903) « A l'Estèlo Proubençalo », p. 184 <a href="#15">↑</a></p>
<p id="note16" style="text-align: justify; line-height: 150%;">16. <em>La Campana de Magalouna, </em>n°260, 01/06/1904, p. 4 <a href="#16">↑</a></p>
<p id="note17" style="text-align: justify; line-height: 150%;">17. <em>Lou Camel,</em> n°2, 15/06/1904, p. 5 <a href="#17">↑</a></p>
<p id="note18" style="text-align: justify; line-height: 150%;">18. <em>Lou Camel</em>, n°1, 01/06/1904, p. 4 <a href="#18">↑</a></p>
<p id="note19" style="text-align: justify; line-height: 150%;">19. <em>Lou Camel</em>, n°3, 01/07/1904, p. 5 <a href="#19">↑</a></p>
<p id="note20" style="text-align: justify; line-height: 150%;">20. <em>Lou Camel,</em> n°2, 15/06/1904, p. 6 <a href="#20">↑</a></p>
<p id="note21" style="text-align: justify; line-height: 150%;">21. <em>Lou Cameln</em> n°4, 15/07/1904, p. 6 <a href="#21">↑</a></p>
<p id="note22" style="text-align: justify; line-height: 150%;">22. (FOURIÉ ; 1975) p. 20 <a href="#22">↑</a></p>
<p id="note23" style="text-align: justify; line-height: 150%;">23. (FOURIÉ ; 1975) p. 74 <a href="#23">↑</a></p>
<p id="note24" style="text-align: justify; line-height: 150%;">24. (HOT ; 1903) prefaci, p.XIII <a href="#24">↑</a></p>
<p id="note25" style="text-align: justify; line-height: 150%;">25. <em>Lou Camel</em>, n°4, 15/07/1904, p. 1 <a href="#25">↑</a></p>
<p id="note26" style="text-align: justify; line-height: 150%;">26. <em>Lou Camel</em>, n°1, 01/06/1904, p. 4 <a href="#26">↑</a></p>
Peyras, Quentin
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-02-15
text/html
oci
Text
http://vidas.occitanica.eu/items/show/2110
Jean Luc Séverac (1936-2022)
Sculpteur
Peintre
Graveur
<p>Jean Luc Séverac, peintre, sculpteur, graveur (1936-2022) installé à Minerve depuis 1965. <br />Il participe sur place à la diffusion de la nouvelle chanson occitane et s’implique dans le renouveau de la culture d’oc aux côtés de Léon Cordes.</p>
<h2>Identité</h2>
<br />
<h3>Formes référentielles :</h3>
<br /><span lang="FR">Séverac Jean-Luc</span> <br /><br />
<h3>Autres formes du nom :</h3>
<br /><span lang="oc">Severac Joan-Luc</span> <br /><br />
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p align="justify"><b> Jean-Luc Séverac, </b>peintre, sculpteur et graveur (Capestang, 16-11-1936 - Minerve, 27-01-2022), est le fils de Robert Séverac et de Marcelle Joseph. Il passe son enfance à Capestang et à Béziers. À<a href="http://wikimonde.com/article/Aigne" target="_blank" rel="noopener"><span style="color: #0080ff;"> Aigne</span></a>, à la fin de la guerre, une cousine lui fait découvrir en vélo un lieu et un paysage extraordinaires : la cité de Minerve, son causse et les gorges de la Cesse et du Brian. Adolescent, il vit à Montluçon dans le milieu artistique que fréquentent son père, auteur dramatique, et sa mère, ancienne danseuse et directrice d'une école de danse. En 1955, à 18 ans, il devance l'appel du service militaire pour être libre de faire ensuite les Beaux-Arts. En 1958 il entre en deuxième année de l'École nationale des arts de Bourges dans le but d'y étudier auprès du sculpteur Marcel Gili qu'il admire et qui y enseigne. En 1960, au cours des vendanges à Aigne, il rencontre Marie-Thérèse Gareil, la fille d'un viticulteur de Minerve où il décide de s'installer dans la petite maison de la « Tour des Cathares ». C'est là, sur le promontoire qui porte la maison surplombant le confluent du Brian et de la Cesse qu'il fait sa première exposition en avril 1961. En décembre il épouse Marie-Thérèse, ils auront deux enfants. À Minerve, la vie est très dure et il doit travailler dans les vignes de son beau-père. Aussi se décide-t-il en septembre 1963 à prendre un poste de maître-auxiliaire de dessin au lycée de Guéret : il y reste deux ans, revient à Minerve en 1965 et n'en bougera plus. En 1968, il fonde avec quelques amis peintres et sculpteurs le « Groupe Minerve » (Pierre Bayle, potier-sculpteur ; Paul Azéma, peintre ; Adres Blume, ferronnier d’art) et ouvre définitivement en 1971 son « Atelier-Exposition San Rustic » qui va devenir le lieu de l'exposition permanente de ses œuvres.</p>
<br />
<p align="justify">En 1974, il illustre le <i>Petit Livre de Minerve </i>du poète occitan Léon Cordes. <br />En 1980 il reçoit le Grand prix de Sculpture du Salon d'art international du Pays d’Olmes. Il participe comme dessinateur de BD au journal satirique <i>Le Rictus Occitan </i>publié de 1972 à 1976. Par ailleurs il invente à cette époque une technique de peinture très originale et commence à pouvoir vivre de la vente de ses œuvres. Il peint les spirales de l'eau et sculpte avec elle les galets. Libre et indépendant, se voulant hors école, hors coutumes et hors frontières, sa peinture est qualifiée de « fantastique, poétique et onirique »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote1anc" href="#sdfootnote1sym"><sup>1</sup></a>. <br />En 2018, il publie <i>Entrebescs e Cançons</i>, Entrelacs et Chansons, livre de gravures et poèmes en occitan de Gerard Zuchetto. Pour cette réalisation il utilise un procédé qu’il a mis au point dans les années 90. Abandonnant celui sur cuivre, pierre ou bois qu’il a déjà utilisé, il se sert désormais de polystyrène extrudé collé sur un support PVC. Matériau souple sur lequel il grave au fer chaud comme pour la pyrogravure. Le principe reste le même et ne nécessite pas de presse lourde. Il utilise la couleur acrylique diluée à l’eau. <br />Jean-Luc Séverac arpente Minerve et ses environs, sur le Causse, et partout il laisse l’empreinte de son art, une pierre, une souche d’arbre mort, une cavité sur le chemin de ronde de la cité médiévale, dans le lit de la rivière, sous les ponts naturels… Il raconte lui-même : « Quand je suis dans la nature, quand je me promène, quand je ramasse un galet ou un morceau de bois, c’est ce galet, ce bois qui m’inspirent et m’aident à réaliser l’œuvre que je porte en moi. »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote2anc" href="#sdfootnote2sym"><sup>2</sup></a>. <br />En 1981, à la demande de la municipalité de Minerve, il sculpte dans un bloc de grès « <i>La Colombe de lumière</i> » du monument «<i> Als Catars</i> »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote3anc" href="#sdfootnote3sym"><sup>3</sup></a>, menhir commémoratif du martyr des « <i>Bons hommes et bonnes femmes » </i>brûlés vifs en ce lieu en 1210. En 1989 il fait don, à l'église située en face, d'un Christ sculpté dans le buis.</p>
<p align:="" justify="">Quelques citations :<br /><br />« J'ai choisi la colombe, ascendante comme un esprit méditatif monte vers le ciel, pour ses vertus symboliques évidentes. Aujourd'hui cette œuvre m'a amplement dépassé : chacun la revendique, se l'approprie... »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote4anc" href="#sdfootnote4sym"><sup>4</sup></a>. <br />« Une colombe de lumière...à mon sens c'était la seule façon d'évoquer ici le souvenir de ceux qui rêvaient de se libérer des servitudes et des douleurs de la matière. Sans les trahir une fois de plus...Mon christ sculpté dans le buis est un christ sans croix. Parce que la croix est un instrument de torture, mon christ n'est pas crucifié. Il est un christ en majesté. Une dame m'a dit un jour : vous avez fait un Jésus qui s'envole comme la colombe, là, devant la porte ! Eh bien c'est ça. Je voudrais bien que cette église romane soit celle de la réconciliation. Oui, j'aimerais bien... »<a class="sdfootnoteanc" name="sdfootnote5anc" href="#sdfootnote5sym"><sup>5</sup></a>.</p>
<br /><br /><br />Expositions :<br /><br />
<ul>
<li>1962 Paris, musée d'art moderne : Salon de l'École française.</li>
<li>1963 Guéret, Hôtel de ville : 30 peintures sur le thème de Don Quichotte.</li>
<li>1970 Cannes, Maure Vieil : Groupe Minerve.</li>
<li>1980 Salon d'art international du Pays d'Olmes (Ariège).</li>
<li>1982 Centre Culturel, Abbaye de Fontevraud (Maine et Loire).</li>
<li>1984 Carcassonne : Galerie G. Glardon.</li>
<li>1985 Pézenas (Hérault) : Mirondela dels Arts.</li>
<li>1989 Minerve et Château d'O à Montpellier : "89 artistes pour la liberté".</li>
<li>1991 Béziers : Hôtel du département.</li>
<li>2000 Mayronnes (Aude) : Sentier sculpturel.</li>
<li>2001 Caunes (Aude) : Abbaye.</li>
<li>2005 Caunes : Fête du Marbre.</li>
<li>2008 Mayronnes : 14<sup>e </sup>sentier sculpturel.</li>
<li>2011 Paraza (Aude) : Galerie d'art du CLAP.</li>
<li>2013 Minerve : Exposition avec les bonzaïs, sculptures vivantes, de J. F Busquet.</li>
<li>2016 Minerve : Festival de Gravure et de Calligraphie</li>
<li>2018 Béziers : CIRDOC, Exposition de gravures liées à la publication <i>Entrebescs e cançons</i></li>
<li>2018 Carcassonne : IEO, Exposition de gravures liées à la publication <i>Entrebescs e cançons<br /><br /></i></li>
</ul>
<h2>Engagements dans la renaissance d'oc</h2>
<p align="justify">Jean-Luc Séverac participe à la vie culturelle de Minerve et du Minervois et à l’impulsion de celle-ci. Il organise de nombreux concerts avec, parmi les premiers acteurs de la renaissance d’oc de ce territoire, Claude Marti, Patric, Los Caminaires d’Òc... Léon Cordes, Yves Rouquette... Jean Luc Severac, artiste engagé pour la culture d’òc, décide de vivre et de travailler à Minerve, son pays d’adoption dès 1965. Il s’y enracine profondément et laisse dans cette cité médiévale et le paysage alentour une empreinte artistique indéfectible à travers toutes les facettes de son art.</p>
<br /><br /><br /><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote1sym" href="#sdfootnote1anc">1</a> Philippe Catrice, Séverac : <i>le magicien d'eau</i>,<i> Midi libre</i>, 10 avril 1991.
<div id="sdfootnote2">
<p class="sdfootnote-western" align="justify"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote2sym" href="#sdfootnote2anc">2 </a>Jean-Luc Séverac et Gerard Zuchetto, <i>Entrebescs e cançons, Entrelacs et chansons ; </i>Tròba Vox éditions, 2018</p>
</div>
<div id="sdfootnote3">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote3sym" href="#sdfootnote3anc">3</a> <u><a href="https://occitanica.eu/items/show/55754" target="_self">occitanica.eu › 55754</a></u></p>
</div>
<div id="sdfootnote4">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote4sym" href="#sdfootnote4anc">4 </a>PhilippeTerrancle, « Le Premier Bûcher de Simon de Montfort », in<i>Pyrénées Magazine</i> « Spécial Cathares », été 1999.1999, pp. 36 et 38).</p>
</div>
<div id="sdfootnote5">
<p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" name="sdfootnote5sym" href="#sdfootnote5anc">5</a> Claude Marti, <i>Terres Cathares, chemin faisant</i>, illustrations de Paul Moscovino, Études et communications éditions,2007, p. 32.</p>
</div>
<br /><br />
<h2>Bibliographie <br /><br /></h2>
<p align="justify">Jean-Luc Severac et Gerard Zuchetto, <i>Entrebescs e Cançons</i>, <i>Entrelacs et Chansons</i>, Tròba Vox éditions, 2018</p>
<p align="justify">Virginie Pospisil-Puente, La Colombe de lumière, in Histoire et Généalogie en Minervois, n° 100, p. 76-78, 2015.</p>
<p align="justify"><a href="https://wikimonde.com/article/Anne_Brenon" target="new window">Anne Brenon</a> et Jean-Philippe deTonnac, <i>Cathares, la contre-enquête</i>, Albin-Michel, 2008 ; édition en Poche « Espaces libres », 2011.</p>
<p align="justify"><a href="https://wikimonde.com/article/Claude_Marti" target="Claude Marti">Claude Marti</a>, <i>Terres Cathares, chemin faisant</i>, illustrations de Paul Moscovino, Études et communications éditions, 2007.</p>
<p align="justify">Philippe Terrancle, Jean-Luc Séverac. « La Colombe cathare », in <i>Pyrénées Magazine</i> « Spécial Cathares », p. 56-57, été 2000.</p>
<p align="justify">Philippe Terrancle, « Le Premier Bûcher de Simon de Montfort », in <i>Pyrénées Magazine</i> « Spécial Cathares », p. 36-39, été 1999.</p>
<p align="justify"><a href="https://wikimonde.com/article/Yves_Rouquette" target="_blank" rel="noopener">Yves Rouquette</a><i>, Cathares</i>, Loubatières, Portet-sur-Garonne, 1991.</p>
<p align="justify">Léon Cordes, <i>Le petit livre de Minerve : Lo pichòt libre de Menèrba</i>, préface de René Nelli, illustrations de Jean-Luc Séverac, Lodève, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/1974" target="new window">1974</a>.<br /><br /><br /></p>
<h2>Source</h2>
<br />
<p><a href="https://plus.wikimonde.com/wiki/Jean-Luc_Séverac" target="_blank" rel="noopener">https://plus.wikimonde.com/wiki/Jean-Luc_Séverac</a><br /><br />Entretien avec Marie-Thérèse « Mimi », Séverac.<br /><br />Tròba Vox Éditions</p>
Gérard Zuchetto
CIRDOC - Mediatèca occitana (Béziers)
2022-03-01, Blandine Delhaye
Lespoux, Yan
Martel, Philippe
Verny, Marie-Jeanne
Cet article est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution (Gérard Zuchetto, ReSO, CIRDOC)- Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.
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Article biographique
Jumèu, Romieg (1930-2022)
Publiciste
<p align="justify">Rémi Jumeau, poète, romancier, défenseur de la langue, a publié une dizaine d’ouvrages en occitan (provençal).</p>
<h2>Identité</h2>
<h3>Formes référentielles</h3>
<p>Rémi Jumeau</p>
<h3>Autres formes du nom</h3>
<p>Romieg Jumèu</p>
<p>Romieg Jumeau</p>
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p align="justify"><strong>Rémi Jumeau</strong> est né le 30 avril 1930 à Marseille (13). <br /><br />Il débuta ses études chez les Jésuites, où enseignait son père, professeur de mathématiques. Mais il se rendit vite compte que les équations et les logarithmes n’étaient pas faits pour lui et il préféra entrer à l’Institution du Sacré Cœur où il brilla en histoire, en français, en latin et grec. Si bien qu’il obtint, à la fin de ses études secondaires, un diplôme d’éloquence dans la tradition antique la plus pure. <br />Il continua ses études aux Beaux-Arts de Marseille, dans la section sculpture, gravure et modelage. Cependant, malgré de vrais dons artistiques et l’espoir de consacrer sa vie aux Arts, il décida d’intégrer la société « Avenir Publicité » où il fit toute sa carrière.<br />Il en gravit peu à peu tous les échelons, jusqu’au poste de Directeur Régional qu’il occupa plus d’une fois, dans plusieurs régions de France, avant de terminer au siège de Paris. <br /><br />Dans cette dernière partie de son cheminement professionnel, il s’investit dans les instances représentatives du métier pour faire aller de pair la publicité et la protection du patrimoine. Les textes qui régissent aujourd’hui les conditions de la publicité dans les paysages urbains et ruraux lui doivent beaucoup. <br /><br />Marié une première fois avec Simone Moulierac, il eut deux enfants : Sylvie, née à Marseille en 1955 et Manuel, né à Saint-Quentin en 1961. Ce dernier, sur les traces de son père, est graveur. <br /><br />Plus tard il rencontra Claire Morel, professeure de danse classique, qu’il épousa en 1986. Le long de leurs quarante ans de vie commune, ils partagèrent la passion des arts. <br /><br />À la retraite il revint en Provence, acheta en 1995 un petit mas à Graveson (13), puis une maison de village à Eyragues (13), avant de s’installer à Avignon (84) où il acheva sa vie le lundi 10 janvier 2022. Il fut enseveli le vendredi 14 janvier dans la tombe familiale à Ménerbes (84). <br /><br /></p>
<h2>Engagements dans la renaissance d’oc</h2>
<p align="justify">Exilé tout au long de sa vie professionnelle, il détestait l’idée qu’il soit nécessaire, pour faire un bon citoyen français de le couper brutalement de sa culture d’origine. Toute sa vie il milita pour la cause occitane. À Graveson, dès son arrivée, il participa à la création de l’association « Un Païs per Deman » et fut un des fondateurs du CREDD’O en 2005, dont il devint le second président de 2008 à 2018. Sous sa direction, cet organisme prit une plus ample envergure. Dans ce cadre, il essaya, en 2009, de donner, avec d’autres, une coloration occitaniste à la campagne pour la promotion de Marseille comme capitale européenne de la culture (voir lettre en annexe). <br /><br />Il fit partie du bureau de l’association « Les Suds » dès sa création en 1996. <br />Enfin, ce qui comptait le plus pour lui, il se consacra à l’apprentissage de la langue qu’il fut bientôt capable d’écrire. D’abord dans des chroniques pour la revue associative <em>Deman un Païs</em>, puis avec la publication d’une dizaine d’ouvrages touchant presque tous les domaines de la littérature : poésie, romans historiques ou d’aventure, nouvelles fantastiques… Il avait choisi de maîtriser un langage noble et exigeant, à la hauteur de la haute idée qu’il se faisait de la langue.</p>
<p></p>
<h2>Bibliographie</h2>
<p><em>Sénher quau</em>, IEO Edicions, Colleccion Atots 2002 <br /><br /><em>Cronicas imaginàrias</em>, IEO Edicions, Colleccion Atots 2004 <br /><br /><em>E siguèsse una nafra la lutz</em>, IEO Edicions, Colleccion Messatges 2008 <br /><br /><em>Pantòri</em>, Romieg Jumèu IEO Edicions, Colleccion Atots 2013 <br /><br /><em>Embolh a Malamosca</em>, IEO Edicions, Colleccion Atots Crimis 2014 <br /><br /><em>Apològs</em>, IEO Edicions, Colleccion Messatges 2014 <br /><br /><em>Nòvas d’autra part</em>, IEO Edicions, Colleccion Atots 2015 <br /><br /><em>Rèire vida</em>, IEO Edicions, Colleccion Atots 2016 <br /><br /><em>L’esclargiera</em>, IEO Edicions, Colleccion Atots 2017 <br /><br /><em>Lo viatge alambicant dau professor grosdenàs</em>, IEO Edicions colleccion Atots 2018 <br /><br /><em>La granda timonariá</em>, IEO Edicions, colleccion Atots 2020. NB. L’auteur aurait souhaité corriger cet ouvrage et en publier une nouvelle version plus satisfaisante.<br /><br /></p>
<h2>Sources</h2>
<p><br /><br />Archives familiales <br /><br />NEUMULLER,Michel. Un quatuor d’écrivains occitans se met à table à Belcodène. <em>Aquò d'Aquí </em>[en ligne]. 2015. (Consulté le 18 juillet 2022). Disponible à l'adresse : https://www.aquodaqui.info/Un-quatuor-d-ecrivains-occitans-se-met-a-table-a-Belcodene_a841.html <br /><br />NEUMULLER,Michel. Romieg Jumeau se's enanat.<em>Aquò d'Aquí </em>[en ligne]. 2022. (Consulté le 18 juillet 2022). Disponible à l'adresse : https://www.aquodaqui.info/Romieg-Jumeau-se-s-enanat_a2315.html <br /><br />Lettre sur Marseille capitale de la culture</p>
<br /><br />
<h2>Annexes</h2>
<h3>Une lettre de Rémi Jumeau en 2009</h3>
<p>Graveson, le 13 juillet 2009</p>
<p align="justify">Chers amis,<br /><br />Vous avez accepté de participer à notre projet, visant à inscrire la Culture d’Oc dans l’opération Marseille/Provence, capitale européenne de la Culture 2013. D’ores et déjà, une quinzaine d’écrivains et d’universitaires nous ont, comme vous donné leur accord, avec enthousiasme. Maintenant, il importe que vous nous indiquiez le ou les thèmes que vous désireriez développer à cette occasion. Nous vous rappelons, pour que notre projet ait quelque chance d’être sélectionné, que les thèmes correspondent aux critères ci-après : (ceux-ci ayant été définis par le comité technique de l’association Marseille 2013)</p>
<p>1-Pour ce qui concerne « la dimension européenne »</p>
<p>-Renforcer la coopération entre les opérateurs culturels, les artistes et les villes des Etats membres concernés et d’autres Etats membres, dans tout le secteur culturel.<br />-Faire ressortir la richesse de la diversité culturelle en Europe.<br />-Mettre en évidence les aspects communs des cultures européennes.</p>
<p>2-Pour ce qui concerne « la Ville et les Citoyens »</p>
<p>-Encourager la participation des citoyens, habitant Marseille et la Provence, susciter leur intérêt ainsi que celui des citoyens vivant à l’étranger.<br />-Avoir un caractère durable et faire partie intégrante du développement culturel et social à long terme de la Ville et de sa Région.</p>
<p>3-Enfin, ne pas oublier la dimension méditerranéenne de Marseille/Provence, d’autant que la réalisation du Musée des Civilisations d’Europe et de la Méditerranée, le MUCEM, devrait être achevée en 2013.</p>
<p align="justify">Si un thème comme celui des immigrations de masse aux XIXe et XXe siècles (italienne, espagnole ou maghrébine) a déjà fait l’objet de nombreuses études, les migrations internes (par exemple, celle des gavots vers plaines ou les villes du littoral provençal) ou vers les pays voisins (par exemple des occitans vers l’Espagne après la Reconquista, des Vaudois provençaux vers l’Italie, ou des Gavots vers le Mexique) mériteraient des développements intéressants.<br /><br />Les critères sont donc suffisamment larges, (notamment ceux de la diversité culturelle et des échanges méditerranéennes) pour offrir une grande liberté dans les choix des sujets.<br /><br />En conclusion, nous vous demandons de nous adresser d’ici fin août, les titres des thèmes que vous comptez traiter, de manière à ce que nous puissions commencer à bâtir notre projet commun. Si 2013 est l’année de la mise en œuvre globale de l’opération, c’est en 2009 que se fait la sélection, d’où notre demande. Recevez chers amis nos cordiales salutations<br /><br />Le Président, Rémi JUMEAU</p>
<h3>Hommages rendus par Jean-Marie Ramier le jour des obsèques</h3>
<p><strong>Sus lou cros de Roumié (divèndre 14 de janvié 2022, à Menèrbo)</strong></p>
<p>Roumié, vaqui un credo de belèu lou faras tiéu : Lou Crédo dé Cassian dóu grand pouèto Vitou Gelu, Marsihés coume tu. N’en vaqui quàuqui tros.</p>
<p align="center">A peri tout entié, qué servirié de neisse !<br />Dieou, que li vi tan lun, nou forgé pas per ren :<br />En mouren regrian ; l’ome quan dispareisse,<br />Va pupla leis estèlo oou foun doou firmamen !<br /><br />Maduro avan lou tem, ma testo, qué vies blanquo,<br />A glena quaouquei gran dedin chasque gara.<br />Mies qué lou marguiié que rounflo sus sa banquo<br />Ai souven tria de grame ei sermoun doou cura.<br />Dei prepaou dei moussu, dei cansoun dei femèlo,<br />Dei questien dei nistoun, surtou, mi sieou nourri :<br />Tan qu’un secrè nouveou coutiguo sa cervèlo<br />Lou senigran voou pa mouri<br />A peri tout entié, etc …<br /><br />Dieou mandan sa semenço ei ciele, à l’avanturo,<br />Coumo lou bastidan qué sameno soun bla,<br />Lou gran s’esparpaié lon de la vouto bluro :<br />Qu s’enregué d’eici, qu s’enané d’eila.<br />Nouesto grano encapé de toumba su la terro :<br />Aqui rescountrerian noueste premié relès,<br />Mounte tan de doulou duvien nou fa la guerro<br />Jusqu’oou suari, despui lou brès !...<br />A peri tout entié, etc… <br /><br />Mai lou darnié badaou pa pu leou nous escapo,<br />Sian saia aperamoun senso cro ni palan ;<br />Aven entamena nouesto segoundo etapo ;<br />Anan mai espeli su d’un globou pu gran !<br />Aqui sian dejà mies : aven lou cor de ferri,<br />Vin pan d’ooutou, lei bras emé lei ner d’acié ;<br />Creignen ni cirourgien, ni drogo, ni cristèri :<br />Counoueissen plu la maladié !<br />A peri tout entié, etc… <br /><br />Adelà fourra plu qué tout un pople laoure<br />Per gava finqu’eis uei quaouquei pouar a l’engrai ;<br />Aqui l’ooura plus ges dé riche, ni de paoure ;<br />Ni saven, ni bestias ; ni beou pitoué, ni lai !<br />Seren toutei parié souto la memo bacho !...<br />Pu gai qué de jouven qu’an chima lou claré,<br />Oouren noueste bouenur escri dessu la facho,<br />Coumo s’erian oou cabaré !<br />A peri tout entié,etc…<br /><br />A cin-cen-milo lèguo oou dessu dei tounerro,<br />Sé nou pren fantasié dé durbi lou journaou,<br />Li veiren lei travai que nouesto ancieno terro<br />Fara, per si servi dei forço dé l’uiaou,<br />Coumo l’aplooudirian, soun assaou dé couragi<br />Dei reire-pichoun-fieou é dei reire-nebou,<br />Qué voudran counqueri lei nieou à l’arrambagi,<br />S’à la fin n’en venien à bou !...<br />A peri tout entié, etc…<br /><br />Alor dei bouenei gen fenira plu la festo !...<br />Mai lei tigre, dé qué si voudran rapela ?<br />Semblaran d’estrangié ! degun li tendra testo <br />Perqué viroun toujou l’aiguo dins sei vala !<br />Leisso leis arpagoun ti trata d’imbecile :<br />En ti fasen cheri, moougra tou soun mespres,<br />Vidaou, places tei foun mies qué lou pus abile :<br />Oou milo per cen d’interes !...<br />A peri tout entié, etc… <br /><br />La jalousié deis ome é sei bruteis entriguo,<br />Coumo s’en truffaren, quan seren tou-puissan !<br />Per quaouquei pessu d’or s’escaloun à la biguo,<br />Trouvaren à manès lei mouloun de diaman !<br />S’à la retiro-puou derraboun d’espouleto,<br />Dé capeou galouna, dé mitro de satin,<br />Qué sera tout aco, senoun de pampaieto<br />Su d’un lai viesti d’arlequin !...<br />A peri tout entié, etc… <br /><br />Mai alor qué bouenur d’ooublida la coulèro !<br />Dé jouï doou printem senso apranda l’iver !<br />Dé dire ei capouchin qu’esfraieroun ta mero :<br />Reveran, boufa-li su lei brasiéd’infer !<br />Dé dire à Madeloun, quan lou pies li ressaouto :<br />Din noou-milo an d’eici, gento caligneiris,<br />Coumo vui, per passien ti mangearai lei gaouto,<br />E toujou mordrai frui requis !<br />A peri tout entié, etc… <br /><br />Mestre, t’ai amarra su l’ancro d’esperanço :<br />Vai acaba ta pleguo entre leis afama,<br />E quan oouras feni ta vido de soufranço,<br />Vene trouva Cassian ei péis embeima.<br />Doou calici dé feou poues escouela lei gouto :<br />T’ai coupa lou bastoun qué ti duou sousteni ;<br />Parti premié ; veiras mei piado su la routo ;<br />M’agantaras à l’embruni…<br />A peri tout entié, qué servirié de neisse !<br />Dieou, que li vi tan lun, nou forgé pas per ren :<br />En mouren regrian ; l’ome quan dispareisse,<br />Va pupla leis estèlo oou foun doou firmamen !<br /><br /></p>
<p align="justify">Nàni, Roumié, risques pas de peri tout entié. Bèn lou countràri !<br /><br />Restaras dins nosto memòri. Nous-autre, Gravesounen, t’avèn couneigu poulemisto arderous dins la colo d’<strong>Un Païs pèr Deman</strong> ; pièi, e subretout, au CREDD’O. Lou CREDD’O que n’en fuguères un di foundadou emai un valènt cepoun. Lou CREDD’O que n’en prenguères un jour la presidènci e la gardères dès an de tèms. Dès an qu’an fa flòri. Souto ta beilié l’<strong>Oustau di Petit </strong>venguè lou centre de recerco e d’estùdi recouneigu, indefugible e respeta que couneissèn vuei. Lou meteguères dins soun lustre, ié dounères si letro de noublesso. Quouro la santa te n’aliuenchè fisicamen, sian li testimòni que countunières de te soucita de tout ço que se debanavo de bon o de pas tant bon au CREDD’O. Gravesoun te dis gramaci.<br /><br />Mai es tout lou païs d’O que gardara peréu souvenènço de tu. Siés esta un parangoun de la recounquisto de la lengo. Nosto lengo l’aprenguères emé passioun e n’en venguères lèu un escrivan de trio. Publiquères dins l’afaire de vint an uno deseno d’oubrage, tóuti saluda pèr la critico. Quau n’en pòu dire autant ? Te siés avasta ‘mé bonur dins quàsi tóuti li relarg de la literaturo : pouesìo, rouman istouri o d’aventuro, nouvello fantastico… E tout acò en gaubejant un lengage noble e eisigènt, à l’auturo de l’idèio auto que te fasiés de la lengo. Siés d’aquéli qu’an vicu, qu’an tengu nosto lengo vivo.<br /><br />Vuei, es en terro de Menèrbo que sian vengu te rendre óumenage, un terraire de memòri e de resistènci. Nàni, Roumié, t’óublidaren pas !</p>
<hr />
<p align="justify">Il y a des moments que l’on pense ne jamais vivre, et puis inévitablement, inexorablement, ils arrivent. C’est le cas pour cette disparition qui nous réunit aujourd’hui : comment accepter que Rémi, cet homme puissant, cet homme magnifique, qui était la bonté et la générosité même, ce mari, ce père, ce grand-père qui semblait indestructible soit terrassé par l‘âge et la maladie et repose aujourd’hui devant nous.<br /><br />Au nom de Claire, son épouse, de Sylvie, de Manuel, de Frédérique et d’Anaïs, je vous remercie d’être venus, parfois de loin, pour l’entourer une dernière fois. Et ayons une pensée pour Sylvie et Nicolas que le Covid empêche d’être avec nous aujourd’hui.<br /><br />Claire m’a demandé de retracer rapidement le portrait et la carrière de Rémi : je l’en remercie, je mesure l’honneur qui m’est fait mais aussi la difficulté de la tâche. Je vais essayer...<br /><br />Rémi Jumeau est né à Marseille le 30 avril 1930.<br /><br />Dès sa première année il se distingue en recevant, avec une grande modestie, le diplôme d’honneur du concours des bébés de 1931 : c’était sans aucun doute une prédestination !<br /><br />De son premier mariage avec Simone Mouliérac naîtront ses deux enfants<br /><br /></p>
<ul>
<li>Sylvie née à Marseille en 1955 dont il se plaisait à dire que c’était la parfaite petite marseillaise, jusqu’à ce qu’elle quitte Marseille. Mais si elle en a perdu l’accent, elle n’en a pas perdu l’humour…</li>
<li>et Manuel, né à Saint-Quentin en 1961, ce fils dont il était très fier, et qui a repris le flambeau de son père puisqu’il est aujourd’hui graveur.</li>
</ul>
<p align="justify"><br /><br />Rémi débutera ses études chez les Jésuites, où enseignait son père, éminent professeur de mathématiques. Mais très vite il comprit que les équations et les logarithmes n’étaient pas faits pour lui ; il préféra intégrer l’Institution du « Sacré-Coeur » où il excella en histoire, en français, en latin et en grec. Il obtint même, à la fin de ses études secondaires, un diplôme d’éloquence, dans la plus pure tradition antique.<br /><br />Fait plus étonnant : au cours de son service militaire, alors qu’on ne lui connaissait aucun penchant particulier pour l’armée, le Maréchal des Logis Rémi Jumeau se vit décerner un Certificat de Bonne Conduite par le colonel commandant le 405e régiment d’Artillerie Antiaérienne. Comme quoi il était bon partout !<br /><br />Il poursuivra ses études aux Beaux-Arts, dans la section Gravure. Mais malgré ses incontestables dons artistiques et son espoir consacrer sa vie aux Arts Plastiques, il décida d’intégrer la société « Avenir Publicité » au sein de laquelle il fera toute sa carrière.<br /><br />Ce fut un excellent choix, car il en gravit progressivement tous les échelons, parvenant jusqu’au poste de Directeur Régional qu’il occupa à plusieurs reprises, dans plusieurs régions de France, avant de terminer au siège à Paris.<br /><br />Dans cette dernière partie de son parcours professionnel, il s’investit au sein des instances représentatives de la profession pour faire cohabiter la publicité et la défense du patrimoine. Les textes qui régissent aujourd’hui les conditions de publicité dans les paysages urbains et ruraux lui doivent beaucoup.<br /><br />Lors de son départ d’Avenir Publicité, que la Direction générale a essayé de retarder autant que possible, un grand hommage lui a été rendu au Petit Palais à Paris par le Président Mr Boutinard-Rouelle.<br /><br />C’est dans le cadre de son activité qu’il a rencontré Claire, qu’il a épousée en 1986 et avec laquelle il partagea quarante années d’un amour inconditionnel. Ils étaient réunis par l ‘amour des arts, lui la peinture et l’écriture, elle la danse et la musique.<br />Il hérite à cette occasion d’une nouvelle fille, Frédérique, qu’il considérait comme la sienne et qui l’adopta comme père.<br />Cerise sur le gâteau lui arriva Anaïs, sa petite fille, sa « petitoune » avec laquelle il avait une relation profonde, tendre, faite de multiples touches de complicité.<br /><br />Bien qu’enrichi par ses voyages en France, et peut-être justement du fait de ses nombreux changements de résidence, il n’avait qu’une hâte dès sa retraite : retourner dans sa chère Provence. Lui le provençal convaincu n’a jamais accepté que la République, pour fabriquer un citoyen uniforme sur tout le territoire, ait combattu les cultures régionales : dès lors il a consacré sa vie à militer pour la cause provençale.<br />C’est la présidence du CREDD’O d’où il n’a cessé de lutter pour rendre sa dignité et sa place à la langue d’Oc.<br />C’est la participation au bureau de l’Association les Suds dès sa création en 1996.<br />C’est enfin l’Association du Festival d’Arles, « Les musiques du Monde », dont il fut le Président pendant dix ans.<br /><br />Enfin et surtout, et c’était sans doute sa plus grande fierté, Rémi a pris sa plume pour écrire plusieurs livres en langue provençale, tous publiés.<br />Lui qui parlait peu, qui aimait aller à l’essentiel, qui était avare de ses mots et pudique sur ses sentiments, était prolixe dans ses écrits…<br />Selon un proverbe africain, continent où domine la culture orale, « un homme qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle ». Pour Rémi c’est tout l’inverse : il nous laisse sa bibliothèque en provençal comme un témoignage ineffaçable.<br /><br />Deux traits enfin que je voudrais souligner.<br /><br />D’abord la fidélité et la profondeur de ses sentiments pour ses proches, qu’il aimait avec une égale tendresse et dont il ne s’est jamais départi.<br />Ensuite l’étendue impressionnante de sa culture : à ses côtés, on se plaisait à ne pas consulter Wikipédia quand on avait une question, assurés qu’il en connaissait la réponse.<br />Ce qui s’avérait toujours exact ! Rémi était une encyclopédie ambulante.<br /><br />Mais si c’était un grand homme, calme, tranquille quoique souvent angoissé, pudique, digne c’était aussi – et là je laisse le mot de la fin à sa fille, un homme têtu comme 36 mules !<br /><br />Merci, Rémi, pour tout ce que tu nous as donné, merci pour ce que tu étais, ta trace ne s’effacera jamais. Repose en paix.<br /><br /></p>
<h2>Auteur de l'article</h2>
<p align="justify">Jean-Marie Ramier, enseignant à la retraite d’Occitan-Langue d’Oc, dans l’enseignement catholique et dans l’Académie d’Aix-Marseille. Président des associations Un Païs pèr Deman, CEPD’OC (Centre d’Étude de la Parole d’Oc), membre du conseil d’administration du CREDD’O (Centre de Rencontre, d’Étude, de Documentation et de Diffusion d’Oc).</p>
<p>Romieg Jumeau, poèta, romancier, aparaire de la lenga, a publicat un desenat d’obratges en occitan provençau.</p>
<h2>Identitat</h2>
<h3>Formas referencialas</h3>
<p>Rémi Jumeau</p>
<h3>Autras formas conegudas</h3>
<p>Romieg Jumèu</p>
<p>Romieg Jumeau</p>
<h2>Elements biografics</h2>
<p><strong>Romieg Jumeau</strong> nasquèt lo 30 d’abriu de 1930 a Marselha (13). <br /><br />Romieg entamenèt seis estudis en cò dei Jesuistas, ont ensenhava son paire, professor de matematicas. Mai pron lèu s’avisèt que leis equacions e lei logaritmes èran pas fachs per eu ; estimèt mai de rintrar a l’Institucion dau Sacrat Còr onte faguèt miranda en istòria, en francés,en latin amb en grèc. Ben tant que daverèt, a la fin de seis estudis segondaris, un diplòma d’eloquéncia dins la mai pura dei tradicions anticas. <br />Contunhèt seis estudis ai Bèleis-Arts de Marselha, dins la seccion Escultura, Escrinceladura e Modelatge. Pasmens, mau-despieg sei vertadiers dons artistics e son espèr de consacrar sa vida ais Arts, decidèt d’integrar la societat « Avenir Publicité » onte faguèt tota sa carriera.<br />N’escalèt pauc a cha pauc totei leis escalons, fin qu’au pòste de Director Regionau qu’ocupèt mai d’un còp, dins mantuna region de França, avans d’acabar au sèti de París. <br /><br />Dins aquela darriera partida de son caminament professionau, s’investiguèt au dintre deis instàncias representativas dau mestier per faire anar cotria la publicitat e l’aparament dau patrimòni. Lei tèxts que bailejan uei lei condicions de publicitat dins lei païsatges urbans e ruraus li son pron devents. <br /><br />Maridat un promier còp amb Simòna Moulierac, aguèt dos enfants : Silvia, nascuda a Marselha en 1955 e Manuèl, nascut a Saint-Quentin en 1961. Aqueu d’aquí, sus lei peadas de son paire, es ara escrincelaire. <br /><br />Pus tard rescontrèt Claire Morel, professora de dança classica, qu’esposèt en 1986. Visquèron ensèms quaranta ans de temps e partejèron la passion deis arts. <br /><br />A la retirada s’entornèt en Provença, crompèt en 1995 un pichòt mas a Graveson (13), puèi un ostau de vilatge a Eiragas (13), avans de plantar cavilha en Avinhon (84) onte acabèt sa vida lo diluns 10 de janvier de 2022. Foguèt sepelit lo divendres 14 de janvier dins son cròs de familha a Menèrbas (84). <br /><br /></p>
<h2>Engatjament dins la renaissença d’oc</h2>
<p>Despatriat tot de lòng de sa vida professionala, aviá en òdi l’idèia que per fargar un bòn ciutadan francés lo fauguèsse desmamar de sa cultura terradorenca. Tota sa vida militèt per la causa occitana. A Graveson, tre son arribada, participèt a la creacion de l’associacion « Un Païs per Deman » e fuguèt un dei fondadors dau CREDD’O en 2005. Dau CREDD’O ne’n foguèt lo segond president de 2008 a 2018. Sota sa bailiá aquel organisme prenguèt son ample.<br />Dins aquest encastre, ensagèt, en 2009, de donar, amb d’autres, una coloracion occitanista a la campanha per la promocion de Marselha coma capitala europenca de la cultura. <br /><br />Faguèt partida dau burèu de l’associacion « Les Suds » tre sa creacion en 1996. <br />Enfin, çò que comptava lo mai per eu, se gropèt a l’aprendissatge de la lenga ben tant que foguèt lèu capable de l’escriure. Promier dins de cronicas per la revista associativa Deman un Païs, puèi amb la publicacion d’una desena d’obratges tocant quasi totei lei relargs de la literatura : poesia, romans istorics ò d’aventura, novèlas fantasticas… Aviá causit de gaubejar un lengatge nòble e exigent, a l’autura de l’idèia auta que se fasiá de la lenga.</p>
<p></p>
<h2>Bibliografia e ressorças</h2>
<p><em>Sénher quau</em>, IEO Edicions, Colleccion Atots 2002 <br /><br /><em>Cronicas imaginàrias</em>, IEO Edicions, Colleccion Atots 2004 <br /><br /><em>E siguèsse una nafra la lutz</em>, IEO Edicions, Colleccion Messatges 2008 <br /><br /><em>Pantòri</em>, Romieg Jumèu IEO Edicions, Colleccion Atots 2013 <br /><br /><em>Embolh a Malamosca</em>, IEO Edicions, Colleccion Atots Crimis 2014 <br /><br /><em>Apològs</em>, IEO Edicions, Colleccion Messatges 2014 <br /><br /><em>Nòvas d’autra part</em>, IEO Edicions, Colleccion Atots 2015<br /><br /><em>Rèire vida</em>, IEO Edicions, Colleccion Atots 2016 <br /><br /><em>L’esclargiera</em>, IEO Edicions, Colleccion Atots 2017 <br /><br /><em>Lo viatge alambicant dau professor grosdenàs</em>, IEO Edicions colleccion Atots 2018 <br /><br /><em>La granda timonariá</em>, IEO Edicions, colleccion Atots 2020. NB. Aquest obratge, l’auriá vougut corregir e ne’n tornar publicar una version mai satisfasenta.<br /><br /></p>
<h2>Sorsas</h2>
<p><br /><br />Archius de familha <br /><br />NEUMULLER,Michel. Un quatuor d’écrivains occitans se met à table à Belcodène. <em>Aquò d'Aquí </em>[en linha]. 2015. (Consultat lo 18 de julhet de 2022). Disponible a l'adreiça : https://www.aquodaqui.info/Un-quatuor-d-ecrivains-occitans-se-met-a-table-a-Belcodene_a841.html <br /><br />NEUMULLER,Michel. Romieg Jumeau se's enanat.<em>Aquò d'Aquí </em>[en linha]. 2022. (Consultat lo 18 de julhet de 2022). Disponible a l'adreiça : https://www.aquodaqui.info/Romieg-Jumeau-se-s-enanat_a2315.html <br /><br />Letra sus Marseille capitale de la culture <br /><br /></p>
<h2>Annèxes</h2>
<p><br /><br /></p>
<h3>Une lettre de Rémi Jumeau en 2009</h3>
<p>Graveson, le 13 juillet 2009</p>
<p>Chers amis,<br /><br />Vous avez accepté de participer à notre projet, visant à inscrire la Culture d’Oc dans l’opération Marseille/Provence, capitale européenne de la Culture 2013. D’ores et déjà, une quinzaine d’écrivains et d’universitaires nous ont, comme vous donné leur accord, avec enthousiasme. Maintenant, il importe que vous nous indiquiez le ou les thèmes que vous désireriez développer à cette occasion. Nous vous rappelons, pour que notre projet ait quelque chance d’être sélectionné, que les thèmes correspondent aux critères ci-après : (ceux-ci ayant été définis par le comité technique de l’association Marseille 2013)</p>
<p>1-Pour ce qui concerne « la dimension européenne »</p>
<p>-Renforcer la coopération entre les opérateurs culturels, les artistes et les villes des Etats membres concernés et d’autres Etats membres, dans tout le secteur culturel.<br />-Faire ressortir la richesse de la diversité culturelle en Europe.<br />-Mettre en évidence les aspects communs des cultures européennes.</p>
<p>2-Pour ce qui concerne « la Ville et les Citoyens »</p>
<p>-Encourager la participation des citoyens, habitant Marseille et la Provence, susciter leur intérêt ainsi que celui des citoyens vivant à l’étranger.<br />-Avoir un caractère durable et faire partie intégrante du développement culturel et social à long terme de la Ville et de sa Région.</p>
<p>3-Enfin, ne pas oublier la dimension méditerranéenne de Marseille/Provence, d’autant que la réalisation du Musée des Civilisations d’Europe et de la Méditerranée, le MUCEM, devrait être achevée en 2013.</p>
<p>Si un thème comme celui des immigrations de masse aux XIXe et XXe siècles (italienne, espagnole ou maghrébine) a déjà fait l’objet de nombreuses études, les migrations internes (par exemple, celle des gavots vers plaines ou les villes du littoral provençal) ou vers les pays voisins (par exemple des occitans vers l’Espagne après la Reconquista, des Vaudois provençaux vers l’Italie, ou des Gavots vers le Mexique) mériteraient des développements intéressants.<br /><br />Les critères sont donc suffisamment larges, (notamment ceux de la diversité culturelle et des échanges méditerranéennes) pour offrir une grande liberté dans les choix des sujets.<br /><br />En conclusion, nous vous demandons de nous adresser d’ici fin août, les titres des thèmes que vous comptez traiter, de manière à ce que nous puissions commencer à bâtir notre projet commun. Si 2013 est l’année de la mise en œuvre globale de l’opération, c’est en 2009 que se fait la sélection, d’où notre demande. Recevez chers amis nos cordiales salutations<br /><br /><br /><br />Le Président, Rémi JUMEAU</p>
<h3>Hommages rendus par Jean-Marie Ramier le jour des obsèques</h3>
<p><strong>Sus lou cros de Roumié (divèndre 14 de janvié 2022, à Menèrbo)</strong></p>
<p>Roumié, vaqui un credo de belèu lou faras tiéu : Lou Crédo dé Cassian dóu grand pouèto Vitou Gelu, Marsihés coume tu. N’en vaqui quàuqui tros.</p>
<p align="center">A peri tout entié, qué servirié de neisse !<br />Dieou, que li vi tan lun, nou forgé pas per ren :<br />En mouren regrian ; l’ome quan dispareisse,<br />Va pupla leis estèlo oou foun doou firmamen !<br /><br />Maduro avan lou tem, ma testo, qué vies blanquo,<br />A glena quaouquei gran dedin chasque gara.<br />Mies qué lou marguiié que rounflo sus sa banquo<br />Ai souven tria de grame ei sermoun doou cura.<br />Dei prepaou dei moussu, dei cansoun dei femèlo,<br />Dei questien dei nistoun, surtou, mi sieou nourri :<br />Tan qu’un secrè nouveou coutiguo sa cervèlo<br />Lou senigran voou pa mouri<br />A peri tout entié, etc …<br /><br />Dieou mandan sa semenço ei ciele, à l’avanturo,<br />Coumo lou bastidan qué sameno soun bla,<br />Lou gran s’esparpaié lon de la vouto bluro :<br />Qu s’enregué d’eici, qu s’enané d’eila.<br />Nouesto grano encapé de toumba su la terro :<br />Aqui rescountrerian noueste premié relès,<br />Mounte tan de doulou duvien nou fa la guerro<br />Jusqu’oou suari, despui lou brès !...<br />A peri tout entié, etc… <br /><br />Mai lou darnié badaou pa pu leou nous escapo,<br />Sian saia aperamoun senso cro ni palan ;<br />Aven entamena nouesto segoundo etapo ;<br />Anan mai espeli su d’un globou pu gran !<br />Aqui sian dejà mies : aven lou cor de ferri,<br />Vin pan d’ooutou, lei bras emé lei ner d’acié ;<br />Creignen ni cirourgien, ni drogo, ni cristèri :<br />Counoueissen plu la maladié !<br />A peri tout entié, etc… <br /><br />Adelà fourra plu qué tout un pople laoure<br />Per gava finqu’eis uei quaouquei pouar a l’engrai ;<br />Aqui l’ooura plus ges dé riche, ni de paoure ;<br />Ni saven, ni bestias ; ni beou pitoué, ni lai !<br />Seren toutei parié souto la memo bacho !...<br />Pu gai qué de jouven qu’an chima lou claré,<br />Oouren noueste bouenur escri dessu la facho,<br />Coumo s’erian oou cabaré !<br />A peri tout entié,etc…<br /><br />A cin-cen-milo lèguo oou dessu dei tounerro,<br />Sé nou pren fantasié dé durbi lou journaou,<br />Li veiren lei travai que nouesto ancieno terro<br />Fara, per si servi dei forço dé l’uiaou,<br />Coumo l’aplooudirian, soun assaou dé couragi<br />Dei reire-pichoun-fieou é dei reire-nebou,<br />Qué voudran counqueri lei nieou à l’arrambagi,<br />S’à la fin n’en venien à bou !...<br />A peri tout entié, etc…<br /><br />Alor dei bouenei gen fenira plu la festo !...<br />Mai lei tigre, dé qué si voudran rapela ?<br />Semblaran d’estrangié ! degun li tendra testo <br />Perqué viroun toujou l’aiguo dins sei vala !<br />Leisso leis arpagoun ti trata d’imbecile :<br />En ti fasen cheri, moougra tou soun mespres,<br />Vidaou, places tei foun mies qué lou pus abile :<br />Oou milo per cen d’interes !...<br />A peri tout entié, etc… <br /><br />La jalousié deis ome é sei bruteis entriguo,<br />Coumo s’en truffaren, quan seren tou-puissan !<br />Per quaouquei pessu d’or s’escaloun à la biguo,<br />Trouvaren à manès lei mouloun de diaman !<br />S’à la retiro-puou derraboun d’espouleto,<br />Dé capeou galouna, dé mitro de satin,<br />Qué sera tout aco, senoun de pampaieto<br />Su d’un lai viesti d’arlequin !...<br />A peri tout entié, etc… <br /><br />Mai alor qué bouenur d’ooublida la coulèro !<br />Dé jouï doou printem senso apranda l’iver !<br />Dé dire ei capouchin qu’esfraieroun ta mero :<br />Reveran, boufa-li su lei brasiéd’infer !<br />Dé dire à Madeloun, quan lou pies li ressaouto :<br />Din noou-milo an d’eici, gento caligneiris,<br />Coumo vui, per passien ti mangearai lei gaouto,<br />E toujou mordrai frui requis !<br />A peri tout entié, etc… <br /><br />Mestre, t’ai amarra su l’ancro d’esperanço :<br />Vai acaba ta pleguo entre leis afama,<br />E quan oouras feni ta vido de soufranço,<br />Vene trouva Cassian ei péis embeima.<br />Doou calici dé feou poues escouela lei gouto :<br />T’ai coupa lou bastoun qué ti duou sousteni ;<br />Parti premié ; veiras mei piado su la routo ;<br />M’agantaras à l’embruni…<br />A peri tout entié, qué servirié de neisse !<br />Dieou, que li vi tan lun, nou forgé pas per ren :<br />En mouren regrian ; l’ome quan dispareisse,<br />Va pupla leis estèlo oou foun doou firmamen !<br /><br /></p>
<p>Nàni, Roumié, risques pas de peri tout entié. Bèn lou countràri !<br /><br />Restaras dins nosto memòri. Nous-autre, Gravesounen, t’avèn couneigu poulemisto arderous dins la colo d’<strong>Un Païs pèr Deman</strong> ; pièi, e subretout, au CREDD’O. Lou CREDD’O que n’en fuguères un di foundadou emai un valènt cepoun. Lou CREDD’O que n’en prenguères un jour la presidènci e la gardères dès an de tèms. Dès an qu’an fa flòri. Souto ta beilié l’<strong>Oustau di Petit </strong>venguè lou centre de recerco e d’estùdi recouneigu, indefugible e respeta que couneissèn vuei. Lou meteguères dins soun lustre, ié dounères si letro de noublesso. Quouro la santa te n’aliuenchè fisicamen, sian li testimòni que countunières de te soucita de tout ço que se debanavo de bon o de pas tant bon au CREDD’O. Gravesoun te dis gramaci.<br /><br />Mai es tout lou païs d’O que gardara peréu souvenènço de tu. Siés esta un parangoun de la recounquisto de la lengo. Nosto lengo l’aprenguères emé passioun e n’en venguères lèu un escrivan de trio. Publiquères dins l’afaire de vint an uno deseno d’oubrage, tóuti saluda pèr la critico. Quau n’en pòu dire autant ? Te siés avasta ‘mé bonur dins quàsi tóuti li relarg de la literaturo : pouesìo, rouman istouri o d’aventuro, nouvello fantastico… E tout acò en gaubejant un lengage noble e eisigènt, à l’auturo de l’idèio auto que te fasiés de la lengo. Siés d’aquéli qu’an vicu, qu’an tengu nosto lengo vivo.<br /><br />Vuei, es en terro de Menèrbo que sian vengu te rendre óumenage, un terraire de memòri e de resistènci. Nàni, Roumié, t’óublidaren pas !</p>
<hr />
<p>Il y a des moments que l’on pense ne jamais vivre, et puis inévitablement, inexorablement, ils arrivent. C’est le cas pour cette disparition qui nous réunit aujourd’hui : comment accepter que Rémi, cet homme puissant, cet homme magnifique, qui était la bonté et la générosité même, ce mari, ce père, ce grand-père qui semblait indestructible soit terrassé par l‘âge et la maladie et repose aujourd’hui devant nous.<br /><br />Au nom de Claire, son épouse, de Sylvie, de Manuel, de Frédérique et d’Anaïs, je vous remercie d’être venus, parfois de loin, pour l’entourer une dernière fois. Et ayons une pensée pour Sylvie et Nicolas que le Covid empêche d’être avec nous aujourd’hui.<br /><br />Claire m’a demandé de retracer rapidement le portrait et la carrière de Rémi : je l’en remercie, je mesure l’honneur qui m’est fait mais aussi la difficulté de la tâche. Je vais essayer...<br /><br />Rémi Jumeau est né à Marseille le 30 avril 1930.<br /><br />Dès sa première année il se distingue en recevant, avec une grande modestie, le diplôme d’honneur du concours des bébés de 1931 : c’était sans aucun doute une prédestination !<br /><br />De son premier mariage avec Simone Mouliérac naîtront ses deux enfants<br /><br /></p>
<ul>
<li>Sylvie née à Marseille en 1955 dont il se plaisait à dire que c’était la parfaite petite marseillaise, jusqu’à ce qu’elle quitte Marseille. Mais si elle en a perdu l’accent, elle n’en a pas perdu l’humour…</li>
<li>et Manuel, né à Saint-Quentin en 1961, ce fils dont il était très fier, et qui a repris le flambeau de son père puisqu’il est aujourd’hui graveur.</li>
</ul>
<p><br /><br />Rémi débutera ses études chez les Jésuites, où enseignait son père, éminent professeur de mathématiques. Mais très vite il comprit que les équations et les logarithmes n’étaient pas faits pour lui ; il préféra intégrer l’Institution du « Sacré-Coeur » où il excella en histoire, en français, en latin et en grec. Il obtint même, à la fin de ses études secondaires, un diplôme d’éloquence, dans la plus pure tradition antique.<br /><br />Fait plus étonnant : au cours de son service militaire, alors qu’on ne lui connaissait aucun penchant particulier pour l’armée, le Maréchal des Logis Rémi Jumeau se vit décerner un Certificat de Bonne Conduite par le colonel commandant le 405e régiment d’Artillerie Antiaérienne. Comme quoi il était bon partout !<br /><br />Il poursuivra ses études aux Beaux-Arts, dans la section Gravure. Mais malgré ses incontestables dons artistiques et son espoir consacrer sa vie aux Arts Plastiques, il décida d’intégrer la société « Avenir Publicité » au sein de laquelle il fera toute sa carrière.<br /><br />Ce fut un excellent choix, car il en gravit progressivement tous les échelons, parvenant jusqu’au poste de Directeur Régional qu’il occupa à plusieurs reprises, dans plusieurs régions de France, avant de terminer au siège à Paris.<br /><br />Dans cette dernière partie de son parcours professionnel, il s’investit au sein des instances représentatives de la profession pour faire cohabiter la publicité et la défense du patrimoine. Les textes qui régissent aujourd’hui les conditions de publicité dans les paysages urbains et ruraux lui doivent beaucoup.<br /><br />Lors de son départ d’Avenir Publicité, que la Direction générale a essayé de retarder autant que possible, un grand hommage lui a été rendu au Petit Palais à Paris par le Président Mr Boutinard-Rouelle.<br /><br />C’est dans le cadre de son activité qu’il a rencontré Claire, qu’il a épousée en 1986 et avec laquelle il partagea quarante années d’un amour inconditionnel. Ils étaient réunis par l ‘amour des arts, lui la peinture et l’écriture, elle la danse et la musique.<br />Il hérite à cette occasion d’une nouvelle fille, Frédérique, qu’il considérait comme la sienne et qui l’adopta comme père.<br />Cerise sur le gâteau lui arriva Anaïs, sa petite fille, sa « petitoune » avec laquelle il avait une relation profonde, tendre, faite de multiples touches de complicité.<br /><br />Bien qu’enrichi par ses voyages en France, et peut-être justement du fait de ses nombreux changements de résidence, il n’avait qu’une hâte dès sa retraite : retourner dans sa chère Provence. Lui le provençal convaincu n’a jamais accepté que la République, pour fabriquer un citoyen uniforme sur tout le territoire, ait combattu les cultures régionales : dès lors il a consacré sa vie à militer pour la cause provençale.<br />C’est la présidence du CREDD’O d’où il n’a cessé de lutter pour rendre sa dignité et sa place à la langue d’Oc.<br />C’est la participation au bureau de l’Association les Suds dès sa création en 1996.<br />C’est enfin l’Association du Festival d’Arles, « Les musiques du Monde », dont il fut le Président pendant dix ans.<br /><br />Enfin et surtout, et c’était sans doute sa plus grande fierté, Rémi a pris sa plume pour écrire plusieurs livres en langue provençale, tous publiés.<br />Lui qui parlait peu, qui aimait aller à l’essentiel, qui était avare de ses mots et pudique sur ses sentiments, était prolixe dans ses écrits…<br />Selon un proverbe africain, continent où domine la culture orale, « un homme qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle ». Pour Rémi c’est tout l’inverse : il nous laisse sa bibliothèque en provençal comme un témoignage ineffaçable.<br /><br />Deux traits enfin que je voudrais souligner.<br /><br />D’abord la fidélité et la profondeur de ses sentiments pour ses proches, qu’il aimait avec une égale tendresse et dont il ne s’est jamais départi.<br />Ensuite l’étendue impressionnante de sa culture : à ses côtés, on se plaisait à ne pas consulter Wikipédia quand on avait une question, assurés qu’il en connaissait la réponse.<br />Ce qui s’avérait toujours exact ! Rémi était une encyclopédie ambulante.<br /><br />Mais si c’était un grand homme, calme, tranquille quoique souvent angoissé, pudique, digne c’était aussi – et là je laisse le mot de la fin à sa fille, un homme têtu comme 36 mules !<br /><br />Merci, Rémi, pour tout ce que tu nous as donné, merci pour ce que tu étais, ta trace ne s’effacera jamais. Repose en paix.<br /><br /></p>
<h2>Autor de l'article</h2>
<p>Joan-Maria Ramier , ensenhant a la retirada d’Occitan-Lenga d’Òc dins l’ensenhament catolic e dins l’Académia d’Ais-Marselha. President deis associacions Un Païs pèr Deman, CEPD’OC (Centre d’Estudi de la paraula d’ÒC), membre dau Consèu d’Admenistracion dau CREDD’O (Centre de Rescòntre, d’Estudi, de Documentacion e de Difusion d’ÒC).</p>
Ramier, Jean-Marie
CIRDOC - Mediatèca occitana (Béziers)
2022-07-18, Sophie Garcia
Cet article est mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution (Jean-Marie Ramier, ReSO, CIRDOC)- Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.
Crédits photographiques : M. Michel Neumuller
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Karine, France
Karine, France
Enseignant ; professeur
<p style="text-align: justify;">France Karine, est professeure privée de musique, diplômée de l’École Normale de Musique de Paris. Son nom d’artiste est Mytyl Fraggi.<br />Proche des Amis du bulletin <em>Occitania</em> en 1938-1939, elle est ensuite membre du Centre Provençal de Culture Occitane (section de l’IEO) à partir de 1945.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Karine, France</p>
<h3>Autres formes connues</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Mytyl Fraggi (pseudonyme)</p>
<h2>Engagements dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify;">En 1938, France Karine participe à la Deuxième concentration de Culture et de Fraternité Provençales, qui se tient à l’« Auberjo de Jouinesso de Marsiho-Alau », à Allauch, Place Pierre Bellot, du samedi 17 septembre au samedi 24. Cette réunion est organisée par Jorgi Reboul, Père aubergiste, fondateur (le 26 septembre 1936) et animateur de l’Auberge de Jeunesse, affiliée au Centre Laïque des Auberges de Jeunesse. <br />Le vendredi 22 septembre, à la suite de l’excursion en car à la Sainte-Baume, est proposée une « Veillée sur la Terrasse : La Musique et le Peuple, par FRANCE KARINE, Directrice de la Chorale Populaire. Audition de disques ».<br /><br /> France Karine participe également à l’animation de la Troisième concentration de Culture et de Fraternité Provençales. Pâques 1939, du samedi 8 au mardi 11 avril, qui est en même temps le Congrès organisé par le journal <em>Occitania</em>. <br /><br />France Karine, directrice de la Chorale Populaire, appartient au milieu progressiste des intellectuels et artistes marseillais. Sa participation aux rencontres d’Allauch prouve une sensibilité provençale, voire un engagement occitaniste. Elle a sans doute participé au Comité d’Aide aux Intellectuels Catalans, fondé à Marseille le 7 avril 1938 par Pierre Rouquette et Jorgi Reboul car son nom figure sur la liste manuscrite établie par Pierre Rouquette des personnes à inviter à la réunion du Comité du 30 août 1938 au domicile de Jorgi Reboul, sans que nous ayons la certitude de sa participation.<br /><br /> À la Libération, France Karine dirige la Chorale du Front National et fait partie de l’Union Nationale des Intellectuels – UNI –, structure unitaire fondée à la Libération, encadrant les activités culturelles. Pierre Rouquette, qui a animé à Marseille une active section de la Societat d’Estudis Occitans (SEO) avant la seconde guerre mondiale, fonde et préside le Centre Provençal de l’Institut d’Estudis Occitans, (qui deviendra autonome dans les années 70, quand la section régionale de l’IEO sera assumée par lo Calen). L’assemblée constitutive a lieu le dimanche 14 octobre 1945 dans les salons de l’UNI, 15 rue Edouard Delanglade. Le président sollicite alors France Karine pour que la Chorale se produise à la séance inaugurale en interprétant des chants occitans, choisis par lui, et qu’elle doit apprendre à ses choristes. Ainsi <em>Coupo Santo</em> (à 4 voix), <em>Lou Bastimen</em>, <em>Lou Renegat</em> (Jan de Fonfaron) ont dû faire partie du répertoire le 15 novembre. France Karine et sa chorale interviendront pour d’autres manifestations du Centre Provençal, ainsi le 19 février 1946 pour la causerie de Pierre Rouquette sur les « Noëls de Saboly ».<br /><br /> France Karine est l’épouse d’Alexandre Jouvène, qui tient une galerie Tableaux anciens et modernes à Marseille, Expert près les tribunaux et les Cies d’Assurance. Comme France Karine, Alexandre Jouvène est affilié au Centre Provençal de l’IEO à son origine : c’est lui qui a envoyé – et non le Président Pierre Rouquette empêché par la grippe - l’invitation à l’Assemblée constitutive du Centre pour le 14 octobre 1945, signée par « un membre de la Commission », Alexandre Jouvène, sur papier à en-tête « Tableaux anciens et modernes Alexandre Jouvène ». En l’état actuel de la documentation, nous ignorons si l’engagement occitaniste du couple s’est poursuivi.</p>
Grau, Pierre
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
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Laux, Christian (1934-2002)
Laux, Christian (1934-2002)
Enseignant ; professeur
Journaliste
<p style="text-align: justify;">Christian Laux, de culture scientifique, s’engagea très tôt dans l’occitanisme, notamment au sein de l’IEO. Il s’occupa de plusieurs revues et rédigea, outre des récits pour une large part d’inspiration autobiographique des dictionnaires de langue qui font référence.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Laux, Christian (1934-2002)</p>
<h3>Autres formes connues</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Laus, Cristian (forme occitane du nom)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Laus, Crestian (forme occitane du nom)</p>
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Christian Laux est né en 1934 à Lugné, commune de Cessenon (Hérault) dans une famille de viticulteurs. Après ses études au lycée de Béziers, puis en math-sup, math-spé à Montpellier, il est admis à l’École des Mines de Paris et à L’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (Paris puis Cachan). Souhaitant revenir au pays et exercer un métier centré sur les relations humaines, il choisit l’ENSET.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Abonné à la revue <em>ÒC</em>, il est ainsi informé du stage occitan d’Uzès de 1956 auquel il participe ; il y rencontre Robert Lafont, Jean Boudou, Pierre Bec, Serge Bec, Charles Camproux (son ancien professeur de français), Éliane Gauzit, Aimé Serres, Raymond Chabbert… C’est pour lui une découverte.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il se marie, effectue le service militaire puis enseigne la physique au lycée technique d’Albi et, par la suite, assure des cours d’occitan. Il mènera de front enseignement, recherches, publications, responsabilités associatives…</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il meurt à Albi le 4 février 2002.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il a été président de l’IEO du Tarn à deux reprises, président de la Société des Amis de Jean Boudou et organisateur du colloque de Naucelle de septembre 1985, collaborateur de revues occitanes (<em>L’Occitan</em>, <em>Occitans !</em>, <em>Lo Gai Saber</em>, <em>Mesclum</em>, <em>Vent Terral</em>), de la <em>Revue du Tarn</em> et d’<em>Albi Mag</em>, chef-rédacteur de <em>l’Occitan</em> de 1995 à 2002, producteur d’émissions à Radio Albigés, membre du CAOC, animateur d’ateliers de langue et de stages.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Cheville ouvrière du CREO du Tarn, il en est le premier président de 1988 à 1995 ; c’est durant ce mandat que sont créées en 1989 les premières écoles bilingues à Albi et à Saint-Affrique. Il est présent lors de la création de l’association ÒC – BI (association des parents d’élèves bilingues de l’enseignement public) en 1998. Conscient qu’il faut créer des outils adaptés à un nouveau public, il travaille à son dictionnaire FRANÇAIS – OCCITAN de 1990 à 1997. Il poursuit avec la réalisation du dictionnaire OCCITAN - FRANÇAIS.</p>
Ginoulhac, Raymond
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
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Lesaffre, Jean (1907-1975)
Lesaffre, Jean (1907-1975)
Écrivain
Universitaire
<p style="text-align: justify;">Jean Lesaffre (Bayonne, 1907, Paris, 1975), ingénieur en chef au service du personnel de la SNCF, est l’un des cofondateurs de l’association étudiante occitane le Nouveau Languedoc, à Montpellier en 1928. Félibre et occitaniste, il participe activement à la fin des années 1930 à la vie de l’école félibréenne parisienne Les Amis de la Langue d’Oc dont il deviendra le vice-président. Il est l’auteur ou le coauteur de nombreux articles, conférences et bibliographies.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Lesaffre, Jean (forme référentielle française)</p>
<h2>Éléments biographiques </h2>
<p style="text-align: justify;">Né à Bayonne d’un père basque ingénieur dans les chemins de fer et d’une mère languedocienne, Jean Lesaffre est élevé dans la foi catholique et suit des études secondaires au collège privé de la Trinité, à Béziers avant de rejoindre l’université de Montpellier dont il sort licencié en mathématiques et docteur en droit après avoir soutenu en 1934 sa thèse <em> Le problème national de la Catalogne et sa solution par la statut de 1932</em>.</p>
<p style="text-align: justify;">Son parcours professionnel le mène à Paris. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier en 1940 et envoyé dans la région de Brême à l’Oflag XB dont il est rapatrié en 1942 pour raison de santé. Catholique pratiquant, très pieux, Lesaffre aurait par ailleurs, dans les années 1930, été proche de l’’Action Française si l’on en croit les archives de Marcel Decremps.</p>
<p style="text-align: justify;">Très impliqué après guerre dans Les Amis de la Langue d’Oc, dans l’occitanisme et rédacteur régulier pour la revue <em>La France Latine</em>, il meurt à Paris en 1975.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d’oc</h2>
<p style="text-align: justify;">S’intéressant à la langue d’oc dès ses études secondaires, Jean Lesaffre s’engage dans la renaissance d’oc lorsqu’il rejoint l’université de Montpellier. C’est là qu’il fonde en 1928, sur le modèle des corporations étudiantes, le Nouveau Languedoc où il est bientôt rejoint par Max Rouquette et Roger Barthe. L’association, très active, recrute rapidement plusieurs dizaines de membres et s’oriente sur la voie de la revendication fédéraliste et la renaissance culturelle sur le modèle catalan.</p>
<p style="text-align: justify;">Par ailleurs, Jean Lesaffre devient à cette époque (de 1930-1932) président de l’association générale des étudiants de Montpellier et bénéficie de 1929 à 1932 d’une rubrique dans <em>Le Petit Méridional</em>, marquant l’influence du Nouveau Languedoc à Montpellier.</p>
<p style="text-align: justify;">L’association a tôt fait de faire des émules, comme les <em>Estudiants Ramondencs</em> de Toulouse et de former avec ces derniers et avec les jeunes marseillais de <em>l’Araire</em> (Jòrgi Reboul, Charles Camproux, Paul Ricard) la Ligue Frédéric Mistral qui donne elle-même naissance en 1934 à <em>Occitania</em>, organe mensuel de la jeunesse fédéraliste occitane et à l’association des Amis d’<em>Occitania</em> qui entend mettre en place un véritable programme fédéraliste auquel participe très activement Jean Lesaffre chargé de la commission administrative.</p>
<p style="text-align: justify;">Dans ces années 1930, Jean Lesaffre se rapproche par ailleurs de l’<em>Escòla Occitana</em> de Toulouse et de son principal animateur, l’abbé Joseph Salvat avec lequel il partage une certaine communauté de conscience (outre son statut d’ecclésiastique, Salvat est proche de l’Action Française) et une même vision de la langue d’oc mêlant félibréisme, occitanisme et catalanisme, avant de rejoindre en 1937 les Amis de la Langue d’Oc Paris avec lesquels il va notamment participer en 1939 à l’accueil des intellectuels catalans réfugiés en France.</p>
<p style="text-align: justify;">Prisonnier en Allemagne, il n’en continue pas moins, entre 1940 et 1942 à promouvoir la langue d’oc à travers des conférences données à ses compagnons de captivités.</p>
<p style="text-align: justify;">Il rejoint après-guerre l’Institut d’Études Occitanes naissant avec son ami <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/9">Pierre-Louis Berthaud</a>, rencontré du temps des Amis d’Occitania. Berthaud qui, félibre lui aussi et membre actif des Amis de la Langue d’Oc, devient majoral du Félibrige en 1947 et tente en 1952, après la mort du majoral et président des Amis de la Langue d’Oc Joseph Loubet, de soutenir la candidature au majoralat de Jean Lesaffre. Mais les sympathies occitanistes de Lesaffre lui coûtent son élection à un moment où les relations entre occitanisme et Félibrige sont particulièrement tendues ; événement qui occasionera une grande déception aussi bien à Berthaud qu’à Lesaffre, blessé de se voir rejeté par une association dans laquelle il a beaucoup œuvré et continue à œuvrer jusqu’à sa mort.</p>
<p style="text-align: justify;">Par ailleurs, Jean Lesaffre participe très activement entre 1949 et 1951, aux côtés de <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/9">Pierre-Louis Berthaud</a>, à l’action en faveur de la loi Deixonne sur l’enseignement des langues et dialectes locaux, et c’est encore avec Berthaud qu’il publie des bibliographies de référence (<em>La langue d’Oc dans nos écoles</em>, 1953, puis la <em>Bibliographie occitane</em> dont il publie le volume 1943-1956 avec Berthaud, initiateur et principal auteur, avant de s’associer avec Irénée-Marcel Cluzel puis Jean-Marie Petit pour les volumes suivants).</p>
<p style="text-align: justify;">Très actif jusqu’à sa mort, il continue, outre sa participation à la vie des associations, à donner des conférences et à écrire des articles, essentiellement pour <em>Lo Gai Saber</em>, revue de l<em>’Escòla Occitana</em> de Toulouse, et <em>La France Latine</em>.</p>
Lespoux, Yan
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
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2014-06-16
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Lesca, Pierre (1730-1807)
Lesca, Pierre (1730-1807)
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Rares sont les chanteurs gascons qui n’ont pas repris à un moment ou un autre <em>Los Tilholèrs</em>, chanson au rythme lancinant, interprétée sur un mode mineur, qui dispute à la plus tardive <em>Salut Baiona</em> ! le titre d’hymne gascon bayonnais. La chanson est attribuée de façon quasiment certaine à un tonnelier-négociant du XVIIIe siècle, également connu dans la cité de la Nive et de l’Adour pour son activité de chansonnier : Pierre Lesca, qui signait Lesca-Hitze, associant selon l’usage au nom gascon de son père le patronyme basque de sa mère. Remaniée, réécrite, la chanson datable des années 1785-1788 est devenue un « classique » des chorales gasconnes. Mais à l’instar de son quasi-contemporain béarnais Despourrins, nous nous apercevons vite que nous ne savons finalement que peu de choses sur Lesca, et que l’attribution même de ses oeuvres est parfois bien douteuse.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Lesca, Pierre (1730-1807)</p>
<h3>Autres formes du nom</h3>
<p>- Lesca-Hitze, Pierre (forme complète du nom de famille)</p>
<h2>Élements biographiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Pierre Lesca est né à Bayonne le 4 septembre 1730, dans la rue des Cordeliers, quartier que nous appelons aujourd’hui le Petit Bayonne. Il reçoit le baptême le jour même dans la cathédrale Sainte-Marie de Bayonne, église paroissiale de son quartier. Son père, Nicolas Lesca, est maître-tonnelier. Le quartier des Cordeliers est à cette époque un haut lieu de l’activité viticole : les vins du pays bayonnais, du sud des Landes, de Bordeaux et des environs de Peyrehorade, mais aussi l’eau-de-vie d’Armagnac se négocient sur les bords de la Nive, et jouissent alors d’une certaine estime. Un tonnelier, en ce temps, est généralement aussi marchand de vin et négociant. La profession est respectable, et les Lesca ont un statut de petits bourgeois et même de notables dans la ville du confluent. Le parrain de Pierre Lesca se trouve être un nommé Tauzin, maître-tonnelier lui aussi, confortant l’image d’une famille Lesca bien intégrée dans son tissu socio-professionnel. Sa mère se nomme Gracieuse Dihitze ou de Hitze, et l’on a longtemps cru Lesca issu par sa lignée maternelle de la petite noblesse basque. Il n’en est en fait rien. Gracieuse Dihitze est roturière, issue d’une famille basque implantée à Saint-Étienne-d’Arribe-Labourd, une paroisse au nord de Bayonne, depuis intégrée à la commune. Si le poète naquit bien dans la rue des Cordeliers, ou une plaque, apposée au n°25, rappelle cette illustre naissance, il semblerait qu’il y ait eu erreur sur la maison, et que Lesca ne soit pas né exactement à l’emplacement indiqué. René Cuzacq (1901-1977), grand érudit du sud des Landes et de la région bayonnaise, et quasiment seul biographe de Lesca, est parvenu au moyen de savants recoupements à localiser la véritable maison natale du poète-tonnelier, à presque en face de celle où en 1812 viendra s’installer le poète gascon bordelais Verdié. Les Lesca sont semble-t-il originaires d’Anglet, commune occitanophone située entre Bayonne et Biarritz.<br />La vie de Pierre Lesca ne présente ensuite rien de particulièrement différent de celle de n’importe quel artisan bayonnais de son temps. René Cuzacq, dans la notice qu’il consacre spécialement à Lesca, doit user d’un grand nombre de digressions pour remplir les presque 80 pages du petit livre. Nous ignorons sont éducation, que son bagage culturel et littéraire déductible du contenu de ses textes, permet de supposer complète et de bonne qualité. Son chai se trouve rue Pontrique, aussi appelée rue Maubec (qui coupe à angle droit la rue des Cordeliers), bien que l’évolution des noms des voies bayonnaises fasse correspondre, selon René Cuzacq, ce chai à l’actuel n°6-8 de la rue du Trinquet. En 1781, c’est dans ce chai qu’il reçoit une délégation du corps de ville de Bayonne, en robes de cérémonie et escorté d’hommes d’armes, venu lui remettre un pâté aux armes de la ville en récompense d’une cantate de son crû dédiée au roi. En 1751 ou 1752 (les archives sont douteuses), Lesca comparaît devant le tribunal de l’échevinage de Bayonne pour une chanson légère, en français, intitulée <em>La Bouchère culbutée</em>, tournant en ridicule une aventure arrivée à une Bayonnaise exerçant effectivement ce métier, Marie Danglade. Le texte de la chanson nous est parvenu. En 1758, son père décède et Lesca se marie l’année suivante. Le 7 août 1759, il épouse Marie Tiris, d’une famille originaire de la ville landaise de Vieux-Boucau-Port-d’Albret.<br />Ce que l’on sait en plus sur Lesca tient en quelques liasses des Archives municipales. En 1781, il est interpelé en tant que tonnelier pour avoir expédié en Hollande des barriques de vin de Jurançon et de Bergouey, en Chalosse, qui n’avaient pas toutes la contenance réglementaire. En 1784, nous possédons un bon de commande de vin de la municipalité bayonnaise (du vin d’Anglet, de Capbreton, de Lahonce et d’Ondres pour les banquets et réceptions municipaux), avec la facture portant signature de Lesca, qui apparaît dès lors comme un négociant ayant pignon sur rue dans la cité. Un autre acte de cette année nous le montre encore livrant du vin au corps municipal. En 1784, sur ordre de Louis XVI, Bayonne obtient le statut de port franc (de taxes), donc de zone non soumise au service des douanes. Cet événement est accueilli comme une immense joie par le milieu des négociants bayonnais, dont Lesca. D’autres actes nous le présentent en conflit avec un client, en 1787 en particulier. Lesca semble alors occuper une place éminente au sein de la très respectable corporation des maître-tonneliers, qui défile chaque année pour la Fête-Dieu, où leurs chefs portaient des <em>ciris</em>, des cierges où pendaient les insignes de la corporation, ainsi que ses armes. En 1789, il est un des co-signataires du cahier de doléances du corps des maîtres-tonneliers de la ville de Bayonne. La vieillesse de Lesca n’eut, semble-t-il, rien d’original. Il s’éteint dans sa maison, située au-dessus de son chai de la rue Maubec ou rue Pontrique le 21 octobre 1807, à l’âge de soixante-dix-sept ans. Sa femme lui survécut jusqu’au 7 mai 1820.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Ce sont, comme souvent, les félibres gascons de la première moitié du XX<sup>e</sup> siècle qui exhumèrent de l’oubli la mémoire de Pierre Lesca. Même si plusieurs auteurs du XIX<sup>e</sup> siècle, dont Ducéré, le citent, c’est au félibre Molia, dit Bernat Larreguigne (mort en 1937) que l’on doit l’initiative de la pose de la plaque sur la maison supposée natale de Lesca, l’emplacement choisi étant, selon Cuzacq, erroné : le tonnelier-poète serait en réalité né deux maisons à côté, à l’angle de la rue Charcutière. Lors de son inauguration en septembre 1925, l’adjoint au maire Simonet se fend d’un vibrant discours en gascon bayonnais à la gloire de l’auteur des <em>Tilholèrs</em>. C’est par les érudits bayonnais Édouard Ducéré et Théodore Lagravère que nous connaissons l’essentiel des oeuvres attribuées à Lesca, qui de son vivant ne publia rien. Lagravère, auteur en 1865 de <em>Poésies gasconnes</em> (Bayonne, Lamaignère, 1865), écrivait dans le <em>Courrier de Bayonne</em> depuis Paris, où il résidait. C’est là qu’il publie des poèmes qu’il attribue à Lesca, dont les fameux <em>Tilholèrs</em> dont il déclare avoir remanié et modifié le texte. <em>L’Histoire topographique et anecdotique des Rues de Bayonne</em> de Ducéré (Bayonne, Lamaignère, 6 tomes 1887-1894) propose plusieurs chansons de Lesca (tomes III, IV et V) qui rectifient les libertés semble-t-il prises par Lagravère. En 1928, l’<em>Almanach de l’Acamédie gascoune de Bayonne</em>, institution créée en 1926 à l’initiative de plusieurs Bayonnais, dont Pierre Rectoran, reproduit aussi plusieurs textes de Lesca. Aucune source directe ne semble disponible présentement sur Pierre Lesca, à l’exception d’une <em>Requeste dous artisans</em>, dans les archives non-classées de la Bibliothèque municipale de Bayonne, que Cuzacq attribue formellement à Lesca sur la base d’une comparaison de l’écriture avec des textes attestés de la main du tonnelier. Outre cela, toujours selon Cuzacq, seul le manuscrit 303 du fonds Bernadou de la Bibliothèque municipale de Bayonne renferme quelques poèmes attribués à Lesca, certains d’ailleurs à tort puisque postérieurs de plus de trente ans à la mort du chansonnier. D’après les publications de tous ces érudits, les oeuvres attribuables à Lesca que nous connaissons à l’heure actuelle sont : <em>Le cante dous tilholés</em> (un <em>tilholèr</em> est un batelier maniant la<em> tilhòla</em>, ancien type de barque de l’Adour et de la Garonne), dont un couplet cite le nom du maire de Bayonne, Joseph Verdié, en activité de 1785 à 1788. Nous savons que Lagravère, dans sa transcriptions (il prétend avoir retrouvé le manuscrit original) a changé des noms et réécrit des parties, mais si ce nom-là est d’origine, nous possédons un élément de datation de la chanson. Nous possédons aussi <em>Le Consulte, Requeste dous gardes de bile, Le cante à l’aunou de le nachence dou daufin, Aute cante nabere, Ronde des Agneteires, Chanson du Carnaval, Chanson des Cocus, Requeste dous artisans</em> ainsi que la <em>Bouchère culbutée</em>, en français.<br /><br />Concernant la bibliographie, outre les ouvrages précités de Lagravère, Ducéré et de l’Académie gasconne, ainsi que les rares sources manuscrites, les deux seules synthèses sur Lesca sont toutes deux de René Cuzacq : <em>Panorama de la littérature gasconne de Bayonne</em>, Le Livre, Bayonne, 1941 (pp. 56-62) et <em>La vie de Pierre Lesca</em>, <em>poète gascon bayonnais (1730-1807)</em>, Mont-de-Marsan, éditions Jean-Lacoste, 1955.</p>
Escarpit, David
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-03-26 Aurélien Bertrand
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