Frédéric Mistral, co-fondateur et longtemps dirigeant, officiel ou officieux, du Félibrige, écrivain d'oc sans doute le plus régulièrement réédité et le plus traduit dans diverses langues étrangères.

Biographie


Formes du nom


Frédéric-Joseph-Etienne (état civil) Frédéric Mistral, Frederi Mistral, Mistrau. Prononciation maillanaise héritée [mistR'ä]. Pseudonymes : Ambròsi Boufarèu, Felibre dou Mas, Felbre de Bello Visto, Mestre Franc, Gui de Mountpavoun, Cascarelet, Felibre Calu, Un Maianen, Cousinié Macàri, Michèu Gai, F. M....



Le milieu social

Né le 8 septembre 1830 à Maillane ( Bouches du Rhône), mort à Maillane le 25 mars 1914. Fils de François Mistral (1771-1855) et Adélaïde Poullinet (1803-1883). Epoux de Marie Rivière (1857-1943), sans postérité légitime.

Son père est « ménager », paysan propriétaire aisé (une vingtaine d'hectares). Fils cadet, et d'un second lit, Mistral devra compter, au décès de son père, avec ses cohéritiers, son demi- frère Louis et les enfants de sa demi-sœur Marie. Il est donc tôt orienté vers des études susceptibles de lui fournir une profession hors agriculture, études couronnées par un baccalauréat (1847) et une licence en droit obtenue à Aix en Provence (1851). Mais son statut social jusqu'à sa mort est celui d'un rentier vivant du revenu des terres dont il a hérité (dans une zone de cultures maraichères orientées vers le marché national, ce qui n'est pas rien), de ses droits d'auteur (réguliers, au moins pour Mirèio), et de ses prix littéraires, souvent réinvestis au service de la cause félibréenne.

Engagement politique ?

Son implication dans la vie politique se limite à sa participation régulière au conseil municipal de Maillane, sa commune de résidence (même s'il ne manque aucune occasion de s'en éloigner pour des voyages plus ou moins lointains, contrairement au cliché de l'homme enraciné courant chez ses biographes). Il s'est toujours refusé à se présenter à d'autres élections, bien qu'ayant été plusieurs fois sollicité, à droite comme à gauche. Quant à ses opinions politiques, elles sont variables, c'est le moins qu'on puisse dire : républicain « avancé » en 1848 et au cours de ses études à Aix, il est séduit par le bonapartiste « libéral » Emile Ollivier en 1869 avant de l'être par le Prétendant Henri V, puis par le Général Boulanger. Sollicité par Charles Maurras, il adhère en 1899 à la Ligue de la Patrie Française et le regrette assez vite. Le seul point commun entre ces sympathies successives, c'est qu'il s'agit à chaque fois d'un parti ou d'un homme politique qui parle de décentralisation – et comme tous les partis, à un moment ou à un autre en parlent – du moins quand ils ne sont pas au pouvoir...

Distinctions diverses

  • Ordre de la Légion d'Honneur (chevalier en 1863, officier en 1895, commandeur en 1909)
  • Ordre d'Isabelle la Catholique, Espagne (commandeur en 1870)
  • Ordre de la couronne d'Italie (officier en 1874)
  • Ordre de la couronne de Roumanie (1882)
  • Lauréat de l'Académie Française (prix Montyon, 1861, prix Vitet, 1884, prix Née, 1897)
  • Lauréat de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (prix Jean Reynaud, 1890)
  • Maîtres es Jeux Floraux de l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse
  • Membre correspondant ou honoraire d'une vingtaine de sociétés savantes françaises et d'une dizaine de sociétés étrangères (voir Edmond Lefèvre, Bibliographie Mistralienne p. 99-100)
  • Prix Nobel de Littérature, 1904 (partagé avec Etchegaray)

Action au service de la Renaissance d'oc


L'importance de cette action est proprement incalculable. Il s'agit bel et bien pour lui de l'engagement de toute une vie aussi bien au service de l'écriture que de la langue d'oc, sa langue maternelle (l'idée qu'il ait « fini par penser en provençal », comme s'il avait préalablement appris à penser en français est largement contestable, quoique due au linguiste Albert Dauzat).

Des premiers écrits à la fondation du Félibrige

Ses premiers essais écrits en cette langue sont précoces (pré-adolescence), et, si à un moment, vers vingt ans, il s'essaie à la poésie en français (en particulier, mais pas seulement, pour des poèmes politiques), il y renonce assez vite. En dehors de quelques vers que cite Roumanille dans son premier recueil Li Margarideto de 1847, on peut considérer que Mistral publie ses premiers poèmes en oc dans le journal La Commune (Avignon) en 1851, puis dans le recueil collectif Li Prouvençalo de 1852, dans lequel figurent par ailleurs la plupart de ceux qui deux ans plus tard vont fonder le Félibrige, le 21 mai 1854 selon le récit popularisé depuis. Il s'agit en fait de l'aboutissement d'un processus entamé auparavant, et de la formalisation de l'existence d'un groupe de jeunes écrivains d'oc regroupés autour de Roumanille ; Mistral est dès le départ le co-animateur de ce groupe : c'est avec son aide que Roumanille met définitivement au point une orthographe nouvelle pour le provençal, non sans débats assez âpres avec un Mistral qui dès le départ manifeste une connaissance de la langue et de l'histoire de sa littérature assez profonde. Parallèlement à la rédaction de son premier grand poème Mirèio (si on ne compte pas l'essai représenté par Li meissoun de 1848, publiées bien plus tard) Mistral intervient de façon intensive, par ses propres œuvres comme par ses corrections des textes des autres dans les premiers Armana Prouvençau (dès celui pour l'année 1855), destinés à publier régulièrement et à faire connaître les productions de la nouvelle école.

La parution de Mirèio

Mais à ses débuts, le Félibrige n'est guère plus qu'un petit cénacle avignonnais, pesant peu face aux Troubaires marseillais par exemple. Tout change en 1859, quand paraît Mirèio. Mirèio correspond à un double pari de Mistral. D'abord affirmer la capacité de la langue d'oc à affronter tous les registres, en produisant un poème de douze chants placé sus le signe d'Homère, en rupture avec le ton familier et « populaire » affecté jusque-là par la plupart des écrivains d'oc de son temps, Jasmin compris. Poème accompagné de notes copieuses dont une qui constitue un véritable manifeste faisant de la littérature provençale telle que la voit l'auteur l'outil du renouveau de la littérature française dans son ensemble. Second pari, lié au précédent : sortir du seul cadre provincial (perçu par Mistral comme étriqué et suiviste) pour obtenir une reconnaissance parisienne, puisque c'est à Paris que se font les réputations littéraires. En apparence, le pari est gagné : salué par Lamartine et une bonne partie de la critique nationale, le poème connaît un grand succès sanctionné par plusieurs rééditions parisiennes les années suivantes (quatre entre 1860 et 1870). Succès qui masque en réalité le fait que pour les critiques, le poème vaut par son côté « charmant, rustique » pour reprendre les adjectifs les plus utilisés, et pittoresque, et se voit utilisé contre les nouvelles tendances littéraires du temps (notamment Baudelaire). Par ailleurs, le choix linguistique de Mistral n'est absolument pas compris, et personne ne croit vraiment qu'il puisse exister une littérature provençale valant la peine d'être lue. De fait, si Mistral encourage ses amis -Aubanel, Roumieux... à profiter de son succès pour lancer leurs propres ouvrages, leur écho est infiniment moindre, ce qui constitue un premier mauvais signe. Certes, sur place, l'effet Mirèio permet au Félibrige de faire un certain nombre de recrues, en Provence comme en Languedoc oriental.

Elargissement et structuration du Félibrige - Les liens avec les Catalans

Face à cet élargissement géographique, il faut bien que le Félibrige, jusque-là groupe informel de jeunes amis, se structure un peu mieux. C'est Mistral qui élabore les premiers statuts en 1862, afin de fournir cette structure, et permettre l'essor d'une littérature d'oc dont il estime possible l'intégration sans problème au champ littéraire national. Ces premiers statuts, très restrictifs (cinquante « félibres » cooptés à vie) et bâtis sur le modèle de l'Institut de France avec des sections spécialisées (poésie, sciences, arts, histoire...) ont l'ambition de servir de point de ralliement à tous les intellectuels et artistes du Midi de la France -fort peu en réalité se montrent intéressés, ce qui est aussi un mauvais signe. Le début des années 1860 est aussi le moment de la rencontre avec la Renaixença catalane, notamment le poète, historien et militant politique « libéral » Victor Balaguer. Ces contacts amènent Mistral à envisager la possibilité d'un élargissement de l'action du Félibrige, en passant de la simple revendication linguistique et littéraire à une revendication plus directement politique, autour du thème du fédéralisme -un fédéralisme que Mistral envisage à l'échelle européenne -moyen de dépasser le clivage nord-sud interne à la France. Cela dit, les contours de ce fédéralisme restent flous, et exprimés surtout dans des correspondances avec des interlocuteurs choisis (et rares), ou dans des poèmes allégoriques. En 1864, l'opéra Mireille de Gounod réveille l'intérêt parisien pour Mistral, qui peut donc continuer à croire au succès de sa stratégie.

1867 : Calendau, « La Coumtesso » : Mistral incompris

Le réveil sera brutal : en 1867 Mistral repart pour Paris avec son second poème, Calendau, qui se veut d'une certaine manière une épopée « nationale », mettant en scène un jeune homme du peuple libérant une princesse opprimée, sur fond de description de la Provence intérieure, et à grand renfort, là encore, de notes érudites constituant une sorte de manuel de culture provençale. À peu près au même moment, il publie aussi un poème court, « la Coumtesso », allégorie dans laquelle une comtesse (la Provence) est enfermée dans un couvent par sa méchante sœur. Mais un jour, les jeunes vaillants du pays viendront délivrer la prisonnière, et pendre l'abbesse (pas la méchante sœur) aux grilles de son couvent. Or, l'accueil des critiques est plutôt froid. En dehors du fait qu’'ils ne comprennent toujours pas pourquoi Mistral n'écrit pas en français, certains d'entre eux (ceux qui ont entendu parler de la Coumtesso, comme Zola) croient discerner dans ses vers des pensées dangereuses pour l'unité nationale. En 1868, un ouvrage d'un ex-ami de Mistral, Eugène Garcin, Français du Nord et du Midi, confirme cette impression en accusant tout bonnement Mistral de tentations séparatistes (et, par ailleurs, réactionnaires). L'échec de Calendau (qui ne sera réédité que vingt ans plus tard) et cette polémique prennent Mistral au dépourvu.

Le cadre : entre débats nationaux et affaiblissement des liens avec les Catalans

S'il entrevoit, après coup, ce qu'ont été les limites de son succès de 1859, il ne voit pas que ses idées politiques supposées, bien vagues de toute façon, sont manipulées dans un débat interne à la gauche républicaine. Ce débat, assez vif sous le Second Empire, oppose ceux qui considèrent que la République doit centraliser face au péril de dissidences locales de type vendéen, et ceux qui considèrent au contraire que la centralisation dite « jacobine », n'est rien d'autre que le retour au cœur du processus révolutionnaire d'un héritage d'Ancien Régime recyclé au profit de la bourgeoisie (c'est la position de Quinet et de son disciple, Xavier de Ricard, qui la défendra dix ans plus tard à l'intérieur du Félibrige « rouge »). Mistral peut être un temps rassuré par le développement des rapports avec les catalanistes, qui l'invitent à Barcelone en mai 1868 avant d'envoyer une délégation aux grandes fêtes de Saint-Rémy en septembre, mais une révolution en Espagne (automne 68), suivie de troubles assez graves aboutit à ce que ces rapports se distendent, laissant le Maillanais seul avec ses déceptions, renforcées encore par des problèmes intimes. Politiquement, il met un temps ses espoirs dans le dernier premier ministre de Napoléon III, le Marseillais Emile Ollivier, ex-républicain devenu bonapartiste « libéral » qui annonce des réformes décentralisatrices. La guerre de 1870, puis la Commune, accentuent le virage à droite de Mistral, qui se prend alors à espérer, comme son ami Roumanille, une restauration monarchique, qui, croit-il, amènerait le retour aux vieilles provinces.

Le Tresor dóu Felibrige – Lis Isclo d’or – Nouveaux statuts du Félibrige – L’Idée latine

Durant ces années de désarroi confinant à la dépression, sa production littéraire est au plus bas, seule l'élaboration de son dictionnaire le mobilisant encore un peu (Le Tresor dou Felibrige commence à paraître en fascicules à partir de 1878). Mistral reprend pied peu à peu, cependant. Il participe activement à un certain nombre de grandes fêtes couplées avec des concours littéraires en langue d'oc (Cinquième centenaire de la mort de Pétrarque en 1874, inauguration de la chapelle à Notre-Dame de Provence à Forcalquier, et concours de philologie de la Société pour l'Étude des langues romanes de Montpellier en 1875). La même année paraît la première édition de son recueil lyrique Lis Isclo d'or. En 1876, il se marie, quelques mois après avoir doté le Félibrige de ses seconds statuts, correspondant en gros à ceux actuellement en vigueur. Plus question de bâtir une académie à l'échelle de l'ensemble de l'intelligentsia méridionale : si subsiste un Consistoire de cinquante Majoraux couronné par un Capoulié (Mistral jusqu'en 1888), l'accent est mis désormais sur le recrutement de manteneires, autrement dit de sympathisants de la cause de la langue, faisant surtout office de figurants souvent éphémères... Si, dans une France en proie au repli nationaliste il n'est plus question de parler d'un fédéralisme européen qui donnerait une place à la Nation provençale, Mistral se rabat sur une Idée Latine prônant l'union, autour de la France (et de son Midi) des grands peuples « romans » du sud de l'Europe : les grandes Fêtes Latines organisées à Montpellier (par les félibres de la Société pour l'Etude des langues romanes) en 1878 voient ainsi couronné un poète roumain, Vasile Alecsandri, qui se trouve être par ailleurs un homme politique important dans son pays. Cela n'ira au demeurant jamais bien loin. Et à peu près au même moment, une grave crise interne au Félibrige combinée à de nouvelles accusations de séparatisme dans la presse républicaine parisienne (cachant en fait une simple dénonciation des amitiés monarchistes des leaders du Félibrige) amène Mistral, une nouvelle fois, à en rabattre sur ses ambitions.

Volonté de reprise en main du Félibrige – Nouvelles publications – Le Museon arlaten

Mistral se concentre alors d'une part sur la direction du Félibrige, avec un travail énorme de gestion des conflits, mais aussi de correction des textes proposés à publication (dans l'Armana Prouvençau par exemple) et, d'autre part, sur sa propre production. Une seconde édition des Isclo d'or paraît en 1878, puis une troisième, à Paris chez Lemerre en 1889. Entretemps, Mistral a publié sa nouvelle Nerto en 1884. Viendront ensuite la tragédie La Reino Jano en 1890 (seul essai de Mistral dans le domaine du théâtre, peu concluant), Lou Pouemo dou Rose en 1897, un recueil des discours de Mistral en 1906 (Discours e dicho), la même année que Moun Espelido, Memòri e raconte, les « mémoires » du poète, puis en 1910 la traduction de La Genèsi, reprenant des fragments publiés au fil des ans dans l'Armana Prouvençau, et enfin, en 1912, son dernier recueil lyrique, Lis Oulivado (1912). Seront publiés après sa mort trois recueils de Proso d'Armana et un récit de voyage en prose, Escourregudo en Itàli, écrit, nous dit-on, en collaboration avec son épouse. D'autres inédits, notamment des correspondances avec divers acteurs de la renaissance d'oc ont été publiés par la suite, sans épuiser la matière. Parallèlement, Mistral se consacre à la mise en place des collections ethnographiques du Museon Arlaten.

Les dernières années

Si ses dernières années le voient recevoir le demi prix Nobel de littérature de 1904, et être l'objet de célébrations multiples (cinquantenaire du Félibrige en 1904, cinquantenaire de Mirèio en 1909, visite du Président de la République Poincaré en 1913...), sur fond d'un véritable culte de la personnalité orchestré par ses disciples, tout cela ne l'empêche pas de constater la difficulté du Félibrige à trouver en son sein une personnalité capable de lui succéder. Il peut bien faire figure de patriarche « olympien », objet de visites presque touristiques à Maillane et sujet de nombreuses représentations artistiques de plus ou moins bon goût dont lui-même riait parfois volontiers, il est permis de penser que sa déception a été grande, face aux limites de la progression du Félibrige et, au-delà, de la renaissance d'oc dans les domaines qu'il percevait comme prioritaires : la diffusion d'une littérature d'oc ambitieuse et de qualité, la reconnaissance de la langue à l'école, sans parler de la cause de la décentralisation.

La postérité

À sa mort en 1914, quelques mois avant le déclenchement de la première guerre mondiale, commence le temps de sa postérité. Le Félibrige entretient le culte de son père fondateur jusqu'à aujourd'hui, de commémoration en commémoration (centenaire de la naissance en 1930, centenaire du Félibrige en 1954, centenaire de Mirèio en 1959, anniversaires de sa naissance et de sa mort chaque année...). De nombreuses rues et avenues du Midi portent son nom. La bibliographie qui lui est consacrée est immense, quoique de qualité très inégale : il faut attendre les années 50 pour voir vraiment apparaître les premiers travaux critiques dépassant le niveau des « biographies » pittoresques, ou des récupérations politiques (maurrassiennes puis vichistes notamment). Si son œuvre reste largement ignorée des spécialistes de littérature française, qui poursuivent dans la voie ouverte par leurs prédécesseurs les critiques myopes du XIXe, cette œuvre est régulièrement rééditée et trouve ainsi de nouveaux lecteurs. Au-delà des clichés, et du respect machinal dû au personnage, il reste à la redécouvrir, dans sa richesse et sa complexité.

Sources et bibliographie


Compte tenu de l'importance du personnage, la masse de références est colossale, et on ne peut ici donner que quelques indications.

Sources

Les correspondances reçues par Mistral sont conservées au musée de Maillane ; mais un certain nombre de ses lettres et de celles qu'il a pu recevoir ont été recueillies au musée du Roure, à Avignon. Certaines de ses correspondances, (avec les acteurs les plus importants) ont été publiées, mais il reste du travail...

Bibliographie

Un premier point a été fait par Edmond Lefèvre en 1903 : Frédéric Mistral, Bibliographie sommaire de ses œuvres, Marseille, Idèio Prouvençalo, 1903. Contient aussi les références de tous les livres, brochures, articles... consacrés à Mistral (154 p.). Complété en 1969 par Georges Place, bibliographe reconnu de la littérature française : Frédéric Mistral, Paris, Editions de la Chronique des Lettres Françaises (157 pp.).

Biographie et critique

Là encore, on a affaire à une masse considérable, de qualité très inégale. Quelques pistes, classées chronologiquement :

  • Lafont, Robert, Mistral ou l'illusion, Paris, Plon, 1954.
  • Peyre, Sully-André, Essai sur Frédéric Mistral, Paris, Seghers, 1959.
  • Pélissier, J., Frédéric Mistral au jour le jour, Ophrys, publications des Annales de la Faculté des Lettres d'Aix en Provence, 1967.
  • Martel, Philippe, Les Félibres et leur temps. Renaissance d'oc et d'opinion (1850-1914), Bordeaux, PUB, 2010.
  • Mauron, Charles, Études mistraliennes, Saint-Rémy, 1989 (reprend des publications plus anciennes).
  • Mauron, Claude, Frédéric Mistral, Paris, Fayard, 1993.
  • Gardy, Philippe, Torreilles, Claire, dir. Frédéric Mistral et Lou pouèmo dou Rose, sl, CELO, 1997.
  • Casanova, Jean-Yves, Frédéric Mistral, l'enfant, la mort et les rêves, Canet, Trabucaire, 2004.
  • Casanova, Jean-Yves, Frédéric Mistral, l'ombre et l'écho, Paris, Garnier, 2016.
  • Casanova, Jean-Yves, Courouau Jean-François, Martel, Philippe, dir. Sus la mar de l'istòri, lectures et réception de l'œuvre de Frédéric Mistral, Paris, Garnier, 2018.
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Une vie entière consacrée à la défense de la langue d'oc.
« La cauza occitana es una cauza santa, que i ai donada ma vida » écrit-il, en 1934. « Avec une quarantaine de livres édités à compte d'auteur Pierre Miremont est un de ceux qui ont le plus marqué le Périgord pour la défense de sa langue et de sa culture. » Daniel Chavaroche, enseignant caminaire.
Écrivain de langue d'oc, poète, conférencier, ce Félibre sarladais qui a beaucoup voyagé est surtout connu pour ses études linguistiques sur le parler du Périgord noir.

Identité

Formes référentielles

Miremont, Pierre (1901-1979)

Autres formes connues

- Miremont, Peire (forme occitane du nom)

- Miremont, Pierre Auguste (nom à l'état civil)

Éléments biographiques

Pierre Miremont voit le jour le 17 Décembre 1901 au Buisson de Cadouin où son père est employé à la Compagnie des chemins de fer. Il est l'aîné de quatre enfants. Ses grands-parents originaires du Sarladais ne parlent que le dialecte nord-languedocien de cette région. Il en sera marqué pour la vie.
À l'école Fénelon, à Sarlat, il fait la connaissance de Marc Delbreil, poète reconnu qui écrit dans sa « langue romane » comme il l’appelle. Le poète se prend d'amitié pour lui, il sera son maître et contribuera à l'intérêt que Pierre Miremont portera toute sa vie à la langue du Périgord. Bon élève, Miremont poursuivra des études secondaires et supérieures dans des institutions privées chez les Pères Marianistes. En 1921, il passe son Brevet élémentaire et abandonnant la prêtrise il entre dans l'enseignement libre. Il sera instituteur en Aveyron pour une année seulement car il doit partir au service militaire.
Devenu lieutenant dans les chasseurs alpins il sera envoyé en Allemagne dans la Ruhr occupée.
Il se marie le 5 Mai 1924 à Limoges et enseigne en écoles libres (écoles catholiques) jusqu'en 1929. D'abord à Serverette en Lozère puis à Terrasson.
C'est alors qu'il est exilé à la Celle-Saint-Cloud dans la région parisienne.
Ayant étudié le droit et ne pouvant supporter l'éloignement de sa terre occitane, il vient s'installer comme huissier de justice à Villefranche-de-Rouergue en 1934.
En 1939, il est mobilisé comme lieutenant dans les chasseurs pyrénéens : les Miquelets, puis il est fait prisonnier dans les Vosges en juin. Il sera enfermé successivement dans les oflags de Lübeck, Hambourg-Fischbeck, Münster et Soëst jusqu'en 1945.
Dès sa libération le 6 Avril 1945 il rentre à Villefranche-de-Rouergue.
Il reçoit le titre de Majoral du Félibrige mais son étude d'huissier étant ruinée, il reprend du service dans l'armée d'occupation. Officier de détail à Kaiserlautern en 1945 il est ensuite officier avocat du tribunal militaire du deuxième corps d'armée à Neustadt, puis substitut à Landau.
En 1946, il est juge d'instruction à Fribourg et enfin à Frankenthal où son épouse et ses deux enfants, nés en 1930 et 1934, viennent le rejoindre. Il est officier de la zone d'occupation de Hesse Palatinat, chargé de la politique, de la police, des cultes et de l'éducation.
Délégué du gouvernement de l'État Rhéno-Palatin, il séjourne à nouveau à Neustadt, puis au cercle de Daun en 1950.
Il quitte définitivement l'armée en 1951 et sera fait chevalier de la légion d'honneur.
Il devient alors inspecteur d'assurances-vie à Nancy, Epinal, Marseille et enfin Toulon où il prend sa retraite au village de Cuers. C'est là qu'il finira ses jours auprès de sa compagne Marcelle Drutel « l'Aubanelenca », Majorale du Félibrige, grande poétesse Provençale avec qui il partagea 25 ans de passion pour la langue d'oc.

Engagement dans la renaissance d'oc

Reprenons les propos de Jean Rigouste dans la préface du livre Pèire Miremont, escrivan oblidat del Perigòrd Negre de Brigita Miremont-Orazio :

« Il est des auteurs dont seule l’œuvre peut susciter l’intérêt ; d’autres dont il faut connaître à la fois l’œuvre et la vie (chacune façonnant l’autre), avec ses bonheurs et ses malheurs, ses aléas et ses péripéties : la vie apporte les clés de l’œuvre, elle explique l’engagement de l’auteur, elle est le riche contre-point d’une aventure littéraire ou spirituelle.
Il en est enfin dont la personnalité, la biographie et les productions constituent un tout indissociable : on doit connaître la vie pour interpréter l’œuvre, il est nécessaire de connaître l’homme pour comprendre l’auteur : Pierre Miremont est de ceux-là... Quant à l’œuvre, elle est d’une telle variété qu’il est difficile d’en faire une synthèse : des « contes risolièrs » au drame historique de « Muratel », de la poésie délicate aux travaux linguistiques, comme Biais de dire en Périgord, sans oublier le théâtre, et le dictionnaire…
J’ai rencontré quelquefois Pierre Miremont : je garde le souvenir d’un homme courtois, à l’œil plein de malice, ouvert et à l’écoute des autres, mais ferme sur ses convictions, et fine lame dans l’argumentation ! Il réunissait un ensemble de qualités humaines qui lui furent bien nécessaires dans les terribles épreuves des camps de concentration, comme dans les petits ennuis que la vie lui prodigua : il s’était ainsi forgé le noyau indestructible d’une personnalité vigoureuse, ce qui lui permit de traverser sans compromissions les périodes difficiles ; son secret est peut-être dans cet « èime » indéfinissable qui fait la profonde originalité de notre peuple périgourdin… »

Premiers écrits en langue d'oc

À dix-huit ans Pierre Miremont choisit la langue d'oc pour écrire sa première pièce de théâtre Paures medecins.
Cette comédie sera présentée à Viviez en Aveyron en 1922. Ses premiers vers écrits pendant son service militaire sont rassemblés dans le recueil Resouns de Ruhr qu'il qualifie lui-même de « péché de jeunesse ». Ce sont des notes prises au jour le jour, impressions et souvenirs du temps passé dans la Ruhr de 1922 à 1924. En voici un exemple avant qu'il ne travaille sa graphie :

L'ocupasiu de la Ruhr

Quoura aicí sèm mountats, rèibabiam de batalhas,
Abiam plan dins lou cap que nos seriam tustats.
Mès talèu arribats, se drèboun las muralhas,
D'enemics n'i a pas 'n lèc, lou vent lous a 'mpourtats.

Noun, lou Franses n'es pas l'enemic que creziaboun,
Co'is l'amic generous qu'es passat en pàuzent
Un bàume à las plagas que ta vivas sannaboun.

Resons de Ruhr p. 18

Rentré du service militaire, il prend part à la vie du Bournat association félibréenne de Périgueux. Sa verve moqueuse lui vaudra quelques ennuis. Il devra payer une forte amende pour avoir dressé des portraits peu flatteurs de certains de ses concitoyens dans Profils terrassonais. C'est aussi à cette période que va éclore son théâtre d'oc, il écrit deux comédies qui seront souvent jouées en Périgord.
Ami de Joseph Vaylet et d’Auguste Bénazet il adhère au Grelh Roergat et en devient secrétaire. Il écrit des pièces de théâtre pour l'association Les grillons de Villefranche qu'il anime avec passion notamment lors des grandes fêtes consacrées à Justin Besson en 1938.
C'est à cette époque qu'il crée avec ses amis Denis Puech, le sculpteur, Joseph Vaylet, Georges Bousquet... la revue Reviscol. Ils veulent réveiller ce « Grelh » qu'ils jugent un peu endormi.
Il est rédacteur en chef de l'Almanach Rouergat lorsqu'il publie le premier poème de Jean Boudou : « Velhado ».
Mais sa forte personnalité et son dynamisme ne tardent pas à provoquer des réactions chez les anciens Félibres rouergats, de sérieuses querelles éclatent au sein du Grelh et c'est chacun de leur côté qu'ils poursuivront leur œuvre félibréenne.
La guerre met fin à ses activités au sein du Grelh. Prisonnier dans un oflag, il ne se décourage pas et fonde à Lubëck au sein de « l'université » l'école félibréenne des « Embarbelats » en septembre 1940. À ses côtés Pierre Henri Simon (futur Académicien), Jean Secret, Paul Roger… Marcel Fournier, Majoral bien connu en Périgord se joint à eux à Münster. Pendant les cinq ans de captivité ils œuvreront pour la langue d'oc et Pierre Miremont en sera l'historiographe.
C'est pendant cette période qu'il va mettre au point sa « nóva grafia ». Les prisonniers de l'Escóla dels embarbelats décident de confronter les divers systèmes de graphie existants afin d'en dégager une formule cohérente d'unification qui pourrait prétendre à rallier tous les dialectes.

« Lorsque voilà déjà trois ans je fondais à Lübeck cette école, mon but n'était pas de distraire les captifs du mal du pays, ni de leur faire passer un moment pour les aider à oublier pendant quelques heures leurs misères, leur faim et leur honte. Non, j'avais visé plus haut et mon regard portait loin, bien loin, au-delà des barbelés, au-delà de l'heure trouble où nous vivons…
...Voliay levar per la Comtessa una tropa de druds, de valents que, deman, dins la fe e l'estrambord, al clar solelh de Dieu e dins la libertat reconquistada sonarian lo rampel dels filhs d'Occitania e levarian africs e arderos la lauza que dumpeis trop de temps i 'es jaguda la bela endurmida. Oc, mos amics, mos fraires, oc soldats, serèm los chivaliers del reviscol esplandorenc... »

(Dichas de Cattivitat, 13 de junh 1943 p 16)

Une bonne partie de son œuvre est écrite en captivité1, à l'insu des gardiens. C'est ainsi que dans son poème « Paor » il exprime sa crainte de ne plus être le même à son retour et de ne plus trouver sa place dans un monde qui, en cinq ans, aura changé.

Paor
Una crenta me monta a l'eime.

Ay crenta dins lo jorn qu'esperi,
D'estre pas plus lo que fusqueri,
D'estre trop dur, d'estre trop mascle,
D'aver perdut lo vanc de rire,
D'aver perdut l'esbrand, lo gaubi
E l'illuzion que fay lo raive :

Crenta d'estre mort a la joia.

Ai paor d'estre solet, veuze, quand tornaray.
Solet emb mon orgulh fargat d'un or trop dur.
Solet emb de pensiers que digun comprendrâ.
Solet lo cor torçut, solet lo cor barrat.
…..
Auran tant caminat lo monde e lo solelh !

Ay crenta d'estre sol, perdut, desconescut
Dins un monde novel, que de io se rirâ
Virat vers d'autres Fes, florit d'autres espers.

Ay paor d'estre tot sol, Quijota atardivat,
A consegre, enluzit, mos raives d'a vint ans !

Münster 15-06-1944

Planh de Faidit
: Salingardes, 1967, p. 75


C'est dans le camp de Hamburg-Fischbeck qu'il écrit aussi « Nostra lenga » en 1942 :


Nostra lenga


Lenga del Gay Saber, lenga de poezia,
Jenta lenga de cortezia,
Clara lenga de la Patria,
Lenga de beutat e d'amor :
Te parlava la senhoressa,
E lo galant, raz sa mestressa,
La ninava al balans de ton parlar de flor.

Lenga, qu'as bronzinat sus nóstre batisteri,
Ses estada lenga d'emperi
Dins la gauj e lo treboleri ;
Te parlavon lus grands sabents,
Lus legats e lus prezicaires ;
Eres la lenga del Terraire
E lo verbe granat d'un póple de valents.

Mes amont, de Paris, per abracar la rassa,
Apres lo bufal de l'aurassa,
Apres Montfórt la tartarassa,
Apres lo sang, lo fec, lo dól,
Nus volian matrassar la lenga
Que de l'aussada a la valenga
Tinda coma l'ama del sól.

A la lenga maldicha, e letruts e profetas
I an sonat la laissa a trompeta.
Vay morir se dis, se repeta,
Vay morir dizon lus sabents.
Mès mal despit lor professia,
Auturiera en sa senhoria,
La lenga nazarda lo temps.

La lenga dèus aujóls, lenga d'ór, lenga maire,
Sempre a la voz de sus trobaires,
Fay clantir son verbe tindaire.
Darrer l'auriflor de Mistral,
Entre las mars d'Ocitania,
Lus ómes d' Oc, que mais cotria,
Te farán retronir, lenga del sól mairal !

Lenga del Gai Saber, lenga de poezia,
Tojorn que mais, sus la Patria
Flotejarás coma un senhal !

Hamburg-Fischbeck 21-3-1942

Jol solelh d'oc, 1975, p. 15

Après la guerre, il est sollicité par les Allemands pour faire des conférences dans leurs universités sur le Félibrige et la langue d'oc. Il donne ainsi des conférences en 1946 à Mayence -Heidelberg. En 1947 à Munich, Esclangen, Wurtzburg (zone américaine). En 1949-1950 à Ratisbonne.
Les Allemands publieront même plusieurs de ses œuvres en français et en langue d'oc.

Études linguistiques sur le parler du Périgord noir

Ces travaux constituent une référence pour tous ceux qui ont besoin d'outils pour retrouver « toute la saveur, toute la sève de la langue vivante », comme l’écrit Jordi Plantaurel – pseudonyme d’André Lagarde - dans La Dépêche du 6 septembre 1976)
C'est ainsi qu'il publiera, à compte d'auteur :

- Glossari del Perigórd Negre (1974: imp. Carrère : Rodez), lexique de 500 pages dans lequel il s'attache à ne relever que les termes dont la consonance et souvent l'orthographe ne sont pas trop voisines du français.

- Biais de dire en Perigórd (1974 : imp.Gerbert : Aurillac), complément du Glossari :

« le glossari, dit-il, n'est en quelque sorte que le reliquaire somptueux des vocables du Périgord Noir. Il n'est porteur d'aucun germe de vie et pourrait tout aussi bien concerner une langue morte. Le présent recueil, tout au contraire, est l'exposition de notre langue dans sa vie réelle de chaque jour, dans son éclat de langue bien vivante. Ici nous avons lié en gerbes notre collecte des expressions, idiotismes et tours syntaxiques dont use notre parler. »

Quelques exemples :

A pas la carampa pèus dets
– il n'a pas la crampe aux doigts, il est laborieux.
A dèus uèlhs que traucon – il a les yeux vifs et perçants.
Cozinier de la sopa freja – Mauvais cuisinier.
Aver lo ventre tras l'esquina – Avoir le ventre creux.
I aurà de capels de resta – Il y aura beaucoup de morts.
Li manca una bulida – Il lui manque un peu de cuisson, manque de jugement.
Es tant cargat d'escuts coma un grapal de plumas – Il a autant d'écus qu'un crapaud a de plumes.

- Proverbis et dittons del Perigord : imp. Gerbert Aurillac 1974): il s’agit de trois cahiers se rapportant aux mois et saisons pour le premier, à la semaine, aux jours, aux fêtes et aux saints pour le deuxième et au temps et aux intempéries pour le troisième.
Voici l’introduction qu’il rédige pour ce travail :

« À l'heure où la Langue d'oc est de plus en plus abandonnée, voici que des jeunes ressentent cet abandon comme une frustration et aspirent à reconquérir le parler de leur race. Hélas ! Ils ne l'entendent plus autour d'eux et souffrent de ne pouvoir confronter l'enseignement de l'école à la réalité vivante. Ce témoignage que les vivants ne peuvent plus rendre, les générations passées nous le transmettent au moyen de ces sentences familières que sont les proverbes et les dictons […]Que de mots savoureux enchâssés dans des phrases lapidaires à la syntaxe infaillible ! C'est là et seulement là que nos jeunes retrouveront la langue dont on les a frustrés »

Quelques exemples :

Se mars non marseja, tot l'an n'a l'enveja – si mars ne suit pas sa nature toute l'année s'en ressent.
Cand lo picatal picateja, pel bósc l'i pleu o venteja – Quand le pic-vert frappe au bois, il pleut ou il vente.
Lo que dejuna orgulhos, sopará vergonhos – Celui qui déjeune orgueilleux, soupera honteux.
Las bonas fonts se vezon a la sequiera, lus bons amics, a la pauriera – On juge des bonnes sources durant la sécheresse, et des bons amis dans l'infortune.

- La syntaxe occitane du Périgord (1976 : imp.Gerbert Orlhac)
Dans l'introduction de cet ouvrage il écrit :

« La langue se meurt, et le peu qu'il en reste de vivant se contamine chaque jour au contact de la syntaxe française. On croit parler occitan mais, trop souvent, on emploie un jargon français accoutré de quelques mots d'oc. Le danger est grand, il est mortel. Ne perdons plus notre temps à de stérilisantes querelles de graphie. La langue n'est pas là, ce n'en est que la vêture... La graphie n'a pour but que de traduire la sonorité de la langue. Elle n'est que le résultat de conventions et peut donc évoluer… L'urgent, actuellement est de sauver ce qui fait la langue : la syntaxe. »

Dernières publications

Pierre Miremont écrira jusqu'à son dernier souffle.

- Des « racontes risolièrs » :

Espofinadas (1971) ; Lo devinaire (1973) ; Contes pel brave monde (1976) ; Contes peus petits èlhs (1973) ; Bastard de curèt (1975).

Dans une lettre au Majoral Monestier il écrit le 30 Novembre 1975 :

« ce ne sont pas des œuvres qui font le plus honneur à notre langue, je les écris seulement pour que les gens puissent en rire et lire de la bonne langue... écrite dans une syntaxe saine. »

Voici un extrait qui donnera une idée de l’ensemble :

A l'escóla

Lo rijent ven de decialar à sus elevas lus misteris del biais que se farga lo plural. Aorà se vól donar comte s'an plan compres e comensa :
- Quand dins un ostal l'i nais un nenet : quó's lo ?…
- Singulièr ! Siscla tota la classa.
- Van plan ; e se n'i a dos, quó's ?...
-De bessons !


Espofinadas, p. 47

Muratel, œuvre de toute une vie

Il s'agit d'un long poème épique de douze chants en vers, commencé en 1925, repris de nombreuses fois et terminé en 1975. Ce récit en vers est inspiré d'une légende locale sur le seigneur du Château de Muratel près de Terrasson. Quand on ouvre le livre, on est de suite pris par la richesse de la langue, l'habileté du poète qui jongle avec les mots avec une grande maîtrise.2

« Co's l'istôria dolenta e bloza
De Gui sans pôu, lo trobador
Qu'anguet raubar son amoroza,
Berta, que l'aimava d'amor,
Al pellant que l'avia, dins son castel, portada
E que rabios, la gardava clavada,
Tot amont a l'ensus de sa pus nauta tor. »

- Rassa rasseje : dans ces 46 poèmes publiés en 1978, il exprime sa satisfaction d'avoir œuvré pour que vive la langue d'oc.

Pel medre avenidor

Uros lus que son mórts comols d'óbras de vita,
Que, sans se revirar, buteron lor prefach.
Uros lo que s'enderm, un cóp l'óbra complida,
Arland de tant de grun que jitet a jaufat.

Uros lo que s'estira al siaud de la talvera,
Après lo seme drut e lo medre rossel.
Uros lo qu'es tombat en crozar lais gavelas,
Lus dets claufits de lum e lo solelh pèus èlhs.

Uros lo que se'n vay, juntant sais mans rimadas
Sus la garba ligada a redórta d'amor.
Uros lus que son mórts riches de lor suzor,
Partits lo granier plen e la terra abladada
Pel medre avenidor.

Cuers, 01-07-1975

« Lorsque vous voyez cette masse d'œuvres, vous êtes presque effrayé et vous vous demandez comment une vie d'homme a pu suffire pour réaliser une telle tâche », écrira Marcelle Drutel dans Vido vidanto, riboun- ribagno, Estamparie Bene, Nimes, 1983

Bibliographie de l'auteur3

- 46 livres édités à compte d'auteur :
- 25 recueils de poèmes
- 11 livres en prose
- 10 pièces de théâtre
- 3 livres édités après sa mort par le majoral Monestier
- Nombreux inédits

En français

a- Poésie

- 1939 : Le cricri de la crèche
- 1940 : Chansons de caserne
- 1928 : Profils Terrassonnais (sonnets), imprimerie de la Vézère, Montignac.
- 1931 : Nouveaux profils, Imprimerie de l'Argonne, Bordeaux
- Chant de grillon
- Cœur de grillon 193?, Autres profils (sonnets), Imprimerie de l'Argonne, Bordeaux
- 1946 : Nos mois harmonieux, Kaiserslautern, Rohr
- 1946 : Chants de prisonnier, Kaiserslautern, Rohr

b- Prose

- 1983 : La littérature d'oc, des troubadours aux Félibres, avec Jean Monestier, P. Fanlac, Périgueux.
- 1985 : Le Félibrige et la langue d'oc, avec Jean Monestier, Imp. Réjou Périgueux

En langue d'oc

a- Poesia

- 1939 : Visto dèus mounts, Toulouse, imp.Sentein.
- 1934 : Jous l'casque, Rodez, Subervie.
- 1935 : Resouns de Ruhr, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1940 : Joul's soulelh dèus troubadors, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1940 : Pantais d'un grelh.
- 1946 : Cantics e pregarias, Préface de Marcel Ducros, Kaiserslautern, Heinz Rohr
- 1946 : Noels e Nadalets, Kaiserslautern,Heins Rohr.
- 1953 : Guerra kaki, Rodez, Supervie.
- 1967 : Planh de faidit, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1969 : Darrer'ls barbelats, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1974 : Al solelh d'amor, Villefranche de Rouergue. Salingardes.
- 1971 : Dolencia, Aurillac, Imprimerie du Cantal, Edition du Centre.
- 1972 : Jol cel del Perigord, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1975 : Jol solelh d'oc, Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1978 : Rassa rasseje ! Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1979 : Muratèl (poèma epic), Villefranche de Rouergue, Salingardes.

b- Pròsa

- 1948 : Dichas de cattivitat, Préface de L.de Lastic, [s .i][s.n][s.d]
- 1973 : Contes peus petits elhs (proza), Rodez, Imp. Carrère.
- 1973 : Lo devinaire (galejadas), Aurillac, Éd du Centre.
- 1975 : Bastard de curèt, Rodez, Imp. Carrère.
- 1976 : Contes pel brave monde (proza), Rodez, Imp. Carrère.
- 1971 : Espofinadas (contes gais), Aurillac, Éd du Centre, Imp. du Cantal.
- 1974 : Proverbis e dittons del Perigord (3 cahiers), Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1974 : Biais de dire en Perigord (estudi) : Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1974 : Glossari del Perigord Negre, Rodez. Imp.Carrère.
- 1976 : La Syntaxe occitane du Périgord, Orlhac, Imp. Gerbert.
- 1977 : Femnas e Miquelets (racontes d'amor e de guerra) : Nîmes. Imp. Bené.
- 1985 : Brondilhs, Le Bugue, Imp. PLB.

c- Teatre en òc

- 1922 : Lou foutougrafe de fiero ?
- 1934 : Chas'l foutougrafe, Montignac. Imprimerie de la Vézère.
- 1931 : Lou bilhet de femna, Montignac, Imprimerie de la Vézère.
- 1927 : Pàures medecins, Montignac, Imprimerie de la Vézère.
- 1937 : La Nora, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1939 : Perqué Soustena se maridèt pas ?, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1952 : L'Espion, Rodez. Imp. Subervie.
- 1951 : La Lotaria, Rodez, Imp. Subervie.
- 1952 : Guston se vol far medecin, Rodez, Subervie
- 1950 : Lo Quorum, Villefranche de Rouergue, Salingardes.

Inédits

- Étude sur le troubadour Cadenet
- Le Félibrige et sa doctrine
- Conferéncias en Alemanha (données en 1946-1950)
- Orlina (drame en vèrs)
- La Font del Gat (roman)
- Mus Cridals Cattius
- Libre d'or deus Embarbelats
- Garsas de femnas
- Teatre d'Oc

Certains des livres édités sont encore en vente au Bournat du Périgord, 13 rue Klébert, 24000-Périgueux 24000. Ils sont consultables au CIRDOC.
Le Bournat à Périgueux possède des cahiers manuscrits, qu’il faudrait inventorier.


1. Dans la graphie des Embarbelats « à » est mis pour « á ». Quand l'imprimeur ne possède pas le caractère « á » il le remplace par « â ».

2. Pierre Miremont écrit « ó » pour « ò » et lorsque l'imprimeur ne dispose pas de ce caractère il remplace « ó » par « ô ».

3. Certains des ouvrages signalés par plusieurs sources (Marcelle Drutel, Zéphirin Bosc) n’ont pas pu être matériellement retrouvés, d’où l’absence de références bibliographiques. Par ailleurs, Miremont payait lui-même les imprimeurs. Il fonctionnait avec des souscriptions et parfois des mécènes. Il n'a pas eu assez d'argent pour publier tout ce qu'il aurait voulu.

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Ambertois de naissance et de cœur, Régis Michalias s’est tardivement mais sûrement lancé dans la production littéraire et les études dialectales, pour apporter sa pierre à l’œuvre félibréenne.

Identité

Forme référentielle

> Michalias, Régis (forme d’état-civil)

Éléments biographiques

Régis Michalias est né et mort à Ambert, et semble n’avoir quitté sa ville qu’occasionnellement et par nécessité.

Il fait d’abord des études au lycée de Clermont-Ferrand. Il part ensuite pour Paris, d’où il revient diplômé de première classe à l’École supérieure de pharmacie. Adolphe Van Bever (Poètes du terroir, 1924) nous apprend qu’il est capitaine de mobilisés à la guerre de 1870. Il revient définitivement dans sa ville natale pour y pratiquer le métier de pharmacien de 1873 à 1895.

Il consacre sa retraite à la culture des fleurs et à l’étude des parlers auvergnats, s’impliquant dans le mouvement de renaissance littéraire occitane à travers le Félibrige.

Michel Camelat (Reclams, n°3, 1936) décrit Michalias « bâti comme un châtaigner, l’œil clair et l’épaule carrée. »

Régis Michalias a eu de son mariage une fille unique, Jeanne, qui semble s’être intéressée aux activités félibréennes de son père, l’accompagnant et fréquentant à l’occasion ses amis félibres.

Jean Ajalbert, contemporain de Michalias (et Auvergnat revendiqué), lui consacre un chapitre complet dans son ouvrage Au Cœur de l'Auvergne, et éclaire ainsi le portrait du poète en révélant au fil de son récit certains détails sur sa vie et son œuvre qu'on peine à trouver par ailleurs, comme par exemple son intérêt pour les pierres et la géologie ou son implication dans l'ouverture de bains-douches initialement destinés aux populations les plus précaires.

Engagement dans la renaissance d'oc

Liens avec le Félibrige

Les activités félibréennes de Régis Michalias ne se manifestent véritablement qu’au moment de sa retraite.

C’est un grand lecteur et admirateur de Frédéric Mistral et d'Arsène Vermenouze, et c’est d’ailleurs Mistral qui le pousse en 1902 à entrer en rapport avec le majoral aurillacois, ouvrant la voie à une amitié de plusieurs années, jusqu’au décès de Vermenouze en 1910.
Le poète d’Ambert (basse-Auvergne), et celui d’Ytrac (haute-Auvergne) partagent une admiration commune pour le héros de Gergovie, Vercingétorix, fréquemment évoqué dans les poèmes de l’un comme de l’autre. C’est à Font-Ségugne, en mai 1904, qu’ils se voient pour la première fois, à l’occasion du cinquantenaire du Félibrige.

Selon Jean-François Chanet (Les félibres cantaliens, 2000), Michalias aurait été « officiellement invité par Jules Ronjat, le baile du Consistoire, [...] », qui l’aide pour ses ouvrages de linguistique. Mais Michalias est un félibre isolé dans son pays, et il exprime son inquiétude à Vermenouze : « Seul, isolé, inconnu, noyé et perdu dans une assemblée dont je ne comprendrais que difficilement le langage sonore, impuissant moi-même à me faire comprendre, qu'irais-je faire ? » (Ambert, 29 avril 1904).

Il s’y rend pourtant, accompagné de sa fille, et ne le regrette pas : il y fait de nombreuses rencontres et compose en outre un poème à ce sujet, publié dans son premier recueil Èrs de lous Suts (1904). Il y cite les noms des amis rencontrés : Adrien Planté, (un des dirigeants du félibrige béarnais avec Michel Camélat), les félibres toulousains Jean Rozès de Brousse, Armand Praviel, Pierre Bacquié-Fonade, le Haut-Alpin F. N. Nicollet et bien sûr Arsène Vermenouze, et Frédéric Mistral.
Ainsi Camelat évoque-t-il dans son article les excursions à Avignon, à Arles, aux Saintes-Maries, et les retrouvailles à la Santo-Estello de 1905, occasion pour l’enthousiaste Michalias de découvrir Nîmes, Montpellier (« lou Clapas »), Narbonne, Toulouse, puis Lourdes, Pau, Orthez et Arrens.

Au moment de « l’affaire Dévoluy », lorsqu'à la Santo-Estello de 1909 le capoulié Dévoluy est mis en minorité par une coalition de majoraux et acculé à la démission, Michalias, qualifié d’« òmi de pats » par Camelat, ne semble pas s’être engagé activement dans l’un ou l’autre camp mais, se disant ami de Ronjat et de Planté, il prend le parti de Dévoluy.

Au contact des félibres, il trouvera peut-être une sorte de raison d’être à ses aspirations littéraires et linguistiques, mais au fond, dans les premiers temps au moins, Michalias ne croit pas à la renaissance de la langue dans son pays. Ce pessimisme s’explique sans doute par un apparent désintérêt de la population locale pour la valorisation de la langue et de la culture occitanes. Desdevise du Dézert (Bulletin de la Société des Amis de l'Université, 1905) dit à ce sujet, pour renforcer le mérite de Michalias, que « l’Auvergne s’ignore, elle semble se dédaigner, elle regarde beaucoup trop vers Paris ; sa vie intellectuelle ne lui vient pas d’elle-même, et pour cette raison, n’est qu’une vie factice et d’emprunt ».
D’ailleurs le Félibrige est quasi inexistant dans l’environnement proche de Michalias. Chanet retranscrit des passages d’une lettre adressée à Vermenouze qui résument parfaitement l’état d’esprit du poète ambertois au début de leurs échanges : « Vous me dites que je devrais provoquer un réveil ou un éveil félibréen dans nos régions. Hélas ! le temps des résurrections est passé ; on n'éveille plus les morts...Notre dialecte est de plus en plus abandonné des classes éclairées. Les "bourgeois" notamment en considèrent l'usage comme une sorte de déchéance. Le comprenant à peine, quand ils s'essayent à le parler, ils y sont grotesques. [...] Aussi, je me borne à chanter pour moi seul, et quelques rares amis [...]. Mais il ne saurait être question de fonder chez nous une revue ou publication quelconque, car aux raisons données plus haut, il faut encore en joindre une autre de très grande importance : la variété des prononciations, qui changent d'une localité à une autre, très voisine souvent, [...] et partant l'affaiblissement d'intérêt, (chacun n'estimant bien que le parler de sa paroisse...), et aussi une difficulté de lecture du langage écrit. » (Ambert, 11 décembre 1902).

Malgré tout, Régis Michalias est mû d’une vraie volonté productrice et créatrice, et fait partie de ces félibres qui ont su s’attirer la bienveillance et la reconnaissance de la communauté félibréenne. Sans doute les diverses rencontres qu’il a faites par la suite lui ont-elles donné cette foi.
D’après Chanet, cependant, « le seul intérêt de sa démarche, et Mistral en effet pouvait l'estimer grand, était de fixer un patrimoine, d'ajouter à la connaissance philologique une matière qui, un jour peut-être, ferait l'objet d'études approfondies. »

Cette implication était à même de justifier une élection au majoralat. Il candidate en 1910, mais n’est pas élu. Les expressions de regret au sujet de ce manquement seront par la suite assez nombreuses au sein du Félibrige. Lui-même ne semble pas s’en formaliser outre mesure, mais peut-être revient-il un peu sur son idée du Félibrige. Christian de Villeneuve-Esclapon le cite dans sa revue Occitania (Paris, n°7, 1910) : « j’ai surtout le désir de servir de mon mieux les lettres occitanes en chantant mon très beau et pittoresque Livradois dans son non moins pittoresque dialecte. »

On lit dans l'article de Camelat qu'après son décès en 1916, Louis Delhostal, Bénézet Vidal « e autes frays en pouesie » posent une plaque de marbre sur sa maison.
Plus tard, en mars 1944, à l’occasion du centenaire de sa naissance, un court hommage paraît dans le journal Fe (n°48, 1944).

Ouvrages et réception

Son expérience finalement assez courte a donné lieu à une production elle aussi relativement réduite. On dénombre deux recueils de poèmes, l’adaptation d’une pièce de théâtre, une grammaire et un glossaire. Un recueil de contes, Tant fa per rire, est annoncé dans sa dernière publication, et lui-même parle dans une lettre datée de 1910 (adressée à Camelat qui la reproduit dans son article) d’un recueil d’« Ers » à paraître, Enco Noutre, mais l’un comme l’autre semblent être restés inédits, peut-être existent-il quelque part à l’état de manuscrits. Enfin on trouve sa signature dans quelques numéros de Vivo Prouvènço ! et ses poèmes sont parus entre autres dans les revues Reclams et l’Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren.

Son premier recueil de poèmes, Èrs de lous Suts, paraît en 1904 ; il est constitué de trente-trois poèmes et de leur traduction en regard, avec une note sur la prononciation au début de l’ouvrage. Michalias y fait paraître en guise de préface une lettre enthousiaste de Mistral.

Il est suivi en 1907 des Éléments abrégés de grammaire auvergnate : dialecte des environs d'Ambert (Puy-de-Dôme). Dans sa préface, Michalias cite ses deux collaborateurs, Foulché Delbosc, auteur d'une Grammaire Catalane, et Jules Ronjat. De ces influences extérieures il hérite de l’usage de caractères particuliers, notamment un « å » qui se retrouvera dans ses publications suivantes.
Villeneuve-Esclapon fait un commentaire très positif sur la grammaire, dont il trouve le propos « clair et facile à retenir ». Pour autant Michalias n'est pas linguiste et ne prétend pas l'être, les spécialistes ne manqueront pas de le signaler tout en saluant l'initiative et reconnaissant tout de même un certain mérite à son travail.

Margoutou, o no batueito au vialage est une pièce de théâtre, qui paraît la même année.
La note aux lecteurs est un peu mystérieuse : d'une part Michalias ne signe à aucun moment en toutes lettres, bien que son ouvrage ait été annoncé dans ses précédentes publications. D'autre part il explique que la pièce de théâtre qu’il édite est l’œuvre d’un auteur mort depuis vingt ans, son anonymat devant être respecté.
Il s’agit en fait à l’origine d’une pièce de Jarsaillon, auteur du Livradois mort en 1893. La revue Parlem (n° 9, 1982) décrit la pièce, en trois actes et 589 vers, aux personnages traditionnels et carnavalesques, que Michalias a modifiée, changeant les paroles, et passant certaines répliques en français, « benliau per mostrar ce qu’èron las doàs lingas dins la societat de son temps e le siau vejaire ».

Le second recueil de poèmes, Èrs d’uen Païsan, paraît l’année suivante, en 1908.
Il comporte cinquante poèmes avec la traduction en regard, il est lui aussi précédé d’une note sur la prononciation, et s’achève sur une autre lettre de Mistral.

L’œuvre de Michalias ne semble pas avoir fait l’objet d’une quelconque étude approfondie. Toutefois elle est souvent évoquée, le nom de Michalias apparaissant, même brièvement, dans de nombreux ouvrages, et on peut citer les commentaires de quelques auteurs à son propos :

- Voici ce que Desdevise du Dézert dit en 1905 à propos d’Èrs de lous Suts : « Ce sont des paysages, dont les aspects changent avec chaque saison ; c’est la chanson des amoureux sous les grands bois ; ce sont les cancans du hameau, les bonnes histoires dont le Gaulois se gaudit, depuis qu’il pousse son rire clair au milieu des nations ; ce sont les souvenirs d’enfance, les longues randonnées par la montagne, les vieilles coutumes du pays ; c’est tout ce qui fait de la terre natale votre terre à vous et non une autre, votre sol nourricier, votre domaine et votre bien. »

- On trouve cette citation d’Alexandre Vialatte (originaire d'Ambert et ami d'Henri Pourrat) dans l’ouvrage de Chanet : « Rabotant la matière ingrate de notre idiome, des gens comme Michalias ont su pourtant faire des merveilles parce qu'ils avaient le génie du style familier et travaillaient dans l'esprit même de la langue, dans le sens du bois, si je puis dire. »

- Paule Bouvelot (L’Auvergne à travers la poésie auvergnate contemporaine.  [1952]) commente vers 1952 l’œuvre de Michalias : « C’est aussi une vision réaliste qui transparaît aux pages de Régis Michalias ; mais ici le détail l’emporte sur l’ensemble. C’est une suite de jolis croquis qui n’ont d’autre but que de peindre et dont une fine observation fait tout le prix. Cependant cette poésie est à l’image du Livradois. Comme ce pays doux et sans secousses, elle est contenue, naturelle, animée de sens pratique et d’utilitarisme, très locale donc par cette ambiance morale qui baigne les choses et les êtres… »

- Robert Lafont et Christian Anatole (Nouvelle histoire de la littérature occitane, 1970) voient sa poésie « plus discrète et plus artiste que celle de Vermenouze, mais bien traditionnelle encore »

- Jean Roux (Huit siècles de littérature occitane en Auvergne et Velay, 2015) confirme ce point de vue, et, à la suite d'une courte présentation de l'auteur, donne le poème « La Chadeno » dans la graphie d’origine telle qu’on la trouve dans Èrs d’uen Païsan, en français et en graphie classique.

Le dernier de ses ouvrages est son « Glossaire », publié dans la Revue de Philologie française (1912)
Il présente une graphie très inspirée de celle de Ronjat, censée représenter la prononciation des mots.

Dans les dernières années de sa vie, Michalias collabore à l’œuvre d’Henri Pourrat.
Celui-ci, également ambertois, commence ses collectes de contes vers 1911. Michalias le seconde en transcrivant puis traduisant en français ceux des textes qui sont en occitan. L’édition de Bernadette Bricout (Contes et récits du Livradois, 1989) conserve la graphie employée alors par Michalias.
On y trouve de nombreuses références au « Glossaire » (en partie repris en fin de volume), ainsi que des notes d’explication de termes occitans ajoutées par Michalias.

Il existe en outre, fait plutôt remarquable, une édition allemande des poèmes de Michalias, Auvergnatische Lieder, traduits par le Dr Hans Weiske et précédés d’une étude sur l’auteur. Une note au bas du poème « D'Eijaire » dans le recueil Èrs d'uen païsan évoque également l'existence d'une traduction en suédois, introuvable à ce jour, par le Dr Göran Björkman (1860-1923, traducteur suédois qui s'est intéressé à la littérature française, italienne, espagnole, portugaise et allemande).

Bibliographie de l'auteur

Auteur

- Voir les publications de Régis Michalias référencées dans Le Trobador, catalogue international de la documentation occitane

- Voir les archives et manuscrits de Régis Michalias référencés dans Calames

- « Masaira d'èrba ». Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren. 1936, p.10. Consulter le numéro sur Occitanica.

- « Lo Chamin de Sant-Jaque ». Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren. 1938, pp.11-12. Consulter le numéro sur Occitanica.

Contributeur

- Contes et récits du Livradois. Textes recueillis par Henri Pourrat, édition établie par Bernadette Bricout. Paris : Maisonneuve et Larose, 1989

- Prouvènço ! mars 1906, n°15

- Vivo Prouvènço ! mars 1908, n°39

- Vivo Prouvènço ! mars 1910, n°63]]>
Embertés de naissença e de còr, Régis Michalias s’es lançat tardièrament mas segurament dins la produccion literària e los estudis dialectals, per portar sa pèira a l’òbra felibrenca.

Identitat

Forma referenciala

> Michalias, Régis (forma d’estat-civil)

Elements biografics

Régis Michalias es nascut e mòrt a Embèrt, e sembla d’aver pas daissat sa vila qu’ocasionalament e per necessitat.

Fa primièr d'estudis al licèu de Clarmont d'Auvèrnhe. Partís puèi per París, d’ont torna diplomat de primièra classa a l’Escòla superiora de farmacia. Adolphe Van Bever (Poètes du terroir, 1924) nos aprend qu’es capitani de mobilizats pendent la guèrra de 1870. Torna definitivament dins sa vila natala per i practicar lo mestièr de farmacian de 1873 a 1895.

Consacra sa retirada a la cultura de las flors e a l’estudi dels parlars auvernhats, s’implicant dins lo movement de renaissença literària occitana a travèrs lo Felibritge.

Michel Camelat (Reclams, n°3, 1936) descriu Michalias « bastit coma un castanhèr, l’uèlh clar e l’espatla cairada. » 1.

Régis Michalias aguèt de son maridatge una filha unica, Jeanne, que sembla s’èsser interessada a las activitats felibrencas de son paire, l’acompanhant e frequentant a l’escasença sos amics felibrencs.

Jean Ajalbert, contemporan de Michalias (e Auvernhat revendicat), li consacra un capítol complet dins son obratge Au Cœur de l'Auvergne, e esclaira aital lo retrach del poèta en desvelant al fial de son raconte d'unes detalhs sus sa vida e son òbra malaisits de trapar endacòm mai, coma per exemple son interés per las pèiras e la geologia o son implicacion dins la dubèrtura de banhs-dochas inicialament destinats a las populacions mai precàrias.

Engatjament dins la renaissença d'òc

Ligams amb lo Felibritge

Las activitats felibrencas de Régis Michalias se manifèstan vertadièrament pas qu’al moment de sa retirada.

Es un grand legeire e admirator de Frédéric Mistral e d'Arsène Vermenouze, e es justament Mistral que lo buta en 1902 a dintrar en rapòrt amb lo majoral orlhagués, dubrissent la via a una amistat de mantuna annadas, fins a la mòrt de Vermenouze en 1910.
Lo poèta d’Embèrt (bas-Auvèrnhe), e lo d’Eitrac (naut-Auvèrnhe) partatjan una admiracion comuna per l'eròi de Gergovia, Vercingétorix, pron sovent evocat dins los poèmas de l’un coma de l’autre. Es a Font-Segunha, en mai de 1904, que se veson per lo primièr còp, a l’escasença del cinquantenari del Felibritge.

Segon Jean-François Chanet (Les félibres cantaliens, 2000), Michalias seriá estat « oficialament convidat per Jules Ronjat, lo baile del Consistòri, [...] » 1, que l’ajuda per sos obratges de linguistica. Mas Michalias es un felibre isolat dins son país, e exprimís son inquietud a Vermenouze : « Sol, isolat, desconegut, negat e perdut dins una assemblada que ne comprendrai pas que malaisidament lo lengatge sonòr, mai ieu incapable de me far comprene, de qu'anariái far ? » (Embèrt, 29 d'abril de 1904) 1.

S'i rend çaquelà, acompanhat de sa filha, e o regreta pas : i fa de rescontres nombroses e compausa quitament un poèma sus aquel subjècte, publicat dins son primièr recuèlh Èrs de lous Suts (1904). I cita los noms dels amics rescontrats : Adrien Planté, (un dels dirigents del Felibritge bearnés amb Michel Camélat), los felibres tolosans Jean Rozès de Brousse, Armand Praviel, Pierre Bacquié-Fonade, lo Naut-Alpenc F. N. Nicollet e plan segur Arsène Vermenouze e Frédéric Mistral.
Aital, Camelat evòca dins son article las excursions a Avinhon, a Arle, a las Santas Marias, e les retrobadas a la Santo-Estello de 1905, escasença per l’entosiasta Michalias de descobrir Nimes, Montpelhièr (« lou Clapas »), Narbona, Tolosa, puèi Lorda, Pau, Ortès e Arrens.

Al moment de « l’afaire Dévoluy », quand a la Santo-Estello de 1909 lo capolièr Dévoluy es mes en minoritat per una coalicion de majorals e aculat a la demission, Michalias, qualificat d’« òmi de pats » per Camelat, sembla de s’èsser pas engatjat activament dins l’un o l’autre camp mas, en tant qu'amic de Ronjat e de Planté, pren lo partit de Dévoluy.

Al contacte dels felibres, traparà benlèu una mena de rason d’èsser a sas aspiracions literàrias e linguisticas, mas al fons, dins los primièrs temps al mens, Michalias crei pas a la renaissença de la lenga dins son país. Aquel pessimisme s’explica sens dobte per un aparent desinterés de la populacion locala per la valorizacion de la lenga e de la cultura occitanas. Desdevise du Dézert (Bulletin de la Société des Amis de l'Université, 1905) ditz sus aquel subjècte, per renforçar lo merit de Michalias, que « Auvèrnhe s’ignòra, sembla de se desdenhar, agacha plan tròp vèrs París ; sa vida intellectuala li ven pas d’el-meteis, e per aquela rason, es pas qu’una vida factícia e de manlèu » 1.
D’alhors lo Felibritge es quasi inexistent dins l’environament pròchi de Michalias. Chanet transcriu de passatges d’una letra adreiçada a Vermenouze que resumisson perfièchament l’estat d’esperit del poèta embertés a la debuta de lors escambis : « Me disètz que dèuriái provocar un desrevelh felibrenc dins nòstras regions. Ailàs ! lo temps de las resurreccions es passat ; òm desrevelha pas mai los mòrts...Nòstre dialècte es de mai en mai abandonat de las classas esclairadas. Los "borgeses" notament ne considèran l'usatge coma una mena de descasença. Lo comprenent a pena, quand s'assajan a lo parlar, i son grotesques. [...] Aital, me contenti de cantar per ieu solet, e d'unes rares amics [...]. Mas es fòra question de fondar a cò nòstre una revista o publicacion quina que siá, qu'a las rasons donadas çai sus, ne cal apondre una autra de fòrça granda importància : la varietat de las prononciacions, que càmbian d'una localitat a una autra, fòrça vesina sovent, [...] e d'aquí l'aflaquiment d'interés, (cadun estimant pas plan que lo parlar de sa parròquia...), e tanben una dificultat de lectura del lengatge escrich. » (Embèrt, 11 de decembre de 1902) 1.

Malgrat tot, Régis Michalias es mogut d’una vertadièra volontat productiva e creadoira, e fa partida d'aqueles felibres qu'an sauput s’atraire la benvolença e la reconeissença de la communautat felibrenca. Sens dobte los diferents rescontres qu’a faches en seguida li an donat aquela fe.
Segon Chanet, çaquelà, « lo sol interés de son amira, e Mistral en efièch lo podiá estimar grand, èra de fixar un patrimòni, d'apondre a la coneissença filologica una matèria que, un jorn benlèu, fariá l'objècte d'estudis aprigondits. » 1

Aquela implicacion podiá justificar una eleccion al majoralat. Candidata en 1910, mas es pas elegit. Las expressions de regret al subjècte d'aquel mancament seràn puèi pron nombrosas al dintre del Felibritge. El sembla pas de se’n formalizar, mas benlèu torna un pauc sus son idèa del Felibritge. Christian de Villeneuve-Esclapon lo cita dins sa revista Occitania (París, n°7, 1910) : « ai mai que mai lo desir de servir de mon melhor las letras occitanas en cantant mon Liuradés dels bèls e dels pintoresques dins son non mens pintoresc dialècte. » 1

Òm legís dins l'article de Camelat qu'aprèp sa mòrt en 1916, Louis Delhostal, Bénézet Vidal « e autes frays en pouesie » pausan una placa de marme sus son ostal.
Mai tard, en març de 1944, a l’escasença del centenari de sa naissença, un brèu omenatge pareis dins lo jornal Fe (n°48, 1944).

Obratges e recepcion

Son experiéncia fin finala pron corta a donat luòc a una produccion ela tanben relativament reducha. Se destrian dos recuèlhs de poèmas, l’adaptacion d’una pèça de teatre, una gramatica e un glossari. Un recuèlh de contes, Tant fa per rire, es anonciat dins sa darrièra publicacion, e quitament el parla dins una letra datada de 1910 (adreiçada a Camelat que la reprodusís dins son article) d’un recuèlh d’« Ers » per paréisser, Enco Noutre, mas l’un coma l’autre semblan èsser demorats inediches, benlèu existisson endacòm a l’estat de manescriches. Enfin se trapa sa signatura dins d'unes numèros de Vivo Prouvènço ! e sos poèmas pareisson entre autres dins las revistas Reclams e l’Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren.

Son primièr recuèlh de poèmas, Èrs de lous Suts, pareis en 1904 ; es constituit de trenta-tres poèmas e de lor traduccion en regard, amb una nòta sus la prononciacion a la debuta de l’obratge. Michalias i fa paréisser en guisa de prefaci una letra entosiasta de Mistral.

Es seguit en 1907 dels Éléments abrégés de grammaire auvergnate : dialecte des environs d'Ambert (Puy-de-Dôme). Dins son prefaci, Michalias cita sos dos collaborators, Foulché Delbosc, autor d'una Grammaire Catalane, e Jules Ronjat. D'aquelas influéncias exterioras eireta de l’usatge de caractèrs particulars, notament un « å » que se tornarà trapar dins sas publicacions seguentas.
Villeneuve-Esclapon fa un comentari fòrça positiu sus la gramatica, que ne trapa lo prepaus « clar e aisit de retener » 1. Çaquelà Michalias es pas linguista e pretend pas de l'èsser, los especialistas manquèron pas d'o senhalar en tot saludar l'iniciativa e reconeissent quitament un cèrt merit a son trabalh.

Margoutou, o no batueito au vialage es un pèça de teatre, que pareis la meteissa annada.
La nòta als lectors es un pauc misteriosa : d'una part Michalias signa pas en cap d'endrech en totas letras, alara que son obratge es estat anonciat dins sas precedentas publicacions. D'autra part explica que la pèça de teatre qu’edita es l’òbra d’un autor mòrt dempuèi vint ans, son anonimat devent èsser respectat.
S’agís en fach a l’origina d’una pèça de Jarsaillon, autor del Liuradés mòrt en 1893. La revista Parlem (n° 9, 1982) descriu la pèça, en tres actes e 589 vèrses, dels personatges tradicionals e carnavalesques, que Michalias a modificada, cambiant las paraulas, e passant d'unas replicas en francés, « benliau per mostrar ce qu’èron las doàs lingas dins la societat de son temps e le siau vejaire ».

Lo segond recuèlh de poèmas, Èrs d’uen Païsan, pareis l’annada seguenta, en 1908.
Compòrta cinquanta poèmas amb la traduccion en regard, es el tanben precedit d’una nòta sus la prononciacion, e s’acaba sus una autra letra de Mistral.

L’òbra de Michalias sembla d'aver pas fach l’objècte d’un estudi aprigondit. Çaquelà es sovent evocada, lo nom de Michalias apareissent, emai brèvament, dins mantun obratges, e se pòdon citar los comentaris de qualques autors a son prepaus :

- Vaquí çò que Desdevise du Dézert ditz en 1905 a prepaus d’Èrs de lous Suts : « Son de païsatges, que los aspèctes càmbian amb cada sason ; es la cançon dels amoroses jos los grands bòsques ; son los cancans del masatge, las bonas istòrias que lo Gallés se ne regaudís, dempuèi que buta son rire clar al mitan de las nacions ; son los sovenirs d’enfància, les longas escorregudas per la montanha, las vièlhas costumas del país ; es tot çò que fa de la tèrra natala, vòstra tèrra a vosautres e non pas una autra, vòstre sòl noiriguièr, vòstre domeni e vòstre ben. » 1

- Se trapa aquela citacion d’Alexandre Vialatte (originari d'Embèrt e amic d'Henri Pourrat) dins l’obratge de Chanet : « Rabotant la matèria ingrata de nòstre idiòma, de mond coma Michalias an sauput çaquelà far de meravilhas perqu'avián l'ingèni de l'estil familiar e trabalhavan dins lo quite esperit de la lenga, dins lo sens de la fusta, se pòdi dire. » 1

- Paule Bouvelot (L’Auvergne à travers la poésie auvergnate contemporaine.  [1952]) comenta vèrs 1952 l’òbra de Michalias : « Es tanben una vision realista que transpareis a las paginas de Régis Michalias ; mas aquí lo detalh l’empòrta sus l’ensems. Es una seguida de polits crocadisses qu’an pas d’autra tòca que de pintrar e qu'una observacion fina ne fa tot lo prètz. Çaquelà aquela poesia es a l’imatge del Liuradés. Coma aquel país doç e sens brandidas, es contenguda, naturala, animada de sens practic e d’utilitarisme, fòrça locala doncas per aquel ambient moral que banha las causas e los èssers… » 1

- Robert Lafont et Christian Anatole (Nouvelle histoire de la littérature occitane, 1970) veson sa poesia « mai discreta e mai artista que la de Vermenouze, mas plan tradicionala encara » 1

- Jean Roux (Huit siècles de littérature occitane en Auvergne et Velay, 2015) confirma aquel vejaire, e, a la seguida d'una corta presentacion de l'autor, dona lo poèma « La Chadeno » dins la grafia d’origina tala coma se trapa dins Èrs d’uen Païsan, en francés e en grafia classica.

Lo darrièr de sos obratges es son « Glossaire », publicat dins la Revue de Philologie française (1912).
Presenta una grafia fòrça inspirada de la de Ronjat, censada representar la prononciacion dels mots.

Dins las darrièras annadas de sa vida, Michalias collabòra a l’òbra d’Henri Pourrat.
El, tanben embertés, comença sas collèctas de contes vèrs 1911. Michalias lo segonda en transcrivent puèi tradusent en francés los dels tèxtes que son en occitan. L’edicion de Bernadette Bricout (Contes et récits du Livradois, 1989) consèrva la grafia emplegada alara per Michalias.
S'i trapan mantuna referéncias al « Glossaire » (en partida représ en fin de volum), tal coma de nòtas d’explicacion de mots occitans apondudas per Michalias.

Existís mai, fach qu'es puslèu de remarcar, una edicion alemanda dels poèmas de Michalias, Auvergnatische Lieder, traduits per lo Dr Hans Weiske e precedits d’un estudi sus l’autor. Una nòta al bas del poèma « D'Eijaire » dins lo recuèlh Èrs d'uen païsan evòca tanben l'existéncia d'una traduccion en suedés, non averada a l'ora d'ara, per lo Dr Göran Björkman (1860-1923, traductor suedés que s'es interessat a la literatura francese, italiana, espanhòla, portuguesa e alemanda).

1. Las traduccion en occitan de las citacions dempuèi lo francés son nòstras.

Bibliografia de l'autor

Autor

- Véser las publicacions de Régis Michalias referenciadas dins Lo Trobador, catalòg internacional de la documentacion occitana

- Véser los archius e manescriches de Régis Michalias referenciats dins Calames

- « Masaira d'èrba ». Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren. 1936, p.10. Consultar lo numèro sus Occitanica.

- « Lo Chamin de Sant-Jaque ». Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren. 1938, pp.11-12. Consultar lo numèro sus Occitanica.

Contributor

- Contes et récits du Livradois. Tèxtes reculhits per Henri Pourrat, edicion establida per Bernadette Bricout. París : Maisonneuve et Larose, 1989

- Prouvènço ! mars de 1906, n°15

- Vivo Prouvènço ! mars de 1908, n°39

- Vivo Prouvènço ! mars de 1910, n°63]]>
Géographe, historien, linguiste, analyste de la réalité provençale et plus largement occitane, infatigable militant et pédagogue de la langue et de la culture d’oc et tout particulièrement provençale, détenteur d’un savoir encyclopédique en la matière, ce Ciotaden revendiqué a consacré quasiment tous ses instants à cette passion et à cette mission dans lesquelles l’engagement individuel s’alliait intimement au sens du collectif.

Identité

Formes référentielles

Martin, Guy (1933-2008)

Autres formes connues

- Guiu Martin (forme occitane du nom)

Éléments biographiques

Né le 17 décembre 1933 à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), mort à La Ciotat le 26 mai 2008, il est issu d’une famille ciotadenne et marseillaise qui compte des ascendants génois et vendéens, mais aussi alpins (Faucon de Barcelonnette). Son père intègre la marine marchande comme mousse puis, par formations et promotions successives, exerce la profession de chef de cuisine et ensuite d’intendant sur les paquebots des grandes lignes. Sa mère entretenait de forts rapports amicaux avec la petite fille du chansonnier et écrivain marseillais Victor Gelu dont les descendants possédaient une villa aux Lecques (commune de Saint-Cyr-sur-Mer attenant à celle de La Ciotat).
Enfant durant la guerre, il suit ses parents qui se réfugient dans le village contigu de Ceyreste, après des bombardements destructeurs sur La Ciotat. Après l’école primaire et le cours complémentaire locaux, il intègre l’école normale d’Aix-en-Provence. En 1962, mobilisé en Algérie, il est un témoin actif qui prend part au refus du contingent de suivre les généraux putschistes. Il exerce en début de carrière dans l’enseignement primaire dans son département d’origine puis, une fois certifié d’histoire-géographie, il entre dans le secondaire. Cependant, comme il l’a souligné à plusieurs reprises, il sacrifie le développement d’une carrière universitaire à l’enracinement local et à la volonté du vieure au païs. Ainsi exerce-t-il ses fonctions dans quelques postes du Var et des Bouches-du-Rhône, dont La Ciotat et Aubagne. Par la suite, il dispense également des cours pour les étudiants des universités de l’académie d’Aix-Marseille. Par choix délibéré sa vie professionnelle et familiale se déroule à La Ciotat où se trouve sa résidence principale, puis à Vachères (Alpes de Haute-Provence) durant les périodes de congé, village où, avec sa femme Suzanne, elle-même enseignante, ils ont acquis une résidence secondaire dans le cœur du vieux village. Il avoue, parallèlement à son attachement profond à son canton maritime de naissance, une passion pour le haut-pays dont il rappelle que certains de ses ancêtres provençaux sont descendus cf supra, Faucon de Barcelonnette). Ainsi peut-il embrasser, à travers sa lignée et ses lieux de résidence, la diversité complémentaire de l’espace régional.

Engagement dans la Renaissance d’Oc

Du Félibrige à l’occitanisme

Dès sa scolarité en École normale (fin des années quarante – début des années cinquante) il manifeste son intérêt pour la langue et la culture provençales, ce qui l’amène à rejoindre le groupe du Calèn de Marsiho, encore affilié au Félibrige et à se lier d’amitié avec le poète marseillais Jòrgi Reboul, Glaudi Barsotti et Lucienne Porte-Marrou, liens qui ne devaient jamais se rompre. Les évolutions sociale, politique, économique et les conservatismes institutionnels l’amènent par la suite à s’engager dans la voie d’un occitanisme toujours tempéré par le souci d’affirmer et de préserver les spécificités de toutes les parties du grand espace d’oc. Il rencontre Robert Lafont, devient un de ses collaborateurs et mène avec lui des réflexions communes en matière économique, d’aménagement du territoire et institutionnelle qui illustrent son engagement et le rôle important qu’il joue dans le nouvel occitanisme des années 60 et suivantes.

Le militant

Son attachement particulier à la Haute-Provence, complémentaire et non oppositionnel à celui de la Basse-Provence, l’amène à soutenir le développement culturel local, illustration contemporaine de la très ancienne dialectique autura-baissa qu’il a toujours aimé à souligner tout au long de sa vie.
C’est à ce titre qu’il s’engage notamment très tôt dans la défense du milieu contre l’implantation des fusées sur le plateau d’Albion, contre le tracé actuel de l’autoroute B 52 (il existe dans les archives de l’INA un reportage des actualités régionales dans lequel il intervient en sa qualité de géographe pour proposer un tracé alternatif1), contre l’extension du camp militaire de Canjuers.
Très sensibilisé à la cause du catalanisme, il soutient sans relâche les activités du cercle catalan de Marseille, présidé par un opposant résolu au régime franquiste, Francesc Panyella, dont il est l’ami. Son intérêt se manifeste également par l’étude de la langue et de la culture catalanes.
Il participera de façon très active à divers travaux et actions qui aboutiront à fédérer au niveau local les forces qui porteront François Mitterrand à la présidence de la République. Selon le site laregionoccitanie.fr il aurait été « la cheville ouvrière » dans l’élaboration de projets de lois en faveur de l’enseignement des langues de France2. Plus tard, son régionalisme convaincu le portera à être un des fondateurs et le premier président du mouvement « Région Provence », organisation militante dont l’objectif statutairement affiché est de « faire entendre la voix de la Provence dans le débat politique » et d’œuvrer pour « une véritable régionalisation ».
Il ne ménage pas non plus son soutien continu au monde associatif.

Le pédagogue, le « géo-historien » et le linguiste

Détenteur d’une somme considérable de connaissances spécialisées et reconnu pour ses compétences d’analyste pointu des réalités régionales, il fait preuve au quotidien de ses qualités pédagogiques dans les trois niveaux d’enseignement institutionnels (primaire, secondaire et supérieur), auxquels il convient d’ajouter sa participation à des sessions de formation continue à destination de fonctionnaires ayant besoin d’un éclairage affiné sur l’histoire et le territoire régionaux et enfin à des interventions et à des conférences dans les cadres institutionnel, associatif ou militant.
Pratiquant une approche globale de la problématique régionale, il  utilise lui-même volontiers le terme de « géo-histoire » pour mieux l’appréhender. Les innombrables notes qu’il a laissées sur feuilles volantes montrent son souci permanent d’approfondissement de la connaissance de la langue et sa réflexion sur les thématiques politique, économique, culturelle, linguistique et environnementale de la région provençale et plus largement sur l’espace occitan.
Il est enfin important de rappeler que sa position vis à vis de la question de la graphie du provençal a été celle de l’ouverture et de la tolérance, reconnaissant le fait qu’il y a deux orthographes historiques de la langue d’oc en Provence, comme cela est rappelé dans la préface de la méthode d’apprentissage du provençal dont il est le co-auteur avec Alain Barthélemy-Vigouroux. En effet, si leur choix se porte sur la graphie classique, tous deux affirment cependant :

« Quoiqu’il en soit, l’importance de la production écrite de tradition mistralienne en basse Provence, qui continue de prouver sa vitalité de nos jours, impose à toute personne qui souhaite s’approprier la pratique du provençal d’être capable de lire couramment l’orthographe qu’elle utilise, et d’en maîtriser les règles fondamentales afin de pouvoir l’écrire, au prix de quelques vérifications de détails. C’est pourquoi notre manuel comporte une initiation solide à l’orthographe mistralienne. »

Activités associatives et politiques

  • Membre du Comité de rédaction du bulletin pédagogique du Centre régional d’études occitanes Provence (CREOP) et rédaction d’articles (années 70)
  • Président d’honneur du CREOP au début des années 2000
  • Membre du comité de rédaction de la revue occitane Viure
  • Président de la Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc (F.E.L.C.O.) dans les années 90
  • Président de l’association de promotion et de diffusion de la chanson provençale Cantar qui a fait connaître le chanteur René Sette
  • Fondateur, président et/ou membre de diverses associations locales et régionales à vocation pédagogique et culturelle ainsi que de défense de l’environnement
  • Adhérent au Parti socialiste à la fin des années 70 et dans les années 80 (jusqu’à une date indéterminée)
  • Co-fondateur et président du mouvement « Région Provence »

Bibliographie de Guy Martin

(non exhaustive, classement par date de parution)

Bibliographie primaire


- MARTIN Guy : Sud ou Occitanie ? Marseille, Lo Calen de Marselha, 1967

- BAYLON Christian, LAFONT Robert, BARSOTTI Claude, MARTIN Guy, POGGIO Yves : Parlam Provençau, version provençale, collection Paraula occitana, Marseille, Lo Calen – GLEP – CREOP, CRDP, 1971 (302 p.)

- Collectif (sous la direction de Robert Lafont) : Le Sud et le Nord, Toulouse, Privat éditeur, 1971 (249 p.) Guy Martin a rédigé le premier chapitre intitulé « Du relief aux hommes » (p. 13 à p. 72)

- MARTIN Guy : Provence au présent, 44 textes d’oc pour les Provençaux d’aujourd’hui, CREP Provence, 1978

- PORTE-MARROU Lucienne, MARTIN Guy (contributeur) : Dançar au païs, Avignon, Institut d’Estudis Occitans Vauclusa-Ventadorn, 1983 (277 p.)

- MARTIN Guy : « Le poète de Marseille, Victor Gelu » (p. 45 à p. 63), in l’ouvrage collectif Victor Gelu Poète de Marseille Marseille au temps de Victor Gelu, Institut d’Études occitanes, Centre Régional d’Études Occitanes de Provence, sans date (1985 ?) (63 p.)

- MARTIN Guy : « Notes sur le parler de Victor Gelu mis en perspective avec l’espace linguistique occitan » (p. 201 à 228) in édition de Nouvè Grané, Centre régional d’études occitanes de Provence, Aix-en-Provence, Université de Provence, 1987 (229 p.) Cette édition du roman de V. Gelu est le fruit du travail collectif d’ « une équipe animée par Gérard Gouiran, composée d’Alain Barthélemy, Jean-Yves Casanova et Guy Martin ».

- Association régionale des professeurs d’histoire et de géographie (ouvrage collectif) : Le Territoire régional Provence, Alpes, Côte d’Azur, Aix-en-Provence, Région Provence Alpes Côte d’Azur – Université d’Aix-Marseille – Institut de géographie, 1992 (168 p.)

- LÈBRE Élie, MARTIN Guy, MOULIN Bernard : Dictionnaire de base français-provençal, Centre regionau d’Estudis occitans Provença, 1992 (432 p.)

- BARTHÉLEMY-VIGOUROUX Alain, MARTIN Guy : Comment écrire le provençal en orthographe classique (brochure), AELOC (snl, sd, vers 1995), 24 p.

- MARTIN Guy, MOULIN Bernard : Grammaire provençale et cartes linguistiques, Aix-en-Provence, Comitat sestian d’Estudis occitans, CREO Provença, 1998 (192 p.)

- MARTIN Guy : « Pratiques et modèles alimentaires en Haute et Basse Provence, 1 – Des origines à la consécration » in revue Le patrimoine de Vachères, publiée par l’association éponyme, n° 15, décembre 1998, 36 p.

- MARTIN Guy : « Pratiques et modèles alimentaires en Haute et Basse Provence, 2 – Une cuisine de la diversité, de l’équilibre et du goût » in revue Le patrimoine de Vachères, publiée par l’association éponyme, n° 16, juillet 1999, 44 p.

- BARTHÉLEMY-VIGOUROUX Alain, MARTIN Guy : Manuel pratique de provençal contemporain Parler, lire et écrire le provençal d’aujourd’hui, Aix-en-Provence, Edisud, 2000 (447 p. + 1 CD). (Deuxième édition : 2007 Troisième édition : 2017)

- FETTUCIARI Jòrgi, MARTIN Guiu, PIETRI Jaume : Dictionnaire provençal-français Diccionari provençau-francés, L’Escomessa, CREO Provença, Aix-en-Provence, Diffusion Edisud, 2003 (571 p.)

Traductions en occitan-provençal

(classement par date de parution)


- LERAUT Patrice J. A., Liste systématique et synonymique des lépidoptères de France, Belgique et Corse (2e édition), supplément à Alexanov, 45, rue Buffon, Paris (5e), 1997 (526 p.) : traduction en oc-provençal du résumé de Patrice Léraut relatif aux lépidoptères recensés en Provence, avec carte (p. 385)

- BELLAGAMBA : Dins mon païs, Orange, Grandir, 1999 (20 p.) (adaptation pour la jeunesse)

- BÉRENGUIER Victor : Balthazar, l’âne testard, Saint-Martin de la Brasque, le Lutin malin, 2003 (95 p.) (adaptation pour la jeunesse)

Enregistrements

- Lectures occitanes, Avignon, Instituts d’études occitanes, 1975 (disque 33 t., 30 cm, en collaboration avec Pierre Bec et Joseph Migot)

Bibliographie secondaire

- FOURIÉ Jean, Dictionnaire des auteurs de langue d’Oc de 1800 à nos jours, Aix-en-Provence, Felibrige Edicioun, 2009 (371 p.)

- site data.bnf.fr/guy martin


1. Émission La France défigurée du 22 juillet 73, consultable sur le site de l’I.N.A. : https://www.ina.fr/video/CAF93027867/autoroute-b52-aubagne-toulon-video.html de 00:06:50 à 00:07:45

2. Rubrique « Biographie des personnes qui ont marqué (ou marquent) l’histoire de l’Occitanie »

3. Documents remis au Cep d’oc, Ostau de Provença, à Aix-en-Provence mais non encore inventoriés

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Né à Fontenay-sous-Bois, écrivain, journaliste, républicain, communard puis proche de certains socialistes, félibre co-fondateur de La Lauseta, Majoral de la maintenance du Languedoc, Cigale de Cleira ou de l’Orb, mort à Marseille en 1911.


Identité

Formes référentielles :

Louis-Xavier de Ricard


Autres formes du nom :

Loís-Savièr de Ricar, Xavier de Ricard


Appartenances

« Homme de Lettres » ; écrivain, traducteur et journaliste, franc-maçon de la loge des Émules d’Hiram ; rédacteur en chef de la Revue du Progrès ; co-fondateur avec Catulle-Mendès du mouvement poétique français Le Parnasse Contemporain ; participant actif à la Commune de Paris; mantenèire du Felibrige à partir de 1876, (il en devient) majoral en 1888 ; co-fondateur de l’association La Cigale de París ; créateur de La Lauseta avec Auguste Fourès et Lydie Wilson de Ricard; fondateur du journal La Commune Libre ; candidat aux législatives sous l’étiquette socialiste, fédéraliste, membre de La Ligue Républicaine du Midi ; créateur de l’Alouette- l’Alliance Latine, Président d’honneur de la Fédération régionaliste de France ; conservateur du château d’Azay-le-Rideau …


Éléments biographiques

Louis-Xavier de Ricard est né le 26 janvier 1843 à Fontenay-sous-Bois de Joseph Barthélémy, 55 ans, colonel d’infanterie – lui-même né à Cette (Sète) en 1787, mort à Paris en 1867 – et d’Eugénie Françoise Éléonore Pauthier, 21 ans, sans profession. Il s’agit du deuxième mariage de son père, celui-ci avait épousé en premières noces Claire Asténie de Perpigna dont il a eu une fille née à La Martinique en 1822, décédée à Azay-le -Rideau en 1908.

En lutte contre l'Empire

Très jeune, à 14 ans, Louis-Xavier de Ricard a été reçu dans la loge maçonnique des Émules d’Hiram dont Alexandre Massol (Béziers 1803-1875), disciple du père Enfantin et des Saint- Simoniens, était le vénérable. Cette loge était « l’atelier le plus laborieux de propagande contre les institutions impériales 1» ce qui a permis à Ricard d’entrer en contact avec les différents groupes républicains et socialistes sous l’Empire. Fils dun marquis, général de Napoléon et aide de camp du prince Jérôme Bonaparte, Louis-Xavier a tiré un bon numéro lors du recrutement et a été exempté du service militaire.

En 1860 Ricard publie À Melle Léontine Huguet, 16 p., Paris, Imprimerie Jouaust. En 1862 – il n’a pas vingt ans – il publie, toujours à Paris, son premier livre axé sur la littérature Les Chants de l’Aube, chez Poulet-Malassis. Il s’engage en politique avec un fascicule La résurrection de la Pologne (Paris, Marpon 16 pages), et surtout, à partir de mars 1863, avec la création de La Revue du Progrès dont Alphonse Racot est le gestionnaire, L-X de Ricard n’étant pas majeur. Cette revue s’annonce franchement « rationaliste ». Dans sa réponse à G. Véran de la Revue Indépendante, philosophie histoire, sciences, littérature et beaux-arts, proche de Monseigneur Dupanloup, évêque dOrléans et homme politique, L-X de Ricard est plus précis sur les idées de la revue : « Nous autres matérialistes, panthéistes, athées ». On y trouve sous la signature de Pablo, Paul Verlaine qui y dédie à Ricard le poème « Les vaincus », qui sera repris dans son recueil Jadis et naguère (Paris, Vanier 1884). Ricard y publie une lettre de lhistorien philosophe Edgard Quinet alors en exil en Suisse. La Revue est saisie en mars 1864 pour « outrage à la morale religieuse et publication darticles traitant de politique économique et sociale sans autorisation. » Lors du procès qui en découle, Louis-Xavier de Ricard est défendu par Léon Gambetta et Clément Laurier, le secrétaire de Crémieux. Gambetta qui commençait à se faire connaître fait un plaidoyer contre lEmpire à la demande de Ricard. Celui-ci écope de trois mois de prison et dune amende. Incarcéré à Ste Pélagie en octobre 1864, il y côtoie Charles Longuet, Raoul Rigaut, Gustave Flourens… futurs acteurs de la Commune de Paris.

Création du mouvement Le Parnasse contemporain

En 1865 Louis-Xavier de Ricard dirige l’hebdomadaire L’Art chez Lemerre, éditeur du passage Choiseul à Paris ; le premier livre publié par cet éditeur est le deuxième ouvrage de Louis-Xavier de Ricard : Ciel Rue et Foyer. Le premier numéro du Parnasse Contemporain, co-fondé par Ricard et Catulle Mendès, paraît l’année suivante chez le même éditeur. Les poètes du Parnasse, Gautier, Leconte de Lisle, Banville, José-Maria de Heredia, Coppée, Baudelaire, Sully Prudhomme, Verlaine, Valade, Mallarmé, fréquentaient le salon littéraire de sa mère, la Générale de Ricard. Dans la controverse sur la centralisation révolutionnaire menée par Quinet contre les « néo-jacobins », il suit Quinet, le véritable inspirateur de son fédéralisme ultérieur. En 1867, ce dernier participe à la Gazette Rimée de Luzarche où se trouvent également Verlaine et Emmanuel des Essarts qui est plus tard publié dans la Lauseta.

Contre la guerre et avec la Commune de Paris

En 1870 de Ricard participe au Catéchisme Populaire Républicain, toujours chez Lemerre, avant de créer Le Patriote Français dont les trois numéros (7, 11 et 25 Juillet) se positionnent contre la guerre, ce qui l’oblige à un premier exil en Suisse.

Il en revient après la défaite de Sedan et la proclamation de la République s’engageant dans le 69e bataillon de la garde nationale, commandé par Blanqui puis dans les mobiles de la Seine. Fidèle à ses idées il participe à La Commune de Paris avec son ami Charles Longuet. Il publie deux articles signés de son nom dans le Journal Officiel : « Une révolution populaire » (7 avril) et « Tradition unitaire » (24 avril).

Il est avec son autre ami Maillé, sous-délégué au Muséum du Jardin des plantes. Plusieurs auteurs d’articles parus après son décès rapportent qu’il aurait témoigné devoir la vie sauve pendant la semaine sanglante au général chargé de le faire fusiller, qui se serait révélé être un ami de son père : par amitié pour ce dernier, et bien qu’opposé aux idées du fils il l’aurait laissé s’enfuir. Il s’exile une nouvelle fois en Suisse à Vevey. Il rentre début 1872, aidé par Edgard Quinet, le philosophe et historien avec qui il était en relation depuis La Revue du Progrès.

C’est à ce moment que les sentiments d’amitié d’enfance qui l’unissaient à Lydie Wilson se transforment et aboutissent au mariage civil à Authouillet en Août 1873. Le couple « s’apatrie » dans la région de Montpellier en 1874, habitant successivement dans un quartier proche de celui de Figuerolles, puis au Mas du Diable à Castelnau-le-Lez, et enfin au plan des Quatre Seigneurs, à Montpellier, d’abord au Mas de la Lauseta, puis au Mas d’Encombe ; Ricard partage son temps entre Montpellier et Paris. Deux deuils le frappent, celui de la sœur de Lydie, Jeanne, en 1877 et celui de sa femme Lydie, morte à Paris en 1880 et enterrée civilement à Montpellier près de sa sœur.

En politique, de Ricard est soutenu par la tendance socialiste « possibiliste » du Montpelliérain Paul Brousse, très proche des radicaux. En janvier 1881, à Montpellier, lors des élections municipales, tête de liste radicale soutenu par les broussistes, il obtient plus de 2 000 voix. Cest alors quil publie de nombreux articles dans le quotidien républicain de Montpellier Le Petit Éclaireur, puis devient en septembre rédacteur en chef du Midi Républicain. Il est en tête de la liste radicale, comme socialiste, aux élections législatives de la seconde circonscription de Montpellier et obtient la seconde place devant le candidat républicain et le candidat légitimiste. Il joue aussi un rôle important dans la fondation des chambres syndicales de Montpellier. Au même moment, L-X de Ricard poursuit l’écriture de romans et de pièces de théâtre en français : Thédaire Pradon La Conversion dune Bourgeoise, roman publié à Paris chez Fischbacher et La Catalane pièce jouée à Montpellier et ailleurs en 1894. Il traduit aussi de l’Italien Labrégé de lHistoire universelle de César Cantú et de l’espagnol Les Nationalités, du catalan Py i Margall, élu président de la république en janvier 1873.

En Amérique Latine

En 1882 il part pour l’Amérique latine, d’abord en Argentine, puis au Paraguay enfin au Brésil. Il se remarie avec Louise Kirchner, une Champenoise. Malgré sa présence au-delà de l’océan, aux élections législatives de 1885, il figure encore sur une « liste radicale-socialiste de protestation » qui n’obtient pas les résultats espérés. Pendant ce séjour en Amérique Latine dont il revient en 1886, tout en cultivant tout d’abord quelques hectares de terre pour gagner sa vie, il participe à divers journaux dont L’Union Française, le Rio Paraguay et le Sud Américain. Ses articles politiques sont porteurs de ses idées fédéralistes et socialistes et en ce qui concerne le Brésil il relaie une campagne contre l’esclavage qui continuait alors à sévir dans ce pays. De retour en France il publie par exemple dans Le Journal des Voyages (Paris) du 22 août 1886 un article intitulé « Les esclaves au Brésil ». Ce séjour nous est connu par ses articles et par les lettres échangées avec Auguste Fourès.

Retour en France et séjours à Barcelone et Java

Avec son épouse ils rentrent en France et ont un fils né à Montpellier en 1896. Entre temps en 1887 il occupe à Barcelone les fonctions de secrétaire de la section française de l’Université.

En 1890 le ministère des Colonies lui confie une mission à Java où il reste un an. Il séjourne ensuite un an à Paris.

Dès lors, de Ricard se consacre essentiellement à son activité de journaliste, créant et dirigeant des journaux et revues souvent éphémères, tel Le Languedoc à Montpellier en 1886. Il écrit dans La Dépêche de Toulouse, et en 1896 il est responsable de son édition de Montpellier. Le recensement des journaux dans lesquels il a publié des articles – parfois les mêmes comme souvent à l’époque – est encore à compléter, et s’avère compliqué tant ils sont nombreux. En 1902, toujours très attaché à l’Amérique latine, il traduit Les fils du Soleil de José de Alencar. De 1901 à 1903 sa signature est présente dans La Nouvelle Revue, Le Mouvement Catalaniste, Le Panlatinisme, La Renaissance Latine, La Revue Contemporaine, Le Monde moderne, La Revue des revues, Le Mouvement latin…

Dans les années 1901-1903, il tient une rubrique dans le supplément littéraire du Figaro intitulée « La Province ».

Une fin de vie dans la pauvreté

Cependant son travail de journaliste ne lui permet pas d’être à l’abri du besoin et en 1908 il réussit à être nommé conservateur du château d’Azay-le-Rideau récemment acquis par l’Etat. Il y enménage avec femme, enfant et demi-sœur, mais ne peut y rester.

Il finit sa vie malade et pauvre, accueilli sur la côte d’azur avec son fils et bénéficiant d’une souscription des lecteurs du Figaro et l’aide de Christian de Villeneuve-Esclapon (ils se connaissaient au moins depuis les Fêtes Latines de Montpellier en 1878).

Il voulait rentrer à Montpellier pour être enterré aux côtés de sa première femme Lydie, mais ses amis félibres le firent descendre du train où il voyageait avec son fils, pour l’amener à l’hôpital ; il y meurt le 2 Juillet et est enterré dans le carré des indigents.

Un cénotaphe est érigé en 1932 au Saint Lazare de Montpellier (Architecte Marcel Bernard, sculpteur Louis Guigue) et remis par le Félibrige à la municipalité. En 1998 les restes de Lydie et de Jeanne Wilson sont transférés auprès du monument grâce à l’association des amis de Lydie et Louis-Xavier en présence d’élus, de membres du Félibrige et de l’IEO.

Dans tous les actes officiels que nous avons pu consulter Louis-Xavier de Ricard signait : « Homme de Lettres. »



1 Ricard, L-X, 1891, Autour de Bonaparte, Paris, Savine, p 54.


Engagements dans la renaissance d'oc

À Paris dans sa jeunesse

Dans son premier livre en français Les Chants de l’Aube, Ricard place deux épigraphes en occitan, une de Jasmin, Françounetto, et une de Mirèio de Mistral . Dans une note, Ricard qualifie Mistral d’« homme de génie » et parle des « poètes qui ont le courage de parler comme on parle chez eux ». Il suit cependant son ami Eugène Garcin et ses théories sur l’épuisement de la race latine dans sa critique du livre de ce dernier Français du Nord et Français du Midi en 1868, mais ceci constitue un tournant qui le conduit à nouveau à la langue du Midi.

À Montpellier et Paris avec le Félibrige, La Cigala, La Lauseta

À son arrivée à Montpellier il est impossible à Louis-Xavier de Ricard d’écrire dans la presse des articles politiques, la loi du 14 mars 1872 interdisant en effet de publier des textes « visant à changer l’état de la société ». Il est également menacé pour sa participation à la Commune de Paris : l’amnistie n’interviendra qu’en 1880. Il collabore à La République du Midi avec des articles sur le Parnasse et sur le Félibrige (Novembre 1874-Février 1876). Il correspond avec Mistral qu’il admire comme poète mais auquel il s’oppose du point de vue des idées.

Au début de son séjour montpelliérain il écrit l’essai Le Fédéralisme, édité seulement en janvier 1876 chez Fischbacher à Paris. En novembre 1875 il participe, tout comme Auguste Fourès – mais ils ne se connaissent pas encore – à la création du Félibrige languedocien à Montpellier. Fourès entre en contact avec Ricard en lui envoyant son premier recueil en occitan, La Croux del Grand Aigat, en janvier 1876. C’est le début de leur amitié. Au même moment débute sa correspondance avec le pasteur Napoléon Peyrat auteur en 1870 de lHistoire des Albigeois, qui vit à Saint Germain en Laye. Cette Histoire a eu une très grande influence sur le groupe qui se déclare à partir de là « Albigéiste ».

À Paris en janvier 1875 Ricard fonde l’association « La Cigale » avec Lydie Wilson de Ricard, Maurice Faure, le futur ministre, et le peintre Eugène Baudouin, né à Montpellier. Le couple Ricard-Wilson participe en mai 1876 avec Fourès à la Sainte Estelle d’Avignon où le Félibrige se dote de nouveaux statuts centrés sur la défense de la langue et de la culture du Midi, et adhèrent à lassociation fondée à Fontségugne. À partir de là, ils créent l’almanach des félibres républicains La Lauseta dont le premier numéro parait en 1877. Il regroupe les félibres républicains languedociens et des Provençaux qui ne voulaient pas ou ne pouvaient pas être publiés dans lArmana Prouvençau de Mistral et du félibre blanc Roumanille, ainsi que des Catalans et des auteurs de toutes les langues latines. Fourès baptise Lydie « Na Dulciorella » (Madame Toute douceur) en Félibrige et tous trois sont à Paris en décembre 1877 pour assister en janvier suivant à l’assemblée de La Cigale et à la présentation du Fédéralisme chez Fischbacher. Ils en profitent pour rendre visite à Napoléon Peyrat à Saint-Germain (Ricard l’avait déjà rencontré en janvier 1876). De retour, les Ricard-Wilson participent à la felibrejado de Montpellier présidée par Mistral le 25 mars, précédée par la réunion de la Société des Langues Romanes et suivie de l’assemblée de la ligue républicaine du Midi. Mistral rend visite au couple dans sa nouvelle maison le Mas de la Lauseta au plan des Quatre Seigneurs à Montpellier, (ils avaient quitté Castelnau-le -Lez et le Mas du Diable en novembre 1875). En mai 1877 le groupe qui s’appellera plus tard « les félibres rouges », et la soeur de Lydie, Jeanne Wilson, participe à la Sainte Estelle d’Avignon. Le 2 novembre, Jeanne, l’amie, l’albeta, l’inspiratrice du poète Fourès, peintre, meurt et est enterrée civilement.

Après la parution en janvier de La Lauseta 1878, les trois félibres fondateurs lui préparent un supplément, L’Alliance Latine, qui parait en juin avec une anthologie poétique, puis en septembre. Les fêtes latines de Montpellier à l’initiative de la Société des langues romanes (26 et 27 mai) sont présidées par Mistral et en parallèle les félibres de La Lauseta organisent une assemblée dans une salle du café de la Paix dans le quartier de Figuerolles, sous la présidence d’honneur de Victor Hugo. Des sociétés l’Alliance Latine se développent à Paris, Toulouse…

Le groupe fait paraitre le Banquet de lAlouette, recueil des discours et textes envoyés à l’assemblée. Cette société fédéraliste avait pour objet de développer « la culture des sciences et des lettres. »

Le troisième et dernier numéro de cette série de La Lauseta paraît en 1879, un autre parait en 1885 à la demande de Louis-Xavier de Ricard [qui est en Amérique latine] à Fourès qui en a la responsabilité.

Le 13 Février 1879 Louis-Xavier de Ricard lance le bihebdomadaire Fédéraliste La Commune Libre auquel participent Ernest Jourdan (1843-1898) délégué ouvrier au congrès socialiste de Marseille et secrétaire de rédaction du journal et Ernest Ferroul, futur maire de Narbonne. Les numéros parus avec certitude sont au nombre de quatre : 13 et 27 février, l6 mars et 29 mai. Ils prennent position pour les droits des femmes. L-X de Ricard y soutient Mistral accusé de séparatisme par la presse parisienne.

En 1880 parait à Paris la volume de poésie La Cigale de la société éponyme chez Fischbacher. Lydie Wilson de Ricard meurt à Paris chez sa mère le 16 septembre. Elle est enterrée civilement à Montpellier au cimetière Saint Lazare. Les hommages lui sont rendus par Ernest Jourdan et Antide Boyer de Marseille.

Hommage à Fourès et à Lydie Wilson de Ricard

De retour d’Amérique Ricard fonde l’hebdomadaire Le Languedoc en 1886, puis est rédacteur au Petit Méridional. En 1888 il rend hommage à son ami sous le titre Un poète national Auguste Fourès (Paris, Savine). Il vient d’être élu au consistoire du félibrige, maintenance du Languedoc comme majoral avec la cigale de Cleira ou de l’Orb dont Gabriel Azaïs a été le premier titulaire. Fourès meurt en 1891, année où Ricard publie les oeuvres de sa femme Lydie : Aux Bords du Lez (Lemerre, París), précédées d’une introduction qui contient une courte biographie et explique la formation de ce qui sera appelé plus tard le Félibrige rouge. Il publie aussi Autour des Bonaparte (Paris, Savine, 1891), fragments des mémoires de son père le général de Ricard, où il conte dans le premier chapitre son contact avec la langue de Mistral.

En 1892 il est à Toulouse où il est l’un des fondateurs de l’Escolo Mondino, dont il est un temps président. Il revient ensuite à Montpellier où il demeure 5 ans. En 1893 il publie un essai politique, L’esprit politique de la réforme (Paris, Fischbacher), où il essaie de démontrer qu’il y a un protestantisme bourgeois et conservateur au nord, dans la lignée de Calvin, alors que le protestantisme méridional est populaire, progressiste et fédéraliste, car l’homme du midi est par essence ethnique ami de la liberté…

Partout il fait campagne pour l’idée fédéraliste, et à l’intérieur même du Félibrige ; ainsi en 1892 il signe le manifeste des jeunes félibres aux côtés de Charles Maurras et Frédéric Amourreti, deux Provençaux de tendance monarchiste. L-X soutient ce manifeste avec ses amis félibres rouges Jourdanne, Perbosc et Estieu, avant de prendre ses distances quand il comprend le tropisme de droite des amis de Maurras.

Hommage en 1932 à Montpellier

La maintenance du Languedoc dont il était majoral lui rend hommage en 1932 avec l’inauguration d’un cénotaphe au cimetière Saint Lazare en 1932. Un recueil édité pour l’occasion contient un texte de Charles Brun et les discours de Pierre Azéma, majoral du Félibrige, et sendic de la Mantenance du Languedoc, du maire de Montpellier Benjamin Milhaud, de Jean Fournel, Majoral du Felibrige et président du Parage de Montpellier et de R Chapoullié, inspecteur général des Arts appliqués.

 

Sources


  • BLIN-MIOCH, Rose, 2010, Édition critique de la correspondance de Lydie Wilson de Ricard (1850-1880), Thèse sous la direction de Ph. Martel, Univ Paul Valéry Montpellier III, occitan ED 58.
  • BLIN-MIOCH, Rose, 2011, « Les « Communes idées » de Louis-Xavier de Ricard et Lydie Wilson de Ricard à leur arrivée à Montpellier », Études Héraultaises, n° 41, p 139-146
  • BLIN-MIOCH, Rose, 2016, « Louis-Xavier de Ricard et son « Maître » Edgard Quinet », Murphy, Steve dirt, Le chemin des correspondances et le champ poétique, À la mémoire de Michael Pakenham, Paris Classiques Garnier, p 127-139.
  • BLIN-MIOCH, Rose, 2012, « Louis-Xavier de Ricard en 1868 et sa critique des Français du Nord et du Midi d’Eugène Garcin : une hésitation sur la route vers la cause de l’occitan ? », Lengas, 71, 2-12, Montpellier, PULM, p. 119-155. https://journals.openedition.org/lengas/368
    • CARBASSE,Jean-Marie, 1977, Louis-Xavier de Ricard, Félibre rouge, s. 1., Ed. Mireille Lacave, Montpellier.
    • CLERGUET, Fernand, « Louis-Xavier de Ricard », La Revue Littéraire de Paris et de Champagne, Juillet 1905 sur Bnf. Gallica.
    • CLERGUET, Fernand, « L-X de Ricard, « Maguelone Détruite », La Revue Littéraire de Paris et de Champagne, janvier et juin 1906
    • LAFONT, Robert et ANATOLE, Christian, 1970, Nouvelle histoire de la littérature occitan, PUF, 1970, t. 2, p. 670-671.
    • MARTEL, Philippe, 2010, Les félibres et leur temps, renaissance d'oc et opinion 1850-1914, Bordeaux, PUB, pp. 490-525.
    • MOULIN, Stéphane, 2011, L-X de Ricard Socialiste et félibre, Arts et traditions rurales, Montpellier. 1.
    • MORTELETTE, Yann, 2005, Histoire du Parnasse, Paris, Fayard.
    • PAKENHAM, M, éd, 1967, Introductions et commentaires, Ricard, Louis-Xavier de, Petits Mémoires d'un Parnassien, et Adolphe Racot, Les Parnassiens, Aux Lettres modernes, collection avant-siècle, Paris, Minard, 214 p.
    • PEYRONNAT, Georges, 1997, Un fédéraliste méridional du XIXe siècle, Louis-Xavier de Ricard (1843-1911), Nîmes Lacour.
    • RICARD, I Lydie de, 1891, Aux Bords du Lez, Préface L-X de Ricard, Lemerre, réédition avec présentation J-C Richard, Nîmes Lacour Revivia 1995
    • Ricard, Général de, 1891, Autour de Bonaparte, Fragments de Mémoires publiés par L-Xavier de Ricard, Savine, Paris.
    • SAGNES, Jean, fiche Maitron sur L.X de Ricard : Arch. Dép. Hérault : 15 M 34, 35 et 38. LUnion républicaine, août 1881 et septembre 1885.
    • SALADIN, F, Les élections législatives dans lHérault de 1881 à 1885 Montpellier-DES-1965.
    • SALVAT, Joseph, La Vie tourmentée de L.-X. de Ricard (1843-1911), Toulouse, 1943.
    • En Memoria de Louvis-Savié de Ricard (1843-1911). Montpellier, Mari- Lavit, 1932, 56 p. [recueille les discours de Pierre Azéma, Benjamin Milhaud, Jean Fournel et René Chapoullié].
    • [recueille les discours de Pierre Azéma, Benjamin Milhaud, Jean Fournel et René Chapoullié].

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    Nascut en 1943 a Fontenay-sous-Bois, escriveire, jornalista, respublican, comunard, puèi socialista, felibre fondator de La Lauseta, Majoral de la mantenéncia de Lengadòc, Cigala de Cleira o de l’Òrb, defuntèt a Marselha en 1911.


    Identitat 


    Formas referencialas 


    Louis-Xavier de Ricard


    Autras formas conegudas

    Loís-Savièr de Ricard ; Xavier de Ricard



    Apartenéncias

    « Homme de Lettres »; escriveire, traductor e jornalista, franc-maçon de lòtja maçonica dels Émules d’Hiram; cap-redactor de la Revista Revue du Progrès ; Co-fondador amb Catulle-Mendès del moviment poetíc francés Le Parnasse Contemporain ; Comunard de la Comuna de París ; sòci del Felibritge a partir de 1876 ne serà majoral en 1888 ; co-fondator de l’associacion La Cigale de París ; creator de La Lauseta amb Forès e Lidia Wilson de Ricard; del jornal La Commune Libre ; socialista, federalista, sòci de La Ligue Républicaine du Midi;; creator de l’Alouette-l’Alliance Latine, President d’onor de la Fédération régionaliste de France ; conservator del castel d’Azay-le-Rideau …



    Elements biografics

    Loís-Savièr de Ricard nais lo 26 de genièr de 1843 a Fontenay-sous-Bois de Joseph Barthélémy, 55 ans, coronèl dinfanteriánascut a Cette (Sèta) en 1787, mòrt a París en 1867 – e de Eugénie Françoise Éléonore Pauthier, 21 ans sensa profession. Es lo second maridatge de son paire qu’aviá en primièras nòças esposat Claire Asténie de Perpigna. Amb ela a agut una filha nascuda a la Martinica en 1822 e defuntada a Azay-le Rideau en 1908.

    En lucha contra l'Empèri

    Plan jove, a 14 ans, Loís-Savièr de Ricard es recebut dins la lòtja maçonica dels Émules d’Hiram que Alexandre Massol (Bezièrs 1803-1875), discípol del paire Enfantin e dels Sant-Simonians n’es lo venerable. "Aquela lòtja es lo talhièr mai valent de propaganda contra las institucions imperialas"1, que permeton a Ricard d’èsser en contacte amb los grops diferents de republicans e socialistas jos l’Empèri. Filh de marqués, general de Napoleon e ajuda de camp del prince Jérôme Bonaparte, Loís-Savièr tira lo bon numerò al temps de la conscripcion e es exemptat del servici militar.

    En 1860 Ricard, publica À Melle Léontine Huguet, 16 p., Imprimerie Jouaust. En 1862, a pas encara 20 ans, publica a París son primièr libre consacrat a la literatura Les Chants de l’Aube, en cò de Poulet-Malassis. S’engatja en politica amb un fascicle titolat La résurrection de la Pologne (Paris, Marpon, 16 pages) e subretot a partir de març de 1863 amb la creacion de la Revue du Progrès que ne pòt pas èsser lo gestionari, estent qu’es pas major. Es donc Alphonse Racot que ne pren la carga. La revista es anonciada coma « rationaliste ». Dins una responsa a G. Véran de la Revue Indépendante, philosophie histoire, sciences, littérature et beaux-arts, revista ligada a Monsénher Dupanloup, avèsque d’Orleans e òme politic, L-S de Ricard es mai precís sus las ideas dels redactors : « Nous autres matérialistes, panthéistes, athées ». [nosautres materialistas, panteistas e ateus]. Jos la signatura de Pablo se tròba Paul Verlaine qua escrich per Loís-Savièr « Les vaincus » [los vencuts], poèma que tornarà estampar dins una version diferenta dins son recuelh Jadis et naguère (Paris, Vanier 1884). Ricard i publica tanben una letra de l’istorian filosòf Edgard Quinet, en exili en Soïssa. La revista es sasida en març de 1864 jol motiu d’« outrage à la morale religieuse et publication d’articles traitant de politique économique et sociale sans autorisation ». Del temps del procès que seguís, Loís-Savièr de Ricard es defendut per Léon Gambetta e Clément Laurier, lo secretari de Crémieux. Gambetta, que comença d’èsser conegut, fai una plaidejariá contra l’Empèri coma li a demandat Loís-Savièr de Ricard. Aqueste es punit d’una multa e de tres meses de carcel. Dintra a Stelagie en octòbre de 1864, i costeja Charles Longuet, Raoul Rigaut, Gustave Flourens… futurs actors de la Comuna de Paris.

    1 Ricard, L-X, 1891, Autour de Bonaparte, Paris, Savine, p 54.

    Creacion del moviment Le Parnasse contemporain

    En 1865 Loís-Savièr de Ricard baileja lo setmanièr L’Art en cò de Lemerre. Lo primièr libre publicat per l’editor del passatge Choiseul es lo segond de L-S de Ricard : Ciel Rue et Foyer. Lo primièr numerò del Parnasse contemporain, co-fondat per Ricard e Catulle Mendès pareis l’annada seguenta en cò del meteis editor. Los poetas del Parnasse, Gautier, Leconte de Lisle, Banville, José-Maria de Hérédia, Coppée, Baudelaire, Sully Prudhomme, Verlaine, Valade, Mallarmé trevan lo salon literari de la maire de L-S, la generala de Ricard. Dins la controvèrsa sus la centralizacion revolucionària menada per Quinet contra los « neo-jacobins », seguís Quinet, lo vertadier inspirator de son federalisme ulterior. En 1867 Ricard participa a la revista de Luzarche, la Gazette Rimée, ont se tròba tanben Verlaine mas tanben Emmanuel des Essarts que serà mai tard un autor de La Lauseta.

    Contra la guerra e amb la Comuna de París

    En 1870 participa al Catéchisme Populaire Républicain, totjorn en cò de Lemerre abans de crear Le Patriote Français que sos tres numeròs (7, 11 et 25 Julhet) se posicionan contra la guerra, çò que l’obliga a un primièr exili en Soïssa. Ne torna aprèp la desfacha de Sedan e la proclamacion de la Republica, s’engatja dins lo batalhon de la garda nacionala comandada per Blanqui puèi dins los mobils de la Seina. Fidèl a sas opinions participa a la Comuna de París amb son amíc Charles Longuet. Publica dos articles dins lo Journal Officiel signats de son nom « Une révolution populaire » (7 avril) et « Tradition unitaire » (24 avril).

    Amb un autre amíc, Maillé, es jos-delegat al Museum du Jardin des plantes. Mantun autor d’articles escriches aprèp sa mòrt dison qu’auriá testimoniat dever sa vida del temps de la Semaine Sanglante al général cargat de lo far fusilhar, que s’èra revelat èsser un amíc de son paire e que malgrat l’oposicion a sas ideas l’auriá daissat fugir per aquesta amistat. S’exila un còp de mai en Soïssa a Vevey. Ne torna a la debuta de 1872, ajudat per Edgard Quinet amb loqual aviá de ligams dempuèi La Revue du Progrès.

    A son retorn de Soïssa, los sentiments d’amistat d’enfança que lo ligavan a Lydie Wilson se càmbian e se celebra lor maridatge civil a Authouillet prèp de Montfort l’Amaury en agost de 1873. Davalan dins la region de Montpellier, van viure dins un barri a costat del barri Figairòla, puèi al Mas del Diable a Castèlnòu de Les, enfin a partir de 1975, al plan dels quatre Sénhers à Montpelhièr, Mas de la Lauseta puèi al Mas d’Encombe. Ricard partís son temps entre Montpelhièr e París. Dos dòls tustan L-X de Ricard, lo de la sòrre de Lidia, Jeanne Wilson en 1877 a Montpelhièr e lo de sa femna Lidia mòrta dins la capitala en 1880, qu’es estada enterrada a Montpelhièr prèp de sa sòrre Jeanne.

    Politicament Ricard èra sostengut per la tendéncia socialista « possibilista » del Montpelhierenc Paul Brousse, pròchi dels radicals. En 1881 se presenta a las eleccions municipalas a Montpelhier e obten mai de 2000 voses. Es lo cap de lista radicala a las eleccions legislativas de la segonda circonscripcion de Montpellièr coma candidat sostengut per los socialistas e obten la segonda plaça dabans lo republican e lo legitimista. Publica un molon darticles sus Le Petit éclaireur, puèi ven en setembre cap-redactor del Midi Républicain. Jòga tanben un ròtle dins la fondacion de las cambras sindicalas. Paralelament, Loís-Savièr de Ricard contunha d’escriure de romans e de peças de teatre en francés : Thédaire Pradon, La Conversion d’une Bourgeoise, roman publicat a París chez Fischbacher e La Catalane peça jogada a Montpelhièr e endacòm mai en 1894, per exemple. Revira tanben de l’italian L’abrégé de l’Histoire universelle de César Cantú e de l’espanhòl Les Nationalités, del catalan Py i Margall, elegit president de la Republica en genièr de 1873.

    En America Latina

    Partís en 1882 en America latina, den premier en Argentina, puèi al Paraguay, enfin al Brasil. Se torna maridar amb Louise Kirchner, una femna champanhesa. Se presenta encara a deleccions legislativas del temps ques al Brasil en 1885. Sus una lista « radical-socialiste de protestation » que capita pas.

    Del temps qu’es en America Latina, cultiva qualques ectaras per s’avidar e participa a de jornals coma L’Union Française, lo Rio Paraguay e lo Sud Américain, de còps coma director. Sos articles politics son portaires de sas ideas federalistas e socialistas e per çò que concernís Brasil relaian una campanha contra l’esclavatge que contunhava de far de mal dins aqueste país. De retorn en França publica dins Le Journal des Voyages (París) del 22 d’agost de 1886 un article titolat « Les esclaves au Brésil ». Son sejorn nos es conegut mercé a sos articles e a las letras mandadas a son amic August Forés.

    Retorn en França amb de sejorns a Barcelona e Java

    Tornan amb son esposa en França en 1886 e an un filh que nais a Montpelhièr en 1896. Entretemps en 1887 a la fin de l’annada ocupa a Barcelona las foncions de secretari de la secion francesa de l’Universitat. En 1890 Lo ministèri de las Colonias li fisa una mission a Java ont demòra una annada. Sejorna puèi un an a París.

    Se consacra al jornalisme, crèa e baileja de jornals e revistas mai d’un còp efemèrs, escriu dins La Dépêche de Toulouse que n’es lo responsable de l’edicion de Montpelhièr. Lo recensament dels jornals ont publica d’articles – de còps los meteisses coma èra frequent d’aquel temps – es encara de completar e s’avera complicat en causa de lor nombre. De 1901 a 1903 sa signatura es presenta dins La Nouvelle Revue, Le Mouvement Catalaniste, Le Panlatinisme, La Renaissance Latine, La Revue Contemporaine, Le Monde moderne, La Revue des revues, Le Mouvement latin…

    En 1902, totjorn fòrça ligat a l’America latina, revira Les fils du Soleil de José de Alencar.

    Dins las annadas 1901- 1903 Ricard ten una rubrica dins lo suplement literari del Figaro que se sonava « La Province ».

    Una fin de vida dins la pauretat

    Pasmens son trabalh de jornalista li permet pas de se preservar del besonh e en 1908 capita de se far nomenar conservator del castel d’Azay-le-Rideau que l’Estat veniá de crompar. S’i installa amb femna, enfant e sòrre, mas i pòt pas demorar.

    Ricard acaba sa vida malaut e paure sus la Còsta d’Azur a Bandòl amb son filh, mercé a una soscripcion dels legeires del Figaro e l’ajuda de Christian de Villeneuve -Esclapon (se conoissián despuèi au mens lo temps de las Festas latinas de 1878).

    Voliá anar en tren fins a Montpelhier per jaire a costat de Lidia, mas sos amícs felibres lo fan davalar a Marselha per lo menar a l’espital. Tròp tard, ailàs, morís lo 2 de Julhet de 1911 e es enterrat dins lo canton dels paures al cementèri.

    Un cenotafi es arborat en 1932 al cementari San Làzer a Montpelhièr en sa memòria (Arquitècte Marcel Bernard, escalpraire Louis Guigue) e remés pel Eelibritge al municipi. En 1998 las sòbras de Lidia e de Jeanne Wilson son mudadas al prèp del monument per la societat dels amícs de Lidia e Loís-Savièr en preséncia d’elegits del municipi, de membres del Felibritge e de l’IEO.

    Dins totes los actes oficials qu’avèm pogut consultar Loís-Savièr se disiá « Homme de Lettres ».

    Engatjaments dins la renaissença d’òc

    À París dins sa joinessa

    Dins sa joinessa e son primièr Libre Les Chants de l’Aube – en francés –,Ricard fa figurar doas epigrafas en occitan, una de Jansemin, Françounetto, e una de Mirèio de Mistral. Dins una nòta, Ricard qualifica Mistral d’« homme de génie » e parla tanben dels « poètes qui ont le courage de parler comme on parle chez eux ». Seguís pasmens son amíc Eugène Garcin e sas teorias sus l’aganiment de la raça latina dins sa critica sul libre Français du Nord et Français du Midi en 1868, mas aquò constituís una virada que lo torna menar a la lenga del Miègjorn.

    À Montpelhièr e París amb lo Félibrige, La Cigala, La Lauseta ...

    Quand arriba a Montpelhièr Loís-Savièr de Ricard pòt pas escriure dins la premsa d’articles politics que la lei del 14 de març de 1872 enebissiá de publicar de tèxtes « visant à changer l’état de la société ». Es tanben menaçat per la seuna participacion a la Comuna de París que l’amnestia vendrà pas qu’en 1880. Collabòra a La République du Midi amb darticles sus lo Parnasse e sus lo Felibritge (Novembre de 1874-Febrièr de 1876). Correspond tanben amb Mistral que remira coma poeta mas amb loqual s’opausa per çò qu’es de las idèas.

    Tre la debuta del sejorn montpelhierenc escriu l’ensag Le Fédéralisme, editat sonque en genièr de 1877 en cò de Fischbacher a París. Lo 4 de novembre de 1875 participa, coma August Forès mas se coneissián pas encara a la creacion del Felibritge lengadocian a Montpelhièr. Forés dintra en contacte amb Ricard en li mandant son primièr recuelh en occitan, La Croux del Grand Aigat, en genièr de 1876. Es la debuta de lor amistat. Dins lo meteis temps debuta la correspondéncia amb lo pastor Napoleon Peyrat qu’aviá escrich en 1870 l’Histoire des Albigeois e que viviá a Sant German en Laye. Aquela istòria aguèt una influéncia bèla sus lo grop que se declara puèi albigeïsta.

    A París en genièr de 1875 Ricard aviá fondat l’associacion « la Cigale » amb Lidia Wilson de Ricard, Maurici Faure, lo futur ministre, et le pintre Eugèni Baudouin nascut a Montpelhièr. Lo coble Ricard-Wilson participa en mai amb Forés a la Santa-Estela d’Avinhon ont lo Felibritge se dòta d’estatuts novèls centrats sus la defensa de la lenga e de la cultura del Miègjorn, aquò permet lor adesion a l’associacion fondada a Fontsegunha. A partir d’aquí, crean l’almanac dels felibres republicans La Lauseta que son primièr numèro pareis en 1877. Agropa los felibres republicans lengadocians e mai de provençals que volián pas o podián pas èsser publicats dins l’Armanac Prouvençau de Mistral e del felibre blanc Roumanille, e de Catalans puèi d’autors de totas las lengas latinas. Forés bateja Lidia « Na Dulciorella en felibritge » e totes tres se tròban a París en decembre de 1875 per assistir en genièr a l’amassada de la Cigala e a la presentacion del Fédéralisme en cò de Fischbacher. Van veire tanben Napoleon Peyrat a San German (L-S de Ricard l’aviá ja rescontrat en junh de 1876). De retorn a Montpelhièr los Ricard-Wilson i participan a la felibrejada presidida per Mistral lo 25 de març, precedida de la reunion de la Societat de las lengas romanas e seguida de l’amassada de la liga republicana del Miegjorn. Mistral va veire lo coble dins son novel ostal, lo mas de la Lauseta al Plan dels quatre Sénhers a Montpelhièr. En mai de 1877 lo grop, que se sonarà pus tard « los felibres roges », amb la sòrre de Lidia, Jeanne Wilson, participan a la Santa-Estela d’Avinhon. Lo 2 de novembre, Jeanne, l’amiga, l’albeta, l’inspiratritz del poeta Forés, pintra, morís e es mesa al cròs civilament.

    Aprèp la parucion en genièr de La Lauseta 1878, los tres felibres fondators adòban un complement a la revista L’Alliance Latine (que pareis en junh amb una antologia poetica, puèi en setembre). Las Festas latinas de Montpelhièr que la Société des langues romanes n’es a l’iniciativa (26 e 27 de mai) son presididas per Mistral e en parallèl los felibres de La Lauseta organizan una taulejada dins la sala del café de la Paix dins lo barri de Figairòlas, jos la presidéncia d’onor de Victor Hugo. De societats « l’Alliance Latine » se desvelopan a París, Tolosa…

    Lo grop fa paréisser le Banquet de l’Alouette, recuelh de discorses e tèxtes mandats a la taulejada.

    Aquesta societat federalista aviá per tòca de desvelopar « la culture des sciences et des lettres. »

    Lo tresen e darrièr numerò d’aquesta tièra de Lauseta pareis en 1879, un autre pareis en 1885 a la demanda de L-S de Ricard [qu’es en America latina] a Forés que n’a la responsabilitat.

    Lo 13 de febrièr de 1879 es lo lançament de La Commune Libre, bisetmanièr federalista que i participan Ernest Jourdan (1843-1898) delegat obrier e secretari de redaccion del journal et Ernest Ferroul, futur conse de Narbona. Los numeròs pareguts amb certesa son sièis : 13 e 27 de febrièr, 16 de març e 29 de Mai. Prenon posicion per los dreches de las femnas. L-S de Ricard sosten Mistral accusat de separatisme dins la premsa parisenca.

    En 1880 pareis à París lo volum de poesia La Cigale de la societat eponima en cò de Fischbacher.

    Lidia Wilson de Ricard morís à París en cò de sa maire lo 16 de setembre. Es enterrada civilament a Montpelhièr al cementèri San Làzer. Los omenatges son diches pels socialistas Ernest Jordan e Antide Boyer de Marselha.

    Omenatge a Forès e a Lidia Wilson de Ricard

    De retorn d’America, fonda lo setmanièr Le Languedoc, en 1886 puèi es redactor al Petit Méridional. En 1888 rend un omenatge a son amic August Forès jos lo títol Un poète National, Auguste Fourès (Paris, Savine). Ven d’èsser elegit al consistòri del Felibritge, mantenéncia de Lengadòc coma majoral amb la cigala de Cleira o de l’Òrb que Gabriel Azaïs ne foguèt lo primièr titulari. Forès morís en 1891, annada que Ricard publica las òbras de sa femna Lydie, Aux Bords du Lez (Lemerre, París) precedidas per una introduccion que conten una corta biografia e explica la formacion de çò que se sonarà mai tard lo Felibritge roge. Publica tanben Autour des Bonaparte (París, Savine, 1891) fragments de memòris de son paire, lo general de Ricard. Dins lo primièr capítol, conta son contacte amb la lenga de Mistral.

    En 1892 se tròba à Tolosa ont es un dels fondators de L’Escolo Mondino que n’es un temps lo president. Torna puèi à Montpelhièr ont demòra cinc ans. En 1893 publica un ensag politic, L’esprit politique de la réforme (Paris, Fischbacher), ont assaja de mostrar que i a un protestantisme borgés e conservator al nòrd, dins la rega de Calvin, non pas que lo protestantisme miegjornal es popular, progressista e federalista, car lo Miegjornal es per esséncia etnica amic de la libertat…

    D’en pertot mena campanha per l’idèa federalista, e mai al dintre del Felibritge ; aital en 1892 signa lo Manifèst dels Joves felibres a costat de Ch. Maurras e Frederic Amourreti, dos Provençals de tendénciá monarquista. L-X sosten lo manifesta amb Jourdanne, Perbosc e Estieu, abans de préner sas distàncias quand compren lo tropisme de drecha dels amics de Maurràs.

    En 1900 ven president d’onor de la Fédération régionaliste de France presidida per Charles Brun.

    Omenatge en 1932 à Montpelhièr

    La Mantenéncia del Lengadòc, que n’èra estat majoral, li rend omenatge en 1932 amb l’inauguracion d’un cenotafi al cimentèri Sant Lèzar en 1932. Un recuelh editat a l’escasença conten un tèxte de Charles Brun e los discorses de Peire Azema, majoral del Felibritge e sendic de la Mantenéncia del Lengadòc, del Conse de Montpelhièr Benjamin Milhaud, de Jean Fournel, Majoral del Felibritge e cabiscòl del Paratge de Montpelhièr e de R Chapoullié, inspector general de las Arts aplicadas.


    Sorsas


    • BLIN-MIOCH, Rose, 2010, Édition critique de la correspondance de Lydie Wilson de Ricard (1850-1880), Thèse sous la direction de Ph. Martel, Univ Paul Valéry Montpellier III, occitan ED 58.
    • BLIN-MIOCH, Rose, 2011, « Les « Communes idées » de Louis-Xavier de Ricard et Lydie Wilson de Ricard à leur arrivée à Montpellier », Études Héraultaises, n° 41, p 139-146
    • BLIN-MIOCH, Rose, 2016, « Louis-Xavier de Ricard et son « Maître » Edgard Quinet », Murphy, Steve dirt, Le chemin des correspondances et le champ poétique, À la mémoire de Michael Pakenham, Paris Classiques Garnier, p 127-139.
    • BLIN-MIOCH, Rose, 2012, « Louis-Xavier de Ricard en 1868 et sa critique des Français du Nord et du Midi d’Eugène Garcin : une hésitation sur la route vers la cause de l’occitan ? », Lengas, 71, 2-12, Montpellier, PULM, p. 119-155. https://journals.openedition.org/lengas/368
      • CARBASSE,Jean-Marie, 1977, Louis-Xavier de Ricard, Félibre rouge, s. 1., Ed. Mireille Lacave, Montpellier.
      • CLERGUET, Fernand, « Louis-Xavier de Ricard », La Revue Littéraire de Paris et de Champagne, Juillet 1905 sur Bnf. Gallica.
      • CLERGUET, Fernand, « L-X de Ricard, « Maguelone Détruite », La Revue Littéraire de Paris et de Champagne, janvier et juin 1906
      • LAFONT, Robert et ANATOLE, Christian, 1970, Nouvelle histoire de la littérature occitan, PUF, 1970, t. 2, p. 670-671.
      • MARTEL, Philippe, 2010, Les félibres et leur temps, renaissance d'oc et opinion 1850-1914, Bordeaux, PUB, pp. 490-525.
      • MOULIN, Stéphane, 2011, L-X de Ricard Socialiste et félibre, Arts et traditions rurales, Montpellier. 1.
      • MORTELETTE, Yann, 2005, Histoire du Parnasse, Paris, Fayard.
      • PAKENHAM, M, éd, 1967, Introductions et commentaires, Ricard, Louis-Xavier de, Petits Mémoires d'un Parnassien, et Adolphe Racot, Les Parnassiens, Aux Lettres modernes, collection avant-siècle, Paris, Minard, 214 p.
      • PEYRONNAT, Georges, 1997, Un fédéraliste méridional du XIXe siècle, Louis-Xavier de Ricard (1843-1911), Nîmes Lacour.
      • RICARD, I Lydie de, 1891, Aux Bords du Lez, Préface L-X de Ricard, Lemerre, réédition avec présentation J-C Richard, Nîmes Lacour Revivia 1995
      • Ricard, Général de, 1891, Autour de Bonaparte, Fragments de Mémoires publiés par L-Xavier de Ricard, Savine, Paris.
      • SAGNES, Jean, fiche Maitron sur L.X de Ricard : Arch. Dép. Hérault : 15 M 34, 35 et 38. LUnion républicaine, août 1881 et septembre 1885.
      • SALADIN, F, Les élections législatives dans lHérault de 1881 à 1885 Montpellier-DES-1965.
      • SALVAT, Joseph, La Vie tourmentée de L.-X. de Ricard (1843-1911), Toulouse, 1943.
      • En Memoria de Louvis-Savié de Ricard (1843-1911). Montpellier, Mari- Lavit, 1932, 56 p. [recueille les discours de Pierre Azéma, Benjamin Milhaud, Jean Fournel et René Chapoullié].
      • [recueille les discours de Pierre Azéma, Benjamin Milhaud, Jean Fournel et René Chapoullié].

       

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      Jacques Libérat Prunac, dit Mèstre Prunac (1787-1865), boulanger à Sète (alors orthographié Cette), fait partie de cette noria de poètes locaux d’expression occitane de l’époque préfélibréenne, qui n’ont généralement pas connu la notoriété, faute d’avoir vu leur œuvre intégrée à un groupe ou une école artistique à même de la valoriser et de lui donner de l’écho. Certains d’entre eux n’ont même pas été publiés de leur vivant, d’autres se sont offert ou vu offrir comme un cadeau d’adieu une édition de leurs œuvres complètes à la fin de leur vie. Ceux qui, comme Jasmin, Verdié, Reboul ou Gelu ont connu la reconnaissance au point de faire école dans leur ville et au-delà, ont bénéficié d’un contexte favorable, d’un entourage qui les y a aidés, d’un milieu éditorial propice ou tout simplement ont su faire montre d’un sens de l’autopromotion plus développé que les autres. Ils écrivaient généralement dans une graphie plus ou moins phonétique, utilisant les normes graphiques du français pour transcrire les sons de la langue occitane. Appartenant à des générations antérieures à celles des premiers félibres, ces auteurs sont souvent influencés par des sources antérieures, tout en étant très marqués idéologiquement, quelque soit le camp auquel ils appartiennent.

      Identité

      Formes référentielles

      Libérat, Jacques (1787-1865)

      Autres formes du nom

      - Libérat Prunac, Jacques (variante du nom)

      - Mestre Prunac (pseudonyme)

      - Méstré Prunac (pseudonyme)

      Éléments biographiques

      Nous ne savons pratiquement rien sur Jacques Libérat Prunac, né le 20 décembre 1787 à Sète où il est mort le 28 novembre 1865. Il exerçait la profession de boulanger dans sa ville, et écrivait - en français d’abord, puis en occitan, nous dit-il lui-même - à côté de son activité professionnelle, pendant son peu de temps de loisir. Dans la préface de ses œuvres complètes, publiées en 1861 chez l’imprimeur-libraire Gras à Montpellier, Las Fougassas de Mestré Prunac, boulangé dé Cetta, Prunac prend un ton qui n’est pas sans rappeler celui de Jasmin dans Mous Soubenis pour nous dépeindre la misère de son existence. Mais ne s’agit-il pas ici d’un topos narratif, dont des expressions pouvant évoquer des lieux communs « le pain noir de l’adversité », « au calice de mes amertumes », « quelques larmes de miel », « mes tristesses et mes douleurs » ? Il n’est pas aisé de répondre à cette question. Si l’on en croit ce qu’il a voulu transmettre de lui-même à son lectorat, Prunac connut donc dans son activité de boulanger les affres de la misère. Manifestement habité d’une profonde foi catholique, et appartenant probablement à des milieux que l’on pourrait qualifier de conservateurs. S’il a commencé, de son propre aveu, par écrire en français, Prunac s’est semble-t-il assez vite tourné vers la langue d’oc,

      ... notre idiome patois, langue si gracieuse et si pittoresque, langue de mon pays, que j'ai begayée sur les genoux de ma mère au sortir de mon berceau, langue qui m'a toujours été, depuis, aussi douce que familière.

      Il est intéressant de noter que, si l’appellation « patois » apparaît sous sa plume, Prunac considère bien le parler d’oc de Sète comme une « langue ». Il l’appelle également « languedocien » (le parler sétois étant transitoire entre le languedocien oriental et le provençal maritime). La référence à la mère, à l’affect lié aux sonorités de la terre natale, font partie des topoï les plus courants dans les textes des écrivains occitans de cette époque, et encore longtemps après. Prunac ne se prive pas, dans son A mous lectous, de déplorer le recul - déjà - de l’occitan à Sète au milieu du XIXe siècle :

      Dé parlà ben patoués n’és pa caouza facila,
      Yoï lou parlan papus couma d’aou ten passat ;
      Aquel poulit lengagé a prés lo toun dé villa,
      Per trop se rafinà s’és tout despatouézat.
      Rétrouvayen papus sa lengua marternèlla,
      Sé das mors d’ancien ten né révéniè quaoucun ;
      Trouvayen qué dé mescla en plaça dé touzella,

      Les textes de Prunac oscillent entre humour et nostalgie, avec un ton généralement moralisateur, empreint de bienséance, parfois franchement misogyne, mais essayant d’être « badines » selon l’expression de l’auteur. Prunac n’a réuni ses œuvres qu’à la fin de sa vie, mais nous les connaissons aussi - tant ses pièces françaises qu’occitanes - par un recueil manuscrit conservé au CIRDOC, contenant les poèmes du boulanger, transcrits par son neveu F. Prunac et dédiées à la petite-fille de Mestre Prunac, Rosalie. Prunac cite parmi les gens l’ayant encouragé à écrire en occitan Auguste Mallié, auteur occitan sétois, que nous connaissons par la présence de ses œuvres dans l’Armanac Cetori, l’organe félibréen de « l’île singulière » à la fin du XIXe siècle, et son neveu l’abbé A. Bousquet, « aumônier », dont une pièce occitane est placée à la suite de l’introduction de l’édition de 1861.

      Engagement dans la renaissance d'oc

      Prunac a dédié un poème à Joseph Roumanille, dans lequel il exprime clairement qu’il connaît l’existence du félibrige provençal, et qu’il se sent attiré par cette société de poètes occitans visant à remettre en honneur la langue d’oc. Prunac est d’ailleurs cité par Mistral dans le Trésor du Félibrige. Prunac exprime son désir que son œuvre à lui, cantayré dé routina/Doun tout l’ar es lou naturel parvienne jusqu’aux félibres :

      Ah ! sé din toun por arrivavou,
      O felibré ! é sé t’agradavou,
      Quinté bonur séyé lou siou !

      Mais Prunac, qui a manifestement assisté à une séance du Félibrige à Nîmes, où Roumanille fut couronné de fleurs blanches par trois félibres, n’a manifestement pas été félibre lui-même. Peut-être était-il déjà trop âgé, ou trop occupé par ses activités. Toujours est-il qu’à la différence d’autres auteurs de l’époque pré-félibréenne, il fut informé de la naissance du mouvement, qu’il compare dans ses vers à un arc-en-ciel, en conçut de la joie et s’identifia pleinement à ce retour du printemps de la langue occitane.

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      Rares sont les chanteurs gascons qui n’ont pas repris à un moment ou un autre Los Tilholèrs, chanson au rythme lancinant, interprétée sur un mode mineur, qui dispute à la plus tardive Salut Baiona ! le titre d’hymne gascon bayonnais. La chanson est attribuée de façon quasiment certaine à un tonnelier-négociant du XVIIIe siècle, également connu dans la cité de la Nive et de l’Adour pour son activité de chansonnier : Pierre Lesca, qui signait Lesca-Hitze, associant selon l’usage au nom gascon de son père le patronyme basque de sa mère. Remaniée, réécrite, la chanson datable des années 1785-1788 est devenue un « classique » des chorales gasconnes. Mais à l’instar de son quasi-contemporain béarnais Despourrins, nous nous apercevons vite que nous ne savons finalement que peu de choses sur Lesca, et que l’attribution même de ses oeuvres est parfois bien douteuse.

      Identité

      Formes référentielles

      Lesca, Pierre (1730-1807)

      Autres formes du nom

      - Lesca-Hitze, Pierre (forme complète du nom de famille)

      Élements biographiques

      Pierre Lesca est né à Bayonne le 4 septembre 1730, dans la rue des Cordeliers, quartier que nous appelons aujourd’hui le Petit Bayonne. Il reçoit le baptême le jour même dans la cathédrale Sainte-Marie de Bayonne, église paroissiale de son quartier. Son père, Nicolas Lesca, est maître-tonnelier. Le quartier des Cordeliers est à cette époque un haut lieu de l’activité viticole : les vins du pays bayonnais, du sud des Landes, de Bordeaux et des environs de Peyrehorade, mais aussi l’eau-de-vie d’Armagnac se négocient sur les bords de la Nive, et jouissent alors d’une certaine estime. Un tonnelier, en ce temps, est généralement aussi marchand de vin et négociant. La profession est respectable, et les Lesca ont un statut de petits bourgeois et même de notables dans la ville du confluent. Le parrain de Pierre Lesca se trouve être un nommé Tauzin, maître-tonnelier lui aussi, confortant l’image d’une famille Lesca bien intégrée dans son tissu socio-professionnel. Sa mère se nomme Gracieuse Dihitze ou de Hitze, et l’on a longtemps cru Lesca issu par sa lignée maternelle de la petite noblesse basque. Il n’en est en fait rien. Gracieuse Dihitze est roturière, issue d’une famille basque implantée à Saint-Étienne-d’Arribe-Labourd, une paroisse au nord de Bayonne, depuis intégrée à la commune. Si le poète naquit bien dans la rue des Cordeliers, ou une plaque, apposée au n°25, rappelle cette illustre naissance, il semblerait qu’il y ait eu erreur sur la maison, et que Lesca ne soit pas né exactement à l’emplacement indiqué. René Cuzacq (1901-1977), grand érudit du sud des Landes et de la région bayonnaise, et quasiment seul biographe de Lesca, est parvenu au moyen de savants recoupements à localiser la véritable maison natale du poète-tonnelier, à presque en face de celle où en 1812 viendra s’installer le poète gascon bordelais Verdié. Les Lesca sont semble-t-il originaires d’Anglet, commune occitanophone située entre Bayonne et Biarritz.
      La vie de Pierre Lesca ne présente ensuite rien de particulièrement différent de celle de n’importe quel artisan bayonnais de son temps. René Cuzacq, dans la notice qu’il consacre spécialement à Lesca, doit user d’un grand nombre de digressions pour remplir les presque 80 pages du petit livre. Nous ignorons sont éducation, que son bagage culturel et littéraire déductible du contenu de ses textes, permet de supposer complète et de bonne qualité. Son chai se trouve rue Pontrique, aussi appelée rue Maubec (qui coupe à angle droit la rue des Cordeliers), bien que l’évolution des noms des voies bayonnaises fasse correspondre, selon René Cuzacq, ce chai à l’actuel n°6-8 de la rue du Trinquet.  En 1781, c’est dans ce chai qu’il reçoit une délégation du corps de ville de Bayonne, en robes de cérémonie et escorté d’hommes d’armes, venu lui remettre un pâté aux armes de la ville en récompense d’une cantate de son crû dédiée au roi. En 1751 ou 1752 (les archives sont douteuses), Lesca comparaît devant le tribunal de l’échevinage de Bayonne pour une chanson légère, en français, intitulée La Bouchère culbutée, tournant en ridicule une aventure arrivée à une Bayonnaise exerçant effectivement ce métier, Marie Danglade. Le texte de la chanson nous est parvenu. En 1758, son père décède et Lesca se marie l’année suivante. Le 7 août 1759, il épouse Marie Tiris, d’une famille originaire de la ville landaise de Vieux-Boucau-Port-d’Albret.
      Ce que l’on sait en plus sur Lesca tient en quelques liasses des Archives municipales. En 1781, il est interpelé en tant que tonnelier pour avoir expédié en Hollande des barriques de vin de Jurançon et de Bergouey, en Chalosse, qui n’avaient pas toutes la contenance réglementaire. En 1784, nous possédons un bon de commande de vin de la municipalité bayonnaise (du vin d’Anglet, de Capbreton, de Lahonce et d’Ondres pour les banquets et réceptions municipaux), avec la facture portant signature de Lesca, qui apparaît dès lors comme un négociant ayant pignon sur rue dans la cité. Un autre acte de cette année nous le montre encore livrant du vin au corps municipal. En 1784, sur ordre de Louis XVI, Bayonne obtient le statut de port franc (de taxes), donc de zone non soumise au service des douanes. Cet événement est accueilli comme une immense joie par le milieu des négociants bayonnais, dont Lesca. D’autres actes nous le présentent en conflit avec un client, en 1787 en particulier. Lesca semble alors occuper une place éminente au sein de la très respectable corporation des maître-tonneliers, qui défile chaque année pour la Fête-Dieu, où leurs chefs portaient des ciris, des cierges où pendaient les insignes de la corporation, ainsi que ses armes. En 1789, il est un des co-signataires du cahier de doléances du corps des maîtres-tonneliers de la ville de Bayonne. La vieillesse de Lesca n’eut, semble-t-il, rien d’original. Il s’éteint dans sa maison, située au-dessus de son chai de la rue Maubec ou rue Pontrique le 21 octobre 1807, à l’âge de soixante-dix-sept ans. Sa femme lui survécut jusqu’au 7 mai 1820.

      Engagement dans la renaissance d'oc

      Ce sont, comme souvent, les félibres gascons de la première moitié du XXe siècle qui exhumèrent de l’oubli la mémoire de Pierre Lesca. Même si plusieurs auteurs du XIXe siècle, dont Ducéré, le citent, c’est au félibre Molia, dit Bernat Larreguigne (mort en 1937) que l’on doit l’initiative de la pose de la plaque sur la maison supposée natale de Lesca, l’emplacement choisi étant, selon Cuzacq, erroné : le tonnelier-poète serait en réalité né deux maisons à côté, à l’angle de la rue Charcutière. Lors de son inauguration en septembre 1925, l’adjoint au maire Simonet se fend d’un vibrant discours en gascon bayonnais à la gloire de l’auteur des Tilholèrs. C’est par les érudits bayonnais Édouard Ducéré et Théodore Lagravère que nous connaissons l’essentiel des oeuvres attribuées à Lesca, qui de son vivant ne publia rien. Lagravère, auteur en 1865 de Poésies gasconnes (Bayonne, Lamaignère, 1865), écrivait dans le Courrier de Bayonne depuis Paris, où il résidait. C’est là qu’il publie des poèmes qu’il attribue à Lesca, dont les fameux Tilholèrs dont il déclare avoir remanié et modifié le texte. L’Histoire topographique et anecdotique des Rues de Bayonne de Ducéré (Bayonne, Lamaignère, 6 tomes 1887-1894) propose plusieurs chansons de Lesca (tomes III, IV et V) qui rectifient les libertés semble-t-il prises par Lagravère. En 1928, l’Almanach de l’Acamédie gascoune de Bayonne, institution créée en 1926 à l’initiative de plusieurs Bayonnais, dont Pierre Rectoran, reproduit aussi plusieurs textes de Lesca. Aucune source directe ne semble disponible présentement sur Pierre Lesca, à l’exception d’une Requeste dous artisans, dans les archives non-classées de la Bibliothèque municipale de Bayonne, que Cuzacq attribue formellement à Lesca sur la base d’une comparaison de l’écriture avec des textes attestés de la main du tonnelier. Outre cela, toujours selon Cuzacq, seul le manuscrit 303 du fonds Bernadou de la Bibliothèque municipale de Bayonne renferme quelques poèmes attribués à Lesca, certains d’ailleurs à tort puisque postérieurs de plus de trente ans à la mort du chansonnier. D’après les publications de tous ces érudits, les oeuvres attribuables à Lesca que nous connaissons à l’heure actuelle sont : Le cante dous tilholés (un tilholèr est un batelier maniant la tilhòla, ancien type de barque de l’Adour et de la Garonne), dont un couplet cite le nom du maire de Bayonne, Joseph Verdié, en activité de 1785 à 1788. Nous savons que Lagravère, dans sa transcriptions (il prétend avoir retrouvé le manuscrit original) a changé des noms et réécrit des parties, mais si ce nom-là est d’origine, nous possédons un élément de datation de la chanson. Nous possédons aussi Le Consulte, Requeste dous gardes de bile, Le cante à l’aunou de le nachence dou daufin, Aute cante nabere, Ronde des Agneteires, Chanson du Carnaval, Chanson des Cocus, Requeste dous artisans ainsi que la Bouchère culbutée, en français.

      Concernant la bibliographie, outre les ouvrages précités de Lagravère, Ducéré et de l’Académie gasconne, ainsi que les rares sources manuscrites, les deux seules synthèses sur Lesca sont toutes deux de René Cuzacq : Panorama de la littérature gasconne de Bayonne, Le Livre, Bayonne, 1941 (pp. 56-62) et La vie de Pierre Lesca, poète gascon bayonnais (1730-1807), Mont-de-Marsan, éditions Jean-Lacoste, 1955.

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      Jean Lesaffre (Bayonne, 1907, Paris, 1975), ingénieur en chef au service du personnel de la SNCF, est l’un des cofondateurs de l’association étudiante occitane le Nouveau Languedoc, à Montpellier en 1928. Félibre et occitaniste, il participe activement à la fin des années 1930 à la vie de l’école félibréenne parisienne Les Amis de la Langue d’Oc dont il deviendra le vice-président. Il est l’auteur ou le coauteur de nombreux articles, conférences et bibliographies.

      Identité

      Formes référentielles

      Lesaffre, Jean (forme référentielle française)

      Éléments biographiques 

      Né à Bayonne d’un père basque ingénieur dans les chemins de fer et d’une mère languedocienne, Jean Lesaffre est élevé dans la foi catholique et suit des études secondaires au collège privé de la Trinité, à Béziers avant de rejoindre l’université de Montpellier dont il sort licencié en mathématiques et docteur en droit après avoir soutenu en 1934 sa thèse  Le problème national de la Catalogne et sa solution par la statut de 1932.

      Son parcours professionnel le mène à Paris. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier en 1940 et envoyé dans la région de Brême à l’Oflag XB dont il est rapatrié en 1942 pour raison de santé. Catholique pratiquant, très pieux, Lesaffre aurait par ailleurs, dans les années 1930, été proche de l’’Action Française si l’on en croit les archives de Marcel Decremps.

      Très impliqué après guerre dans Les Amis de la Langue d’Oc, dans l’occitanisme et rédacteur régulier pour la revue La France Latine, il meurt à Paris en 1975.

      Engagement dans la renaissance d’oc

      S’intéressant à la langue d’oc dès ses études secondaires, Jean Lesaffre s’engage dans la renaissance d’oc lorsqu’il rejoint l’université de Montpellier. C’est là qu’il fonde en 1928, sur le modèle des corporations étudiantes, le Nouveau Languedoc où il est bientôt rejoint par Max Rouquette et Roger Barthe. L’association, très active, recrute rapidement plusieurs dizaines de membres et s’oriente sur la voie de la revendication fédéraliste et la renaissance culturelle sur le modèle catalan.

      Par ailleurs, Jean Lesaffre devient à cette époque (de 1930-1932) président de l’association générale des étudiants de Montpellier et bénéficie de 1929 à 1932 d’une rubrique dans Le Petit Méridional, marquant l’influence du Nouveau Languedoc à Montpellier.

      L’association a tôt fait de faire des émules, comme les Estudiants Ramondencs de Toulouse et de former avec ces derniers et avec les jeunes marseillais de l’Araire (Jòrgi Reboul, Charles Camproux, Paul Ricard) la Ligue Frédéric Mistral qui donne elle-même naissance en 1934 à Occitania, organe mensuel de la jeunesse fédéraliste occitane et à l’association des Amis d’Occitania qui entend mettre en place un véritable programme fédéraliste auquel participe très activement Jean Lesaffre chargé de la commission administrative.

      Dans ces années 1930, Jean Lesaffre se rapproche par ailleurs de l’Escòla Occitana de Toulouse et de son principal animateur, l’abbé Joseph Salvat avec lequel il partage une certaine communauté de conscience (outre son statut d’ecclésiastique, Salvat est proche de l’Action Française) et une même vision de la langue d’oc mêlant félibréisme, occitanisme et catalanisme, avant de rejoindre en 1937 les Amis de la Langue d’Oc Paris avec lesquels il va notamment participer en 1939 à l’accueil des intellectuels catalans réfugiés en France.

      Prisonnier en Allemagne, il n’en continue pas moins, entre 1940 et 1942 à promouvoir la langue d’oc à travers des conférences données à ses compagnons de captivités.

      Il rejoint après-guerre l’Institut d’Études Occitanes naissant avec son ami Pierre-Louis Berthaud, rencontré du temps des Amis d’Occitania. Berthaud qui, félibre lui aussi et membre actif des Amis de la Langue d’Oc, devient majoral du Félibrige en 1947 et tente en 1952, après la mort du majoral et président des Amis de la Langue d’Oc Joseph Loubet, de soutenir la candidature au majoralat de Jean Lesaffre. Mais les sympathies occitanistes de Lesaffre lui coûtent son élection à un moment où les relations entre occitanisme et Félibrige sont particulièrement tendues ; événement qui occasionera une grande déception aussi bien à Berthaud qu’à Lesaffre, blessé de se voir rejeté par une association dans laquelle il a beaucoup œuvré et continue à œuvrer jusqu’à sa mort.

      Par ailleurs, Jean Lesaffre participe très activement entre 1949 et 1951, aux côtés de Pierre-Louis Berthaud, à l’action en faveur de la loi Deixonne sur l’enseignement des langues et dialectes locaux, et c’est encore avec Berthaud qu’il publie des bibliographies de référence (La langue d’Oc dans nos écoles, 1953, puis la Bibliographie occitane dont il publie le volume 1943-1956 avec Berthaud, initiateur et principal auteur, avant de s’associer avec Irénée-Marcel Cluzel puis Jean-Marie Petit pour les volumes suivants).

      Très actif jusqu’à sa mort, il continue, outre sa participation à la vie des associations, à donner des conférences et à écrire des articles, essentiellement pour Lo Gai Saber, revue de l’Escòla Occitana de Toulouse, et La France Latine.

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      ]]> - Archives de Jean Lesaffre

      - BARTHES, Roger. « Jean Lesaffre (1907-1975) ». OC, n° 254, été 1976, p. 47-58

      - CARRIÈRES, Marcel. « Jean Lesaffre ». Lo Gai Saber, n° 384, octobre 1976, p.535-538

      - La France Latine, n° 64-65, pp. 1-27 (articles de Georges, Dezeuze, René Méjean, Ivan Gaussen, Marcel Decremps, témoignages, bibliographie).

      - GRAU, Pierre. « Le Nouveau Languedoc : des corpos aux origines de l’occitanisme contemporain », VIIe Centenaire des Universités de l’Académie de Montpellier, Montpellier, Université Montpellier 1, 1992, pp.107-109

      - LESPOUX, Yan. « Aux origines de la revendication occitaniste en faveur de l'enseignement de la langue d'oc : les propositions du Nouveau Languedoc et d'Occitania ». Lengas, n° 65, 2009, p. 29-48

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      Christian Laux, de culture scientifique, s’engagea très tôt dans l’occitanisme, notamment au sein de l’IEO. Il s’occupa de plusieurs revues et rédigea, outre des récits pour une large part d’inspiration autobiographique des dictionnaires de langue qui font référence.

      Identité

      Formes référentielles

      Laux, Christian (1934-2002)

      Autres formes connues

      - Laus, Cristian (forme occitane du nom)

      - Laus, Crestian (forme occitane du nom)

      Éléments biographiques

      Christian Laux est né en 1934 à Lugné, commune de Cessenon (Hérault) dans une famille de viticulteurs. Après ses études au lycée de Béziers, puis en math-sup, math-spé à Montpellier, il est admis à l’École des Mines de Paris et à L’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (Paris puis Cachan). Souhaitant revenir au pays et exercer un métier centré sur les relations humaines, il choisit l’ENSET.

      Abonné à la revue ÒC, il est ainsi informé du stage occitan d’Uzès de 1956 auquel il participe ; il y rencontre Robert Lafont, Jean Boudou, Pierre Bec, Serge Bec, Charles Camproux (son ancien professeur de français), Éliane Gauzit, Aimé Serres, Raymond Chabbert… C’est pour lui une découverte.

      Il se marie, effectue le service militaire puis enseigne la physique au lycée technique d’Albi et, par la suite, assure des cours d’occitan. Il mènera de front enseignement, recherches, publications, responsabilités associatives…

      Il meurt à Albi le 4 février 2002.

      Engagement dans la renaissance d'oc

      Il a été président de l’IEO du Tarn à deux reprises, président de la Société des Amis de Jean Boudou et organisateur du colloque de Naucelle de septembre 1985, collaborateur de revues occitanes (L’Occitan, Occitans !, Lo Gai Saber, Mesclum, Vent Terral), de la Revue du Tarn et d’Albi Mag, chef-rédacteur de l’Occitan de 1995 à 2002, producteur d’émissions à Radio Albigés, membre du CAOC, animateur d’ateliers de langue et de stages.

      Cheville ouvrière du CREO du Tarn, il en est le premier président de 1988 à 1995 ; c’est durant ce mandat que sont créées en 1989 les premières écoles bilingues à Albi et à Saint-Affrique. Il est présent lors de la création de l’association ÒC – BI (association des parents d’élèves bilingues de l’enseignement public) en 1998. Conscient qu’il faut créer des outils adaptés à un nouveau public, il travaille à son dictionnaire FRANÇAIS – OCCITAN de 1990 à 1997. Il poursuit avec la réalisation du dictionnaire OCCITAN - FRANÇAIS.

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      Publications

      • Martin de Castanet en Egipte, Bande dessinée illustrée par François Piquemal, Vent Terral, 1976.
      • La Coa de la cabra, Vent Terral, 1978.
      • Albigés País occitan, Section du Tarn de l’IEO / CIDO, 1980.
      • Les Troubadours dans l’Albigeois, Revue du Tarn, 1982.
      • Martin de Castanet al pont d’Arcòla, Bande dessinée illustrée par Capelon, Vent Terral, 1984
      • Nadals (avec Daniel Loddo), IEO / La Talvera, 1986.
      • Marianne, l’occitane de Puylaurens, (avec Paul Hormière), Loubatières, 1987.
      • « Henry Paschal de Rochegude (1741 – 1834) et la langue occitane de son temps », Revues du Tarn 135, 136, 138, 139, 1989-1990.
      • Langue et Littérature Occitanes, Tarn, Bonneton, 1991.
      • Garriguenc, IEO A Tots, 1996.
      • Dictionnaire Français – Occitan, Section du Tarn de l’IEO, 1997.
      • « L’occitan, langue du droit dans le milieu des notaires de l’Albigeois au XVIe siècle », Pouvoir et société en pays albigeois, Presses de l’Université des Sciences Sociales de Toulouse, 1997.
      • Los uèlhs de l’anhèl, IEO A Tots, 1999.
      • Dictionnaire Occitan – Français, Section du Tarn de l’IEO, 2001.
      • Joan Delcaire, IEO A Tots, 2003.

      Participation à d’autres éditions

      • Josèp Daubian, Òbras complètas (avec Raymond Chabbert et Jean Thomas), IEO, 1982.
      • Clardeluna, Lison, IEO A Tots, 1986.
      • Letras de Joan Bodon a Enric Mouly, Société des Amis de Jean Boudou, 1986.
      • Répertoire toponymique et ethnographique des communes du Tarn, IEO Section du Tarn, 1988.
      • Jan Laurés, Los secrets de la vendémia, IEO Section du Tarn, 1988.
      • Célestin Boyer, Contes del Pepin, IEO Section du Tarn, 1993.
      • Josèp Chauvet, Flors d’Amor, IEO Messatges, 1998.

      Sources

      • - On consultera évidemment la collection de L’occitan, qu’il dirigea de 1995 à 2002 et qui n’a pas survécu à son rédacteur principal.
      • - Christian Laux a fourni des éléments d’inspiration autobiographique dans La Coa de la cabra sous le nom de Fabian Cròs, et surtout dans Los uèlhs de l’anhèl.
      • - Omenatge a Christian Laus (1934-2002), Jornada del 4 de febrier de 2012, organisée par l’IEO du Tarn et le Centre Culturel Occitan de L’Albigeois, brochure éditée per l’IEO Tarn, s.l.s.d. Interventions de Serge Gayral, Raymond Ginouillac, Bernard Lescalier, Robert Marti, Gilbert Mercadier, Christine Pujol, Yves Rouquette, Michel Tayac, Jean Thomas.
      • Sa famille conserve sa bibliothèque et ses documents de travail, notamment dans des domaines qui auraient pu, par la suite, donner lieu à des publications (l’œuvre d’Henri Paschal de Rochegude, le Nouveau Testament cathare de Lyon, la présence de l’occitan dans la presse tarnaise…).
      • Les manuscrits de Joseph Chauvet ainsi que les recherches complémentaires qu’il a menées ont été déposés au CIRDOC.
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      France Karine, est professeure privée de musique, diplômée de l’École Normale de Musique de Paris. Son nom d’artiste est Mytyl Fraggi.
      Proche des Amis du bulletin Occitania en 1938-1939, elle est ensuite membre du Centre Provençal de Culture Occitane (section de l’IEO) à partir de 1945.

      Identité

      Formes référentielles

      Karine, France

      Autres formes connues

      - Mytyl Fraggi (pseudonyme)

      Engagements dans la renaissance d'oc

      En 1938, France Karine participe à la Deuxième concentration de Culture et de Fraternité Provençales, qui se tient à l’« Auberjo de Jouinesso de Marsiho-Alau », à Allauch, Place Pierre Bellot, du samedi 17 septembre au samedi 24. Cette réunion est organisée par Jorgi Reboul, Père aubergiste, fondateur (le 26 septembre 1936) et animateur de l’Auberge de Jeunesse, affiliée au Centre Laïque des Auberges de Jeunesse.
      Le vendredi 22 septembre, à la suite de l’excursion en car à la Sainte-Baume, est proposée une « Veillée sur la Terrasse : La Musique et le Peuple, par FRANCE KARINE, Directrice de la Chorale Populaire. Audition de disques ».

      France Karine participe également à l’animation de la Troisième concentration de Culture et de Fraternité Provençales. Pâques 1939, du samedi 8 au mardi 11 avril, qui est en même temps le Congrès organisé par le journal Occitania.

      France Karine, directrice de la Chorale Populaire, appartient au milieu progressiste des intellectuels et artistes marseillais. Sa participation aux rencontres d’Allauch prouve une sensibilité provençale, voire un engagement occitaniste. Elle a sans doute participé au Comité d’Aide aux Intellectuels Catalans, fondé à Marseille le 7 avril 1938 par Pierre Rouquette et Jorgi Reboul car son nom figure sur la liste manuscrite établie par Pierre Rouquette des personnes à inviter à la réunion du Comité du 30 août 1938 au domicile de Jorgi Reboul, sans que nous ayons la certitude de sa participation.

      À la Libération, France Karine dirige la Chorale du Front National et fait partie de l’Union Nationale des Intellectuels – UNI –, structure unitaire fondée à la Libération, encadrant les activités culturelles. Pierre Rouquette, qui a animé à Marseille une active section de la Societat d’Estudis Occitans (SEO) avant la seconde guerre mondiale, fonde et préside le Centre Provençal de l’Institut d’Estudis Occitans, (qui deviendra autonome dans les années 70, quand la section régionale de l’IEO sera assumée par lo Calen). L’assemblée constitutive a lieu le dimanche 14 octobre 1945 dans les salons de l’UNI, 15 rue Edouard Delanglade. Le président sollicite alors France Karine pour que la Chorale se produise à la séance inaugurale en interprétant des chants occitans, choisis par lui, et qu’elle doit apprendre à ses choristes. Ainsi Coupo Santo (à 4 voix), Lou Bastimen, Lou Renegat (Jan de Fonfaron) ont dû faire partie du répertoire le 15 novembre. France Karine et sa chorale interviendront pour d’autres manifestations du Centre Provençal, ainsi le 19 février 1946 pour la causerie de Pierre Rouquette sur les « Noëls de Saboly ».

      France Karine est l’épouse d’Alexandre Jouvène, qui tient une galerie Tableaux anciens et modernes à Marseille, Expert près les tribunaux et les Cies d’Assurance. Comme France Karine, Alexandre Jouvène est affilié au Centre Provençal de l’IEO à son origine : c’est lui qui a envoyé – et non le Président Pierre Rouquette empêché par la grippe - l’invitation à l’Assemblée constitutive du Centre pour le 14 octobre 1945, signée par « un membre de la Commission », Alexandre Jouvène, sur papier à en-tête « Tableaux anciens et modernes Alexandre Jouvène ». En l’état actuel de la documentation, nous ignorons si l’engagement occitaniste du couple s’est poursuivi.

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      - Occitania, Toulouse, n°32 (décembre 1936), n°38 (décembre 1937), n°45 (janvier 1939)]]>