Vezole, Jean (1923-2014)
Vezole, Jean (1923-2014)
Écrivain
Enseignant ; professeur
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Érudit autodidacte, conteur, écrivain, ce n’est qu’à la retraite que cet instituteur fils de paysans écrit en occitan. Il puise la matière de ses contes dans ce qu’il a appris dans les villages où il a enseigné, il s’inspire aussi de contes des provinces françaises. Spécialiste des vieux documents médiévaux et de l’occitan ancien, il est l’auteur de nombreux articles historiques et philologiques.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Vezole, Jean (1923-2014)</p>
<h3>Autres formes du nom</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Joan Vesòla (forme occitane du nom)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Joan da Tron (pseudonyme) ; son premier nom de plume dans la revue <em>La Cabreta</em> du Félibrige cantalien, du nom du village où il né (Thourou de Saint-Cernin)</p>
<h2>Élements biografiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Jean Vezole nait le 2 février 1923 dans une ferme de la commune de Saint-Cernin, dans le Cantal, il est l’aîné de trois enfants. Il passe quelques années à l’Hôpital Ydes (ancien nom de la commune qui est maintenant « Ydes »), où ses parents tiennent un bureau de tabac. À la mort du père en 1935, la famille revient à Saint-Cernin. Pendant les vacances, Jean, adolescent, travaille chez ses oncles paysans. <br />À l’âge de onze ans il rentre au cours complémentaire de l’Hôpital Ydes et en 1939, à l’École Normale d’Aurillac. En 1943 il part pour les « chantiers de jeunesse » puis pour échapper au Service du Travail Obligatoire, il se cache dans une ferme sous une fausse identité. À la Libération il est nommé instituteur dans le nord du département. <br />Il effectue un an de service militaire puis enseigne dans des classes uniques de la région de Saint-Flour (communes de Lavastrie et d’Alleuze). En 1958 il est nommé auxiliaire au Rouget, en Châtaigneraie ; puis directeur, c’est là qu’il termine sa carrière à l’âge de cinquante-six ans. Comme l’immense majorité des instituteurs de sa génération, il était membre du Syndicat National des Instituteurs (SNI), sans pour autant y exercer des responsabilités. Homme de gauche, il n’était affilié à aucun parti politique. <br />En 2007 Jean Vézole est promu chevalier des Arts et des Lettres. <br />Jean Vezole est le père de trois garçons. <br />Il est décédé le 27 novembre 2014, à la maison de retraite d’Ytrac.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Quand il rentre à l’école en 1929 Jean ne parle que la langue d’oc, il l’utilise pour écrire le français, apprendre les conjugaisons… plus tard il s’en servira pour enseigner l’orthographe à ses élèves. <br />Instituteur il fait le tour du département, il entend la langue d’oc dans sa diversité et sa richesse. Il achète des livres, s’abonne à <em>La Cabreta</em>, la revue du Félibrige cantalien, dont il fut un membre de base ; en lisant il apprend à écrire sa langue maternelle.<br /> Lorsqu’arrive la retraite, Jean Vezole se consacre à la recherche historique et à la langue occitane. Habitant à Aurillac, il se rend tous les jours à pied aux archives départementales pour y travailler : il a appris seul à déchiffrer les vieux documents. Il adhère à la société savante « la Haute-Auvergne », en devient la secrétaire général. <em>Lo Vièlh Orlhac</em> (les racines occitanes d’Aurillac) paraît en 1989 aux éditions L’ostal del libre, <em>Le moyen occitan cantalien</em> – documents médiévaux et actes notariés en langue d’oc des XIV<sup>e</sup>, XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> siècles – en 2005 aux éditions « Lo Convise ». <br /> Homme très ouvert, il est membre de la section cantalienne de l’Institut d’Etudes Occitanes qu’il préside à partir de 1983, avant d’en devenir président d’honneur. Il appartient aussi au Félibrige. Il collabore à différentes publications (<em>La Cabreta, Monde en Òc, Parlem, Vent Autan, Lo Convise, La vida aicí</em>…). Diseur recherché il participe à divers spectacles et animations dont à partir de 1983 et pendant près de 30 ans l’émission félibréenne « Occitania » avec son compagnon le majoral Jean Fay sur Radio Jordanne, qui prit, à partir de 1997, le nom de Jordanne FM. <br />Il avait collecté quantité de contes auprès d’anciens, particulièrement de l’un d’entre eux qu’il désignait du nom de Trapon. C’est ainsi qu’il édite, entre collectage et création, trois recueils de contes ou récits : <em>Contes mai qu’a meitat vertadièrs</em> (I.E.O. Cantal, 1985), <em>Contes pas tròp messorguièrs</em> (Ostal del Libre, 1985), <em>Racontes per gardar la santat</em> (Ostal del Libre, 2005) et un recueil d’expressions pittoresques de langue d’oc :<em> Biais de dire dins lo Cantal</em> (<em>Lo convise</em>, 2007). <br />Intéressé par la musique, il avait appris aussi à jouer de la mandoline et du piano. Il recueille des airs populaires, il est aussi compositeur à ses heures, sa bourrée « Au Joan ! » est enregistrée par le groupe musical du Convise (<em>Margarida al país verd</em>, <em>lo Convise</em> – 2001).<br />Jean Vezole a été enregistré, on peut l’entendre lire ses textes et raconter (documents sonores aux archives départementales du Cantal). <br />Comme en témoignent ces enregistrements et publications, Jean Vezoles parlait et écrivait dans une langue populaire, et faisait le lien entre le monde paysan et une élite cultivée.</p>
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<h2>Bibliographie de l'auteur</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- 1985 : <em>Contes mai qu’a meitat vertadièrs</em>, Aurillac, I.E.O. Cantal <br />- 1989 : <em>Lo Vièlh Orlhac</em> (les racines occitanes d’Aurillac) Aurillac, I.E.O. Cantal <br />- 2005 : <em>Contes pas tròp messorguièrs,</em> Aurillac, Ostal del Libre <br />- 2005 : <em>Racontes per gardar la santat</em>, Aurillac, Ostal del Libre <br />- 2005 : <em>Le moyen occitan cantalien</em> – documents médiévaux et actes notariés en langue d’oc des XIV<sup>e</sup>, XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> siècles, Aurillac, Lo convise. <br />- 2007 : <em>Biais de dire dins lo Cantal</em>, Aurillac, Lo convise.<br /><br />Voir aussi un enregistrement audio : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=ePNhTgFSemU" target="_blank" rel="noopener">https://www.youtube.com/watch?v=ePNhTgFSemU</a></p>
Daval, Fèlix
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-05-09
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Lesca, Pierre (1730-1807)
Lesca, Pierre (1730-1807)
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Rares sont les chanteurs gascons qui n’ont pas repris à un moment ou un autre <em>Los Tilholèrs</em>, chanson au rythme lancinant, interprétée sur un mode mineur, qui dispute à la plus tardive <em>Salut Baiona</em> ! le titre d’hymne gascon bayonnais. La chanson est attribuée de façon quasiment certaine à un tonnelier-négociant du XVIIIe siècle, également connu dans la cité de la Nive et de l’Adour pour son activité de chansonnier : Pierre Lesca, qui signait Lesca-Hitze, associant selon l’usage au nom gascon de son père le patronyme basque de sa mère. Remaniée, réécrite, la chanson datable des années 1785-1788 est devenue un « classique » des chorales gasconnes. Mais à l’instar de son quasi-contemporain béarnais Despourrins, nous nous apercevons vite que nous ne savons finalement que peu de choses sur Lesca, et que l’attribution même de ses oeuvres est parfois bien douteuse.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Lesca, Pierre (1730-1807)</p>
<h3>Autres formes du nom</h3>
<p>- Lesca-Hitze, Pierre (forme complète du nom de famille)</p>
<h2>Élements biographiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Pierre Lesca est né à Bayonne le 4 septembre 1730, dans la rue des Cordeliers, quartier que nous appelons aujourd’hui le Petit Bayonne. Il reçoit le baptême le jour même dans la cathédrale Sainte-Marie de Bayonne, église paroissiale de son quartier. Son père, Nicolas Lesca, est maître-tonnelier. Le quartier des Cordeliers est à cette époque un haut lieu de l’activité viticole : les vins du pays bayonnais, du sud des Landes, de Bordeaux et des environs de Peyrehorade, mais aussi l’eau-de-vie d’Armagnac se négocient sur les bords de la Nive, et jouissent alors d’une certaine estime. Un tonnelier, en ce temps, est généralement aussi marchand de vin et négociant. La profession est respectable, et les Lesca ont un statut de petits bourgeois et même de notables dans la ville du confluent. Le parrain de Pierre Lesca se trouve être un nommé Tauzin, maître-tonnelier lui aussi, confortant l’image d’une famille Lesca bien intégrée dans son tissu socio-professionnel. Sa mère se nomme Gracieuse Dihitze ou de Hitze, et l’on a longtemps cru Lesca issu par sa lignée maternelle de la petite noblesse basque. Il n’en est en fait rien. Gracieuse Dihitze est roturière, issue d’une famille basque implantée à Saint-Étienne-d’Arribe-Labourd, une paroisse au nord de Bayonne, depuis intégrée à la commune. Si le poète naquit bien dans la rue des Cordeliers, ou une plaque, apposée au n°25, rappelle cette illustre naissance, il semblerait qu’il y ait eu erreur sur la maison, et que Lesca ne soit pas né exactement à l’emplacement indiqué. René Cuzacq (1901-1977), grand érudit du sud des Landes et de la région bayonnaise, et quasiment seul biographe de Lesca, est parvenu au moyen de savants recoupements à localiser la véritable maison natale du poète-tonnelier, à presque en face de celle où en 1812 viendra s’installer le poète gascon bordelais Verdié. Les Lesca sont semble-t-il originaires d’Anglet, commune occitanophone située entre Bayonne et Biarritz.<br />La vie de Pierre Lesca ne présente ensuite rien de particulièrement différent de celle de n’importe quel artisan bayonnais de son temps. René Cuzacq, dans la notice qu’il consacre spécialement à Lesca, doit user d’un grand nombre de digressions pour remplir les presque 80 pages du petit livre. Nous ignorons sont éducation, que son bagage culturel et littéraire déductible du contenu de ses textes, permet de supposer complète et de bonne qualité. Son chai se trouve rue Pontrique, aussi appelée rue Maubec (qui coupe à angle droit la rue des Cordeliers), bien que l’évolution des noms des voies bayonnaises fasse correspondre, selon René Cuzacq, ce chai à l’actuel n°6-8 de la rue du Trinquet. En 1781, c’est dans ce chai qu’il reçoit une délégation du corps de ville de Bayonne, en robes de cérémonie et escorté d’hommes d’armes, venu lui remettre un pâté aux armes de la ville en récompense d’une cantate de son crû dédiée au roi. En 1751 ou 1752 (les archives sont douteuses), Lesca comparaît devant le tribunal de l’échevinage de Bayonne pour une chanson légère, en français, intitulée <em>La Bouchère culbutée</em>, tournant en ridicule une aventure arrivée à une Bayonnaise exerçant effectivement ce métier, Marie Danglade. Le texte de la chanson nous est parvenu. En 1758, son père décède et Lesca se marie l’année suivante. Le 7 août 1759, il épouse Marie Tiris, d’une famille originaire de la ville landaise de Vieux-Boucau-Port-d’Albret.<br />Ce que l’on sait en plus sur Lesca tient en quelques liasses des Archives municipales. En 1781, il est interpelé en tant que tonnelier pour avoir expédié en Hollande des barriques de vin de Jurançon et de Bergouey, en Chalosse, qui n’avaient pas toutes la contenance réglementaire. En 1784, nous possédons un bon de commande de vin de la municipalité bayonnaise (du vin d’Anglet, de Capbreton, de Lahonce et d’Ondres pour les banquets et réceptions municipaux), avec la facture portant signature de Lesca, qui apparaît dès lors comme un négociant ayant pignon sur rue dans la cité. Un autre acte de cette année nous le montre encore livrant du vin au corps municipal. En 1784, sur ordre de Louis XVI, Bayonne obtient le statut de port franc (de taxes), donc de zone non soumise au service des douanes. Cet événement est accueilli comme une immense joie par le milieu des négociants bayonnais, dont Lesca. D’autres actes nous le présentent en conflit avec un client, en 1787 en particulier. Lesca semble alors occuper une place éminente au sein de la très respectable corporation des maître-tonneliers, qui défile chaque année pour la Fête-Dieu, où leurs chefs portaient des <em>ciris</em>, des cierges où pendaient les insignes de la corporation, ainsi que ses armes. En 1789, il est un des co-signataires du cahier de doléances du corps des maîtres-tonneliers de la ville de Bayonne. La vieillesse de Lesca n’eut, semble-t-il, rien d’original. Il s’éteint dans sa maison, située au-dessus de son chai de la rue Maubec ou rue Pontrique le 21 octobre 1807, à l’âge de soixante-dix-sept ans. Sa femme lui survécut jusqu’au 7 mai 1820.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Ce sont, comme souvent, les félibres gascons de la première moitié du XX<sup>e</sup> siècle qui exhumèrent de l’oubli la mémoire de Pierre Lesca. Même si plusieurs auteurs du XIX<sup>e</sup> siècle, dont Ducéré, le citent, c’est au félibre Molia, dit Bernat Larreguigne (mort en 1937) que l’on doit l’initiative de la pose de la plaque sur la maison supposée natale de Lesca, l’emplacement choisi étant, selon Cuzacq, erroné : le tonnelier-poète serait en réalité né deux maisons à côté, à l’angle de la rue Charcutière. Lors de son inauguration en septembre 1925, l’adjoint au maire Simonet se fend d’un vibrant discours en gascon bayonnais à la gloire de l’auteur des <em>Tilholèrs</em>. C’est par les érudits bayonnais Édouard Ducéré et Théodore Lagravère que nous connaissons l’essentiel des oeuvres attribuées à Lesca, qui de son vivant ne publia rien. Lagravère, auteur en 1865 de <em>Poésies gasconnes</em> (Bayonne, Lamaignère, 1865), écrivait dans le <em>Courrier de Bayonne</em> depuis Paris, où il résidait. C’est là qu’il publie des poèmes qu’il attribue à Lesca, dont les fameux <em>Tilholèrs</em> dont il déclare avoir remanié et modifié le texte. <em>L’Histoire topographique et anecdotique des Rues de Bayonne</em> de Ducéré (Bayonne, Lamaignère, 6 tomes 1887-1894) propose plusieurs chansons de Lesca (tomes III, IV et V) qui rectifient les libertés semble-t-il prises par Lagravère. En 1928, l’<em>Almanach de l’Acamédie gascoune de Bayonne</em>, institution créée en 1926 à l’initiative de plusieurs Bayonnais, dont Pierre Rectoran, reproduit aussi plusieurs textes de Lesca. Aucune source directe ne semble disponible présentement sur Pierre Lesca, à l’exception d’une <em>Requeste dous artisans</em>, dans les archives non-classées de la Bibliothèque municipale de Bayonne, que Cuzacq attribue formellement à Lesca sur la base d’une comparaison de l’écriture avec des textes attestés de la main du tonnelier. Outre cela, toujours selon Cuzacq, seul le manuscrit 303 du fonds Bernadou de la Bibliothèque municipale de Bayonne renferme quelques poèmes attribués à Lesca, certains d’ailleurs à tort puisque postérieurs de plus de trente ans à la mort du chansonnier. D’après les publications de tous ces érudits, les oeuvres attribuables à Lesca que nous connaissons à l’heure actuelle sont : <em>Le cante dous tilholés</em> (un <em>tilholèr</em> est un batelier maniant la<em> tilhòla</em>, ancien type de barque de l’Adour et de la Garonne), dont un couplet cite le nom du maire de Bayonne, Joseph Verdié, en activité de 1785 à 1788. Nous savons que Lagravère, dans sa transcriptions (il prétend avoir retrouvé le manuscrit original) a changé des noms et réécrit des parties, mais si ce nom-là est d’origine, nous possédons un élément de datation de la chanson. Nous possédons aussi <em>Le Consulte, Requeste dous gardes de bile, Le cante à l’aunou de le nachence dou daufin, Aute cante nabere, Ronde des Agneteires, Chanson du Carnaval, Chanson des Cocus, Requeste dous artisans</em> ainsi que la <em>Bouchère culbutée</em>, en français.<br /><br />Concernant la bibliographie, outre les ouvrages précités de Lagravère, Ducéré et de l’Académie gasconne, ainsi que les rares sources manuscrites, les deux seules synthèses sur Lesca sont toutes deux de René Cuzacq : <em>Panorama de la littérature gasconne de Bayonne</em>, Le Livre, Bayonne, 1941 (pp. 56-62) et <em>La vie de Pierre Lesca</em>, <em>poète gascon bayonnais (1730-1807)</em>, Mont-de-Marsan, éditions Jean-Lacoste, 1955.</p>
Escarpit, David
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-03-26 Aurélien Bertrand
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Verdié, Antoine (1779-1820)
Verdié, Antoine (1779-1820)
Fonctionnaire
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Figure omniprésente et pourtant mystérieuse du Bordeaux gascon, Jean-Antoine « Meste » Verdié occupe une place à part dans le paysage de l’écrit occitan. Né à la fin d’un siècle que l’on considère souvent comme une période creuse de la littérature d’oc, mort trop jeune pour avoir connu Jasmin et le Félibrige, souvent jugé avec une sévérité excessive dans les anthologies, Verdié est différent. Dans une ville en pleine mutation économique et urbanistique, il lance pourtant le siècle d’or de l’occitan bordelais et reste l’un des plus gros succès de librairie qu’aie connu du Port de la Lune au XIX<sup>e</sup> siècle. Dans la bouche des anciens, sur les marchés ou chez les bouquinistes, Verdié est encore partout. Il est LE représentant du Bordeaux gascon, de l’esprit <em>recardèir</em> de Saint-Michel et des Capucins, des forts des halles et des paysans médoquins endimanchés. Mais il est aussi un des derniers continuateurs de la tradition de l’écriture occitane farcesque et carnavalesque, héritier revendiqué de Goudouli et de François de Cortète.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Verdié, Antoine (1779-1820)</p>
<h3>Autres formes du nom</h3>
<p>- Meste Verdié (pseudonyme) <br />- Verdié, Jean Antoine (autre forme du nom)</p>
<h2>Élements biografiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Jean-Antoine Verdié est né le 11 décembre 1779 à Bordeaux, probablement dans la paroisse Saint-Rémi, derrière l’actuelle place de la Bourse, à deux pas de la Garonne. Nous ignorons le lieu exact de sa naissance, mais c’est dans l’église paroissiale Saint-Rémi qu’il est baptisé. Son milieu social est très modeste et mal documenté. Son père, Jean Verdié, est boulanger, probablement selon Philippe Gardy davantage un revendeur de pain et de gâteaux qu’un véritable artisan. Sa mère, Marie Brunetié, est un personnage sur lequel nous n’avons aucune information, excepté qu’elle semble être décédée précocement. Nous ignorons à peu près tout de l’éducation de Verdié, éducation dont ses références en matière de littérature laissent penser qu’elle ne fut pas bâclée, mais au contraire de bonne qualité.<br />Verdié se marie le 5 mai 1806 à Bordeaux avec Catherine « surnommée Rose N... » jeune fille mineure de dix-sept ans, demeurant au faubourg Saint-Seurin, c’est à dire dans des quartiers relativement récents à l’époque établis autour de la basilique Saint-Seurin, à l’ouest de Bordeaux, sur la route du Médoc. Nous sommes à l’opposé géographique de son lieu de naissance. C’est le quartier (alors semi-rural) où se déroule le Carnaval de Bordeaux, alors à son apogée, en particulier la procession du Mercredi des Cendres qui conduit les Bordelais jusqu’au village voisin de Caudéran. Ce détail n’en est pas un. C’est là que le ménage s’installe. Verdié est alors déclaré comme boulanger de profession. Verdié et son épouse eurent dans les années suivantes deux enfants, deux fils semble-t-il tous deux décédés en bas âge.<br />En 1810, Verdié s’installe à Bayonne. Les actes de naissance de deux autres de ses enfants (un fils et une fille) nous apprennent qu’il réside, entre 1810 et 1812 au numéro 51 de la rue Pannecau, puis de 1812 à 1814 au numéro 8 de la rue des Cordeliers. Les deux rues sont voisines, et 150 mètres séparent les deux habitations. Ce détail a son importance, parce que c’est dans ce quartier du Petit Bayonne, sur les bords de la Nive, entre le château et la cathédrale qu’a vécu est qu’est mort en 1807 le chansonnier gascon Pierre Lesca, en quelque sorte le Verdié de Bayonne. Ce maître-tonnelier, natif de la même rue des Cordeliers, s’était donc éteint à peine quatre ou cinq ans avant que Verdié n’y emménage, tout près de là, rue Maubec. Lesca, personnage mal connu, avait probablement laissé un souvenir, une trace de son activité dans ce quartier d’artisans en tonnellerie et d’imprimeurs dont Philippe Gardy rappelle l’activité en matière d’écriture populaire gasconne, avec des chansons et des pièces farcesques dont la matière n’est pas sans rappeler celle de Verdié, en particulier un texte manuscrit attribué à un certain Mailli (dont nous ignorons tout). Verdié est alors infirmier major à l’hôpital militaire. Dans le contexte des guerres de l’Empire, en particulier de l’installation par Napoléon Bonaparte de son frère sur le trône d’Espagne, sans parler de son affrontement avec la Grande-Bretagne, Bayonne devient une place forte de première importance stratégique qui attire beaucoup de monde en quête d’emploi dans l’entourage de l’armée. Verdié, sa famille et un certain nombre de Bordelais de son entourage font partie du lot.<br />Verdié rentre à Bordeaux en 1814 et s’installe avec son épouse rue Pont-Long, toujours dans le faubourg Saint-Seurin. C’est vers cette époque que Verdié commence à écrire (nous ne connaissons aucune œuvre de lui antérieure à 1814). Ses pièces sont imprimées chez Anne Roy, veuve de Jean-Baptiste Cavazza, imprimeur-libraire bordelais guillotiné en 1794 pour sympathies monarchistes. En cette fin de l’Empire, le retour des Bourbons est intensément souhaité dans un Bordeaux étranglé par le blocus qu’imposent les Britanniques (partenaires commerciaux privilégiés). Verdié se fait alors le chantre d’un monarchisme légitimiste d’occasion, qui sera généralement mal compris et lui sera reproché. L’imprimerie Cavazza est alors un foyer d’édition de l’écrit favorable aux Bourbons à Bordeaux. Le 11 janvier 1817 au Théâtre Français est jouée sa <em>Mort de Guillaumet</em>, suite d’une de ses farces (<em>l’Abanture comique</em>, en 1815), dont le chroniqueur et avocat bordelais Pierre Bernadau salue la représentation par une note méchante dans ses <em>Tablettes</em>. Verdié est alors grenadier de la Garde Nationale de Bordeaux, poste dont il démissionnera pour devenir employé de l’octroi de la ville (<em>pèla-gigòt</em>, pèle-gigot selon l’appellation locale), puis travaille un temps comme « facteur » à la Ruche d’Aquitaine, revue littéraire bordelais d’Edmond Géraud (francophone, mais attiré par la thématique d’une Occitanie médiévale mythifiée), avant de lancer sa propre revue, mais en occitan : <em>La Còrna d’Abondença</em>, en 1819. Entouré d’une « société de poètes gascons » Verdié se lance dans le projet de la première revue littéraire en langue d’oc connue. Il en livrera sept numéros. Verdié déménage finalement place de Rodesse, dans le quartier Mériadeck. Il y décède le 25 juillet 1820 à l’âge de 40 ans. Nous ignorons les circonstances de sa mort, par ailleurs assez peu documentée. Verdié devient, à peine mort, un personnage de contes et légendes. Vingt-six ans après, en 1846, son premier biographe Laurent Charles Grellet-Balguerie (qui signe Charles Bal) répand l’idée que Verdié a été « sablé » c’est à dire battu à mort avec une peau d’anguille remplie de sable tassé, pour ne laisser aucune trace. On parle de dettes, mais aussi d’excès en tous genres, et même, selon une légende urbaine locale qui se fait jour vers la fin du siècle, d’un pacte avec le diable, qui ferait de l’auteur bordelais une sorte de Faust de l’écriture. Verdié, enterré dans le carré des indigents du cimetière de la Chartreuse, n’aura droit à une véritable sépulture que bien des années plus tard, sur la volonté de sa sœur. Cette tombe a été détruite et a aujourd’hui disparu.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">L’œuvre de Verdié se compose principalement d’œuvres en occitan mêlé de francitan. Il s’agit d’un topos farcesque connu et utilisé depuis le XVII<sup>e</sup> siècle au moins, autant dans la littérature française qu’occitane, que bien d’autres auteurs de langue d’oc, notamment à l’époque baroque, ont utilisé, tels Goudouli ou François de Cortète de Prades. Verdié a écrit des textes en vers qui semblent avoir été destinés à être joués, à la façon des farces de l’âge baroque, dont seul un canevas de texte était écrit, l’interprétation étant laissée au talent d’improvisation des acteurs. Mais il nous a également laissé des pièces en français (réputées de piètre qualité), des chansons et quelques textes de circonstance ou de commande. Presque tout ce qui a été imprimé du vivant de l’auteur l’a été chez la veuve Cavazza :<br /><br /><em>- Acrostiche à l'honneur de Monsieur Lainé, ministre de l'Intérieur, ou la reconnaissance des Bordelais</em> (1814)<br />- <em>L'abanture comique de meste Bernat ou Guillaoumet de retour dens sous fougueys</em> (1815)<br />- <em>La Catastrophe affruse arribade à meste Bernat ou sa séparatioun dam Mariote</em> (1815)<br />- <em>Sounet dédiat aou Rey</em>. (sans doute 1815)<br />- <em>La Revue de Meste Jantot dans l'arrondissement de Bordeaux, ou la Rentrée des Bourbons en France, poëme dialogué, dédié aux amis du Roi, par M. Antoine Verdié</em> (1816)<br />- <em>La mort de Mariote ou meste Bernat bengé</em> (1816)<br />- <em>La mort de Guillaumet</em> (1816)<br />- <em>La Conduite de Grenoble, ou la Conspiration manquée, chanson nouvelle, dédiée aux gardes nationales du royaume </em>(1816)<br />- <em>Le Mois de mars passé, ou le Poisson d'avril mangé par les bonapartistes, chanson nouvelle</em> (1816)<br />- <em>Rondeau du mois de mai... à l'honneur du mariage de S.A.R. Monseigneur le duc de Berri</em> (1816)<br />- <em>La mort de Guillaumet, tragédie burlesque en 2 actes et en vers</em>, Bordeaux, Théâtre Français, 11 janvier 1817<br />- <em>Lou Sabat daou Médoc ou Jacoutin lo debinaeyre dam Piarille lou boussut</em> (1818)<br />- <em>Bertoumiou à Bourdeou ou lou peysan dupat</em> (1818)<br />- <em>Respounse a Meste Verdié, autur daou Sabat saou Medoc. Satire patoise, per un Medouquin</em> (1818), selon Philippe Gardy, Verdié est l’auteur de ce pamphlet rédigé contre lui-même.<br />- <em>Antony lou dansaney ou la rebue des Champs-Eliseyes de Bourdeou</em> (1818)<br />- <em>Alexis ou l'infortuné laboureur</em> (1818)<br />- <em>Les enfans sans soucis, ou L'art de banir la tristesse</em> (1818)<br />- <em>Le Gascon à Bordeaux, ou Maffay et Lazzari, fait historique </em>(1818)<br />- <em>Cadichoune et Mayan ou les doyennes de fortes en gule daou marcat</em> (1819)<br />- <em>Fables nouvelles, dédiées à M. Dussumier-Latour,... commandant de la 2e cohorte de la Garde nationale bordelaise</em>, par M. Verdié. Première édition (1819)<br />- <em>L'Amour et le célibat, comédie en un acte et en vers, par M. Verdié</em> (1819)<br />- <em>Réponse de M. Verdié à la satire qui a été publiée contre lui, ou Rira bien qui rira le dernier</em> (1819)<br />- <em>La Corne d'aboundence, oubratge poétique et récréatif per une societat de poetes gascouns et rédigeat per Meste Verdié</em>. Neuf livraisons (1819-1820)<br />- <em>Dialogue entre l'illustre Don Mardi-Gras et Carême l'abstinent</em>, sans date, d’attribution douteuse.<br />- <em>Le procès de Carnaval, ou Les masques en insurrection</em>, sans date.<br />- <em>Testament de Mardi-Gras</em>, sans date.<br />- <em>Conversion de Mardi-Gras</em>, sans date.<br />- <em>Cansoun</em>, sans date.<br />- <em>Chanson nouvelle</em>,<em> dédiée aux Bordelais pour l'anniversaire des douze mois</em>, sans date.<br />- <em>Le Corps-de-garde, chanson à l'honneur de la nouvelle organisation de la Garde nationale bordelaise</em>, sans date.<br />- <em>Lou Gascoun sur la route de Paris</em>, attribution incertaine, sans date.<br />- <em>Le Gâteau du 6 janvier</em>, sans date.<br /><br />Pour une bibliographie complète de Verdié, il sera renvoyé à la synthèse de François Pic, à la fin de l’ouvrage référentiel de Philippe Gardy : <em>Donner sa langue au diable. Vie, mort et transfiguration d’Antoine Verdié</em>, Bordelais. Fédérop, Section Française de l’Association Internationale d’Études Occitanes, 1990. Il s’agit de la synthèse la plus complète de la vie et de l’œuvre de Verdié qui ait été faite à ce jour.<br />Verdié fut un des plus gros succès de librairie à Bordeaux au XIX<sup>e</sup> et au début du XX<sup>e</sup> siècles. Outre les éditions séparées d’œuvres parues de son vivant, puis dans les années qui ont suivi sa mort (par la veuve Cavazza, puis par son successeur Lebreton), il convient de citer les regroupements de ses textes, publiés par les imprimeurs-libraires Élie Mons, puis Auguste Bord, dans les années 1840-50. La première édition de ses œuvres (presques) complètes voit le jour en 1868, chez Émile Crugy. François Pic précise que « d’une manière ininterrompue le public bordelais put, de 1868 aux dernières années du XIXe siècle, découvrir, posséder et relire les principales œuvres d’A. Verdié » (<em>op. cit</em>. p.211). Il convient de ne pas omettre le travail de Grellet-Balguérie, premier biographe de Verdié : <em>Essai sur les poésies françaises et gasconnes de Meste Verdié, poète bordelais</em>, par Charles Bal. Bordeaux, Coudert, 1846, qui s’appuient sur des témoignages de personnes ayant connu Verdié, dont, semble-t-il, sa propre sœur. Par la suite, nous pouvons citer plusieurs rééditions :<br /><br />- <em>Œuvres gasconnes de Meste Verdié, poète bordelais</em> (1779-1820). Édition nouvelle soigneusement collationnée, considérablement augmentée et précédée d'une notice, sur Antoine Verdié. Son temps, sa vie, ses œuvres, sa langue, par Léon Bonnet, lauréat des Jeux floraux septenaires. Préface de M. Édouard Bourciez, professeur de langues et littératures du sud-ouest de la France, à la Faculté des lettres de Bordeaux. Féret et fils, Bordeaux, 1921.<br /><br />- <em>Farces bordelaises</em>, traduction par Bernard Manciet, préface par Albert Rèche, Bordeaux, l'Horizon chimérique, 1989.<br /><br />- <em>Mèste Verdié. Obras gasconas </em>: Bordeaux, Ostau occitan ; Toulouse, Institut d'études occitanes ; Orthez, Per noste, 1979.<br /><br />- <em>Istoèras bordalesas e gasconas</em>. Version bilingue gascon-français. Éditions des Régionalismes, 2016.</p>
Escarpit, David
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
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2018-03-20
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Biron, Pierre (1861-1941)
Biron, Pierre (1861-1941)
Agriculteur ; paysan
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Pierre Biron (1861-1941), Norib en littérature, est un écrivain authentiquement paysan et un étonnant homme de culture ouvert à la culture classique comme à l’actualité de son temps.<br />Par sa profondeur philosophique, sa lucidité et ses idées avancées, il est une figure de référence, poète et prosateur de premier plan en langue occitane d’Auvergne, entre Planèze et Margeride. Son œuvre, disséminée dans la presse du temps, a été réunie dans deux ouvrages <em>Poésies de Norib</em> et <em>Proses de Norib</em> publiés aux Éditions <em>Lo Convise</em> (<b><a href="https://www.association-lo-convise.com/" target="_blank" style="color: #1155cc;" rel="noopener noreferrer">https://www.association-lo-convise.com)</a></b> à Aurillac.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Biron, Pierre (1861-1941)</p>
<h3>Autres formes connues</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Norib (pseudonyme)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Toinou (pseudonyme)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Toinou d'Areuzo (pseudonyme)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Un Bourrut (pseudonyme)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Pribon (pseudonyme) </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Probin (pseudonyme)</p>
<h2>Élements biografiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Pierre Biron (<em>Norib</em> en littérature) est une pure émanation de la terre d’Auvergne, entre Planèze et Margeride, où il a passé sa vie et qui garde la mémoire de son nom quoique ses œuvres, parues seulement dans la presse, n’aient jamais été publiées en livre. Écrivain paysan autodidacte cultivé, il est un témoin précieux de l’auvergnat parlé dans la première moitié du XX<sup>e</sup> siècle et un contributeur remarquable de la littérature d’oc.<br />Après leur mariage en 1958, son père, cultivateur à Montchanson et sa mère dont la famille était propriétaire à La Gazelle d’Anglards de Saint-Flour s’établirent à Paris dans le commerce des vins. C’est ainsi que Pierre Biron est né le 15 janvier 1861 dans la capitale où il a vécu ses premières années mais, comme la santé de l’enfant s’accordait mal à la grande ville, on le confia à sa grand-mère demeurée à La Gazelle.<br />Le décès prématuré du père en 1871 empêcha la famille appauvrie de financer les études qu’il fallait au petit Pierre épris de connaissances. Cette injustice originelle explique sa demande insistante de l’instruction pour tous et son amour des livres qui conduira peu à peu à une bibliothèque dont l’abondance et le niveau étonnent dans une ferme.<br />Loué comme pâtre à 15 ans, puis bouvier, aidant sa mère puis lui succédant sur la petite ferme de La Gazelle, il sera paysan toute sa vie, assumant pleinement sa condition : « <em>Per venir vièlh, quò’s lo melhor mestièr</em>. »<br />La jeunesse de Pierre Biron a été celle d’un autodidacte passionné, travaillant dur pour devenir un homme de culture, en butte aux préjugés selon lesquels un paysan n’a pas forcément besoin d’instruction mais aidé heureusement par deux oncles qui le pourvoyaient en bons livres classiques et modernes et en revues européennes.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d’oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">C’est la presse qui l’a fait connaître et l’a conforté dans la voie littéraire. Il est poète en langue française tout d’abord. Ses vers de jeunesse, en français, inspirés par les premières exaltations amoureuses et une certaine « Mireille » sont perdus mais en 1895 les premières poésies publiées chantent la campagne, le laboureur, l’instruction et révèlent une sensibilité d’artiste attiré par l’art et la peinture.<br />Le publiciste sanflorain Pierre Raynal l’a orienté judicieusement vers l’expression occitane où il va s’imposer durablement avec des œuvres originales, profondes ou railleuses. Dans <em>Quand ère pastre</em>, la première de celles-ci, en 1895, il fait une lecture critique des réalités sociales à la campagne, bien différente des représentations félibréennes et relaye en Planèze le jeune félibre socialisant Louis Delhostal qui tentait une action de rénovation dans la revue de Vermenouze <em>Lo Cobreto</em>. Mais c’est plus encore en 1899 et 1900 que le récit plein de verve de ses tribulations avec deux femmes vengeresses à l’esprit corseté et la narration bourgeonnante de <em>La Treva</em> accroissent sa notoriété en Planèze. En 1900, il perd sa mère, épouse Jeanne Meyniel et à l’occasion pourra ajouter quelques menues rétributions de publiciste aux revenus de la ferme de La Gazelle.<br />Il est désormais et pour longtemps une valeur sûre de la presse régionale dans les colonnes du <em>Courrier d’Auvergne</em>, journal conservateur bien lu. Mais, au temps du combisme, Pierre Biron libère sa plume militante dans <em>La Haute Auvergne</em> républicaine sous le pseudonyme de <em>Toinou d’Areuzo</em> qui lui permet d’apparaître comme un libre penseur anticlérical cultivé, échappant à la peur de la mort ou de l’autorité. Pour alimenter d’autres journaux de la Planèze, il a utilisé – outre Biron son nom et Norib le pseudonyme littéraire qu’il a choisi – d’autres noms de plume plus ou moins reconnaissables. Particulièrement intéressant est Toinou, honnête homme ayant des clartés de tout, clin d’œil vers un épisode de l’enfance du général Antoine Drouot montrant que l’étude est libératrice.<br />Dans l’entre-deux guerres (1919-40), il est le grand poète de la Planèze, polémiste quand il faut, publié cette fois dans <em>Lo Cobreto</em>, proche idéologiquement du journal <em>L’Union démocratique</em>, figure tutélaire de <em>La Glèbe</em> (organe de l’Office agricole de Saint-Flour), reconnu par les grands esprits, les futures grandes figures de la Résistance (Louis Mallet, René Amarger…) qui maintiendront le souvenir de son œuvre. Le progressiste militant qu’il était comprend pleinement désormais l’avertissement d’Edgar Quinet aux écoliers du XIX<sup>e</sup> siècle : « Aucune machine ne vous exemptera d’être homme ». La guerre d’Espagne, la montée des périls assombrissent sa vieillesse.<br />Il meurt le 30 septembre 1941.<br /><br />L’œuvre de Pierre Biron est une composante de premier plan du patrimoine nord-occitan. D’abord parce qu’elle illustre de belle manière la langue d’oc en usage en Planèze au contact de la Margeride. Ses proses variées, contes, légendes, récits inspirés par des faits vrais ou imaginés, réactions à l’actualité, poèmes en prose, pages de vulgarisation associent sa clairvoyance au paysage d’Anglards près duquel l’Ander rejoint la Truyère, en deçà de Montchanson.<br />Elle exprime un homme complet qui vit le travail de la terre aux ramifications cosmiques, la poésie de la nature et des saisons, l’actualité aux horizons lointains, qui s’intéresse aux artistes et aux savants, aux classiques, aux contemporains, aux petits, avec les intuitions généreuses et écologiques qu’il faut réactiver dans le monde d’aujourd’hui.<br />Les anthologies soulignent souvent la profondeur de son inspiration en retenant des poèmes comme « Tristessa » (connu aussi sous le titre de « Dolors »), « La Mòrt d’un cri-cri », « Ponhada de vartats », « Ma Tesa »… mais sa prose est également intéressante.<br /><br />L’intégrale de ses œuvres est parue aux Éditions du Convise sous les titres <em>Poésies de Norib</em>, 2012 (720 p.) et <em>Proses de Norib</em>, 2013 (704 p). Les notes qui accompagnent les textes apportent parfois quelques informations sur la vie littéraire occitane en planèze et au-delà, peu étudiée jusqu’ici.<br />Cette édition intégrale contient une bibliographie complète des articles ou poèmes parus dans : <br />- <em>La République libérale</em><br />- <em>Le Courrier d’Auvergne</em><br />- <em>Le Progrès du Cantal</em><br /><em>- La Haute Auvergne</em><br /><em>- L’Union démocratique</em><br /><em>- Lo Cobreto / La cabreta</em><br /><em>- L’Armanac d’Auvernha</em><br /><em>- Le Démocrate de Saint-Flour et de Murat</em><br /><em>- La Glèbe</em></p>
Lafon, Noël
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
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2018-03-20
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Peyrottes, Jean-Antoine (1813-1858)
Peyrottes, Jean-Antoine (1813-1858)
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Jean-Antoine Peyrottes es un poèta-potièr de la primièra mitat del sègle XIX. S’inscriu dins lo territòri occitan perque visquèt tota sa vida a Clarmont d’Erau e tanben perque escriguèt mai que mai en occitan. Son òbra es abondosa : mai de 400 poèmas retrobats. Totes los manuscriches coneguts son conservats al CIRDÒC e al jorn de uèi, mens de dètz per cent de son òbra es estada publicada. Efectivament, sonque dos recuèlhs son pareguts, lo primièr estructurat per Peyrottes, en 1842 e lo segond editat pel Comité Peyrottes de Clarmont d’Erau, en 1897.</p>
<h2>Identitat</h2>
<h3><b>Formas referencialas</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Peyrottes, Jean-Antoine (1813-1858)</p>
<h2>Elements biografics</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Lo poèta escriguèt e publiquèt jos son nom vertadièr, lo qu’es enregistrat a l’estat civil. Çaquelà, la signatura de qualques unes de sos poèmas met subretot en evidéncia sa condicion populara e son activitat artesanala puslèu que la creacion poëtica. Peyrottes considerava que crear de poèmas èra una necessitat mas aquela activitat podiá èsser una empacha a l’exercici de son mestièr tanplan que li arribava de signar « espèça de teralié que s’es mes dins lo cap d’estre poèta ». <br /><br />Peyrottes es un autodidacte que s’es pauc a pauc constituit una cultura literària que pòt èsser qualificada d'eteroclita e de mal estructurada, segon l'expression de l’istoriana cercaira montpelhierenca Nathalie Pistre. Lo poèta ven d’una familha d’artesans potièrs pro rica qu'èra establida dins lo vilatge de Clarmont d’Erau situat entre la lana lengadociana de Montpelhièr, las Cevenas, lo Carós e lo Lodevés. Peyrottes a viscut dins un contèxte d’afrontaments politics entre republicans e monarquistas mai que mai marcat per las consequéncias de la Revolucion Francesa e pels cambiaments de regims de la primièra partida del sègle XIX. Del punt de vista religiós, Clarmont èra tanben un luòc ont l’oposicion entre los catolics e los protestants foguèt viva.<br /><br />Peyrottes s’engatgèt en politica amb l’objectiu de portar la votz del pòble e de sosténer la lucha dels obrièrs e pageses. Anèt duscas a se voler presentar a las primièras eleccions legislativas al sufratge universal masculin solament, mas renoncièt. Plan de sos tèxtes son un rebat d’aquel engatjatament politic.</p>
<h2>Engatjament dins la renaissança d'òc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Peyrottes parla e escriu naturalament en occitan e son òbra es majoritàriament en occitan. Publiquèt çaquelà qualques tèxtes en francés que son mai que mai de tèxtes politics. Sos poèmas en occitan coma en francés s’inscrivon dins l’encastre del monde occitan, e particularament lengadocian mas mòstra tanben qu'a una coneissença pro larga del patrimòni literari occitan. Dins sa produccion, se tròban de poèmas de valorizacion de la cultura e de la literatura d’òc e se qualificava de trobaire coma o mòstra « Lou Lay del Darnié Troubayre » :</p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: left;">O sublima sagessa ! Eh ! Bé sièga bénida. <br />Del mal qu'o suspourtat moun paoure corp és las<br />Vouyajur, fatigat, hioy mé cal un soulas <br />La routa qu'ay séguit n'èra pas gayre unida. <br />Quan, pécayre, tout passa é qué tout és mourtel ;<br />Quan joundroou ma poulsièyra ambé d'aoutra poulsièyra <br />Mé récoumande à tus, à moun houra darnièyra : <br />Car sios gran, car sios juste, ô Payre Universel !</p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: center;">(Peyrottes 1897, 97)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><br />En 1838, ganhèt lo prèmi de la Societat d’Estudis Arqueologics de Besièrs amb un poèma d'omenatge a Pèire-Pau Riquet. En seguida, creèt un cercle literari, lo Grenier de Clarmont d’Erau que s’inscriviá dins un contèxte de desvelopament de las societats poeticas obrièras. En 1840 foguèt condemnat per una de sas òbras (Lous Orchelets, per injura a magistrat), çò qu'aguèt per resultat de lo far conéisser dins la França tota. Sas relacions amb d’erudits coma Moquin-Tandon semblan començar, se nos basam sus la correspondéncia qu’entretenguèron, en 1843. Enfin, Victor Hugo o Lamartine n’ausiguèron parlar tanplan que, dins lo contèxte del romantisme literari e politic, son trabalh d’escritura foguèt considerat coma l’expression de la votz del pòble :</p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: center;">À Monsieur J- A. Peyrottes, potier et poète Clermont l’Hérault</p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: left;">Votre voix, Monsieur, n’est pas seulement la voix du poète : c’est la voix du peuple. C’est cette même voix qui murmure sur la terre les choses du ciel, qui dit : Aimez, travaillez, espérez !</p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: left;">Mon nom enchassé dans vos rimes populaires me réjouit comme la plus douce des récompenses. Je vous remercie du fond du coeur.</p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: center;">Victor Hugo</p>
<h2>Bibliografia de Jean-Antoine Peyrottes</h2>
<h3>Òbras imprimidas</h3>
<p>- <em>Pouésias patouèzas</em>. Montpellier : imprimerie de Veuve Ricard, 1840.<br />En linha sus Occitanica.eu : <a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/224" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
<p>- <em>Œuvres patoises</em>. Montpellier : Impr. Méridionale, 1897.<br />En linha sus Occitanica.eu : <a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/568" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
<p>- <em>Las Fadechailhas</em>. Montpellier : Patras et Virenque, 1842.<br />En linha sus Rosalis, Bibliothèque numérique de Toulouse : <a href="http://rosalis.bibliotheque.toulouse.fr/cgi-bin/hub?a=d&d=%2Fark%3A%2F74899%2FB315556101_RC19_000792_004" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
<p>- <em>Lous orchelets</em>. Lodève : Grillières, 1837.<br />En linha sus Rosalis, Bibliothèque numérique de Toulouse : <a href="http://numerique.bibliotheque.toulouse.fr/ark:/74899/B315556101_RC19_000792_003" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
<p>- <span>« </span>Déliré pouétiqua<span> »</span>, in <em>Le Babillard</em>, juin 1843.</p>
<p>- <span>« </span>Compassiou<span> »</span>, in <em>Le Babillard</em>, 24 décembre 1842.</p>
<p>- <span>« </span>Richessa e paoudièyra<span> »</span>, in <em>Le Babillard</em>, 19 mars 1843.</p>
<p>- <span>« </span>La filla de la mountagna : Oda coupousada pè dél Pioch de Bissou<span> »</span>, in <em>Le Babillard</em>, 5 janvier 1840.</p>
<p>- <span>« </span>La Doutaciou d'un efan del pople<span> »</span>, in <em>L'Indépendant</em>, avril 1841 – juin 1844.</p>
<p>- <span>« </span>La Libertat<span> »</span>, in <em>L'Indépendant</em>, avril 1841 – juin 1844, p250.</p>
<p>- <span>« </span>L'entarramén d'un éfan<span> »</span>, in <em>L'Indépendant</em>, avril 1841 – juin 1844.</p>
<p>- <span>« </span>Le Temps<span> »</span>, in <em>L'Indépendant</em>, avril 1841 – juin 1844.</p>
<p>- <span>« </span>Lou boun Samaritèn<span> »</span>, in <em>L'Indépendant</em>, avril 1841 – juin 1844.</p>
<p>- <em>La Prièra del Vèspré. roumança, paraoulas dé J.-A. Peyrottes, musica de Pierre Lugagne</em></p>
<h3>Manuscrits</h3>
<p>- Recueil de poèmes de Jean-Antoine Peyrottes, Dossier A. CIRDÒC - Mediatèca Occitana, Ms 324 (A).<br />En linha sus Occitanica.eu : <a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/3206" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
<p>- Recueil de poèmes de Jean-Antoine Peyrottes, Dossier B. CIRDÒC - Mediatèca Occitana, Ms 324 (B).<br />En linha sus Occitanica.eu : <a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/3210" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
<p>- Recueil de poèmes de Jean-Antoine Peyrottes, Dossier C. CIRDÒC - Mediatèca Occitana, Ms 324 (C).<br />En linha sus Occitanica.eu : <a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/3211" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
<p>- Poésies populaires. CIRDÒC - Mediatèca Occitana, Ms 24.<br />En linha sus Occitanica.eu : <a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/225" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
<p>- Poésies languedociennes et gasconnes. Toulouse, Service commun de documentation de l'Université Toulouse 1 Capitole, bibliothèque de l'Arsenal. Cote : Ms 196.<br />En linha sus Occitanica.eu : <a href="http://occitanica.eu/omeka/items/show/523" target="_blank" rel="noopener">anar sus lo site</a></p>
Humbert, Léo
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-03-14 Noémie Eyraud
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Vestrepain, Louis (1809-1865)
Vestrepain, Louis (1809-1865)
Fonctionnaire
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Nascut a Tolosa, botièr de profession, ensaja de prene la dralha de Jasmin, qu’es de son temps o de son devancièr Godolin e capita de ganhar un prèmi al concors de lengas romanicas de la Societat Arqueologica de Besièrs.<br />De 1837 a 1860, l’òbra presenta una varietat bèla de produccions. Trobam de poèmas en rapòrt amb los eveniments : fèstas (<em>La balotcho de Sant-Subra</em>), carnavals (<em>Tribunal carniboro seent a Salvagnac, a Lebignac, a Lasserro</em>), visitas de personalitats nacionalas (<em>Al prince Louis-Napoleoun</em>), de poèmas d’inspiracion politica (<em>Libertat Egalitat Fraternitat</em>), morala (<em>La caritat</em>), religiosa (<em>Tout probo l’existenço de Diou</em>), satirica (<em>Les furets del numerari, ou les banqueroutiès fraoudulouses</em>), dramatica (<em>Le laourié d’uno bastisso nobo ou la mort de Marcèl</em>), comica <em>(La lantèrno-magiquo ou le fillol de Bourniquèl</em>), e tanben de cançons e de poèmas divèrses (<em>Improumptus</em>).</p>
<h2>Identitat</h2>
<h3><b>Formeas referencialas</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Vestrepain, Louis (1809-1865)</p>
<h3>Autras formas conegudas</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Vestrepain, Louis-Catherine (pseudonim)</p>
<h2>Elements biografics</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Louis Vestrepain nasquèt a Tolosa<a id="1" href="#note1"><sup>1</sup></a> lo 17 d’agost de 1809 e i defuntèt lo 25 de decembre de 1865 (56 ans). <br />Èra sabatièr coma son paire. Aviá son magasin a Tolosa carrièra de la Poma, al 55 puèi al 66. Sa vocacion poetica l’empachèt pas de contunhar son mestièr tota sa vida. A l’ocasion dels eveniments (carnavals, fèstas, divèrsas) escriguèt poèmas, cançons, satiras, peçòtas dins sa lenga mondina, la lenga del pòble de Tolosa.<br /> S=Botièr e filh de botièr, lo primièr encastre de l’exercici de la poesia, o del cant, èra lo mitan dels companhons : lo talhièr, las fèstas professionalas e recepcions de novèls companhons.<br />Per l’anecdòta, un de sos ancians aprendís, filh de mèstre companhon cordonièr, que venguèt cantaire e director de l’Opera de Tolosa puèi de París, Pedro Gailhard, testimónia : « Vestrepain avait un culte particulier pour Molière qu’il savait entièrement par cœur et qu’il nous récitait durant nos repos. » (« Vestrepain intime », <em>La Belle chanson du pays de France et des pays d'oc, revue toulousaine</em>, 1911.</p>
<h2>Engatjament dins la renaissança d'òc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Coma per Godolin, son las scènas de la vida populara (entre autres las manifestacions carnavalescas) la font principala de son inspiracion. Avèm per exemple una descripcion d’una fèsta (<em>La balocho de San Subra</em>) que C. Torreilles ne fa l’estudi dins <em>Lenga e Pais</em> n° 21 (Dorsièr « Recit de Fèstas », presentacion de Vestrepain p. 66) :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;">« <em>La balotcho de San-Subra est le récit de la fête du quartier Saint Cyprien à Toulouse. Fête aquatique, qui se déroule dans les prairies du bord de la Garonne, et sur l’eau : une théorie de bateaux richement décorés transporte le cortège de Neptune et Amphitrite jusque dans l’île de Tounis. La pompe royale du décor rappelle les fastes d’Ancien Régime. Cette fête n’est établie que depuis 1845, grâce à M. Arzac, membre du Conseil de Toulouse, à qui Vestrepain rend hommage, en entonnant à sa manière le chant de la grande fraternisation</em>.</p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: center;"> […] <br /><em>Le grand e le petit menatge </em><br /><em>Favrejan coumo de bessous, </em><br /><em>Manjabon e bebion al brut de tas cansous, </em><br /><em>Sans malfisenço ni rancuno</em>. </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>On sent le désir d’insuffler à la fête restaurée et organisée de façon plus ou moins officielle, la ferveur d’une participation populaire qui lui donnera sens. C’est pourquoi Vestrepain insiste dans son poème sur le succès des jeux traditionnels, course en sac, mât de cocagne, en forçant un peu la note du populisme…</em> »</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><br />Contemporanèu de Jasmin (1798-1864), Vestrepain es un dels actors de la renaissença occitana del sègle XIX<sup> </sup>dins lo parçan tolosenc, coma Olympe Benazet (1802-1879)<a id="2" href="#note2"><sup>2</sup></a> o Lucien Mengaud (1805-1877, autor de la cançon « <em>La Toulousaine</em> »). Comencèt de se far conéisser en 1836 amb de publicacions dins los jornals locals : lo <em>Journal de Toulouse</em> li dobrís sas paginas entre 1845 e 1860, las publicacions occitanas <em>Le Gril</em> e <em>La Terro d’òc</em> (« revisto felibrenco e federaliste publicado per l’Escolo Moundino ») lo lausan encara en 1898. Dins sas <em>Mémoires</em>, Léon Géry (1839-1933), un autre autor-obrièr occitan, parla de son amistat e de sa consideracion per Vestrepain que reconeis coma son mèstre.<br />Es premiat al concors de <em>La Societat Archeologica de Besièrs</em> ont es comparat a Jasmin. Vertat, Vestrepain afortís son admiracion per Jasmin amb dos poèmas (<em>Le coiffur del Parnasso</em>. <em>Epitre a Jasmin</em> en 1839 e <em>Maytinado poetiquo. Dounado per Jasmin</em> en 1851). Mas las relacions van pas perdurar :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Qui me legira saoura</em> : <br /><br /> <em>Qu’èy renounçat d’escrioure à l’aounou de Jasmin, </em><br /><em>Parço que mon trabal, per un ta grand genio, </em><br /><em>Diou pareysse, sans doute, un trabal de gamin,</em><br /><em> Car jamay nou m’a dit : L’èy recepiut, mercio !</em> (éd. 1860, 154) :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><br />Las societats literàrias s’interessan a sos vèrses, mas es pas qu’en 1860 que publica sas òbras acampadas jol títol<em> Las espigas de la lengo moundino</em>. <br />Coma ne fan l’analisi Robert Lafont e Christian Anatole (<em>Nouvelle histoire de la littérature occitane</em>, PUF, 1970, 2 vol., vol. 2, p. 527) : :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;">« <em>Ses meilleures réussites, il les atteint lorsqu’il se fait le porte-parole de l’indignation populaire comme dans </em>Les furets del numerari<em> ou </em>Les banquerouties fraoudulouses<em> ou qu’il utilise, à l’imitation de Godolin, l’incohérence de la poésie folklorique dans </em>Les detz coplets de raretas<em> :</em><br /><br /></p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: center;"><em>A la coeta d’una mosca</em><br /><em> An atelat un monard </em><br /><em>Per anar tirar la posca </em><br /><em>Qu’òm vei al fons de la mar ; </em><br /><em>Pel trauc d’una canavèra </em><br /><em>D’astronòmes alemands </em><br /><em>Sus un bròc de galinièra </em><br /><em>An vist pondre d’elefants…</em> »<br /><br /></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Lo libret <em>Las abanturos d’un campagnard à Toulouso</em> es editat sièis còps e tres autres seràn tornarmai estampats en 1870 e 1911. <br />Ni pels francismes emplegats, Vestrepain manten pasmens unes biaisses de dire plan occitans coma o fan remarcar Louis Ariste e Louis Braud (<em>L’Histoire populaire de Toulouse</em>) : </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;">« Ce poète s’efforça de rechercher des anciens mots et des tours de phrase de langue "moundino " que le temps tendait à modifier au bénéfice de tournures françaises :</p>
<p style="line-height: 150%; padding-left: 30px; text-align: center;"> Grasso coumo un clabèl <br />Mouflo coumo un ayssèl <br />Bentrut coumo un rastèl <br />Et poumpillat coumo un gistel <br />Soun payre farinèl <br />Al mouli del Castèl… » <br /><br />(Tirat del poèma <em>Le Filhol dé Bourniquèl</em>) </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">E d’ajustar :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;">« <em> Ce fut le vrai poète des foules, le chanteur obligé de toutes les fêtes, des balotchos comme des carnavalades, des pèlerinages et des </em>fénétras<em>.<br /> Autrefois le </em>fénétra<em> était une sorte de pardon qui se gagnait en visitant les maladreries des faubourgs ; plus récemment, ces dévotions devinrent des foires avec divers amusements, comme elles se font de nos jours</em>. » </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Cal remarcar tanben que trobam sovent la declaracion dedicatòria « A ma lengo ». Emplega pas jamai lo mot « patés ». Pasmens sembla creire que las causas cambiaràn pas :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">« <em>Percevant peu, voire pas du tout, le recul de la langue, Vestrepain fonde sur l’occatinophonie encore massive de la population, bien établie, il est vrai, en ce milieu du XIX<sup>e</sup> siècle, les conditions d’un statut ontologique de l’occitan :<br /><br />Tant que l’astre del jour lugrejara dins l’ayre, <br />Le pople parlara coumo a parlat sa mayre ; <br />Oui, tant que l’on beyra lusi les Tres-Bourdous <br />Et la luno argenta sa courso luminouso,<br /> Le cèl fara brilla la lengo de Toulouso <br />Per entrumi le froun de sous acusatous !! »</em> (éd. 1860, 207)<a id="3" href="#note3"><sup>3</sup></a> <em> </em><br /><br />Frederic Mistral ne fa una citacion dins <em>Lou Tresor dóu Felibrige</em>, al vocable TOURRIL (p. 1013) : </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 60px;">« <em>Des jouiouses dounzèls le rire e le babil </em><br /><em>Quand aniran enfin li pourta le tourril. </em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Tourril : soupe à l’oignon, que les gens de la noce apportent aux époux, au milieu de la nuit, en Gascogne</em>. » </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">En mai de la descripcion dels usatges de la societat de son epòca que balha a son òbra una valor etnologica, Vestrepain nos dona, a la fin de <em>Las espigos de la lenga mondina</em>, un <em>Dicciounari des mots les pus escarriès del frances emplouyats</em> ; plan segur es pas en grafia normalizada mas aquò nos permet de conéisser la fonetica del moment.<br />Es interessant tanben de remarcar :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;">« Dans son lexique, Vestrepain se souvient de Godolin et singulièrement de la déploration que le poète toulousain consacra à la mémoire du défunt roi Henri IV. Son incipit, « <em>aouèy preni la plumo</em> », rappelle les paroles de la Nymphe toulousaine (<em>moundino</em>) : « <em>Ouëy tourni prene bent</em> » (v. 17). La séquence « <em>m'endouloumo et m'esquisso le cor</em> » (4) reprend en partie le vers 68 des <em>Stansos</em> de Godolin : « <em>Les espauris, esquisso, endoulomo, moussègo</em> » tandis que l’expression « <em>la scarrioto mort</em> » (6) est un écho de la « <em>scarioto ma</em> » de l’assassin Ravaillac (79)<a id="4" href="#note4"><sup>4</sup></a>.»<em></em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><br />Lo renom de Vestrepain es perennizat per una estatua inaugurada en 1898 (Jardins de las Plantas de Tolosa) de l’artista Antonin Mercié e pel nom d’una carrièra de Tolosa.<br />En 1909 foguèt festejat lo centenari de sa naissença, (<em>Le Petit Journal Illustré</em> ne fa un panegiric dins son edicion del 26 de setembre). <br />Al Congrès <em>Pierre de Fermat, Toulouse et sa région</em>, lo canonge Josèp Salvat li rendèt omenatge a l’ocasion del centenari de sa mòrt (1965).<br /> Lo renom de Vestrepain es perennizat per una estatua (Jardins de las Plantas de Tolosa) de l’artista Antonin Mercié e per lo nom d’una carrièra de Tolosa. <br />Coma o ditz Claude Barsotti dins <em>Mémoire du pays</em> : « Loís Vestrepain, par la présence d’un occitan écrit, a préparé l’avenir dans une Toulouse qui était encore bien endormie. » <br />Finala, trobam aquí un personatge plan dins son temps, plan integrat a la societat ont viu, d’umor gaujosa mas d’una sensibilitat bèla rapòrt a las misèrias del mond : per exemple, lo títol <em>L’Anjo de Caritat</em> es acompanhat de la mencion « Al benefici des paoures hountouses et del depot de mandicitat » e se sap tanben que faguèt un present al profèit de las victimas de l’afondrament d’un pont a Angièrs (<em>Journal de Toulouse</em>, 23 04 1850).</p>
<hr />
<p id="note1" style="text-align: justify; line-height: 150%;">1. Dins « Une vie de pauvre ou de notable ? Louis Vestrepain et l’autobiographie en vers occitans au XIX<sup>e</sup> siècle » (Actes de la journée <em>L’écriture sans école : autobiographies ordinaires italiennes et françaises</em>, Toulouse, 04 05 2018, à paraître), Jean-François Courouau balha en nòta :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;">Archives municipales de Toulouse, 1E245, f° 143. Dans cet acte, le père de Vestrepain est qualifié de cordonnier. Sa mère se nomme Marie Rouquette et l’enfant est prénommé Louis-Catherine. Les indications biographiques les plus fiables sont celles, très limitées cependant, contenues dans l’introduction à l’édition de 1911 de <em>Las espigos de la lengo moundino</em> procurée par Joseph Rozès de Brousse (1876-1960). Cette édition reprend à l’identique celle de 1860. <a href="#1">↑</a></p>
<p id="note2" style="text-align: justify; line-height: 150%;">2. Veire Philippe Gardy et Philippe Martel <em>Mémoires de pauvres</em>. <a href="#2">↑</a></p>
<p id="note3" style="text-align: justify; line-height: 150%;">3. Jean-François Courouau, « Une vie de pauvre ou de notable ? Louis Vestrepain et l’autobiographie en vers occitans au XIX e siècle » (Actes de la journée <em>L’écriture sans école : autobiographies ordinaires italiennes et françaises</em>, Toulouse, 04 05 2018, à paraître) <a href="#3">↑</a></p>
<p id="note4" style="text-align: justify; line-height: 150%;">4. Id. <a href="#4">↑</a></p>
Pedussaud, Michel
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-03-09
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oci
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Hot, Laurent (1863-1928)
Hot, Laurent (1863-1928)
Fonctionnaire
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Emplegat de comuna, Laurent Hot apareis coma un personatge original, e mai siá periferic, demest lo felibritge besieirenc del començament del sègle XX. Es mai estacat a l'us oral popular de la lenga qu'a la cultura literària promoguda pel felibritge. Mai que res pus es un poèta comic e Fourié lo ten per <em>un alerte chansonnier de circonstance<a id="1" href="#note1"><sup>1</sup></a></em>. Es tanben actor de teatre. Refusa las proposicions graficas dels felibres. Aficha d'idèas puslèu progressistas, que son tèxt contra la mistificacion de la tauromaquia a Besièrs demòra d'actualitat en 2018.</p>
<h2>Identitat</h2>
<h3><b>Formas referencialas</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Hot, Laurent (1863-1928)</p>
<h3>Autras formas conegudas</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Bèco figuos (pseudonim)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Hobt, Laurent (forma erronada del nom de familha)</p>
<h2>Elements biografics</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Laurent Hot es nascut a Florensac en 1863 e mòrt a Autinhac en 1928. Sus sa vida professionala sabèm solament que fasiá lo secretari de comuna a Autinhac.<br /> En 1903 a mai d'un enfant dont una filha nommada Mireille. <br />Avèm pas d'informacion sus d'engatjaments politics eventuals. Sembla qu'agèt de relacions amb lo president de l'union republicana d'Erau, J.-B. Perdraut, qu'es tanben imprimeire de sos dos libres. Prenguèt vagament la defensa del president Loubet dins son poèma <em>L'Esprit</em> del recuèlh <em>Esprit Pouncheut, Coumo mé plaï</em>. Amb aquò apelèt dins un autre poèma, d'un biais que demòra allegoric e poetic, a una revolucion sociala.</p>
<h2>Engatjament dins la renaissança d'òc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Avèm pas d'informacion per explicar cossí Laurent Hot venguèt a escriure e a jogar en occitan. Aviá agut escrich de vèrses en francés, que lo jornal <em>l'Éclair</em><a id="2" href="#note2"><sup>2</sup></a> ne fa mencion dins lo comte rendut d'una velhada a Florensac en 1895. Se sarrèt del felibritge besieirenc en 1901. A aquel moment lo Felibritge a Besièrs es l'Escolo del Titan, fondada en 1897. Los felibres s'acampan al <em>Café de la Comédie</em>. Aquí i trapam, entre mai, Emile Barthe (1874-1939), Fernand Pigot (1867-1928), Junior Sans (1820-1905), Jean Laurès (1822-1902), Achille Maffre de Baugé (?-1928), Albert Arnaud (1863-1937), Clovis Roques (1876-1958), Pierre Jean Bédard (1859-1938), René Fournier (1871-1940), Antonin Maffre (1852-1924), Louis Rouquier (1863-1939), Auguste Advenier (?-?) e Marius Labarre (?-?). <br />Publiquèt aquel meteis an 1901 <em>Rirés et Plours</em>, son primièr recuèlh de poesia. A partir de 1902 foguèt un dels actors de la tropa <em>Lou brès</em> menada per Emile Barthe. En setembre de 1902 foguèt nommat soscabiscòl de l'<em>Escolo del Titan</em>. En octòbre de 1903 publiquèt son segond e darrièr recuèlh de pèças en vèrs, farcejadas e poesias, <em>Esprit Pouncheut, Coumo me plaï</em>, prefaciat per Marius Labarre. En junh de 1904 comencèt de paréisser lo jornal bimensual <em>Lou Camel</em> e Laurent Hot ne foguèt director pendent quatre meses, abans qu'i lo remplacèsse Fernand Pigot. Puèi après un arrèst de quinze ans lo jornal se torna publicar en 1922 e Laurent Hot n'es lo director de 17 numèros abans qu'Emile Barthe ne prenguèsse la direccion d'aquí a 1925.</p>
<h3>1. L'actor</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Lo mes de Genièr de 1895 lo jornal <em>L'Éclair</em><a id="3" href="#note3"><sup>3</sup></a> menciona una pèça de teatre en francés a Florensac, que Laurent Hot i ten lo primièr ròtle, <em>Le Voyage de M. Perrichon</em>, de Labiche. <br />Lo 6 d'abril de 1902 l'escòla del Titan organiza una fèsta felibrenca. Se representa <em>Lous Abinatach</em>, d'Emile Barthe, pèça en forma de jutjament ja populara a l'entorn de Besièrs. <em>La Campana de Magalouna</em> ne dona un comte rendut de René Fournier<a id="4" href="#note4"><sup>4</sup></a> : </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>[...] la comedio, debanado coumo se dèu per una colo d'amatous bezieirencs, acabèt d'enfiouca tout lou mounde. Lou felibre Hot tenguèt en ma de mèstre lou rolle del President de Court, coumo s'aviò fach acò touto sa vido [...] <br /></em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Lo mes de mai d'aquel an los felibres organizan la Santa Estèla a Besièrs. A calgut qu'Emile Barthe anèsse d'aquí a Malhana per suplicar Mistral, malaut, que venguèsse. Las festivitats se van clavar amb la representacion de la pèça novèla de Barthe, <em>Coucourdou</em>. Barthe ven de montar la tropa de teatre <em>Lou Brès</em>. Lo president n'es Paul Ollié e demest los actors trobam Laurent Hot. Lo jornal <em>Le Publicateur de Beziers</em><a id="5" href="#note5"><sup>5</sup></a> o conta : </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Le soir, devant une salle comble, Mistral a fait son apparition au théâtre [...]. A son arrivée, la représentation est interrompue; tout le public debout lui fait une immense ovation. A ses côtés, on voit la poètesse Filadelpho [...]. On a joué Coucourdou, le nouveau drame de M. Barthe, excellemment interprété par le félibre Laurent Hot et la société du Brès. </em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><em>La Vie Montpellieraine</em><a id="6" href="#note6"><sup>6</sup></a> o afirma tanben : </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;">Coucourdou<em>, l’œuvre nouvelle de M. Barthe, a été excellemment jouée. Grand succès pour les interprètes et pour l'auteur auquel le public a fait une chaleureuse ovation. </em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">La tropa jogarà mai de pèças d'Emile Barthe d'aquí en 1905. Serà reviscolada sens Laurent Hot en 1923 jol nom de <em>Lou Brès Bersierenc</em>. <br /><br /></p>
<h3>2. Lo poèta popular</h3>
<h4><span style="padding-left: 30px;">2.1 <span style="font-style: italic;"><em>Rirés et Plours</em><br /><br /></span></span></h4>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">En 1901 pareis lo recuèlh Rirés et Plours. Un felibre montpelhieirenc li fa bona aculhença dins la Pichota Bibliougrafia de La Campana de Magalouna de febrièr de 1902<a id="7" href="#note7"><sup>7</sup></a> : </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>[…] i'a pa'ncara un an que s'es virat au Felibrige e aqui que dejà prend plaça au ròdou emb'un galant libre de vers, que nous en promés, de segu, d'autres. Dins </em>Rires e plours<em>, l'autou s'es pas proun entrevat de la façoun d'escriéure nosta lenga. Cau pas tout demandà à la fes.</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Ja poncheja de per la critica facha a la grafia un dels elements que va caracterizar lo Laurent Hot escriveire : un refús acapriciat de tota tentativa de codificacion grafica, refús que lo pòrta una vision d'a fons diglossica de la lenga occitana. </p>
<h4><span style="padding-left: 30px;">2.2 <span style="font-style: italic;"><em>Esprit Pouncheut, Coumo mé plaï<br /><br /></em></span></span></h4>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Lo segond recuèlh, <em>Esprit Pouncheut, Coumo me plaï</em>, acampa 56 tèxtes en vèrs de divèrsas menas. Mai que mai i trapam de farças e de « couyounado[s] »<a id="8" href="#note8"><sup>8</sup></a>. René Fournier, tot descriguent la Santa Estèla a Besièrs en 1902 qu'i declamava Laurent Hot, parla d'<em>œuvres épicées</em><a id="9" href="#note9"><sup>9</sup></a>. Aqueles tèxtes an lo biais dels poèmas populars que se recitan en occitan per amusar las fins de repais. Çò que fa escriure a Jean Fourié a prepaus de Laurent Hot :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Écrivain contreversé, dont l'inspiration parfois un peu trop scatologique laissait à désirer<a id="10" href="#note10"><sup>10</sup></a>.</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Tant i a que Marius Labarre, en prefaciant l'òbra, se'n tira en desconselhant a las <em>natures délicates</em><a id="11" href="#note11"><sup>11</sup></a> mièja-dozena de las pèças del recuèlh. Mas per Laurent Hot s’agís de far rire lo legeire en emplegant a fons totas las riquesas del registre pus bas que l'estatut de <em>patois</em> balha a la lenga dominada e refusa a la lenga dominanta. Aicí per exemple lo poèma « Lou Débignaïré »<a id="12" href="#note12"><sup>12</sup></a>, que ne balham la conclusion :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;">- Dins tas mas boou légi so qué té fa dé mal : <br />- Bésés aquélés plech qué formou pè dé gal ? <br />- Té bolou diré tout, es quicon dé pla piré <br />- E qué sé guéris pas ; escouto, tou boou diré : <br />- Lous dous preumiès, aïssi, en formo dé coumpas, <br />- Disou : tant qué biouras, moun paouré cagaras ! <br />- Lou troisièmé qu'en bas pichounet se présento <br />- Dis : qué toujours aouras la régo pla peudento. <br />- Anfin, lou qu'es aqui, qué semblo tout crouqueut, <br />- Dis qué jeusqu'à la mort séras toujours baneut !</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">I trapam tanben de tèxtes satirics que meton en scèna lo pòble de Besièrs o dels vilatges a tocar. De pèças que i a son criticas vèrs las causidas culturalas de la comuna de Besièrs. Per exemple l'autor se trufa de l'elitisme de la representacion de Parysatis a las arenas en agost de 1902 ( « Parlen-né » ). Se trufa tanben de la fèsta que se dona en onor a Paul Riquet. Dins « Expliquen-nous »<a id="13" href="#note13"><sup>13</sup></a>, s'ataca a la tauromaquia e al discors que cèrca de faire passar la corrida amb mesa a mòrt per una vièlha tradicion besieirenca, e n'apèla a son grand :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>- Gueïto-lous ! Oou teugat tas bielhos farandolos, </em><br /><em>- Beï tout lou moundé a sét dé coursos espagnolos, </em><br /><em>- Dount l'euniqué régal per lous entéressach </em><br /><em>- Es dé beïré lou sang des chabals enbentrach. […] </em><br /><em>- Mès qu'aoumens bengou pas, sé jogou lou Foot-Ball </em><br /><em>- Ou qu'anou s'amoura dins dé goustés sannousés, </em><br /><em>- Crida desseus téoulach coumo dé malérousés </em><br /><em>- Qu'es dé toun tems, moun grand, qué lous abèn tirach, </em><br /><em>- Car mé geïnario pas an' aquellés bournach </em><br /><em>- D'y diré en quatré moch qué sou pas [que] dé lachés </em><br /><em>- E qué del tems passat èrés pas tant saoubachés !</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Laurent Hot se fa veire aicí en plen desacòrd amb Emile Barte e d'autres felibres que pauc de temps pus tard, dins <em>Lou Camel</em>, faràn fòrça publicitat a las corridas de las arenas. <br />A travèrs lo recuèlh s'entrevei mai d'una allusion al tèma de la crisi viticòla, coma dins « Mous Souech a prépaous dé l'an 1902 »<a id="14" href="#note14"><sup>14</sup></a>. Es de remarcar dins aqueste poèma que Laurent Hot fa mòstra de simpatias revolucionàrias :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Souèti per desseus tout qué lou Lioun puissent </em><br /><em>D'euno rébouleuçiou sourtigué triomphen </em><br /><em>Dé soun traou en jitten un crit ardent qué groundé, Per affirma soun drech à la faço del moundé </em><br /><em>E prouclama per tout lou rébel soucial </em><br /><em>D'un siècle dé prougrès è d'amour sans égal. </em><br /><em>Car s'l'Heumanitat qué règno seus la terro </em><br /><em>Sap pas sé descarga dé soun faïs dé misèro, </em><br /><em>L'omé es pas peus un omé, es piré qu'un fourçat </em><br /><em>Am'un boulet dé hounto à sous pès estacat</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Trapam tanben de poèmas qu'an un biais mai solèmne e que pòdon evocar la mòrt coma <em>Lou Pourrou dé moun Grand</em>, <em>Un de Maï e Désabeusat</em>. D'autras pèças son de dedicaças a de personalitats. Notem per exemple <em>A JEAN LAOURÉS</em>, <em>A moun Mestré Junior Sans</em>, e <em>A l'Estèlo Proubençalo</em> – <em>A Frédéric Mistral</em> :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>[...]soï qu'un pichou, féplé, tranpaléjaïré, </em><br /><em>Qué plouro lou maleur ounté lou sort la més </em><br /><em>En perden soun païri, lou grand Mestré Laourés, </em><br /><em>E qué ben té préga d'estré soun ségound païré.<a id="15" href="#note15"><sup>15</sup></a></em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">I a tanben una dedicaça al senator Ernest Perréal qu'ajudarà en 1904 a finançar <em>Lou Camel</em>. <br />Trobam una romança sus l'amor mairal, « Païlhétos d'Amour ». Lo recuèlh se clava amb « Adiou ! », poèma cortet que Laurent Hot i declara arrestar de compausar de vèrses</p>
<h4><span style="padding-left: 30px;">2.3 Laurent Hot dins <span style="font-style: italic;"><em>Lou Camel</em></span><br /><br /></span></h4>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">A partir de junh de 1904, just lo cinquantenari del felibritge, l'Escolo del Titan fa paréisser <em>Lou Camel</em>. De junh a octòbre Laurent Hot n'es director. Lo cap-redactor n'es Emile Barthe. Los felibres de montpelhièr saludan l'aparicion del primièr numèro <em>ple couma un iòu de pouësias e de moussèls de prosa<a id="16" href="#note16"><sup>16</sup></a></em>. Laurent Hot i publica de farcejadas en vèrs coma <em>L'Asé de Pégoumas, conté dé moun grand lou Panard<a id="17" href="#note17"><sup>17</sup></a></em> o <em>Catin è Leucien</em><a id="18" href="#note18"><sup>18</sup></a> e mai en pròsa coma <em>Tibi</em><a id="19" href="#note19"><sup>19</sup></a>. Es pas impossible, d'après la grafia e lo registre emplegats, que las galejadas en pròsa dels primièrs numèros signadas del nom d'escais PAPARI las agèsse escrichas el. <br />Entre sortir lo segond numèro, pareis una rubrica <em>Pichoto Courrespoundenço</em> que i trobam dedins de responsas a de corrièrs o a de mandadís d'autors que propausan qualque tèxt per publicar, e de rampeladas als soscriptors que delembran de pagar. Quand aqueles escambis son signats Emile Barthe lo ton demòra plan cortés, mas quand son signats <em>Bèco figuos</em>, s'i emplega una grafia e un registre, registre del biais mai que franc e dirècte, que permeton de far l'ipotèsi que darrièr aquel pseudonim foguèsse rescondut Laurent Hot :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>A Mousseu A. Quenaille. - </em>Prégan bostro illustro persouno dé passa à la Redaciu del Journal, séren trop flattach dé bous aplati coum'euno merlusso, abèn per habiteudo dé parla dabant lou moundé é nous foutèn dé lous que s'amagou.<em> </em><br /><em>A Madoumaiselo Bioulèto.</em>[que s'encaparà èstre un òme] – Bostre moussi es delicious. Lou Camel pot que n'estré flattat, seurtout sé ses poulido. Sabès bous cal pas geina de nous rendré bisito, troubarés à la Redaciou la flou dè la galantariè patouèso.<em> </em><br /><em>A Parpaillou, à Ligno. - </em>Abèn ressacheut bostro létro en bersés. […] m'abès l'er d'estré un paouquet pataoud. Papari dé la Rédaciou à mêmes abançat qu'ères un rimairé passat seus la raquo, è sabès s'y entend. [...]<a id="20" href="#note20"><sup>20</sup></a><em> </em><br /><em>A Louis Cerquolou. - </em>Sabès crégut que lou Camel, tenio une agenço matrimounialo, bous sès fiquat lou det dins l'èl. Coussi boulès que occupen dè caousos tant S... ousquos ? Benès y metre lou nas bous-mèmes.<a id="21" href="#note21"><sup>21</sup></a></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">D'octòbre 1904 enlai Laurent Hot quita la direccion del <em>Camel</em>. Sembla qu'arrèsta tanben d'i escriure. La redaccion ne dona pas lo motiu. Nos podèm figurar qu'i agèsse agut de divergéncias d'opinion tròp importantas entre el e los autres felibres del Camèl, a prepaus de l'estatut de <em>patois</em> per la lenga e a prepaus de sa grafia, o benlèu sus d'autras questions. Per exemple entre sortir lo primièr <em>Camel </em>d'octòbre se publica una publicitat elogiosa per la corrida a la arenas de Besièrs. Totjorn es que dos ans mai tard Lou Camel s'arrèsta de paréisser, e torna solament en 1922 d'aquí en 1925. D'abril a decembre de 1922 Laurent Hot es tornarmai director, puèi es Emile Barthe que lo remplaça. Publica tornar de tèxtes en vèrses e en pròsa, d'unes que i a represes de sos dos recuèlhs.</p>
<h3>3. Un felibre mai patesejaire que cap pus</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Lo poèta « patoisant » Laurent Hot, aital lo qualifica Jean Fourié<a id="22" href="#note22"><sup>22</sup></a>. En efècte, lo felibre de l'esprit ponchut va acceptar e mai arribar a reïvindicar, d'un biais que i a, l'estatut de <em>patois</em> per la lenga d'òc. Mai que mai es aquela significacion sociolingüistica que ne fa un autor contraversat, se reprenèm mai los mots de Fourié.<a id="23" href="#note23"><sup>23</sup></a> <br />Lo poèma « Councleusiou » dins <em>Rirés et Plours</em> balha, d'après Marius Labarre que lo cita dins la prefàcia a son segond recuèlh, la <em>profession de foi littéraire</em> de Laurent Hot<a id="24" href="#note24"><sup>24</sup></a>. I comprenèm tanben una profession sociolongüistica :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Entendèri bibra lou cant mysterious </em><br /><em>Que lous pouètos souls entendou dïn las flous. </em><br /><em>Alors, coum' un éfan qué sap pas dé qué faïré, </em><br /><em>Prenguèri lou biouloun qué mé laïsset moun païré. </em><br /><em>Oh ! Lou paouré biouloun ! Èro tout englandat, </em><br /><em>Sans accors, mal fouteut, et l'arquet tout brisat. </em><br /><em>Faguèri d'al biouloun uno lyro baroquo, </em><br /><em>A défaous dé l'arquét m'armèri d'euno broquo, </em><br /><em>E despeï aquel jour, rasclo qué rasclaras, </em><br /><em>Seus moun paouré biouloun canti coum' un diaplas.</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">S'interprèta aisidament que lo paure <em>violon</em> es la lenga d'òc, amb son estatut de patois que la fa lenga mutilada, desprovesida dels registres nauts e desprovesida de las aisinas per dire de compausar de poesia fina e armoniosa. Mas puslèu que de s'i faire a adobar lo violon, valent a dire de participar a la normalizacion entemenada pels felibres, Laurent Hot decidís de prene lo <em>patois</em> tal coma es, e donc de <em>rasclar</em> del melhor que podrà. <br /><br />Dins lo numèro 4 de la primièira sèria del Camel, signa un article long entitolat <em>Lou Patouès</em><a id="25" href="#note25"><sup>25</sup></a>. I legissèm sa vision de la lenga occitana recpècte a las criticas que reçaup :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>abèn ressachut […] quauquos critiquos, bengudos dé certèns délicats ou puristos, coumo sé boumbardou elles mêmés dins lous Journals, ounté nous reprochou dé parla trop patouès, è d'escriouré amé uno ourtografo qué fa péno a embala.<br /> […] nous reprochou dé parla patouès, noun pas perque parlan pas francés, mès qué parlan pas lou beritaplé patouès […] Lou parla des privélégiats è que parlou lous delicats, s'appèlo lou lengedoucian, es un lengage pur, braï, que se parlabo y a sabi pas peus can de cens ans, tandis que lou patouès es que lou bastard d'aqueste […] Certénoment la facultat d'escriouré a la faissou d'aqueles grands sabans es a la pourtado dé tout lou moundé, sachis tout simploment d'abeire lous mouyèns dè foucha lous diciounaris</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Laurent Hot vòl pas crear de continuïtat entre la lenga minorizada de las classas pus pauras e la lenga literària prestigiosa de l'univèrs dels filològues. Lo discors que cèrca de tornar balhar una dignitat a la lenga minorizada, en la plaçant dins una continuïtat istorica, el i es pas ges sensible. De mai Laurent Hot lèva una question importanta. El es antinormatiu perque pòt pas far de mens que de constatar que lo trabalh felibrenc de normalizacion de l'occitan ja entemenat a aquel moment (per Mistral, per exemple) es òbra de personas d'una autra classa sociala. Aicí nos mancan d'informacions sus la situacion sociala de Laurent Hot, mas es solide que se plaça pròche de la classa sociala que se pòt pas permetre de participar a aquela òbra de letrats renaissentistas. El pòrta donc una vision conservatritz dins la dialectica lenga dominanta/lenga dominada. Accèpta la division de las foncions entre lo francés e l'occitan. Contunha amb lo parlar franc, a sa mòda :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Sachis pas d'estre puristo per pas rès dire : m'en fique pas mal que tel ou tel fagué un sounet enflambat à la luno ou à las mouscos, escrich dins las reglos de l'art, més qu'es bide de tout boun sens. <br />[…] nostre Journal es doubert à toutos las entelligenços, mès qu'a part aco, naoutrés fasèn coumo nous plai.</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">E tornam trobar lo sostítol <em>Coumo mé plaï</em> del recuèlh <em>Esprit Pouncheut</em>.</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">L'ideologia diglossica a tres efèctes sus l'òbra de Laurent Hot : selecciona de registres, selecciona de formas lingüisticas, e selecciona una grafia. L'occitan per el es d'en primièr <em>patois</em>.<br /> Lo registre de lenga es çò pus sovent plan familiar e oral. E aquí l'òbra es mai que rica e nos pòt ensenhar qué semblava l'occitan popular parlat. Las marcas d'oralitat son abondosas. Plan de còps la lenga sarra una forma d'argòt. I trapam tant o mai d'expressions del registre mai bas, que d'autres felibres emplegan pauc. <br />Dins la situacion diglossica acceptada, es totjorn possible d'adaptar lo lexic de la lenga dominanta, valent a dire de far interferir la lenga dominanta. Tanben Hot va importar fòrça francismes, en particular quand compausa dins un registre mai auçat. Cèrca pas de posar dins la riquesa pròpria de l'occitan per petaçar las mancas d'un registre reservat al francés. Son escitura divergís aquí de la d'Emile Barthe, per exemple. <br />Çò que li va atirar mai de criticas es la grafia qu'emplega. Es una grafia oralizanta que se fonda sul sistèma del francés, mas plan mai que non pas la grafia dels autres felibres. Per exemple representa las semivocalas [w] e [j] sistematicament <ou> e <ï>. Escriu la vocala [e] quora <e> quora <é>, e escriu <eu> la pronóncia de “u” dins lo lengadocian mediterranèu, que se sarra de [œ]. D'après la pronóncia totjorn, escriu <ch> totes los grops consonantics creats per la marca del plural “t+s”, “p+s”, “c+s”. <br />Del ponch de vista dialectologic, la lenga de Laurent Hot es de lengadocian besieirenc. Per aquò podèm trapar d'unes traches que sarran aquela varietat d'una varietat mai orientala, coma la possibilitat per lo morfèma de primièira persona del singular d'èstre “e” al costat de “i”, o la confusion en [tʃ] de [ʒ] amb [tʃ], son rendut <ch> dins la grafia <batécha> per “batejar”<a id="26" href="#note26"><sup>26</sup></a>, que lo son [ʒ] aparten puslèu al besieirenc <em>stricto-sensu</em>.<br /><br /></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"></p>
<hr />
<p id="note1" style="text-align: justify; line-height: 150%;">1. (FOURIÉ ; 1975) p. 74 <a href="#1">↑</a></p>
<p id="note2" style="text-align: justify; line-height: 150%;">2. <em>L'Éclair, </em>n° 6069 20/01/1895, p. 3 <a href="#2">↑</a></p>
<p id="note3" style="text-align: justify; line-height: 150%;">3. <em>L'Éclair, </em>n° 6069 20/01/1895, p. 3. <a href="#3">↑</a></p>
<p id="note4" style="text-align: justify; line-height: 150%;">4. <em>La Campana de Magalouna, </em>n°231, 01/05/1902, p. 2 <a href="#4">↑</a></p>
<p id="note5" style="text-align: justify; line-height: 150%;">5. <em>Le Publicateur de Béziers</em>, n°23, 30/05/1902, p. 2 <a href="#5">↑</a></p>
<p id="note6" style="text-align: justify; line-height: 150%;">6. <em>La Vie Montpelliéraine</em>, n°402, 01/06/1902, p. 10 <a href="#6">↑</a></p>
<p id="note7" style="text-align: justify; line-height: 150%;">7. <em>La Campana de Magalouna</em>, n°226, 01/02/1902, p. 8 <a href="#7">↑</a></p>
<p id="note8" style="text-align: justify; line-height: 150%;">8. (HOT ; 1903) « Mous Souech », p. 171 <a href="#8">↑</a></p>
<p id="note9" style="text-align: justify; line-height: 150%;">9. <em>Le Publicateur de Béziers,</em> n°23, 30/05/1902, p. 2 <a href="#9">↑</a></p>
<p id="note10" style="text-align: justify; line-height: 150%;">10. (FOURIÉ ; 1975) p. 74 <a href="#10">↑</a></p>
<p id="note11" style="text-align: justify; line-height: 150%;">11. (HOT ; 1903) Prefaci, p. XI <a href="#11">↑</a></p>
<p id="note12" style="text-align: justify; line-height: 150%;">12. (HOT ; 1903) p. 23 <a href="#12">↑</a></p>
<p id="note13" style="text-align: justify; line-height: 150%;">13. (HOT ; 1903) p. 109 <a href="#13">↑</a></p>
<p id="note14" style="text-align: justify; line-height: 150%;">14. (HOT ; 1903) « Mous Souech », p. 171 <a href="#14">↑</a></p>
<p id="note15" style="text-align: justify; line-height: 150%;">15. (HOT ; 1903) « A l'Estèlo Proubençalo », p. 184 <a href="#15">↑</a></p>
<p id="note16" style="text-align: justify; line-height: 150%;">16. <em>La Campana de Magalouna, </em>n°260, 01/06/1904, p. 4 <a href="#16">↑</a></p>
<p id="note17" style="text-align: justify; line-height: 150%;">17. <em>Lou Camel,</em> n°2, 15/06/1904, p. 5 <a href="#17">↑</a></p>
<p id="note18" style="text-align: justify; line-height: 150%;">18. <em>Lou Camel</em>, n°1, 01/06/1904, p. 4 <a href="#18">↑</a></p>
<p id="note19" style="text-align: justify; line-height: 150%;">19. <em>Lou Camel</em>, n°3, 01/07/1904, p. 5 <a href="#19">↑</a></p>
<p id="note20" style="text-align: justify; line-height: 150%;">20. <em>Lou Camel,</em> n°2, 15/06/1904, p. 6 <a href="#20">↑</a></p>
<p id="note21" style="text-align: justify; line-height: 150%;">21. <em>Lou Cameln</em> n°4, 15/07/1904, p. 6 <a href="#21">↑</a></p>
<p id="note22" style="text-align: justify; line-height: 150%;">22. (FOURIÉ ; 1975) p. 20 <a href="#22">↑</a></p>
<p id="note23" style="text-align: justify; line-height: 150%;">23. (FOURIÉ ; 1975) p. 74 <a href="#23">↑</a></p>
<p id="note24" style="text-align: justify; line-height: 150%;">24. (HOT ; 1903) prefaci, p.XIII <a href="#24">↑</a></p>
<p id="note25" style="text-align: justify; line-height: 150%;">25. <em>Lou Camel</em>, n°4, 15/07/1904, p. 1 <a href="#25">↑</a></p>
<p id="note26" style="text-align: justify; line-height: 150%;">26. <em>Lou Camel</em>, n°1, 01/06/1904, p. 4 <a href="#26">↑</a></p>
Peyras, Quentin
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-02-15
text/html
oci
Text
http://vidas.occitanica.eu/items/show/2110
Peyrusse, Adam (1823-1901)
Peyrusse, Adam (1823-1901)
Agriculteur ; paysan
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Adam Peyrusse (1823-1901), proprietari vinhairon a Ornasons (Ornaisons, Aude), s'encapitèt entre los primièrs felibres d'Aude. Escriguèt una pèça de teatre e de poèmas qu'an pas marcat la literatura lengadociana, per tant qu'agèsson qualques prèmis d'obtenguts. Es estat mièjament doblidat a respècte de las figuras d'Aquiles Mir o d'autres felibres audencs.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formas referencialas</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Peyrusse, Adam (1823-1901)</p>
<h3>Autras formas conegudas</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Peyrusse, Adam Noé (nom complet e l'estat civil)</p>
<h2>Elements biografics</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Adam Peyrusse es nascut lo 18 de decembre de 1823 a Ornasons e i es mòrt lo 23 d'abril de 1901. Sabèm pas s'aviá qualque ligam de parentèla amb Eugène Peyrusse (1820-1906), òme politic audenc que foguèt cònsol de Narbona e deputat d'Aude dins los ans 60, ni mai amb Clovis Peyrusse que foguèt cònsol de Lesinhan en 1848. <br />Es proprietari viticòla. L'an 1877 ten a la venda 400 ectolitres de vin a 28 francs l'ectolitre<a id="1" href="#note1"><sup>1</sup></a>. Es un proprieatri aisat. <br />Cal notar, sens aver mai d'informacions, que d'après un jornal local<a id="2" href="#note2"><sup>2</sup></a> lo mes d'agost de 1882 a Ornasons un nommat Alexandre Peyrusse atjat de 30 ans, abans de se suicidar, tira al revolvèr sus sos parents. La maire es tuada mas lo paire subreviu, nafrat laugièirament. Sabèm pas s'aquel fach malaürós a qualque relacion amb Adam Peyrusse, que podriá plan pro aver l'edat del paire d'aquel Alexandre Peyrusse.</p>
<h2>Engatjament dins la renaissança d'òc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Sabèm pas cossí Adam venguèt felibre. Mas es amb Aquiles Mir (1822-1901), Auguste Fourès (1848-1891) e Paul Gourdou (1846-?) d'Alzona, un dels primièrs felibres del departament d'Aude.<br />Lo mes de mai de 1883 la Societat per l'Estudi de las lengas romanas distribuís los prèmis de son quatren concors filologic e literari. Adam Peyrusse, felibre manteneire, i reçaup una medalha d'Argent per sa pèça <em>Narcisso, Coumedia en cinq actes, en berses narbouneses</em> que sabèm pas se s'es jamai interpretada. Lo meteis an l'òbra, amb un ajuston d'una seguida de poèmas, es publicada a Montpelhièr. Frederic Donnadieu ne fa la presentacion critica<a id="3" href="#note3"><sup>3</sup></a>. L'òbra es, çò ditz Donnadieu, « <em>Trop vraie en plus d'un passage et […] ignore les raffinements de la pensée littéraire</em> ». <br /><br />Donnadieu lèva los defauts que vei dins la pèça del ponch de vista dramatic. Mas per aquò li coneis :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>[…] des qualités sérieuses, telles que l'art difficile de faire parler et mouvoir d'assez nombreux personnages, l'invention d'une intrigue où s'agitent, il est vrai, des passions basses et des intérêts sordides, mais qui marche sans défaillance, et avec des péripéties naturelles, vers son dénoûment fatal. </em> </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">La pèça a de valor del ponch de vista filologic, del moment que l'autor, çò ditz encara Donnadieu, « <em>possède parfaitement sa langue, qui est celle du Narbonnais</em> ».. <br /><br />Talament qu'en 1913 Jules Ronjat que publica l'<em>Essai de Syntaxe des Parlers Provençaux Modernes</em>, per illustrar la varietat narbonesa de l'occitan, cita <em>Narcisso</em>, que presenta aital dins sa bibliografia : « Drame en vers suivi de poésies détachées, sans autre valeur que celle d'un texte de langue narb<a id="4" href="#note4"><sup>4</sup></a> ». <br /><br /> Adam Peyrusse l'an 1887 compausa La Cansou de la Sègo. Se publica a Montpelhièr. Lo poèma conta una jornada de sègas e es ric del vocabulari d'aquel trabalh : </p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>Enfin arribo soulel coulc, </em><br /><em>Lou camp es ple de garbos ; </em><br /><em>Toutos a rengos pel rastoul, </em><br /><em>Lous tiouls que fan rebarbos. </em><br /><em>L'oulan arquetat Penjat al coustat, </em><br /><em>Prenèts tout lou bagatge, </em><br /><em>E lou cagarau Souno coumo un bauch </em><br /><em>Lou retour al bilatge<a id="5" href="#note5"><sup>5</sup></a>. </em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Lo poèma a agut un prèmi a la « Sesiho de la Mantenenço de Lengodoc dau 30 de mai de 1887 ». Pareis lo mes de junh dins <em>Le Vigneron Narbonnais<a id="6" href="#note6"><sup>6</sup></a></em>, que lo cap-redactor n'es Paul Sol, paire de Marguerite Sol (1867-1950).<br /><br />Lo 4 de junh de 1892 se fonda a Carcassona l'<em>Escolo Audenco</em>. Entre los de nommats i trobam Peyrusse que ne ven vici-cabiscòl. I a aquí tanben, entre mai, Gaston Jourdanne (1858-1905), Prosper Estieu (1860-1939), Marguerite Sol o l'illustrator Narcisse Salières (1818-1908). <br />Adam Peyrusse serà tanben collaborator de <em>L'Iòu de Pascos<a id="7" href="#note7"><sup>7</sup></a></em> e de <em>La Revue Méridionale</em>, que per exemple i va publicar lo poèma <em>Lou Ressoupet Treboulat</em> en 1893<a id="8" href="#note8"><sup>8</sup></a>. Aderís en 1895 a la <em>Société d'Études Scientifiques de l'Aude</em><a id="9" href="#note9"><sup>9</sup></a>. <br /><br />En 1898 lo jornal Lou Felibrige<a id="10" href="#note10"><sup>10</sup></a> anóncia :</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%; padding-left: 30px;"><em>L'Escolo audenco a decida de faire ounour au felibre Adam Peyrusse, d'Ournesoun, vice-presidènt de l'Escolo, valènt-à-dire d'estampa si meiòuris obro e de faire faire un buste de soun vice-presidènt pèr n'en ourna la salo de si deliberacioun. </em><br /><em>[…] </em><br /><em>La Revue méridionale dèu douna lou retra de l'eicelènt felibre, burina pèr Salieres, dins l'un de si numerò venènt. </em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Avèm pas coneissença d'aquel retrach.<br /><br /></p>
<hr />
<p id="note1" style="text-align: justify; line-height: 150%;">1. <em>La Fraternité</em> n°792, 28/01/1877, p. 3<a href="#1">↑</a></p>
<p id="note2" style="text-align: justify; line-height: 150%;">2. <em>La Fraternité</em> n°1362, 09/08/1882, p. 2<a href="#2">↑</a></p>
<p id="note3" style="text-align: justify; line-height: 150%;">3. <em>Revue des Langues Romanes</em>, tome XXIV, p. 40<a href="#3">↑</a></p>
<p id="note4" style="text-align: justify; line-height: 150%;">4. (RONJAT ; 1913) p.286<a href="#4">↑</a></p>
<p id="note5" style="text-align: justify; line-height: 150%;">5. <em>Le Vigneron Narbonnais</em>, 3ème année, n°25, 23/07/1887, p.2<a href="#5">↑</a></p>
<p id="note6" style="text-align: justify; line-height: 150%;">6. <em>Le Vigneron Narbonnais</em>, 3ème année, n°25, 23/07/1887<a href="#6">↑</a></p>
<p id="note7" style="text-align: justify; line-height: 150%;">7. (FOURIÉ ; 2009)<a href="#7">↑</a></p>
<p id="note8" style="text-align: justify; line-height: 150%;">8. <em>Le Vigneron Narbonnais</em>, 9ème année, n°12, 25/03/1893, p. 3<a href="#8">↑</a></p>
<p id="note9" style="text-align: justify; line-height: 150%;">9. <em>Bulletin de la Société d'Études Scientifiques de l'Aude</em>, tome VI, 1895, p. XLIV<a href="#9">↑</a></p>
<p id="note10" style="text-align: justify; line-height: 150%;">10. <em>Lou Felibrige</em>, tome XII, 1898, p. 189<a href="#10">↑</a></p>
Peyras, Quentin
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-02-15
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oci
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http://vidas.occitanica.eu/items/show/2109
Boé, Jacques (1798-1864) alias « Jasmin »
Boé, Jacques (1798-1864) alias « Jasmin »
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Jacques Jasmin, poète agenais, figure aux côtés du provençal Frédéric Mistral, lauréat du prix Nobel de littérature en 1904, parmi les auteurs occitans phare du XIX<sup>e</sup> siècle. Avec eux, la littérature occitane fait son entrée dans les salons parisiens et acquière une reconnaissance nouvelle. Jasmin, précurseur des Félibres, ces poètes provençaux réunis autour de Mistral, Roumanille ou Brunel pour la sauvegarde de la langue d'oc, n'appartint cependant à aucun mouvement tout comme il se refusa, en dépit de son succès, à former école autour de son œuvre et de son style. Excellent orateur, personnalité flamboyante, il reçu les hommages et la célébrité de son vivant, laissant à sa mort, une production importante et depuis lors toujours lue et rééditée.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Jasmin (1798-1864)</p>
<h3>Autres formes connues</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Boé, Jacques (nom à l'état civil)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Gensemin (pseudonyme)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Jansemin (pseudonyme)</p>
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">C'est dans une famille modeste de l'Agenais que naît Jacques Jasmin, de son vrai nom Boé, le 6 mars 1798. En dépit des difficultés financières familiales, le jeune homme bénéficie d'une certaine éducation, étant placé quelques temps chez un cousin, instituteur à Agen, avant d'intégrer le séminaire de la cité. Son père, auteur en son temps de quelques charivaris accompagnant les festivités de Carnaval, peut pour sa part l'avoir familiarisé à l'écriture.<br /><br />Installé à son compte en tant que coiffeur dès ses dix-huit ans, la santé relativement florissante de son commerce lui permet de se livrer en parallèle à sa passion pour l'écriture. Dès 1822 avec <em>La fidelitat ageneso</em> (première parution dans le Journal du Lot-et-Garonne), et dès lors sans discontinuer jusqu'à la fin de sa vie, Jasmin va éditer ses différentes compositions, dont <em>Lou Charibari</em> dès 1825. Dix ans plus tard, paraît le premier tome d'une série de recueil intitulés <em>Las Papillotos</em>, initiant une forme éditoriale nouvelle des œuvres de Jasmin, ainsi qu'un tournant décisif dans la vie de leur auteur.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Jasmin représente, tout particulièrement dans les zones extérieures à la culture occitane, « le Gascon », avec toutes les connotations positives comme péjoratives que cela suppose. C'est ainsi qu'il se définit d'ailleurs lui-même dans ses écrits. S'il est Gascon par son appartenance géographique à l'Aquitaine, c'est en languedocien que s'exprime et écrit. L'agenais de Jasmin est toutefois un dialecte teinté de gascon car se trouvant à la marche entre les domaines linguistiques languedocien et gascon. Rédigeant des œuvres versifiées, reposant sur le rythme et la mélodie de la langue d'oc, les compositions de Jasmin sont pensées pour être chantées, déclamées. Lui-même s'avère un incroyable orateur et ainsi, messager idéal de ses œuvres. Il entame d'ailleurs très tôt un tour de France des régions, se rendant d'un bout à l'autre de l'Occitanie pour lire ses poèmes et en assurer ainsi leur diffusion auprès d'un public qui, tout en connaissant la langue, ne la lit pas toujours.<br />L'accueil favorable du premier tome des <em>Papillotos</em> publié par Charles Nodier dans le <em>Temps</em> d'octobre 1835, hissant la prose de Jasmin au niveau d'un Pierre-Jean de Béranger ou d'un Victor Hugo, lui ouvre les portes des salons parisiens. Il y rencontre tour à tour Lamartine, Ampère, Chateaubriand... Le poète d'Agen est également reçu par le roi Louis-Philippe, l'histoire voulant qu'un court échange en occitan soit alors entamé. Les prix et récompenses se multiplient très tôt à l'adresse de Jasmin. A Toulouse, son succès est tel que le Conseil municipal le fait "fils adoptif de la ville de Toulouse" et lui décerne une branche de laurier en or. En juillet 1853, le Félibrige l'honore à son tour du titre de "Maître-ès-jeux" tandis que l'Académie française, lui décerne le prix Monthyon.<br /><br />En dépit d'un réel succès public et critique, Jasmin ne demeure pas moins aux yeux des Parisiens et selon la formule de Balzac, le "poète-perruquier" (<em>La Monographie de la Presse parisienne</em>, 1842), ne dissimulant pas une position ambigüe vis-à-vis de la langue d'oc. Pour preuve, bien que lui remettant un prix et tout en vantant la qualité de sa prose, l'Académie française, ne pu se résoudre à faire de lui un Immortel. Tout comme la pourtant toulousaine Académie des Jeux Floraux, autrefois <em>Conservatori del Gay Saber</em>, qui ne récompensait alors que les seules compositions en langue française. Seule l'Académie d'Agen, patrie du poète, déroge pour sa part à la règle en 1830, récompensant Lou tres de may, poésie occitane rédigée par Jasmin à l'occasion de l'érection d'une statue d'Henri IV dans la voisine Nérac. <br />Jasmin n'en demeure pas moins le premier témoignage d'un succès et d'une audience pour l'occitan en-dehors de ses zones de diffusion traditionnelles. Son travail en faveur d'un enrichissement de la langue d'oc et d'une inter-compréhension entre dialectes, gascon, languedocien, limousin, auvergnat, provençal, vivaro-alpin font par ailleurs de lui un éclaireur pour la littérature occitane. Il ne fit toutefois pas école, n'affichant aucune prétention hors du monde de l'écrit, et notamment vis-à-vis des idées et idéaux par la suite développés par Frédéric Mistral et les félibres. Mort en pleine gloire le 4 octobre 1864, Jasmin fut source d'inspiration et précurseur pour un grand nombre d'auteurs, annonçant par son parcours, le succès rencontré par la suite par les félibres. Mistral lui-même, alors au faît de sa gloire, salua l'agenais du titre de « <em>Lou grand poueto dòu Mièjour</em> » en 1909 à Agen, inaugurant de ces mots la statue dédiée à Jasmin par sa ville natale.<br /><br /></p>
<hr />
Juan, Sandra
Bertrand, Aurélien
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-01-29
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Boissel, Pierre (1872-1939)
Boissel, Pierre (1872-1939)
Médecin
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Pierre Boissel (1872-1939), médecin, s’est lancé dans la poésie en langue majoritairement occitane alors qu’une cécité commençait à le gêner. Ce handicap a été adouci par la présence de ses filles, qui, dès 1921, l’ont accompagné dans ses visites aux malades, et après 1927, dans l’écriture de ses poèmes. Il a publié un recueil de poèmes intitulé <em>Lou ser ol contou</em> et une saynète<em> Lou gal o contat</em>.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Boissel, Pierre (1872-1939)</p>
<h3>Autres formes connues</h3>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Boissel, Urbin Pierre (Nom à l'état-civil)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Lo bon doctor Boissèl (pseudonyme)</p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">- Œudipe (pseudonyme)</p>
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Urbin Pierre Boissel est né le 10 septembre 1872 dans une petite maison du bourg de Conty, à Mouzens, Dordogne) dans un milieu modeste, ses grands-parents étaient paysans. Sa mère est issue d’une famille nombreuse. Il était fils de Jean Boissel, instituteur du village, et de Françoise Soulié originaire de la commune de Veyrines-de-Domme (Dordogne). Il a été le seul enfant du couple, et son père ne s’est pas remarié. Lui s’est marié le 6 juin 1898 avec Françoise Eline de Gisson, de Castels (Dordogne). Le couple a eu quatre filles : Emma née en 1899, Edith née en 1900, Denise née en 1902, Gilberte née en 1904.<br />Orphelin de mère très tôt, il est élevé par ses tantes qui « l’adorent et le gâtent. Elles n’arrivent pas à être sévères avec ce galopin qui vit une enfance libre comme l’air et près de la nature<a id="1" href="#note1"><sup>1</sup></a> ». Il participe aux travaux des champs, vendanges, moissons, récoltes. Cette enfance bucolique inspirera sa poésie.<br />Il baigne dans un monde rural où chacun s’exprime en occitan, mais il apprend le français avec son père instituteur. Il n’a aucune difficulté pour s’intégrer à l’école et sa scolarité primaire se déroule sans problème. Son père l’inscrit comme pensionnaire au lycée de Périgueux où ses études sont brillantes. En 1890, il part à Toulouse en faculté de médecine. À chaque période de vacances, il revient dans la propriété paternelle de Capudie. Il aurait aimé faire carrière dans la marine, mais il ne peut intégrer l’école de Santé Navale à Rochefort à cause d’un déficit de vision. Alors il choisit d’installer un cabinet de médecin en 1899 dans la petite ville de Saint-Cyprien, sa région natale.<br />C’est une bourg en pleine prospérité d’environ 1800 habitants, situé dans une région de polyculture, et entouré d’usines de ciments et de chaux qui attirent une importante population d’ouvriers.<br />Ses beaux-parents achètent une maison dans le quartier de la Couture, pour que leur fille puisse continuer ses études dans la communauté religieuse proche ; au premier étage Pierre installe son cabinet et soigne ses malades ; sous la terrasse de droite est logé le cheval qu’il conduit dans ses tournées. Une cour étroite le sépare de la maison d’habitation. Son épouse éduque leurs quatre filles. Elle leur parle français bien sûr, la seule langue reconnue par l’État et enseignée à l’école de façon énergique en ce début de siècle. Mais le père aime à parler la langue d’oc et il leur communique son engouement. Il s’en sert beaucoup dans ses visites, ce qui rend la communication avec ses patients plus facile. Dans un poème sans titre, il met en scène un quiproquo sur la langue qui prouve, pour un médecin, la difficulté de se faire comprendre s’il ne parle pas la langue du peuple<sup><a id="2" href="#note2">2</a> </sup>:</p>
<p style="line-height: 175%; padding-left: 30px; font-family: roboto; font-size: 85%; text-align: center;"><em>Un jour, je fus mandé chez un petit malade </em><br /><em>Qui voyait un confrère, en pays sarladais.</em><br /><em> Après un court trajet qui fut une ballade,</em><br /><em> Dieu, le joli pays ! Chez l’enfant j’arrivais. </em><br /><em>J’étais seul, ce matin, par extraordinaire </em><br /><em>Celui qui m’attendait fut le retardataire. </em><br /><em>J’approchai néanmoins du rustique berceau </em><br /><em>D’où je voyais sortir un tout petit museau </em><br /><em>Et je fus étonné d’un sommeil si tranquille </em><br /><em>Alors que les parents se faisaient tant de bile.</em><br /><em> C’est alors que je vis, rose, un petit flacon <br />Suspendu sur l’enfant par un menu cordon. </em><br /><em>Mais il s’est réveillé, troublé par ma présence, </em><br /><em>Il va pleurer, mais non, le flacon se balance <br />Poussé par mon index : l’enfant semble ravi </em><br /><em>Si bien que ses parents croient que je l’ai guéri, <br />Et que je les entends, surpris par ce sourire </em><br /><em>Aussi léger soit-il, en bon patois se dire </em><br /><em>« L’aoutre nous obio dit : mettez lou pendouilla, <br />Mais nous obio pas dit de lou fa brontoula<a id="3" href="#note3"><sup>3</sup></a>. » </em><br /><em>C’est vrai qu’il avait dit : « Pendant cet intermède, </em><br /><em>Vous voudrez, je vous prie, suspendre le remède<a id="4" href="#note4"><sup>4</sup></a>. »</em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Pierre Boissel est mobilisé et donne des soins aux blessés sur le Front. Il est atteint à la cuisse par un éclat d’obus, et il est nommé médecin chef des armées au Centre de Réforme de Limoges. En 1917, alors que la grippe espagnole fait des ravages, les médecins militaires ont pour mission d’aller soigner les malades dans les campagnes. Au cours d’une de ces visites, le chauffeur de son automobile perd le contrôle du véhicule, qui butte contre une pile de pont. Le traumatisme crânien dont va souffrir Pierre Boissel semble avoir aggravé son problème de vue : dès 1919, sa vision se trouble de plus en plus, et très vite ce sera la cécité complète. Un jour qu’il faisait sa tournée à vélo, le cheval ayant été réquisitionné pendant la guerre, un paysan qu’il n’avait pas vu dut faire un écart pour l’éviter sur la route... <br />Alors dès 1921, et jusqu’en 1927, sa fille aînée Emma l’accompagne dans ses déplacements dans une voiture automobile, et sur ses conseils, dispense même des soins aux malades. Il semble qu’il ait été très apprécié par ses clients parce qu’il montrait beaucoup d’empathie, il était en quelque sorte un des leurs par la langue et par ses origines. Entre eux, la langue n’était pas une barrière, mais une connivence. <br />En ce début de vingtième siècle, « le peu de recours thérapeutiques fait que le médecin doit souvent baser son action sur l’éducation des ruraux en leur expliquant les règles hygiéno-diététiques élémentaires. Ce n’est pas chose aisée quand on sait que cette population exprime mieux ses souffrances et comprend mieux les explications du médecin dans la langue qui est la sienne : le patois<a id="5" href="#note5"><sup>5</sup></a> ». <br />Il soigne les riches et les pauvres avec le même désintéressement, il est d’ailleurs souvent appelé « le médecin des pauvres » ; c’est un humaniste qui oublie de faire payer ses visites, ou qui reçoit en forme de gratification un poulet, des œufs ou autres. Dans le meilleur des cas, il est payé « aux tabacs », c’est-à-dire à la fin de l’année, lorsque les tabaculteurs ont livré leur marchandise à l’entrepôt de Saint-Cyprien. Le va-et-vient continu de charrettes puis de véhicules motorisés est bien accepté par la ville car si le tabac a été acheté un bon prix, le paysan content va payer ses dettes de l’année et même s’autoriser un peu de superflu…Le médecin perçoit à ce moment-là les honoraires d’une année de soins ! Il organise des cours fort appréciés pour les accouchées. <br />Il est élu conseiller municipal à Saint-Cyprien, non par goût de la politique, mais pour apporter du mieux dans la vie de ses concitoyens : il prend à bras le corps le problème majeur de sa ville, l’alimentation en eau potable. Des bornes fontaines sont posées au coin des rues. Cette tâche menée à bien, il se désintéresse du débat municipal. Il n’appartient à aucun parti politique, et est difficilement classable. Dans un poème intitulé <em>Requeta a Monsur Yvon Delbos</em>, Yvon Delbos qu’il connaît bien parce qu’il s’est trouvé avec lui au lycée de Périgueux, il se positionne du côté du paysan<a id="6" href="#note6"><sup>6</sup></a>. Il évoque le Front populaire de 1936 dans deux poèmes, et s’il n’adhère pas à son idéal, il reconnaît que la vie devrait être plus douce pour les plus démunis, et souhaite que les riches donnent un peu aux pauvres. Sa personnalité ne correspond pas vraiment à son milieu : par son mariage il était entré dans une famille bourgeoise, mais au vu de son œuvre il ne semble pas qu’il ait eu beaucoup d’affinités avec ce milieu-là.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d'oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">L’année 1927 est importante dans la vie de Pierre Boissel. Le curé de la paroisse organise des projections cinématographiques et un film est détérioré ; il faut le rembourser, et il s’agit d’une somme énorme. Pour trouver les fonds, le docteur Boissel prépare la revue <em>En panne</em> qui décrit la vie quotidienne de la cité, et il met en scène les habitants de la ville eux-mêmes. Son goût pour le spectacle lui vient sans doute de ses prestations sur les planches au Capitole de Toulouse quand il était étudiant, pour se faire un peu d’argent. C’est un évènement… et le départ de Pierre Boissel dans la création littéraire.<br />À partir de 1928, il commence à tromper l’ennui que lui occasionne son mal par la poésie. Il installe un bureau dans une pièce contiguë à son cabinet médical. Il écrit avec un guide-lignes, fait de bandes parallèles de carton placées à intervalles réguliers, dans lesquels il guide son crayon à papier en le faisant buter contre le carton. Le procédé ne marche pas toujours et des lignes se superposent, rendant le manuscrit illisible. Il ne cesse pas d’exercer sa profession malgré son handicap et, sa fille aînée s’étant mariée, c’est maintenant sa fille cadette qui l’accompagne sur les chemins, mais aussi dans l’écriture des poèmes qu’il lui dicte. Il se remémore les personnes, les bois, les prés, les ruisseaux, qui lui étaient familiers. Il les dépeint avec justesse, finesse et humour en convoquant ses souvenirs, et il choisit de les exprimer le plus souvent en langue d’oc. Cette langue qui l’a tant aidé dans l’exercice de la médecine, il va en devenir un ardent défenseur. Il en vante les mérites : elle est parfois rude, parfois douce, parfois ironique ou grivoise. Si quelquefois il emploie le vocable « patois » pour la désigner, il choisit le plus souvent avec tendresse les termes <em>Lou Sorlodés</em>, ou <em>Nostre parlar<a id="7" href="#note7"><sup>7</sup></a></em>, c’est-à-dire la langue de la région de Sarlat, son pays natal :</p>
<p style="line-height: 175%; padding-left: 30px; font-family: roboto; font-size: 85%; text-align: center;"><em><span style="text-decoration: underline;">Nostre parlar</span> <br /><br />Lenguo qué, pétit aï oppréso <br />Près déous londiers, sans alphabet, <br />Lou paoúré sot, qué té mespréso <br />Déou ové lou cervel estret. <br /><br />Souvent ruffo coummo los paouttos <br />Del bouyer qué faï lou seillou, <br />Qué s’offino, quand sus loï gaouttos <br />Dé so moi met un poutou ! <br /><br />Et sé dé toun brèt, té souvénès <br />Ero douço, quand lo Mioun <br />Contabo: soun, soun, vènés, nènés, <br />Soun, soun, soun, vènéis doun. <br /><br />Semblo noscudo per fa riré <br />O taoulo, nostrès invitats, <br />Né savis pas per meillou diré <br />Lus countés, qualqué paou pebrats. <br /><br />Sé per molhur quitté lo borio, <br />Per t’en onna débès Poris: <br />Pétit : gardo né lo mémorio <br />Te roppeloro ton poïs. <br /><br />Quand Froncillou qué tés l’olaïré <br />Porloro pus lou Sorlodés, <br />Dé blat, né soménoro gaïre, <br />Lus bios savent pas lou francés.<a id="8" href="#note8"><sup>8</sup></a></em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il aime se moquer de ceux qui, partis ailleurs, l’oublient trop vite ou en ont honte comme dans <em>Lou patois tornat</em> (recueil <em>Flors de bruga</em>), ou dans <em>Lo dròlle e l’ase</em> (recueil <em>Lou ser ol contou</em>). Dans ce dernier, un gars monté à Paris et qui parle « ponchut » en revenant, propose à son père de le suivre à son retour pour apprendre à parler français. Mais le père rusé lui répond : je vais d’abord envoyer mon âne et je verrai ce que j’ai à faire :</p>
<p style="line-height: 175%; padding-left: 30px; font-family: roboto; font-size: 85%; text-align: center;"><em>Quand l’asé tournet o lo borio,</em><br /><em>Qué tournet beïré lou poillé,</em><br /><em>Et qué voulguet diré so tsoïo,</em><br /><em>… Réconabo toutsours porié !<a id="9" href="#note9"><sup>9</sup></a></em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Il écrit en 1932 la saynète aux accents patriotiques <em>Lou gal a contat</em> pour la félibrée de Sarlat, éditée par les Éditions Michelet, il y relate le retour de guerre d’un fils. Cette pièce a été jouée par les habitants de Saint-Cyprien dans leur bourgade, puis dans les villages de la région et quelque temps après Place des Quinconces à Bordeaux grâce à son ami le docteur Balard, gynécologue dans cette ville ; elle a même été retransmise par la radio Bordeaux-Lafayette. Une autre saynète <em>Jeanne la pastourelle</em>, sous-titrée <em>Le diable à Redon-Espic</em> parle de l’évènement qui ébranla la contrée le 8 septembre 1814 : une jeune bergère prétendit avoir conversé avec la Vierge qui lui était apparue par deux fois à Redon-Espic, sur la commune de Castels proche, non loin d’une église du XII<sup>e</sup> siècle abandonnée, qui servait d’étable à un propriétaire voisin. Depuis, un pèlerinage s’y déroule chaque 8 septembre<a id="10" href="#note10"><sup>10</sup></a>. La pièce sera jouée à Saint-Cyprien par ses habitants, mais ne sera pas publiée. Ces thèmes alimentent les conversations des Cypriotes, même des années après les faits. <br />Pierre Boissel est donc connu maintenant comme médecin expérimenté, mais aussi comme poète : la poésie est devenue son refuge. Il dépeint le monde rural comme s’il l’avait sous les yeux, alors que, devenu aveugle, il convoque seulement ses souvenirs. Il publie ses textes dans <em>Le Glaneur</em> journal imprimé par Michelet, et en 1935 paraît aux Éditions Michelet <em>Lou ser ol contou</em>, recueil d’une centaine de poèmes, dont une dizaine en français et le reste en langue d’oc. Les travaux de Frédéric Mistral ont fait leur chemin, la prise de conscience de l’importance de la langue d’oc, et le mouvement félibréen ont amené des érudits, mais aussi des artisans à lui redonner vie et même à la magnifier dans la poésie. Il est dans leur lignée ; dans les années 1930, il devient membre du <em>Bournat dau Perigord</em>, puis <em>mantenaire</em><a id="11" href="#note11"><sup>11</sup></a> en 1933, et s’inscrit à part entière dans l’espace de création où s’est développée la langue au début du XX<sup>e</sup> siècle. <br />Sa graphie est phonétique. Les querelles entre partisans de la graphie félibréenne et ceux qui choisissent d’employer une norme facilitant les communications semblent l’agacer, comme il le montre dans le poème suivant :</p>
<p style="line-height: 175%; padding-left: 30px; font-family: roboto; font-size: 85%; text-align: center;"><span style="text-decoration: underline;">Lutrin</span> <br /><br /><em>Ah ça! Quo duroro toutsour </em><br /><em>Dé porlar de la félibrado! </em><br /><em>Ou nous beiran un brabé tsour </em><br /><em>Nous foutré qualquo débourado. </em><br /><br /><em>Dé l’encrier borren lo riou! </em><br /><em>Qué tout ço qué pouden escriré </em><br /><em>Quo bal pas lou pet d’uno piou; </em><br /><em>Et quo fénirio per fa riré. </em><br /><br /><em>Mon Diou mé qué quo pot bou fa! </em><br /><em>Per qué sé douna tant dé peino: </em><br /><em>Doyssalour diré « ma fenna » </em><br /><em>Et nous aoutrés diré « mo fenno »!<a id="12" href="#note12"><sup>12</sup></a></em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">1935, c’est l’année où Louis Alibert publie sa <em>Gramatica Occitana</em> qui prône une « norme classique », fixe la grammaire, le <em>biais de dire</em>. Le docteur Boissel garde ses habitudes ; étant aveugle, il n’aurait pas pu sans difficulté se plier aux nouvelles règles orthographiques. On remarque qu’il utilise beaucoup de gallicismes. Le recueil de poèmes <em>Lou ser ol contou</em> est devenu célèbre. Qui aujourd’hui n’a pas un exemplaire dans sa maison, acheté par des admirateurs du siècle passé ? Ils y retrouvaient des situations vécues, scènes de dur labeur ou scènes de réjouissances, scènes romantiques ou histoires « <em>pebradas</em> » malicieuses, décrites avec une vérité qui prouvait que Pierre Boissel faisait partie des leurs, répétées à l’infini dans les veillées ou les réunions de famille. <br />Leurs inquiétudes ou leurs interrogations à propos des technologies nouvelles ou des décisions inhabituelles, ils les retrouvaient dans <em>Ton lum</em><a id="13" href="#note13"><sup>13</sup></a>, <em>Lo royoun X</em><a id="14" href="#note14"><sup>14</sup></a>, ou dans <em>L’houro nouvello</em><a id="15" href="#note15"><sup>15</sup></a>. <br /><br />Après l’année 1937, Pierre Boissel n’exerce plus la médecine que de manière confidentielle. Il prépare un autre recueil de cent poésies qu’il intitule <em>Flors de bruga</em><a id="16" href="#note16"><sup>16</sup></a> et qu’il n’a pas pu concrétiser avant sa mort…<br /> S’ajoutent à cette œuvre plus de cent cinquante textes inédits ou parus uniquement dans la presse comme <em>Le glaneur</em>, journal conservateur littéraire, commercial, agricole, publiant des annonces et paraissant le dimanche, jour où les Périgourdins avaient le plus de temps pour lire. D’autres sont parus dans <em>Le Périgourdin de Bordeaux</em>, <em>Lou Bournat</em> qui est la revue félibréenne du « Bournat dau Perigord », ou <em>Ol contou</em>, bimensuel publié par l’imprimerie Simon du Bugue. Ils ont été édités sous le titre <em>Estugi ma pluma</em> aux Editions du Perce-Oreille en juin 2018. Il s’agit de textes manuscrits de la main du docteur lui-même ou dactylographiés par une main amie. <br />Pour célébrer le terroir, il s’exprime dans un romantisme nostalgique qui avait commencé à être à la mode dans la littérature occitane dans les années 1820. Il emploie la structure en octosyllabes à rimes plates ou croisées, il arrive qu’il s’exprime aussi en alexandrins et en vers de six pieds. <br />Il aime refaire à sa manière des fables de Jean de La Fontaine :</p>
<p style="line-height: 175%; padding-left: 30px; font-family: roboto; font-size: 85%; text-align: center;"><span style="text-decoration: underline;"></span><em>Se dins lo fablo qu’aï ponado <br />Aï contsat, per moun Sarladé <br />La cigogno per lo becado <br />Lafontaino, perdounas mé !<a id="17" href="#note17"><sup>17</sup></a></em></p>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Pierre Boissel décède à 67 ans à son domicile à Saint-Cyprien. Il mérite sa place dans le patrimoine culturel et la littérature d’Occitanie. <br />Les deux ouvrages posthumes de l’œuvre du docteur Boissel présentent chaque poème sous trois aspects :<br /> - le texte original avec sa propre graphie pour respecter son travail <br />- le texte transcrit en occitan normalisé afin qu’il soit accessible à tous ceux qui apprennent l’occitan aujourd’hui <br />- la version française, pour ceux qui ne connaissent pas la langue d’oc<br /><br /></p>
<hr />
<p id="note1" style="text-align: justify; line-height: 150%;">1. Garrigue Jean-Louis, <em>Docteur Boissel 1872-1939</em>, Thèse pour le diplôme d’Etat de docteur en médecine, université de Bordeaux II, année 1993. <a href="#1">↑</a></p>
<p id="note2" style="text-align: justify; line-height: 150%;">2. Dans <em>Estugi ma pluma</em>, recueil de poésies inédites du Dr Boissel, 2018 (Editions du Perce-Oreille, Coux-et-Bigaroque-Mouzens). <a href="#2">↑</a></p>
<p id="note3" style="text-align: justify; line-height: 150%;">3. « L’autre nous avait dit : suspendez-le, / Mais il ne nous avait pas dit de le faire balancer. » <a href="#3">↑</a></p>
<p id="note4" style="text-align: justify; line-height: 150%;">4. Dans <em>Estugi ma pluma</em>, recueil de poésies inédites du Dr Boissel, 2018 (Editions du Perce-Oreille, Coux-et-Bigaroque-Mouzens). <a href="#4">↑</a></p>
<p id="note5" style="text-align: justify; line-height: 150%;">5. Garrigue Jean-Louis, <em>Docteur Boissel 1872-1939</em>, Thèse pour le diplôme d’Etat de docteur en médecine, université de Bordeaux II, année 1993. <a href="#5">↑</a></p>
<p id="note6" style="text-align: justify; line-height: 150%;">6. Yvon Delbos (1885-1956) a été député radical socialiste de 1924 à 1940, membre du bureau de la Ligue de la République, président de la fédération de la Dordogne de la Ligue des Droits de l’Homme, sous-secrétaire d’Etat chargé de l’enseignement technique et des Beaux-Arts, puis ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts (1925), ministre de la Justice (1936), ministre des Affaires Etrangères de 1936 à 1938, ministre de l’Éducation Nationale au moment de l’adoption de la loi Deixonne. <a href="#6">↑</a></p>
<p id="note7" style="text-align: justify; line-height: 150%;">7. Dans Estugi ma pluma, op. cit. <a href="#7">↑</a></p>
<p id="note8" style="text-align: justify; line-height: 150%;">8. Notre parler / Langue que petit, j’ai apprise / Près des landiers, sans alphabet, / Le pauvre sot qui te méprise / Doit avoir le cerveau étroit. / Souvent rude comme les mains / Du bouvier qui fait le sillon, / Qui s’affine quand sur les joues / De son amie il met un baiser ! / Et si de ton berceau, tu te souviens / Elle était douce, quand la Miou / Chantait : sommeil, sommeil, viens, viens / Sommeil, sommeil, sommeil, viens donc. / Elle semble née pour faire rire / À table, nos invités. / Je n’en sais pas de mieux pour dire / Les contes quelques peu salés. / Si par malheur tu quittes la ferme / Pour t’en aller à Paris : / Petit : gardes- en la mémoire / Elle te rappellera ton pays. / Quand Francillou qui tient l’araire / Ne parlera plus le Sarladais, / Du blé, il n’en sèmera guère, / Les bœufs ne savent pas le français. <a href="#8">↑</a></p>
<p id="note9" style="text-align: justify; line-height: 150%;">9. Quand l’âne revint à la ferme, / Qu’il revit le pailler, / Et qu’il voulut dire sa joie /… Il braillait toujours pareil. <a href="#9">↑</a></p>
<p id="note10" style="text-align: justify; line-height: 150%;">10. Bourgès Audivert Monique, <em>Castels pluriel, Castels singulier</em>, Périgueux, Editions couleurs Périgords, 2008, et <a href="http://www.lesamisderedonespic.fr/" target="_blank" rel="noopener">www.lesamisderedonespic.fr</a> <a href="#10">↑</a></p>
<p id="note11" style="text-align: justify; line-height: 150%;">11. « Mantenaire » est le titre donné aux seize membres du Conseil du Bournat, son conseil d’administration en quelque sorte. Les adhérents de base sont des « abeilles ». <a href="#11">↑</a></p>
<p id="note12" style="text-align: justify; line-height: 150%;">12. Lutrin / Ah mais ! / Ça durera toujours / De parler de la félibrée / Ou on nous verra un beau jour / Nous mettre quelque débourrée. / De l’encrier fermons le ruisseau ! / Parce que tout ce que nous pouvons écrire / Ça ne vaut pas le pet d’une puce ; / Et ça finirait par faire rire. / Mon Dieu mais qu’est-ce que ça peut vous faire ! / Pourquoi se donner tant de peine : /Laissez-les dire « Ma fenna » et nous autres dire « <em>Mo fenno !</em> » <a href="#12">↑</a></p>
<p id="note13" style="text-align: justify; line-height: 150%;">13. Dans <em>Estugi ma pluma</em>, recueil de poésies inédites du Dr Boissel, 2018 (Editions du Perce-Oreille, Coux-et-Bigaroque-Mouzens). <a href="#13">↑</a></p>
<p id="note14" style="text-align: justify; line-height: 150%;">14. Paru dans <em>Lou ser ol contou</em> <a href="#14">↑</a></p>
<p id="note15" style="text-align: justify; line-height: 150%;">15. Paru dans <em>Lou ser ol contou</em> <a href="#15">↑</a></p>
<p id="note16" style="text-align: justify; line-height: 150%;">16. Dans <em>Flors de bruga,</em> Editions du Perce-Oreille, 2018, Coux-et-Bigaroque-Mouzens (24220) <a href="#16">↑</a></p>
<p id="note17" style="text-align: justify; line-height: 150%;">17. «Si dans la fable que j’ai volée / J’ai changé, pour mon Sarladais / La cigogne par la bécasse / La Fontaine pardonne-moi !» <a href="#17">↑</a></p>
<hr />
<h2>Bibliographie de Pierre Boissel</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;"><em>- </em>Boissel Docteur, <em>Lou gal o contat</em>, saynète patoise, Sarlat, imp. Michelet, 1932, 18 p.<br /> - Boissel Docteur, <em>Lou ser ol contou</em>, recueil de poésies patoises, Sarlat, imp. Michelet, première édition en 1935, réunit 130 poèmes suivis d’une table des matières par ordre alphabétique des poèmes,149 p. <br />- Boissel Docteur, <em>Lou ser ol contou</em>, recueil de poésies patoises, Sarlat, imp. Michelet, réunit les mêmes 130 poèmes, plus 10 poèmes en français, sans table des matières, 152 p. <br />- Boissel Docteur, <em>Lou gal o contat</em>, Sarlat, imp. Michelet, 1935. <br />- Boissel Docteur, <em>Lou ser ol contou</em>, recueil de poésies patoises, Sarlat, imp. Michelet, reprend la deuxième édition de 1935, plus une table des matières dans l’ordre de la pagination, 157 p. <br />- Boissel Docteur, <em>Lou ser ol contou</em>, poésies patoises du Sarladais, suivies de la saynète <em>Lou gal o contat</em>, Périgueux, Les éditions du Périgord Noir, 1975, 213 p.<br /> - Peiragudas : Le groupe musical a enregistré 3 poésies du recueil <em>Lou ser ol contou</em> sur disque microsillon <em>Lo leberon</em>, aux Editions Ventadorn, 1978 : <em>Lo grapald</em>, <em>Ai paur</em>, <em>En passant camin</em>. Peiragudas chante dans les concerts : <em>L’ogre</em>, <em>Sei bandat</em>, <em>Sans voler zo far</em>, aussi tirées du recueil <em>Lou ser ol contou</em> mais pas encore enregistrées.<br /> - Boissel Docteur, <em>Lo ser al canton, Choix de poèmes</em>, Atelier Sarladais de Culture occitane, (A.S.C.O.), 1985, 27 poèmes dans la graphie du Docteur Boissel repris dans la graphie occitane normalisée et traduits par Michel Soulhié, plus une cassette audio, 46 p. <br />- Garrigue Jean-Louis, <em>Docteur Boissel (1872-1939)</em>, thèse pour le diplôme d’Etat de docteur en médecine générale, Université de Bordeaux II, U.F.R. de sciences médicales, 10 juin 1993. <br />- Garrigue Jean-Louis, <em>Pierre Boissel (1872-1939) médecin et poète occitan</em>, Société d’Art et d’Histoire de Sarlat et du Périgord Noir, 2004. (résumé de sa thèse) <br />- Boissel Docteur, <em>Lou ser ol contou</em>, Bayac, Éditions du Roc de Bourzac, 2004. (Fac-similé de l'édition Michelet.) <br />- Gerval Guy, <em>Le soir au cantou</em>, recueil de poésies patoises du docteur Boissel, avec <em>L’aveugle de Castelcuillé</em>, poème occitan de Jasmin, Pomport 24240, éd. Cyrano, 2011. (traduction en français des poèmes)<br /> - Chavaroche Daniel, <em>Docteur Boissel poète paysan</em> avec C.D. audio en occitan, Sarlat, éditions ASCO, 2015. (poèmes tirés de <em>Lou ser ol contou</em> en occitan normalisé)</p>
Bourgès Audivert, Monique
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2018-01-15
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