Clardeluno (1898-1972)
- Clardeluna (pseudonyme)
- Barthès, Jeanne (nom à l'état civil)
- Sylveto (pseudonyme)
- Bartés, Joana (forme occitane du nom)
Jeanne Barthès est née à Cazedarnes dans l'Hérault. Son père Émile, poète, chansonnier, conteur à ses heures, était vigneron. Son enfance a été marquée par l'amour que lui ont porté ses grand-mères. Sa grand-mère maternelle, Césarineto, était également de Cazedarnes. C'est à cette dernière qu'elle confiait ses chagrins d'enfant et ses premiers poèmes de jeune fille. Césarineto lui a transmis en langue d'Oc les vieilles chansons comme celle de l'Escriveto. Dans ses œuvres, elle parle aussi très souvent de sa grand-mère Marcialo et de sa « rèire grand » Castélo, la mère de Césarineto, « que me parlaboun qu'en lengo d'Oc »1.
La vie de Clardeluno s'est écoulée dans sa vieille maison maternelle à Cazedarnes jusqu’à sa mort en 1972. Elle a été inhumée à côté de son frère Louis sous une simple croix de bois. Des mains ont déposé cette inscription sur une plaque de marbre « Aqui Jai Clardeluno ». Les Cartabèu des années trente la présentent comme « femo de letro ».
Les premiers essais que l'on connaît de Jeanne Barthès sont ses envois au concours de poésie française de la société Archéologique de Béziers. En 1921, le jury accorda une médaille de bronze à ses Accords Mineurs. En 1923 et 1925, des poèmes et des sonnets lui valurent une médaille vermeil. Au cours de ces mêmes années, elle avait participé aux concours de langue romane de la même société. Le recueil de poèmes A moun païs recueillait une mention en 1921, Darnier vespre de permissiou, saynète à deux personnages, une médaille d'argent en 1923 et L'Escriveto, pièce de théâtre, la médaille d'argent en 1925. La plus haute récompense, le rameau d'olivier en argent, lui fut décerné en 1928 pour son recueil de poésies Lous Emmascoments e lous Sounges.
En 1927, elle publia L'Imagier, poème sur un thème médiéval, en onze chants dans lequel un jongleur troubadour, nommé Clar de Luno, récite aux beaux seigneurs « le Conte de Raymond l'Imagier et de Zabel, la courtisane aux cheveux de fée, qui lui versa mensonge et amère folie ».
Maintenir, défendre et illustrer la langue d'oc, telle fut l'œuvre à laquelle Jeanne Barthès voua toute son action :
« Qual sap joust quano rudo pougno nous caldra beleu acatar lou coupet deman ! Mès d'an ount que vengue la malparado, i balhem pas pouder sus nostro amo : nous laissem pas entemenar, demourem nautres. E souvenguem-nous que qual tèn sa lengo, tèn la clau que di cadeno li deliuro »2.
Sa langue, qui est le dialecte languedocien, est nourrie de mots du terroir, de ceux-là qui ne sont guère employés dans le langage courant, mais qu'elle voulait maintenir. Elle participa à toutes les manifestations félibréennes. Le syndic de la Maintenance de Languedoc, Pierre Azéma, lui confia le soin de rassembler les plus belles pages des auteurs languedociens. Cette Antoulougio Escoulario dans laquelle sont recueillis les œuvres de quatre-vingt- dix poètes vit le jour en 1931.
En 1936, elle publia la Nèit d'Estiu, violent drame paysan joué pour la première fois en 1937 au Théâtre Municipal de Béziers, repris en 1998 et 1999 par le théâtre de La Rampe. La même année, elle fonda l'Escolo Trencavel, qui prit la relève de la Cigalo Lengadouciano, elle-même héritière de l'Escolo del Titan. De 1937 à 1943, elle assura avec Auguste Doumergue et Léonce Beaumadier la publication régulière de la revue Trencavel sous le pseudonyme de Sylveto.
Estimant que c'est par le théâtre que l'action du Félibrige est la plus féconde, car c'était par lui que l'on peut le mieux atteindre le peuple, elle écrivit des saynètes, des comédies et des drames. De nombreuses troupes d'amateurs dans les villages du Biterrois et du Narbonnais les mirent à leur programme.
À Cazedarnes, elle fit chanter pour Noël les Nadalets languedociens au sein d'un groupe de garçons et filles appelé le Roudalet Cazardanol. En 1942, elle publia pour la Maintenance le Cansounier del Lengadoc renfermant quarante-quatre chansons.
Élue Majoral du Félibrige à la Santo-Estelo d'Avignon en 1941, elle recueillit la cigale de Béziers, créée en 1881 par le félibre de la Naveto, Junior Sans et portée ensuite par le biterrois René Fournier à partir de 1906.
L'œuvre produite par Jeanne Barthés est considérable. Elle figure parmi les femmes, non seulement parmi les poétesses occitanes, mais aussi parmi les poétesses de langue française, à avoir écrit des œuvres de longue haleine en vers ; son Escriveto comporte un millier de vers, son Imagier trois mille cinq cents environ. Restent inédits des pièces de théâtre, des chroniques de guerre, des contes et certainement des poèmes.
Poésie :
- Escriveto, Ed. Au Gay Savoir, Béziers, 1926.
- L’imagièr, Ed. Au Gay Savoir, Béziers, 1927.
- Lous emmascoments e lous sounges, Ed. Clardeluno, Cazedarnes, 1930.
- Lo miral del temps, Ed. Subervie, Rodez, 1968.
- Al Païs estrange, Ed. Clardeluno, Cazedarnes, 1968.
- Lou miral magic, Ed. Subervie, Rodez, 1970.
- Lou camin esquerre. Lou Miral Ancian, Ed. Subervie, Rodez, 1974.
Théâtre :
- Las gentilhos, Ed. de la « Cigalo Lengadouciano », Béziers, 1928.
- En velhant lou mort, Ed. Calendau, Montpellier, 1933.
- La neit d’estiu, Ed. Clardeluno, Cazedarnes, 1936.
- Las loufos frejos, Ed. Trencavel, Béziers, 1937.
Roman :
- Lison o Lengadoc 1900, IEO, collection A TOTS, 1986.
Œuvres publiées dans des revues :
Revue La Cigalo Lengadouciano, Béziers, n° 131 :
- Lou darniè vespre de permessiu, saynète à deux personnages.
Revue Trencavel :
- 1937
Per l'ainadoto e per son jouve, conte d'amour.
- 1938
La marrido soupo, saynète pantomime.
Sagan d'amourouses, saynète.
La figuièro e la vigno, conte.
Lous tres pichouns de Bethléem, conte.
Lou conte de la bèutat perdudo, conte.
- 1939
Femno batudo, adaptation du premier acte du Médecin malgré lui.
Lou conte de la Servieto, de l'Ase et de la Crosetto, conte.
Lou Nadal de Jan de la Roso, conte.
- 1940
Lou minou de l'enfant Jesus, conte.
- 1941
Lou castel de Mirabat, conte.
Lou rasimat, saynète.
Lous voulurs de l'enfant Jesus, conte.
- 1942
Nadal 1942, conte.
- 1943
Lèco brises prend la bourro, conte
Œuvre restée manuscrite3 :
Brutus, comédie farce en deux actes.
Sorres, comédie dramatique en trois actes.
Per l'ounour, comédie dramatique en trois actes.
La belo endourmido, féérie en trois prologues, trois actes et huit tableaux.
Lou proucès de Caramentrant, jugement, un acte.
Aucèl de passage, comédie dramatique, trois actes et un épilogue.
Un cop de cisèu, comédie ballet en deux actes.
La mal maridado, courte scène comique.
Sèm quites, farce, un acte.
Tres poulos per un gal, courte comédie, un acte.
1. Jean Vinas, Hommage à Jeanne Barthès, Société Archéologique Scientifique et Littéraire de Béziers, 1972, p. 2 ↑
2. Ibid, p 3 ↑
3. Christian LAUX, Bibliographie des œuvres de Jeanne Barthès, CIRDOC, [s.d.].↑
]]>Jeanne Barthès est née à Cazedarnes dans l'Hérault dans une famille qui ne parlait que la langue d'oc. Elle consacre toute sa vie à l'écriture dans cet idiome. Elle s'emploie également à la diffusion des œuvres littéraires occitanes en s'impliquant dans la Société Archéologique de Béziers, l'Escolo Trencavel et la publication de sa revue Trencavel de 1937 à 1943. Elle adhère au Félibrige, comme manteneiris en 1928. Vice-syndic de la Maintenance du Languedoc, elle est élue majoral du Félibrige – ou plutôt, selon les statuts cooptée - en 1941. C’est d’ailleurs la première femme à accéder à cette dignité.
Clardeluno (1898-1972)
- Clardeluna (pseudonyme)
- Barthès, Jeanne (nom à l'état civil)
- Sylveto (pseudonyme)
- Bartés, Joana (forme occitane du nom)
Jeanne Barthès est née à Cazedarnes dans l'Hérault. Son père Émile, poète, chansonnier, conteur à ses heures, était vigneron. Son enfance a été marquée par l'amour que lui ont porté ses grand-mères. Sa grand-mère maternelle, Césarineto, était également de Cazedarnes. C'est à cette dernière qu'elle confiait ses chagrins d'enfant et ses premiers poèmes de jeune fille. Césarineto lui a transmis en langue d'Oc les vieilles chansons comme celle de l'Escriveto. Dans ses œuvres, elle parle aussi très souvent de sa grand-mère Marcialo et de sa « rèire grand » Castélo, la mère de Césarineto, « que me parlaboun qu'en lengo d'Oc »1.
La vie de Clardeluno s'est écoulée dans sa vieille maison maternelle à Cazedarnes jusqu’à sa mort en 1972. Elle a été inhumée à côté de son frère Louis sous une simple croix de bois. Des mains ont déposé cette inscription sur une plaque de marbre « Aqui Jai Clardeluno ». Les Cartabèu des années trente la présentent comme « femo de letro ».
Les premiers essais que l'on connaît de Jeanne Barthès sont ses envois au concours de poésie française de la société Archéologique de Béziers. En 1921, le jury accorda une médaille de bronze à ses Accords Mineurs. En 1923 et 1925, des poèmes et des sonnets lui valurent une médaille vermeil. Au cours de ces mêmes années, elle avait participé aux concours de langue romane de la même société. Le recueil de poèmes A moun païs recueillait une mention en 1921, Darnier vespre de permissiou, saynète à deux personnages, une médaille d'argent en 1923 et L'Escriveto, pièce de théâtre, la médaille d'argent en 1925. La plus haute récompense, le rameau d'olivier en argent, lui fut décerné en 1928 pour son recueil de poésies Lous Emmascoments e lous Sounges.
En 1927, elle publia L'Imagier, poème sur un thème médiéval, en onze chants dans lequel un jongleur troubadour, nommé Clar de Luno, récite aux beaux seigneurs « le Conte de Raymond l'Imagier et de Zabel, la courtisane aux cheveux de fée, qui lui versa mensonge et amère folie ».
Maintenir, défendre et illustrer la langue d'oc, telle fut l'œuvre à laquelle Jeanne Barthès voua toute son action :
« Qual sap joust quano rudo pougno nous caldra beleu acatar lou coupet deman ! Mès d'an ount que vengue la malparado, i balhem pas pouder sus nostro amo : nous laissem pas entemenar, demourem nautres. E souvenguem-nous que qual tèn sa lengo, tèn la clau que di cadeno li deliuro »2.
Sa langue, qui est le dialecte languedocien, est nourrie de mots du terroir, de ceux-là qui ne sont guère employés dans le langage courant, mais qu'elle voulait maintenir. Elle participa à toutes les manifestations félibréennes. Le syndic de la Maintenance de Languedoc, Pierre Azéma, lui confia le soin de rassembler les plus belles pages des auteurs languedociens. Cette Antoulougio Escoulario dans laquelle sont recueillis les œuvres de quatre-vingt- dix poètes vit le jour en 1931.
En 1936, elle publia la Nèit d'Estiu, violent drame paysan joué pour la première fois en 1937 au Théâtre Municipal de Béziers, repris en 1998 et 1999 par le théâtre de La Rampe. La même année, elle fonda l'Escolo Trencavel, qui prit la relève de la Cigalo Lengadouciano, elle-même héritière de l'Escolo del Titan. De 1937 à 1943, elle assura avec Auguste Doumergue et Léonce Beaumadier la publication régulière de la revue Trencavel sous le pseudonyme de Sylveto.
Estimant que c'est par le théâtre que l'action du Félibrige est la plus féconde, car c'était par lui que l'on peut le mieux atteindre le peuple, elle écrivit des saynètes, des comédies et des drames. De nombreuses troupes d'amateurs dans les villages du Biterrois et du Narbonnais les mirent à leur programme.
À Cazedarnes, elle fit chanter pour Noël les Nadalets languedociens au sein d'un groupe de garçons et filles appelé le Roudalet Cazardanol. En 1942, elle publia pour la Maintenance le Cansounier del Lengadoc renfermant quarante-quatre chansons.
Élue Majoral du Félibrige à la Santo-Estelo d'Avignon en 1941, elle recueillit la cigale de Béziers, créée en 1881 par le félibre de la Naveto, Junior Sans et portée ensuite par le biterrois René Fournier à partir de 1906.
L'œuvre produite par Jeanne Barthés est considérable. Elle figure parmi les femmes, non seulement parmi les poétesses occitanes, mais aussi parmi les poétesses de langue française, à avoir écrit des œuvres de longue haleine en vers ; son Escriveto comporte un millier de vers, son Imagier trois mille cinq cents environ. Restent inédits des pièces de théâtre, des chroniques de guerre, des contes et certainement des poèmes.
Poésie :
- Escriveto, Ed. Au Gay Savoir, Béziers, 1926.
- L’imagièr, Ed. Au Gay Savoir, Béziers, 1927.
- Lous emmascoments e lous sounges, Ed. Clardeluno, Cazedarnes, 1930.
- Lo miral del temps, Ed. Subervie, Rodez, 1968.
- Al Païs estrange, Ed. Clardeluno, Cazedarnes, 1968.
- Lou miral magic, Ed. Subervie, Rodez, 1970.
- Lou camin esquerre. Lou Miral Ancian, Ed. Subervie, Rodez, 1974.
Théâtre :
- Las gentilhos, Ed. de la « Cigalo Lengadouciano », Béziers, 1928.
- En velhant lou mort, Ed. Calendau, Montpellier, 1933.
- La neit d’estiu, Ed. Clardeluno, Cazedarnes, 1936.
- Las loufos frejos, Ed. Trencavel, Béziers, 1937.
Roman :
- Lison o Lengadoc 1900, IEO, collection A TOTS, 1986.
Œuvres publiées dans des revues :
Revue La Cigalo Lengadouciano, Béziers, n° 131 :
- Lou darniè vespre de permessiu, saynète à deux personnages.
Revue Trencavel :
- 1937
Per l'ainadoto e per son jouve, conte d'amour.
- 1938
La marrido soupo, saynète pantomime.
Sagan d'amourouses, saynète.
La figuièro e la vigno, conte.
Lous tres pichouns de Bethléem, conte.
Lou conte de la bèutat perdudo, conte.
- 1939
Femno batudo, adaptation du premier acte du Médecin malgré lui.
Lou conte de la Servieto, de l'Ase et de la Crosetto, conte.
Lou Nadal de Jan de la Roso, conte.
- 1940
Lou minou de l'enfant Jesus, conte.
- 1941
Lou castel de Mirabat, conte.
Lou rasimat, saynète.
Lous voulurs de l'enfant Jesus, conte.
- 1942
Nadal 1942, conte.
- 1943
Lèco brises prend la bourro, conte
Œuvre restée manuscrite3 :
Brutus, comédie farce en deux actes.
Sorres, comédie dramatique en trois actes.
Per l'ounour, comédie dramatique en trois actes.
La belo endourmido, féérie en trois prologues, trois actes et huit tableaux.
Lou proucès de Caramentrant, jugement, un acte.
Aucèl de passage, comédie dramatique, trois actes et un épilogue.
Un cop de cisèu, comédie ballet en deux actes.
La mal maridado, courte scène comique.
Sèm quites, farce, un acte.
Tres poulos per un gal, courte comédie, un acte.
1. Jean Vinas, Hommage à Jeanne Barthès, Société Archéologique Scientifique et Littéraire de Béziers, 1972, p. 2 ↑
2. Ibid, p 3 ↑
3. Christian LAUX, Bibliographie des œuvres de Jeanne Barthès, CIRDOC, [s.d.].↑
Joana Bartés nais a Casadarnas dins Erau dins una familha que parla pas que la lenga d’òc. Consacra tota sa vida a l’escritura dins aqueste idiòma. S’emplega tanben a la difusion de las òbras literàrias occitanas en s’implicant dins La Societat Arqueologica de Besièrs, l’Escolo de Trencavel e la publicacion de sa revista « Trencavel » de 1937 a 1943. Aderís al Felibritge, coma manteneiritz en 1928. Vice-sendic de la Mantenença del Lengadòc, es elegida Majorala del Felibritge – o puslèu, segon los estatuts, cooptada – en 1941. Es la primièra femna qu’accedís a aquela dignitat.
Clardeluno (1898-1972)
- Clardeluna (pseudonim)
- Barthès, Jeanne (nom a l'estat civil)
- Sylveto (pseudonim)
- Bartés, Joana (forma occitana del nom)
Joan Bartés nais a Casadarnas dins Erau lo 11 de genièr de 1898. Son paire, Emili, poèta, cançonièr, contaire, fasiá vinhairon. Son enfança es marcada per l’amor que li pòrtan sas grands. Sa grand mairala, Cesarineta, èra tanben de Casanardas. Es a ela que fisa sas lanhas de drolleta e sos primièrs poèmas de joventa. Cesarineta li transmet en lenga d’òc las vièlhas cançons coma la de « l’Escriveto. Dins sos obratges, parla tanben plan sovent de sa grand Marciala e de sa rèiregrand Castela, la maire de Cesarineta, « que me parlaboun qu’en lengo d’òc »1.
La vida de Clardeluna se passa dins son vièlh ostal mairal a Casadarnas fins a sa mòrt lo 11 de decembre de 1972. Es sebelida a costat de son fraire Loís jos una simpla crotz de fusta. De mans an pausat aquela inscripcion sus una placa de marbre : « Aqui jai Clardeluno ». Los Cartabèus de las annadas trenta la presentan coma « fema de letro ».
Los primièrs ensages coneguts de Joana Bartés son sos mandadisses al concors de poesia francesa de la Societat Arqueologica de Besièrs. En 1921, la jurada autreja una medalha de bronze a sos « Accords Mineurs ». En 1923 e 1925, de poèmas e de sonets li valon una medalha de vermelh. Dins aquestas annadas, participa al concorses de lenga romana de la meteissa societat. Lo recuèlh de poèmas « A moun païs » recep una mencion en 1921, « Darnier vespre de permissiou », sceneta de dos personatges, una medalha d’argent en 1923 e « L’Escriveto », pèça de teatre, la medalha d’argent en 1925. Lo mai grand prèmi, lo brot d’oliu d’argent, li es decernit en 1928 per son recuèlh de poesias « Lous Enmascoments e lous Sounges ».
En 1927, publica « L’Imagièr », poèma sus un tèma medieval, de onze cants, ont un joglar trobador, nommat Clar de Luno, conta als bèls senhors : « lo Conte de Raimon l’Imagièr e de Zabèl, la cortesana dels pels de fada, que li vogèt messorga e foliá amarganta ».
Manténer, defendre e illustrar la lenga d’òc, tala es l’òbra que Joana Bartés li voda tota son accion. : « Qual sap joust quano rudo pougno nous caldra beleu acatar lou coupet deman ! Mès d’an ount que vengue la malparado, li balhem pas pouder sus nostro amo : nous laissem pas entemenar, demourem nautres. E souvenguem-nous que qual tèn sa lengo, tèn la clau que di cadenos li deliuro »2 .
Sa lenga qu’es lo dialècte lengadocian, es noirit de mots del terraire, de los que son gaire emplegats dins lo lengatge d’escadajorns, mas que vòl manténer. Participa a totas las manifestacions felibrencas. Lo sendic de la Mantenença de Lengadòc, Pèire Azemà, l’encarga de recampar las mai polidas paginas dels autors lengadocians. Aquela « Antoulougio Escoulario » ont son reculhidas las òbras de nonanta poètas espelís en 1931.
En 1936, publica « Nèit d’estiu », drama païsan violent, jogat pel primièr còp en 1937 al Teatre Municipal de Besièrs, qu’es représ en 1998 e 1999 pel Teatre de la Rampa. La meteissa annada, fonda L’Escolo Trencavel que pren la relèva de La Cigalo Lengadouciana, ela meteissa eiretièra de L’Escolo del Titan. De 1937 a 1943, assegura ambe August Domergue e Leonci Baumadier la publicacion regulara de la revista « Trencavel » jos l’escais de Sylveto.
Estima qu’es pel teatre que l’accion del Felibritge es mai fruchosa, pr’amor qu’es per el que se pòt mai aténher lo pòble, e escriu de scenetas, de comèdias e de dramas. Mantuna tropa d’amators dins los vilatges del Besierés e del Narbonés los botan a lor programa.
A Casanardas, fa cantar per Nadal los Nadalets lengadocians per una còla de jovents e joventas que se ditz Lou Roudalet Casadarnol. En 1942, publica per la Mantenença « Lou Cansounier del Lengadoc » que presenta quaranta quatre cançons.
Elegida Majorala del Felibritge a la Santa Estèla d’Avinhon en 1941, recep la Cigala de Besièrs, creada en 1881 pel felibre Juniòr Sans, portada puèi pel Besierenc Renat Fornièr a comptar de 1906.
L’òbra de Joana Bartés es abondosa. Figura demest las femnas, pas sonque demest las poetessas occitanas, mas tanben demest las poetessas de lenga francesa qu’an escrich d’òbras en vèrses de longa tòca. Son « Escriveto » compòrta un milièr de vèrses e son « Imagier » qualques tres mila cinc cents. Demòran inediches de pèças de teatre, de cronicas de guèrra, des contes e plan possible de poèmas.
Poesia :
- Escriveto, Ed. Au Gay Savoir, Béziers, 1926.
- L’imagièr, Ed. Au Gay Savoir, Béziers, 1927.
- Lous emmascoments e lous sounges, Ed. Clardeluno, Cazedarnes, 1930.
- Lo miral del temps, Ed. Subervie, Rodez, 1968.
- Al Païs estrange, Ed. Clardeluno, Cazedarnes, 1968.
- Lou miral magic, Ed. Subervie, Rodez, 1970.
- Lou camin esquerre. Lou Miral Ancian, Ed. Subervie, Rodez, 1974.
Teatre :
- Las gentilhos, Ed. de la « Cigalo Lengadouciano », Béziers, 1928.
- En velhant lou mort, Ed. Calendau, Montpellier, 1933.
- La neit d’estiu, Ed. Clardeluno, Cazedarnes, 1936.
- Las loufos frejos, Ed. Trencavel, Béziers, 1937.
Roman :
- Lison o Lengadoc 1900, IEO, collection A TOTS, 1986.
Òbras publicadas dins de revistas :
Revue La Cigalo Lengadouciano, Béziers, n° 131 :
- Lou darniè vespre de permessiu, saynète à deux personnages.
Revista Trencavel :
- 1937
Per l'ainadoto e per son jouve, conte d'amour.
- 1938
La marrido soupo, saynète pantomime.
Sagan d'amourouses, saynète.
La figuièro e la vigno, conte.
Lous tres pichouns de Bethléem, conte.
Lou conte de la bèutat perdudo, conte.
- 1939
Femno batudo, adaptation du premier acte du Médecin malgré lui.
Lou conte de la Servieto, de l'Ase et de la Crosetto, conte.
Lou Nadal de Jan de la Roso, conte.
- 1940
Lou minou de l'enfant Jesus, conte.
- 1941
Lou castel de Mirabat, conte.
Lou rasimat, saynète.
Lous voulurs de l'enfant Jesus, conte.
- 1942
Nadal 1942, conte.
- 1943
Lèco brises prend la bourro, conte
Òbra demorada manuscrita3 :
Brutus, comédie farce en deux actes.
Sorres, comédie dramatique en trois actes.
Per l'ounour, comédie dramatique en trois actes.
La belo endourmido, féérie en trois prologues, trois actes et huit tableaux.
Lou proucès de Caramentrant, jugement, un acte.
Aucèl de passage, comédie dramatique, trois actes et un épilogue.
Un cop de cisèu, comédie ballet en deux actes.
La mal maridado, courte scène comique.
Sèm quites, farce, un acte.
Tres poulos per un gal, courte comédie, un acte.
1. Jean Vinas, Hommage à Jeanne Barthès, Société Archéologique Scientifique et Littéraire de Béziers, 1972, p. 2 ↑
2. Ibid, p 3 ↑
3. Christian LAUX, Bibliographie des œuvres de Jeanne Barthès, CIRDOC, [s.d.].↑
- Jean FOURIÉ, Dictionnaire des auteurs occitans de langue d'oc, Félibrige Edition, Aix-en- Provence, 2009 [2 ème édition, revue et augmentée].
- Jules VÉRAN, Les Poétesses Provençales du Moyen-Âge à nos jours, Librairie Aristide Quillet, Paris, 1946
- Jean VINAS, Hommage à Jeanne Barthés, Société Archéologique Scientifique et Littéraire de Béziers, 1972
- Christian LAUX, Bibliographie des œuvres de Jeanne Barthès, CIRDOC, [s.d.].
Vezinhet, Adrien (1912-1984)
- Vesinhet, Adrian (forme occitane du nom)
Issu d’une famille du monde rural, Adrien Vézinhet naît à Sainte-Radegonde le 27 avril 1912. Il fait des études à Rodez avant de devenir professeur de Lettres au Lycée Foch de Rodez de 1937 à 1946. Par la suite il devient censeur au Lycée Pierre Loti de Rochefort-sur-Mer (1947), puis au Lycée de Rodez (1950) et au Lycée Joffre de Montpellier (1957). En 1968, il est nommé proviseur de la Cité scolaire d’Alès avant de devenir proviseur du Lycée Henri IV de Béziers où il achèvera sa carrière dans l’enseignement (1970-1974). Il décède à Montpellier le 28 mars 1984. Un hommage lui a été rendu en 1993 à Sainte-Radegonde où une plaque a été apposée à sa mémoire.
Dès le temps où il enseigne au Lycée Foch, avant la guerre et pendant, il milite pour l’occitan dans l’enseignement. À la Libération, il fait partie des fondateurs de l’hebdomadaire Le Rouergat. À Rodez, il est un ardent promoteur de la langue d’oc et des traditions locales. Au début des années 1950, il accompagne la fondation de la société folklorique la Pastourelle (jeune bergère) en dirigeant les danses et en écrivant des pièces de théâtre en collaboration avec Henri Mouly et Jean-Marie Lacombe. Installé à Montpellier, il devient un des animateurs de la Montanharda amicale des aveyronnais. En 1979, il prépare la publication du Teatre de la Pastorela, réunissant pièces et contes en occitan. Six de ces pièces seront écrites pour le théâtre la Pastorella qui en fera son répertoire.
Le livre est ainsi présenté sur le site de l’éditeur :
(http://ideco-dif.com/ieo_edicions/terra_de_cocanha/lo_teatre_de_la_pastorela/index.html) :
« [...] C’est à Sainte-Radegonde que mon Père revenant de son premier jour à l’école communale devait déclarer à sa mère : « Ai pas res compres de çò que disiá lo mèstre d’escòla. Parla pas la meteissa lenga que nosautres ». Ainsi allait la vie au début de ce XXe siècle. Le seul outil vernaculaire entre les habitants du village était la langue occitane plus communément qualifiée de Patois. [...] » André Vezinhet.
C’est cette langue qu’il maîtrise à merveille et ses coutumes qu’Adrien Vezinhet, enfant du Rouergue, allait s’acharner à transmettre. En prenant la plume pour écrire des pièces de théâtre, qui furent jouées de Montpellier à Paris en leur temps, c’est également un témoignage d’une société et de ses questionnements qu’il nous donne. Si le temps a fait son œuvre, les questions du déracinement et des relations familiales sont toujours d’actualité. Ce recueil comprend les 6 pièces suivantes : L’Escampat, La Tatà de Borniquet, Maridam la Tatà, La Bastarda, Lo Pastre del Masvièlh et Las Catas de la Bruguièra.
Enseignant, fondateur de la société folklorique « La Pastourelle », auteur de pièces de théâtre.
Vezinhet, Adrien (1912-1984)
- Vesinhet, Adrian (forme occitane du nom)
Issu d’une famille du monde rural, Adrien Vézinhet naît à Sainte-Radegonde le 27 avril 1912. Il fait des études à Rodez avant de devenir professeur de Lettres au Lycée Foch de Rodez de 1937 à 1946. Par la suite il devient censeur au Lycée Pierre Loti de Rochefort-sur-Mer (1947), puis au Lycée de Rodez (1950) et au Lycée Joffre de Montpellier (1957). En 1968, il est nommé proviseur de la Cité scolaire d’Alès avant de devenir proviseur du Lycée Henri IV de Béziers où il achèvera sa carrière dans l’enseignement (1970-1974). Il décède à Montpellier le 28 mars 1984. Un hommage lui a été rendu en 1993 à Sainte-Radegonde où une plaque a été apposée à sa mémoire.
Dès le temps où il enseigne au Lycée Foch, avant la guerre et pendant, il milite pour l’occitan dans l’enseignement. À la Libération, il fait partie des fondateurs de l’hebdomadaire Le Rouergat. À Rodez, il est un ardent promoteur de la langue d’oc et des traditions locales. Au début des années 1950, il accompagne la fondation de la société folklorique la Pastourelle (jeune bergère) en dirigeant les danses et en écrivant des pièces de théâtre en collaboration avec Henri Mouly et Jean-Marie Lacombe. Installé à Montpellier, il devient un des animateurs de la Montanharda amicale des aveyronnais. En 1979, il prépare la publication du Teatre de la Pastorela, réunissant pièces et contes en occitan. Six de ces pièces seront écrites pour le théâtre la Pastorella qui en fera son répertoire.
Le livre est ainsi présenté sur le site de l’éditeur :
(http://ideco-dif.com/ieo_edicions/terra_de_cocanha/lo_teatre_de_la_pastorela/index.html) :
« [...] C’est à Sainte-Radegonde que mon Père revenant de son premier jour à l’école communale devait déclarer à sa mère : « Ai pas res compres de çò que disiá lo mèstre d’escòla. Parla pas la meteissa lenga que nosautres ». Ainsi allait la vie au début de ce XXe siècle. Le seul outil vernaculaire entre les habitants du village était la langue occitane plus communément qualifiée de Patois. [...] » André Vezinhet.
C’est cette langue qu’il maîtrise à merveille et ses coutumes qu’Adrien Vezinhet, enfant du Rouergue, allait s’acharner à transmettre. En prenant la plume pour écrire des pièces de théâtre, qui furent jouées de Montpellier à Paris en leur temps, c’est également un témoignage d’une société et de ses questionnements qu’il nous donne. Si le temps a fait son œuvre, les questions du déracinement et des relations familiales sont toujours d’actualité. Ce recueil comprend les 6 pièces suivantes : L’Escampat, La Tatà de Borniquet, Maridam la Tatà, La Bastarda, Lo Pastre del Masvièlh et Las Catas de la Bruguièra.
Ensenhaire, fondator de la societat folclorica La Pastorèla, autor de pèças de teatre.
Sortit d’una familha del mitan païsan, Adrian Vesinhet nais a Santa Radegonda lo 27 d’abrial de 1912. Fa d’estudis a Rodés abans de venir professor de letras al Licèu Foch de Rodés de 1937 a 1946. Puèi fa censor al Licèu Pèire Loti de Rocafòrt-sus-Mar (1947), puèi al Licèu de Rodés (1950) e al Licèu Jòfre de Montpelhièr (1957). En 1968, es nommat provisor de la Ciutat escolara d’Alès abans de venir provisor del Licèu Enric IV de Besièrs ont acaba sa carrièra dins l’ensenhament (1970-1974). Se morís a Montpelhièr lo 28 de marc de 1984. Un omenatge li es rendut en 1993 a Santa Radegonda ont una placa es pausada a sa memòria.
Tre qu’ensenha al Licèu Foch, abans e pendent la guèrra, milita per l’occitan dins l’ensenhament. A la Liberacion, es demest los fondators del setmanièr Le Rouergat. A Rodés, es un promotor arderós de la lenga d’òc e de las tradicions localas. A la debuta de las annadas cinquanta, acompanha la fondacion de la societat folclorica La Pastorèla en bailejant las danças e en escrivent de pèças de teatre en collaboracion ambe Enric Molin e Joan-Maria Lacomba. Installat a Montpelhièr, es un dels animators de La Montanharda, l’associacion dels Avaironeses de la vila. En 1979, trabalha a la publicacion del Teatre de la Pastorèla, acampa pèças e contes en occitan. Sièis d’aquelas pèças son escrichas per lo teatre La Pastorèla que ne fa son repertòri.
Lo libre es presentat atal sul site de l’editor :
(http://ideco-if.com/ieo_edicions/terra_de_cocanha/lo_teatre_de_la_pastorela/index.html) :
« [...] C’est à Sainte-Radegonde que mon Père, revenant de son premier jour à l’école communale, devait déclarer à sa mère : Ai pas res comprés de çò que disiá lo mèstre d’escòla. Parla pas la meteissa lenga que nosautres. Ainsi allait la vie au début de ce XX° siècle. Le seul outil vernaculaire entre les habitants du village était la langue occitane plus communément qualifiée de patois. [...] » Andrieu Vezinhet.
Es aquela lenga que mestreja a meravilha e sas costumas qu’Adrian Vezinhet, enfant de Roergue, s’afòga a transmetre. En prenent la pluma per escriure de pèças de teatre que seràn jogadas de Montpelhièr a París, es tanben un testimoniatge d’una societat e de sas interrogacions que nos balha. Se lo temps a fach son òbra, las questions del desracinament e de las relacions familhalas son totjorn actualas. Aqueste recuèlh porgís las sièis pèças seguentas : L’Escampat, La Tatà de Borniquet, Maridam la Tatà, La Bastarda, lo Pastre del Masvièlh e Las Catas de La Bruguièra.
« Danses Rouergates », Revue du Rouergue, n° 1, janv.-mars 1954, p. 52-63.
« L’estèla de Nadal », Revue du Rouergue, n° 48, oct.-déc. 1958, p. 450-453.
« Lo nadal de Joan l’Ermito », Revue du Rouergue, n° 68, oct.-dec 1963, n.1, p. 435-438.
« En mémoria d’Enric Mouly », Revue du Rouergue, n° 138, été 1981, p. 161-166.
« Que partigue pas ! », Revue du Rouergue, n° 14, été 1988, p. 261-264.
- Lo Teatre de la Pastorèla, Préface d’Yves Rouquette, IEO-IDECO, 2014.
Lou pastre del Masviel : drame paisan en 1 ate, A. Vezinhet. [S.l.] : [s.n.], [195.?]. 1 vol. (23 f.)
Vistalhas : comédie en un acte en langue d'Oc, Adrien Vezinhet. Rodez : [s.n.], 1957. 1 vol. (23 f.)
- Jean Delmas, « Adrien Vezinhet écrivain de langue d’oc », Vivre en Rouergue, 79, 1994, p. 57.
- Michel Lafon, Qui a volé mon « patois » ? L’épopée scolaire aveyronnaise d’une langue proscrite, Montpellier, PULM, 2015. (https://www.pulm.fr/index.php/9782367812069.html#desctoggle).
- Ives Roqueta, « Adrian Vesinhet : amator », Occitans !, 56, 1993, p. 18-19.
« Danses Rouergates », Revue du Rouergue, n° 1, janv.-mars 1954, p. 52-63.
« L’estèla de Nadal », Revue du Rouergue, n° 48, oct.-déc. 1958, p. 450-453.
« Lo nadal de Joan l’Ermito », Revue du Rouergue, n° 68, oct.-dec 1963, n.1, p. 435-438.
« En mémoria d’Enric Mouly », Revue du Rouergue, n° 138, été 1981, p. 161-166.
« Que partigue pas ! », Revue du Rouergue, n° 14, été 1988, p. 261-264.
- Lo Teatre de la Pastorèla, Préface d’Yves Rouquette, IEO-IDECO, 2014.
Lou pastre del Masviel : drame paisan en 1 ate, A. Vezinhet. [S.l.] : [s.n.], [195.?]. 1 vol. (23 f.)
Vistalhas : comédie en un acte en langue d'Oc, Adrien Vezinhet. Rodez : [s.n.], 1957. 1 vol. (23 f.)
- Jean Delmas, « Adrien Vezinhet écrivain de langue d’oc », Vivre en Rouergue, 79, 1994, p. 57.
- Michel Lafon, Qui a volé mon « patois » ? L’épopée scolaire aveyronnaise d’une langue proscrite, Montpellier, PULM, 2015. (https://www.pulm.fr/index.php/9782367812069.html#desctoggle).
- Ives Roqueta, « Adrian Vesinhet : amator », Occitans !, 56, 1993, p. 18-19.
Fabre, Roger (1920-2015)
- Fabre, Rogièr (forme occitane du nom)
- Lo Rogièr (pseudonyme)
- Lo gardian (pseudonyme)
Roger Raymond François René Fabre est né dans le Tarn en 1920. Sa mère était originaire du Poujol-sur-Orb (Hérault) et son père avait une entreprise de charpente-menuiserie à Mazamet (Tarn). Cadet de quatre enfants, trois garçons puis une fille, il étudie à l’École Pratique de sa ville natale pour être menuisier et sera aussi apprenti boulanger chez des parents à Lavaur. Sa vie professionnelle s’est cependant déroulée dans l’administration des Postes où il entre comme télégraphiste à près de quatorze ans et où il reste 46 ans, une carrière achevée comme chef d’établissement (ou receveur des PTT) à Villefranche-de-Lauragais (Haute-Garonne) en 1980. Il évoque sa vie dans ses œuvres et souvenirs, situe ses débuts et son parcours dans le contexte de l’époque.
Il n’a pas été mobilisé en 1940 mais a été convoqué aux chantiers de jeunesse au Vigan, puis requis pour le Service du travail obligatoire (STO). Il part dans un train de postiers à destination d’Innsbruck (Autriche), où il est affecté aux tâches de commis et facteur du bureau local. Il est alors en contact avec la population de langue allemande et y subit les premiers bombardements américains. Il réussit à revenir au bout de quelques mois et mène une vie semi-clandestine dans sa région. Il rejoint le maquis du groupe Vény dans le sud du Tarn et participe à la Libération dans le secteur de la Montagne Noire. Il se marie en 1946 avec Claire, une jeune femme d’origine italienne, et leur naît une fille.
Dès ses seize ans, lors du Front Populaire, il s’intéresse à la vie politique et au syndicalisme. Il est membre des Jeunesses socialistes puis de la SFIO, de la CGT réunifiée puis de la CGT-FO à sa création. Il s’éloigne de ce militantisme quand il entre dans la carrière de receveur en 1956 et adhère à l’Amicale des chefs d’établissement dont il était toujours membre à son décès. Issu d’une famille pratiquante, il entretient des liens étroits avec la religion catholique.
Pour progresser dans sa carrière suite à un goût des contacts humains, il devient receveur et se déplace avec sa famille de poste en poste dans la France entière pendant un quart de siècle. Auparavant, il prépare plusieurs concours administratifs où il découvre les matières de l’enseignement secondaire, et notamment la littérature. De même, il apprécie les lectures que lui permettent les nuits de travail à la Poste de Mazamet. Il apprend l’italien pour communiquer avec sa belle-famille et cette connaissance, jointe à celle de l’occitan et à l’intérêt porté aux langues romanes, lui permet de renseigner des migrants du bassin méditerranéen quand il est en fonction dans des régions industrielles.
Dans les postes occupés en pays occitans, par exemple dans la Haute-Garonne (vers 1975), il observe l’ampleur de la diversité linguistique. « Sur le marché de Saint-Gaudens, quand j’étais à Aspet, on entendait parler 1°/ le toulousain, 2°/ l’ariégeois, 3°/ le bigourdan, 4°/ l’occitan du Gers […]. J’assimile un peu de tout. » (2014).
Il avait remarqué tout jeune les variantes que sa famille proche pratiquait, de Lavaur à Montpellier. Entre l’enfance et les loisirs de retraité, la curiosité pour les langues ne l’a pas quitté. L’occitan a été une aventure à la fois précoce et tardive. Chez ces artisans citadins, c’était la langue de l’atelier de menuiserie paternel et la langue des échanges avec les grands-parents, dont une grand-mère qui connaissait des proverbes et contes locaux. Il l’approfondit aussi à la métairie d’un grand-oncle au Ribec (commune du Pont-de-l’Arn), où il passe l’été avec d’autres enfants de la famille élargie embauchés autour de leur dixième année pour apporter leur force de travail au moment des récoltes.
« De tot l’estiu, ausissiam pas gaire parlar lo francés, las discutidas se debanavan en occitan. Per las batesons, lo ser, se cantava e solament de cants vièlhs occitans. Pòdes pas saupre lo recòrd qu’ai dins lo cap d’aquel temps benesit. L’occitan que se parlava èra linde e quand pus tard me mainèri de l’ensenhar als autres al Cercle Occitan de Montpelhièr, l’ai plan sovent pres coma referéncia », écrivait-il en 2013 à une descendante de ces métayers tarnais.
Une autre pratique vient de la presse écrite et de ses récits comiques lus en famille. La Campana de Magalouna était apportée au Poujol par un oncle travaillant à Montpellier : « Pour nous, c’était nouveau, on pouvait lire notre langue, celle qu’on entendait parler tous les jours ». Pas de rencontre avec le félibrige local, un autre monde.
Plus tard, au milieu des années 1980, la retraite le conduit à Montpellier où il intègre le Cercle occitan de Montpellier, où Jean Rouquette-Larzac assure des cours au Centre Saint-Guilhem. Il y apprend l’orthographe normalisée, enrichit son vocabulaire et s’intéresse à l’étude des textes anciens. Il avait élaboré des grilles de mots croisés au STO puis avait rédigé des souvenirs familiaux en français. Il transpose ces pratiques à la langue occitane. Et il lit au Cercle ses premiers vers, avec l’assurance du locuteur natif.
« A la debuta farguèri qualques poèmas per far véser als companhs las diferéncias entre las formas francesas e occitanas e mai que mai pausar l’accent tonic, pas facil per un Parisenc o Irlandesa o Japonesa. Per començar, ai fait amb los dits de ma grand-maire e puèi ai parlat de la familha, de ieu mas, plan sovent, una frasa canta dins mon cap que sembla un vèrs, la meti negre sus blanc e, aquí dessus, bròdi, sens saupre tròp ont vau, daissi far mon inconscient o mon subconscient », témoigne-t-il en 2013.
Il assure un temps à son tour la responsabilité des cours, tout comme il co-anime un éphémère Cercle occitan de Saint-Gély. La revue du Cercle occitan de Montpellier, Lo Bram dau Clapàs, accueille au fil des années ses grilles, ses textes et poèmes et il en devient rédacteur en chef. Il s’engage un peu plus dans les années 2000-2010. A 80 ans, vivant seul et moins valide, il est disponible pour des activités de type intellectuel où il s’épanouit dans une grande liberté d’action. Il correspond ainsi avec le journaliste Jacques Bruyère de Midi Libre, à propos de sa rubrique « Nature et patrimoine ».
L’année de ses 90 ans, le Cercle prend l’initiative avec Alain Bessière d’éditer et de faire connaître un choix de ses écrits en oc, traduits par ses soins, A Tròces e a Bocins, édité par l’IEO Lengadòc, poèmes et nouvelles. C’est aussi l’époque où il diffuse une sélection hebdomadaire d’informations occitanes par courriel, Lo Bramaironet. Il pratiquait la poésie de circonstance en français et en gratifiait sa famille et ses amis d’un club de retraités dans la ville de Saint-Gély-du-Fesc (Hérault) où il est décédé d’une crise cardiaque en 2015. Devenu malvoyant au cours des quatre dernières années de sa vie, il était resté lucide et sociable dans son dernier cadre de vie, la maison de retraite Belle-Viste. Il y est interviewé en mai 2013 par Aimat Brees pour l’émission Camina que caminaràs de Ràdio Lenga d’Oc. Il participe à un ultime concours de poésie sur le thème de la solidarité. Il tient sa place dans les échanges intergénérationnels avec les enfants d’une école et du collège local, et ceux du collège Leon Còrdas de Grabels, sur ses thèmes de prédilection, l’occitan et la Résistance.
]]>Fonctionnaire (receveur des PTT), résistant (groupe Vény), administrateur du Cercle occitan de Montpellier, rédacteur en chef du Bram dau Clapas, auteur de grilles de mots croisés, poèmes, récits et nouvelles.
Fabre, Roger (1920-2015)
- Fabre, Rogièr (forme occitane du nom)
- Lo Rogièr (pseudonyme)
- Lo gardian (pseudonyme)
Roger Raymond François René Fabre est né dans le Tarn en 1920. Sa mère était originaire du Poujol-sur-Orb (Hérault) et son père avait une entreprise de charpente-menuiserie à Mazamet (Tarn). Cadet de quatre enfants, trois garçons puis une fille, il étudie à l’École Pratique de sa ville natale pour être menuisier et sera aussi apprenti boulanger chez des parents à Lavaur. Sa vie professionnelle s’est cependant déroulée dans l’administration des Postes où il entre comme télégraphiste à près de quatorze ans et où il reste 46 ans, une carrière achevée comme chef d’établissement (ou receveur des PTT) à Villefranche-de-Lauragais (Haute-Garonne) en 1980. Il évoque sa vie dans ses œuvres et souvenirs, situe ses débuts et son parcours dans le contexte de l’époque.
Il n’a pas été mobilisé en 1940 mais a été convoqué aux chantiers de jeunesse au Vigan, puis requis pour le Service du travail obligatoire (STO). Il part dans un train de postiers à destination d’Innsbruck (Autriche), où il est affecté aux tâches de commis et facteur du bureau local. Il est alors en contact avec la population de langue allemande et y subit les premiers bombardements américains. Il réussit à revenir au bout de quelques mois et mène une vie semi-clandestine dans sa région. Il rejoint le maquis du groupe Vény dans le sud du Tarn et participe à la Libération dans le secteur de la Montagne Noire. Il se marie en 1946 avec Claire, une jeune femme d’origine italienne, et leur naît une fille.
Dès ses seize ans, lors du Front Populaire, il s’intéresse à la vie politique et au syndicalisme. Il est membre des Jeunesses socialistes puis de la SFIO, de la CGT réunifiée puis de la CGT-FO à sa création. Il s’éloigne de ce militantisme quand il entre dans la carrière de receveur en 1956 et adhère à l’Amicale des chefs d’établissement dont il était toujours membre à son décès. Issu d’une famille pratiquante, il entretient des liens étroits avec la religion catholique.
Pour progresser dans sa carrière suite à un goût des contacts humains, il devient receveur et se déplace avec sa famille de poste en poste dans la France entière pendant un quart de siècle. Auparavant, il prépare plusieurs concours administratifs où il découvre les matières de l’enseignement secondaire, et notamment la littérature. De même, il apprécie les lectures que lui permettent les nuits de travail à la Poste de Mazamet. Il apprend l’italien pour communiquer avec sa belle-famille et cette connaissance, jointe à celle de l’occitan et à l’intérêt porté aux langues romanes, lui permet de renseigner des migrants du bassin méditerranéen quand il est en fonction dans des régions industrielles.
Dans les postes occupés en pays occitans, par exemple dans la Haute-Garonne (vers 1975), il observe l’ampleur de la diversité linguistique. « Sur le marché de Saint-Gaudens, quand j’étais à Aspet, on entendait parler 1°/ le toulousain, 2°/ l’ariégeois, 3°/ le bigourdan, 4°/ l’occitan du Gers […]. J’assimile un peu de tout. » (2014).
Il avait remarqué tout jeune les variantes que sa famille proche pratiquait, de Lavaur à Montpellier. Entre l’enfance et les loisirs de retraité, la curiosité pour les langues ne l’a pas quitté. L’occitan a été une aventure à la fois précoce et tardive. Chez ces artisans citadins, c’était la langue de l’atelier de menuiserie paternel et la langue des échanges avec les grands-parents, dont une grand-mère qui connaissait des proverbes et contes locaux. Il l’approfondit aussi à la métairie d’un grand-oncle au Ribec (commune du Pont-de-l’Arn), où il passe l’été avec d’autres enfants de la famille élargie embauchés autour de leur dixième année pour apporter leur force de travail au moment des récoltes.
« De tot l’estiu, ausissiam pas gaire parlar lo francés, las discutidas se debanavan en occitan. Per las batesons, lo ser, se cantava e solament de cants vièlhs occitans. Pòdes pas saupre lo recòrd qu’ai dins lo cap d’aquel temps benesit. L’occitan que se parlava èra linde e quand pus tard me mainèri de l’ensenhar als autres al Cercle Occitan de Montpelhièr, l’ai plan sovent pres coma referéncia », écrivait-il en 2013 à une descendante de ces métayers tarnais.
Une autre pratique vient de la presse écrite et de ses récits comiques lus en famille. La Campana de Magalouna était apportée au Poujol par un oncle travaillant à Montpellier : « Pour nous, c’était nouveau, on pouvait lire notre langue, celle qu’on entendait parler tous les jours ». Pas de rencontre avec le félibrige local, un autre monde.
Plus tard, au milieu des années 1980, la retraite le conduit à Montpellier où il intègre le Cercle occitan de Montpellier, où Jean Rouquette-Larzac assure des cours au Centre Saint-Guilhem. Il y apprend l’orthographe normalisée, enrichit son vocabulaire et s’intéresse à l’étude des textes anciens. Il avait élaboré des grilles de mots croisés au STO puis avait rédigé des souvenirs familiaux en français. Il transpose ces pratiques à la langue occitane. Et il lit au Cercle ses premiers vers, avec l’assurance du locuteur natif.
« A la debuta farguèri qualques poèmas per far véser als companhs las diferéncias entre las formas francesas e occitanas e mai que mai pausar l’accent tonic, pas facil per un Parisenc o Irlandesa o Japonesa. Per començar, ai fait amb los dits de ma grand-maire e puèi ai parlat de la familha, de ieu mas, plan sovent, una frasa canta dins mon cap que sembla un vèrs, la meti negre sus blanc e, aquí dessus, bròdi, sens saupre tròp ont vau, daissi far mon inconscient o mon subconscient », témoigne-t-il en 2013.
Il assure un temps à son tour la responsabilité des cours, tout comme il co-anime un éphémère Cercle occitan de Saint-Gély. La revue du Cercle occitan de Montpellier, Lo Bram dau Clapàs, accueille au fil des années ses grilles, ses textes et poèmes et il en devient rédacteur en chef. Il s’engage un peu plus dans les années 2000-2010. A 80 ans, vivant seul et moins valide, il est disponible pour des activités de type intellectuel où il s’épanouit dans une grande liberté d’action. Il correspond ainsi avec le journaliste Jacques Bruyère de Midi Libre, à propos de sa rubrique « Nature et patrimoine ».
L’année de ses 90 ans, le Cercle prend l’initiative avec Alain Bessière d’éditer et de faire connaître un choix de ses écrits en oc, traduits par ses soins, A Tròces e a Bocins, édité par l’IEO Lengadòc, poèmes et nouvelles. C’est aussi l’époque où il diffuse une sélection hebdomadaire d’informations occitanes par courriel, Lo Bramaironet. Il pratiquait la poésie de circonstance en français et en gratifiait sa famille et ses amis d’un club de retraités dans la ville de Saint-Gély-du-Fesc (Hérault) où il est décédé d’une crise cardiaque en 2015. Devenu malvoyant au cours des quatre dernières années de sa vie, il était resté lucide et sociable dans son dernier cadre de vie, la maison de retraite Belle-Viste. Il y est interviewé en mai 2013 par Aimat Brees pour l’émission Camina que caminaràs de Ràdio Lenga d’Oc. Il participe à un ultime concours de poésie sur le thème de la solidarité. Il tient sa place dans les échanges intergénérationnels avec les enfants d’une école et du collège local, et ceux du collège Leon Còrdas de Grabels, sur ses thèmes de prédilection, l’occitan et la Résistance.
Foncionari (recebeire dels PTT), resistent (grop Vény), administrator del Cercle occitan de Montpelhièr, cap-redactor del Bram dau Clapàs, autor de mots en crotz, poèmas, racontes e novèlas.
Fabre, Roger (1920-2015)
- Fabre, Rogièr (forme occitane du nom)
- Lo Rogièr (pseudonyme)
- Lo gardian (pseudonyme)
Rogièr, Raimon, Francés Renat Fabre nasquèt dins Tarn en 1920. Sa maire èra de Pojòl-sus-Òrb (Erau) e son paire aviá una entrepresa de fustatge e menusariá a Masamet (Tarn). Cabdet de tres dròlles e una dròlla, estúdia a l’Escòla Practica de sa vila natala per far menusièr e farà tanben aprendís-fornier ençò de parents a La Vaur. Çaquelà, sa vida professionala se debanarà dins l’administracion de las Pòstas ont dintra per telegrafista a gaireben quatòrze ans e ont demòra 46 ans e i acaba sa carrièra cap d’establiment (o recebeire dels PTT) a Vilafranca de Lauragués (Garona-Nauta) en 1980. Evòca sa vida dins sas òbras e sovenirs, situa sos debuts e son caminament dins lo contèxte de l’epòca.
Foguèt pas mobilizat en 1940, mas foguèt mandat als « Chantiers de Jeunesse » al Vigan, puèi requesit pel Servici del Trabalh Obligatòri (STO). Partís dins un tren de postièrs per Innsbrück (Austria) ont es afectat au prètzfach de comís e portaire del burèu local. Es al contacte ambe la populacion de lenga alemanda e coneis los primièrs bombardaments americans. Capita a tornar aprèp qualques meses e viu dains la semi-clandestinitat dins sa region. Jonh lo maquís del grop Vény dins lo sud de Tarn e participa a la Liberacion dins lo sector de La Montanha Negra.
En 1946, marida Clara, joventa d’origina italiana que li balharà una dròlla.
Tre setze ans, pendent lo Front Popular, s’interèssa a la vida politica e al sindicalisme. Es sòci de las Joventuts Socialistas, puèi de la SFIO, de la CGT reünificada, puèi de la CGT-FO a sa creacion. S’aluènha d’aquel militantisme quand comença sa carrièra de recebeire en 1956 e aderís a l’Amicala dels caps d’establiments e n’èra encara sòci quans se moriguèt. Sortit d’una familha practicanta, aurà de ligams estreches ambe la religion catolica.
Per s’enançar dins sa carrièra e per gost pels contactes umans, ven recebeire e se muda ambe sa familha, pòst aprèp pòst dins tota la França pendent un quart de sègle. Aperabans, prepara mantun concorses administratius e i descobrís las matèrias de l’ensenhament segondari e mai que mai la literatura. Prèsa tanben las lecturas que li permeton las nuèches de trabalh a la Pòsta de Masamet. Apren l’italian per comunicar ambe sos bèlsparents e aquela coneissença, ligada a la de l’occitan e a l’interès que pòrta a las lengas romanas, li permet d’entre-senhar de migrants del bacin mediterranèu quand es en foncion dins de regions industrialas.
Jovenòt, aviá remarcat las variantas que sa familha pròcha practicava, de La Vaur a Montpelhièr. Entre l’enfança e los lésers de la retirada, la curiositat per las lengas lo quitèt pas. L’occitan foguèt una aventura a l’encòp precòça e tardiva. Ençò d’aqueles mestierals ciutadans, èra la lenga del talhièr de menusariá pairal e la lenga dels escambis ambe los pairegrands, qu’una grand sabiá de provèrbis e de contes locals. L’aprigondís tanben a la bòria d’un grand oncle al Ribec (comuna del Pont-de-l’Arn), ont passa l’estiu ambe d’autres dròlles de la familha embauchats tre dètz ans per ajudar a las recòltas.
« De tot l’estiu, ausissiam pas gaire parlar lo francés, las discutidas se debanavan en occitan. Per las batesons, lo ser, se cantava e solament de cants vièlhs occitans. Pòdes pas saupre lo recòrd qu’ai dins lo cap d’aquel temps benesit. L’occitan que se parlava èra linde e quand pus tard, me mainèri de l’ensenhar als autres al Cercle Occitan de Montpelhièr, l’ai plan sovent pres coma referéncia », escriviá en 2013 a una descendenta d’aqueles borièrs tarneses.
Negligís pas la premsa escricha e sos racontes comics legits en familha. La Campana de Magalona èra portada al Pojòl per un oncle que trabalhava a Montpelhièr : « Pour nous, c’était nouveau, on pouvait lire notre langue, celle qu’on entendait parler tous les jours. » Pas de rescontre ambe lo Felibritge, un autre monde...
Al mitan de las annadas 1980, la retirada lo mena a Montpelhièr ont intègra lo Cercle Occitan de la vila. e ont Joan Larzac assegura los corses al centre Sant-Guilhèm. I apren la grafia normalizada, enriquís son vocabulari e s’interèssa a l’estudi dels tèxtes ancians. Aviá elaborat de grasilhas de mots en crotz al STO puèi aviá escrich de sovenirs familials en francés. Transpausa aquelas practicas a la lenga occitana, e legís al Cercle sos primièrs vèrses, ambe l’assegurança d’un locutor natiu.
« A la debuta, farguèri qualques poèmas per far véser als companhs las diferéncias entre las formas francesas e occitanas e mai que mai pausar l’accent tonic, pas facil per un Parisenc o Irlandesa o Japonesa. Per començar, ai fait amb los dits de ma grand-maire e puèi ai parlat de la familha, de ieu, mas, plan sovent, una frasa canta dins mon cap que sembla un vèrs, la meti negre sus blanc e, aquí dessús, bròdi, sens saupre tròp ont vau, daissi far mon inconscient o mon subconscient », çò ditz en 2013.
Assegura un temps a son torn la responsabilitat dels corses e co-anima un Cercle Occitan passadís a Sant-Gèli. La revista del Cercle Occitan de Montpelhièr, Lo Bram dau Clapàs, aculhís al fil de las annadas sas grasilhas, sos tèxtes e poèmas e ne vèn cap-redactor. S’engatja un pauc mai dins las annadas 2000-2010. A 80 ans, vivent sol e essent mens valide, es disponible per d’activitats intellectualas ont se carra dins una granda libertat d’accion. Correspond atal ambe lo jornalista Jaume Bruyère de Midi Libre, a prepaus de sa rubrica « Nature et Patrimoine ».
L’annada de sos 90 ans, lo Cercle pren l’iniciativa ambe Alan Bessière d’editar e de faire conéisser una causida de sos escriches en òc, tradusits per l’autor, A Tròces e a Bocins, poèmas e novèlas, editat per l’IEO-Lengadòc. Es tanben lo temps ont difusa una seleccion setmanièra d’entre-senhas occitanas sus la tela, Lo Bramaironet. Practicava la poesia de circonstància en francés e ne gratificava sa familha e sos amics d’un club de retirats dins la vila de Sant-Gèli-del-Fesc (Erau) ont defuntèt d’un infart en 2015. Vengut òrb pendent las quatre darrièras annadas de sa vida, èra demorat lucide e sociable dins son darrièr quadre de vida, l’ostal de retirada, Bèla-Vista.I es entrevistat en mai de 2013 per Aimat Brees per l’emission Camina que caminaràs de Ràdio Lenga d’Òc. Participa a un ultime concors de poesia sul tèma de la solidaritat. Ten sa plaça dins los escambis entre generacions ambe los dròlles d’una escòla e del collègi local, e los del Collègi Leon Còrdas de Grabels, sus sos tèmas de predileccion : l’occitan e la Resisténcia.
Fabre, Roger, A Trocès e a Bocins, Poèmas e Racontes en Occitan, Revirats en Francés, Béziers, IEO Languedoc-Roussillon, 2010, 285 p.
Bram dau Clapàs. http://cercle-occitan.perso.sfr.fr/tableaux/octabram.html, dont mots croisés.
Ràdio Lenga d’Oc, Camina que caminaràs, par Aimat Brees, 23 juin 2013, « Omenatge a Roger Fabre », rediffusion février 2015 (Avec Alain Bessière, Jean Larzac et le Cercle occitan de Montpellier).
Ràdio Occitània, Good morning occitània, par Marius Blenet, 27 février 2015, « Un omenatge a un escrivan et militant que ven de morir, Roger Fabre » (Avec Jean-Claude Forêt et Marie-Jeanne Verny, Université Paul-Valéry, Montpellier) http://www.fimoc.com/?p=510.
Fabre, Roger, Lo Bramaironet, feuille électronique d’informations occitanes (arrêt septembre 2011).
Fabre, Roger, « Témoignage : mes six mois de chantiers de jeunesse au Vigan et Avèze (mars-octobre 1941) », Lien des Chercheurs Cévenols, n° 175, octobre 2013, p. 4-7.
Archives départementales de l’Hérault, Collecte de témoignages sur la mémoire dans l’Hérault de la Résistance et de la Déportation, 2027 W 5 à 2027 W 8, Témoignage de Roger Fabre, enregistrements réalisés au domicile du témoin à Saint-Gély-du-Fesc les 24 et 29 mai 2007.
« Roger Fabre, un patrimoine au fil de la plume. Focus », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 54, juillet-août 2010, p. 7.
« Les écoliers à la rencontre des résidants de Belle-Viste », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 81, mai 2013, p. 6.
« Résidence Belle-Viste. Dossier du mois », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 97, février 2015, p. 5.
Archives privées.
Fabre, Rogièr, A Tròces e a Bocins, Poèmas e Racontes en Occitan, Revirats en francés, Besièrs, IEO Lengadòc 2010, 285 p.
Lo Bram dau Clapàs. http://cercle-occitan.perso.sfr.fr/tableaux/octabram.html, ambe mots crosats.
Ràdio Lenga d’Òc, Camina que caminaràs, per Aimat Brees, 23 juin 2013, « Omenatge a Rogièr Fabre », redifusion febrièr de 2015 (Ambe Alan Bessière, Joan Larzac e lo Cercle occitan de Montpelhièr).
Ràdio Occitània, Good morning Occitània, per Marius Blenet, 27 de febrièr de 2015, « Un omenatge a un escrivan e militant que ven de morir, Rogièr Fabre » (Ambe Joan-Claudi Forest e Maria-Joana Verny, Universitat Paul-Valéry, Montpelhièr).
Fabre, Rogièr, Lo Bramaironet, fuèlha electronica d’entre-senhas occitanas (arrestat en setembre de 2011).
Fabre, Roger, « Témoignage : mes six mois de chantiers de jeunesse au Vigan et Avèze (mars-octobre 1941) », Lien des Chercheurs Cévenols, n° 175, octobre 2013, p. 4-7.
Archives départementales de l’Hérault, Collecte de témoignages sur la mémoire dans l’Hérault de la Résistance et de la Déportation, 2027 W 5 à 2027 W 8, Témoignage de Roger Fabre, enregistrements réalisés au domicile du témoin à Saint-Gély-du-Fesc les 24 et 29 mai 2007.
« Roger Fabre, un patrimoine au fil de la plume. Focus », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 54, juillet-août 2010, p. 7.
« Les écoliers à la rencontre des résidents de Belle-Viste », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 81, mai 2013, p. 6.
« Résidence Belle-Viste. Dossier du mois », Dialog’, Journal d’information municipale, Saint-Gély-du-Fesc, n° 97, février 2015, p. 5.
Archius privats.
Castan, Félix-Marcel (1920-2001)
- Castan, Félix (nom à l'état civil)
Félix CASTAN
A lʼétat civil, il se prénomme Félix (en souvenir de son arrière-grand-père paternel), Paul (en souvenir de son grand-père maternel), Marcel (en souvenir de la meilleure amie de sa mère).
A partir de 1978 (année du décès de son épouse Marcelle Dulaut), il signera Félix-Marcel Castan. Dans les chroniques nécrologiques, on trouve aussi la graphie « Castanh ».
Félix CASTAN naît le 1er Juillet 1920 à Labastide-Murat (46). Son père est ingénieur aux Ponts et Chaussées, sa mère professeur de français. Lʼoccitan est la langue maternelle de son père (il apprend le français à lʼécole). Sa mère le comprend mais refuse de le parler.
Son enfance se passe à Moissac (82). Mais la crue du Tarn en 1930 va détruire la maison familiale. Un an après, la famille sʼinstalle à Montauban, 30, rue de la Banque. Lʼadaptation à cette nouvelle vie est difficile pour la mère, Hélène. Elle sombre dans une profonde dépression. Félix a alors 12 ans. Il se rend compte que la seule chose qui rende le sourire à sa mère est de parler de littérature.
Car sa mère écrit et lui apprend la versification. En 1935, nous trouvons son premier cahier de 17 poèmes en vers classiques (en langue française). Ce qui frappe le plus, cʼest la maîtrise du lyrisme : peu dʼétats dʼâme, par contre un sens déjà aiguisé de la critique...
À cette époque il découvre un auteur pour lequel il gardera jusquʼà la fin de sa vie un sentiment de fraternité profonde : Germain Nouveau.
Il passe un baccalauréat « Math.élèm » pour faire plaisir à son père puis le bac « Philo ». Sa mère lʼenvoie donc à Paris en Khâgne à Louis Le Grand. À cette époque, il rêve de partir aux Etats Unis.
En mai 1939, il tombe malade et se retrouve à Labastide-Murat chez sa grand-mère. Il ne sera rétabli quʼà la fin de lʼannée 1940 : de là date sa passion pour la langue et la littérature occitanes.
Il trouve une embauche à Léribosc. Mais il lui faut partir aux Chantiers de Jeunesse, service obligatoire. Il s’en va en octobre 1941 à Castillon en Couserans, avec une adresse en poche (M. André Barrès, à Orignac près de Bagnères de Bigorre, membre du PCF, qui professe un marxisme chrétien). Cʼest auprès de cet homme qu’il découvre le marxisme et le communisme.
Libéré en 1942, il revient à Léribosc où on lui a gardé sa place dʼouvrier agricole. Il a toutes ses soirées pour lire, écrire, entretenir ses correspondances : le groupe de Montauban (les poètes Malrieu et Albouy), les peintres Marcelle Dulaut et Lapoujade, la philosophe Odette Penot. Avec eux, il découvrira le jazz chez Panassié. Dʼautre part, il est en correspondance régulière avec les occitanistes : Ismaël Girard, René Nelli, Max Rouquette, Robert Lafont. En décembre 1944, nous le retrouvons engagé volontaire, encaserné à Montauban dans le 1er bataillon de marche dit bataillon Cottaz - 2ème Compagnie. Il adhère au Parti Communiste.
En avril 1945, il participe aux combats de la Pointe de Grave puis le bataillon remonte vers Strasbourg. En décembre 1945, Félix Castan contracte une deuxième longue maladie et passe quelques mois entre la vie et la mort. En 1946, il est guéri. Il rentre à Montauban où il est censé préparer le concours de lʼEcole Normale d’instituteurs.
Un grand projet lʼanime en 1946-47 : rassembler tous les poètes français et occitans dʼOccitanie en une publication en hommage à Joë Bousquet. Malgré le soutien de Bousquet et de Marcenac, ce projet ne verra jamais le jour... Cʼest sûrement la première désillusion. Mais le travail a été fait et on peut penser que le fameux numéro spécial dʼOc de 1948 dont il est le rédacteur en chef en est le prolongement. Pour la partie française nʼapparaissent que quatre textes publiés sous le titre Montauban-Epopée (Éd. Mòstra, 1979). Il y donne un texte daté de 1944 quʼil considérait comme son dernier texte en langue française. Il contient toute son adhésion à la langue occitane.
Dans les années 50, lʼaction militante au Parti Communiste lʼoccupe particulièrement au travers dʼune amitié indéfectible avec le journaliste Maurice Oustrières.
Cʼest à cette époque que débute la relation amoureuse avec Marcelle Dulaut. Elle est peintre. Cʼest elle qui illustre son recueil qui paraît dans la collection Messatges en 1951. Ils se marient en décembre 1953.
Quelques mois auparavant, ils organisent au Musée Ingres de Montauban une exposition rétrospective de lʼœuvre de Lucien Andrieu. Félix Castan y donne une conférence importante, publiée en 1954 dans lʼalbum qui suit lʼexposition. Sur la lancée, le Groupe « Art Nouveau » se constitue : organisateur du Salon du Sud-Ouest (lʼancêtre de la Mòstra del Larzac). De 1954 à 1963, il organise avec Marcelle Dulaut qui en est la directrice artistique le Salon du Sud-Ouest qui deviendra la Mostra del Larzac de 1969 à 1997.
La première structure est née : dans le domaine des arts plastiques. Lʼidée du Festival de Montauban, qu’il animera plusieurs années durant, est déjà en germe. Sa sœur, Jeanne, inscrite au Cours Dulin après la guerre, est devenue comédienne. Une lettre de janvier 54 témoigne de lʼintérêt quʼils portent à Antoine Dubernard, auteur de théâtre occitan (limousin) sur lequel elle travaille... Jeanne sʼorientera finalement vers le théâtre du Siglo de Oro espagnol pour créer le Festival dʼArt Dramatique de Montauban en 1957. En parallèle, Félix Castan prévoit une Biennale Occitane de Poésie.
En 1958, apparaît la quatrième structure créée par Castan : le Forum de la Décentralisation. Félix Castan, organisateur et théoricien de lʼaction culturelle, acteur farouchement autonome, se réinstalle à Montauban où il devient professeur de français au Collège de la Fobio, alors que Marcelle Dulaut est professeur de dessin au Lycée Michelet. Le poète reste seul avec son travail. Il se sait mal compris par ses amis intellectuels de jeunesse. Ascèse définitive : silencieusement, il poursuit son œuvre. Nous savons quʼen 1959, il a déjà entamé la série des Prophéties (sus la Patz), qui seront publiées dans le recueil Jorn en 1972.
1962 voit naître un projet qui le passionnera : une agence de publicité qui pourrait financer une maison dʼédition occitane ! Tout est prévu, les financements sont prêts... au dernier moment, lʼassocié inquiet de ce choix dʼédition le lâche... lʼOccitanie crée décidément bien des problèmes!..
En 1964, Art Nouveau perd son lieu dʼexposition. Il se réfugie au Château de Nérac. Commence alors la recherche dʼun lieu (qui sera la Mòstra del Larzac) et dʼun financement autonome : un collectage de vanneries traditionnelles à partir du travail de lʼethnologue Maurice Robert, qui le passionne et le met en contact avec de nombreux locuteurs naturels.
En 1965 éclate une violente crise interne du comité du Festival de Montauban, qui se poursuit au tribunal (des contrats avaient été signés conjointement auprès de plusieurs compagnies par des membres différents et tous ne pouvaient être honorés). Jeanne, Félix, Marcelle et quelques autres membres sont exclus de lʼassociation. Jeanne perd sa santé, Félix sʼarc-boute jusquʼau jugement, où lui, sa sœur et son épouse sont réhabilités, réhabilitation qui laisse pourtant le Festival exsangue.
Il crée la même année le Centre International de Recherches et de Synthèse du Baroque et, dans ce cadre, il dirige la revue Baroque (Association des Publications de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines - Toulouse 1965). Plus tard, le C.N.R.S., le Centre National des Lettres et les Editions Cocagne deviennent partie prenante. La revue deviendra Lucter en 1971.
Sa mère décède au printemps 1966 dʼune longe maladie. Il lui dédie l’« Oda a ma maire » publiée dans Jorn.
Dans les années 1960, il crée la revue Cocagne (revue dʼactualité culturelle).
En 1968 : il prend une retraite anticipée et commence à réhabiliter (il y faudra plus de 5 ans) l’ancien relais de poste qui deviendra la Mostra del Larzac.
1969 marque la première exposition de la Mostra del Larzac au milieu des travaux inachevés. Notons que les statuts de la Mostra comportent une section "édition". Pierre Viaud est responsable de la mise en page, Félix Castan du choix dʼédition. Tous les deux porteront au jour la publication complète et définitive de lʼœuvre de Roger Milliot (salué par Seghers dans son Anthologie des Poètes Maudits, grâce à la parution in extremis du livre). Milliot était un ami très proche, familier de la maison, associé de Marcelle Dulaut dans un atelier de modelage et de dessin pour enfants. Il accroche les expos dʼArt Nouveau. Il se suicide en 1968, laissant une œuvre poétique brève et dense.
L’édition de cette œuvre est la première réussite éditoriale de Félix Castan. Dʼautres viendront : Rien de Bernard Derrieu, Lo plag de Max Allier…
De 1969 à 1973, le Festival de Montauban survit contre toute attente. Les subsides ont très sensiblement diminué : le Ministère nʼappuie plus une action qui a été perturbée par les conflits internes. Les rêves de production de cette époque ne seront jamais réalisés : entre autre La Tragédie du Roi Christophe dʼAimé Césaire...
En 1971, la revue Cocagne devient Lucter.
Après le décès brutal de Marcelle Dulaut au printemps 1978, la Mostra perdure sous sa première forme (rassembler et confronter toutes les tendances) jusquʼen 1983. Par la suite, elle sʼapplique à montrer et étudier une tendance ou un groupe particulier. En 1983 les éditions Mostra sont ainsi transmises aux Éditions Cocagne aujourdʼhui responsables de lʼédition de son œuvre. A la fin des années 1980, Félix Castan entame son travail sur lʼœuvre dʼOlympe de Gouges dont beaucoup reste à publier.
Il achève sa vie auprès de sa compagne Betty Daël, directrice des Editions Cocagne. Ils se marient en 1998.
Les dix dernières années de sa vie, il réfléchit à une histoire de la lyrique occidentale depuis les origines. Il relit par exemple Grégoire de Narek, les grands poètes de langue arabe...
Il décède le 22 Janvier 2001.
Terminons avec une citation extraite dʼHétérodoxies : « La loi véritable de la vie culturelle nʼest pas une loi unitariste. Lʼ universalité porte, inscrite dans ses gènes, la multiculturalité : on pense trop souvent, naïvement, la culture en termes statiques, espaces vides, masses immobiles... Son patrimoine génétique assure lʼinfini renouvellement, la dialectique créatrice des cultures. Il nʼy a de culture que dans une permanente genèse de la diversité par la diversité. »
Félix Castan découvre la littérature occitane en 1939 durant sa maladie à Labastide-Murat à travers les œuvres de Cubaynes et Perbosc, grâce à des livres que lui porte l’instituteur du village. Il prend contact avec Cubaynes en février 1940 (la réponse de Cubaynes est datée de février 1940).
Début 1941, il rentre à Montauban où il apprend à ses parents, sidérés, quʼil veut devenir ouvrier agricole pour apprendre la langue dʼOc. Il rencontre Ismaël Girard en 1942, Nelli en 1943, ainsi que Lafont, Max Rouquette...
En 1945, juste avant le combat de la Pointe de Grave, il envoie 200 F. à Girard pour la constitution de lʼI E O.
Ses débuts dʼécriture poétique en langue dʼoc datent des années 1940. Il envoie ses textes à Perbosc qui lui répond en janvier 43.
Il est rédacteur en chef de la revue Òc de 1948 à 1954.
Il participe à la réflexion et à la mise en place de l’IEO : méthodes de travail, pédagogie, critique littéraire…
En 1954, à l’Assemblée générale de Montpellier, Castan critique la pensée économiste
En 1954, il abandonne la rédaction dʼÒc.
En 1957, il signe avec Manciet la déclaration de Nérac.
En 1963, il présente une motion dʼunité à lʼAssemblée Générale de lʼIEO. Cette motion adoptée à l’unanimité par l’Assemblée Génerale fait partie du Manifèst Eretge, qui sera imprimé le 4 Août 1966, mais jamais diffusé.
Le 6 septembre 1964, à l’Assemblée générale de l’IEO à Decazeville, Girard, Castan et Manciet sont exclus de l’IEO. Le montage de textes intitulé Manifèst Erètge tend à faire comprendre la position des trois exclus de l’IEO. Cette exclusion est très douloureuse pour Félix Castan qui n’en continue pas moins l’action culturelle entreprise depuis les années 1950.
De 1954 à 1963, il organise avec Marcelle Dulaut qui en est la directrice artistique le Salon du Sud-Ouest qui deviendra la Mostra del Larzac de 1969 à 1997, implantée aux Infruts (La Couvertoirade 12230 La Cavalerie), lieu d’expositions dʼarts plastiques et de vannerie traditionnelle, représentatives de lʼart dʼavant-garde et de la tradition occitane. Dans la belle maison caussenarde, ex relais de poste, il fait visiter les expositions et aime échanger avec les visiteurs de passage. De nombreuses années, le 15 août, il y organise des débats culturels qui rassemblent créateurs (peintres et écrivains) et acteurs de l’occitanisme. Un de ces débats est par exemple retranscrit dans le n° 33/34 de la revue Mòstra.
En 1957, dans le cadre du Festival de Montauban qui deviendra en 1974, le Festival dʼOccitanie, il crée les Biennales de Poésie Occitane (1957, 1959, 1961) « où se confronteront des poètes de langue française et des poètes de langue dʼoc ». Lʼidée de cette Biennale découle directement de la fameuse Déclaration de Nérac.
En 1959, Félix appelle les écrivains dʼOc à signer cette Déclaration en prévision de la deuxième Biennale de 1960 où se rencontreront français, occitans et espagnols. La 3ème et dernière Biennale aura lieu en 1962 (rencontre poésie / cinéma expérimental).
En 1972, il édite son recueil Jorn : six longs textes dont deux odes, deux satires et deux prophéties datés de 1959 à 1966. Les prophéties font référence au prophète de la Bible Amos, issu du peuple et surtout critique de lʼinstitution religieuse et politique...
Ces textes donnent matière au film de Michel Gayraud Mas paraulas dison quicòm.
Si le recueil ne contient que six textes, nous pouvons affirmer que la production fut beaucoup plus importante : il existe par exemple une « Ode à la Ville », une « Ode à Garonne »...
Bien sûr les Editions Mostra nʼauront jamais la capacité financière de diffusion.
1973 voit la rencontre de Castan et André Benedetto. La chanson occitane apparaît au festival, qui se réoriente, se nomme Festival dʼOccitanie, devient pluridisciplinaire.
En 1983, il fonde le Forum dʼOccitanie qui chapeaute toutes ces structures, plus le Forum des Identités Communales, Caméra Libératrice et les Editions Cocagne.
À la fin de sa vie, il met en place son épopée Epos-Ethos où la légende familiale qui a bercé son enfance lui sert de point dʼappui : ses deux parents s’étaient trouvés orphelins très jeunes.
Tout au long de son existence, Félix Castan a construit en parallèle une œuvre poétique en langue dʼoc, une œuvre d'essayiste sur la décentralisation culturelle, une œuvre dʼhistorien de la culture occitane.
Poète de langue dʼÒc, historien de la littérature et de la civilisation occitane, penseur et acteur de la décentralisation culturelle en France.
Castan, Félix-Marcel (1920-2001)
- Castan, Félix (nom à l'état civil)
Félix CASTAN
A lʼétat civil, il se prénomme Félix (en souvenir de son arrière-grand-père paternel), Paul (en souvenir de son grand-père maternel), Marcel (en souvenir de la meilleure amie de sa mère).
A partir de 1978 (année du décès de son épouse Marcelle Dulaut), il signera Félix-Marcel Castan. Dans les chroniques nécrologiques, on trouve aussi la graphie « Castanh ».
Félix CASTAN naît le 1er Juillet 1920 à Labastide-Murat (46). Son père est ingénieur aux Ponts et Chaussées, sa mère professeur de français. Lʼoccitan est la langue maternelle de son père (il apprend le français à lʼécole). Sa mère le comprend mais refuse de le parler.
Son enfance se passe à Moissac (82). Mais la crue du Tarn en 1930 va détruire la maison familiale. Un an après, la famille sʼinstalle à Montauban, 30, rue de la Banque. Lʼadaptation à cette nouvelle vie est difficile pour la mère, Hélène. Elle sombre dans une profonde dépression. Félix a alors 12 ans. Il se rend compte que la seule chose qui rende le sourire à sa mère est de parler de littérature.
Car sa mère écrit et lui apprend la versification. En 1935, nous trouvons son premier cahier de 17 poèmes en vers classiques (en langue française). Ce qui frappe le plus, cʼest la maîtrise du lyrisme : peu dʼétats dʼâme, par contre un sens déjà aiguisé de la critique...
À cette époque il découvre un auteur pour lequel il gardera jusquʼà la fin de sa vie un sentiment de fraternité profonde : Germain Nouveau.
Il passe un baccalauréat « Math.élèm » pour faire plaisir à son père puis le bac « Philo ». Sa mère lʼenvoie donc à Paris en Khâgne à Louis Le Grand. À cette époque, il rêve de partir aux Etats Unis.
En mai 1939, il tombe malade et se retrouve à Labastide-Murat chez sa grand-mère. Il ne sera rétabli quʼà la fin de lʼannée 1940 : de là date sa passion pour la langue et la littérature occitanes.
Il trouve une embauche à Léribosc. Mais il lui faut partir aux Chantiers de Jeunesse, service obligatoire. Il s’en va en octobre 1941 à Castillon en Couserans, avec une adresse en poche (M. André Barrès, à Orignac près de Bagnères de Bigorre, membre du PCF, qui professe un marxisme chrétien). Cʼest auprès de cet homme qu’il découvre le marxisme et le communisme.
Libéré en 1942, il revient à Léribosc où on lui a gardé sa place dʼouvrier agricole. Il a toutes ses soirées pour lire, écrire, entretenir ses correspondances : le groupe de Montauban (les poètes Malrieu et Albouy), les peintres Marcelle Dulaut et Lapoujade, la philosophe Odette Penot. Avec eux, il découvrira le jazz chez Panassié. Dʼautre part, il est en correspondance régulière avec les occitanistes : Ismaël Girard, René Nelli, Max Rouquette, Robert Lafont. En décembre 1944, nous le retrouvons engagé volontaire, encaserné à Montauban dans le 1er bataillon de marche dit bataillon Cottaz - 2ème Compagnie. Il adhère au Parti Communiste.
En avril 1945, il participe aux combats de la Pointe de Grave puis le bataillon remonte vers Strasbourg. En décembre 1945, Félix Castan contracte une deuxième longue maladie et passe quelques mois entre la vie et la mort. En 1946, il est guéri. Il rentre à Montauban où il est censé préparer le concours de lʼEcole Normale d’instituteurs.
Un grand projet lʼanime en 1946-47 : rassembler tous les poètes français et occitans dʼOccitanie en une publication en hommage à Joë Bousquet. Malgré le soutien de Bousquet et de Marcenac, ce projet ne verra jamais le jour... Cʼest sûrement la première désillusion. Mais le travail a été fait et on peut penser que le fameux numéro spécial dʼOc de 1948 dont il est le rédacteur en chef en est le prolongement. Pour la partie française nʼapparaissent que quatre textes publiés sous le titre Montauban-Epopée (Éd. Mòstra, 1979). Il y donne un texte daté de 1944 quʼil considérait comme son dernier texte en langue française. Il contient toute son adhésion à la langue occitane.
Dans les années 50, lʼaction militante au Parti Communiste lʼoccupe particulièrement au travers dʼune amitié indéfectible avec le journaliste Maurice Oustrières.
Cʼest à cette époque que débute la relation amoureuse avec Marcelle Dulaut. Elle est peintre. Cʼest elle qui illustre son recueil qui paraît dans la collection Messatges en 1951. Ils se marient en décembre 1953.
Quelques mois auparavant, ils organisent au Musée Ingres de Montauban une exposition rétrospective de lʼœuvre de Lucien Andrieu. Félix Castan y donne une conférence importante, publiée en 1954 dans lʼalbum qui suit lʼexposition. Sur la lancée, le Groupe « Art Nouveau » se constitue : organisateur du Salon du Sud-Ouest (lʼancêtre de la Mòstra del Larzac). De 1954 à 1963, il organise avec Marcelle Dulaut qui en est la directrice artistique le Salon du Sud-Ouest qui deviendra la Mostra del Larzac de 1969 à 1997.
La première structure est née : dans le domaine des arts plastiques. Lʼidée du Festival de Montauban, qu’il animera plusieurs années durant, est déjà en germe. Sa sœur, Jeanne, inscrite au Cours Dulin après la guerre, est devenue comédienne. Une lettre de janvier 54 témoigne de lʼintérêt quʼils portent à Antoine Dubernard, auteur de théâtre occitan (limousin) sur lequel elle travaille... Jeanne sʼorientera finalement vers le théâtre du Siglo de Oro espagnol pour créer le Festival dʼArt Dramatique de Montauban en 1957. En parallèle, Félix Castan prévoit une Biennale Occitane de Poésie.
En 1958, apparaît la quatrième structure créée par Castan : le Forum de la Décentralisation. Félix Castan, organisateur et théoricien de lʼaction culturelle, acteur farouchement autonome, se réinstalle à Montauban où il devient professeur de français au Collège de la Fobio, alors que Marcelle Dulaut est professeur de dessin au Lycée Michelet. Le poète reste seul avec son travail. Il se sait mal compris par ses amis intellectuels de jeunesse. Ascèse définitive : silencieusement, il poursuit son œuvre. Nous savons quʼen 1959, il a déjà entamé la série des Prophéties (sus la Patz), qui seront publiées dans le recueil Jorn en 1972.
1962 voit naître un projet qui le passionnera : une agence de publicité qui pourrait financer une maison dʼédition occitane ! Tout est prévu, les financements sont prêts... au dernier moment, lʼassocié inquiet de ce choix dʼédition le lâche... lʼOccitanie crée décidément bien des problèmes!..
En 1964, Art Nouveau perd son lieu dʼexposition. Il se réfugie au Château de Nérac. Commence alors la recherche dʼun lieu (qui sera la Mòstra del Larzac) et dʼun financement autonome : un collectage de vanneries traditionnelles à partir du travail de lʼethnologue Maurice Robert, qui le passionne et le met en contact avec de nombreux locuteurs naturels.
En 1965 éclate une violente crise interne du comité du Festival de Montauban, qui se poursuit au tribunal (des contrats avaient été signés conjointement auprès de plusieurs compagnies par des membres différents et tous ne pouvaient être honorés). Jeanne, Félix, Marcelle et quelques autres membres sont exclus de lʼassociation. Jeanne perd sa santé, Félix sʼarc-boute jusquʼau jugement, où lui, sa sœur et son épouse sont réhabilités, réhabilitation qui laisse pourtant le Festival exsangue.
Il crée la même année le Centre International de Recherches et de Synthèse du Baroque et, dans ce cadre, il dirige la revue Baroque (Association des Publications de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines - Toulouse 1965). Plus tard, le C.N.R.S., le Centre National des Lettres et les Editions Cocagne deviennent partie prenante. La revue deviendra Lucter en 1971.
Sa mère décède au printemps 1966 dʼune longe maladie. Il lui dédie l’« Oda a ma maire » publiée dans Jorn.
Dans les années 1960, il crée la revue Cocagne (revue dʼactualité culturelle).
En 1968 : il prend une retraite anticipée et commence à réhabiliter (il y faudra plus de 5 ans) l’ancien relais de poste qui deviendra la Mostra del Larzac.
1969 marque la première exposition de la Mostra del Larzac au milieu des travaux inachevés. Notons que les statuts de la Mostra comportent une section "édition". Pierre Viaud est responsable de la mise en page, Félix Castan du choix dʼédition. Tous les deux porteront au jour la publication complète et définitive de lʼœuvre de Roger Milliot (salué par Seghers dans son Anthologie des Poètes Maudits, grâce à la parution in extremis du livre). Milliot était un ami très proche, familier de la maison, associé de Marcelle Dulaut dans un atelier de modelage et de dessin pour enfants. Il accroche les expos dʼArt Nouveau. Il se suicide en 1968, laissant une œuvre poétique brève et dense.
L’édition de cette œuvre est la première réussite éditoriale de Félix Castan. Dʼautres viendront : Rien de Bernard Derrieu, Lo plag de Max Allier…
De 1969 à 1973, le Festival de Montauban survit contre toute attente. Les subsides ont très sensiblement diminué : le Ministère nʼappuie plus une action qui a été perturbée par les conflits internes. Les rêves de production de cette époque ne seront jamais réalisés : entre autre La Tragédie du Roi Christophe dʼAimé Césaire...
En 1971, la revue Cocagne devient Lucter.
Après le décès brutal de Marcelle Dulaut au printemps 1978, la Mostra perdure sous sa première forme (rassembler et confronter toutes les tendances) jusquʼen 1983. Par la suite, elle sʼapplique à montrer et étudier une tendance ou un groupe particulier. En 1983 les éditions Mostra sont ainsi transmises aux Éditions Cocagne aujourdʼhui responsables de lʼédition de son œuvre. A la fin des années 1980, Félix Castan entame son travail sur lʼœuvre dʼOlympe de Gouges dont beaucoup reste à publier.
Il achève sa vie auprès de sa compagne Betty Daël, directrice des Editions Cocagne. Ils se marient en 1998.
Les dix dernières années de sa vie, il réfléchit à une histoire de la lyrique occidentale depuis les origines. Il relit par exemple Grégoire de Narek, les grands poètes de langue arabe...
Il décède le 22 Janvier 2001.
Terminons avec une citation extraite dʼHétérodoxies : « La loi véritable de la vie culturelle nʼest pas une loi unitariste. Lʼ universalité porte, inscrite dans ses gènes, la multiculturalité : on pense trop souvent, naïvement, la culture en termes statiques, espaces vides, masses immobiles... Son patrimoine génétique assure lʼinfini renouvellement, la dialectique créatrice des cultures. Il nʼy a de culture que dans une permanente genèse de la diversité par la diversité. »
Félix Castan découvre la littérature occitane en 1939 durant sa maladie à Labastide-Murat à travers les œuvres de Cubaynes et Perbosc, grâce à des livres que lui porte l’instituteur du village. Il prend contact avec Cubaynes en février 1940 (la réponse de Cubaynes est datée de février 1940).
Début 1941, il rentre à Montauban où il apprend à ses parents, sidérés, quʼil veut devenir ouvrier agricole pour apprendre la langue dʼOc. Il rencontre Ismaël Girard en 1942, Nelli en 1943, ainsi que Lafont, Max Rouquette...
En 1945, juste avant le combat de la Pointe de Grave, il envoie 200 F. à Girard pour la constitution de lʼI E O.
Ses débuts dʼécriture poétique en langue dʼoc datent des années 1940. Il envoie ses textes à Perbosc qui lui répond en janvier 43.
Il est rédacteur en chef de la revue Òc de 1948 à 1954.
Il participe à la réflexion et à la mise en place de l’IEO : méthodes de travail, pédagogie, critique littéraire…
En 1954, à l’Assemblée générale de Montpellier, Castan critique la pensée économiste
En 1954, il abandonne la rédaction dʼÒc.
En 1957, il signe avec Manciet la déclaration de Nérac.
En 1963, il présente une motion dʼunité à lʼAssemblée Générale de lʼIEO. Cette motion adoptée à l’unanimité par l’Assemblée Génerale fait partie du Manifèst Eretge, qui sera imprimé le 4 Août 1966, mais jamais diffusé.
Le 6 septembre 1964, à l’Assemblée générale de l’IEO à Decazeville, Girard, Castan et Manciet sont exclus de l’IEO. Le montage de textes intitulé Manifèst Erètge tend à faire comprendre la position des trois exclus de l’IEO. Cette exclusion est très douloureuse pour Félix Castan qui n’en continue pas moins l’action culturelle entreprise depuis les années 1950.
De 1954 à 1963, il organise avec Marcelle Dulaut qui en est la directrice artistique le Salon du Sud-Ouest qui deviendra la Mostra del Larzac de 1969 à 1997, implantée aux Infruts (La Couvertoirade 12230 La Cavalerie), lieu d’expositions dʼarts plastiques et de vannerie traditionnelle, représentatives de lʼart dʼavant-garde et de la tradition occitane. Dans la belle maison caussenarde, ex relais de poste, il fait visiter les expositions et aime échanger avec les visiteurs de passage. De nombreuses années, le 15 août, il y organise des débats culturels qui rassemblent créateurs (peintres et écrivains) et acteurs de l’occitanisme. Un de ces débats est par exemple retranscrit dans le n° 33/34 de la revue Mòstra.
En 1957, dans le cadre du Festival de Montauban qui deviendra en 1974, le Festival dʼOccitanie, il crée les Biennales de Poésie Occitane (1957, 1959, 1961) « où se confronteront des poètes de langue française et des poètes de langue dʼoc ». Lʼidée de cette Biennale découle directement de la fameuse Déclaration de Nérac.
En 1959, Félix appelle les écrivains dʼOc à signer cette Déclaration en prévision de la deuxième Biennale de 1960 où se rencontreront français, occitans et espagnols. La 3ème et dernière Biennale aura lieu en 1962 (rencontre poésie / cinéma expérimental).
En 1972, il édite son recueil Jorn : six longs textes dont deux odes, deux satires et deux prophéties datés de 1959 à 1966. Les prophéties font référence au prophète de la Bible Amos, issu du peuple et surtout critique de lʼinstitution religieuse et politique...
Ces textes donnent matière au film de Michel Gayraud Mas paraulas dison quicòm.
Si le recueil ne contient que six textes, nous pouvons affirmer que la production fut beaucoup plus importante : il existe par exemple une « Ode à la Ville », une « Ode à Garonne »...
Bien sûr les Editions Mostra nʼauront jamais la capacité financière de diffusion.
1973 voit la rencontre de Castan et André Benedetto. La chanson occitane apparaît au festival, qui se réoriente, se nomme Festival dʼOccitanie, devient pluridisciplinaire.
En 1983, il fonde le Forum dʼOccitanie qui chapeaute toutes ces structures, plus le Forum des Identités Communales, Caméra Libératrice et les Editions Cocagne.
À la fin de sa vie, il met en place son épopée Epos-Ethos où la légende familiale qui a bercé son enfance lui sert de point dʼappui : ses deux parents s’étaient trouvés orphelins très jeunes.
Tout au long de son existence, Félix Castan a construit en parallèle une œuvre poétique en langue dʼoc, une œuvre d'essayiste sur la décentralisation culturelle, une œuvre dʼhistorien de la culture occitane.
Cordes, Léon (1913-1987)
- Còrdas, Leon (forme occitane du nom)
Issu d’une famille originaire de Minerve (Hérault), où il passe sa prime enfance après la mobilisation en 1914 puis la mort de son père, il retrouve en 1920 la propriété viticole de Siran dont il s’occupe lui-même à partir du début des années 1930 après des études à l’Institut Agricole Saint-Joseph de Limoux. Vigneron à Siran jusqu’en 1952, il tente ensuite, quelques mois durant, de prendre la gérance d’une laverie automatique pour le compte de l’Institut d’Études Occitanes avant d’acheter à Lattes, près de Montpellier une propriété maraîchère qu’il gère jusqu’en 1969.
Passionné de théâtre et particulièrement de théâtre en langue d’oc, il écrit sa première pièce, La Matalena, en 1932. Outre ses nombreuses pièces qu’il met parfois en scène et même interprète, il est l’auteur de poèmes et de romans.
Commençant à écrire des textes en occitan dès l’âge de quinze ans, alors qu’il est interne à Limoux, il s’inscrit en 1929 aux cours par correspondance du Collège d’Occitanie de Toulouse. Le début des années 1930 est le temps des rencontres. Après Marcel Carrières qui lui fait connaître la Société d’Études Occitanes, il fait connaissance avec Charles Camproux en 1933 à Narbonne, à la même époque qu’avec Ernest Vieu, défenseur du théâtre en langue d’oc, puis, lors de son service militaire à Montpellier en 1934, il rencontre l’équipe des étudiants du Nouveau Languedoc, Roger Barthe, Max Rouquette, Jean Lesaffre, Raymond Combarnous, ainsi qu’un félibre d’action de la génération précédente, Pierre Azéma.
Proche à l’époque du Félibrige et de l’occitanisme naissant, Léon Cordes s’engage dans le théâtre d’oc en suivant la troupe d’Ernest Vieu et en commençant à écrire ses propres pièces, mais aussi de la jeunesse fédéraliste incarnée par la revue Occitania menée par Camproux dans laquelle il aborde notamment dès le premier numéro, en mars 1934, la question paysanne, et tient par ailleurs, à partir de 1937, une rubrique sur le théâtre d’oc.
Après avoir participé à deux troupes de théâtre durant la Seconde guerre mondiale et participé, toujours essentiellement sur le thème du théâtre d’oc, à la revue Tèrra d’Òc, il rencontre en 1945, lors de la création de l’Institut d’Études Occitanes, Hélène Cabanes et Robert Lafont. C’est avec eux qu’il fonde la revue L’Ase Negre-Occitania.
Très impliqué dans l’Institut d’Études Occitanes dans les années d’après-guerre et les années 1950 mais en difficulté sur le plan financier après une décennie de sécheresse qui a fortement grevé la production de ses vignes, Léon Cordes accepte en 1951 de prendre la gestion d’une laverie automatique à Montpellier censée créer de nouvelles rentrées financières pour l’IEO. Mais le projet est un échec et, après avoir vendu ses terres de Siran, il s’installe comme jardinier-maraîcher à Lattes. Participant inlassablement à la quasi-totalité des débats de l’occitanisme, il milite aussi par le biais de son œuvre dont la pièce Menèrba, 1210, jouée entièrement en occitan pour pas moins de 10 000 personnes en 1985, représente un aboutissement.
Premier président de la calandreta dau Clapàs, à Montpellier en 1981, il a aussi donné son nom au premier collège Calandreta à Grabels.
]]>Léon Cordes (Siran, Hérault, 30 mars 1913, Montpellier, 19 octobre 1987), agriculteur, écrivain, cofondateur de L’Ase Negre – Occitania, membre du Félibrige, de la Société d’Études Occitanes, puis de l’Institut d’Études Occitanes.
Cordes, Léon (1913-1987)
- Còrdas, Leon (forme occitane du nom)
Issu d’une famille originaire de Minerve (Hérault), où il passe sa prime enfance après la mobilisation en 1914 puis la mort de son père, il retrouve en 1920 la propriété viticole de Siran dont il s’occupe lui-même à partir du début des années 1930 après des études à l’Institut Agricole Saint-Joseph de Limoux. Vigneron à Siran jusqu’en 1952, il tente ensuite, quelques mois durant, de prendre la gérance d’une laverie automatique pour le compte de l’Institut d’Études Occitanes avant d’acheter à Lattes, près de Montpellier une propriété maraîchère qu’il gère jusqu’en 1969.
Passionné de théâtre et particulièrement de théâtre en langue d’oc, il écrit sa première pièce, La Matalena, en 1932. Outre ses nombreuses pièces qu’il met parfois en scène et même interprète, il est l’auteur de poèmes et de romans.
Commençant à écrire des textes en occitan dès l’âge de quinze ans, alors qu’il est interne à Limoux, il s’inscrit en 1929 aux cours par correspondance du Collège d’Occitanie de Toulouse. Le début des années 1930 est le temps des rencontres. Après Marcel Carrières qui lui fait connaître la Société d’Études Occitanes, il fait connaissance avec Charles Camproux en 1933 à Narbonne, à la même époque qu’avec Ernest Vieu, défenseur du théâtre en langue d’oc, puis, lors de son service militaire à Montpellier en 1934, il rencontre l’équipe des étudiants du Nouveau Languedoc, Roger Barthe, Max Rouquette, Jean Lesaffre, Raymond Combarnous, ainsi qu’un félibre d’action de la génération précédente, Pierre Azéma.
Proche à l’époque du Félibrige et de l’occitanisme naissant, Léon Cordes s’engage dans le théâtre d’oc en suivant la troupe d’Ernest Vieu et en commençant à écrire ses propres pièces, mais aussi de la jeunesse fédéraliste incarnée par la revue Occitania menée par Camproux dans laquelle il aborde notamment dès le premier numéro, en mars 1934, la question paysanne, et tient par ailleurs, à partir de 1937, une rubrique sur le théâtre d’oc.
Après avoir participé à deux troupes de théâtre durant la Seconde guerre mondiale et participé, toujours essentiellement sur le thème du théâtre d’oc, à la revue Tèrra d’Òc, il rencontre en 1945, lors de la création de l’Institut d’Études Occitanes, Hélène Cabanes et Robert Lafont. C’est avec eux qu’il fonde la revue L’Ase Negre-Occitania.
Très impliqué dans l’Institut d’Études Occitanes dans les années d’après-guerre et les années 1950 mais en difficulté sur le plan financier après une décennie de sécheresse qui a fortement grevé la production de ses vignes, Léon Cordes accepte en 1951 de prendre la gestion d’une laverie automatique à Montpellier censée créer de nouvelles rentrées financières pour l’IEO. Mais le projet est un échec et, après avoir vendu ses terres de Siran, il s’installe comme jardinier-maraîcher à Lattes. Participant inlassablement à la quasi-totalité des débats de l’occitanisme, il milite aussi par le biais de son œuvre dont la pièce Menèrba, 1210, jouée entièrement en occitan pour pas moins de 10 000 personnes en 1985, représente un aboutissement.
Premier président de la calandreta dau Clapàs, à Montpellier en 1981, il a aussi donné son nom au premier collège Calandreta à Grabels.
Sources
Bibliographie
Voir les œuvres de Léon Cordes dans lo Trobador, catalogue collectif occitan
Gracia, Hélène (1919-2010)
- Cabanes, Elèna (forme occitane du nom)
- Cabanes, Hélène (nom de naissance)
- Gracia, Elèna (forme occitane du nom)
Fille unique d’une famille bilingue de viticulteurs modestes de Servian, elle intègre l’Ecole Normale de Montpellier en automne 1936. Reçue institutrice en juillet 1939, elle est affectée à Roujan comme remplaçante du directeur de l’école, alors mobilisé, Marcel Valière, enseignant anarcho-syndicaliste ; il dirigeait la branche « syndicalisme révolutionnaire-lutte des classes » de la Fédération Unitaire de l’Enseignement (FUE)1 dont la revue créée à l’époque en 1910 et regroupant les éléments anarcho-syndicalistes de l’époque s’intitulait l’École Émancipée.
Le contact avec Valière va être déterminant pour la jeune institutrice, déjà influencée par les idées de sa famille (anticléricalisme, pacifisme, féminisme de sa mère). Tout au long de sa vie, elle a été une militante active de l’École Émancipée au Syndicat National des Instituteurs (SNI)2.
C’est par le syndicalisme qu’elle a découvert Célestin Freinet et l’École Moderne.
C’est alors qu’elle fréquente l’École Normale qu’elle commence à s’intéresser timidement à la langue d’oc après avoir lu Mirèio de Mistral et avoir choisi comme sujet de travail personnel dans le cadre de la préparation du Brevet Supérieur « langue et littérature languedocienne ».
Une fois en poste, elle continue à se passionner pour la langue et la culture occitane. Elle entre en relation en 1943 avec Charles Camproux qui vient juste d’être professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier. Celui-ci va l’inciter à rassembler les jeunes instituteurs de l’école laïque intéressés par la langue d’oc (le futur Groupe Antonin Perbosc) et à rejoindre les jeunes occitanistes d’après-guerre. Elle entretient par ailleurs à cette époque (1943-1944) une correspondance avec Honoré Bourguignon, félibre varois espérantiste et adhérent du mouvement Freinet. Premier cadre féminin de la Société d’Études Occitanes (SEO) puis de l’Institut d’Études Occitanes (IEO), elle va, avec ses deux amis Léon Cordes et Robert Lafont, créer la revue l’Ase Negre, organe politique officieux du nouvel IEO. Elle en sera la cheville ouvrière, assurant l’administration, l’envoi et, au début, l’impression de la nouvelle revue sur l’imprimerie de son école d’Abeilhan. Parallèlement, elle est une militante syndicale active et Marcel Valière vient la chercher pour entrer au Conseil syndical du Syndicat National des Instituteurs (SNI) où certains de ses collègues lui feront mieux connaître l’École Moderne de Célestin Freinet.
Dès 1946, alors qu’elle est en poste à Abeilhan dans l’Hérault, elle commence à appliquer les méthodes Freinet à son enseignement et y introduit parallèlement (autant que faire se peut) l’occitan. Elle rassemble autour d’elle ses collègues instituteurs intéressés par la langue autour d’une structure, le Groupe Antonin Perbosc dont va découler la Section Pédagogique de l’IEO (1951-1966) et ses parutions : d’abord les Bulletins Pédagogiques jusqu’en 1956 puis les Cahiers Pédagogiques. Les Centres Régionaux d’Études Occitanes (CREO), seront créés en 1966, pour mieux coller aux différentes académies, par son amie Denise Imbert, dernière rédactrice des Cahiers Pédagogiques.
Dès le début, la pédagogie développée par le Groupe Antonin Perbosc s’inspire de l’École Moderne de Freinet. En 1949, la Garba Occitana, compilation de travaux de collégiens, voit le jour sur le modèle de La Gerbe3 de Freinet. Le travail d'Hélène Cabanes Gracia, clairement fondé sur les méthodes de l'Ecole Moderne, a été fondamental pour le développement de l'enseignement de l'occitan après la guerre de 39-45.
Jusqu’à sa retraite de l’enseignement en 1974, Hélène Cabanes-Gracia est de tous les combats : autour de la langue en collaborant aux Bulletins Pédagogiques (elle est au Comité de Rédaction avec ses amis Charles Camproux, Raymond Chabbert, Robert Lafont, Pierre Lagarde...), aux Cahiers Pédagogiques qu’elle dirige de 1960 à 1964 puis à Vida Nòstra et à l’organisation des stages pédagogiques où se tissaient les liens entre enseignants…
On notera aussi sa participation à la fondation du MLCR (Mouvement laïque des cultures régionales) et le travail de liaison qu’elle organise autour de son ami Raoul Bayou alors député de l’Hérault (et ancien membre du Groupe Antonin Perbosc) et le MLCR avec l’instituteur breton Armand Keravel et Robert Lafont en vue de déposer un projet de loi pour les langues régionales. Retirée à Agde où elle avait fondé le Cercle occitan dagtenc en octobre 1977 tout en préparant les lycéens à l’épreuve facultative d’occitan au bac, elle fait éditer trois livres : La cosina dagtenca, Contes e racontes del país dagtenc, de Paulona Duconquéré, adhérente du cercle occitan, en quelque sorte mémoire vivante de la vie agathoise d’autrefois. Le troisième est la réédition partielle d’une œuvre de l’écrivain agathois du XIXe siècle Balthazard Floret, La Borrida Dagtenca. Elle participe à la fin de sa vie à la création de l’école Calandreta Dagtenca en 2002.
Hélène Cabanes-Gracia, surtout connue pour ses livres pédagogiques destinés aux enseignants d’occitan et avant tout pour son action et ses articles en faveur de l’enseignement de la langue occitane, s’est aussi essayée à la littérature sous forme de nouvelles (six nouvelles répertoriées dans les revues Viure et Òc).
1. La FUE sera la seule branche de la CGTU à échapper au processus de stalinisation d’avant-guerre. Lors de la réunification de 1936 entre la CGT et la CGTU, c’est Marcel Valière qui négocie, au nom de la FUE, la réunification avec la branche rivale, la Fédération Générale de l’Éducation (FGT) incorporée à la CGT de tendance réformiste pour créer la Fédération de l’Education Nationale et en dirigera la tendance syndicalisme-révolutionnaire-lutte de classes sous le nom d’École Émancipée ; c’est encore lui avec un autre syndicaliste, René Bonissel, qui va 1948 assurer l’autonomie de la FEN en refusant la nouvelle scission entre CGT et CGT-FO. l’École Émancipée continuera être une des tendances de la FEN regroupant l’extrême gauche non communiste de l’époque dont les libertaires. ↑
2. L'École émancipée (l'EE) peut se prévaloir du titre de plus ancien courant du syndicalisme français, puisque sa revue a été créée en 1910 comme organe de la Fédération des membres de l'enseignement laïque (FMEL) affiliée à la toute nouvelle CGT. Elle est à l'époque marquée par l'anarcho-syndicalisme. De 1921 à 1936, ses militants ont animé et dirigé la Fédération Unitaire de l'Enseignement de la CGTU : en pleine "bolchévisation" de la CGTU voulue par la direction stalinienne du PCF, elle a été la seule fédération oppositionnelle de cette confédération réussissant à se maintenir majoritaire jusqu'à la réunification CGT-CGTU. C'est alors Marcel Valière, son nouveau secrétaire général, qui négocie la réunification des Fédérations de l'enseignement. De 1948 à 1992, elle a été la « 3e tendance » de la FEN derrière la majorité autonome (UID) et les cégétistes d'Unité et action. En 1948, Marcel Valière contribua avec l'autonome René Bonissel à faire passer la FEN dans l'autonomie en rédigeant la motion qui refusait de choisir entre la CGT dominée par les communistes et la nouvelle confédération Force ouvrière. Elle a longtemps rassemblé l'ensemble des courants d'extrême-gauche au sein de la FEN dont l'EE est réputée proche, mais elle a aussi attiré des militants pédagogiques (en particulier du mouvement Freinet).↑
3. La Garba est un travail de l’ICEM qui réunit des instituteurs occitanistes.↑
]]>Hélène Gracia-Cabanes (Hérault), 16 juillet 1919 – 19 novembre 2010 (Hérault), institutrice, pédagogue, militante de L’École Moderne, fondatrice du Grop Antonin Perbosc, membre de l’Institut d’Études Occitanes, cofondatrice de la revue L’Ase Negre, Présidente d’honneur de la Calandreta dagtenca.
Gracia, Hélène (1919-2010)
- Cabanes, Elèna (forme occitane du nom)
- Cabanes, Hélène (nom de naissance)
- Gracia, Elèna (forme occitane du nom)
Fille unique d’une famille bilingue de viticulteurs modestes de Servian, elle intègre l’Ecole Normale de Montpellier en automne 1936. Reçue institutrice en juillet 1939, elle est affectée à Roujan comme remplaçante du directeur de l’école, alors mobilisé, Marcel Valière, enseignant anarcho-syndicaliste ; il dirigeait la branche « syndicalisme révolutionnaire-lutte des classes » de la Fédération Unitaire de l’Enseignement (FUE)1 dont la revue créée à l’époque en 1910 et regroupant les éléments anarcho-syndicalistes de l’époque s’intitulait l’École Émancipée.
Le contact avec Valière va être déterminant pour la jeune institutrice, déjà influencée par les idées de sa famille (anticléricalisme, pacifisme, féminisme de sa mère). Tout au long de sa vie, elle a été une militante active de l’École Émancipée au Syndicat National des Instituteurs (SNI)2.
C’est par le syndicalisme qu’elle a découvert Célestin Freinet et l’École Moderne.
C’est alors qu’elle fréquente l’École Normale qu’elle commence à s’intéresser timidement à la langue d’oc après avoir lu Mirèio de Mistral et avoir choisi comme sujet de travail personnel dans le cadre de la préparation du Brevet Supérieur « langue et littérature languedocienne ».
Une fois en poste, elle continue à se passionner pour la langue et la culture occitane. Elle entre en relation en 1943 avec Charles Camproux qui vient juste d’être professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier. Celui-ci va l’inciter à rassembler les jeunes instituteurs de l’école laïque intéressés par la langue d’oc (le futur Groupe Antonin Perbosc) et à rejoindre les jeunes occitanistes d’après-guerre. Elle entretient par ailleurs à cette époque (1943-1944) une correspondance avec Honoré Bourguignon, félibre varois espérantiste et adhérent du mouvement Freinet. Premier cadre féminin de la Société d’Études Occitanes (SEO) puis de l’Institut d’Études Occitanes (IEO), elle va, avec ses deux amis Léon Cordes et Robert Lafont, créer la revue l’Ase Negre, organe politique officieux du nouvel IEO. Elle en sera la cheville ouvrière, assurant l’administration, l’envoi et, au début, l’impression de la nouvelle revue sur l’imprimerie de son école d’Abeilhan. Parallèlement, elle est une militante syndicale active et Marcel Valière vient la chercher pour entrer au Conseil syndical du Syndicat National des Instituteurs (SNI) où certains de ses collègues lui feront mieux connaître l’École Moderne de Célestin Freinet.
Dès 1946, alors qu’elle est en poste à Abeilhan dans l’Hérault, elle commence à appliquer les méthodes Freinet à son enseignement et y introduit parallèlement (autant que faire se peut) l’occitan. Elle rassemble autour d’elle ses collègues instituteurs intéressés par la langue autour d’une structure, le Groupe Antonin Perbosc dont va découler la Section Pédagogique de l’IEO (1951-1966) et ses parutions : d’abord les Bulletins Pédagogiques jusqu’en 1956 puis les Cahiers Pédagogiques. Les Centres Régionaux d’Études Occitanes (CREO), seront créés en 1966, pour mieux coller aux différentes académies, par son amie Denise Imbert, dernière rédactrice des Cahiers Pédagogiques.
Dès le début, la pédagogie développée par le Groupe Antonin Perbosc s’inspire de l’École Moderne de Freinet. En 1949, la Garba Occitana, compilation de travaux de collégiens, voit le jour sur le modèle de La Gerbe3 de Freinet. Le travail d'Hélène Cabanes Gracia, clairement fondé sur les méthodes de l'Ecole Moderne, a été fondamental pour le développement de l'enseignement de l'occitan après la guerre de 39-45.
Jusqu’à sa retraite de l’enseignement en 1974, Hélène Cabanes-Gracia est de tous les combats : autour de la langue en collaborant aux Bulletins Pédagogiques (elle est au Comité de Rédaction avec ses amis Charles Camproux, Raymond Chabbert, Robert Lafont, Pierre Lagarde...), aux Cahiers Pédagogiques qu’elle dirige de 1960 à 1964 puis à Vida Nòstra et à l’organisation des stages pédagogiques où se tissaient les liens entre enseignants…
On notera aussi sa participation à la fondation du MLCR (Mouvement laïque des cultures régionales) et le travail de liaison qu’elle organise autour de son ami Raoul Bayou alors député de l’Hérault (et ancien membre du Groupe Antonin Perbosc) et le MLCR avec l’instituteur breton Armand Keravel et Robert Lafont en vue de déposer un projet de loi pour les langues régionales. Retirée à Agde où elle avait fondé le Cercle occitan dagtenc en octobre 1977 tout en préparant les lycéens à l’épreuve facultative d’occitan au bac, elle fait éditer trois livres : La cosina dagtenca, Contes e racontes del país dagtenc, de Paulona Duconquéré, adhérente du cercle occitan, en quelque sorte mémoire vivante de la vie agathoise d’autrefois. Le troisième est la réédition partielle d’une œuvre de l’écrivain agathois du XIXe siècle Balthazard Floret, La Borrida Dagtenca. Elle participe à la fin de sa vie à la création de l’école Calandreta Dagtenca en 2002.
Hélène Cabanes-Gracia, surtout connue pour ses livres pédagogiques destinés aux enseignants d’occitan et avant tout pour son action et ses articles en faveur de l’enseignement de la langue occitane, s’est aussi essayée à la littérature sous forme de nouvelles (six nouvelles répertoriées dans les revues Viure et Òc).
1. La FUE sera la seule branche de la CGTU à échapper au processus de stalinisation d’avant-guerre. Lors de la réunification de 1936 entre la CGT et la CGTU, c’est Marcel Valière qui négocie, au nom de la FUE, la réunification avec la branche rivale, la Fédération Générale de l’Éducation (FGT) incorporée à la CGT de tendance réformiste pour créer la Fédération de l’Education Nationale et en dirigera la tendance syndicalisme-révolutionnaire-lutte de classes sous le nom d’École Émancipée ; c’est encore lui avec un autre syndicaliste, René Bonissel, qui va 1948 assurer l’autonomie de la FEN en refusant la nouvelle scission entre CGT et CGT-FO. l’École Émancipée continuera être une des tendances de la FEN regroupant l’extrême gauche non communiste de l’époque dont les libertaires. ↑
2. L'École émancipée (l'EE) peut se prévaloir du titre de plus ancien courant du syndicalisme français, puisque sa revue a été créée en 1910 comme organe de la Fédération des membres de l'enseignement laïque (FMEL) affiliée à la toute nouvelle CGT. Elle est à l'époque marquée par l'anarcho-syndicalisme. De 1921 à 1936, ses militants ont animé et dirigé la Fédération Unitaire de l'Enseignement de la CGTU : en pleine "bolchévisation" de la CGTU voulue par la direction stalinienne du PCF, elle a été la seule fédération oppositionnelle de cette confédération réussissant à se maintenir majoritaire jusqu'à la réunification CGT-CGTU. C'est alors Marcel Valière, son nouveau secrétaire général, qui négocie la réunification des Fédérations de l'enseignement. De 1948 à 1992, elle a été la « 3e tendance » de la FEN derrière la majorité autonome (UID) et les cégétistes d'Unité et action. En 1948, Marcel Valière contribua avec l'autonome René Bonissel à faire passer la FEN dans l'autonomie en rédigeant la motion qui refusait de choisir entre la CGT dominée par les communistes et la nouvelle confédération Force ouvrière. Elle a longtemps rassemblé l'ensemble des courants d'extrême-gauche au sein de la FEN dont l'EE est réputée proche, mais elle a aussi attiré des militants pédagogiques (en particulier du mouvement Freinet).↑
3. La Garba est un travail de l’ICEM qui réunit des instituteurs occitanistes.↑
Ouvrages pédagogiques
Romans, contes et nouvelles
Il convient d’ajouter de nombreux articles touchant à la pédagogie, à la politique, au féminisme, au syndicalisme dans de nombreuses revues dont l’Ase Negre, les Bulletins Pédagogiques de l’IEO, les Cahiers Pédagogiques de l’IEO, Vida Nòstra, Viure, l’École Émancipée, Lenga e país d’oc…)
Éditions du « Cercle occitan dagtenc » sous la direction d’Hélène Gracia
Collaboration à des revues (soit comme membre du Comité de rédaction, soit comme administratrice ou directrice)
Sources :
Ouvrages
Revues
Thèses et mémoire
Correspondances
Ressources électroniques
Laux, Christian (1934-2002)
- Laus, Cristian (forme occitane du nom)
- Laus, Crestian (forme occitane du nom)
Christian Laux est né en 1934 à Lugné, commune de Cessenon (Hérault) dans une famille de viticulteurs. Après ses études au lycée de Béziers, puis en math-sup, math-spé à Montpellier, il est admis à l’École des Mines de Paris et à L’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (Paris puis Cachan). Souhaitant revenir au pays et exercer un métier centré sur les relations humaines, il choisit l’ENSET.
Abonné à la revue ÒC, il est ainsi informé du stage occitan d’Uzès de 1956 auquel il participe ; il y rencontre Robert Lafont, Jean Boudou, Pierre Bec, Serge Bec, Charles Camproux (son ancien professeur de français), Éliane Gauzit, Aimé Serres, Raymond Chabbert… C’est pour lui une découverte.
Il se marie, effectue le service militaire puis enseigne la physique au lycée technique d’Albi et, par la suite, assure des cours d’occitan. Il mènera de front enseignement, recherches, publications, responsabilités associatives…
Il meurt à Albi le 4 février 2002.
Il a été président de l’IEO du Tarn à deux reprises, président de la Société des Amis de Jean Boudou et organisateur du colloque de Naucelle de septembre 1985, collaborateur de revues occitanes (L’Occitan, Occitans !, Lo Gai Saber, Mesclum, Vent Terral), de la Revue du Tarn et d’Albi Mag, chef-rédacteur de l’Occitan de 1995 à 2002, producteur d’émissions à Radio Albigés, membre du CAOC, animateur d’ateliers de langue et de stages.
Cheville ouvrière du CREO du Tarn, il en est le premier président de 1988 à 1995 ; c’est durant ce mandat que sont créées en 1989 les premières écoles bilingues à Albi et à Saint-Affrique. Il est présent lors de la création de l’association ÒC – BI (association des parents d’élèves bilingues de l’enseignement public) en 1998. Conscient qu’il faut créer des outils adaptés à un nouveau public, il travaille à son dictionnaire FRANÇAIS – OCCITAN de 1990 à 1997. Il poursuit avec la réalisation du dictionnaire OCCITAN - FRANÇAIS.
]]>Christian Laux, de culture scientifique, s’engagea très tôt dans l’occitanisme, notamment au sein de l’IEO. Il s’occupa de plusieurs revues et rédigea, outre des récits pour une large part d’inspiration autobiographique des dictionnaires de langue qui font référence.
Laux, Christian (1934-2002)
- Laus, Cristian (forme occitane du nom)
- Laus, Crestian (forme occitane du nom)
Christian Laux est né en 1934 à Lugné, commune de Cessenon (Hérault) dans une famille de viticulteurs. Après ses études au lycée de Béziers, puis en math-sup, math-spé à Montpellier, il est admis à l’École des Mines de Paris et à L’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (Paris puis Cachan). Souhaitant revenir au pays et exercer un métier centré sur les relations humaines, il choisit l’ENSET.
Abonné à la revue ÒC, il est ainsi informé du stage occitan d’Uzès de 1956 auquel il participe ; il y rencontre Robert Lafont, Jean Boudou, Pierre Bec, Serge Bec, Charles Camproux (son ancien professeur de français), Éliane Gauzit, Aimé Serres, Raymond Chabbert… C’est pour lui une découverte.
Il se marie, effectue le service militaire puis enseigne la physique au lycée technique d’Albi et, par la suite, assure des cours d’occitan. Il mènera de front enseignement, recherches, publications, responsabilités associatives…
Il meurt à Albi le 4 février 2002.
Il a été président de l’IEO du Tarn à deux reprises, président de la Société des Amis de Jean Boudou et organisateur du colloque de Naucelle de septembre 1985, collaborateur de revues occitanes (L’Occitan, Occitans !, Lo Gai Saber, Mesclum, Vent Terral), de la Revue du Tarn et d’Albi Mag, chef-rédacteur de l’Occitan de 1995 à 2002, producteur d’émissions à Radio Albigés, membre du CAOC, animateur d’ateliers de langue et de stages.
Cheville ouvrière du CREO du Tarn, il en est le premier président de 1988 à 1995 ; c’est durant ce mandat que sont créées en 1989 les premières écoles bilingues à Albi et à Saint-Affrique. Il est présent lors de la création de l’association ÒC – BI (association des parents d’élèves bilingues de l’enseignement public) en 1998. Conscient qu’il faut créer des outils adaptés à un nouveau public, il travaille à son dictionnaire FRANÇAIS – OCCITAN de 1990 à 1997. Il poursuit avec la réalisation du dictionnaire OCCITAN - FRANÇAIS.
Publications
Participation à d’autres éditions
Sources
Gibelin, Georges (1922-1994)
Né à La Palud sur Verdon (04) le 16 avril 1922 dans une famille modeste, d'un père menuisier-ébéniste et d'une mère agricultrice. Tous deux parlaient provençal à la maison, mais s'appliquaient à parler français à leur fils. Son père était compagnon, il avait fait son tour de France, séjourné un temps à Paris et adhéré à la franc-maçonnerie. Il avait transmis à son fils certains secrets de compagnons dans l’art de l’ébénisterie que Georges Gibelin pratiquera toute sa vie. Sa mère, quant à elle, lui avait transmis l'amour des plantes et de la nature.
Après sa scolarité primaire à l'école de La Palud il partit à l’internat du lycée Gassendi à Digne assez tardivement. Sa santé étant plutôt délicate, sa famille cherchait à le protéger autant que possible.
Il devait entrer à l'école Normale d'instituteurs à la rentrée 1941. Mais Pétain venait de supprimer ces écoles, aussi avait-il continué ses études au lycée Gassendi en tant qu'élève-maître. Il y a découvert la philosophie qui l’a passionné. Après le bac, en juillet 1943, il a été envoyé aux chantiers de jeunesse à Nyons. Il a été affecté à la fonction de secrétaire du commandant. Ce fut pour lui l’occasion de donner des cours de provençal et de faire de l'alphabétisation pour des compagnons des chantiers.
En novembre il eut une permission et rentra à La Palud. Mais la menace d'un départ en Allemagne pour le STO se précisait. Aussi ne retourna-t-il pas à Nyons. Ne pouvant pas rester à La Palud car il avait été dénoncé, il partit se cacher à Riez, où il resta jusqu'à la Libération. Dans la mesure où sa santé le lui permettait, il participa à la Résistance, dont son père était un animateur à La Palud où il fabriquait notamment des faux papiers. Georges Gibelin participa avec lui à cette activité (plusieurs centaines de faux papiers fabriqués). Après la Libération il fit un an de formation en 1944-1945 à l'école Normale de Nice. Il suivit parallèlement des cours de philosophie à la faculté. Sa licence de philosophie obtenue, il choisit de rester instituteur, puis directeur d'école.
Pour son premier poste d'instituteur il fut nommé aux Chauvets, hameau situé dans la montagne à une dizaine de kilomètres de La Palud, à la rentrée 1945. Il y resta 3 mois avant d’être affecté aux Mujouls (06) pour la fin de l'année scolaire. Il se maria en juillet 1945. Sa fille naquit en 1946, son fils en 1951. À la rentrée 1946 sa femme et lui obtinrent un poste double à Roquefort-les-Pins où ils restèrent jusqu'en 1951. À la rentrée 1951 ils furent nommés à Grasse. Mais entretemps Georges Gibelin avait été atteint de tuberculose et était en congé de longue maladie. Il reprit l'école, mais rechuta quelques années après. Il termina sa longue carrière de pédagogue passionné en tant que directeur de l'école Saint-Claude à Grasse. Il s'était engagé fortement dans la défense de l'école laïque et du métier en militant au Syndicat National des Instituteurs.
C’est au début des années 1980 qu’il adhère au Parti Communiste dont il n’était jusque-là qu’un compagnon de route, empêché peut-être par son appartenance à la franc-maçonnerie… Il avait coutume de dire à ses amis que son rang dans la loge de Grasse lui permettait de tenir la dragée haute à certains notables politiques locaux qui n’étaient pas exactement de son bord… C’est ainsi qu’il avait pu continuer les rencontres occitanes de Grasse, commencées en 1978 sous le mandat du communiste Georges Vassalo, lorsque la mairie tombe aux mains d’Hervé de Fontmichel...
Il partageait son engagement politique et citoyen entre Grasse et La Palud, où il avait été élu en 1977 adjoint au maire communiste. Il participe activement à la renaissance du village, et en particulier à la restauration du château qui est devenu propriété communale à ce moment-là. Il organise des manifestations et crée des associations intercommunales pour que le pays des gorges du Verdon résiste aux convoitises, préserve son site et revitalise ses activités productrices.
C’est au Lycée Gassendi que Georges Gibelin commence à étudier le provençal, à écrire des poésies et des textes en provençal. Il participe à des pièces de théâtre et des chorales en provençal. Il s'inscrit au Félibrige au sein duquel il rencontra Robert Lafont auquel le lia une amitié jamais démentie. Robert Lafont avait coutume de le désigner parmi ceux qu’il appelait les « grands instituteurs », ces enseignants issus du peuple et avides de culture et d’esprit critique.
Après la guerre Georges Gibelin adhéra à l'IEO. Il créa en 1976 et anima durant de nombreuses années la section de l'IEO des Alpes Maritimes et celle de Grasse. D'ailleurs ces sections portent son nom, de même que la MJC dont il fut un président passionné.
Dans les années 1970-1990 il était de toutes les Universités Occitanes d’Été, comme de toutes les Rencontres Occitanes d’Été (organisées successivement à Apt, Arles, La Motte du Caire). En 1979-1981, lors des débats dans le sein de l’IEO entre tendance « Alternative » (principalement animée par Robert Lafont) et « IEO non-dependent », plutôt liée à Yves Rouquette, Georges Gibelin, comme la majorité des occitanistes de Provence, choisit la tendance « Alternative » et participa activement à la campagne. Après le double échec de la tendance « Alternative » (AG d’Aurillac 1980 et Montauban 1981), il participa à la fondation des Obradors Occitans, créés justement à Grasse et organisa, pendant l’été 1981, une fête de soutien des Obradors à La Palud. Il participa à la rédaction de la revue pédagogique des Obradors Occitans : Practicas (Montpellier). Courant 1981, il fit partie des occitanistes qui rencontrèrent à Octon, dans l’Hérault, le Ministre de la Culture Jack Lang. De 1978 à 1985, il organisa les Rencontres Occitanes de Grasse, (une semaine de stages, cours, ateliers, conférences) qui réunit des Occitanistes de plusieurs régions.
Il participa activement à la page « Mesclum » du journal La Marseillaise avec Claude Barsotti. Il y tenait la chronique d'onomastique « Que signifie votre nom ». Cette chronique remporta un grand succès auprès des lecteurs. Ses nombreux articles ont été rassemblés dans un ouvrage publié par les éditions Tac-Motifs à Grasse Que signifie votre nom ? Etude onomastique des noms de famille originaires des pays d'oc.
Il a publié de nombreux contes en occitan ainsi que des études historiques et d’histoire littéraire (voir bibliographie). Il a travaillé à plusieurs études sur l'histoire locale, encore inédites, sur les mariages dans la région du Verdon, sur les échanges commerciaux…
Il a publié de nombreux articles dans diverses revues occitanes : « La question linguistique au sud au moment de la révolution française » dans la revue Lengas, « coma Provença passet sota lo poder francés » Annales de l'IEO 1978 ; « L'occitanisme en Provence » Amiras n° 20...
Passionné par le personnage et l’œuvre de Bellaud de La Bellaudière, son compatriote de Grasse, il aimait à le présenter dans les ateliers des écoles et universités occitanes qui étaient, dans les années 1970-1980, des lieux de formation fréquentés par des centaines de stagiaires. Il organisa en 1988 un colloque sur Bellaud de la Bellaudière à Grasse. Il rassembla les actes du colloque et rédigea une biographie de Bellaud publiée par Tac-Motifs.
Il réalisa de nombreuses études non publiées sur la Révolution Française, le troubadour Boniface de Castellane...
Il anima des émissions de radio, sur Radio Agora, une série d'émissions sur Christophe Colomb, sur Radio Rougon au sujet de « L’éphémère seigneur de Caille ».
]]>Georges Gibelin est né en 1922 dans le 04. Résistant, instituteur, d’abord membre du Félibrige puis adhérent de l’IEO, ce syndicaliste de sensibilité communiste s’intéressa aussi à l’histoire et à la littérature (Bellaud de la Bellaudière notamment).
Gibelin, Georges (1922-1994)
Né à La Palud sur Verdon (04) le 16 avril 1922 dans une famille modeste, d'un père menuisier-ébéniste et d'une mère agricultrice. Tous deux parlaient provençal à la maison, mais s'appliquaient à parler français à leur fils. Son père était compagnon, il avait fait son tour de France, séjourné un temps à Paris et adhéré à la franc-maçonnerie. Il avait transmis à son fils certains secrets de compagnons dans l’art de l’ébénisterie que Georges Gibelin pratiquera toute sa vie. Sa mère, quant à elle, lui avait transmis l'amour des plantes et de la nature.
Après sa scolarité primaire à l'école de La Palud il partit à l’internat du lycée Gassendi à Digne assez tardivement. Sa santé étant plutôt délicate, sa famille cherchait à le protéger autant que possible.
Il devait entrer à l'école Normale d'instituteurs à la rentrée 1941. Mais Pétain venait de supprimer ces écoles, aussi avait-il continué ses études au lycée Gassendi en tant qu'élève-maître. Il y a découvert la philosophie qui l’a passionné. Après le bac, en juillet 1943, il a été envoyé aux chantiers de jeunesse à Nyons. Il a été affecté à la fonction de secrétaire du commandant. Ce fut pour lui l’occasion de donner des cours de provençal et de faire de l'alphabétisation pour des compagnons des chantiers.
En novembre il eut une permission et rentra à La Palud. Mais la menace d'un départ en Allemagne pour le STO se précisait. Aussi ne retourna-t-il pas à Nyons. Ne pouvant pas rester à La Palud car il avait été dénoncé, il partit se cacher à Riez, où il resta jusqu'à la Libération. Dans la mesure où sa santé le lui permettait, il participa à la Résistance, dont son père était un animateur à La Palud où il fabriquait notamment des faux papiers. Georges Gibelin participa avec lui à cette activité (plusieurs centaines de faux papiers fabriqués). Après la Libération il fit un an de formation en 1944-1945 à l'école Normale de Nice. Il suivit parallèlement des cours de philosophie à la faculté. Sa licence de philosophie obtenue, il choisit de rester instituteur, puis directeur d'école.
Pour son premier poste d'instituteur il fut nommé aux Chauvets, hameau situé dans la montagne à une dizaine de kilomètres de La Palud, à la rentrée 1945. Il y resta 3 mois avant d’être affecté aux Mujouls (06) pour la fin de l'année scolaire. Il se maria en juillet 1945. Sa fille naquit en 1946, son fils en 1951. À la rentrée 1946 sa femme et lui obtinrent un poste double à Roquefort-les-Pins où ils restèrent jusqu'en 1951. À la rentrée 1951 ils furent nommés à Grasse. Mais entretemps Georges Gibelin avait été atteint de tuberculose et était en congé de longue maladie. Il reprit l'école, mais rechuta quelques années après. Il termina sa longue carrière de pédagogue passionné en tant que directeur de l'école Saint-Claude à Grasse. Il s'était engagé fortement dans la défense de l'école laïque et du métier en militant au Syndicat National des Instituteurs.
C’est au début des années 1980 qu’il adhère au Parti Communiste dont il n’était jusque-là qu’un compagnon de route, empêché peut-être par son appartenance à la franc-maçonnerie… Il avait coutume de dire à ses amis que son rang dans la loge de Grasse lui permettait de tenir la dragée haute à certains notables politiques locaux qui n’étaient pas exactement de son bord… C’est ainsi qu’il avait pu continuer les rencontres occitanes de Grasse, commencées en 1978 sous le mandat du communiste Georges Vassalo, lorsque la mairie tombe aux mains d’Hervé de Fontmichel...
Il partageait son engagement politique et citoyen entre Grasse et La Palud, où il avait été élu en 1977 adjoint au maire communiste. Il participe activement à la renaissance du village, et en particulier à la restauration du château qui est devenu propriété communale à ce moment-là. Il organise des manifestations et crée des associations intercommunales pour que le pays des gorges du Verdon résiste aux convoitises, préserve son site et revitalise ses activités productrices.
C’est au Lycée Gassendi que Georges Gibelin commence à étudier le provençal, à écrire des poésies et des textes en provençal. Il participe à des pièces de théâtre et des chorales en provençal. Il s'inscrit au Félibrige au sein duquel il rencontra Robert Lafont auquel le lia une amitié jamais démentie. Robert Lafont avait coutume de le désigner parmi ceux qu’il appelait les « grands instituteurs », ces enseignants issus du peuple et avides de culture et d’esprit critique.
Après la guerre Georges Gibelin adhéra à l'IEO. Il créa en 1976 et anima durant de nombreuses années la section de l'IEO des Alpes Maritimes et celle de Grasse. D'ailleurs ces sections portent son nom, de même que la MJC dont il fut un président passionné.
Dans les années 1970-1990 il était de toutes les Universités Occitanes d’Été, comme de toutes les Rencontres Occitanes d’Été (organisées successivement à Apt, Arles, La Motte du Caire). En 1979-1981, lors des débats dans le sein de l’IEO entre tendance « Alternative » (principalement animée par Robert Lafont) et « IEO non-dependent », plutôt liée à Yves Rouquette, Georges Gibelin, comme la majorité des occitanistes de Provence, choisit la tendance « Alternative » et participa activement à la campagne. Après le double échec de la tendance « Alternative » (AG d’Aurillac 1980 et Montauban 1981), il participa à la fondation des Obradors Occitans, créés justement à Grasse et organisa, pendant l’été 1981, une fête de soutien des Obradors à La Palud. Il participa à la rédaction de la revue pédagogique des Obradors Occitans : Practicas (Montpellier). Courant 1981, il fit partie des occitanistes qui rencontrèrent à Octon, dans l’Hérault, le Ministre de la Culture Jack Lang. De 1978 à 1985, il organisa les Rencontres Occitanes de Grasse, (une semaine de stages, cours, ateliers, conférences) qui réunit des Occitanistes de plusieurs régions.
Il participa activement à la page « Mesclum » du journal La Marseillaise avec Claude Barsotti. Il y tenait la chronique d'onomastique « Que signifie votre nom ». Cette chronique remporta un grand succès auprès des lecteurs. Ses nombreux articles ont été rassemblés dans un ouvrage publié par les éditions Tac-Motifs à Grasse Que signifie votre nom ? Etude onomastique des noms de famille originaires des pays d'oc.
Il a publié de nombreux contes en occitan ainsi que des études historiques et d’histoire littéraire (voir bibliographie). Il a travaillé à plusieurs études sur l'histoire locale, encore inédites, sur les mariages dans la région du Verdon, sur les échanges commerciaux…
Il a publié de nombreux articles dans diverses revues occitanes : « La question linguistique au sud au moment de la révolution française » dans la revue Lengas, « coma Provença passet sota lo poder francés » Annales de l'IEO 1978 ; « L'occitanisme en Provence » Amiras n° 20...
Passionné par le personnage et l’œuvre de Bellaud de La Bellaudière, son compatriote de Grasse, il aimait à le présenter dans les ateliers des écoles et universités occitanes qui étaient, dans les années 1970-1980, des lieux de formation fréquentés par des centaines de stagiaires. Il organisa en 1988 un colloque sur Bellaud de la Bellaudière à Grasse. Il rassembla les actes du colloque et rédigea une biographie de Bellaud publiée par Tac-Motifs.
Il réalisa de nombreuses études non publiées sur la Révolution Française, le troubadour Boniface de Castellane...
Il anima des émissions de radio, sur Radio Agora, une série d'émissions sur Christophe Colomb, sur Radio Rougon au sujet de « L’éphémère seigneur de Caille ».
Ouvrages
Articles divers
Dans la revue Verdons, Association Pays et Gens du Verdon, Sur l'Aire, 83 840, Comps-sur-Artuby
Contes
-Autres éditeurs
Sources :
Auzias, Jean-Marie (1927-2004)
- Auzias, Joan-Maria (forme occitane du nom)
- Auziàs, Joan-Maria (forme occitane du nom)
- Ausias, Joan Maria (forme occitane du nom)
- Ausiàs, Joan Maria (forme occitane du nom)
Né à Grasse le 12 mars 1927 dans une famille modeste, d’un père cannois parlant provençal et d’une mère occitanophone de Vinadio, Jean-Marie Auzias se revendiquera toujours de cette origine provençale. Il fait ses études secondaires, laïques et chrétiennes, comme il disait, au collège municipal puis, en 1945, entre en hypokhâgne au lycée du Parc à Lyon et rejoint la Jeunesse étudiante chrétienne. Très intéressé par la philosophie et l’anglais, il continue ses études dans cette voie, les élargissant à d’autres langues et à la littérature.
Professeur agrégé de lettres modernes, il enseigne la philosophie au lycée de la Martinière à Lyon, puis, de 1966 à 1992, l’anthropologie au Centre des humanités de l’Institut national des sciences appliquées de Villeurbanne et à l’Institut d’études politiques de Lyon. Sa carrière sera couronnée par l’obtention en 2002 d’une thèse de doctorat en anthropologie à l’Université Lumière Lyon 2 sur le sujet Textes fondateurs et cultures populaires : jalons pour une anthropologie littéraire.
Père de quatre enfants, il se déclare, dans sa fiche individuelle d’adhésion au club Millénaire3, attentif aux problèmes pédagogiques et se présente comme un « voyageur impénitent amoureux des langues étrangères et de l’art de tous les pays ». Membre de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon et de l’Académie rhodanienne des lettres, Jean-Marie Auzias est décédé à Lyon le 16 février 2004.
Philosophe, Auzias consacre d’abord sa réflexion aux liens entre philosophie et technique (La philosophie et les techniques, 1965 ; Clefs pour la technique, 1966), puis au structuralisme (Althusser, Lacan), au matérialisme dialectique et au marxisme (Structuralisme et marxisme, 1970). Comme on verra, il fut d’ailleurs bien plus qu’un simple « compagnon de route », comme on disait alors, du Parti communiste.
Son Clefs pour le structuralisme publié par Seghers en 1967, trois fois réédité (en 1968, 1971 et 1974), fait autorité. On ne sait peut-être pas suffisamment que Jean-Marie Auzias figure aux côtés de Michel Foucault, Jacques Lacan, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Gaston Berger et autres grands noms de la philosophie française, dans l’Histoire du structuralisme de François Dosse (2 vols, 1991-1992).
Il s’intéresse également à l’anthropologie, aux problèmes de méthodologie que pose cette discipline récemment constituée en science autonome. Au lendemain de son affectation à l’INSA, il crée en 1967 le Cercle d’anthropologie de l’INSA où il aiguisera sa réflexion avant de la formaliser dans L’Anthropologie contemporaine : expérience et système, publié aux Presses universitaires de France en 1976. Il s’interroge en particulier sur la manière dont se développe le concept de culture, la nécessaire prise en compte des spécificités régionales et de l’altérité individuelle.
Cet intérêt pour la philosophie et l’anthropologie culturelle, au croisement de l’ethnologie et de la sémiotique, ne se démentira pas puisqu’il continuera à produire des ouvrages de critique philosophique comme son Michel Foucault (1986) ou encore son Michel Serres, philosophe occitan (1992).
L’homme de lettres s’illustre d’abord en français par divers recueils de poésie et articles de critique littéraire et de critique d’art : pour ses commentaires, préfaces ou postfaces, les Luc Decaunes, Raoul Bécousse, Jean Chaudier, Christian Perroud, ceux de Visages des mots (1985) et bien d’autres, savent ce qu’ils lui doivent. Et on va retrouver cet esprit vif, brillant et incisif, avec tout le brio polémique que lui permettait sa vaste culture, jusque dans ses dernières créations romanesques, comme son Café solo (1998), « à nul autre pareil », selon Paul Gravillon, ou son faux roman policier délirant Vous trouverez jamais, c’est tout droit ! (2004), écrit en collaboration avec Bernard Frangin et préfacé par le même Paul Gravillon.
Puis il y a le traducteur. De l’anglais en occitan, avec les textes du socialiste irlandais James Connolly et du révolutionnaire écossais John MacLean dans l’ouvrage collectif Marxistes et Nacions en lucha publié par Fédérop, la maison d’édition de son ami occitaniste lyonnais Bernard Lesfargues dont il traduit en français le recueil de poèmes Cor prendre (1965). Il donne aussi, toujours avec Bernard Lesfargues, cette remarquable traduction française de la narration par l’Espagnol Álvar Núñez Cabeza de Vaca de la découverte des Indiens d’Amérique au XVIe siècle qui constitue un véritable succès de librairie réédité chez Actes Sud (Relation de voyage, 1979, 1980, 1989, 1994, 2008).
Créateur enflammé, à l’humour distancié, souvent décapant, ne dissociant pas la pensée de l’action, Jean-Marie Auzias sut également être présent dans la cité. Militant culturel et civique, comme il se définissait lui-même, il anime dès 1966 l’association Connaissance du théâtre. En 1997, il participe avec Michel Cornaton à la création du groupe autonome d’expression libre Les Neveux de Rameau et organise en ville débats et conférences1.
Et on va le rencontrer partout où son travail en anthropologie urbaine lui permet d’apporter un éclairage sur les problèmes de la ville, aux côtés des handicapés aussi bien que dans le cadre du collectif Millénaire3 du Grand Lyon où il exprime ses préoccupations concernant la cohésion sociale, la participation du citoyen, la promotion des identités contraire au repli identitaire. On le retrouve de même à interpeller le Conseil de développement sur les grands projets culturels de l’agglomération lyonnaise. Et, toujours dans son rôle d’accoucheur de réflexion, il ira jusqu’à tenir salon chez lui, des années durant, entre Saône et Rhône, où se pressait le Tout-Lyon intellectuel en enjambant les livres…
L’engagement militant de cet humaniste actif se traduit également au niveau politique. Après la JEC, il adhère en 1952 au Parti communiste dont il est exclu en 1962 pour son soutien au FLN. Il réadhère en 1974, mais quitte le Parti au milieu des années 1980 pour entrer au Grand Orient de France2. Et, simultanément, il met très tôt son sens de l’engagement au service de l’occitan, une langue reconquise qu’il qualifie pour lui-même « de remémoration et d’apprentissage ».
Au contact du Félibrige dès les années 1943-1944, il avait retrouvé le provençal l’été lors des travaux agricoles pendant sa vie d’étudiant. Par la suite, il avait rencontré Pierre Bec et Bernard Lesfargues en 1958, puis d’autres auteurs occitans, Robert Lafont, Max Rouquette, Bernard Manciet, Félix Castan, Jean Larzac, Léon Cordes, Xavier Ravier, Pierre Pessamesse, autant d'échanges qui le déterminent à écrire en oc.
Il enseigne – bénévolement – l’occitan à l’INSA et, avec Quasern grassenc (1971), renoue avec Grasse où il animera des ateliers dans le cadre des Rescòntres Internacionaus Occitans organisés par Georges Gibelin de 1978 à 1984. Et, dès lors, il participera aussi aux divers stages et rencontres de formation occitanistes, là encore animant débats et ateliers ou donnant des conférences (Escòla occitana d’estiu de Villeneuve-sur-Lot, Rescòntres occitans en Provença, universités occitanes d’été, en particulier Nîmes en 1986, 1990, 1994).
Car, dit-il, « siam militants occitanistas3 ». En 1974, il est membre de Lutte occitane et fait partie du collectif de rédaction de la revue Occitania passat e present, sous la direction de Jean-Claude Peyrolle. De 1976 à 1980, sous la présidence de Pierre Bec, il est membre du Conseil d’administration de l’Institut d’estudis occitans et, de novembre 1976 à octobre 1979, responsable du secteur « Espandiment ». Il affirme son soutien au manifeste du 27 octobre 1978, « Mon país escorjat », initié par Robert Lafont, Jean-Pierre Chabrol et Emmanuel Maffre-Baugé, moment fort de convergence entre communistes, syndicalistes et occitanistes dans le combat pour « Vivre, travailler et décider au pays ». En février 1979, il est parmi les fondateurs de la section régionale Rhône-Alpes de l’IEO où, en compagnie de Bernard Lesfargues, il veut représenter les Occitans de Lyon.
Lors de l’assemblée générale de l’IEO d’Aurillac, les 1er et 2 novembre 1980, J.-M. Auzias est candidat au Conseil d’administration et au poste de Vice-Président à la création sur la liste « Per l’alternativa », présidée par Guy Martin, contre la liste « Per un IEO non dependent » présidée par Patrick Choffrut, qui l’emportera. Dès lors, suite à la division du mouvement, il adhère tout naturellement à l’Association internationale d’études occitanes qui se crée en 1981.
En janvier 1982, il est, dès sa fondation aussi, membre du comité de rédaction de la revue Amiras / Repères occitans jusqu’à son extinction en juillet 1984. Il participe également, au printemps 1982, à la création des Obradors occitans – qui « ont pour objectif de regrouper tous les acteurs et producteurs de la culture occitane » (Programme 1984-1988, p. 2) – et figure comme membre du conseil d’administration, délégué régional pour « l’endefòra » [‘l’extérieur’], poste auquel il sera reconduit lors de l’assemblée générale du 28 octobre 1984.
Militant inlassable, on le voit, J.-M. Auzias est de toutes les réunions importantes où ses interventions suscitent la réflexion et orientent les prises de décision. « Là où trois ou trente ou trois cents occitanistes se réunissent, il est bien probable que vous le trouverez : vous le reconnaîtrez à son verbe et à sa verve », dit de lui Bernard Lesfargues en 1984, en quatrième de couverture du Manjatèmps.
Mais, pour lui, le combat occitaniste passe aussi par le développement de la littérature. Tel est le sens de sa présence active, toujours à côté de Bernard Lesfargues, au sein du comité de rédaction de la revue Jorn (1980-1986) qui entend donner la parole aux auteurs de la nouvelle génération et contribuer ainsi au renouveau de l’écriture en occitan.
Et c’est, bien sûr, son Occitanie natale que convoque le poète Auzias dans ses écrits littéraires, depuis ses débuts avec son Quasèrn grassenc (1971) jusqu’à ses articles de critique sur Bernard Manciet (1996) ou son travail d’écriture avec des lycéens de Nîmes (Colors, 1997).
Toutefois, et c’est sans doute là la spécificité de cet auteur résolument moderne, bien inscrit dans la réalité de son temps, son militantisme occitaniste est inséparable du combat social dont sa poésie se fait l’écho. Si le mot a un sens – et il en a un – on n’hésitera pas à considérer Jean-Marie Auzias comme un poète engagé. Du côté des « prolétaires », de ceux qui ont « tant trabalhat / davant lei forns per lei borgés » (Lo Manjatèmps, « Aiga de cèu »). Assumant sans vergogne un discours anticapitaliste et anticlérical qui dénonce d’un même élan irrévérencieux l’Église complice et les patrons sur leurs yachts à Saint-Trop’ (Lo Manjatèmps, « Lei taulas de la lèi »), un discours émancipateur qui rejoint le combat anticolonialiste et antimilitariste du temps, au Niger comme au Tchad (cf. Lo Manjatèmps, « NIAMEY-N’DJAMENA »).
Le verbe de cet agitateur d’idées, humaniste éclectique, iconoclaste au besoin mais à la maïeutique féconde, n’échappe pas toujours à l’hermétisme, fruit de sa grande culture anthropologique et de sa connaissance intime des grands mythes fondateurs de l’humanité. Mais cette conscience aigüe du tragique de la condition humaine et de son impuissance l’affranchit de tout pédantisme. Et en définitive, c’est la grande sensibilité d’un homme ouvert et généreux, aussi timide qu’expansif, qui perce derrière l’oxymore désaliénant et jovial de ce provocateur de métier.
Notes
Jean-Marie Auzias est né en 1927 à Grasse. Ami et compagnon de route des fondateurs de l'IEO, poète, philosophe, grand lecteur et grand voyageur, il marqua l'occitanisme contemporain par sa personnalité originale et sa curiosité intellectuelle sans bornes.
Auzias, Jean-Marie (1927-2004)
- Auzias, Joan-Maria (forme occitane du nom)
- Auziàs, Joan-Maria (forme occitane du nom)
- Ausias, Joan Maria (forme occitane du nom)
- Ausiàs, Joan Maria (forme occitane du nom)
Né à Grasse le 12 mars 1927 dans une famille modeste, d’un père cannois parlant provençal et d’une mère occitanophone de Vinadio, Jean-Marie Auzias se revendiquera toujours de cette origine provençale. Il fait ses études secondaires, laïques et chrétiennes, comme il disait, au collège municipal puis, en 1945, entre en hypokhâgne au lycée du Parc à Lyon et rejoint la Jeunesse étudiante chrétienne. Très intéressé par la philosophie et l’anglais, il continue ses études dans cette voie, les élargissant à d’autres langues et à la littérature.
Professeur agrégé de lettres modernes, il enseigne la philosophie au lycée de la Martinière à Lyon, puis, de 1966 à 1992, l’anthropologie au Centre des humanités de l’Institut national des sciences appliquées de Villeurbanne et à l’Institut d’études politiques de Lyon. Sa carrière sera couronnée par l’obtention en 2002 d’une thèse de doctorat en anthropologie à l’Université Lumière Lyon 2 sur le sujet Textes fondateurs et cultures populaires : jalons pour une anthropologie littéraire.
Père de quatre enfants, il se déclare, dans sa fiche individuelle d’adhésion au club Millénaire3, attentif aux problèmes pédagogiques et se présente comme un « voyageur impénitent amoureux des langues étrangères et de l’art de tous les pays ». Membre de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon et de l’Académie rhodanienne des lettres, Jean-Marie Auzias est décédé à Lyon le 16 février 2004.
Philosophe, Auzias consacre d’abord sa réflexion aux liens entre philosophie et technique (La philosophie et les techniques, 1965 ; Clefs pour la technique, 1966), puis au structuralisme (Althusser, Lacan), au matérialisme dialectique et au marxisme (Structuralisme et marxisme, 1970). Comme on verra, il fut d’ailleurs bien plus qu’un simple « compagnon de route », comme on disait alors, du Parti communiste.
Son Clefs pour le structuralisme publié par Seghers en 1967, trois fois réédité (en 1968, 1971 et 1974), fait autorité. On ne sait peut-être pas suffisamment que Jean-Marie Auzias figure aux côtés de Michel Foucault, Jacques Lacan, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Gaston Berger et autres grands noms de la philosophie française, dans l’Histoire du structuralisme de François Dosse (2 vols, 1991-1992).
Il s’intéresse également à l’anthropologie, aux problèmes de méthodologie que pose cette discipline récemment constituée en science autonome. Au lendemain de son affectation à l’INSA, il crée en 1967 le Cercle d’anthropologie de l’INSA où il aiguisera sa réflexion avant de la formaliser dans L’Anthropologie contemporaine : expérience et système, publié aux Presses universitaires de France en 1976. Il s’interroge en particulier sur la manière dont se développe le concept de culture, la nécessaire prise en compte des spécificités régionales et de l’altérité individuelle.
Cet intérêt pour la philosophie et l’anthropologie culturelle, au croisement de l’ethnologie et de la sémiotique, ne se démentira pas puisqu’il continuera à produire des ouvrages de critique philosophique comme son Michel Foucault (1986) ou encore son Michel Serres, philosophe occitan (1992).
L’homme de lettres s’illustre d’abord en français par divers recueils de poésie et articles de critique littéraire et de critique d’art : pour ses commentaires, préfaces ou postfaces, les Luc Decaunes, Raoul Bécousse, Jean Chaudier, Christian Perroud, ceux de Visages des mots (1985) et bien d’autres, savent ce qu’ils lui doivent. Et on va retrouver cet esprit vif, brillant et incisif, avec tout le brio polémique que lui permettait sa vaste culture, jusque dans ses dernières créations romanesques, comme son Café solo (1998), « à nul autre pareil », selon Paul Gravillon, ou son faux roman policier délirant Vous trouverez jamais, c’est tout droit ! (2004), écrit en collaboration avec Bernard Frangin et préfacé par le même Paul Gravillon.
Puis il y a le traducteur. De l’anglais en occitan, avec les textes du socialiste irlandais James Connolly et du révolutionnaire écossais John MacLean dans l’ouvrage collectif Marxistes et Nacions en lucha publié par Fédérop, la maison d’édition de son ami occitaniste lyonnais Bernard Lesfargues dont il traduit en français le recueil de poèmes Cor prendre (1965). Il donne aussi, toujours avec Bernard Lesfargues, cette remarquable traduction française de la narration par l’Espagnol Álvar Núñez Cabeza de Vaca de la découverte des Indiens d’Amérique au XVIe siècle qui constitue un véritable succès de librairie réédité chez Actes Sud (Relation de voyage, 1979, 1980, 1989, 1994, 2008).
Créateur enflammé, à l’humour distancié, souvent décapant, ne dissociant pas la pensée de l’action, Jean-Marie Auzias sut également être présent dans la cité. Militant culturel et civique, comme il se définissait lui-même, il anime dès 1966 l’association Connaissance du théâtre. En 1997, il participe avec Michel Cornaton à la création du groupe autonome d’expression libre Les Neveux de Rameau et organise en ville débats et conférences1.
Et on va le rencontrer partout où son travail en anthropologie urbaine lui permet d’apporter un éclairage sur les problèmes de la ville, aux côtés des handicapés aussi bien que dans le cadre du collectif Millénaire3 du Grand Lyon où il exprime ses préoccupations concernant la cohésion sociale, la participation du citoyen, la promotion des identités contraire au repli identitaire. On le retrouve de même à interpeller le Conseil de développement sur les grands projets culturels de l’agglomération lyonnaise. Et, toujours dans son rôle d’accoucheur de réflexion, il ira jusqu’à tenir salon chez lui, des années durant, entre Saône et Rhône, où se pressait le Tout-Lyon intellectuel en enjambant les livres…
L’engagement militant de cet humaniste actif se traduit également au niveau politique. Après la JEC, il adhère en 1952 au Parti communiste dont il est exclu en 1962 pour son soutien au FLN. Il réadhère en 1974, mais quitte le Parti au milieu des années 1980 pour entrer au Grand Orient de France2. Et, simultanément, il met très tôt son sens de l’engagement au service de l’occitan, une langue reconquise qu’il qualifie pour lui-même « de remémoration et d’apprentissage ».
Au contact du Félibrige dès les années 1943-1944, il avait retrouvé le provençal l’été lors des travaux agricoles pendant sa vie d’étudiant. Par la suite, il avait rencontré Pierre Bec et Bernard Lesfargues en 1958, puis d’autres auteurs occitans, Robert Lafont, Max Rouquette, Bernard Manciet, Félix Castan, Jean Larzac, Léon Cordes, Xavier Ravier, Pierre Pessamesse, autant d'échanges qui le déterminent à écrire en oc.
Il enseigne – bénévolement – l’occitan à l’INSA et, avec Quasern grassenc (1971), renoue avec Grasse où il animera des ateliers dans le cadre des Rescòntres Internacionaus Occitans organisés par Georges Gibelin de 1978 à 1984. Et, dès lors, il participera aussi aux divers stages et rencontres de formation occitanistes, là encore animant débats et ateliers ou donnant des conférences (Escòla occitana d’estiu de Villeneuve-sur-Lot, Rescòntres occitans en Provença, universités occitanes d’été, en particulier Nîmes en 1986, 1990, 1994).
Car, dit-il, « siam militants occitanistas3 ». En 1974, il est membre de Lutte occitane et fait partie du collectif de rédaction de la revue Occitania passat e present, sous la direction de Jean-Claude Peyrolle. De 1976 à 1980, sous la présidence de Pierre Bec, il est membre du Conseil d’administration de l’Institut d’estudis occitans et, de novembre 1976 à octobre 1979, responsable du secteur « Espandiment ». Il affirme son soutien au manifeste du 27 octobre 1978, « Mon país escorjat », initié par Robert Lafont, Jean-Pierre Chabrol et Emmanuel Maffre-Baugé, moment fort de convergence entre communistes, syndicalistes et occitanistes dans le combat pour « Vivre, travailler et décider au pays ». En février 1979, il est parmi les fondateurs de la section régionale Rhône-Alpes de l’IEO où, en compagnie de Bernard Lesfargues, il veut représenter les Occitans de Lyon.
Lors de l’assemblée générale de l’IEO d’Aurillac, les 1er et 2 novembre 1980, J.-M. Auzias est candidat au Conseil d’administration et au poste de Vice-Président à la création sur la liste « Per l’alternativa », présidée par Guy Martin, contre la liste « Per un IEO non dependent » présidée par Patrick Choffrut, qui l’emportera. Dès lors, suite à la division du mouvement, il adhère tout naturellement à l’Association internationale d’études occitanes qui se crée en 1981.
En janvier 1982, il est, dès sa fondation aussi, membre du comité de rédaction de la revue Amiras / Repères occitans jusqu’à son extinction en juillet 1984. Il participe également, au printemps 1982, à la création des Obradors occitans – qui « ont pour objectif de regrouper tous les acteurs et producteurs de la culture occitane » (Programme 1984-1988, p. 2) – et figure comme membre du conseil d’administration, délégué régional pour « l’endefòra » [‘l’extérieur’], poste auquel il sera reconduit lors de l’assemblée générale du 28 octobre 1984.
Militant inlassable, on le voit, J.-M. Auzias est de toutes les réunions importantes où ses interventions suscitent la réflexion et orientent les prises de décision. « Là où trois ou trente ou trois cents occitanistes se réunissent, il est bien probable que vous le trouverez : vous le reconnaîtrez à son verbe et à sa verve », dit de lui Bernard Lesfargues en 1984, en quatrième de couverture du Manjatèmps.
Mais, pour lui, le combat occitaniste passe aussi par le développement de la littérature. Tel est le sens de sa présence active, toujours à côté de Bernard Lesfargues, au sein du comité de rédaction de la revue Jorn (1980-1986) qui entend donner la parole aux auteurs de la nouvelle génération et contribuer ainsi au renouveau de l’écriture en occitan.
Et c’est, bien sûr, son Occitanie natale que convoque le poète Auzias dans ses écrits littéraires, depuis ses débuts avec son Quasèrn grassenc (1971) jusqu’à ses articles de critique sur Bernard Manciet (1996) ou son travail d’écriture avec des lycéens de Nîmes (Colors, 1997).
Toutefois, et c’est sans doute là la spécificité de cet auteur résolument moderne, bien inscrit dans la réalité de son temps, son militantisme occitaniste est inséparable du combat social dont sa poésie se fait l’écho. Si le mot a un sens – et il en a un – on n’hésitera pas à considérer Jean-Marie Auzias comme un poète engagé. Du côté des « prolétaires », de ceux qui ont « tant trabalhat / davant lei forns per lei borgés » (Lo Manjatèmps, « Aiga de cèu »). Assumant sans vergogne un discours anticapitaliste et anticlérical qui dénonce d’un même élan irrévérencieux l’Église complice et les patrons sur leurs yachts à Saint-Trop’ (Lo Manjatèmps, « Lei taulas de la lèi »), un discours émancipateur qui rejoint le combat anticolonialiste et antimilitariste du temps, au Niger comme au Tchad (cf. Lo Manjatèmps, « NIAMEY-N’DJAMENA »).
Le verbe de cet agitateur d’idées, humaniste éclectique, iconoclaste au besoin mais à la maïeutique féconde, n’échappe pas toujours à l’hermétisme, fruit de sa grande culture anthropologique et de sa connaissance intime des grands mythes fondateurs de l’humanité. Mais cette conscience aigüe du tragique de la condition humaine et de son impuissance l’affranchit de tout pédantisme. Et en définitive, c’est la grande sensibilité d’un homme ouvert et généreux, aussi timide qu’expansif, qui perce derrière l’oxymore désaliénant et jovial de ce provocateur de métier.
Notes
- « Enquête auprès des auteurs de littérature d’oc ou de travaux en domaine occitan », dossier Jean-Marie Auzias, CIRDOC, Béziers.
- AUZIAS, Jean-Marie. Visages des mots : portraits de soixante écrivains en Rhône-Alpes. Lyon : La Manufacture, 1985.
- CASANOVA, Joan-Ives, CREISSAC Joan-Pau, GARDY Felip, VERNY Maria-Joana. « Joan- Maria Auziàs, empuraire de fuec e de paraulas », Oc, XIIIa tièira, nos 70-71-72, prima-estiu 2004, p. 222-223.
- GARDY, Felip. « Polifacetic : en remembre de Joan Maria Auziàs e per que se legiga son òbra d’òc e de pertot », Oc, XIIIa tièira, nos 70-71-72, prima-estiu 2004, p. 223-226.
- Amiras / Repères occitans, Aix-en-Provence : Édisud, 1982-1990
- Jorn, [s.l.], Jorn, 1980-1985
- Obradors occitans, Montpellier : Obradors occitans, 1983-1985
- Oc : revista de las letras e de la pensada occitanas, Toulouse : Institut d'études occitanes, 1970-
- Occitania passat e present, Antibes : Lutte occitane, 1974-
- Occitans, Égletons : Institut d'estudis occitans, 197.-198.
- IdRef, le référent des autorités Sudoc [en ligne], URL : http://www.idref.fr/026697645 (consulté le 24 mai 2014).
- Millénaire3, le Centre ressources prospectives du Grand Lyon [en ligne], URL : http://www.millenaire3.com (consulté le 24 mai 2014).
- Parousia [en ligne], URL : http://www.parousia.fr/Bibliotheque/Litterature_Religion/ (consulté le 24 mai 2014).
Girard, Ismaël (1898-1976)
< Delfin Dario (Pseudonyme)
On sait peu de choses de la jeunesse d’Ismaël Girard à Gensac, près de Montpezat, dans le Gers. Si ce n’est ce qu’il put en dire, brièvement lors d’une interview pour Radio-Toulouse publiée dans la revue Per Noste (n° 20, sptembre-octobre 1970) :
« La mia origina sociala e familiala se resumeish ende jo per un mot : Gensac. Aquí vivevan en un temps – parli d’aqueth temps que va dinca la guèrra de 14- 18 – on la vita s’anava au briu de las sasons e deus fruts de la tèrra. Sense autò, sense avion, sens radiò e sense television. A l’ostau, lo Gascon, que’u parlavan cada jorn, mesclat au Francès, mitat l’un, mitat l’aute, coma s’escaijèva. Dehòra, guaire ben sonca lo Gascon »
(Mon origine sociale et familiale se résume pour moi en un mot : Gensac. Là, nous vivions en un temps – je parle de ce temps qui va jusqu’à la guerre de 14-18 – où la vie s’écoulait au fil des saisons et des fruits de la terre. Sans auto, sans avion, sans radio, sans télévision. À la maison, le gascon, nous le parlions chaque jour, mêlé au français, moitié l’un, moitié l’autre, comme cela tombait. Au dehors, guère que le gascon).
Mobilisé au moment de la Première Guerre mondiale, après plus d’un an « viscut au ras deu Rhin » (vécu au bord du Rhin – Òc n° 217, juillet-septembre 1960) il est envoyé en garnison en Avignon, ce qui est pour lui l’occasion de fréquenter la bibliothèque du musée Calvet et les œuvres félibréennes, de rencontrer Valère Bernard et Pierre Rouquette, mais aussi de découvrir, à travers l’ouvrage de Joaquim Folguera, Les Noves valors de la poesia catalana, la poésie catalane et, dit-il, « qu’aqueth sentiment de dignitat que cercavi ençò de nòste sens poder trobà’u, èra ua realitat viva delà deus Pireneus » (que ce sentiment de dignité que je cherchais chez nous sans pouvoir le trouver, était une réalité vivante de l’autre côté des Pyrénées – Ibidem).
Démobilisé, il entreprend des études de médecine à Toulouse et obtient son doctorat de médecine en 1926. Il s’installe alors à Toulouse pour exercer son métier d’une manière apparemment particulière, comme le relève un autre médecin, Max Rouquette, dans l’hommage qu’il lui rend dans le numéro 256 d’Òc :
« Metge, diguèt encara NON a la medecina oficiala, desumanisada, emmandarinada, en causiguent d’èstre aquí encara l’eretge que tant e tant de malautes venguts de l’Occitania tota venián veire per i atrobar garison, paraula umana e consolament »
(Médecin, il dit encore NON à la médecine officielle, déshumanisée, emmandarinée, en choisissant d’être là encore l’hérétique que tant et tant de malades venus de toute l’Occitanie venaient voir pour trouver guérison, parole humaine et consolation ).
Il semble aussi qu’il se rapproche en ce début des années 1920 de l’Action Française ainsi que le révèle une de ses lettres à Pierre Rouquette en date du 16 octobre 1921 :
« Ah ! oui, quelle belle œuvre ils font en Catalogne ! À les connaître et à les mieux connaître j’ai éprouvé autant de satisfaction et de joie libératrice que le jour où j’ai connu l’Action Française. »
Mais l’activité essentielle de Girard est, tout au long de sa vie, tournée vers l’occitanisme.
La révélation, pour Ismaël Girard, ainsi qu’il l’explique dans le numéro 210 de la revue Òc (octobre- décembre 1958), a lieu dès l’école. Après s’être fait taper sur les doigts quand il parlait patois en primaire, il découvre dans le secondaire le cours de gascon dispensé par Léopold Médan aux élèves de 6ème et de 5ème : « […] que’m dèc çò qu’aperam lo « huec sacrat » qu’es devengut lo huec sacrat occitanista » ([...] il me donna ce qu’on appelle le « feu sacré » qui est devenu le feu sacré occitaniste).
Après sa démobilisation, toujours passionné par la langue et la culture gasconnes, il entre en contact avec le Béarnais Michel Camélat avec lequel il se lie d’amitié et commence à collaborer épisodiquement à la revue félibréenne béarnaise Reclams de Biarn e Gascougne. Il devient par ailleurs secrétaire-adjoint de L’Escòla Occitana, école félibréenne qui vient de se créer à Toulouse. C’est aussi à cette époque qu’il rencontre Camille Soula, professeur de physiologie mais aussi ami d’Antonin Perbosc et passionné de littérature et d’arts et qui, comme Girard, est fort sensible à l’exemple catalan. C’est ensemble que, avec Perbosc et Déodat de Séverac, ils fondent en 1923 la « Ligue de la Patrie Méridionale » qui entretient des liens avec le « Comité d’Action des Revendications Nationales du Midi » créé l’année précédente en Provence notamment par Joseph d’Arbaud et Frédéric Mistral-Neveu.
Si cette expérience aboutit assez rapidement à un échec, y compris pour ce qui est d’une de ses émanations qui semblait la plus prometteuse, La Ligue pour la Langue d’Oc à l’École menée par Jean Bonnafous, la fin de l’année 1923 est un tournant majeur pour Ismaël Girard et pour l’occitanisme. En effet, en septembre 1923, après le coup d’État militaire de Primo de Rivera en Espagne, Antoni Rovira i Virgili, Leandre Cervera et Lluis Nicolau d’Olwer, les leaders du parti catalaniste Acció Catalana, pourchassés par le nouveau pouvoir, se réfugient à Toulouse chez Camille Soula. De cette rencontre naît le projet du journal Òc, dont le premier numéro paraît le 27 janvier 1924. Culturel, revendicatif, mettant en avant l’exemple catalan et laissant une place de choix aux catalanistes dans ses colonnes, Òc se veut, comme le note Jean-Frédéric Brun, « l’organe de combat de la renaissance culturelle et linguistique des pays d’oc » (Jean-Frédéric Brun, « Ismaël Girard à travers sa correspondance avec Max Rouquette (I) », Les Cahiers Max Rouquette, n° 4, mais 2010, p. 70-73).
Cette proximité avec le catalanisme donne l’occasion à Girard de diffuser encore plus largement son message. En particulier par le biais de la revue culturelle catalane de Sitges L’Amic de les Arts dont le directeur Joseph Carbonell i Gener lui confie la composition d’un numéro spécial publié en 1927 et consacré à la culture occitane qui aura un grand retentissement, tant en Catalogne que du côté occitan.
En 1930, c’est encore avec Carbonell i Gener et avec Louis Alibert, autre catalanophile travaillant seul à la normalisation de la langue d’oc en s’appuyant sur l’exemple catalan, qu’Ismaël Girard fonde la Société d’Études Occitanes.
Accaparé par son métier, Girard prend un peu de recul dans les années suivantes mais s’évertue tout de même à porter la voix de l’Occitanie au travers notamment d’une collaboration régulière avec la revue médicale catalane de Leandre Cervera, La Medicina Catalana, dans laquelle il tient une rubrique intitulé « Occitania medica ». En 1939 lorsque Carbonell entreprend de développer les activités de la SEO, Ismaël Girard reprend du service. Il participe à l’accueil d’intellectuels catalans réfugiés à Toulouse à la suite de la défaite de la République espagnole et du gouvernement autonome catalan de la Generalitat, action dont Soula est le maître d’œuvre.
On retrouve Ismaël Girard aux affaires après la défaite de la France en 1940 et l’arrivée au pouvoir du maréchal Pétain. Girard reprend alors les commandes d’Òc dont il avait provisoirement abandonné le titre, pour une édition de guerre, à Pierre-Louis Berthaud, et est à l’origine d’une requête conjointe des félibres et occitanistes au Maréchal dans le but de voir la langue d’oc enseignée à l’école. Le semi-échec de cette tentative de profiter de la conjoncture pour faire avancer la cause de la langue d’oc qui aboutit à ce que Girard appellera dans Òc (numéro d’été de 1942) « la pallishòta reforma Ripert-Carcopino » marque la fin des tentatives de Girard d’obtenir quoi que ce soit du régime de Vichy. En 1943, Girard quitte Toulouse – Robert Lafont, dans ses Pecics de Mièg-sègle – dit qu’il devient médecin d’un maquis et, au printemps 1944 il s’installe à Saint-Saturnin, près d’Aniane, dans une maison inoccupée appartenant à la famille de Max Rouquette.
De retour à Toulouse vers la fin de 1944, Ismaël Girard entend encore profiter des événements et de la conjoncture politique pour mener à bien un projet qui lui tient à cœur depuis les années 1920, la création d’un Institut d’Études Occitanes. Avec l’aide d’un Camille Soula auréolé d’une gloire de résistant actif et ami de Tristan Tzara et de Jean Cassou qui a manqué devenir commissaire de la République, et malgré l’arrestation de Louis Alibert accusé de collaboration et de la dénonciation ayant entraîné l’exécution d’un résistant et qui risque d’éclabousser l’occitanisme, Girard tente même d’obtenir la dissolution de l’Académie des Jeux Floraux avec laquelle il a maille à partir depuis les années 1920. L’IEO est finalement officiellement créé en avril 1945 lors d’une réunion solennelle tenue dans l’amphithéâtre de la faculté de Lettres de Toulouse en présence de Pierre Bertaux, commissaire de la République ; Jean Cassou en est le premier président et Ismaël Girard en devient provisoirement le secrétaire général.
S’il reste toujours en retrait, Ismaël Girard, de 1945 à 1964 (qui voit la scission de l’Institut entre les tenants d’une voie économiste et politique menée par Robert Lafont et ceux d’une voie culturaliste emmenée par Girard, Bernard Manciet et Félix-Marcel Castan) est, de l’avis de tous, celui qui tire les manettes de l’IEO. Il est son éminence grise, mais aussi son financier, qui assure des rentrées d’argent dans les caisses pour le fonctionnement de la revue ÒC et de l’Institut, y compris sur ses fonds personnels.
Prêt à s’effacer pour laisser les jeunes mener l’action, il est celui qui met le pied à l’étrier de Robert Lafont, Félix-Marcel Castan, Hélène Cabanes ou Pierre Lagarde et les encourage à s’engager dans l’Institut. Mais homme d’action lui-même, il met aussi en place en 1956 avec Pierre-Louis Berthaud et Robert Lafont la revue Occitania, hors de l’IEO auquel elle est cependant liée par les hommes, dont l’objet est de s’éloigner de l’intellectualisme des Annales de l’Institut d’Études Occitanes pour fournir aux Occitans un journal accessible et éclectique touchant à tous les domaines, économique, culturel, sportif... en mettant en avant la spécificité occitane.
Après la scission des années 1960, Ismaël Girard reste en retrait de l’Institut d’Études Occitanes qu’il a fini par quitter, mais continue la publication de la revue Òc jusqu’à sa mort en 1976.
Ismaël Girard (Gensac, Gers, 1898, Toulouse, 1976), médecin, fondateur de la revue ÒC en 1923, acteur majeur de l’occitanisme, membre fondateur de la Société d’Études Occitanes (SEO) en 1930 l’Institut d’Études Occitanes (IEO) en 1945.
Girard, Ismaël (1898-1976)
< Delfin Dario (Pseudonyme)
On sait peu de choses de la jeunesse d’Ismaël Girard à Gensac, près de Montpezat, dans le Gers. Si ce n’est ce qu’il put en dire, brièvement lors d’une interview pour Radio-Toulouse publiée dans la revue Per Noste (n° 20, sptembre-octobre 1970) :
« La mia origina sociala e familiala se resumeish ende jo per un mot : Gensac. Aquí vivevan en un temps – parli d’aqueth temps que va dinca la guèrra de 14- 18 – on la vita s’anava au briu de las sasons e deus fruts de la tèrra. Sense autò, sense avion, sens radiò e sense television. A l’ostau, lo Gascon, que’u parlavan cada jorn, mesclat au Francès, mitat l’un, mitat l’aute, coma s’escaijèva. Dehòra, guaire ben sonca lo Gascon »
(Mon origine sociale et familiale se résume pour moi en un mot : Gensac. Là, nous vivions en un temps – je parle de ce temps qui va jusqu’à la guerre de 14-18 – où la vie s’écoulait au fil des saisons et des fruits de la terre. Sans auto, sans avion, sans radio, sans télévision. À la maison, le gascon, nous le parlions chaque jour, mêlé au français, moitié l’un, moitié l’autre, comme cela tombait. Au dehors, guère que le gascon).
Mobilisé au moment de la Première Guerre mondiale, après plus d’un an « viscut au ras deu Rhin » (vécu au bord du Rhin – Òc n° 217, juillet-septembre 1960) il est envoyé en garnison en Avignon, ce qui est pour lui l’occasion de fréquenter la bibliothèque du musée Calvet et les œuvres félibréennes, de rencontrer Valère Bernard et Pierre Rouquette, mais aussi de découvrir, à travers l’ouvrage de Joaquim Folguera, Les Noves valors de la poesia catalana, la poésie catalane et, dit-il, « qu’aqueth sentiment de dignitat que cercavi ençò de nòste sens poder trobà’u, èra ua realitat viva delà deus Pireneus » (que ce sentiment de dignité que je cherchais chez nous sans pouvoir le trouver, était une réalité vivante de l’autre côté des Pyrénées – Ibidem).
Démobilisé, il entreprend des études de médecine à Toulouse et obtient son doctorat de médecine en 1926. Il s’installe alors à Toulouse pour exercer son métier d’une manière apparemment particulière, comme le relève un autre médecin, Max Rouquette, dans l’hommage qu’il lui rend dans le numéro 256 d’Òc :
« Metge, diguèt encara NON a la medecina oficiala, desumanisada, emmandarinada, en causiguent d’èstre aquí encara l’eretge que tant e tant de malautes venguts de l’Occitania tota venián veire per i atrobar garison, paraula umana e consolament »
(Médecin, il dit encore NON à la médecine officielle, déshumanisée, emmandarinée, en choisissant d’être là encore l’hérétique que tant et tant de malades venus de toute l’Occitanie venaient voir pour trouver guérison, parole humaine et consolation ).
Il semble aussi qu’il se rapproche en ce début des années 1920 de l’Action Française ainsi que le révèle une de ses lettres à Pierre Rouquette en date du 16 octobre 1921 :
« Ah ! oui, quelle belle œuvre ils font en Catalogne ! À les connaître et à les mieux connaître j’ai éprouvé autant de satisfaction et de joie libératrice que le jour où j’ai connu l’Action Française. »
Mais l’activité essentielle de Girard est, tout au long de sa vie, tournée vers l’occitanisme.
La révélation, pour Ismaël Girard, ainsi qu’il l’explique dans le numéro 210 de la revue Òc (octobre- décembre 1958), a lieu dès l’école. Après s’être fait taper sur les doigts quand il parlait patois en primaire, il découvre dans le secondaire le cours de gascon dispensé par Léopold Médan aux élèves de 6ème et de 5ème : « […] que’m dèc çò qu’aperam lo « huec sacrat » qu’es devengut lo huec sacrat occitanista » ([...] il me donna ce qu’on appelle le « feu sacré » qui est devenu le feu sacré occitaniste).
Après sa démobilisation, toujours passionné par la langue et la culture gasconnes, il entre en contact avec le Béarnais Michel Camélat avec lequel il se lie d’amitié et commence à collaborer épisodiquement à la revue félibréenne béarnaise Reclams de Biarn e Gascougne. Il devient par ailleurs secrétaire-adjoint de L’Escòla Occitana, école félibréenne qui vient de se créer à Toulouse. C’est aussi à cette époque qu’il rencontre Camille Soula, professeur de physiologie mais aussi ami d’Antonin Perbosc et passionné de littérature et d’arts et qui, comme Girard, est fort sensible à l’exemple catalan. C’est ensemble que, avec Perbosc et Déodat de Séverac, ils fondent en 1923 la « Ligue de la Patrie Méridionale » qui entretient des liens avec le « Comité d’Action des Revendications Nationales du Midi » créé l’année précédente en Provence notamment par Joseph d’Arbaud et Frédéric Mistral-Neveu.
Si cette expérience aboutit assez rapidement à un échec, y compris pour ce qui est d’une de ses émanations qui semblait la plus prometteuse, La Ligue pour la Langue d’Oc à l’École menée par Jean Bonnafous, la fin de l’année 1923 est un tournant majeur pour Ismaël Girard et pour l’occitanisme. En effet, en septembre 1923, après le coup d’État militaire de Primo de Rivera en Espagne, Antoni Rovira i Virgili, Leandre Cervera et Lluis Nicolau d’Olwer, les leaders du parti catalaniste Acció Catalana, pourchassés par le nouveau pouvoir, se réfugient à Toulouse chez Camille Soula. De cette rencontre naît le projet du journal Òc, dont le premier numéro paraît le 27 janvier 1924. Culturel, revendicatif, mettant en avant l’exemple catalan et laissant une place de choix aux catalanistes dans ses colonnes, Òc se veut, comme le note Jean-Frédéric Brun, « l’organe de combat de la renaissance culturelle et linguistique des pays d’oc » (Jean-Frédéric Brun, « Ismaël Girard à travers sa correspondance avec Max Rouquette (I) », Les Cahiers Max Rouquette, n° 4, mais 2010, p. 70-73).
Cette proximité avec le catalanisme donne l’occasion à Girard de diffuser encore plus largement son message. En particulier par le biais de la revue culturelle catalane de Sitges L’Amic de les Arts dont le directeur Joseph Carbonell i Gener lui confie la composition d’un numéro spécial publié en 1927 et consacré à la culture occitane qui aura un grand retentissement, tant en Catalogne que du côté occitan.
En 1930, c’est encore avec Carbonell i Gener et avec Louis Alibert, autre catalanophile travaillant seul à la normalisation de la langue d’oc en s’appuyant sur l’exemple catalan, qu’Ismaël Girard fonde la Société d’Études Occitanes.
Accaparé par son métier, Girard prend un peu de recul dans les années suivantes mais s’évertue tout de même à porter la voix de l’Occitanie au travers notamment d’une collaboration régulière avec la revue médicale catalane de Leandre Cervera, La Medicina Catalana, dans laquelle il tient une rubrique intitulé « Occitania medica ». En 1939 lorsque Carbonell entreprend de développer les activités de la SEO, Ismaël Girard reprend du service. Il participe à l’accueil d’intellectuels catalans réfugiés à Toulouse à la suite de la défaite de la République espagnole et du gouvernement autonome catalan de la Generalitat, action dont Soula est le maître d’œuvre.
On retrouve Ismaël Girard aux affaires après la défaite de la France en 1940 et l’arrivée au pouvoir du maréchal Pétain. Girard reprend alors les commandes d’Òc dont il avait provisoirement abandonné le titre, pour une édition de guerre, à Pierre-Louis Berthaud, et est à l’origine d’une requête conjointe des félibres et occitanistes au Maréchal dans le but de voir la langue d’oc enseignée à l’école. Le semi-échec de cette tentative de profiter de la conjoncture pour faire avancer la cause de la langue d’oc qui aboutit à ce que Girard appellera dans Òc (numéro d’été de 1942) « la pallishòta reforma Ripert-Carcopino » marque la fin des tentatives de Girard d’obtenir quoi que ce soit du régime de Vichy. En 1943, Girard quitte Toulouse – Robert Lafont, dans ses Pecics de Mièg-sègle – dit qu’il devient médecin d’un maquis et, au printemps 1944 il s’installe à Saint-Saturnin, près d’Aniane, dans une maison inoccupée appartenant à la famille de Max Rouquette.
De retour à Toulouse vers la fin de 1944, Ismaël Girard entend encore profiter des événements et de la conjoncture politique pour mener à bien un projet qui lui tient à cœur depuis les années 1920, la création d’un Institut d’Études Occitanes. Avec l’aide d’un Camille Soula auréolé d’une gloire de résistant actif et ami de Tristan Tzara et de Jean Cassou qui a manqué devenir commissaire de la République, et malgré l’arrestation de Louis Alibert accusé de collaboration et de la dénonciation ayant entraîné l’exécution d’un résistant et qui risque d’éclabousser l’occitanisme, Girard tente même d’obtenir la dissolution de l’Académie des Jeux Floraux avec laquelle il a maille à partir depuis les années 1920. L’IEO est finalement officiellement créé en avril 1945 lors d’une réunion solennelle tenue dans l’amphithéâtre de la faculté de Lettres de Toulouse en présence de Pierre Bertaux, commissaire de la République ; Jean Cassou en est le premier président et Ismaël Girard en devient provisoirement le secrétaire général.
S’il reste toujours en retrait, Ismaël Girard, de 1945 à 1964 (qui voit la scission de l’Institut entre les tenants d’une voie économiste et politique menée par Robert Lafont et ceux d’une voie culturaliste emmenée par Girard, Bernard Manciet et Félix-Marcel Castan) est, de l’avis de tous, celui qui tire les manettes de l’IEO. Il est son éminence grise, mais aussi son financier, qui assure des rentrées d’argent dans les caisses pour le fonctionnement de la revue ÒC et de l’Institut, y compris sur ses fonds personnels.
Prêt à s’effacer pour laisser les jeunes mener l’action, il est celui qui met le pied à l’étrier de Robert Lafont, Félix-Marcel Castan, Hélène Cabanes ou Pierre Lagarde et les encourage à s’engager dans l’Institut. Mais homme d’action lui-même, il met aussi en place en 1956 avec Pierre-Louis Berthaud et Robert Lafont la revue Occitania, hors de l’IEO auquel elle est cependant liée par les hommes, dont l’objet est de s’éloigner de l’intellectualisme des Annales de l’Institut d’Études Occitanes pour fournir aux Occitans un journal accessible et éclectique touchant à tous les domaines, économique, culturel, sportif... en mettant en avant la spécificité occitane.
Après la scission des années 1960, Ismaël Girard reste en retrait de l’Institut d’Études Occitanes qu’il a fini par quitter, mais continue la publication de la revue Òc jusqu’à sa mort en 1976.
- ABRATE, Laurent. 1900-1968. Occitanie, des idées et des hommes, IEO, Textes et documents, 2001
- ANATOLE, Christian. « Ismaël Girard ». Gai Saber, n° 388, octobre 1977, pp. 160-163
- BRUN, Jean-Frédéric. « Ismaël Girard à travers sa correspondance avec Max Rouquette ». Les Cahiers Max Rouquette, n° 4, mai 2010 (pp. 70-73) et n° 5, mai 2011 (pp. 30-38)
- DUPUY, André. L’année en Occitanie 1976. A. Dupuy, 1977
- LAFONT, Robert. Pecics de Mièg-sègle, Federop, 1999
- Òc n° 256, hiver 1976, contenant les hommages à Ismaël Girard de René Nelli, Jean Cassou, Max Rouquette, Marcel Carrière, Joseph Villalon, Max Allier, Jacques Taupiac, Jean-Pierre Tardieu, Christian Anatole et Jòrgi Reboul.
- ROUQUETTE, Pierre. « Ismaël Girard ». Gai Saber, n° 393, janvier 1979, pp. 345-350
- TAUPIAC, Jacme, « Entrevista dab Ismaël Girard », Per Noste, n° 20, septembre-octobre 1970, p. 8-10
- Correspondance passive d’IG est conservée dans les archives du Collège d’Occitanie. CIRDÒC Béziers cote CQ 521 à CQ 626
- Archives de Pierre Rouquette (Fonds privé)