Marguerite Genès, institutrice à Brive-la-Gaillarde (Limousin, Corrèze), fut une des actrices importantes du développement d'un félibrige limousin autour de l'action de l'abbé Joseph Roux (1834-1905).

Identité

Formes référentielles

Genès, Marguerite (1868-1955)

Éléments biographiques

Née à Marseille le 26 janvier 1868, fille de Louise Delort de la Flotte, issue de l'aristocratie corrézienne, et d'un certain Henri Genès qu'elle semble n'avoir pas connu, elle arrive à un jeune âge à Brive-la-Gaillarde, berceau de sa famille maternelle. Elle quitte la Corrèze pour poursuivre ses études supérieures à Paris et revient vers 1890 à Brive, où elle enseigne le français dans une institution privée.

Œuvres

Marguerite Genès publie des textes poétiques, des pièces de théâtre et des études littéraires et de folklore limousin dans Lemouzi, « organe mensuel de l'école limousine félibréenne »1,dès les premières livraisons. Ses études d'ethnographie limousine paraissent également dans L'Écho de la Corrèze et la revue mensuelle La Ruche corrézienne des Limousins de Paris.

Reconnue localement pour ses capacités littéraires comme pour sa connaissance de l'occitan limousin – elle est nommée « maître en gai savoir du Limousin », elle est également enregistrée en août 1913 par Ferdinand Brunot lors de la campagne de collecte sonore des « Archives de la parole » (1911-1914) –, son œuvre sera cependant peu diffusée en dehors de sa région. Seules deux de ses pièces de théâtre seront publiées en monographie :  Lous Francimans (Les Francimands), comédie en deux actes (Marguerite Genès et Eusèbe Bombal. Brive, impr. catholique, 48p.) en 1924, et les Leis d’Amor (Les Lois d’Amour), un acte en vers (Marguerite Genès et Mathylde Peyre. Brive, impr. de Chartrusse, Praudel et Cie, 32p. et musique) en 1944.

Marguerite Genès tient un carnet régulier pendant toute la durée de la guerre de 1914-1918 durant laquelle elle est infirmière bénévole. Conservés aux archives municipales de Brive-la-Gaillarde, ces manuscrits inédits font l'objet d'une publication électronique dans le cadre du Centenaire de la Première guerre mondiale (14-18.brive.fr).

Engagement  dans la renaissance d'Oc 

Marguerite Genès participe au mouvement félibréen en Limousin dès ses débuts en 1893 en adhérant à l'escolo Bertran de Born, première école félibréenne créée dans la région, et qui constitue avec la revue de l'escolo, Lemouzi, le foyer de la renaissance d'oc en Limousin. Elle participe dès 1894 à la renaissance des jeux floraux du Limousin, les Jeux de l’Églantine où elle figure parmi les premiers lauréats du prix et est proclamée « Reine du félibrige limousin ». La même année, elle reçoit le titre de « mainteneur-suppléant » de M. Charles Teyssier.

Auteur de pièces de théâtre, elle anime la société théâtrale de l'Escolo Bertran de Born, « la Ménestrandie ».

Ressources en ligne

Voir les ressources disponibles sur Occitanica


1Sous-titre de la revue de 1893 à 1895 où elle devient, « organe mensuel de la fédération provinciale des écoles félibréennes du Limousin et de la Ruche corrézienne du Paris ».   

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1/ Œuvres de Marguerite Genès

Voir les œuvres de Marguerite Genès dans lo Trobador, catalogue collectif occitan

2/ Archives de Marguerite Genès

Les archives personnelles et les manuscrits de Marguerite Genès sont aujourd'hui répartis entre les Archives départementales de la Corrèze et les Archives municipales de Brive-la-Gaillarde.

3/ Études

Florence GALLI-DUPIS, « Marguerite Genès (1868-1955) et les félibres de son temps », publication électronique dans :  Archivethno France, GARAE-ethnopôle http://www.garae.fr/spip.php?article315 [consulté le 31/07/2014]

Samuel GIBIAT, « le félibrige et l'identité limousine », publié dans : Le Limousin, pays et identités: enquêtes d'histoire, de l'antiquité au XXIe, Jean Tricard, Philippe Grandcoing, Robert Chanaud (dir.), 2006.

Robert JOUDOUX, « Anniversaires à Brive : Marguerite Genès et Marguerite Priolo », publié dans : Lemouzi, n° 15, juillet 1965, pp. 279-282.

Robert JOUDOUX, « La vie intellectuelle en Limousin », publié dans :  Bulletin de l'Association Guillaume Budé N°1, 1968,   pp. 131-140.

Jean MOUZAT, « Marguerite Genès », publié dans : Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze, 1955, 3e et 4e livraisons, pp. 59-60.

Pau RAINAL, Paraulas lemosinas : subrevòl de la literatura lemosina d'Òc dempuei las originas trusc' anuech, Écully : Escòla 'Chabatz d'entrar de Lion, 2003.

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Jean-Marie Auzias est né en 1927 à Grasse. Ami et compagnon de route des fondateurs de l'IEO, poète, philosophe, grand lecteur et grand voyageur, il marqua l'occitanisme contemporain par sa personnalité originale et sa curiosité intellectuelle sans bornes.

Identité

Formes référentielles

Auzias, Jean-Marie (1927-2004)

Autres formes connues

- Auzias, Joan-Maria (forme occitane du nom)

- Auziàs, Joan-Maria (forme occitane du nom)

- Ausias, Joan Maria (forme occitane du nom)

- Ausiàs, Joan Maria (forme occitane du nom)

Éléments biographiques

Né à Grasse le 12 mars 1927 dans une famille modeste, d’un père cannois parlant provençal et d’une mère occitanophone de Vinadio, Jean-Marie Auzias se revendiquera toujours de cette origine provençale. Il fait ses études secondaires, laïques et chrétiennes, comme il disait, au collège municipal puis, en 1945, entre en hypokhâgne au lycée du Parc à Lyon et rejoint la Jeunesse étudiante chrétienne. Très intéressé par la philosophie et l’anglais, il continue ses études dans cette voie, les élargissant à d’autres langues et à la littérature.

Professeur agrégé de lettres modernes, il enseigne la philosophie au lycée de la Martinière à Lyon, puis, de 1966 à 1992, l’anthropologie au Centre des humanités de l’Institut national des sciences appliquées de Villeurbanne et à l’Institut d’études politiques de Lyon. Sa carrière sera couronnée par l’obtention en 2002 d’une thèse de doctorat en anthropologie à l’Université Lumière Lyon 2 sur le sujet Textes fondateurs et cultures populaires : jalons pour une anthropologie littéraire.
Père de quatre enfants, il se déclare, dans sa fiche individuelle d’adhésion au club Millénaire3, attentif aux problèmes pédagogiques et se présente comme un « voyageur impénitent amoureux des langues étrangères et de l’art de tous les pays ». Membre de  l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon et de l’Académie rhodanienne des lettres, Jean-Marie Auzias est décédé à Lyon le 16 février 2004.
Philosophe, Auzias consacre d’abord sa réflexion aux liens entre philosophie et technique (La philosophie et les techniques, 1965 ; Clefs pour la technique, 1966), puis au structuralisme (Althusser, Lacan), au matérialisme dialectique et au marxisme (Structuralisme et marxisme, 1970). Comme on verra, il fut d’ailleurs bien plus qu’un simple « compagnon de route », comme on disait alors, du Parti communiste.
Son Clefs pour le structuralisme publié par Seghers en 1967, trois fois réédité (en 1968, 1971 et 1974), fait autorité. On ne sait peut-être pas suffisamment que Jean-Marie Auzias figure aux côtés de Michel Foucault, Jacques Lacan, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Gaston Berger et autres grands noms de la philosophie française, dans l’Histoire du structuralisme de François Dosse (2 vols, 1991-1992).
Il s’intéresse également à l’anthropologie, aux problèmes de méthodologie que pose cette discipline récemment constituée en science autonome. Au lendemain de son affectation à l’INSA, il crée en 1967 le Cercle d’anthropologie de l’INSA où il aiguisera sa réflexion avant de la formaliser dans L’Anthropologie contemporaine : expérience et système, publié aux Presses universitaires de France en 1976. Il s’interroge en particulier sur la manière dont se développe le concept de culture, la nécessaire prise en compte des spécificités régionales et de l’altérité individuelle.
Cet intérêt pour la philosophie et l’anthropologie culturelle, au croisement de l’ethnologie et de la sémiotique, ne se démentira pas puisqu’il continuera à produire des ouvrages de critique philosophique comme son Michel Foucault (1986) ou encore son Michel Serres, philosophe occitan (1992).
L’homme de lettres s’illustre d’abord en français par divers recueils de poésie et articles de critique littéraire et de critique d’art : pour ses commentaires, préfaces ou postfaces, les Luc Decaunes, Raoul Bécousse, Jean Chaudier, Christian Perroud, ceux de Visages des mots (1985) et bien d’autres, savent ce qu’ils lui doivent. Et on va retrouver cet esprit vif, brillant et incisif, avec tout le brio polémique que lui permettait sa vaste culture, jusque dans ses dernières créations romanesques, comme son Café solo (1998), « à nul autre pareil », selon Paul Gravillon, ou son faux roman policier délirant Vous trouverez jamais, c’est tout droit ! (2004), écrit en collaboration avec Bernard Frangin et préfacé par le même Paul Gravillon.
Puis il y a le traducteur. De l’anglais en occitan, avec les textes du socialiste irlandais James Connolly et du révolutionnaire écossais John MacLean dans l’ouvrage collectif Marxistes et Nacions en lucha publié par Fédérop, la maison d’édition de son ami occitaniste lyonnais Bernard Lesfargues dont il traduit en français le recueil de poèmes Cor prendre (1965). Il donne aussi, toujours avec Bernard Lesfargues, cette remarquable traduction française de la narration par l’Espagnol Álvar Núñez Cabeza de Vaca de la découverte des Indiens d’Amérique au XVIe siècle qui constitue un véritable succès de librairie réédité chez Actes Sud (Relation de voyage, 1979, 1980, 1989, 1994, 2008).
Créateur enflammé, à l’humour distancié, souvent décapant, ne dissociant pas la pensée de l’action, Jean-Marie Auzias sut également être présent dans la cité. Militant culturel et civique, comme il se définissait lui-même, il anime dès 1966 l’association Connaissance du théâtre. En 1997, il participe avec Michel Cornaton à la création du groupe autonome d’expression libre Les Neveux de Rameau et organise en ville débats et conférences1.
Et on va le rencontrer partout où son travail en anthropologie urbaine lui permet d’apporter un éclairage sur les problèmes de la ville, aux côtés des handicapés aussi bien que dans le cadre du collectif Millénaire3 du Grand Lyon où il exprime ses préoccupations concernant la cohésion sociale, la participation du citoyen, la promotion des identités contraire au repli identitaire. On le retrouve de même à interpeller le Conseil de développement sur les grands projets culturels de l’agglomération lyonnaise. Et, toujours dans son rôle d’accoucheur de réflexion, il ira jusqu’à tenir salon chez lui, des années durant, entre Saône et Rhône, où se pressait le Tout-Lyon intellectuel en enjambant les livres…

Engagements dans la Renaissance d'oc


L’engagement militant de cet humaniste actif se traduit également au niveau politique. Après la JEC, il adhère en 1952 au Parti communiste dont il est exclu en 1962 pour son soutien au FLN. Il réadhère en 1974, mais quitte le Parti au milieu des années 1980 pour entrer au Grand Orient de France2. Et, simultanément, il met très tôt son sens de l’engagement au service de l’occitan, une langue reconquise qu’il qualifie pour lui-même « de remémoration et d’apprentissage ».
Au contact du Félibrige dès les années 1943-1944, il avait retrouvé le provençal l’été lors des travaux agricoles pendant sa vie d’étudiant. Par la suite, il avait rencontré Pierre Bec et Bernard Lesfargues en 1958, puis d’autres auteurs occitans, Robert Lafont, Max Rouquette, Bernard Manciet, Félix Castan, Jean Larzac, Léon Cordes, Xavier Ravier, Pierre Pessamesse, autant d'échanges qui le déterminent à écrire en oc.
Il enseigne – bénévolement – l’occitan à l’INSA et, avec Quasern grassenc (1971), renoue avec Grasse où il animera des ateliers dans le cadre des Rescòntres Internacionaus Occitans organisés par Georges Gibelin de 1978 à 1984. Et, dès lors, il participera aussi aux divers stages et rencontres de formation occitanistes, là encore animant débats et ateliers ou donnant des conférences (Escòla occitana d’estiu de Villeneuve-sur-Lot, Rescòntres occitans en Provença, universités occitanes d’été, en particulier Nîmes en 1986, 1990, 1994).
Car, dit-il, « siam militants occitanistas3 ». En 1974, il est membre de Lutte occitane et fait partie du collectif de rédaction de la revue Occitania passat e present, sous la direction de Jean-Claude Peyrolle. De 1976 à 1980, sous la présidence de Pierre Bec, il est membre du Conseil d’administration de l’Institut d’estudis occitans et, de novembre 1976 à octobre 1979, responsable du secteur « Espandiment ». Il affirme son soutien au manifeste du 27 octobre 1978, « Mon país escorjat », initié par Robert Lafont, Jean-Pierre Chabrol et Emmanuel Maffre-Baugé, moment fort de convergence entre communistes, syndicalistes et occitanistes dans le combat pour « Vivre, travailler et décider au pays ». En février 1979, il est parmi les fondateurs de la section régionale Rhône-Alpes de l’IEO où, en compagnie de Bernard Lesfargues, il veut représenter les Occitans de Lyon.
Lors de l’assemblée générale de l’IEO d’Aurillac, les 1er et 2 novembre 1980, J.-M. Auzias est candidat au Conseil d’administration et au poste de Vice-Président à la création sur la liste « Per l’alternativa », présidée par Guy Martin, contre la liste « Per un IEO non dependent » présidée par Patrick Choffrut, qui l’emportera. Dès lors, suite à la division du mouvement, il adhère tout naturellement à l’Association internationale d’études occitanes qui se crée en 1981.
En janvier 1982, il est, dès sa fondation aussi, membre du comité de rédaction de la revue Amiras / Repères occitans jusqu’à son extinction en juillet 1984. Il participe également, au printemps 1982, à la création des Obradors occitans – qui « ont pour objectif de regrouper tous les acteurs et producteurs de la culture occitane » (Programme 1984-1988, p. 2) – et figure comme membre du conseil d’administration, délégué régional pour « l’endefòra » [‘l’extérieur’], poste auquel il sera reconduit lors de l’assemblée générale du 28 octobre 1984.
Militant inlassable, on le voit, J.-M. Auzias est de toutes les réunions importantes où ses interventions suscitent la réflexion et orientent les prises de décision. « Là où trois ou trente ou trois cents occitanistes se réunissent, il est bien probable que vous le trouverez : vous le reconnaîtrez à son verbe et à sa verve », dit de lui Bernard Lesfargues en 1984, en quatrième de couverture du Manjatèmps.
Mais, pour lui, le combat occitaniste passe aussi par le développement de la littérature. Tel est le sens de sa présence active, toujours à côté de Bernard Lesfargues, au sein du comité de rédaction de la revue Jorn (1980-1986) qui entend donner la parole aux auteurs de la nouvelle génération et contribuer ainsi au renouveau de l’écriture en occitan.
Et c’est, bien sûr, son Occitanie natale que convoque le poète Auzias dans ses écrits littéraires, depuis ses débuts avec son Quasèrn grassenc (1971) jusqu’à ses articles de critique sur Bernard Manciet (1996) ou son travail d’écriture avec des lycéens de Nîmes (Colors, 1997).
Toutefois, et c’est sans doute là la spécificité de cet auteur résolument moderne, bien inscrit dans la réalité de son temps, son militantisme occitaniste est inséparable du combat social dont sa poésie se fait l’écho. Si le mot a un sens – et il en a un – on n’hésitera pas à considérer Jean-Marie Auzias comme un poète engagé. Du côté des « prolétaires », de ceux qui ont « tant trabalhat / davant lei forns per lei borgés » (Lo Manjatèmps, « Aiga de cèu »). Assumant sans vergogne un discours anticapitaliste et anticlérical qui dénonce d’un même élan irrévérencieux l’Église complice et les patrons sur leurs yachts à Saint-Trop’ (Lo Manjatèmps, « Lei taulas de la lèi »), un discours émancipateur qui rejoint le combat anticolonialiste et antimilitariste du temps, au Niger comme au Tchad (cf. Lo Manjatèmps, « NIAMEY-N’DJAMENA »).
Le verbe de cet agitateur d’idées, humaniste éclectique, iconoclaste au besoin mais à la maïeutique féconde, n’échappe pas toujours à l’hermétisme, fruit de sa grande culture anthropologique et de sa connaissance intime des grands mythes fondateurs de l’humanité. Mais cette conscience aigüe du tragique de la condition humaine et de son impuissance l’affranchit de tout pédantisme. Et en définitive, c’est la grande sensibilité d’un homme ouvert et généreux, aussi timide qu’expansif, qui perce derrière l’oxymore désaliénant et jovial de ce provocateur de métier.

Notes

1/ Cf. Michel Cornaton, Pourquoi nous travaillons, L’Harmattan, 2012, p. 61-62.
2/ Cf. C. Barsotti, « En omenatge a Joan-Maria Auzias », La Marseillaise, 10 mars 2004, p. 36, rubrique « Mesclum ».
3/ Actes de l’université d’été 1990, Nîmes, p. 135.
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- « Enquête auprès des auteurs de littérature d’oc ou de travaux en domaine occitan », dossier Jean-Marie Auzias, CIRDOC, Béziers.

- AUZIAS, Jean-Marie. Visages des mots : portraits de soixante écrivains en Rhône-Alpes. Lyon : La Manufacture, 1985.

- CASANOVA, Joan-Ives, CREISSAC Joan-Pau, GARDY Felip, VERNY Maria-Joana. « Joan- Maria Auziàs, empuraire de fuec e de paraulas », Oc, XIIIa tièira, nos 70-71-72, prima-estiu 2004, p. 222-223.

- GARDY, Felip. « Polifacetic : en remembre de Joan Maria Auziàs e per que se legiga son òbra d’òc e de pertot », Oc, XIIIa tièira, nos 70-71-72, prima-estiu 2004, p. 223-226.

Revues :


- Amiras / Repères occitans, Aix-en-Provence : Édisud, 1982-1990

- Jorn, [s.l.], Jorn, 1980-1985

- Obradors occitans, Montpellier : Obradors occitans, 1983-1985

- Oc : revista de las letras e de la pensada occitanas, Toulouse : Institut d'études occitanes, 1970-

- Occitania passat e present, Antibes : Lutte occitane, 1974-

- Occitans,  Égletons : Institut d'estudis occitans, 197.-198.

Webographie :


- IdRef, le référent des autorités Sudoc [en ligne], URL : http://www.idref.fr/026697645 (consulté le 24 mai 2014).

- Millénaire3, le Centre ressources prospectives du Grand Lyon [en ligne], URL : http://www.millenaire3.com (consulté le 24 mai 2014).

- Parousia [en ligne], URL : http://www.parousia.fr/Bibliotheque/Litterature_Religion/ (consulté le 24 mai 2014).

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Marguerite Perre, professeur privée de piano d’Avignon et amie de l’occitaniste marseillais Pierre Rouquette avec lequel elle partage en particulier un catalanisme militant.

Identité

Formes référentielles

Perre, Margueritte

Engagements dans la renaissance d'oc

Marguerite Perre est l’élève de Blanche Selva, musicienne réputée, disciple et amie de Vincent d’Indy et de Deodat de Séverac qui lui fait partager ses idées régionalistes, car elle se dit « catalane de race » et vit de 1926 à 1936 à Barcelone.
Marguerite Perre est présente à la Journée musicale en l’honneur de Blanche Selva qui a lieu le 30 août 1926. Cette manifestation, à laquelle participent de nombreux élèves professeurs venus de pays divers, est une démonstration de l’enseignement de Blanche Selva dans son domaine du Mas del Sol, près de Brive (école d’été auquel Melle Perre a peut-être participé), suivie d’un concert au théâtre de Brive. Cette journée fait partie des manifestations demandées par la municipalité de Brive, en accord avec la Fédération Régionaliste de France, à l’occasion de son Congrès régional à Brive (28 août- 3 septembre).

En 1934, elle effectue un voyage à Barcelone. À l’Académie de Musique elle rencontre Joan Llongueres, une connaissance de Pierre Rouquette. Avec ce dernier, elle envisage l’année suivante de réaliser « une traduction du catalan au français du livre de Blanche Selva sur les Sonates de Beethoven ».

En 1939, elle se repose à St Barthélémy-le-Pin (Ardèche). Elle lit alors La Legenda d’Esclarmonda. Cette œuvre en occitan de Valèri Bernard, (publiée en 1936 par la Societat d’Estudis Occitans et imprimé à Barcelone par l’Oficina de Relacions Meridionals de Josep Carbonell), l’« emballe beaucoup ».

Lorsque Pierre Rouquette organise en 1938 à Marseille le Comité de Secours aux Intellectuels Catalans, Marguerite Perre participe à l’œuvre. Elle donne son obole, puis logera à son domicile en Avignon, 15, rue Banasterie, entre 1940 et 1942, le sculpteur catalan en exil Enric Casanovas (1882-1948). En effet, Pierre Rouquette accueille des intellectuels républicains qui ont fui la dictature de Franco ; il leur sert de boîte aux lettres et centralise les informations de la communauté dispersée. Ainsi le poète Carles Riba et sa famille sont logés un temps à Marseille chez les demoiselles Tellier et Guiot. Grâce à Pierre Rouquette, Marguerite Perre fait ainsi la connaissance d’intellectuels catalans, comme Francesc Trabal. Josep Pous i Pagés ou Carles Riba. Elle gardera contact avec certains ou demandera de leurs nouvelles.

Louis Gros, provençaliste et imprimeur typographe chez Aubanel à Avignon, écrit à son ami Pierre Rouquette le 29 décembre 1941 : « ai travaia a uno charradisso que Mademisello Perro me demandavo per un groupamen souciau feminin ». Nous n’en savons pas plus. Cette information pourrait suggérer de la part de la musicienne un engagement civique.

Pierre Rouquette, qui a animé une section provençale de la Societat d’Estudis Occitans (SEO) avant la guerre, fonde et dirige à la Libération le Centre d’Etudes Provençales du nouvel Institut d’Estudis Occitans (IEO) plus tard appelé Centre Provençal d’Etudes Occitanes. Il conçoit le Centre comme une institution de caractère universitaire fédérant des groupes d’études provençales dans les domaines les plus divers : langue occitane d’abord, mais aussi histoire, civilisation, droit, art, musique, folklore… destinée à donner corps à une culture occitane globale porteuse d’avenir, en s’inspirant de l’exemple de la Catalogne. Dans cet esprit, il a le projet d’un « Concert de musique occitane, par Marguerite Perre », parmi les manifestations prévues par le Centre Provençal pour l’année scolaire 1945-46. Le secrétaire général de l’IEO, Ismaël Girard, dans sa présentation de l’IEO rédigée le 29 octobre 1945 (7 pages multicopiées), fait état du projet.

La correspondance avec Pierre Rouquette nous informe par ailleurs de deux interventions de la musicienne en 1945. Elle illustre au piano une conférence sur Chopin. En 1945 elle participe à la fête provençalo-catalane qui a lieu à Saint-Rémy le dimanche 30 décembre. Cette manifestation de fraternité est organisée par le peintre catalan réfugié Franch-Clapers. La professeure de musique y interprète notamment des sardanes et dirige une chorale d’enfants chantant des chants provençaux (pour cela elle sollicite Pierre Rouquette pour qu’il traduise certains chants du catalan en provençal).

Le projet musical prévu en 1945 se concrétise deux ans plus tard par un « Récital de Piano donné par Mademoiselle Marguerite Perre, le Mardi 6 Mai 1947, 15 Rue Edouard-Delanglade, Marseille » sous l’égide de l’ «IEO Centre Prouvençau ». Le récital fait la part belle à Vincent d’Indy, tandis que Lluis Millet, Joan Manen, J. Garreta, Enric Morera, Olivier Messiaen (né à Avignon en 1908), Déodat de Séverac, Gabriel Fauré et Emmanuel Chabrier complètent cette soirée régionaliste.

En dépit de la minceur des sources - essentiellement la correspondance reçue par Pierre Rouquette – s’esquisse le portrait d’une musicienne régionaliste, femme de progrès, qui apporta sa contribution à la vie culturelle occitane.

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- « Vincent d’Indy, chantre du Vivarais », texte mécanographié de 10 pages, article de MP pour la revue marseillaise Méditerranée (1946)

- programme du « Récital de piano donné par Mademoiselle Marguerite Perre, le 6 mai 1947 » sous l’égide de l’IEO

- musicologie.org pour la biographie de Blanche Selva]]>
France Karine, est professeure privée de musique, diplômée de l’École Normale de Musique de Paris. Son nom d’artiste est Mytyl Fraggi.
Proche des Amis du bulletin Occitania en 1938-1939, elle est ensuite membre du Centre Provençal de Culture Occitane (section de l’IEO) à partir de 1945.

Identité

Formes référentielles

Karine, France

Autres formes connues

- Mytyl Fraggi (pseudonyme)

Engagements dans la renaissance d'oc

En 1938, France Karine participe à la Deuxième concentration de Culture et de Fraternité Provençales, qui se tient à l’« Auberjo de Jouinesso de Marsiho-Alau », à Allauch, Place Pierre Bellot, du samedi 17 septembre au samedi 24. Cette réunion est organisée par Jorgi Reboul, Père aubergiste, fondateur (le 26 septembre 1936) et animateur de l’Auberge de Jeunesse, affiliée au Centre Laïque des Auberges de Jeunesse.
Le vendredi 22 septembre, à la suite de l’excursion en car à la Sainte-Baume, est proposée une « Veillée sur la Terrasse : La Musique et le Peuple, par FRANCE KARINE, Directrice de la Chorale Populaire. Audition de disques ».

France Karine participe également à l’animation de la Troisième concentration de Culture et de Fraternité Provençales. Pâques 1939, du samedi 8 au mardi 11 avril, qui est en même temps le Congrès organisé par le journal Occitania.

France Karine, directrice de la Chorale Populaire, appartient au milieu progressiste des intellectuels et artistes marseillais. Sa participation aux rencontres d’Allauch prouve une sensibilité provençale, voire un engagement occitaniste. Elle a sans doute participé au Comité d’Aide aux Intellectuels Catalans, fondé à Marseille le 7 avril 1938 par Pierre Rouquette et Jorgi Reboul car son nom figure sur la liste manuscrite établie par Pierre Rouquette des personnes à inviter à la réunion du Comité du 30 août 1938 au domicile de Jorgi Reboul, sans que nous ayons la certitude de sa participation.

À la Libération, France Karine dirige la Chorale du Front National et fait partie de l’Union Nationale des Intellectuels – UNI –, structure unitaire fondée à la Libération, encadrant les activités culturelles. Pierre Rouquette, qui a animé à Marseille une active section de la Societat d’Estudis Occitans (SEO) avant la seconde guerre mondiale, fonde et préside le Centre Provençal de l’Institut d’Estudis Occitans, (qui deviendra autonome dans les années 70, quand la section régionale de l’IEO sera assumée par lo Calen). L’assemblée constitutive a lieu le dimanche 14 octobre 1945 dans les salons de l’UNI, 15 rue Edouard Delanglade. Le président sollicite alors France Karine pour que la Chorale se produise à la séance inaugurale en interprétant des chants occitans, choisis par lui, et qu’elle doit apprendre à ses choristes. Ainsi Coupo Santo (à 4 voix), Lou Bastimen, Lou Renegat (Jan de Fonfaron) ont dû faire partie du répertoire le 15 novembre. France Karine et sa chorale interviendront pour d’autres manifestations du Centre Provençal, ainsi le 19 février 1946 pour la causerie de Pierre Rouquette sur les « Noëls de Saboly ».

France Karine est l’épouse d’Alexandre Jouvène, qui tient une galerie Tableaux anciens et modernes à Marseille, Expert près les tribunaux et les Cies d’Assurance. Comme France Karine, Alexandre Jouvène est affilié au Centre Provençal de l’IEO à son origine : c’est lui qui a envoyé – et non le Président Pierre Rouquette empêché par la grippe - l’invitation à l’Assemblée constitutive du Centre pour le 14 octobre 1945, signée par « un membre de la Commission », Alexandre Jouvène, sur papier à en-tête « Tableaux anciens et modernes Alexandre Jouvène ». En l’état actuel de la documentation, nous ignorons si l’engagement occitaniste du couple s’est poursuivi.

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- Occitania, Toulouse, n°32 (décembre 1936), n°38 (décembre 1937), n°45 (janvier 1939)]]>
Ismaël Girard (Gensac, Gers, 1898, Toulouse, 1976), médecin, fondateur de la revue ÒC en 1923, acteur majeur de l’occitanisme, membre fondateur de la Société d’Études Occitanes (SEO) en 1930 l’Institut d’Études Occitanes (IEO) en 1945.

Identité

Formes référentielles

Girard, Ismaël (1898-1976)

Autres formes connues

< Delfin Dario (Pseudonyme)

Éléments biographiques

On sait peu de choses de la jeunesse d’Ismaël Girard à Gensac, près de Montpezat, dans le Gers. Si ce n’est ce qu’il put en dire, brièvement lors d’une interview pour Radio-Toulouse publiée dans la revue Per Noste (n° 20, sptembre-octobre 1970) :

« La mia origina sociala e familiala se resumeish ende jo per un mot : Gensac. Aquí vivevan en un temps – parli d’aqueth temps que va dinca la guèrra de 14- 18 – on la vita s’anava au briu de las sasons e deus fruts de la tèrra. Sense autò, sense avion, sens radiò e sense television. A l’ostau, lo Gascon, que’u parlavan cada jorn, mesclat au Francès, mitat l’un, mitat l’aute, coma s’escaijèva. Dehòra, guaire ben sonca lo Gascon »

(Mon origine sociale et familiale se résume pour moi en un mot : Gensac. Là, nous vivions en un temps – je parle de ce temps qui va jusqu’à la guerre de 14-18 – où la vie s’écoulait au fil des saisons et des fruits de la terre. Sans auto, sans avion, sans radio, sans télévision. À la maison, le gascon, nous le parlions chaque jour, mêlé au français, moitié l’un, moitié l’autre, comme cela tombait. Au dehors, guère que le gascon).
Mobilisé au moment de la Première Guerre mondiale, après plus d’un an « viscut au ras deu Rhin » (vécu au bord du Rhin – Òc n° 217, juillet-septembre 1960) il est envoyé en garnison en Avignon, ce qui est pour lui l’occasion de fréquenter la bibliothèque du musée Calvet et les œuvres félibréennes, de rencontrer Valère Bernard et Pierre Rouquette, mais aussi de découvrir, à travers l’ouvrage de Joaquim Folguera, Les Noves valors de la poesia catalana, la poésie catalane et, dit-il, « qu’aqueth sentiment de dignitat que cercavi ençò de nòste sens poder trobà’u, èra ua realitat viva delà deus Pireneus » (que ce sentiment de dignité que je cherchais chez nous sans pouvoir le trouver, était une réalité vivante de l’autre côté des Pyrénées – Ibidem).
Démobilisé, il entreprend des études de médecine à Toulouse et obtient son doctorat de médecine en 1926. Il s’installe alors à Toulouse pour exercer son métier d’une manière apparemment particulière, comme le relève un autre médecin, Max Rouquette, dans l’hommage qu’il lui rend dans le numéro 256 d’Òc :

« Metge, diguèt encara NON a la medecina oficiala, desumanisada, emmandarinada, en causiguent d’èstre aquí encara l’eretge que tant e tant de malautes venguts de l’Occitania tota venián veire per i atrobar garison, paraula umana e consolament »

(Médecin, il dit encore NON à la médecine officielle, déshumanisée, emmandarinée, en choisissant d’être là encore l’hérétique que tant et tant de malades venus de toute l’Occitanie venaient voir pour trouver guérison, parole humaine et consolation ).
Il semble aussi qu’il se rapproche en ce début des années 1920 de l’Action Française ainsi que le révèle une de ses lettres à Pierre Rouquette en date du 16 octobre 1921 :

« Ah ! oui, quelle belle œuvre ils font en Catalogne ! À les connaître et à les mieux connaître j’ai éprouvé autant de satisfaction et de joie libératrice que le jour où j’ai connu l’Action Française. »
Mais l’activité essentielle de Girard est, tout au long de sa vie, tournée vers l’occitanisme.

Engagements dans la renaissance d’oc

La révélation, pour Ismaël Girard, ainsi qu’il l’explique dans le numéro 210 de la revue Òc (octobre- décembre 1958), a lieu dès l’école. Après s’être fait taper sur les doigts quand il parlait patois en primaire, il découvre dans le secondaire le cours de gascon dispensé par Léopold Médan aux élèves de 6ème et de 5ème : « […] que’m dèc çò qu’aperam lo « huec sacrat » qu’es devengut lo huec sacrat occitanista » ([...] il me donna ce qu’on appelle le « feu sacré » qui est devenu le feu sacré occitaniste).
Après sa démobilisation, toujours passionné par la langue et la culture gasconnes, il entre en contact avec le Béarnais Michel Camélat avec lequel il se lie d’amitié et commence à collaborer épisodiquement à la revue félibréenne béarnaise Reclams de Biarn e Gascougne. Il devient par ailleurs secrétaire-adjoint de L’Escòla Occitana, école félibréenne qui vient de se créer à Toulouse. C’est aussi à cette époque qu’il rencontre Camille Soula, professeur de physiologie mais aussi ami d’Antonin Perbosc et passionné de littérature et d’arts et qui, comme Girard, est fort sensible à l’exemple catalan. C’est ensemble que, avec Perbosc et Déodat de Séverac, ils fondent en 1923 la « Ligue de la Patrie Méridionale » qui entretient des liens avec le « Comité d’Action des Revendications Nationales du Midi » créé l’année précédente en Provence notamment par Joseph d’Arbaud et Frédéric Mistral-Neveu.
Si cette expérience aboutit assez rapidement à un échec, y compris pour ce qui est d’une de ses émanations qui semblait la plus prometteuse, La Ligue pour la Langue d’Oc à l’École menée par Jean Bonnafous, la fin de l’année 1923 est un tournant majeur pour Ismaël Girard et pour l’occitanisme. En effet, en septembre 1923, après le coup d’État militaire de Primo de Rivera en Espagne, Antoni Rovira i Virgili, Leandre Cervera et Lluis Nicolau d’Olwer, les leaders du parti catalaniste Acció Catalana, pourchassés par le nouveau pouvoir, se réfugient à Toulouse chez Camille Soula. De cette rencontre naît le projet du journal Òc, dont le premier numéro paraît le 27 janvier 1924. Culturel, revendicatif, mettant en avant l’exemple catalan et laissant une place de choix aux catalanistes dans ses colonnes, Òc se veut, comme le note Jean-Frédéric Brun, « l’organe de combat de la renaissance culturelle et linguistique des pays d’oc » (Jean-Frédéric Brun, « Ismaël Girard à travers sa correspondance avec Max Rouquette (I) », Les Cahiers Max Rouquette, n° 4, mais 2010, p. 70-73).
Cette proximité avec le catalanisme donne l’occasion à Girard de diffuser encore plus largement son message. En particulier par le biais de la revue culturelle catalane de Sitges L’Amic de les Arts dont le directeur Joseph Carbonell i Gener lui confie la composition d’un numéro spécial publié en 1927 et consacré à la culture occitane qui aura un grand retentissement, tant en Catalogne que du côté occitan.
En 1930, c’est encore avec Carbonell i Gener et avec Louis Alibert, autre catalanophile travaillant seul à la normalisation de la langue d’oc en s’appuyant sur l’exemple catalan, qu’Ismaël Girard fonde la Société d’Études Occitanes.
Accaparé par son métier, Girard prend un peu de recul dans les années suivantes mais s’évertue tout de même à porter la voix de l’Occitanie au travers notamment d’une collaboration régulière avec la revue médicale catalane de Leandre Cervera, La Medicina Catalana, dans laquelle il tient une rubrique intitulé « Occitania medica ». En 1939 lorsque Carbonell entreprend de développer les activités de la SEO, Ismaël Girard reprend du service. Il participe à l’accueil d’intellectuels catalans réfugiés à Toulouse à la suite de la défaite de la République espagnole et du gouvernement autonome catalan de la Generalitat, action dont Soula est le maître d’œuvre.
On retrouve Ismaël Girard aux affaires après la défaite de la France en 1940 et l’arrivée au pouvoir du maréchal Pétain. Girard reprend alors les commandes d’Òc dont il avait provisoirement abandonné le titre, pour une édition de guerre, à Pierre-Louis Berthaud, et est à l’origine d’une requête conjointe des félibres et occitanistes au Maréchal dans le but de voir la langue d’oc enseignée à l’école. Le semi-échec de cette tentative de profiter de la conjoncture pour faire avancer la cause de la langue d’oc qui aboutit à ce que Girard appellera dans Òc (numéro d’été de 1942) « la pallishòta reforma Ripert-Carcopino » marque la fin des tentatives de Girard d’obtenir quoi que ce soit du régime de Vichy. En 1943, Girard quitte Toulouse – Robert Lafont, dans ses Pecics de Mièg-sègle – dit qu’il devient médecin d’un maquis et, au printemps 1944 il s’installe à Saint-Saturnin, près d’Aniane, dans une maison inoccupée appartenant à la famille de Max Rouquette.
De retour à Toulouse vers la fin de 1944, Ismaël Girard entend encore profiter des événements et de la conjoncture politique pour mener à bien un projet qui lui tient à cœur depuis les années 1920, la création d’un Institut d’Études Occitanes. Avec l’aide d’un Camille Soula auréolé d’une gloire de résistant actif et ami de Tristan Tzara et de Jean Cassou qui a manqué devenir commissaire de la République, et malgré l’arrestation de Louis Alibert accusé de collaboration et de la dénonciation ayant entraîné l’exécution d’un résistant et qui risque d’éclabousser l’occitanisme, Girard tente même d’obtenir la dissolution de l’Académie des Jeux Floraux avec laquelle il a maille à partir depuis les années 1920. L’IEO est finalement officiellement créé en avril 1945 lors d’une réunion solennelle tenue dans l’amphithéâtre de la faculté de Lettres de Toulouse en présence de Pierre Bertaux, commissaire de la République ; Jean Cassou en est le premier président et Ismaël Girard en devient provisoirement le secrétaire général.
S’il reste toujours en retrait, Ismaël Girard, de 1945 à 1964 (qui voit la scission de l’Institut entre les tenants d’une voie économiste et politique menée par Robert Lafont et ceux d’une voie culturaliste emmenée par Girard, Bernard Manciet et Félix-Marcel Castan) est, de l’avis de tous, celui qui tire les manettes de l’IEO. Il est son éminence grise, mais aussi son financier, qui assure des rentrées d’argent dans les caisses pour le fonctionnement de la revue ÒC et de l’Institut, y compris sur ses fonds personnels.
Prêt à s’effacer pour laisser les jeunes mener l’action, il est celui qui met le pied à l’étrier de Robert Lafont, Félix-Marcel Castan, Hélène Cabanes ou Pierre Lagarde et les encourage à s’engager dans l’Institut. Mais homme d’action lui-même, il met aussi en place en 1956 avec Pierre-Louis Berthaud et Robert Lafont la revue Occitania, hors de l’IEO auquel elle est cependant liée par les hommes, dont l’objet est de s’éloigner de l’intellectualisme des Annales de l’Institut d’Études Occitanes pour fournir aux Occitans un journal accessible et éclectique touchant à tous les domaines, économique, culturel, sportif... en mettant en avant la spécificité occitane.
Après la scission des années 1960, Ismaël Girard reste en retrait de l’Institut d’Études Occitanes qu’il a fini par quitter, mais continue la publication de la revue Òc jusqu’à sa mort en 1976.

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- ABRATE, Laurent. 1900-1968. Occitanie, des idées et des hommes, IEO, Textes et documents, 2001

- ANATOLE, Christian. « Ismaël Girard ». Gai Saber, n° 388, octobre 1977, pp. 160-163

- BRUN, Jean-Frédéric. « Ismaël Girard à travers sa correspondance avec Max Rouquette ». Les Cahiers Max Rouquette, n° 4, mai 2010 (pp. 70-73) et n° 5, mai 2011 (pp. 30-38)

- DUPUY, André. L’année en Occitanie 1976. A. Dupuy, 1977

- LAFONT, Robert. Pecics de Mièg-sègle, Federop, 1999

- Òc n° 256, hiver 1976, contenant les hommages à Ismaël Girard de René Nelli, Jean Cassou, Max Rouquette, Marcel Carrière, Joseph Villalon, Max Allier, Jacques Taupiac, Jean-Pierre Tardieu, Christian Anatole et Jòrgi Reboul.

- ROUQUETTE, Pierre. « Ismaël Girard ». Gai Saber, n° 393, janvier 1979, pp. 345-350

- TAUPIAC, Jacme, « Entrevista dab Ismaël Girard », Per Noste, n° 20, septembre-octobre 1970, p. 8-10

Archives et manuscrits

- Correspondance passive d’IG est conservée dans les archives du Collège d’Occitanie. CIRDÒC Béziers cote CQ 521 à CQ 626

- Archives de Pierre Rouquette (Fonds privé)

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Jean Lesaffre (Bayonne, 1907, Paris, 1975), ingénieur en chef au service du personnel de la SNCF, est l’un des cofondateurs de l’association étudiante occitane le Nouveau Languedoc, à Montpellier en 1928. Félibre et occitaniste, il participe activement à la fin des années 1930 à la vie de l’école félibréenne parisienne Les Amis de la Langue d’Oc dont il deviendra le vice-président. Il est l’auteur ou le coauteur de nombreux articles, conférences et bibliographies.

Identité

Formes référentielles

Lesaffre, Jean (forme référentielle française)

Éléments biographiques 

Né à Bayonne d’un père basque ingénieur dans les chemins de fer et d’une mère languedocienne, Jean Lesaffre est élevé dans la foi catholique et suit des études secondaires au collège privé de la Trinité, à Béziers avant de rejoindre l’université de Montpellier dont il sort licencié en mathématiques et docteur en droit après avoir soutenu en 1934 sa thèse  Le problème national de la Catalogne et sa solution par la statut de 1932.

Son parcours professionnel le mène à Paris. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier en 1940 et envoyé dans la région de Brême à l’Oflag XB dont il est rapatrié en 1942 pour raison de santé. Catholique pratiquant, très pieux, Lesaffre aurait par ailleurs, dans les années 1930, été proche de l’’Action Française si l’on en croit les archives de Marcel Decremps.

Très impliqué après guerre dans Les Amis de la Langue d’Oc, dans l’occitanisme et rédacteur régulier pour la revue La France Latine, il meurt à Paris en 1975.

Engagement dans la renaissance d’oc

S’intéressant à la langue d’oc dès ses études secondaires, Jean Lesaffre s’engage dans la renaissance d’oc lorsqu’il rejoint l’université de Montpellier. C’est là qu’il fonde en 1928, sur le modèle des corporations étudiantes, le Nouveau Languedoc où il est bientôt rejoint par Max Rouquette et Roger Barthe. L’association, très active, recrute rapidement plusieurs dizaines de membres et s’oriente sur la voie de la revendication fédéraliste et la renaissance culturelle sur le modèle catalan.

Par ailleurs, Jean Lesaffre devient à cette époque (de 1930-1932) président de l’association générale des étudiants de Montpellier et bénéficie de 1929 à 1932 d’une rubrique dans Le Petit Méridional, marquant l’influence du Nouveau Languedoc à Montpellier.

L’association a tôt fait de faire des émules, comme les Estudiants Ramondencs de Toulouse et de former avec ces derniers et avec les jeunes marseillais de l’Araire (Jòrgi Reboul, Charles Camproux, Paul Ricard) la Ligue Frédéric Mistral qui donne elle-même naissance en 1934 à Occitania, organe mensuel de la jeunesse fédéraliste occitane et à l’association des Amis d’Occitania qui entend mettre en place un véritable programme fédéraliste auquel participe très activement Jean Lesaffre chargé de la commission administrative.

Dans ces années 1930, Jean Lesaffre se rapproche par ailleurs de l’Escòla Occitana de Toulouse et de son principal animateur, l’abbé Joseph Salvat avec lequel il partage une certaine communauté de conscience (outre son statut d’ecclésiastique, Salvat est proche de l’Action Française) et une même vision de la langue d’oc mêlant félibréisme, occitanisme et catalanisme, avant de rejoindre en 1937 les Amis de la Langue d’Oc Paris avec lesquels il va notamment participer en 1939 à l’accueil des intellectuels catalans réfugiés en France.

Prisonnier en Allemagne, il n’en continue pas moins, entre 1940 et 1942 à promouvoir la langue d’oc à travers des conférences données à ses compagnons de captivités.

Il rejoint après-guerre l’Institut d’Études Occitanes naissant avec son ami Pierre-Louis Berthaud, rencontré du temps des Amis d’Occitania. Berthaud qui, félibre lui aussi et membre actif des Amis de la Langue d’Oc, devient majoral du Félibrige en 1947 et tente en 1952, après la mort du majoral et président des Amis de la Langue d’Oc Joseph Loubet, de soutenir la candidature au majoralat de Jean Lesaffre. Mais les sympathies occitanistes de Lesaffre lui coûtent son élection à un moment où les relations entre occitanisme et Félibrige sont particulièrement tendues ; événement qui occasionera une grande déception aussi bien à Berthaud qu’à Lesaffre, blessé de se voir rejeté par une association dans laquelle il a beaucoup œuvré et continue à œuvrer jusqu’à sa mort.

Par ailleurs, Jean Lesaffre participe très activement entre 1949 et 1951, aux côtés de Pierre-Louis Berthaud, à l’action en faveur de la loi Deixonne sur l’enseignement des langues et dialectes locaux, et c’est encore avec Berthaud qu’il publie des bibliographies de référence (La langue d’Oc dans nos écoles, 1953, puis la Bibliographie occitane dont il publie le volume 1943-1956 avec Berthaud, initiateur et principal auteur, avant de s’associer avec Irénée-Marcel Cluzel puis Jean-Marie Petit pour les volumes suivants).

Très actif jusqu’à sa mort, il continue, outre sa participation à la vie des associations, à donner des conférences et à écrire des articles, essentiellement pour Lo Gai Saber, revue de l’Escòla Occitana de Toulouse, et La France Latine.

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]]> - Archives de Jean Lesaffre

- BARTHES, Roger. « Jean Lesaffre (1907-1975) ». OC, n° 254, été 1976, p. 47-58

- CARRIÈRES, Marcel. « Jean Lesaffre ». Lo Gai Saber, n° 384, octobre 1976, p.535-538

- La France Latine, n° 64-65, pp. 1-27 (articles de Georges, Dezeuze, René Méjean, Ivan Gaussen, Marcel Decremps, témoignages, bibliographie).

- GRAU, Pierre. « Le Nouveau Languedoc : des corpos aux origines de l’occitanisme contemporain », VIIe Centenaire des Universités de l’Académie de Montpellier, Montpellier, Université Montpellier 1, 1992, pp.107-109

- LESPOUX, Yan. « Aux origines de la revendication occitaniste en faveur de l'enseignement de la langue d'oc : les propositions du Nouveau Languedoc et d'Occitania ». Lengas, n° 65, 2009, p. 29-48

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Identité

Formes référentielles

Bastard, Antoine de (forme référentielle française)

Eléments biographiques

Antoine de Bastard est né à Pau le 26 août 1911. Il fait des études de Lettres et Droit à l’université de Toulouse où il rejoint l’association de jeunesse occitane des Estudiants Ramondencs.

Fonctionnaire au Centre National du Commerce Extérieur en poste à Paris il y dirige la section parisienne de l’Escole Gastou Febus, école félibréenne béarnaise. Maître d’œuvre du Félibrige, il est aussi un membre actif des Amis de la Langue d’Oc, l’école félibréenne de Paris, dont il devient vice-président.

Comme beaucoup de militants de sa génération ayant œuvré au sein des Estudiants Ramondencs, du Nouveau Languedoc (association d’étudiants montpelliérains) et d’Occitania, organe de la jeunesse fédéraliste occitane, il est aussi occitaniste et membre de l’Institut d’Études Occitanes jusqu’à sa mort dans un accident de voiture en 1975.

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La France Latine, n° 63, 3ème trimestre 1975, p. 15-18

- SERÉ, Miquèu de. « Antony de Bastard », Reclams de Biarn e Gascougne, n° 5/6, 1975, p. 72-73.]]>
Pierre-Louis Berthaud  (Bordeaux, Gironde, 24 août 1899, Séry-Magneval, Oise, 8 août 1956), journaliste, homme politique, majoral du Félibrige (Cigale du Tarn), membre de l’Institut d’Études Occitanes (IEO), franc-maçon, cofondateur de la revue Occitania (1956).

Identité

Formes référentielles

Berthaud, Pierre-Louis (forme référentielle française)

Éléments biographiques

Fils d’instituteurs, il étudie à Bordeaux où il obtient une licence de Droit et Lettres. Mobilisé en tant que traducteur auprès des forces américaines en 1918, il est alors membre de la SFIO. Son ascension dans la fédération socialiste de la Gironde est d’ailleurs rapide puisqu’il assiste au congrès de Tours de 1920 en tant que délégué (bien que son mandat semble ne pas avoir été validé). Mais il se trouve éloigné de la vie militante pendant plusieurs années suite à un grave accident d’automobile auquel vient s’ajouter une tuberculose.

Proche du nouveau maire de Bordeaux, Adrien Marquet, il devient conservateur adjoint à la Bibliothèque municipale de Bordeaux en 1925 ; poste qu’il occupe jusqu’en 1928, année où il quitte son emploi suite à une brouille avec Marquet pour se lancer dans le journalisme en tant que secrétaire de rédaction du journal L’Avenir de la Vienne.

Il devient directeur de ce journal en 1929 et le quitte en 1932 après ce qui semble être une longue succession de brouilles qui le voient notamment accusé d’être un sympathisant de l’Action Française.

De retour en Gironde dans la maison familiale de Gaillan-en-Médoc, il tente de relancer sa carrière de journaliste en envoyant des articles à divers journaux et revues et essaie vainement de trouver une place au quotidien La Petite Gironde qui appartient au même consortium que L’Avenir de la Vienne

Il fait aussi là ses premiers pas dans la politique en tant que candidat. Après avoir vainement tenté en 1929 de monter une liste « républicaine d’intérêts municipaux » lors des élections municipales à Poitiers, il mène en tant que candidat républicain indépendant une liste pour les municipales de 1935 à Gaillan, terminant à la deuxième place, derrière la liste de droite et devant celle de gauche.

Il rejoint finalement Paris en 1937, époque à laquelle il démissionne de la franc-maçonnerie à laquelle il avait été initié à Bordeaux en mars 1927. C’est à cette époque, semble-t-il, qu’il se met à faire plus régulièrement des piges pour divers journaux. Marié en janvier 1939 à Juliette Dissel, il s’occupe à la même période de l’accueil des intellectuels catalans réfugiés qui sont hébergés à Roissy-en-Brie. Il devient par ailleurs directeur-gérant de la Revista de Catalunya pour les numéros édités en France en 1939-1940 et s’occupe du secrétariat de la Fondation Ramon Llull.

Il quitte Paris lors de l’exode en juin 1940 pour rejoindre le sud. On le retrouve à Vichy en octobre 1940. Il occupe alors un poste de rédacteur au ministère de l’Information du gouvernement de Vichy. Là, dès le début de 1941, il entre en contact avec les services anglais pour leur transmettre des informations, notamment les minutes de la commission d’armistice de Wiesbaden. Il devient membre du réseau de résistance Mithridate et est arrêté par la Gestapo le 21 janvier 1944 interné à Moulins puis à Compiègne avant d’être déporté à Dachau le 6 juin 1944.

De retour de déportation en mai 1945, son divorce ayant été prononcé pendant sa déportation, il se remarie avec Madeleine Castelain, rencontrée alors qu’ils travaillaient dans le même service du ministère de l’Information de Vichy. Il reprend rapidement ses activités de journaliste parlementaire et devient syndic de la presse parlementaire entre 1947 et 1949. Il assure par ailleurs le secrétariat du Comité international des anciens détenus de Dachau et représente à ce titre la France à la Commission internationale pour Service international de recherches sur les archives de la déportation conservées à Arolsen, ainsi que la vice-présidence de l’Amicale des Anciens de Dachau et la gérance et la direction de la revue de cette association.

Après un échec aux élections législatives de 1951 dans le Tarn où il s’est présenté sous l’étiquette RPF, il est désigné le 11 juillet 1952 par l’Assemblée nationale, conseiller de l’Union Française avec l’étiquette UFAS (gaulliste). Cette charge l’amène à présider la Commission de l’Information et à être délégué de l’assemblée auprès de l’UNESCO. Son action parlementaire trouve son point d’orgue lors du débat sur le traité instituant la Communauté Européenne de Défense contre laquelle il prend fait et cause en 1954. Il est toujours conseiller de l’Union Française lorsqu’il décède d’une crise cardiaque le 6 août 1956.

Engagements dans la renaissance d’oc

 Pierre-Louis Berthaud s’intéresse très tôt à la langue d’oc et devient peu à peu un militant actif. En contact avec la langue dès la prime enfance dans la maison familiale où vivent ses grand-parents à Gaillan, il dit avoir pris conscience à l’adolescence de l’unité de la langue d’oc lorsque, ayant acheté une brochure intitulée Poètes provençaux modernes, il se rendit compte que le parler de Gaillan était, à peu de choses près, celui utilisé par les félibres provençaux.

Dès le début des années 1920, il est en contact avec Ismaël Girard et, très certainement, abonné à Oc. Il faut sans doute voir en partie dans ce rapprochement l’intérêt qu’il développe alors pour la Catalogne à laquelle il consacrera de nombreux articles jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. C’est d’ailleurs cet intérêt qui l’amène à prendre contact au début des années 1930 avec Louis Alibert et l’abbé Joseph Salvat. En 1930, il participe aux fêtes du centenaire de Frédéric Mistral et est impressionné par Charles Maurras. C’est à la suite de ces fêtes qu’il va donner à Bordeaux et Poitiers des conférences consacrées au poète provençal, conférences réunies en 1931 dans une brochure intitulée Frédéric Mistral, la langue occitane et la latinité.

Curieux, sans cesse à la recherche de nouvelles informations il est abonné à la revue Calendau animée par Pierre Azéma et Léon Teissier, et se rapproche dès 1934 de la revue Occitania pour laquelle il écrit quelques articles en tant que correspondant pour la Gascogne. Intéressé par le projet politique que porte Occitania, il participe en décembre 1935 à Narbonne au congrès des Amis d’Occitania duquel sortira un « Programme occitaniste de base » à tendance fédéraliste. Lorsqu’il s’installe à Paris en 1937, il rentre rapidement en contact avec les Amis de la Langue d’Oc, l’école félibréenne parisienne, dont il devient vite un membre actif. C’est à ce moment-là qu’il se lie véritablement d’amitié avec Jean Lesaffre qui participe lui-aussi à l’aventure d’Occitania. C’est à ce titre de membre des Amis de la Langue d’Oc qu’il organise l’accueil des intellectuels catalans.

En 1939, il prend en charge depuis Paris l’édition d’un journal destiné aux soldats occitans sur le front. Ce sera Oc – titre que lui confie alors Ismaël Girard – édition de guerre qui paraît le temps de cinq numéros entre janvier et mai 1940.

Le fait d’avoir un emploi au ministère de l’Information à Vichy ne freine pas l’action militante de Pierre-Louis Berthaud. Il continue par exemple à gérer pour les Catalans la Revista de Catalunya et la Fondation Ramon Llull. C’est encore à Vichy qu’il crée en 1942 un Centre Permanent de Défense de la Langue d’Oc après avoir publié en 1941 dans la Revue Universelle ses "Réflexions sur l’enseignement de la langue d’oc". Ce Centre Permanent de Défense de la Langue d’Oc a toutefois une activité limitée puisqu’il est porté essentiellement par le seul Pierre-Louis Berthaud.

Celui-ci n’en est pas moins actif et s’implique notamment dans les vifs débats suscités dans la presse nationale et régionale par le décret Carcopino du 24 décembre 1942 qui autorise un enseignement facultatif des dialectes locaux. Toujours à Vichy, reprenant une idée de Max Rouquette du temps de la revue Occitania, il tente de créer un Office de Presse Occitane destiné à envoyer aux journaux nationaux et régionaux des articles sur la langue et les débats suscités autour d’elle. Là encore, l’échec est patent faute de pouvoir s’appuyer sur un collectif de militants susceptibles de prendre en charge une partie du travail.

C’est à cette époque, vraisemblablement depuis 1938-1939, que Pierre-Louis Berthaud travaille à une bibliographie occitane, mais ses fiches disparaissent après son arrestation par la Gestapo en janvier 1944. Il n’en arrive pas moins à publier en 1942 une Bibliographie gasconne du Bordelais.

De retour de déportation, il reprend son activité militante en faveur de la langue d’oc. Il réussit ainsi à faire publier en 1946 le premier volume de sa Bibliographie occitane (1919-1942). En 1947, il publie avec Jean Lesaffre un Guide des études occitanes. Cette même année, lors de la Sainte-Estelle de Périgueux, il est élu majoral du Félibrige, succédant avec la cigale du Tarn à Jean Charles-Brun, ce qui n’est pas sans éveiller quelques tensions au sein du Félibrige eu égard au fait que Pierre-Louis Berthaud est aussi proche de l’Institut d’Études Occitanes dont il intègre le conseil d’administration. Son investissement en faveur de la langue et de la culture catalanes ne se démentent pas non plus ; il participe en 1945 à la création à Paris de l'Institut Català d'Art i Cultura, et de la revue Presencia Catalana dont il deviendra directeur-gérant en 1948, année où il préside la commission organisatrice des Jocs Florals de la Llengua Catalana, de Paris.

C’est entre 1950 et 1951 qu’il s’investit dans ce qui apparaitra pour nombre de militants en faveur de la langue d’oc de cette époque comme son action la plus importante : en tant que fin connaisseur des mœurs parlementaires et délégué parisien du Cartel de Défense des Langues Régionales, il œuvre en coulisse auprès des députés, sénateurs et ministres en faveur du vote de la loi Deixonne sur l’enseignement des langues et dialectes locaux.

Pour autant, Pierre-Louis Berthaud n’abandonne pas ses travaux de recherche. Il travaille à un deuxième volume de la bibliographie occitane et profite de sa campagne électorale dans le Tarn en 1951 pour effectuer des recherches dans divers fonds d’archives et découvre ainsi la poétesse albigeoise Suzon de Terson (1657-1684). Le début des années 1950 est aussi le moment où les relations entre Pierre-Louis Berthaud et le Félibrige se tendent. Début 1952, avec l’abbé Joseph Salvat et Frédéric Mistral Neveu, il remet sur le tapis un sujet sensible en lançant auprès du Félibrige une démarche en vue de lever « l’indignité consistoriale » qui touche Charles Maurras depuis la Libération. En 1951, c’est grâce à lui que lors de la Sainte-Estelle d’Aurillac Pierre Rouquette est élu majoral contre Charles Rostaing. Cette élection fait ressurgir le conflit latent entre « Provençaux » et « Occitans ». L’année suivante, lors de la Sainte-Estelle de Clermont-l’Hérault, les trois candidats « occitans », Jean Lesaffre, Léon Cordes et Roger Barthe sont battus par des candidats « provençaux » après une intense campagne menée auprès du consistoire par des majoraux « provençaux » et Sully-André Pierre. Parrain de Jean Lesaffre qui se présentait au majoralat en hommage à Joseph Loubet dont la cigale était vacante après sa mort, Pierre-Louis Berthaud vit particulièrement mal ce camouflet. C’est en réaction à ce qu’il considère comme une machination qu’il démissionne en juin 1952 de son titre de majoral et qu’il publie une acerbe Letro au Capoulié sus lis eleicioun de Clarmount e l’anamen dóu Felibrige. Sa démission rejetée lors de la Sainte-Estelle de 1953, il demeure majoral mais a tôt fait de réserver son action militante à l’Institut d’Études Occitanes et de devenir un véritable trouble fête au sein du Félibrige en jouant notamment un rôle essentiel dans la mise en place d’une véritable contre-cérémonie pour célébrer les cent ans de l’association en 1954 en Avignon et en convaincant les ayant-droits de Théodore Aubanel d’éditer les œuvres du poète en graphie classique.

Bien qu’occupé par ailleurs par ses différentes activités, parlementaires ou au sein des associations d’anciens déportés, Pierre-Louis Berthaud consacre beaucoup d’énergie jusqu’à sa mort à l’Institut d’Études Occitanes au sein duquel il apparait comme un conseiller très influent. Son dernier projet est la reprise du titre Occitania avec Ismaël Girard. Les deux hommes, avec l’aide de Robert Lafont, entendent créer un journal d’information économique et culturelle destiné à sensibiliser les milieux d’affaires aux perspectives de développement des régions occitanes. Trois numéros paraissent en 1956 avant la mort de Pierre-Louis Berthaud. Le journal continuera à paraître sous l’autorité d’Ismaël Girard jusqu’en 1962.

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Un humaniste et un homme d’action, Pierre-Louis Berthaud (1899-1956). Paris, Les amis de la Langue d’Oc Paris, 1957 & Oc, n° 201-202, juillet-décembre 1956

- Notice biographique du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.

Fonds d'archives

- Fonds Pierre Azéma, Béziers, CIRDÒC (AZP07, AZP22)

- Fonds André J. Boussac, Béziers, CIRDÒC (BOU04)

- Fonds Robert Lafont, Béziers, CIRDÒC (LAF1954, LAF1955, LAF 1956, LAF06, LAF07, LAF61)

- Fonds Ismaël Girard, Béziers, CIRDÒC Fonds du Collège d’Occitanie (CQ003, CQ021, CQ311, CQ519)

- Fonds Joseph Salvat, Béziers, CIRDÒC, Fonds du Collège d’Occitanie (CP008bis)

- Fonds André Lebey, Paris, Office Universitaire de Recherches Socialistes (50 APO 9)

- Archives de Pierre-Louis Berthaud, Nanterre, Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine (F° delta rés 766)

- Archives départementales de la Gironde, Bordeaux (1 M 554) Dossier de parlementaire de Pierre-Louis Bertaud, Paris,

- Archives Nationales (C 16122) Dossier de résistant de Pierre-Louis Berthaud

- Service Historique de la Défense, Vincennes (16P53393)

- Archives du personnel du ministère de l’information de Vichy, Paris

- Archives Nationales (F41 7)

- Archives du Grand Orient de France, Paris]]>