le 6 décembre 1922 à Nîmes dans une famille ouvrière, père de culture protestante quoiqu’athée, mère catholique, instituteur adepte des techniques Freinet (dont il était un ami personnel), il grandit dans le quartier populaire de La Placette, peuplé d’artisans et de petits commerçants, il découvre l’occitanisme grâce à la rencontre d’Aimé Serre dans le cadre du mouvement Freinet. Son engagement occitaniste se déploie dans ses trois activités : pédagogue, écrivain et conteur.


Identité


Formes référentielles :

Georges Gros

 

Autres formes du nom :

Georges-Louis Gros

Jòrgi Gròs, Jòrgi Gros (forme occitane)

Éléments biographiques

Georges Gros est né à Nîmes le 6 décembre 1922, d’un père maçon – plâtrier – et d’une mère au foyer. Enfance et jeunesse se passent au cœur des quartiers de la Placette et des « pès descauç » (va-nu-pieds), peuplés d’artisans et de petits commerçants ; les lieux et les gens vont lui laisser les empreintes que l’on retrouve tout au long de son œuvre littéraire et de ses engagements. Ses cousins paysans gardois parlent occitan.

Par la volonté de sa mère, il fait toutes ses études jusqu’au baccalauréat (1941) au lycée Alphonse Daudet à Nîmes, chose rare dans les milieux populaires. Il s’y forge une solide culture qu’il ne cessera toute sa vie d’enrichir. Il apprend l’italien et l’allemand et se passionne pour la philosophie. Ainsi cite-t-il parmi ses lectures Lefebvre, Morin, Sartre, Levi-Strauss, Barthes, Kristeva, Foucault, Michel Serres. À propos des théoriciens du conte, il cite aussi Propp, Lacarrière, Vernant, Ecco… Son œuvre littéraire est nourrie de lectures diverses dont les allusions apparaissent souvent au fil des pages comme autant de clins d’œil.

Il épouse en 1941 Yvette- Marie Louise Roche, couturière, dont la mère est Auvergnate et ils ont deux filles Lise (1943) et Martine (1948). Les doubles racines de la montagne et de la Méditerranée rythmeront la vie et l’identité de la famille Gros-Roche…

Sa jeunesse est marquée par la guerre d’Espagne et la fréquentation des Auberges de jeunesse en compagnie d’amis de lycée dont certains rejoindront les FTP, l’écrivain occitan René Siol (mort en 2011), Jean Vallatte (assassiné par les nazis en 1944)...

En novembre 1941, alors qu’il n’a pas encore 20 ans et qu’il n’a pas de formation il est recruté comme instituteur suppléant et envoyé pour huit mois au Martinet, dans les Cévennes minières. Année difficile à l’issue de laquelle il confie avoir compris que ce métier serait le sien, ce que confirme une année de stage pédagogique en 1942. Affecté dans le cadre du STO à des fonctions administratives, il peut falsifier des fiches pour éviter le départ des soutiens de famille. Recherché, il est envoyé par son inspecteur en 1944 à Montagnac, à 23 km au nord de Nîmes où il découvre la pédagogie Freinet. Il n’évoquait jamais ces activités résistantes ni les années de guerre… modestie extrême certes et aussi souvenirs traumatiques.

En 1947, affecté à Vauvert, il y rencontre un autre instituteur – qui allait devenir plus tard professeur au lysée Dhuoda – l’écrivain occitan Aimé Serre, (auteur du roman d’inspiration autobiographique Bogres d’ases), grâce auquel il associe désormais pédagogie Freinet et occitanisme. Affecté à Brignon de 1952 à 1954, puis à Nîmes où il obtient un poste en janvier 1954 à l’École d’application du Mont Duplan, avec une équipe d’enseignants convaincus et passionnés d’éducation nouvelle, il poursuit son engagement dans la pédagogie Freinet : dans le cadre d’une équipe d’enseignants convaincus : journal scolaire, correspondance scolaire, imprimerie à l’école, travail individuel, expression libre, art enfantin, coopérative scolaire. Il devient en 1954 président du Groupe Gardois de l’Ecole Moderne. Les échanges et travaux d’enseignants se multiplient départementalement, nationalement et internationalement.

De 1964 à 1966, avec Aimé et Abeille Serre, il participe à des stages de formation des élèves instituteurs en Afrique. L’Afrique (Gabon, Tchad et Cameroun) est la source d’inspiration pour son roman Lo Batèu de pèira.

Revenu à Nîmes, il exerce en classe de transition, puis devient conseiller pédagogique au Collège Jules Verne (1969), avant de demander son affectation en 1973 dans la classe unique du quartier de la Planette, où résident ses amis Serre.

Il prend sa retraite de l’enseignement en 1978, ce qui lui permet de passer plus de temps à l’écriture et il reste très actif pratiquement jusqu’à son décès en 2018. Il est de toutes les manifestations syndicales et se considère comme un militant de gauche, sans cependant avoir jamais été membre d’aucun parti.

Engagements dans la renaissance d'oc


Des engagements et activités multiples

L’enfance de Georges Gros est nourrie d’occitan, pratiqué en famille et entre voisins, langue littéraire de Bigot, dont beaucoup de Nîmois aimaient à réciter les fables.

Avant sa rencontre avec Aimé Serre, qui le projette dans la reconquête de la langue et la culture occitanes, Georges Gros, même s’il avait commencé à écrire en occitan à partir de 1950, n’avait pas projeté cette culture occitane populaire dans un investissement conscient – pédagogique, artistique ou militant. À partir de cette prise de conscience, dans le cadre d’associations occitanistes comme de structures de l’éducation populaire à laquelle il était très attaché (Bibliothèque pédagogique Henri Gaillard, Comité de la Placette…), il fait vivre cette culture occitane dans des stages, conférences, émissions de radio et télévision. Il intervient également dans des établissements scolaires où il anime des ateliers d’écriture comme au Lycée Camargue (actuellement lycée Ernest Hemingway) pendant plusieurs années scolaires.

Habitant le quartier de Montaury, proche de la Placette et de son comité de quartier, il vit au cœur de lieux familiers, entouré de connaissances fidèles, où est vivante l’empreinte du poète Bigot. Dans le cadre de l’atelier occitan de Jean Journot et des ateliers MARPOC il donne des cours d’occitan pour adultes.

À la fin des années 1970, il est témoin des débats passionnés de l’IEO entre deux tendances qui s’en disputent la direction, la tendance « Alternative », regroupée autour de Robert Lafont et la tendance « IEO non dependent » autour d’Yves Rouquette. Les occitanistes nîmois se placent majoritairement dans le sillage de Robert Lafont. La défaite, deux années consécutives, 1980 et 1981, de la tendance « Alternative » – dont la participation de ses membres est refusée au sein du conseil d’administration – crée un traumatisme dans l’IEO. Une bonne partie des fidèles de Robert Lafont démissionnent et créent des structures alternatives dont la MARPOC, en 1980, à Nîmes. Georges Gros en est le vice-président. La MARPOC va organiser les Rencontres populaires occitanes, prenant le relais de l’ancienne Université occitane d’été, qui était organisée à Nîmes sous l’égide de l’IEO.

En 2007, MARPOC et IEO se retrouvent de nouveau unis ; le nom d’Université occitane d’été est repris et continue de nos jours, animée par une équipe sous la direction notamment de Georges Peladan. Georges Gros, sans jamais s’imposer, avec une modestie que l’on pourrait juger excessive, avec un souci permanent du dialogue, prête volontiers son concours à ces lieux de formation populaire qui ont pu réunir un temps des centaines de participants.

Georges Gros est aussi de toutes les grandes manifestations pour la langue, pour sa place à la télévision… mais il est bien sûr présent dans d’autres rassemblements comme ceux des années 1970 sur le Larzac.

Passionné par le conte, il crée l’association de conteurs « La voile et l’Ancre » avec sa fille Lise Gros et sa petite-fille Delphine Aguiléra et se réjouit de voir ses filles et ses petites-filles prendre le relais en devenant enseignantes d’occitan, conteuses, chanteuses ou écrivaines.

Un hommage lui a été rendu à Nîmes lors d’un colloque en juin 2007 intitulé Lo dich e l’escrich. Ce colloque a donné lieu à l’édition de l’ouvrage : Lo Dich e l’Escrich. Jòrgi Gròs, ensenhaire, militant, escrivan, contaire

L’œuvre littéraire

Georges Gros a construit à partir des années 1980 une œuvre essentiellement en prose – contes, nouvelles et romans – avec quelques textes poétiques dont certains écrits en vue d’une interprétation musicale (Delfina Aguilera, Groupe Osco, Groupe Masc, Rémi Salamon...). Tout en adoptant la graphie classique de l’occitan, il se réfère au parler du poète Nîmois Antoine Bigot, le provençal dans sa forme nîmoise, dont il a une totale maîtrise, et emploie une forme de langue riche et cohérente.

Il participe aussi à la création de la revue Mar e Mont, complétée par des éditions du même nom ; on peut voir dans ce titre le signe de son double attachement géographique (Nîmes et Auvergne) mais aussi les paysages doubles du Gard – où s’est passé l’essentiel de sa vie - que l’on retrouve dans ses contes. L’Auvergne, pays de son épouse, apparaît en particulier dans le roman Lei bugadièras blavas.

Si l’œuvre s’organise principalement autour de la ville de Nîmes et des garrigues environnantes, c’est une ville ouverte qu’elle donne à voir, à l’image de cette « Placeta », minuscule place populaire d’où s’échappent sept rues. Georges Gros réinvestit les lieux de tout un imaginaire issu de la tradition orale. À ces mythes traditionnels organisés autour de personnages comme la Romèca, qui hantait les puits des maisons, il associe la vie quotidienne de la ville, celle de son enfance dans des quartiers populaires, et la cité d’aujourd’hui, toute pétrie d’occitanité à travers ses toponymes, du Chemin des Anticailles à celui de Camplanier.

Cependant, l’œuvre de Georges Gros est tout sauf enfermée. Les séjours en Afrique lui ont inspiré le roman Lo Batèu de pèira, qui joue entre l’Afrique et Nîmes, lieu de départ et lieu de retour. Le bateau de pierre, c’était, dans l’imagination de l’enfant, le nom d’un immeuble familier, boulevard Jean-Jaurès, semblable à la proue d’un navire. Au fil des contes et romans, le monde est convoqué, dans son histoire comme dans son actualité, des résistants de « L’Affiche rouge » à ce jeune Palestinien, surpris malgré lui en pleine Intifada et protégé par un artisan… juif. Beau conte de Noël, qui n’ignore pas, cependant, l’épaisseur du réel. Quant au roman Ieu, Bancèl oficièr d’Empèri, c’est sur plusieurs moments d’histoire qu’il joue, à travers l’évocation des Camisards ou celle du communard Louis Rossel dont le deuxième personnage du roman, l’officier Le Hir, objecteur de conscience des années 80, croise le destin.

Les contes – dont une grande partie est encore inédite – sont peuplés de figures croisées dans une vie d’observateur aigu et empathique des choses et des êtres, souvent observés par lo Jorgeon, le petit Georges, figure de l’auteur-enfant, qui parcourt en liberté les rues de sa ville. Humbles vendeurs d’herbes sauvages, lavandières, enfants facétieux, marginaux souffre-douleur, gitans plus ou moins sédentarisés… l’œuvre abonde de ces figures dessinées en quelques traits expressifs.

Certains contes, expérimentés par le pédagogue, sont destinés aux enfants, mais beaucoup supposent un public adulte. L’auteur en a d’ailleurs établi un répertoire raisonné et les signale comme « philosophiques », « sociologiques », ou encore « satiriques ». Ce répertoire témoigne de la pratique d’écriture consciente qui est la sienne. En effet, le classement qu’il établit de ses contes, comme ses articles théoriques font montre d’une réflexion du plus haut niveau, inspirée de ses lectures d’ethnologie et d’anthropologie

C’est certainement la conjugaison entre l’humour, la spontanéité et l’humanité du conteur-pédagogue, son écoute du monde et des gens (l’occitan a un seul mot pour dire ces deux réalités : lo mond), sa maîtrise d’une langue riche, juste et variée dans ses tonalités, et la science critique de l’érudit, qui expliquent la qualité de cette œuvre.

Florian Vernet, autre pédagogue écrivain, concluait ainsi sa préface aux Contes de las garrigas nautas : « Ces trois contes, comme tous ceux qu’il a écrits au cours de sa vie valent aussi pour la langue, cet occitan de Provence si fluide, si élégant, si classique. Un des miracles des contes réussis, c’est ainsi de rendre accessible et sensible à tous la diversité, la beauté parfois tragique et la vertigineuse complexité du monde. ».

Bibliographie de l'oeuvre publiée en volumes

Nb. Un inventaire complet de l’œuvre, y compris les inédits a été publié dans le n° 1 de la Revue des Langues romanes, 2022, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée

Romans

Lo batèu de pèira, IEO « A tots », Toulouse, 1984.


Ieu, Bancel, oficièr d’Empèri / Moi, Bancel, officier d’Empire, traduction française par Aimat Serre, MARPOC / IEO 30, Toulouse, 1989.


Lei bugadièiras blavas : Cronicas d’una pantaissada, MARPOC « Mar e Mont », Nîmes, 2014.


Le bateau de pierre, traduction de Lise Gros, IEO, Puylaurens, 2020.


Contes

Lei còntes de la Placeta e dau Cors Nòu / Les contes de la Placette et du Cours Neuf, MARPOC « Vivre à Nîmes », Nîmes, 1982 ; 2ème édition L’Aucèu libre, Salinelles, 2019.


Còntes de la Planeta e dau Planàs, ROMEC, Nîmes, 1985.


Sornetas e cançonetas, CDDP - CRDP, Nîmes, 1989.


Lo pichòt trin, Calandreta nimesenca, Nîmes, 1993.


L’enfant bravonet, Calandreta nimesenca, Nîmes, 1995.


La paura Chacha, Calandreta Aimat Serre, Nîmes, 1995.


Michèu l’Ardit en avion, Calandreta Aimat Serre, Nîmes, 1995.


L’autra Arlatenca, in Colors, Lycée de la Camargue, Nîmes, 1997.


Còntes de la Fònt de Nimes, MARPOC « Mar e Mont », Nîmes, 1997.


Còntes de la garriga nauta / Contes de la haute garrigue, traduction par Marie-Jeanne Verny, CRDP, Montpellier, 2009.


Nouvelles

Paraulas pèr una ciutat, Lycée de la Camargue, Nîmes, 1995.


Contient : « Lo batèu de pèira » [extrait], « Lei Pòrtaclaus », « ZUP Nòrd » [Extrait de Ieu, Bancèl], « Charter », « Ciutat dau sòmi », « La Monaca blanca », « Lo lièch », « Vilaverda », « Fontblanca », « Fontnegra ».

Ai bèus jorns / Aux beaux jours, MARPOC « Mar e Mont », Nîmes, 2006.


Contient : « Gartenstrasse », « Es pas de creire », « Ai bèus jorns », « Nadau d’Intifada », « Lo Gèli gelat », « Retorn a l’infèrn », « Manitoba Dry », « Lo Moisset », « Un laüsert sus lo braç », « Lo sembla-aucèu », « La filha mauva », « Lo papet de Lotza ».

Ai ribas de la mar bèla / Sur les rives de la mer belle, IEO, Nîmes, 2009.


Contient : « La vela e l’ancora », « La pèira dau drac », « La dança de la Tarasca », « La Farfaneta », « Lei tres corrièrs deis Aigas Mòrtas », « La sòrre dei tretze vents », « L’ombra de l’engana », « L’òme qu’aviá pas enveja », « Lo chivau de mar », « Imatges dimenchaus », « Lei chucasang de Teba », « Lo còp de Samòta », « Lei Dieus de sabla », « Miègterrana ».

Poésies

Un jorn, un « ai ! qu ? » / Un jour, un haiku !, IEO Lengadòc, Béziers, 2012.


Bibliographie secondaire

Bastide, Bernard, « Les contes de la Placette et du Cours Neuf », Calades, n° 33, novembre 1982, p. 13.


Castan, Félix-Marcel, « Per saludar Jòrgi Gròs », L’Occitan, n° 100, 1992, p. 5.


Fourié, Jean, « Gros (Georges) », dans Dictionnaire des auteurs de langue d'oc de 1800 à nos jours, Aix-en-Provence, Félibrige, 2009.


Gros Lise, Peladan Jòrdi, Lo dich e l’escrich : Jòrgi Gròs, ensenhaire, militant, escrivan, contaire, actes del colloqui Total Festum, IEO Gard, Nimes, 2008.


Paul, Claudine, Georges Gros, écrits et discours occitans d’un pédagogue nîmois, mémoire de master 2, université Paul-Valéry, Montpellier III, 2006. Disponible également au CIRDOC.


Vielzeuf, Aimé, « Georges Gros », in Conteurs et poètes cévenols et gardois d’aujourd’hui, 1987, Librairie occitane de Salindres, p. 69-72.


Sitographie

Site del jornal Aquò d’aquí : Georges Gros présente Lei bugadièiras blavas. http://www.aquodaqui.info/Jorgi-Gros-presenta-sei-Bugadieirias-blavas-a-Nimes_a699.html


Site del Cep d’òc : Jòrgi Gròs raconte sa rencontre avec Prévert chez Célestin Freinet. http://www.aquodaqui.info/Jorgi-Gros-presenta-sei-Bugadieirias-blavas-a-Nimes_a699.html


Site del jornal Aquò d’aquí : Lo batèu de Pèira. aquodaqui.info/Lo-bateu-de-peira_a1564.html


Site d’Occitanica : Lo dich e l’escrich. occitanica.eu/items/show/19510


Site del CIRDOC Institut occitan de cultura : Hommage à Georges Gros. oc-cultura.eu/evenements/exposition-hommage-a-jorgi-gros


Site de L’eko des quartiers : Adieussiatz Jòrgi Gròs. ekodesquartiers.net/2018/02/19/adieussiatz-jorgi-gros/


Site del Jornalet : Nos a quitat lo grand pedagòg e escrivan Jòrgi Gròs. jornalet.com/nova/9474/nos-a-quitat-lo-grand-pedagog-e-escrivan-jorgi-gros/


Site del Diari : Silvan Chabaud : Lo dire e l’escriure, Jòrgi Gròs. lodiari.com/lo-dire-e-lescriure-jorgi-gros/

Verny, Marie-Jeanne, dir., « Georges Gros » in Mille ans de littérature d’oc, Université ouverte des Humanités / Université Paul-Valéry, 2016 : http://uoh.univ-montp3.fr/1000ans/?p=3314


Site de TèVéOC : www.teveoc.com : émissions « Lenga d’Òc », reportages sur Jòrgi Gròs, par exemple https://youtu.be/1QZog-PPTYQ et https://youtu.be/MdsVyptC_TU






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crédit photo : Georges Souche ]]>

Entretiens avec Georges Gros (2002 et 2009), le premier publié dans la revue Lenga e país d’oc, 41, le deuxième mis en ligne sur le site du CRDP de Montpellier. Ces deux entretiens ont été repris dans le n° 1 de la Revue des Langues romanes, 2022, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée ]]>
Etienne Coudert, né le 15 mai 1930 à Thiers dans le Puy de Dôme. Il est décédé le 3 février 2015 à Thiers. Il fut acteur et animateur incontournable de la défense et de la promotion de la langue occitane en Auvergne. Il fut administrateur de l’IEO départemental et délégué régional de l’IEO Auvergne dont il fut le vice-président. Il géra également le cercle occitan du pays thiernois Piaron Pinha. Il fut le co-fondateur de la revue Parlem vai-i qu’as paur dont il assura jusqu’à sa mort la pérennité.

Identité

Formes référentielles :

Etienne Coudert

Forme occitane :

Tiène Codert

Éléments biographiques

À l’âge de deux ans, sa famille s’installe dans le berceau paternel à Orléat où il suit l’école primaire.

Son père travaillait pour l’EDF, il relevait les compteurs électriques chez les particuliers, sa mère restait à domicile. Peut-être qu’en même temps ils faisaient des couteaux. Mais il a été marqué par son père qui aménageait le cimetière des Limandons à Thiers. À l’âge de 12 ans il poursuit ses études au cours complémentaire de Thiers et devient l’un des trois bacheliers du village. Il prépare alors le concours de l’école normale de Clermont-Ferrand où il a étudié de 1947 à 1951. Il a raconté tout cela dans ses chroniques de la revue auvergnate Parlem.

Il est nommé instituteur de classe unique (élèves de 5 à 15 ans) pendant dix ans dans la montagne d’Ambert à Saint-Amant-Roche-Savine où il est « chargé d’école » au Solier en 1951, puis dans celle d’Olloix de Saint-Nectaire à son retour de l’armée où il demeure de 1956 à 1960. Entre temps, il a épousé Louisette. Comme de nombreux instituteurs, il occupe dans ces communes la fonction de secrétaire de Mairie.

Dès l’Ecole Normale, il a demandé une spécialisation pour devenir enseignant en agriculture. Il était également passionné d’apiculture depuis l’âge de 14 ans. Il effectue sa formation au lycée de Neuvic en Corrèze. À son retour, avec Maurice Gachon, il expérimente et met en place des formations d’agriculteurs. Passionné d’arboriculture, il devient maître agricole puis professeur itinérant d’enseignement agricole dans plusieurs communes et lorsque les centres professionnels sont regroupés il devient directeur du centre de Lezoux. Il travaille alors beaucoup avec l’école d’agriculture de Marmilhat. Puis il est affecté comme professeur à l’école normale de Clermont.

Il a été militant du SGEN-CFDT, comme en témoigne Patrice Roques, membre comme lui de la Commission Nationale Langues et Cultures Opprimées de ce syndicat. Des comptes rendus de réunions ronéotés en témoignent.

Engagement dans la renaissance d'oc



Opposé à la guerre d’Algérie dès le début, il fait le choix de la bataille syndicale, politique (au sein du PSU) et culturelle. Il prend alors conscience de son identité d’Occitan dans les années 1960, avec cette guerre et avec les évènements de mai 68.
Il reprend ses études à l’âge de 40 ans dans les deux filières alverniste et occitane jusqu’à la licence à l’université de Clermont-Ferrand.
Il devient professeur d’occitan au collège de Lezoux et à l’Ecole Normale de Clermont avec les autres matières. Il a également interrogé au bac d’occitan, en particulier à Aurillac dans le Cantal.
Membre actif de l’Institut d’Estudis Occitans, au niveau local, départemental et régional, il met en place de nombreuses actions et valorise la culture notamment au travers des chansons thiernoises.
Professeur d’occitan, au niveau professionnel et associatif, il met son énergie à la valorisation de la langue à l’École Normale, au Lycée de Marmilhat et dans le secteur associatif à Thiers, Lempdes et Clermont-Ferrand. Il enseigne aussi les autres matières dont il était spécialiste.
Il a représenté plusieurs fois l’Auvergne dans des réunions de la FELCO – Fédération des enseignants de langue et culture d’oc – dans les années 1980-1990.
Il écrit dans les journaux et revues, Parlem comme écrivain et responsable de publication, dans le Montagnard, dans les journaux syndicaux universitaires, dans la Galipote et tient une rubrique hebdomadaire dans La Gazette de Thiers (entre mai 2004 et mars 2005).
Parallèlement il œuvre à une meilleure connaissance de la langue, au moyen de collectages auprès des anciens.

Publications

Collaboration à des ouvrages pédagogiques
  • Cours par correspondance d’occitan d’Auvergne (C.R.D.P de Clermont-Ferrand), de 1982/83 à 1987.

  • Bac Oc– Annales des épreuves d’occitan au Bac 1 et 2, dirigé par Andrieu Bianchi Agen. IEO Lot et Garonne, de 1987 à 1990.

  • Vocabulaire occitan d’Auvergne Velay, Jean Roux. Edition I.E.O. C.R.E.O. 1984 (4 auteurs).

  • Apprendre et vivre sa langue, Michel Tozzi. Ed Syros 1984.

  • Didonèlas per nòstre temps. Recueil de comptines. I.E.O Auvergne (1982) et traduction (1983)

  • Textes occitans pour les lycées, Jean-Claude Serres, I.E.O. 1984

  • Ieu parle occitan, version auvergnate, Parlar occitan Auvèrne-Velai + CD doble de la metòde (3e edicion 2001 Ostal del libre)

Collaboration à des périodiques et écrits littéraires 

  • Collaboration et direction de la revue Parlem, cercle culturel occitan, Piaron Pinha. Thiers, Articles « Cronicas de Varena e dau Liuradés ».

  • « Cronicas de la region bitòrza dins las ‘nadas 30 » A fònts mescadas. (8 auteurs) édité à son initiative. 1990. Edition A tots et I.E.O. Auvergne.

  • Éditoriaux en occitan dans le journal critique d’information auvergnate « La Galipote » Vertaizon, Puy de Dôme.

  • Collaboration en occitan à de nombreux journaux et publications de la région Auvergne depuis 25 ans.

  • Articles hebdomadaires dans La Gazette de Thiers, en 2004 et 2005.

  • Collaboration à L’almanach de l’Auvergnat 1996-2002. ed. CPE Romorantin.

Emissions de radio et télévision

  • Emission en occitan pendant 6 ans sur Radio locale Thiers, radio libre jusqu’en 1989. « Manca mas d’o dire » avec l’association Piaron Pinha.

  • Participation au « Magazine en oc » à FR3 Auvergne en 1983,1984,1985

Sources

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Frédéric Léonce Beaumadier, dit Léonce Beaumadier (1893-1980), est un folkloriste biterrois, spécialisé dans le collectage et l'étude des danses, des chants, des musiques et instruments traditionnels du Bas-Languedoc.


Identité 


Formes référentielles :

Beaumadier, Léonce (1893-1980)

Autres formes connues :

Beaumadier, Frédéric Léonce Clément (Forme complète d'état-civil)

Le chantre du hautbois (pseudonyme)

Éléments biographiques 

Frédéric Léonce Beaumadier, dit Léonce Beaumadier, est né à Béziers à la fin du XIXe siècle dans une famille bourgeoise. Ses parents, Numa et Philippine Beaumadier, sont boulangers avenue du Colonel d'Ornano ; ils orientent Léonce vers des études de pharmacie à Montpellier. Parallèlement, Léonce pratique la clarinette, le hautbois traditionnel, et assiste avant la Grande guerre à de nombreuses fêtes populaires.

Léonce Beaumadier avait entamé à l'Estudiantina de Béziers deux formations, de joueur de mandoline, et d'hautboïste classique, interrompues par son engagement volontaire en 1913, puis par la mobilisation d'août 1914. Nommé caporal au 119e régiment d'infanterie, il est gravement blessé par des éclats d'obus de 210 millimètres le 19 août 1915, puis il est victime d'un écrasement thoracique dû à l'effondrement de son poste avancé lors des batailles de l'Artois, à Neuville Saint-Vaast. Dès lors, Léonce Beaumadier doit renoncer prématurément à la pratique de la danse et surtout à celle du hautbois traditionnel du Bas-Languedoc pour lequel désormais le souffle lui manque. 

Après l'obtention de son diplôme d'herboriste, il devient droguiste et s'installe dans une pharmacie-droguerie-herboristerie au 33 rue Boëldieu, à Béziers, dès 1922. Il rencontre Marie-Louise Amalric, sa future femme, qui deviendra costumière des formations folkloriques dont Léonce Beaumadier sera le responsable à partir de 1937.

De leur mariage naissent deux fils, Philippe et Paul, tous deux prêtres dans le Biterrois. Le premier décède prématurément de la tuberculose à l'âge de 25 ans, tandis que Paul, ordonné prêtre à Sète puis à Béziers, assiste son père dans ses travaux de recherches et de sauvegarde du patrimoine immatériel bas-languedocien. Léonce Beaumadier mène une vie professionnelle discrète et confortable, ce qui lui permet détudier le folklore local, discipline nouvelle dans la France de l'Entre-deux guerres. Pendant l'Occupation, Léonce Beaumadier répond aux demandes d'organisation de spectacles folkloriques qui émanent de l'administration, mais également des prisonniers de guerre en Allemagne. À la Libération, Léonce Beaumadier reprend ses collectages, mais il contracte une maladie articulaire au niveau des mains et des doigts, ce qui le contraint à renoncer définitivement à toutes les pratiques instrumentales. 

Engagements dans le renaissance d’oc 

Après une jeunesse très studieuse, et une Grande guerre douloureuse, Léonce Beaumadier se découvre une passion quasi-obsessionnelle pour le hautbois traditionnel du Bas-Languedoc, pour les danses populaires de la région et pour leur collectage.
Avec Clardeluno (Jeanne Barthès), Auguste Domergue (dit Frigoulet de la Gardiolo) et Léon Cordes, Léonce Beaumadier est le co-fondateur, de L'Escolo Trencavel, école félibréenne au sein de laquelle il dirige une section de danses traditionnelles costumées à partir de 1937. La même année, dès la création de la revue Trencavel, il entreprend une grande enquête sur le folklore du Bas-Languedoc auprès des derniers pratiquants.

Devenu membre du Félibrige, distingué par une cigale d'argent en 1942 et discrètement récompensé aux Jeux floraux de Roussillon de 1960, Beaumadier entreprend la sauvegarde du folklore local menacé par l'industrialisation et l'exode rural. Il collecte et rédige, de 1937 à 1980, une masse colossale de notes manuscrites, et théorise l'évolution des principales danses, notamment celles du Chevalet et des Treilles. Il collectionne tous les ouvrages et toutes les revues qui traitent de culture régionale en langue d'oc.

Il procède également à l'enregistrement sonore sur bandes magnétiques des derniers ménétriers, et sauvegarde le répertoire traditionnel des frères Emilien et Edouard Briançon, de Michel Biau, de Léon Larose et de Pierre-Joseph Cavaillé dit Lo Gueil, dernier joueur de fifre d'une longue descendance à Vendres.

À la mort de Léonce Beaumadier, le fonds est dispersé entre les héritiers directs, l'Escolo Trencavel et le groupe folklorique local, les Jardinières de l'Orb. Une partie importante de ses notes a été déposée au musée du Biterrois par l'Escolo Trencavel dont il fut un temps le Capiscol. Aujourd'hui, le fonds Léonce Beaumadier est réuni dans son intégralité dans les locaux de l'association Farandole biterroise- Escolo Trencavel.

Bibliographie et Sources

Fonds d'archives Léonce Beaumadier, Farandole biterroise- Escolo Trencavel, Béziers.

Serge Boyer, Histoire des traditions populaires en Bas-Languedoc, Le Chameau malin, Béziers, 2019.

Revue Trencavel, Béziers, 1937-1943.

Collectages auprès de Mme Jeanne Tardieu, nièce de Léonce Beaumadier.
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Identitat 


Formas referencialas 


Beaumadier, Léonce (1893-1980)


Autras formas conegudas

Beaumadier, Frédéric Léonce Clément

Le chantre du hautbois (pseudonyme)

Elements biografics

Frédéric Léonce Beaumadier, dich Léonce Beaumadier, es nascut a Besièrs a la fin del sègle XIX, dins una familha borgesa. Sos parents, Numa e Felipina Beaumadier, son fornièrs a Besièrs, avenguda del Colonèl d'Ornano ; orientan lo jove Léonce cap a d'estudis de farmacia à Montpelhièr ; a costat, Léonce practica la clarineta, l'autbòi tradicional, e assistís abans la Granda guèrra a fèstas popularas.
Léonce Beaumadier aviá començat, a l'Estudiantina de Bésièrs, doas formacions : de jogaire de mandolina, e d'autbòi classic, arrestadas pr'amor de son engatjament volontari en 1913, puèi per la mobilizacion d'agost de 1914. Nomenat caporal dins lo 119en regiment d'infantariá, es grèvament nafrat per d'esclats d'obús de 210 milimètres lo 19 d’agost de 1915, puei es victima d'un espotiment toracic pr'amor de l'afondrament de son pòste avançat pendent las batèstas de l'Artois, à Neuville Saint-Vaast. D’ara en la, Léonce Beaumadier renóncia abans l'ora à la practica de las danças et subretot à la practica de l'autbòi tradicional del Lengadòc-Bas per lo qual l'alen li manca.
Aprèp la capitada de son diplòma d'erborista, se fa droguista e s'installa dins une farmaciá-droguariá-erboristariá al 33 de la carrièira Boëldieu, a Besièrs, en 1922. Rescontra lèu Maria-Loise Amalric, sa futura femna, que se farà tamben costumièira de las còlas folcloricas de Léonce Beaumadier, tre 1937.

D'aquel maridatge naisson dos enfants, Felip et Paul, totis dos curats dins lo Besierenc. Lo primièr defunta abans l'ora de la tisia à l'edat de 25 ans, mentre que Paul, ordenat preire a Cette puei a Besièrs, ajuda son paire dins lo trabalh de recercas et de salvagarda del patrimòni immaterial del Lengadòc-Bas. Léonce Beaumadier mena una vida professionala discrèta et confortabla, çò que li permet d'estudiar lo folclòre local, matèria novèla dins la França de las annadas 1930. Pendent l'Ocupacion, Léonce Beaumadier respond a las demandas d'organizacion d'espectacles folclorics que venon de l'administracion, mas tanben dels presonièrs de guèrra en Alemanha. A la Liberacion, Léonce Beaumadier recomença sos collectatges, mas aganta una malautiá articulara al nivèl de las mans e dels dets, e fin finala renóncia definitivament a practicar la musica tradicionala.

Engatjament dins la renaissença d’oc

Aprèp una joinessa estudiosa, e una Granda guèrra dolorosa, Léonce Beaumadier se trapa una passion quasiment obsessionala per l'autbòi tradicional del Lengadòc-Bas, per las danças popularas localas, e mai per lor collectatge.
Amb Clardeluno (Jeanna Barthès), Auguste Domergue (escaisnomat Frigoulet de la Gardiolo) e mai Leon Còrdas, Léonce Beaumadier es l'un de los fondadors de L'Escolo Trencavel, escòla felibrenca dins la quala mena una còla de danças tradicionalas en costum tre l'annada 1937. La meteissa annada, amb la creacion de sa revista en òc Trencavel, comença une granda enquista a prepaus del folclòr en Lengadòc-Bas alprèp dels darrièrs practicants.

Vengut membre del Felibritge, nomenat Mestre d'Òbra amb la cigala d'argent en 1942 e discrètament recompensat als jòcs florals de Rosselhon de 1960, Beaumadier entrepren la salvagarda del folclòr local menaçat per l'industrializacion e mai l'exòde rural. Collecta qué ? e escriu, entre 1937 e 1980, tot un molon de nòtas manuscritas, et teoriza la mudason de las principalas danças, subretot las del Chivalet et de las Trelhas. Collecciona totas las òbras et totas las revistas que parlan de cultura regionala en lenga d'òc.
Procedís tanben a la gravadura sus de bandas manheticas dels darrièrs sonaires, et salvagarda lo repertòri tradicional dels fraires Emilien e Edouard Briançon, de Michel Biau, de Léon Larose e de Pierre-Joseph Cavaillé, dich Lo Gueil, darrièr pifraire d'una longa descendéncia dins lo vilatge de Vendres.
A la mòrt de Léonce Beaumadier en 1980, lo fons es escampilhat entre les eiretièrs dirèctes, l'Escolo Trencavel e mai la còla folclorica locala, les Jardinières de l'Orb. Une partida importanta de sas nòtas foguèron depausadas al musèu del Besierenc per l'Escolo Trencavel, que Léonce Beaumadier ne foguèt un moment lo Capiscòl. Ara, lo fons Léonce Beaumadier es amassat dans sa totalitat dins la demòra de l'associacion Farandola biterrenca - Escolo Trencavel.



Bibliografia e ressorças 


Fons d'archius Léonce Beaumadier, Farandole biterroise- Escolo Trencavel, Besièrs.

Serge Boyer, Histoire des traditions populaires en Bas-Languedoc, Le Chameau malin, Béziers, 2019.

Revista Trencavel, Béziers, 1937-1943.

Collectatges alprèp de Dòna Jeanne Tardieu, neboda de Léonce Beaumadier.

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]]> Jules Eynaudi est un félibre niçois, fondateur de l'Armanac Nissart, auteur de pièces de théâtre et d'un dictionnaire au caractère encyclopédique.

Identité

Formes référentielles

Eynaudi, Jules (1871-1948)

Éléments biographiques

Jules Eynaudi est né le 6 mai 1871 dans le centre de Nice, la Vieille Ville. Il était le fils d'un tailleur lettré venu de Savillan, en Italie, et sa mère était du Comté de Nice. Le niçois se parlait naturellement autour de lui, dans la famille et avec les amis. Il entra comme typographe à l'imprimerie l'Éclaireur du Littoral à l'âge de quatorze ans. Il fit son service militaire en Corse et fut mobilisé pendant la guerre de 14.

En 1907, Eynaudi fut employé comme auxilliaire à la Bibliothèque Municipale de Nice.

Louis Cappatti (1886-1966), ami et collaborateur d'Eynaudi, décrit un homme "petit, élancé et vif, quoique badaud et d'une apparente nonchalance déhanchée, pipe aux lèvres, le feutre mou sur une oreille, l'ample lavallière nouée sous le menton, [...]" (CAPPATTI, 1937). Il semble qu'Eynaudi ait été un enfant puis un homme discret et modeste, ayant le goût du travail et de l'étude.

Il mourut à Nice en 1948.

Engagement dans la renaissance d'oc

Au moment où Eynaudi s'intéressait aux lettres et au particularisme de sa ville natale, le bassin niçois était traversé de conflits idéologiques territoriaux, toujours vifs après le rattachement de Nice à la France. Le rapport avec l'aire provençale en particulier se manifestait principalement dans une conception de voisinage, sans plus. Toutefois, des personnalités comme Joseph-Rosalinde Rancher (1785-1843), poète niçois d'expression occitane, avaient ouvert la voie du rapprochement avec les Provençaux, en particulier autour de la question de la langue.

En 1879, Antoine-Léandre Sardou (1803-1894, enseignant et érudit, niçois d'adoption mais provençal d'origine) fonda l'Escòla de Bellanda, avec Jean-Baptiste Calvino. La nouvelle école félibréenne s'occupa prioritairement de questions linguistiques : grammaire, lexique et réforme orthographique. Le niçois était alors généralement écrit sur le modèle orthographique italien. Sardou et Calvino recommandèrent la graphie mistralienne, adaptée aux particularités du niçois. L'école ne passa pas le cap du XIXème siècle et il fallut attendre 1927 pour voir naître une nouvelle école félibréenne, le Cairèu. Toutefois, une première pierre était posée qui permit à Eynaudi de continuer l'entreprise de renaissance niçoise en collaboration avec le Félibrige. Il devint mainteneur en 1902.

En 1903, il fonda l'Armanac Niçart, graphié Armanac Nissart à partir de 1928. La même année, il fut l'un des fondateurs principaux de l'Académie Rancher, qui devint en 1922 Lu Amic de Rancher. L'objectif de l'association n'était pas très différent de celui des écoles et revues félibréennes, et plus largement régionalistes : promotion de la langue et de la littérature niçoises, connaissance des traditions et de l'histoire locales.

Rancher représentait pour eux une figure paternelle du mouvement niçois. Ils lui vouaient une sorte de culte, faisant chaque année une visite de sa tombe, organisée par Eynaudi.

À peu près au même moment, le journaliste Henri Sappia (1833-1906) avait créé d'abord la revue Nice-Historique (1898) puis l'Acadèmia Nissarda (1904) qui rejoignait certains objectifs de l'association Rancher. Des passerelles se créèrent entre sociétés niçoises mais des tensions et désaccords nacquirent aussi. Eynaudi ne réussit pas même à réunir les propres collaborateurs de l'Armanac Nissart sur les questions graphique et félibréenne, malgré le soutien de Pierre Devoluy (qui demeura quelques années à Nice) et de Mistral lui-même. En 1922, il laissa la direction de la revue à Pierre Isnard, suivi  de Louis Cappatti.

En 1901, Eynaudi avait publié sa première pièce de théâtre, Lou Cagancio, qui fut représentée sur scène en 1902. Il se fit l'un des héritiers de François Guisol (1803-1874), auteur et acteur qui publia des chansons et pièces de théâtre en niçois. De nombreuses compagnies de théâtre dialectal et de représentations folkloriques suivirent le mouvement : la compagnie du Théâtre de Barba-Martin (dirigée par Gustav-Adolf Mossa, 1883-1971, peintre symboliste et dramaturge occitan) ; la Ciamada Nissarda, qui existe toujours ; les Nissardas ; et Francis Gag (pseudonyme de Francis Gagliolo, 1900-1988, dramaturge occitan). En parallèle de ses articles, contes, chansons et poésies parues en revue, Eynaudi fit publier et jouer d'autres pièces durant les années suivantes. Il cherchait son inspiration dans la vie citadine de la Vieille Ville.

Entre 1931 et 1939, il se consacra à la rédaction et à la publication de son Dictionnaire de la langue niçoise, co-écrit avec Louis Cappatti notamment pour la partie historique de l'ouvrage. Le dictionnaire avait une vocation encyclopédique, donnant autant que possible le vocabulaire en usage, avec les définitions en français, les expressions et locutions, les conjugaisons, des entrées sur la flore et le paysage locaux, les noms propres féminins et masculins, les noms de lieux et les surnoms des habitants, des recettes de cuisine, des données historiques et etnologiques, etc. Les entrées sont parfois accompagnées d'extraits littéraires. Certaines sont signées par des collaborateurs autres qu'Eynaudi et Cappatti. Le dictionnaire fut rédigé en graphie mistralienne. Eynaudi était un félibre convaincu, pourtant le dictionnaire est très nuancé sur la question du Félibrige. Mistral n'apparaît pas dans les entrées et l'entrée Félibrige fut rédigée per Cappatti, qui faisait partie des sceptiques. Si dans la majorité des aires occitanes des groupes félibréens cohérents se créèrent (en parallèle d'autres groupes dits régionalistes), avec toujours une admiration affichée pour Mistral et le Félibrige, les Niçois conservèrent une certaine distance, malgré quelques enthousiastes, dûe à leurs rapports avec la Provence.

Le dictionnaire fut publié en fascicules, jusqu'à la lettre "p". La suite était restée à l'état de manuscrit. Une édition complète est parue en 2009, grâce à l'Acadèmia Nissarda avec une introduction de Remy Gasiglia (enseignant-chercheur à l'université de Nice Sophia Antipolis).

Eynaudi collabora à plusieurs revues et journaux : les Annales du Comté de Nice, l'Armanac Nissart, L'Éclaireur de Nice et du Sud-Est, L'Éclaireur du Soir, L'Éclaireur du Dimanche, L'Essor Niçois, Nice Historique, le Phare du Littoral, La Pignata, et probablement d'autres encore.

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Jules Eynaudi es un felibre niçard, fondator de l'Armanac Nissart, autor de pèças de teatre e d'un diccionari del caractèr enciclopedic.

Identitat

Formas referencialas 

Eynaudi, Jules (1871-1948)

Elements biografics

Jules Eynaudi es nascut lo 6 de mai de 1871 dins lo centre de Niça, la Vièlha Vila. Èra filh d'un sartre letrat vengut de Savian, oltre-mont, e sa maire èra del Comtat de Niça. Lo niçard se parlava naturalament a l'entorn d'el, dins la familha e amb los amics. Dintrèt coma tipograf a l'estampariá l'Éclaireur du Littoral a l'atge de quatòrze ans. Faguèt son servici militar en Corsega e foguèt mobilizat pendent la guèrra de 14.

En 1907, Eynaudi foguèt emplegat coma auxiliari a la Bibliotèca Municipala de Niça.

Louis Cappatti (1886-1966), amic e collaborator d'Eynaudi, descriu un òme "pichon, prim e viu, encara que badaire e d'una aparenta indoléncia, desancat, pipa als pòts, lo feutre sus l'aurelha, l'ampla lavalièra nosada jol menton, [...]" (CAPPATTI, 1937). Sembla qu'Eynaudi foguèt un enfant puèi un òme discret e modèst, amb lo gost del trabalh e de l'estudi.

Moriguèt a Niça en 1948.

Engatjament dins la renaissença d'oc

Al moment qu'Eynaudi s'interessava a las letras e al particularisme de sa vila natala, lo baçin niçard èra traversat pels conflictes ideologics territorials, totjorn vius aprèp lo restacament de Niça a França. Lo rapòrt amb l'airal provençal en particular se manifestava mai que mai dins una concepcion de vesinatge, pas mai. Pasmens, de personalitats coma Joseph-Rosalinde Rancher (1785-1843), poèta niçard d'expression occitana, avián dubèrta la dralha del raprochament amb los Provençals, en particular a l'entorn de la question de la lenga.

En 1879, Antoine-Léandre Sardou (1803-1894, ensenhaire e erudit, niçard d'adopcion mas provençal d'origina) fondèt l'Escòla de Bellanda, amb Jean-Baptiste Calvino. L'escòla felibrenca novèla s'entrevèt prioritàriament de questions linguisticas : gramatica, lexic e reforma ortografica. Lo niçard èra alara generalament escrich sul modèl ortografic italian. Sardou e Calvino recomandèron la grafia mistralenca, adaptada a las particularitats niçardas. L'escòla passèt pas lo cap del sègle XIX e calguèt esperar 1927 per veire nàisser una novèla escòla felibrenca, lo Cairèu. Pasmens, una primièra pèira èra pausada que permetèt a Eynaudi de contunhar l'entrepresa de renaissença niçarda en collaboracion amb lo Felibritge. Venguèt manteneire en 1902.

En 1903, fondèt l'Armanac Niçart, grafiat Armanac Nissart a partir de 1928. La meteissa annada foguèt un dels fondators màgers de l'Acadèmia Rancher, que venguèt en 1922 Lu Amic de Rancher. L'objectiu de l'associacion èra pas gaire diferent de lo de las escòlas e revistas felibrencas, e mai largament regionalistas : promocion de la lenga e de la literatura niçardas, coneissença de las tradicions e de l'istòria localas.

Rancher representava per eles una figura pairala del movement niçard. Li vodavan una mena de culte, fasent cada annada una visita de sa tomba, organizada per Eynaudi.

A pauc près al meteis moment, lo jornalista Henri Sappia (1833-1906) aviá creat primièr la revista Nice-Historique (1898) puèi l'Acadèmia Nissarda (1904) que rejonhiá d'unes objectius de l'associacion Rancher. De palancas se creèron entre societats niçardas mas de tensions e desacòrdis naissèron tanben. Eynaudi capitèt pas d'unir ni manca los pròpris collaborators de l'Armanac Nissart sus las questions grafica e felibrenca, malgrat lo sosten de Pierre Devoluy (que demorèt d'unas annadas a Niça) e del quite Mistral. En 1922, daissèt la direccion de la revista a Pierre Isnard, seguit de Louis Cappatti.

En 1901, Eynaudi aviá publicat sa primièra pèça de teatre, Lou Cagancio, que foguèt representada sus scèna en 1902. Se faguèt un eiretièr de François Guisol (1803-1874), autor e actor que publiquèt de cançons e pèças de teatre en niçard. Mantuna companhiá de teatre dialectal e de representacions folcloricas seguiguèron lo movement : la companhiá del Teatre de Barba-Martin (menada per Gustav-Adolf Mossa, 1883-1971, pintre simbolista e dramaturga occitan) ; la Ciamada Nissarda, qu'existís totjorn ; las Nissardas ; e Francis Gag (pseudonim de Francis Gagliolo, 1900-1988, dramaturga occitan). En parallèl de sos articles, contes, cançons e poesias pareguts en revista, Eynaudi faguèt publicar e jogar d'autras pèças dins las annadas seguentas. Cercava son inspiracion dins la vida ciutadana de la Vièlha Vila.

Entre 1931 e 1939, se consacrèt a la redaccion e publicacion de son Dictionnaire de la langue niçoise, amb Louis Cappatti per la partida istorica de l'obratge. Lo diccionari aviá una vocacion enciclopedica, donant tant coma possible lo vocabulari en usatge, amb las definicions en francés, las expressions e locucions, las conjugasons, d'entradas sus la flòra e lo païsatge locals, los noms pròpris femenins e masculins, los noms de luòcs e los escais-noms dels estatjants, de recèptas de cosina, de donadas istoricas e etnologicas, etc. Las entradas son per còps acompanhadas d'extraches literaris. D'unas son signadas per de collaborators autres qu'Eynaudi e Cappatti. Lo diccionari foguèt redigit en grafia mistralenca. Eynaudi èra un felibre convinçut, pasmens lo diccionari es fòrça nuançat sus la question del Felibritge. Mistral aparéis pas dins las entradas e l'entrada Felibritge foguèt redigida per Cappatti, que fasiá partida dels sceptics. Se dins la màger part dels airals occitans de grops felibrencs coërents se creèron (en parallèl d'autres grops diches regionalistas), amb totjorn una admiracion afichada per Mistral e lo Felibritge, los Niçards mantenèron una cèrta distància, malgrat d'unes entosiastes, deguda a lors rapòrts amb Provença.

Lo diccionari foguèt publicat en fascicles, fins a la letra "p". Lo demai èra demorat a l'estat de manescrich. Una edicion completa es pareguda en 2009, deguda a l'Acadèmia Nissarda amb una introduccion de Remy Gasiglia (ensenhaire-cercaire a l'universitat de Niça Sophia Antipolis).

Eynaudi collaborèt a mantuna revista e jornal : las Annales du Comté de Nice, l'Armanac Nissart, L'Éclaireur de Nice et du Sud-Est, L'Éclaireur du Soir, L'Éclaireur du Dimanche, L'Essor Niçois, Nice Historique, lo Phare du Littoral, La Pignata, e probablament d'autres encara.

Bibliografia de l'autor

Lou Cagancio, Nice, Imprimerie des Alpes-Maritimes, 1900 ;

Lou dialète niçard, Nice, Imprimerie des Alpes-Maritimes, 1903 ;

Lou Terno, Nice, Imprimerie des Alpes-Maritimes, 1905 ;

Misé Pounchoun, Nice, Imprimerie des Alpes-Maritimes, 1910 ;

Lou retour de Pierrot, [s.l.], [s.n.], [1922] ;

Una bouona plaça, Nice, Imprimerie de l'Éclaireur de Nice, 1924 ;

Dapè dou fougueiroun, Nice, l'Éclaireur de Nice, 1926 ;

EYNAUDI Jules et CAPPATTI Louis, Dictionnaire de la langue niçoise, Nice, Acadèmia Nissarda, 2009.

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]]> https://vidas.occitanica.eu/files/original/7b42ab062857196f445b068f1473e397.jpg]]> Véser la ressorsa en linha sul site del CIELDOC

- WALLIS PADOVANI Jean, "Jules Eynaudi" dins L'Éclaireur du dimanche et "La vie pratique, Courrier des étrangers", 4 d'octòbre 1925, p. 8. Véser la ressorsa en linha sus Gallica.

- GIORDAN Joseph, "Le rattachement de Nice au mouvement littéraire provençal", conferéncia del 14 de març de 1936, dins Annales de la Société des Lettres, Sciences et Arts des Alpes-Maritimes, 1936, pp. 61-72. Véser la ressorsa en linha sus Gallica.

- L'Armanac Nissart. Véser los numeros disponibles en linha sus Occitanica.]]>
Louis Delluc, écrivain en français et en langue d’oc, a laissé une œuvre considérable qui a enrichi d’une manière originale la littérature d’Occitanie : par son métier d’instituteur il a écrit pour les jeunes, et il a même fait une plus grande œuvre pédagogique en aidant les collègues, qui avaient chevillée au cœur l’envie de ne pas laisser tomber la langue d’oc dans les limbes où elle avait été expédiée, après le rapport sur l’état de la langue française présenté par l’abbé Grégoire a la Convention Nationale le 4 juin 1794.

Pour cela, Delluc collabora aux éditions pédagogiques Bourrelier qui sont spécialisées dans la conception et la distribution de matériel éducatif de qualité.

Identité

Formes référentielles

Delluc, Louis (1894-1974)

Autres formes connues

- Delluc, Loïs (forme occitane du nom)

Éléments biographiques

Louis Delluc naquit le 21 août 1894 aux Chambeaux, village de la commune d’Alles-sur-Dordogne. Son père, Jean, qui signa son acte de naissance, avait fait des études sérieuses mais, comme le frère aîné resté à la ferme mourut, Jean dut aider sa famille tout en exerçant le métier de contrôleur des tabacs pour la Régie. Le grand-père avait aussi signé l’acte de mariage de Jean avec Marguerite Besse : la famille Delluc était alphabétisée. Dans les années 1900, ils partirent habiter au Treillac, toujours dans la commune d’Alles-sur-Dordogne, pas loin du fleuve et près de la gare, ce qui aida Louis dans ses déplacements : en effet, après l’école communale, il alla à l’École Supérieure de Belvès où il passa le concours d’entrée a l’Ecole Normale, voie directe pour le métier d’instituteur. Il partit à la guerre en 1914, volontaire au 5e Régiment de Tirailleurs Algériens. Il fut blessé et il en sortit avec une horreur de la guerre qui lui fit refuser la médaille militaire. Il dut partir en convalescence à la caserne Miollis à Aix-en-Provence et ce séjour lui donna l’occasion de connaître Léon Aimard, un avocat à la Cour, dont il devint secrétaire. Cet homme était félibre et il lui ouvrit les portes du Félibrige provençal et de l’œuvre de Frédéric Mistral, qui devait lui rappeler le langage de sa région natale. Il faut peut-être chercher ici son goût futur pour l’écriture en langue d’oc.

À la fin de sa convalescence, en 1917, il se maria avec Lucie Madeleine Rebière, elle-même institutrice, qu’il avait connue quand il était dans son premier poste à Monpazier. Puis, après une année à l’école de Tamniès, en 1926, ils furent nommés à Saint-Vincent de Cosse et ils y restèrent tous deux enseignants pendant vingt-cinq ans. A la retraite, ils s’installèrent dans la commune voisine de Beynac, où Louis plaça l’histoire d’un des personnages de son roman, Tibal lo Garrèl.
Aujourd’hui la rue où il habitait porte le nom de son œuvre principale « Rue Tibal lo garrel roman de Louis Delluc ».

L’œuvre de Delluc comprend aussi des travaux en français. Louis Delluc commença donc par écrire des romans pour la jeunesse en français, dont Le mousse de la Niña, sur l’épopée de Christophe Colomb, qui obtint le prix « jeunesse », puis Des caravelles autour du monde, sur le voyage de la « Victoria » de Magellan, engagée pour le premier tour du monde. Jeunes princes captifs, en 1958, racontait la vie des deux fils du roi François Premier qui restèrent prisonniers en Castille. Puis il fit publier des romans traduits de l’espagnol : Olivier de Castille, adapté d’un roman de chevalerie espagnol ; Le destin de Paquito, récit de la jeunesse aventureuse et tragique de Cervantès ; Par la plume ou par l’épée, roman d’aventure où il s’inspire aussi de la jeunesse du « manchot de Lépante » ; L’enfance d’une reine, qui est l’histoire d’Elisabeth de France, fille d’Henri IV et de Marie de Médicis, devenue reine d’Espagne, et dont la fille Marie-Thérèse fut mariée à son cousin Louis XIV. Ces romans furent édités par les éditions Bourrelier qui étaient en ces années-là, et qui sont toujours, un des principaux éditeurs pédagogiques. Michel Bourrelier1 leur fondateur, est connu pour l’intérêt qu’il porte aux méthodes actives et à la littérature pour la jeunesse. Ce fut une belle marque de reconnaissance pour Delluc.

On doit encore à Louis Delluc le livre Partis d’Argentat, écrit en français, qui est une évocation de la vie de ceux qui faisaient la descente du fleuve Dordogne depuis l’Auvergne au temps de la batellerie. On peut aisément imaginer le garçonnet Louis du village des Chambeaux proche de la « Grande Eau » comme on appelait la Dordogne, rêvant en voyant passer les gabarres pleines de marchandises qui naviguaient vers le port exotique et fourmillant de Bordeaux.

Louis Delluc fit toutes sortes de recherches pour écrire la monographie du village où il était instituteur et directeur d’école. La mode venait de l’Exposition Universelle de 1900 à Paris. Le Ministère de l’Instruction Publique avait demandé à chaque instituteur d’écrire une monographie pour faire connaître l’histoire de son village. L’exposition de monographies réussit tant que ces recherches locales continuèrent d’être publiées.

Delluc mourut le 12 septembre 1974 sans que sa monographie de Saint-Vincent de Cosse soit publiée, nul ne sait pourquoi. Il avait fini sa vie chez sa fille adoptive à Eysines, Gironde (Sa femme était morte en 1968.) Il fut porté au cimetière de Beynac, village dont il disait que « truco [sic] los cels clars » [Il est au contact des cieux clairs]. À Alles où il était né, la place du village porte son nom depuis le 10 janvier 2009. L’homonymie avec Louis Delluc son cousin (1890-1924), né à Cadouin près d’Alles, le spécialiste de cinéma, qui était aussi romancier et journaliste, lui porte tort parce qu’elle prête à confusion dans les recherches.

Engagement dans la renaissance d'oc

De 1926 à 1966 Louis Delluc publia des articles dans Lou Bornat et dans Òc, il écrivit des poésies dont une de cinquante vers sur l’histoire du Périgord : « A la glorio del Périgord », parue dans le journal La lampe édité au Coux-et-Bigaroque par J-A Grafeille. Elle obtint le premier prix aux Jasmin d’argent de 1926 avec le commentaire : « C’est simplement un chef-d’œuvre ».

Une autre poésie, « La gabarra embullada », obtint le prix « Eglantine d’Argent » destiné à une poésie sur un sujet donné par l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse. Il devint mainteneur et maître d’œuvre du Félibrige en 1928, secrétaire du Bornat, qui est l’école félibréenne du Périgord, cigale d’argent maître en gai savoir en 1930, puis vice-président du 17 janvier 1954 à son décès. Une particularité est à noter : toujours actif mais l’âge rendant ses déplacements difficiles, il fut nommé président d’honneur du Bornat en 1970 cela bien qu’il n’ait jamais été président 2.

En 1958, il publia Tibal lo Garrèl et on voit qu’il a adopté l’orthographe classique de l’occitan. Louis Alibert avait sorti sa Gramatica en 1935, outil pédagogique majeur qui aidait à mettre l’écrit en conformité avec une norme panoccitane. Louis Delluc comprit vite la nécessité de normaliser orthographiquement la langue d’oc pour assurer sa crédibilité, et l’élever au niveau de toute autre langue avec ses règles et pourquoi pas, un jour ses diplômes. Il fut décoré de la cravate de Commandeur des Palmes Académiques à la dixième journée d’études occitanes du Périgord organisée par Lou Bornat avec le Mouvement Laïc des cultures régionales, et la Ligue de l’Enseignement.

La première édition de Tibal lo Garrèl fut faite en version bilingue occitan-français par les éditions Aubanel en 1958. Comme l’écrit l’auteur, « ce récit du temps des Huguenots je l’ai écrit pour les jeunes des pays d’oc. » Il présenta l’œuvre au prix Aubanel (prose) en 1958, mais pour cela il lui fallut respecter les contraintes d’un récit court. Il l’obtint, avec 57 points, contre 53 points à Verd paradís de Max Rouquette. Il fut honoré de voir l’ensemble Tibal lo Garrèl publié en catalan à Barcelone en 1963, à la demande du romancier et éditeur Joan Sales pour fêter le 750e anniversaire de la bataille de Muret, dont le dénouement fut peut-être un évènement désastreux pour ce qu’aurait pu être l’avenir de l’Occitanie, avec la mort de Pierre d’Aragon allié du comte de Toulouse, et la réussite de Simon de Monfort. Joan Sales avait choisi ce roman de Delluc parce qu’il trouvait qu’au XVIe siècle, avec les luttes entre papistes et huguenots, le Périgord avait souffert d’évènements religieux de même nature que le reste de l’Occitanie au temps des luttes des croisés contre les cathares3. Joan Sales voulait que se crée en Catalogne « una novelistica viva en lenga occitana», propos justifié par la remarque dans sa préface, que «la immigracion massiva d’Occitans a Catalonha fuguèt un fenomen social de grand volum pendent las guèrras de religion ; aquels emigrants èran venguts s’installar dins una region ont restava lo sovenir de l’epòca que se parlava la meteissa lenga d’un costat e de l’autre de Pirenèus. » [l’immigration massive d’Occitans en catalogne fut un phénomène de grande ampleur pendant les guerres de religion ; ces émigrants étaient venus s’installer dans une région où il restait le souvenir de l’époque où on parlait la même langue de part et d’autre des Pyrénées.]

En 1968, les éditions « Lo libre occitan » publièrent Tibal lo Garrèl en entier, mais seulement en occitan. Ce fut une découverte pour les jeunes occitans du Périgord. De longues années passèrent avant que ne sorte la quatrième édition du roman qui avait été vite épuisé : d’abord une première partie en 2000 par l’éditeur « L’Hydre » de Castelnaud, qui l’appela L’arma que sagna. Elle se terminait un peu brièvement, avec la phrase « M’èri tirat, enfin, de ma primièra, de ma terribla espròva. Una autra vita anava començar. » [Je m’étais tiré, enfin, de ma première, de ma terrible épreuve. Une autre vie allait commencer]. Ceci pour dire que l’auteur avait prévu une seconde partie qui justifiait ce choix éditorial. La seconde partie sortit seulement en 2008 avec le sous-titre E la carn que patís, mais avec un autre éditeur, « Mémoire et traditions en Périgord » d’Alles-sur-Dordogne (24480), avec une préface de l’écrivain Jean Ganiayre et un avertissement de Gérard Marty, président de l’association.

D’une manière générale, Louis Delluc trouvait son inspiration dans la nature autour de lui, dans l’histoire de sa province et dans celle de l’Espagne où il aimait séjourner souvent. Il montrait une prédilection pour le XVIe siècle.

Louis Delluc fonda dans les années 1958 le groupe folklorique Lo Grel qui réunissait jeunes et vieux de la commune de Saint-Vincent de Cosse. Il obtint un premier prix au concours organisé à Périgueux par la Fédération des Œuvres Laïques et un autre au concours régional de Biarritz. Il s’investissait complètement dans l’animation culturelle et plus précisément dans la réhabilitation de la langue d’oc. Dans son travail, il suivait la même ligne. Il faut rappeler qu’à l’époque où il commença d’écrire son œuvre, ses élèves n’entendaient que la langue d’oc dans le quotidien de leur vie : les berceuses de leurs mères, les contes de leurs grands-mères, les gens sur le marché, etc… Le français qu’ils découvraient à l’école était pour eux une langue aussi étrangère que l’anglais ou l’espagnol pour nous. « Le mérite des instituteurs de la IIIe République en est d’autant plus grand que beaucoup d’entre les écoliers décrochaient le certificat d’études ! » dit Michel Chadeuil dans la préface de Fabletas per enfants del país d’òc, éditées en 2004 par Lo bornat del Perigòrd/Novelum.

Ce n’était pas habituel de s’occuper de la langue d’oc cette époque, au contraire dans la majorité des écoles primaires les écoliers se faisaient taper sur les doigts ou punir si un seul mot de la langue « méprisée » leur échappait. L’instituteur de Saint-Vincent, lui, se servait des conjugaisons occitanes pour mieux faire comprendre le verbe « être » ou le verbe « avoir » aux élèves, comme on peut entendre dans le CD Souvenirs d’élèves de Mr et Mme Louis Delluc, propos recueillis par David Dorrance à Saint-Vincent de Cosse les 21/22 juin 1997 (mp3) auprès de Mr et Mme Louveau (née en 1935) et de Mme Moulinier et Mr (né en 1937) :

« En pédagogie, on ne réussit pas si on ne part pas de données connues, dit un de leurs anciens élèves. Ils enseignaient l’Instruction civique. Chaque matin une phrase de morale en haut du tableau était commentée, ça durait environ dix minutes »
et d’ajouter :
« Pendant qu’il (Mr Delluc) nous donnait des exercices à faire il écrivait des poésies en occitan ! »

En qualité d’instituteur qui préparait ses écoliers au certificat d’études, et qui devait leur enseigner l’histoire de France, Louis Delluc savait ce qui pouvait leur plaire, et en temps que militant pour le renouveau de la langue occitane, il leur écrivit un texte à leur mesure, Tibal lo Garrèl, en espérant leur donner le goût de parler la langue. Ce texte contait les aventures d’un garçon de leur âge, avec les mêmes préoccupations, malheurs ou bonheurs, ses apprentissages et ses premières émotions. Ainsi se lit le volontarisme de l’auteur quant au choix de l’occitan. Ce choix est implicite, mais il saute aux yeux.

Il écrivit aussi des fablettes pour les enfants du cours élémentaire (sa femme enseignait à ce niveau), il connaissait la valeur pédagogique de la fable, et les préfaciers de la première édition en 1958 disent :
« Par chance, il ne fit pas une adaptation occitane de plus de La Fontaine ou de Florian. Il créa, et prit ses protagonistes au plus près de la vie quotidienne, dans la maison, dans le pré, devant la porte… Son but avait toujours été d’enseigner. C’était le temps où quelques enseignants entêtés prenaient le sentier étroit ouvert par la récente loi Deixonne pour faire rentrer un peu d’occitan dans les écoles. »

Tibal lo Garrèl fut considéré comme le premier roman occitan écrit en Périgord, un grand évènement. En effet, jusque là, on pouvait y lire et jouer en langue d’oc, des pièces de théâtre, chanter des chansons, lire des poèmes, mais pas de romans. Les faits historiques, sous la trame romanesque, sont vrais et souvent relevés dans les chroniques d’un historien reconnu, le chanoine Jean Tarde. L’atmosphère rude du XVIe siècle en Périgord, la misère dont il souffre (impôts de toutes sortes, intempéries qui anéantissaient les récoltes et menaient à la famine, luttes religieuses entre catholiques et huguenots, incursions de la soldatesque) est décrite sans pathos, malgré les apparences. Il suffit de lire les livres d’Yves-Marie Bercé et les comptes-rendus des subdélégués de Sarlat à la généralité de Guyenne. Louis Delluc écrit : « Dans chaque clocher, des hommes guettaient, et dès qu’ils apercevaient la moindre troupe armée, ils faisaient sonner les cloches. » Les registres paroissiaux sont pleins de pauvres, morts sur les chemins, qui n’avaient pas de maison et même pas de nom.



Tibal, le personnage principal, est le fils d’une mendiante. Ils vivent tous les deux dans une cabane de pierre, à distance du village, parce qu’elle est considérée comme sorcière. Leur horizon est borné par les fourches patibulaires et le château, symboles de la toute-puissance seigneuriale. Le garçon a pour seule richesse un fléau et une fronde, qui lui permettent de manger au jour le jour. Un beau jour sa mère sera saisie, menée à la prison de Sarlat puis suppliciée et brûlée vive sur la place pour accusation de sorcellerie, sans plus de formalité. « Èra la misèria negra […]. E la misèria negra es la germana gran de la bruixeria » [C’était la misère noire […] Et la misère noire est la grande sœur de la sorcellerie], dit le catalan Joan Sales. Les chasses aux sorcières s’étaient amplifiées depuis le deuxième quart du XVe siècle. La majorité des accusées étaient des femmes souvent pauvres, vieilles, et qui vivaient à l’écart. On disait qu’elles avaient le mauvais œil ou qu’elles savaient où se trouvait le matagot, l’herbe qui fait mourir. Ce n’était pas rare qu’elles sachent aussi soulager les gens avec des plantes médicinales, mais cela personne ne s’en souvenait jamais. Dans sa bulle de 1484, le pape Innocent VIII lança le signal de la lutte contre la sorcellerie et les « praticiens infernaux » pour assainir, disait-il, la religion catholique. À la campagne, ceux qui essayaient de soulager mal ou bien les malades ne savaient pas où se mettre…

Tibal va voir la vierge noire de Rocamadour pour essayer d’oublier l’horreur et aussi sa culpabilité de n’avoir pas su sauver sa mère de l’exécution. Les pèlerinages étaient fréquents à l’époque étudiée (Rocamadour, Cadouin où longtemps les pèlerins ont prié devant un linge saint, qu’on disait tâché du sang du Christ, ce qui s’est avéré faux). À la page 45, Delluc pause la question de la relativité du miracle. Sans choisir fermement une religion ou une autre, le héros demande de l’aide à un devin ; nous sommes à l’époque où le syncrétisme est monnaie courante. Pour avoir sauvé la fille des seigneurs de Castelnaud d’une bande de voleurs qui convoitaient sa richesse, Tibal est récompensé par une charge d’écuyer au château. Là Delluc trouve l’occasion de parler de la condition des femmes ; chez les nobles, les mariages réglés par les parents n’étaient que des transactions financières, cela se vérifie aussi dans chaque catégorie sociale, il n’y a qu’à observer les contrats de mariage ! Dans sa nouvelle fonction, Tibal rencontre le capitaine Geoffroi de Vivans, ami d’Henri IV, le roi de France et de Navarre4. Il était huguenot, comme presque tous les seigneurs de la rive gauche de la Dordogne. Les capitaines des Grandes Compagnies avaient vite fait de changer de camp s’ils trouvaient une poignée d’écus à gagner, il fallait partout se méfier. Tibal est confronté aux exactions du triste seigneur qui terrorise son entourage et pour y échapper prend la fuite dans une gabarre.
Un autre personnage célèbre est évoqué par Louis Delluc, Charles de Gontaut-Biron, qui avait été le compagnon d’armes et ami du roi Henri IV. Jamais content des rétributions du roi pour ses services (il lui avait sauvé la vie deux ou trois fois), il complota contre lui et fut décapité en 1602 pour l’avoir trahi. Une chanson, La ronde de Biron5, illustra cette disgrâce, en présentant Biron comme victime d’une injustice. Le débat fit du bruit. L’opinion publique ne retint que le destin tragique du soldat et l’ingratitude du roi. La chanson fut interdite, car le pouvoir craignait un soulèvement du peuple6


Pendant sa lecture, l’air de rien, le lecteur jeune apprend l’histoire de son pays. Ce n’est pourtant pas un livre d’histoire. C’est un roman d’aventures ; Joan Sales en avait le ton entre rondalla et roman.

A lire sa bibliographie, on voit que Louis Delluc fut un Européen de la première heure puisqu’il publia en plusieurs langues étrangères. Il s’adressait le plus souvent aux jeunes dans une langue simple, concise et juste, au ton savoureux, à la vivacité de style qui n’empêchaient pas l’expression poétique. 


1- http://www.crilj.org/2009/05/28/michel-bourrelier/
2-Tome XX de Lo Bornat, janv-fev-mars 1970, page 7
3-Delluc a publié le poème Muret de la batalha, sur Le Périgourdin de Bordeaux n° 279 d'octobre 1953, p. 8.
4-Louis Delluc a publié le poème « L’escalade » qui conte la prise de Domme par Vivans en 1588, dans Le Périgourdin de Bordeaux n° 279
5-Ou « Quand Biron voulut danser ».
6-Louis Delluc a publié le poème « Lou castèl de Biroun » sur Le Périgourdin de Bordeaux n° 100 de juillet 1931, p. 1 et 2.

Bibliographie de Louis Delluc

Ouvrages en occitan

Nombreux articles, poèmes ou nouvelles publiés dans les revues Lo Bornat, Oc, Le Gai saber, L'Armana Provençau, Le Périgourdin de Bordeaux.

- Òda a la Dordonha, poème bilingue, illustré par Maurice Albe, Sarlat, Imprimerie Michelet, 1931

- Un monge-cavalier, en Jeroni de Perigus, avesque del Cid (tirage à part des Analas del Centro de cultura valenciana, 1951), in Lo Bornat n° 4, oct-dec 1992

- La farça del pairolier, comédie en collaboration avec le majoral Marcel Fournier, Périgueux, Fédération des Oeuvres Laïques, sans date

- La poetessa galiciana Rosalia Castro (Oc n° double 201-202 de juillet-décembre 1956, p. 224-236). Essai.

- Fablettes pour les enfants des pays d’Oc, Lo Bornat del Perigòrd/ A.S.C.O. (Atelier sarladais de culture occitane), préface de Jean-Louis Galet, 1958.

- Fablettes pour les enfants du pays d’Oc, Périgueux, Editions Pierre Fanlac, sans date, 35 p.

Tibal lo Garrèl, Avignon, Aubanèl, 1958, 214 p.

Tibal lo Garrèl, Reedicion Lavit, Toulouse, Lo Libre occitan, 1968, 197 p.

Lo secret del comte de Marcafava, comédie pour marionnettes, in Paraulas de Novelum, n° 81 bis, 1998.

-Tibal lo garrèl, L’arma que sagna, (première partie), occitan/français, Castelnaud, Editions L’Hydre, 2000. Préface de Bernard Lesfargues.

- Tibal lo garrèl… E la carn que patís, (seconde partie) occitan / français, 24480 Alles / Dordogne, Editions Mémoire et traditions en Périgord, 2008. Préface de Jean Ganiayre. Avertissement de Gérard Marty, président de l’association Mémoire et traditions du Périgord.

- Fabletas per enfants del país d’Òc, Lo Bornat del Perigòrd/Novelum, 2004.

Traductions espagnol/occitan

- La guerra dels ases, chapitre XXIV du livre de Don Quichote, Bordeaux, Le Périgourdin de Bordeaux, 1957, 15 p.

- Argental e io (Platero y io de Juan Ramon Jimenez, prix Nobel de littérature) en collaboration avec le philosophe Joseph Migot et le majoral Jean Monestier, Lo Bornat. Sans date.

Ouvrages en français

- Le mousse de la Niña, Paris, éditions Bourrelier 1953, Prix « Jeunesse » des éditions éponymes.

- Des caravelles autour du monde, Paris, éditions Bourrelier, 1957.

- L’enfance d’une reine, Paris, éditions Bourrelier, 1958.

- Jeunes princes captifs, Paris, éditions Bourrelier, 1958.

- Le destin de Paquito, Paris, éditions Magnard 1963.

- Par la plume ou par l’épée, Namur, éditions du Soleil Levant, 1963.

- Olivier de Castille, éditions Bourrelier/Armand Colin, 1964.

Traductions de l'œuvre

- El grumete de la Niña, en Espagne en 1955. Traduit en hollandais en 1956 e en allemand per l’enseignement secondaire.

- Lo Garrell, en catalan, Barcelona, éditions Joan Sales, 1963. Préface de Joan Sales p. 7 a 33.

Textes inédits

Lena la Mariandona, pastourelle fluviale en dos actes, sens data.

L’èrba que fai perdre, nouvelles, sans date.

La granda aiga, nouvelles.

La longue espérance, en collaboration avec Germaine Rougier, écrit à la fin de sa vie.

Théâtre

- Pièces inédites, écrites et jouées pour ramasser de l’argent afin d’envoyer des colis aux prisonniers pendant la guerre 1939-1940, dont parlent les locuteurs du CD Souvenirs d'élèves de Louis Delluc.

- Louis Delluc e Marcel Fournier, La farço del peiroulie, Fédération des Œuvres laïques de La Dordogne, 1958.

- Louis Delluc e Bernard Lesfargues, Lo secret del comte de Marcafava, comédie pour marionnettes, Novelum, 1998.

Œuvres posthumes

- Louis Delluc, Partis d’Argentat, Périgueux, Imprimerie Joucla, 1983.

- Louis Delluc, Histoire de Saint-Vincent-de-Cosse, monographie, Le Roc de Bourzac, 2006.

Crédits

Vignette d'illustration de Jacques Saraben

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Louis Delluc, escrivan en francés e en lenga d’Oc, a daissat una òbra considerabla qu’a enriquit d’un biais original la literatura d’òc: de per son mestièr de regent a escrich per los joves, e mai a fach pus granda òbra pedagogica en ajudant los collègas qu’an clavada al còr l’enveja de pas daissar la lenga d’òc dins las limbes ont èra estada expediada, après lo rapòrt sur l'estat de lalenga francesa presentat per l'abat Grégoire a la Convention Nationala lo 4 de junh de 1794.
Per aquò far, Delluc collaborèt a las edicions pedagogicas Bourrelier que son especializats dins la concepcion e la distribucion de material educatiu de qualitat.

Identitat

Formas referencialas

Delluc, Louis (1894-1974)

Autras formas conegudas

- Delluc, Loïs (forma occitana del nom)

Elements biographics

Louis Delluc nasquèt lo 21 d’agost de 1894 als Chambeaux, vilatge de la comuna d’Alas-sus- Dordonha. Son paire, Jean, que signèt l’acte de naissença, aviá faches d’estudis serioses mas coma lo fraire ainat demorat a la bòria moriguèt, Jean deguèt ajudar son monde tot en fasent lo mestièr de contrarotlaire de las plantacions de tabat per la Regia. Lo grand paire aviá tanben signat l’acte de maridatge de Jean amb Margarita Besse: la familha Delluc èra alfabetizada. Dins las annadas 1900, anèron demorar al Treilhac, totjorn comuna d’Alas-sus-Dordohna, pas lonh del flume e prèp de la gara, çò qu’ajudèt Louis dins los desplaçaments seus: de fach, aprèp l’escòla comunala, anèt a l’Escòla Superiora de Belvés ont passèt lo concors per dintrar a l’Escòla Normala, via directa per lo mestièr de regent. Partiguèt a la guèrra en 1914, volontari al 5en Regiment de Tiralhaires Argerians. Fuguèt nafrat e se’n sortiguèt amb una orror de la guèrra que li faguèt refusar la medalha militara. Li calguèt anar en convalescéncia a la caserna Miollis a Ais de Provença e aquel sejorn li donèt l’ocasion de conéisser Leon Aimard, un avocat a la Cort, que ne venguèt lo secretari. Aquel òme èra felibre e li obriguèt las pòrtas del Felibritge provençal e de l’òbra de Frederic Mistral, que li deviá far pensar al lengatge de son país natal. Cal benlèu cercar aquí son gost futur per l’escritura en lenga d’òc.

Al cap de sa convalescéncia, en 1917, maridèt la Lucie Madeleine Rebière, una regenta tanben qu’aviá coneguda quand èra dins son primièr pòste a Monpasièr. Puèi, aprèp una annada a l’escòla de Tanièrs, en 1926, fuguèron nomenats a Sent-Vincenç de Còssa e i restèron tots dos ensenhaires pendent vinc-e-cinc ans. A la retirada, s’installèron dins la comuna vesina de Bainac, ont Louis placèt l’istòria d’un dels personatges de son roman, Tibal lo Garrèl. Anuèch la carrièra ont demorava pòrta lo nom de son òbra màger: « Rue Tibal lo garrel roman de Louis Delluc ».

L’òbra de Louis Delluc compren tanben d’òbras en francés per escriure de romans per la jovença en francés dont Le mousse de la Niña, sus l’epopèia de Cristòl Colomb, qu’obtenguèt lo premi « Jeunesse », puèi Des caravelles autour du monde, sus lo viatge de la « Victoria » de Magellan, engatjada pel primièr torn del monde. Jeunes princes captifs, en 1958, contava la vida dels dos filhs del rei Francés Primièr que demorèron presonièrs en Castilha. Puèi faguèt publicar de romans revirats de l’espanhòl : Olivier de Castille, adaptat d’un roman cavalieresc espanhòl; Le destin de Paquito, raconte de la jovença aventurosa e tragica de Cervantès; Par la plume ou par l’épée, roman d’aventura ont s’inspira tanben de la jovença del « manpòt de Lepante »; L’enfance d’une reine, qu’es l’istòria d’Elisabèt de França, dròlla d’Enric IV e de Maria de Medecis, venguda reina d’Espanha e que sa dròlla Maria-Teresa fuguèt maridada a son cosin Loís XIV. Fuguèron editats per las edicions Bourrelier qu'èran, dins aquelas annadas, e que son totjorn un dels principals editors pedagogics. Michel Bourrelier1, leur fondator, es conegut per son interès portat als metòds actius e a la literatura per la jovença : çò que fuguèt una bèla reconeissença per Delluc.

Devèm encara a Louis Delluc lo libre Partis d’Argentat, escrit en francés, qu’es una evocacion de la vida de los que fasián la davalada del flume Dordonha dempuèi Auvèrnha al temps de la batelariá. Se pòt aisidament imaginar lo drollet Louis del vilatge dels Chambeaux pròche de la « Granda Aiga » coma apelavan la Dordonha, somiant al véser passar las gabarras comolas de merças que navegavan devèrs lo pòrt exotic e formiguejant de Bordèu.

Louis Delluc se vodèt a totas menas d’investigacions per escriure la monografia del vilatge ont èra regent e director d’escòla. La mòda veniá de l’Exposicion Universala de 1900 a Paris. Lo Ministèri de l’Instruccion Publica aviá demandat a cada regent d’escriure una monografia per far conéisser l’istòria de son vilatge. L’exposicion de monografias capitèt tant que se contunhèt de publicar aquelas menas de recercas localas.

Delluc defuntèt lo 12 de setembre de 1974 sens que sa monografia de Sent-Vincenç de Còssa foguèsse sortida, sabèm pas perqué.
Louis Delluc moriguèt en 1974 en çò de sa filha adoptiva a Eisinas, Gironda e fuguèt portat al cementeri de Bainac, vilatge dont disiá que « truco [sic] los cels clars ». Sa femna defuntèt en 1968. A Alàs ont èra nascut, la plaça del vilatge pòrta son nom dempuèi lo 10 de genièr de 2009. L’omonimia amb Louis Delluc son cosin (1890-1924), nascut a Cadonh rasís Alàs, l’especialista de cinèma, qu’es estat tanben romancièr e jornalista, li fai plan tòrt perque prèsta a embolh dins las recercas.

Engatjament dins la Renaissança d'òc

De 1926 a 1966 Louis Delluc publiquèt d’articles dins Lo Bornat e dins Oc, escriguèt de poesias dont una de cinquanta sièis vèrses sus l’istòria del Perigòrd : A la glorio del Périgord, pareguda dins lo jornal La Lampe editat al Cos-e-Bigaròca per J-A. Grafeille. Obtenguèt lo primièr premi als Jasmin d'argent de 1926 amb lo comentari : « C’est simplement un chef-d’œuvre ».

Una autra poesia, La gabarra embullada, obtenguèt lo prèmi « Eglantine d’Argent » destinat a una pèça d'una valor de dos-cent-cinquanta liuras destinat a una pèça sus un subjècte donat per l’Académia dels Jòcs Florals de Tolosa. Venguèt manteneire e mestre d'òbra dau Felibritge en 1928, secretari del Bornat, qu’es l’Escòla felibrenca del Perigòrd, cigala d'argent, mestre en gai saber en 1930, puèi vici-president del 17 de genièr 1954 a sa mòrt. Una particularitat es de notar: totjours actiu mas l'atge li rendent los desplaçaments malaisits, fuguèt nommat president d'onor del Bornat en 1970, e mai foguèsse jamai estat president2.

En 1958, publiquèt Tibal lo Garrèl e vesèm que i a adoptat l’ortografia classica de l’occitan. Loís Alibèrt aviá sortit sa Gramatica en 1935, otís pedagogic màger qu’ajudava a botar l’escrit en conformitat amb una nòrma pan-occitana. Louis Delluc comprenguèt viste la necessitat de normalizar ortograficament la lenga d’Òc per afortir sa credibilitat, e l’enauçar al nivèl de tota autra lenga amb sas règlas e perqué pas, un jorn sos diplòmas. Fuguèt decorat de la cravata de Comandor de las Palmas Academicas a la desena jornada d'estudis occitans del Perigòrd organizada per Lo Bornat, lo Movement Laïc de las culturas regionalas e la Liga de l'Ensenhament3.

La primièra edicion de Tibal lo garrèl fuguèt facha en version bilingüa occitan-francés per las edicions Aubanel en 1958. Coma o escriu l’autor, « aquel raconte del temps dels igonauds l’ai escrich per los joines dels païs d’Òc ». Presentèt l’òbra al premi Aubanel (pròsa) en 1958, mas per aquò far, li calguèt se téner dins las constrenchas d’un recit cort. L’obtenguèt, amb 57 punts, contra 53 punts a Vert paradis de Max Roqueta. Fuguèt onorat de veire l’ensemble Tibal lo garrèl publicat en catalan a Barcelona en 1963, a la demanda del romancièr e editor Joan Sales, jol títol El Garrell. Aquesta publicacion dins la colleccion Club dels Novel.listes la faguèt Joan Sales per festejar lo 750en aniversari de la batalha de Murèth, que son desnosament fuguèt benlèu un eveniment desastrós per çò qu’auria pogut èstre l’avenir d’Occitània amb la mòrt de Pèire d’Aragon, aligat del comte de Tolosa, e la capitada de Simon de Montfort. Joan Sales aviá causit aquel roman de Delluc per çò que trobava qu’al sègle XVI, amb las luchas entremièg papistas e uganauds, lo Perigòrd aviá endurat d’eveniments religioses de la meteissa mena que lo demai d’Occitània al temps de las luchas dels crosats contra los catars4. Joan Sales voliá que se creèsse en Catalonha « una novelistica viva en lenga occitana », prepaus justificat per la remarca dins son prefaci que « la immigracion massiva5 d’occitans a Catalonha fuguèt un fenomen social de grand volum pendent las guèrras de religion »; aquels emigrants èran venguts s’installar dins una region ont restava lo sovenir de l’epòca que se parlava la meteissa lenga d’un costat e de l’autre de Pirenèus.

En 1968, las edicions « Lo Libre Occitan » publiquèron Tibal lo garrèl en entièr, mas solament en occitan. Fuguèt una descobèrta per los joves occitans del Perigòrd. D’annadas longas passèron avans que sortiguèsse la quatrena edicion del roman, viste atarit : d’abòrd una primièra partida en 2000 per las edicions ʺL’Hydre de Castelnaudʺ, que la nomenèt L’arma que sagna. S’acabava un pauc viste, amb la frasa : « M’èri tirat, enfin, de ma primièra, de ma terribla espròva. Una autra vita anava començar »… Aquò per dire que l’autor aviá previst una segonda partida que justificava aquela causida editoriala. La segonda partida sortiguèt nonmas en 2008 amb lo jos títol E la carn que patís, mas amb un autre editor, l'associacion « Mémoire et traditions en Périgord », d' Alàs-sus-Dordonha (24480), amb un prefaci de Jean Ganiayre e un avertiment de Gérard Marty, president de l’associacion.

D’un biais general, Louis Delluc trobava son inspiracion dins la natura a l’entorn d’el, dins l’istòria de sa província e dins l’istòria de l’Espanha ont aimava sovent sejornar. Fasiá mòstra de predileccion per lo sègle XVI.

Louis Delluc fondèt dins las annadas 1958 lo grop folcloric Lo Grel qu’amassava a l’encòp jovents e vièlhs de la comuna de Sent-Vincenç de Còssa. Obtenguèt un primièr premi al concors organizat a Perigüers per la Federacion de las Òbras Laïcas e un autre al concors regional de Biarritz. S’investissiá completament dins l’animacion culturala e pus precisament sus lo punt de la reabilitacion de la lenga d’Òc. Dins son trabalh seguissiá la meteissa linha. Cal rapelar qu’a l’epòca ont comencèt d’escriure son òbra, sos escolans ausissián pas que la lenga d’òc dins la vida vidanta: las breçairòlas de lor maire, los contes de lors grands, lo monde sul mercat, e non sai que... Lo francés que descobrissián a l’escòla èra per els una langue tant estrangièra coma a nosautres l’anglés o l’espanhòl. « Le mérite des instituteurs de la IIIe république en est d’autant plus grand que beaucoup d’entre les écoliers décrochaient le certificat d’études ! » çò ditz Micheu Chapduèlh dins lo prefaci de Fabletas per enfants del país d’Òc, editadas per Lo Bornat del Perigòrd/Novelum, 2004.

Èra pas acostumat de se trachar de lenga d’òc en d’aquela epòca, al contrari dins la màger part de las escòlas primàrias los escolans se fasián picar suls dets o punir se lor escapava un quite mot dins la lenga « mespresada ». Lo regent de Sent-Vincenç, el, se sirviá de las conjugasons occitanas per far melhor comprene lo vèrb être o lo vèrb avoir als escolièrs, coma se pòt ausir dins lo CD : Souvenirs d'élèves de Mr et Mme Louis Delluc, prepaus recaptats per David Dorrance a St-Vincenç de Còssa los 21/22 de junh de 1997 (MP3) al prèp de Mr et Mma Louveau (nascuda en 1935) e de Mma Moulinier e Mr (nascut en 1937).

« En pédagogie, on ne réussit pas si on ne part pas de données connues, çò ditz un de lors ancians escolans. lls (los regents) enseignaient l’Instruction civique. Chaque matin une phrase de morale en haut du tableau était commentée, ça durait environ dix minutes  »
et d’apondre :
« Pendant qu’il (Mr Delluc) nous donnait des exercices à faire il écrivait des poésies en occitan ! »

En qualitat de regent que preparava sos escolans al certificat d’estudis, e que deviá lor ensenhar l’istòria de França, Louis Delluc saviá çò que podiá lor plaire, e coma militant per lo reviscòl de la lenga occitana lor escriguèt un tèxt a lor mesura, Tibal lo Garrèl, en esperar lor donar lo gost de parlar la lenga. Aquel tèxt contava las aventuras d’un dròlle de lor atge, amb sas meteissas preocupacions, sos malurs e son astrada, sos aprentissatges e sas primièras esmogudas. Atal se legís lo volontarisme de l’autor quant a la causida de l’occitan. Aquela causida es pas qu’implicita, mas sauta als uèlhs.

Escriguèt tanben de fabletas per los enfants del cors elementari (sa femna ensenhava dins aquel nivèl), coneissiá plan la valor pedagogica de la faula, e çò dison los prefacièrs de la primièra edicion en 1958,
« Per astre, faguèt pas una adaptacion occitana de mai de La Fontaine o de Florian. Creèt, e prenguèt sos protagonistas au mai près de la vita jornadièra, dins l’ostal, dins lo codèrc, davant la pòrta… Sa tòca finala èra totjorn estada d’ensenhar. Quò èra del temps ont qualques ensenhaires caparuts s’endralhavan dins lo sendarèl estrech dubèrt per la recenta lei Deixonne per fin de far entrar un pauc d’occitan dins las escòlas. »

Tibal lo Garrèl fuguèt considerat coma lo primièr roman occitan escrich en Perigòrd, un eveniment grand. En efièch, fins alara se podián legir e jogar en lenga d’Òc e dins aquel lòc, peças de teatre, cantar de cansons, legir de poèmas, mas pas brica de romans. Los fachs istorics, jos la trama romanèsca, son vertadièrs e sovent relevats dins las cronicas d’un istorian reconegut, lo canonge Jean Tarde. L’ambient rufe del sègle XVI en Perigòrd, a causa de la misèria (impòst de tota mena, tempèris qu’anequelissián recòltas e menavan a la famina, luchas religiosas entre catolics e uganauds, encorregudas de la soldatesca) es escrich sens patòs, malgrat las aparéncias. Sufís de legir los libres d’Yves-Marie Bercé e los comptes renduts dels subdelegats de Sarlat a la generalitat de Guiana. Louis Delluc escriu : « Dins cada cloquièr, dels òmes gaitavan, e còp sec que vesián la mendra tropa armada, fasián tinlar las campanas ». Los registres parroquials son plens de paures, mòrts sus los camins, qu’avián pas de maison e quitament pas de nom.


Tibal, lo personatge màger, es lo filh d’una mendicaira. Vivon tots dos dins una cabana de pèira a distància del vilatge perque es considerada ela coma fachilièra. Lor asuèlh es barrat per las forcas patibulàrias e lo castèl, simbòls de la tota-poténcia senhoriala. Lo dròlle a per sola riquesa un flaujòl e una fonda, que li permeton de manjar ara per ara. Un bèl jorn sa maire serà raubada, menada a la preison de Sarlat puèi supliciada e cremada viva sus la plaça per acusacion de sorcelum, sens mai de formalitat. « Èra la misèria negra […]. E la misèria negra es la germana gran de la bruixeria6», çò ditz lo catalan Joan Sales. Las caças a las fachilièras s’èran amplificadas tre lo segond quart del sègle XV. La majoritat de las acusadas èran de femnas sovent pauras, vièlhas, e que vivián a part. Se disiá qu’avián lo maissant uèlh o que sabián ont se trobava lo matagòt, l’èrba que fai morir. Èra pas rar que sapièsson tanben sonhar lo monde amb de plantas medicinalas, mas aquò degun se’n rementava pas jamai. Dins sa bulla de 1484, lo papa Innocent VIII lançèt lo senhal de la lucha contra lo sorcelum e los «practicians infernals» per assanir, çò disiá, la religion catolica. Al campèstre, los qu’assajavan de solatjar mal o ben los malauts sabián pas ont se metre…
Tibal vai veire la verge negra de Ròcamodor per assajar d’oblidar l’òrre e mai sa culpabilitat d’aver pas sauput salvar sa maire de l’execucion. Los peregrinatges èran frequents a l’epòca estudiada (Ròcamador, Cadonh, ont longtemps los peregrins an pregat davant un linçol sant, que se disiá qu’èra tacat del sang del Crist, çò que s’es averat fals). A la pagina 145, Delluc pausa la question de la relativitat del miracle. Sens causir fèrmament una religion o l’autra, l’eròi demanda ajuda a un endevinaire; sèm dins una epòca ont lo sincretisme es moneda correnta. Per aver salvat la dròlla dels senhors de Castelnòu d’una banda de raubaires cobesejant sa riquesa, Tibal es recompensat d’una carga d’escudièr al castèl. Aquí Delluc tròba l’ocasion de parlar de la condicion de las femnas: en çò dels nòbles, los maridatges reglats per los parents èran pas que de transaccions financièras, aquò se verifica tanben per cada categoria sociala, i a qu’a espepissar los contracts de maridatges! Dins sa novèla fonccion, Tibal rencontra lo capitani Geoffroi de Vivans, amic d’Enric IV, lo rei de França e de Navarra7. Èra uganaud coma quasi tots los senhors de la riva esquèrra de la Dordonha. Los capitanis de las companhiás grandas avián lèu fach de virar casaca se se trobava un ponhat d’escuts a ganhar, se caliá mesfisar d’en pertot. Tibal es confrontat a las exaccions del triste sénher que terroriza son monde e per i escapar pren la fugida dins una gabarra.
Un autre personatge celèbre es evocat per Louis Delluc, Carles de Gontaut-Biron, qu’èra estat lo companhon d’armas e amic del rei Enric IV. Jamai content de las retribucions del rei per sos servicis (li aviá salvat la vida dos o tres còps), complotèt contra el e fuguèt decapitat en 1602 per l’aver traït. Una cançon, La ronda de Biron8 , illustrèt aquesta desgràcia, en donant Biron coma victima d’una injustícia. Lo debat menèt de bruch. L’opinion publica retenguèt nonmas lo destin tragic del soldat e l’ingratitud del rei. La cançon fuguèt interdita, que lo poder crentava un soslevament del pòble


Pendent sa lectura, mina de res, lo legeire jove apren l’istòria de son païs. Es pertant pas un libre d’istòria, es un roman d’aventura, Joan Sales ne’n aviá trobat lo ton entremièg rondalla e roman.

A legir sa bibliografia, se vei que Louis Delluc fuguèt un occitanista militant que se consacrèt plenament a l'educacion populara10. Europèu de la primièra ora puèi que publiquèt en mantuna lenga estrangièra, li agradava plan la cultura catalana e espanhòla ont trobèt l’inspiracion de sos libres. S’adreçava sovent als joves, dins una lenga simpla e justa, quora trebolaira quora galharda. Los dos tòms de Tibal lo Garrèl, roman d’aventuras, pòdon plaire de segur als escolans del collègi mai a los del licèu qu’an causit de conéisser al pus prigond la lenga parlada per lors aujols pendent mile ans. Lor agradarà lo ton saborós, la vivacitat de l’estil, la simplicitat facha de concision qu’empacha pas l’expression poetica.


1- http://www.crilj.org/2009/05/28/michel-bourrelier/
2- tòm XX de Lo Bornat, janv-fev-mars 1970, paja 7).
3-Le Périgourdin de Bordeaux n° 377, p. 6
4-Delluc a publicat lo poema Muret de la batalha, sus Le Périgourdin de Bordeaux n° 279 d'octobre de 1953, p.8
5-L’article « la » s’explica per una mèscla d’occitan e de catalan per Joan Sales.
6-Loís Delluc, El Garrell, traduït de l'occitàn per Joan Sales, Club Editor, 1963, p. 205.
7-Louis Delluc a publicat lo poema L’escalado que conta la presa de Doma per Vivans en 1588, dins Le Périgourdin de Bordeaux n° 279
8-O « Quand Biron voulut danser ».
9-Louis Delluc a publicat lo poema « Lou castèl de Biroun » sus Le Périgourdin de Bordeaux n° 100 de julhet de 1931, p.1 e 2
10- Robert Lafont et Christian Anatole, Nouvelle histoire de la littérature occitane, PUF, 1971, p.768- 769. « Pestour ne pouvait passer à l’occitanisme militant. Ce passage, Louis Delluc (1894) le fait naturellement. Instituteur, il s’est longtemps consacré à l’éducation populaire au sein du Bournat et a beaucoup écrit pour la jeunesse. Il s’est essayé avec beaucoup de bonheur au théâtre, en collaboration avec Fournier. Mais c’est comme prosateur qu’il a donné son œuvre la plus valable. La granda aiga, série de nouvelles non encore réunies en volume, évoque le monde coloré et la vie rude des gabariers de la Dordogne parmi lesquels s’écoula l’enfance de l’auteur. Avec Tibal lo garrèl (1958, 2e édition 1968) qui eut le prix Théodore Aubanel, ʺRaconte dels temps dels Igonauds escrich pels joines del païs d’ocʺ, il a voulu marcher sur les traces d’Eugène Le Roy[...]Avec Delluc, l’insertion du Périgord dans l’architecture commune de la littérature occitane contemporaine est accomplie. »

Bibliografia de Louis Delluc

Obratges en occitan

Nombroses articles, poemas o novelas publicats dins las revistas Lo Bornat, Oc, Le Gai saber, L'Armana Provençau, Le Périgourdin de Bordeaux.

- Òda a la Dordonha, poèma bilingüe, illustrat per Maurice Albe, Sarlat, Imprimerie Michelet, 1931

- Un monge-cavalier, en Jeroni de Perigus, avesque del Cid (tiratge a despart de las Analas del Centro de cultura valenciana, 1951), in Lo Bornat n° 4, oct-dec de 1992.

- La farça del pairolier, comèdia en collaboracion amb lo majoral Marcel Fournier, Périgueux, Federacion de las òbras Laïcas, sens data

- La poetessa galiciana Rosalia Castro (Oc n° doble 201-202 de julhet-decembre 1956, p. 224-236). Ensag.

- Fablettes pour les enfants des pays d’Oc, Lo Bornat del Perigòrd/ A.S.C.O. (Talher sarladés de cultura occitana), prefaci de Jean-Louis Galet, 1958.

- Fablettes pour les enfants du pays d’Oc, Périgueux, Edicions Pierre Fanlac, sens data, 35 p.

Tibal lo Garrèl, Avignon, Aubanèl, 1958, 214 p.

Tibal lo Garrèl, Reedicion Lavit, Toulouse, Lo Libre occitan, 1968, 197 p.

Lo secret del comte de Marcafava, comèdia per mariòtas, in Paraulas de Novelum, n° 81 bis, 1998.

-Tibal lo garrèl, L’arma que sagna, (primièra partida), occitan/francés, Castelnaud, Edicions L’Hydre, 2000. Prefaci de Bernard Lesfargues.

- Tibal lo garrèl… E la carn que patís, (segonda partida) occitan / francés, 24480 Alles / Dordogne, Editions Mémoire et traditions en Périgord, 2008. Prefaci de Jean Ganiayre. Avertiment de Gérard Marty, president de l’associacion Mémoire et traditions du Périgord.

- Fabletas per enfants del país d’Òc, Lo Bornat del Perigòrd/Novelum, 2004.

Traduccions castelhan/occitan

- La guerra dels ases,  capitol XXIV del libre de Don Quichote, Bordeaux, Le Périgourdin de Bordeaux, 1957, 15 p.

- Argental e io (Platero y io de Juan Ramon Jimenez, premi Nobel de literatura) en collaboracion amb lo filosòf Joseph Migot e lo majoral Jean Monestier, Lo Bornat. Sens data.

Obratges en francés

- Le mousse de la Niña, Paris, edicions Bourrelier 1953, Premi « Jeunesse » de las edicions eponimas.

- Des caravelles autour du monde, Paris, edicions Bourrelier, 1957.

- L’enfance d’une reine, Paris,edicions Bourrelier, 1958.

- Jeunes princes captifs, Paris, edicions Bourrelier, 1958.

- Le destin de Paquito, Paris, edicions Magnard 1963.

- Par la plume ou par l’épée, Namur, edicions du Soleil Levant, 1963.

- Olivier de Castille, edicions Bourrelier/Armand Colin, 1964.

Reviradas de l'òbra

- El grumete de la Niña, en Espanha en 1955. Tradusit en olandés en 1956 e en alemand per l’ensenhament segondari.

- Lo Garrell, en catalan,  Barcelona, edicions Joan Sales, 1963. Prefaci de Joan Sales p. 7 a 33.

Tèxtes inedits

Lena la Mariandona, pastorala fluviala en dos actes, sens data.

L’èrba que fai perdre, nòvelas, sens data.

La granda aiga, nòvelas.

La longue espérance,  en collaboracion amb Germaine Rougier, escrit al cap de sa vida.

Teatre

-Pèças ineditas, escritas e jogadas per amassar de l’argent fins a mandar de còlis als presonièrs pendent la guèrra 1939-1940, dont parlan los locutors del CD Souvenirs d'élèves de Louis Delluc.

- Louis Delluc e Marcel Fournier, La farço del peiroulie, Fédération des Œuvres laïques de La Dordogne, 1958.

- Louis Delluc e Bernard Lesfargues, Lo secret del comte de Marcafava,  comèdia per mariòtas, Novelum, 1998.

Òbras postumas

- Louis Delluc, Partis d’Argentat, Périgueux, Imprimerie Joucla, 1983.

- Louis Delluc, Histoire de Saint-Vincent-de-Cosse, monografia, Le Roc de Bourzac, 2006.

Crèdits :

Vinheta d'illustracion de Jacques Saraben

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Célèbre mais méconnu », Lo chalelh, bulletin n° 6, octobre de 2006, Association «Mémoire et traditions en Périgord».

- Préface de Joan Sales p. 7 – 33 de Lo Garrell, (en catalan), Barcelona, éditions Joan Sales, 1963.

- À propos d’une préface, Les conditions de survie d’un dialecte, per Joan Sales, traduction de Louis Delluc, Lo Bornat, revue n° 4, de 1963 de Lo bornat, p. 204 e sus n° 5, de 1964 p. 232.

- CD : Souvenirs d'élèves de Louis Delluc. Souvenirs d’écoliers de Mr e Mme Louis Delluc instituteurs à St-Vincent de Cosse de 1926 a 1951. Propos recueillis par David Dorrance à St-Vincent de Cosse les 21/22 de juin 1997 (MP3) auprès de Mr et Mme Louveau (née en 1935) et de Mme Moulinier e Mr (né en 1937). Chez Gérard Marty, Président de l'association Mémoire et traditions du Périgord, Les Salveyries, 24005, Alles sur-Dordogne.

- Le Périgourdin de Bordeaux, journal hebdomadaire de 1923 à 1963 (A.D.24, REV 925/2, 925/3, 925/4, 925/5,925/6).

- Lo Bornat dau Perigord, journaux de l'école félibréenne du Périgord.

- Robert Lafont et Christian Anatole, Nouvelle histoire de la littérature occitane, PUF, 1971, p.768- 769 :
« Pestour ne pouvait passer à l’occitanisme militant. Ce passage, Louis Delluc (1894) le fait naturellement. Instituteur, il s’est longtemps consacré à l’éducation populaire au sein du Bournat et a beaucoup écrit pour la jeunesse. Il s’est essayé avec beaucoup de bonheur au théâtre, en collaboration avec Fournier. Mais c’est comme prosateur qu’il a donné son œuvre la plus valable. La granda aiga, série de nouvelles non encore réunies en volume, évoque le monde coloré et la vie rude des gabariers de la Dordogne parmi lesquels s’écoula l’enfance de l’auteur. Avec Tibal lo garrèl (1958, 2e édition 1968) qui eut le prix Théodore Aubanel, « Raconte dels temps dels Igonauds escrich pels joines del païs d’oc », il a voulu marcher sur les traces d’Eugène Le Roy. S’il ne nous a pas donné un autre Jacquou le Croquant, il nous du moins donné un roman agréable à lire et un bon témoignage sur la vie populaire périgourdine.
Avec Delluc, l’insertion du Périgord dans l’architecture commune de la littérature occitane contemporaine est accomplie. »
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Bernard Sarrieu est le fondateur en 1904 de l'Escòlo deras Pirenéos, école félibréenne des Pyrénées centrales très active au cours du XXème siècle. Majoral du Félibrige, il est connu pour avoir été un animateur polyvalent et zélé de la renaissance gasconne.

Identité

Formes référentielles

Sarrieu, Bernard (1875-1935)

Éléments biographiques

Il est né le 29 juin 1875 à Montauban. Son père était professeur et directeur à l'École Normale de Montauban, mais la maison familiale était depuis plus d'une génération à Saint-Mamet.
Sarrieu fut un élève brillant, bachelier de rhétorique et de philosophie avec mention, admis à la 4ème place sur 24 admis au concours d'entrée de l'École Normale Supérieure à 17 ans. Il entra à l' École à 19 ans, après deux ans de maladie.
Il fut « camarade de promotion » de Charles Péguy1 (Feuillets mensuels, 1958 : p. 136). Il est difficile de savoir quelles furent leurs relations, mais on ne peut nier certaines sensibilités communes catholiques, sociales et même philosophiques puisque, si l'on en croit Jean Castex (J. CASTEX, 2001 : p. 329), Sarrieu était bergsonien, comme Péguy.
Il sortit professeur de philosophie de ses trois années à l'École. Il enseigna dans différents lycées jusqu'à Auch puis Montauban en 1913 (en passant par Quimper). Les années passées loin de sa terre natale représentèrent pour lui un exil douloureux.
Sa santé fragile le ralentit encore dans son évolution professionnelle et il lui fallut attendre 1907 pour obtenir l'agrégation de philosophie.
Les éloges et hommages posthumes décrivent un homme très cultivé, consciencieux, rigoureux, curieux de toutes les disciplines (philosophie, mathématiques, astronomie, linguistique, musique, histoire, ethnologie, etc.), maîtrisant plusieurs langues romanes et germaniques, acharné au travail et volontaire, mais aussi modeste, indulgent, très sensible aux valeurs chrétiennes, pieux, bon et ouvert aux autres.
Il mourut de maladie le 5 janvier 1935 à Montauban et il fut enterré à Saint-Mamet. Une stèle a été dressée dans le jardin de l'église. Elle porte un médaillon de bronze avec son portrait, sculpté par Jean-Marie Mengue2. Une place de la ville porte le nom de Bernard Sarrieu, ainsi qu'une rue de Saint-Gaudens.

Engagement dans la renaissance d'oc

La langue de sa famille, de petite bourgeoisie, n'était pas l'occitan mais le français. Il fut probablement assez tôt en contact avec le languedocien à Montauban et avec le gascon à Saint-Mamet. Très attaché à son terroir, il s'intéressa, semble-t-il, dès l'adolescence, au parler de son village. Il lui fallut donc apprendre le luchonnais. Il développa au même moment une curiosité pour les us et coutumes de son pays.

Félibrige

Cette curiosité le mena à se rapprocher du Félibrige. Grand admirateur de Mistral et de son œuvre, il fut d'abord membre de l'Escolo Moundino de Toulouse, et il publia des articles dans sa revue, Terro d'òc, puis il se donna pour mission de fournir au Comminges une école félibréenne. Il fonda en 1904 à Saint-Gaudens l'Escòlo deras Pirenéos, qu'il présenta comme une sœur de l'Escole Gastou Febus et de l'Escolo Moundino pour le Comminges, le Couserans, le Nébouzan, les Quatre Vallées et le Val d'Aran.
Il occupait la fonction de secrétaire-trésorier. Il créa une revue mensuelle, Era Bouts dera Mountanho et un almanach, l'Armanac dera Mountanho.
Il publia dans la Revue de Comminges (1904 : p. 62) une présentation de la nouvelle Escòlo en projet. Il y expliqua les raisons de cette création, les objectifs et les statuts de l'Escòlo. On y trouve surtout un bon résumé et un condensé des préoccupations, des idées et de la personnalité de Sarrieu, dans un vocabulaire et des associations de mots qui le révèlent bien. C'était un humaniste d’obédience profondément chrétienne. Pour le citer, les « coutumes traditionnelles », ainsi que le « langage [des] pères », sont à « considérer avec respect et affection » ; la langue d'oc est la « langue sœur » du français. Ces deux aspects, les traditions et la langue, sont conçus selon une logique de développement des populations dans l'espace du vécu, l'environnement culturel direct, à échelle humaine, mais en bonne intelligence avec la nation française et dans le cadre plus large de celle-ci. Sarrieu parlait comme la majorité de ses contemporains de la « grande » et de la « petite » patries.
Dans sa volonté de « sauver » la langue, il avait plus que tout le souci des populations dans une perspective autant sociale (le « bien-être », la « prospérité », « l'instruction », la dignité de façon générale) que morale (la « mentalité », les « mœurs »). À noter aussi, les mots qu'il employait pour parler de la langue et de son espace : il parlait à une grande échelle de la « langue d'oc » (pas d'occitan, il reprit les notions de « langue d'oc » et « langue d'oïl »), qui se parle en « Occitanie ». À une échelle plus locale il parlait de « dialectes » (le gascon, le provençal, etc.) avec des « sous-dialectes » (le luchonnais, l'aranais, le toulousain, etc.). Il parlait d'une « œuvre d'union régionale » sans volonté d'uniformité mais avec un désir de connaissance mutuelle.
Sarrieu avait beaucoup d'ambition pour son Escòlo, qu'il voulait être une digne disciple du Félibrige de Mistral. Il encouragea les initiatives de toute sorte et il donna lui-même l'exemple. Il organisa des félibrées, des fêtes de Sainte-Estelle, des concours de costumes locaux, des représentations de groupes folkloriques, des Jeux Floraux, concours importants de création littéraire (poésie, prose, sujets d'histoire locale, etc) ouverts également aux écoles en vue de la transmission de la langue aux plus jeunes.
Une de ses principales préoccupations était d'ailleurs l'enseignement de la langue d'oc à l'école.
Il était toujours en recherche de nouveaux collaborateurs et contributeurs. Un musée et un théâtre gascons seraient restés à sa mort en l'état de projet (J.-L. de LA VERDONIE, 1935 : p. 30).
En ce qui concerne la graphie, son modèle de référence était la graphie dite « mistralienne ». Pourtant celle-ci ne lui semblait pas suffisante pour représenter la réalité des prononciations des différents parlers de la langue d'oc, en particulier du gascon. Elle méritait, selon lui, d'être améliorée en prenant en considération les différents modèles étymologiques et phonétiques à disposition.
Il publia vers 1924 une brochure intitulée La graphie de la langue d'oc et la langue commune d'Occitanie.
Au moment de la polémique sur la réforme des statuts du Félibrige en 1905, Sarrieu se positionna en faveur du Capoulier Devoluy et de son projet.
Son engagement dans le Félibrige fut couronné par sa nomination au majoralat en 1910 avec la Cigalo dis Aupiho.

Sociétés savantes

Sarrieu faisait partie de plusieurs sociétés savantes. Il fut membre de l'Académie de Montauban de 1913 jusqu'à sa mort (secrétaire jusqu'en 1929), de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne (dans laquelle il fréquentait Antonin Perbosc), de la Société des Études du Comminges, et plus précisément du comité qui s'occupait de toponymie et de topographie pyrénéennes ; il fut premier vice-président de la société Julien Sacaze3 depuis la création de celle-ci en 1922 jusqu'à sa propre mort.
Il publiait dans plusieurs revues savantes et faisait des communications dans des congrès scientifiques.
Ce multi-engagement est représentatif de sa volonté de créer des passerelles, des réseaux et surtout d'investir la culture et la connaissance locale dans des initiatives érudites et transdisciplinaires.

Son œuvre : production et réception

L'ensemble de son œuvre est bilingue. Sarrieu employait autant l'occitan que le français, avec une nette préférence pour l'occitan dans ses productions littéraires et au contraire une prédominance du français dans les articles et les communications.
Son œuvre littéraire occitane se compose majoritairement de poésie et de théâtre publiés à part, de chansons (paroles et musique) et de proses courtes publiées dans la revue et l'almanach de l'Escòlo.
Il fut primé aux Jeux Floraux de l'Escolo Moundino en 1902 pour sa pièce Era Garlando, il reçut l'Églantine d'argent en 1907 aux Jeux Floraux de Toulouse pour Imnes d'Amou et le Prix Pujol en 1912 pour Era Pireneido, épopée de plus de 30000 vers et 12 chants sur des guerres (fictives) entre peuples pyrénéens au début de notre ère.
Une grande partie de l'œuvre de Sarrieu est restée à l'état de manuscrit.
Son œuvre érudite traite d'une grande variété de sujets :
- études de linguistique romane, notamment sur la description du luchonnais (morphologie, syntaxe, phonologie, lexique, etc.) ;
- un dictionnaire savant du luchonnais (étymologie, commentaires, illustrations, etc.) resté à l'état de manuscrit et conservé aux archives de Saint-Gaudens ;
- des études d'onomastique et surtout de toponymie et de topographie pyrénéennes fondées sur ses connaissances des langues anciennes et modernes ;
- des études d'histoire locale et d'ethnographie ;
- des éditions savantes de textes anciens, comme par exemple La Margalide Gascoue (1604) du poète Bertrand Larade (Montréjeau, 1581-ca 1635) ;
- des publications d'œuvres contemporaines d'auteurs gascons (« revues et corrigées » de sa main).
Il reçut en 1900 le prix Boucherie de la Société des Langues Romanes pour son mémoire sur le parler de Bagnères-de-Luchon.
Pour ce qui est de sa réception, il semble que sa production littéraire n'ait pas été autant appréciée que son implication dans des tâches linguistiques, et plus largement érudites.
Des personnes telles que le romaniste Jules Ronjat (1864-1925) ou l'agrégé d'histoire Raymond Lizop (1879-1969), président de l'Escòlo et ami de Sarrieu, tout en lui reconnaissant certaines qualités littéraires, regrettèrent qu'il ne consacre pas plus son temps à son travail de collectage et de description des parlers gascons, qui leur semblait plus fondamental et urgent.
Ses travaux de topographie et de toponymie le mirent en rapport avec des linguistes et romanistes tels qu'Edouard Bourciez (1854-1946), Georges Millardet (1876-1953), Maurice Grammont (1866-1946) et Jules Ronjat. Il semble qu'ils approuvèrent, dans ce contexte, ses analyses linguistiques. Jules Ronjat le cite dens sa Grammaire istorique des parlers provençaux modernes (1930-1932). Il n'empêche que Sarrieu n'était pas linguiste et que, par conséquent, il n'était sans doute pas attendu de lui l'expertise d'un linguiste.

Bibliographie de l'auteur

Monographies

- Era Garlando. Luchon : Impr. Sarthe, 1903
- Piréno : tragedió imitado des tragediéz elleniques : en luchounés, dap còrz en larboustès è muzico. Luchon : Impr. Sarthe, 1903
- Era 'Rrenechénço : coumedió-mouralitat en bèrsi è pròso luchounés è ... franchimant. Luchon : Impr. Sarthe, 1909
- Et perdut : pastouralo luchounéso : En pròso, bèrsi è musico. Luchon : Impr. Sarthe, 1910
- Sans-Parro de Oço : o'r'aparicioun de Sént Betran : dramo coumengés en 5 actes. Luchon : Impr. Sarthe, 1910
- Er'assoumpcioun : mistèri sacrat en 5 cènes : seguit de Ourfèu : allegourio crestiano. Luchon : Impr. Sarthe, 1913
- Sént Mamèt, et gran martir : 260-275 : mistèri en 5 actes, en bèrs. Saint-Gaudens : Abadie, 1914
- Et drac : o'ra carroulho d'or : coumedió-mouralitat en tres actes. Luchon : Impr. Sarthe, 1914
- Edj arroumaire : peçòto coumico en siés tablèus. Luchon : Impr. Sarthe, 1922

Articles et brochures

- « Le parler de Bagnères-de-Luchon et de sa vallée », in Revue des langues romanes, T. 45, 1902. Voir la ressource en ligne sur Occitanica
- « L’ "Ecole des Pyrénées" : Projet de Félibrige commingeois & Couseran », in Revue de Comminges, 1904. Voir la ressource en ligne sur Occitanica
- Une langue vivante méconnue : la langue d'oc : Discours prononcé à la distribution des prix du Lycée d'Auch le 31 juillet 1909. Auch : Impr. T. Bouquet, 1909
- Latin et gascon : communication faite au congrès de l'Union Historique et Archéologique du Sud-Ouest à Bayonne et Biarritz, août 1911. Biarritz : Impr. E. Soulé, 1912
- Une difficulté du problème régionaliste. Montauban : G. Forestié, 1916
- L'enseignement de la langue d'Oc : son intérêt, son intégralité, sa portée. Toulouse : Privat, 1923
- L'enseignement et les divisions universitaires au point de vue régionaliste. Toulouse : Privat, 1923
- La graphie de la langue d'Oc et la langue commune d'Occitanie. Bordeaux : éd. de la "Revue Méridionale, [1924]
- L'assimilation des étrangers en France et particulièrement dans le Midi. Montauban : G. Forestié, 1924
- Le docteur Cator : félibre gascon : Sa vie et son œuvre. Toulouse : Sentein, 1924
- « La langue locale à l'école pour le français et pour elle-même : le breton, le basque, la langue d'oc », in La Terro d'Oc (Toulouse), 1926
- « Observations sur l'enseignement de la langue d'Oc », in Bulletin de la Société gersoise des études locales, 1929
- Era Bouts dera Mountanho. Voir la ressource en ligne sur Occitanica


1. Charles Péguy (1873-1914), intellectuel engagé et écrivain.

2. Jean-Marie Mengue (1855-1939), sculpteur français né à Bagnères-de-Luchon.

3. Julien Sacaze (1847-1889) était un érudit spécialisé dans l'Antiquité des Pyrénées et il fut le fondateur de la Société des Études du Comminges et de sa revue, la Revue de Comminges.
Voir sa Vida en ligne à l'adresse : https://vidas.occitanica.eu/items/show/2105.

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Bernard Sarrieu es lo fondator en 1904 de l'Escòlo deras Pirenéos, escòla felibrenca dels Pirenèus centrals fòrça activa pendent lo sègle XX. Majoral del Felibritge, es conegut per èsser estat un animator polivalent e zelat de la renaissença gascona.

Identitat

Formas referencialas

Sarrieu, Bernard (1875-1935)

Elements biografics

Nasquèt lo 29 de junh de 1875 a Montalban. Son paire èra professor e director a l'Escòla Normala de Montalban, mas l'ostal familial èra dempuèi mai d'una generacion a Sent Mamet.
Sarrieu foguèt un escolan brilhant, bachelièr de retorica e de filosofia amb mencion, admés a la 4ena plaça sus 24 admeses al concors d'entrada de l'Escòla Normala Superiora a 17 ans. Dintrèt a l'Escòla a 19 ans, aprèp dos ans de malautiá.
Foguèt « camarada de promocion » de Charles Péguy1 (Feuillets mensuels, 1958 : p. 136). Es malaisit de saupre quinas foguèron lors relacions, mas se pòdon pas negar de sensibilitats comunas catolicas, socialas e mai filosoficas puèi que, se ne cresèm Jean Castex (J. CASTEX, 2001 : p. 329), Sarrieu èra bergsonian, coma Péguy.
Sortiguèt professor de filosofia de sas tres annadas a l'Escòla. Ensenhèt dins diferents licèus fins a Aush puèi Montalban en 1913 (en passant per Quimper). Las annadas luènh de sa tèrra natala representèron per el un exil dolorós.
Sa santat freula lo ralentiguèt encara dins son evolucion professionala e li calguèt esperar 1907 per obténer l'agregacion de filosofia.
Los elògis e omenatges postums descrivon un òme fòrça cultivat, conscienciós, rigorós, curiós de totas las disciplinas (filosofia, matematicas, astronomia, linguistica, musica, istòria, etnologia, etc.), coneisseire de mantuna lenga romanica e germanica, acarnassit al trabalh e volontari, mas tanben modèst, indulgent, fòrça sensible a las valors crestianas, piós, bon e dubèrt als autres.
Moriguèt de malautiá lo 5 de genièr de 1935 a Montalban e foguèt sepelit a Sent Mamet. Una estela es estada quilhada dins l'òrt de la gleisa. S'i vei un medalhon de bronze amb son retrach, escultat per Jean-Marie Mengue2. Una plaça de la vila pòrta lo nom de Bernard Sarrieu, e mai una carrièra de Sent Gaudenç.

Engatjament dins la renaissença d'oc

La lenga de sa familha, de pichòta borgesia, èra pas l'occitan mas lo francés. Foguèt probablament d'ora en contacte amb lo lengadocian a Montalban e amb lo gascon a Sent Mamet. Estacat qu'èra a son terrador s'interessèt, a çò que sembla, tre l'adolescéncia, al parlar de son vilatge. Li calguèt doncas apréner lo luishonés. Desvolopèt mentretant una curiositat pels uses e costumas de son canton.

Felibritge

Aquela curiositat lo menèt a se raprochar del Felibritge. Grand admirator de Mistral e de son òbra, foguèt primièr membre de l'Escolo Moundino de Tolosa, e publiquèt d'articles dins sa revista, Terro d'òc, puèi se donèt per mission de provesir lo Comenge d’una escòla felibrenca. Fondèt en 1904 a Sent Gaudenç l'Escòlo deras Pirenéos, que presentèt coma una sòrre de l'Escole Gastou Febus e de l'Escolo Moundino per lo Comenge, lo Coserans, lo Nebosan, las Quatre Valadas e la Val d'Aran.
N'èra lo secretari-clavaire. Creèt una revista mesadièra, Era Bouts dera Mountanho e un almanac, l'Armanac dera Mountanho.
Faguèt paréisser dins la Revue de Comminges (1904 : p. 62) una presentacion de l'Escòlo novèla en projècte. I expliquèt las rasons d'aquela creacion, los objectius e los estatuts de l'Escòlo. S'i tròba subretot un bon resumit e un condensat de las preocupacions, de las idèias e de la personalitat de Sarrieu, dins un vocabulari e d'associacions de mots que lo revèlan plan. Èra un umanista d’obediéncia prigondament crestiana. Per lo citar, las « costumas tradicionalas », talas coma lo « lengatge [dels] paires », son de « considerar amb respècte e afeccion » ; la lenga d'òc es la « lenga sòrre » del francés. Aqueles dos aspèctes, las tradicions e la lenga, son concebuts dins una logica de desvolopament de las populacions dins l'espaci del viscut, l'environament cultural dirècte, a escala umana, mas en bona intelligéncia amb la nacion francesa e dins l'encastre mai larg d’aquesta. Sarrieu parlava coma la màger part de sos contemporanèus de la « granda » e de la « pichòta » patrias.
Dins sa volontat de « sauvar » la lenga, aviá mai que tot, lo suènh de las populacions dins una amira tan sociala (lo « ben estar », la « prosperitat », « l'instruccion », la dignitat d'un biais general) coma morala (la « mentalitat », las « mors »). De notar tanben los mots qu'emplegava per parlar de la lenga e de son espaci : parlava a una escala larga de la « lenga d'òc » (pas d'occitan, reprenguèt las nocions de « lenga d'òc » e « lenga d'oïl »), que se parla en « Occitania ». A una escala mai locala parlava de « dialèctes » (lo gascon, lo provençal, etc.) amb de « jos-dialèctes » (lo luishonés, l'aranés, lo tolosan, etc.). Parlava d'una « òbra d'union regionala » sens volontat d'uniformitat mas amb un desir de coneissença mutuala.
Sarrieu aviá fòrça ambicion per son Escòlo, que voliá una digna discipla del Felibritge de Mistral. Encoratgèt las iniciativas de tota mena e donèt l'exemple el-meteis. Organizèt de felibrejadas, de fèstas de Santa-Estèla, de concorses de costums locals, de representacions de grops folclorics, de Jòcs Florals, concorses importants de creacion literària (poesia, pròsa, subjèctes d'istòria locala, etc) dubèrts tanben a las escòlas dins l'amira de la transmission de la lenga als mai joves.
Una de sas preocupacions màgers èra precisament l'ensenhament de la lenga d'òc a l'escòla.
Èra totjorn en cèrca de novèls collaborators e contributors. Un musèu e un teatre gascons serián demorats a sa mòrt en l'estat de projècte (J.-L. de LA VERDONIE, 1935 : p. 30).
Per çò que concernís la grafia, son modèl de referéncia èra la grafia dicha « mistralenca ». Pasmens aquesta li semblava pas sufisenta per representar la realitat de las prononciacions dels diferents parlars de la lenga d'òc, en particular del gascon. Meritava, segon el, d'èsser ameliorada en prenent en consideracion los diferents modèls etimologics e fonetics a disposicion.
Publiquèt vèrs 1924 una brocadura titolada La graphie de la langue d'oc et la langue commune d'Occitanie.
Al moment de la polemica sus la reforma dels estatuts del Felibritge en 1905, Sarrieu se posicionèt en favor del Capolièr Devoluy e de son projècte.
Son engatjament dins lo Felibritge foguèt coronat per sa nominacion al majoralat en 1910 amb la Cigalo dis Aupiho.

Societats sabentas

Sarrieu fasiá partida de mantuna societat sabenta. Foguèt sòci de l'Académie de Montauban de 1913 fins a sa mòrt (secretari fins a 1929), de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne (dins la quala frequentava Antonin Perbòsc), de la Société des Études du Comminges, e mai precisament del comitat que s'entrevava de toponimia e topografia pirenenca ; foguèt primièr vice-president de la societat Julien Sacaze3 dempuèi de la creacion d'aquesta en 1922 fins a sa pròpria mòrt.
Publicava dins mantuna revista sabenta e fasiá de comunicacions dins de congrès scientifics.
Aquel multi-engatjament es representatiu de sa volontat de crear de palancas, de rets e subretot d'investir la cultura e la coneissença locala dins d'iniciativas eruditas e transdisciplinàrias.

Son òbra : produccion e recepcion

L'ensemble de son òbra es bilingue. Sarrieu emplegava tant l'occitan coma lo francés, amb una neta preferéncia per l'occitan dins sas produccions literàrias e al contrari una predominança del francés dins los articles e las comunicacions.
Son òbra literària occitana se compausa majoritàriament de poesia e teatre publicats a despart, de cançons (paraulas e musica) e de pròsas cortetas publicadas dins la revista e l'almanac de l'Escòlo.Foguèt premiat als Jòcs Florals de l'Escolo Moundino en 1902 per sa pèça Era Garlando, reçaupèt l'Aiglentina d'argent en 1907 als Jòcs Florals de Tolosa per Imnes d'Amou e lo Prèmi Pujol en 1912 per Era Pireneido, epopèa en mai de 30000 vèrses e 12 cants sus de guèrras (fictivas) entre pòbles pirenencs a la debuta de nòstra èra.
Granda part de l'òbra de Sarrieu demorèt a l'estat de manescrich.
Son òbra erudita tracha d'una granda varietat de subjèctes :
- estudis de linguistica romanica, e mai particularament sus la descripcion del luishonés (morfologia, sintaxi, fonologia, lexic, etc.) ;
- un diccionari sabent del luishonés (etimologia, comentaris, illustracions, etc.) demorat a l'estat de manescrich e conservat als archius de Sent Gaudenç ;
- d'estudis d'onomastica e subretot de toponimia e de topografia pirenencas fondats sus sas coneissenças de las lengas ancianas e modèrnas ;
- d'estudis d'istòria locala e d'etnografia ;
- d'edicions sabentas de tèxtes ancians, coma per exemple La Margalide Gascoue (1604) del poèta Bertrand Larade (Monrejau, 1581-ca 1635) ;
- de publicacions d'òbras contemporanèas d'autors gascons (« revistas e corregidas » de sa man).
Reçaupèt en 1900 lo prèmi Boucherie de la Société des Langues Romanes per son memòri sul parlar de Banhèras de Luishon.
Per çò qu'es de sa recepcion, sembla que sa produccion literària es pas estada tant estimada coma son implicacion dins de tascas linguisticas, e mai largament eruditas.
De mond coma lo romanista Jules Ronjat (1864-1925) o l'agregat d'istòria Raymond Lizop (1879-1969), president de l'Escòlo e amic de Sarrieu, en li reconeissent d'unas qualitats literàrias, regretèron que consacrèsse pas mai son temps a son trabalh de collectatge e descripcion dels parlars gascons, que lor semblava mai fondamental e urgent.
Sos trabalhs de topografia e toponimia lo metèron en rapòrt amb de linguistas e romanistas coma Edouard Bourciez (1854-1946), Georges Millardet (1876-1953), Maurice Grammont (1866-1946) e Jules Ronjat. Semblèron d'aprovar, dins aquel contèxt, sas analisis linguisticas. Jules Ronjat lo cita dins sa Grammaire istorique des parlers provençaux modernes (1930-1932). Demòra que Sarrieu èra pas linguista e que doncas èra pas esperat d'el l'expertesa d'un linguista.

Bibliografia de l'autor

Monografias

- Era Garlando. Luchon : Impr. Sarthe, 1903
- Piréno : tragedió imitado des tragediéz elleniques : en luchounés, dap còrz en larboustès è muzico. Luchon : Impr. Sarthe, 1903
- Era 'Rrenechénço : coumedió-mouralitat en bèrsi è pròso luchounés è ... franchimant. Luchon : Impr. Sarthe, 1909
- Et perdut : pastouralo luchounéso : En pròso, bèrsi è musico. Luchon : Impr. Sarthe, 1910
- Sans-Parro de Oço : o'r'aparicioun de Sént Betran : dramo coumengés en 5 actes. Luchon : Impr. Sarthe, 1910
- Er'assoumpcioun : mistèri sacrat en 5 cènes : seguit de Ourfèu : allegourio crestiano. Luchon : Impr. Sarthe, 1913
- Sént Mamèt, et gran martir : 260-275 : mistèri en 5 actes, en bèrs. Saint-Gaudens : Abadie, 1914
- Et drac : o'ra carroulho d'or : coumedió-mouralitat en tres actes. Luchon : Impr. Sarthe, 1914
- Edj arroumaire : peçòto coumico en siés tablèus. Luchon : Impr. Sarthe, 1922

Articles e brocaduras

- « Le parler de Bagnères-de-Luchon et de sa vallée », in Revue des langues romanes, T. 45, 1902. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica
- « L’ "Ecole des Pyrénées" : Projet de Félibrige commingeois & Couseran », in Revue de Comminges, 1904. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica
- Une langue vivante méconnue : la langue d'oc : Discours prononcé à la distribution des prix du Lycée d'Auch le 31 juillet 1909. Auch : Impr. T. Bouquet, 1909
- Latin et gascon : communication faite au congrès de l'Union Historique et Archéologique du Sud-Ouest à Bayonne et Biarritz, août 1911. Biarritz : Impr. E. Soulé, 1912
- Une difficulté du problème régionaliste. Montauban : G. Forestié, 1916
- L'enseignement de la langue d'Oc : son intérêt, son intégralité, sa portée. Toulouse : Privat, 1923
- L'enseignement et les divisions universitaires au point de vue régionaliste. Toulouse : Privat, 1923
- La graphie de la langue d'Oc et la langue commune d'Occitanie. Bordeaux : éd. de la "Revue Méridionale, [1924]
- L'assimilation des étrangers en France et particulièrement dans le Midi. Montauban : G. Forestié, 1924
- Le docteur Cator : félibre gascon : Sa vie et son œuvre. Toulouse : Sentein, 1924
- « La langue locale à l'école pour le français et pour elle-même : le breton, le basque, la langue d'oc », in La Terro d'Oc (Toulouse), 1926
- « Observations sur l'enseignement de la langue d'Oc », in Bulletin de la Société gersoise des études locales, 1929
- Era Bouts dera Mountanho. Véser los numeros disponibles en linha sus Occitanica


1. Charles Péguy (1873-1914), intellectual engatjat e escrivan.

2. Jean-Marie Mengue (1855-1939), escultor francés nascut a Banhèras de Luishon.

3. Julien Sacaze (1847-1889) èra un erudit especializat dins l'Antiquitat dels Pirenèus e foguèt lo fondator de la Société des Études du Comminges e de sa revista, la Revue de Comminges
Veire sa Vida en linha a l'adreiça : https://vidas.occitanica.eu/items/show/2105.

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- LIZOP Raymond. « Un grand commingeois, Bernard Sarrieu ». Revue de Comminges, 1934, T. 48, pp. 121-127. Véser la ressorsa en linha sus Gallica
- DE LA VERDONIE Jean-Louis. « Bernard Sarrieu, Membre de la Société, Félibre Majoral ». Bulletin de la Société Archéologique de Tarn-et-Garonne, 1935, T. 63, pp. 21-38. Véser la ressorsa en linha sus Gallica
- FORESTIÉ Georges. « Réponse de M. Georges Forestié ». Recueil de l'Académie de Montauban, 1935, pp. 117-120
- CASTEX Jean. « Hommage à Bernard Sarrieu ». Revue de Comminges, 1975, n°1, page 445.
- CASTEX Jean. « L'écrivain gascon dans les Pyrénées centrales ». Revue de Comminges, 2001, n°3, pp. 325-330.
- SERMET Ernest. « Discours prononcé aux obsèques de M. Bernard Sarrieu, Membre de l'Académie, par M. Ernest Sermet, Vice-Président de l'Académie (7 janvier 1935) ». Recueil de l'Académie de Montauban, 1935, pp. 75-76
- SERMET Ernest. « Bernard Sarrieu ». Recueil de l'Académie de Montauban, 1936, pp. 111-113
- « Avis des autorités linguistiques sur les principes proposés par la Sous-Commission de toponymie ». Bulletin Pyrénéen, 1912, n°2, pp. 345-350
- « Rapport sur le concours du prix Boucherie ». Trentenaire de la Société pour l'Étude des langues Romanes, 1900, pp. XXXVI-XXXIX
- RONJAT Jules. Grammaire istorique des parlers provençaux modernes, T. 1. Montpellier : Société des Langues Romanes, 1930
- RONJAT Jules. Grammaire istorique des parlers provençaux modernes, T. 2. Montpellier : Société des Langues Romanes, 1932
- L'Amitié Charles Péguy. « Feuillets Mensuels », 1958, p. 136
- Letra de B. Sarrieu a Georges Hérelle, 17 de mars de 1913. Véser la ressorsa en linha sus Bilketa
- Fons « Escolo deras Pireneos » conservat a l'antena del Comenge a Sent Gaudenç. Véser la notícia del fons en linha sus Occitanica

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Une vie entière consacrée à la défense de la langue d'oc.
« La cauza occitana es una cauza santa, que i ai donada ma vida » écrit-il, en 1934. « Avec une quarantaine de livres édités à compte d'auteur Pierre Miremont est un de ceux qui ont le plus marqué le Périgord pour la défense de sa langue et de sa culture. » Daniel Chavaroche, enseignant caminaire.
Écrivain de langue d'oc, poète, conférencier, ce Félibre sarladais qui a beaucoup voyagé est surtout connu pour ses études linguistiques sur le parler du Périgord noir.

Identité

Formes référentielles

Miremont, Pierre (1901-1979)

Autres formes connues

- Miremont, Peire (forme occitane du nom)

- Miremont, Pierre Auguste (nom à l'état civil)

Éléments biographiques

Pierre Miremont voit le jour le 17 Décembre 1901 au Buisson de Cadouin où son père est employé à la Compagnie des chemins de fer. Il est l'aîné de quatre enfants. Ses grands-parents originaires du Sarladais ne parlent que le dialecte nord-languedocien de cette région. Il en sera marqué pour la vie.
À l'école Fénelon, à Sarlat, il fait la connaissance de Marc Delbreil, poète reconnu qui écrit dans sa « langue romane » comme il l’appelle. Le poète se prend d'amitié pour lui, il sera son maître et contribuera à l'intérêt que Pierre Miremont portera toute sa vie à la langue du Périgord. Bon élève, Miremont poursuivra des études secondaires et supérieures dans des institutions privées chez les Pères Marianistes. En 1921, il passe son Brevet élémentaire et abandonnant la prêtrise il entre dans l'enseignement libre. Il sera instituteur en Aveyron pour une année seulement car il doit partir au service militaire.
Devenu lieutenant dans les chasseurs alpins il sera envoyé en Allemagne dans la Ruhr occupée.
Il se marie le 5 Mai 1924 à Limoges et enseigne en écoles libres (écoles catholiques) jusqu'en 1929. D'abord à Serverette en Lozère puis à Terrasson.
C'est alors qu'il est exilé à la Celle-Saint-Cloud dans la région parisienne.
Ayant étudié le droit et ne pouvant supporter l'éloignement de sa terre occitane, il vient s'installer comme huissier de justice à Villefranche-de-Rouergue en 1934.
En 1939, il est mobilisé comme lieutenant dans les chasseurs pyrénéens : les Miquelets, puis il est fait prisonnier dans les Vosges en juin. Il sera enfermé successivement dans les oflags de Lübeck, Hambourg-Fischbeck, Münster et Soëst jusqu'en 1945.
Dès sa libération le 6 Avril 1945 il rentre à Villefranche-de-Rouergue.
Il reçoit le titre de Majoral du Félibrige mais son étude d'huissier étant ruinée, il reprend du service dans l'armée d'occupation. Officier de détail à Kaiserlautern en 1945 il est ensuite officier avocat du tribunal militaire du deuxième corps d'armée à Neustadt, puis substitut à Landau.
En 1946, il est juge d'instruction à Fribourg et enfin à Frankenthal où son épouse et ses deux enfants, nés en 1930 et 1934, viennent le rejoindre. Il est officier de la zone d'occupation de Hesse Palatinat, chargé de la politique, de la police, des cultes et de l'éducation.
Délégué du gouvernement de l'État Rhéno-Palatin, il séjourne à nouveau à Neustadt, puis au cercle de Daun en 1950.
Il quitte définitivement l'armée en 1951 et sera fait chevalier de la légion d'honneur.
Il devient alors inspecteur d'assurances-vie à Nancy, Epinal, Marseille et enfin Toulon où il prend sa retraite au village de Cuers. C'est là qu'il finira ses jours auprès de sa compagne Marcelle Drutel « l'Aubanelenca », Majorale du Félibrige, grande poétesse Provençale avec qui il partagea 25 ans de passion pour la langue d'oc.

Engagement dans la renaissance d'oc

Reprenons les propos de Jean Rigouste dans la préface du livre Pèire Miremont, escrivan oblidat del Perigòrd Negre de Brigita Miremont-Orazio :

« Il est des auteurs dont seule l’œuvre peut susciter l’intérêt ; d’autres dont il faut connaître à la fois l’œuvre et la vie (chacune façonnant l’autre), avec ses bonheurs et ses malheurs, ses aléas et ses péripéties : la vie apporte les clés de l’œuvre, elle explique l’engagement de l’auteur, elle est le riche contre-point d’une aventure littéraire ou spirituelle.
Il en est enfin dont la personnalité, la biographie et les productions constituent un tout indissociable : on doit connaître la vie pour interpréter l’œuvre, il est nécessaire de connaître l’homme pour comprendre l’auteur : Pierre Miremont est de ceux-là... Quant à l’œuvre, elle est d’une telle variété qu’il est difficile d’en faire une synthèse : des « contes risolièrs » au drame historique de « Muratel », de la poésie délicate aux travaux linguistiques, comme Biais de dire en Périgord, sans oublier le théâtre, et le dictionnaire…
J’ai rencontré quelquefois Pierre Miremont : je garde le souvenir d’un homme courtois, à l’œil plein de malice, ouvert et à l’écoute des autres, mais ferme sur ses convictions, et fine lame dans l’argumentation ! Il réunissait un ensemble de qualités humaines qui lui furent bien nécessaires dans les terribles épreuves des camps de concentration, comme dans les petits ennuis que la vie lui prodigua : il s’était ainsi forgé le noyau indestructible d’une personnalité vigoureuse, ce qui lui permit de traverser sans compromissions les périodes difficiles ; son secret est peut-être dans cet « èime » indéfinissable qui fait la profonde originalité de notre peuple périgourdin… »

Premiers écrits en langue d'oc

À dix-huit ans Pierre Miremont choisit la langue d'oc pour écrire sa première pièce de théâtre Paures medecins.
Cette comédie sera présentée à Viviez en Aveyron en 1922. Ses premiers vers écrits pendant son service militaire sont rassemblés dans le recueil Resouns de Ruhr qu'il qualifie lui-même de « péché de jeunesse ». Ce sont des notes prises au jour le jour, impressions et souvenirs du temps passé dans la Ruhr de 1922 à 1924. En voici un exemple avant qu'il ne travaille sa graphie :

L'ocupasiu de la Ruhr

Quoura aicí sèm mountats, rèibabiam de batalhas,
Abiam plan dins lou cap que nos seriam tustats.
Mès talèu arribats, se drèboun las muralhas,
D'enemics n'i a pas 'n lèc, lou vent lous a 'mpourtats.

Noun, lou Franses n'es pas l'enemic que creziaboun,
Co'is l'amic generous qu'es passat en pàuzent
Un bàume à las plagas que ta vivas sannaboun.

Resons de Ruhr p. 18

Rentré du service militaire, il prend part à la vie du Bournat association félibréenne de Périgueux. Sa verve moqueuse lui vaudra quelques ennuis. Il devra payer une forte amende pour avoir dressé des portraits peu flatteurs de certains de ses concitoyens dans Profils terrassonais. C'est aussi à cette période que va éclore son théâtre d'oc, il écrit deux comédies qui seront souvent jouées en Périgord.
Ami de Joseph Vaylet et d’Auguste Bénazet il adhère au Grelh Roergat et en devient secrétaire. Il écrit des pièces de théâtre pour l'association Les grillons de Villefranche qu'il anime avec passion notamment lors des grandes fêtes consacrées à Justin Besson en 1938.
C'est à cette époque qu'il crée avec ses amis Denis Puech, le sculpteur, Joseph Vaylet, Georges Bousquet... la revue Reviscol. Ils veulent réveiller ce « Grelh » qu'ils jugent un peu endormi.
Il est rédacteur en chef de l'Almanach Rouergat lorsqu'il publie le premier poème de Jean Boudou : « Velhado ».
Mais sa forte personnalité et son dynamisme ne tardent pas à provoquer des réactions chez les anciens Félibres rouergats, de sérieuses querelles éclatent au sein du Grelh et c'est chacun de leur côté qu'ils poursuivront leur œuvre félibréenne.
La guerre met fin à ses activités au sein du Grelh. Prisonnier dans un oflag, il ne se décourage pas et fonde à Lubëck au sein de « l'université » l'école félibréenne des « Embarbelats » en septembre 1940. À ses côtés Pierre Henri Simon (futur Académicien), Jean Secret, Paul Roger… Marcel Fournier, Majoral bien connu en Périgord se joint à eux à Münster. Pendant les cinq ans de captivité ils œuvreront pour la langue d'oc et Pierre Miremont en sera l'historiographe.
C'est pendant cette période qu'il va mettre au point sa « nóva grafia ». Les prisonniers de l'Escóla dels embarbelats décident de confronter les divers systèmes de graphie existants afin d'en dégager une formule cohérente d'unification qui pourrait prétendre à rallier tous les dialectes.

« Lorsque voilà déjà trois ans je fondais à Lübeck cette école, mon but n'était pas de distraire les captifs du mal du pays, ni de leur faire passer un moment pour les aider à oublier pendant quelques heures leurs misères, leur faim et leur honte. Non, j'avais visé plus haut et mon regard portait loin, bien loin, au-delà des barbelés, au-delà de l'heure trouble où nous vivons…
...Voliay levar per la Comtessa una tropa de druds, de valents que, deman, dins la fe e l'estrambord, al clar solelh de Dieu e dins la libertat reconquistada sonarian lo rampel dels filhs d'Occitania e levarian africs e arderos la lauza que dumpeis trop de temps i 'es jaguda la bela endurmida. Oc, mos amics, mos fraires, oc soldats, serèm los chivaliers del reviscol esplandorenc... »

(Dichas de Cattivitat, 13 de junh 1943 p 16)

Une bonne partie de son œuvre est écrite en captivité1, à l'insu des gardiens. C'est ainsi que dans son poème « Paor » il exprime sa crainte de ne plus être le même à son retour et de ne plus trouver sa place dans un monde qui, en cinq ans, aura changé.

Paor
Una crenta me monta a l'eime.

Ay crenta dins lo jorn qu'esperi,
D'estre pas plus lo que fusqueri,
D'estre trop dur, d'estre trop mascle,
D'aver perdut lo vanc de rire,
D'aver perdut l'esbrand, lo gaubi
E l'illuzion que fay lo raive :

Crenta d'estre mort a la joia.

Ai paor d'estre solet, veuze, quand tornaray.
Solet emb mon orgulh fargat d'un or trop dur.
Solet emb de pensiers que digun comprendrâ.
Solet lo cor torçut, solet lo cor barrat.
…..
Auran tant caminat lo monde e lo solelh !

Ay crenta d'estre sol, perdut, desconescut
Dins un monde novel, que de io se rirâ
Virat vers d'autres Fes, florit d'autres espers.

Ay paor d'estre tot sol, Quijota atardivat,
A consegre, enluzit, mos raives d'a vint ans !

Münster 15-06-1944

Planh de Faidit
: Salingardes, 1967, p. 75


C'est dans le camp de Hamburg-Fischbeck qu'il écrit aussi « Nostra lenga » en 1942 :


Nostra lenga


Lenga del Gay Saber, lenga de poezia,
Jenta lenga de cortezia,
Clara lenga de la Patria,
Lenga de beutat e d'amor :
Te parlava la senhoressa,
E lo galant, raz sa mestressa,
La ninava al balans de ton parlar de flor.

Lenga, qu'as bronzinat sus nóstre batisteri,
Ses estada lenga d'emperi
Dins la gauj e lo treboleri ;
Te parlavon lus grands sabents,
Lus legats e lus prezicaires ;
Eres la lenga del Terraire
E lo verbe granat d'un póple de valents.

Mes amont, de Paris, per abracar la rassa,
Apres lo bufal de l'aurassa,
Apres Montfórt la tartarassa,
Apres lo sang, lo fec, lo dól,
Nus volian matrassar la lenga
Que de l'aussada a la valenga
Tinda coma l'ama del sól.

A la lenga maldicha, e letruts e profetas
I an sonat la laissa a trompeta.
Vay morir se dis, se repeta,
Vay morir dizon lus sabents.
Mès mal despit lor professia,
Auturiera en sa senhoria,
La lenga nazarda lo temps.

La lenga dèus aujóls, lenga d'ór, lenga maire,
Sempre a la voz de sus trobaires,
Fay clantir son verbe tindaire.
Darrer l'auriflor de Mistral,
Entre las mars d'Ocitania,
Lus ómes d' Oc, que mais cotria,
Te farán retronir, lenga del sól mairal !

Lenga del Gai Saber, lenga de poezia,
Tojorn que mais, sus la Patria
Flotejarás coma un senhal !

Hamburg-Fischbeck 21-3-1942

Jol solelh d'oc, 1975, p. 15

Après la guerre, il est sollicité par les Allemands pour faire des conférences dans leurs universités sur le Félibrige et la langue d'oc. Il donne ainsi des conférences en 1946 à Mayence -Heidelberg. En 1947 à Munich, Esclangen, Wurtzburg (zone américaine). En 1949-1950 à Ratisbonne.
Les Allemands publieront même plusieurs de ses œuvres en français et en langue d'oc.

Études linguistiques sur le parler du Périgord noir

Ces travaux constituent une référence pour tous ceux qui ont besoin d'outils pour retrouver « toute la saveur, toute la sève de la langue vivante », comme l’écrit Jordi Plantaurel – pseudonyme d’André Lagarde - dans La Dépêche du 6 septembre 1976)
C'est ainsi qu'il publiera, à compte d'auteur :

- Glossari del Perigórd Negre (1974: imp. Carrère : Rodez), lexique de 500 pages dans lequel il s'attache à ne relever que les termes dont la consonance et souvent l'orthographe ne sont pas trop voisines du français.

- Biais de dire en Perigórd (1974 : imp.Gerbert : Aurillac), complément du Glossari :

« le glossari, dit-il, n'est en quelque sorte que le reliquaire somptueux des vocables du Périgord Noir. Il n'est porteur d'aucun germe de vie et pourrait tout aussi bien concerner une langue morte. Le présent recueil, tout au contraire, est l'exposition de notre langue dans sa vie réelle de chaque jour, dans son éclat de langue bien vivante. Ici nous avons lié en gerbes notre collecte des expressions, idiotismes et tours syntaxiques dont use notre parler. »

Quelques exemples :

A pas la carampa pèus dets
– il n'a pas la crampe aux doigts, il est laborieux.
A dèus uèlhs que traucon – il a les yeux vifs et perçants.
Cozinier de la sopa freja – Mauvais cuisinier.
Aver lo ventre tras l'esquina – Avoir le ventre creux.
I aurà de capels de resta – Il y aura beaucoup de morts.
Li manca una bulida – Il lui manque un peu de cuisson, manque de jugement.
Es tant cargat d'escuts coma un grapal de plumas – Il a autant d'écus qu'un crapaud a de plumes.

- Proverbis et dittons del Perigord : imp. Gerbert Aurillac 1974): il s’agit de trois cahiers se rapportant aux mois et saisons pour le premier, à la semaine, aux jours, aux fêtes et aux saints pour le deuxième et au temps et aux intempéries pour le troisième.
Voici l’introduction qu’il rédige pour ce travail :

« À l'heure où la Langue d'oc est de plus en plus abandonnée, voici que des jeunes ressentent cet abandon comme une frustration et aspirent à reconquérir le parler de leur race. Hélas ! Ils ne l'entendent plus autour d'eux et souffrent de ne pouvoir confronter l'enseignement de l'école à la réalité vivante. Ce témoignage que les vivants ne peuvent plus rendre, les générations passées nous le transmettent au moyen de ces sentences familières que sont les proverbes et les dictons […]Que de mots savoureux enchâssés dans des phrases lapidaires à la syntaxe infaillible ! C'est là et seulement là que nos jeunes retrouveront la langue dont on les a frustrés »

Quelques exemples :

Se mars non marseja, tot l'an n'a l'enveja – si mars ne suit pas sa nature toute l'année s'en ressent.
Cand lo picatal picateja, pel bósc l'i pleu o venteja – Quand le pic-vert frappe au bois, il pleut ou il vente.
Lo que dejuna orgulhos, sopará vergonhos – Celui qui déjeune orgueilleux, soupera honteux.
Las bonas fonts se vezon a la sequiera, lus bons amics, a la pauriera – On juge des bonnes sources durant la sécheresse, et des bons amis dans l'infortune.

- La syntaxe occitane du Périgord (1976 : imp.Gerbert Orlhac)
Dans l'introduction de cet ouvrage il écrit :

« La langue se meurt, et le peu qu'il en reste de vivant se contamine chaque jour au contact de la syntaxe française. On croit parler occitan mais, trop souvent, on emploie un jargon français accoutré de quelques mots d'oc. Le danger est grand, il est mortel. Ne perdons plus notre temps à de stérilisantes querelles de graphie. La langue n'est pas là, ce n'en est que la vêture... La graphie n'a pour but que de traduire la sonorité de la langue. Elle n'est que le résultat de conventions et peut donc évoluer… L'urgent, actuellement est de sauver ce qui fait la langue : la syntaxe. »

Dernières publications

Pierre Miremont écrira jusqu'à son dernier souffle.

- Des « racontes risolièrs » :

Espofinadas (1971) ; Lo devinaire (1973) ; Contes pel brave monde (1976) ; Contes peus petits èlhs (1973) ; Bastard de curèt (1975).

Dans une lettre au Majoral Monestier il écrit le 30 Novembre 1975 :

« ce ne sont pas des œuvres qui font le plus honneur à notre langue, je les écris seulement pour que les gens puissent en rire et lire de la bonne langue... écrite dans une syntaxe saine. »

Voici un extrait qui donnera une idée de l’ensemble :

A l'escóla

Lo rijent ven de decialar à sus elevas lus misteris del biais que se farga lo plural. Aorà se vól donar comte s'an plan compres e comensa :
- Quand dins un ostal l'i nais un nenet : quó's lo ?…
- Singulièr ! Siscla tota la classa.
- Van plan ; e se n'i a dos, quó's ?...
-De bessons !


Espofinadas, p. 47

Muratel, œuvre de toute une vie

Il s'agit d'un long poème épique de douze chants en vers, commencé en 1925, repris de nombreuses fois et terminé en 1975. Ce récit en vers est inspiré d'une légende locale sur le seigneur du Château de Muratel près de Terrasson. Quand on ouvre le livre, on est de suite pris par la richesse de la langue, l'habileté du poète qui jongle avec les mots avec une grande maîtrise.2

« Co's l'istôria dolenta e bloza
De Gui sans pôu, lo trobador
Qu'anguet raubar son amoroza,
Berta, que l'aimava d'amor,
Al pellant que l'avia, dins son castel, portada
E que rabios, la gardava clavada,
Tot amont a l'ensus de sa pus nauta tor. »

- Rassa rasseje : dans ces 46 poèmes publiés en 1978, il exprime sa satisfaction d'avoir œuvré pour que vive la langue d'oc.

Pel medre avenidor

Uros lus que son mórts comols d'óbras de vita,
Que, sans se revirar, buteron lor prefach.
Uros lo que s'enderm, un cóp l'óbra complida,
Arland de tant de grun que jitet a jaufat.

Uros lo que s'estira al siaud de la talvera,
Après lo seme drut e lo medre rossel.
Uros lo qu'es tombat en crozar lais gavelas,
Lus dets claufits de lum e lo solelh pèus èlhs.

Uros lo que se'n vay, juntant sais mans rimadas
Sus la garba ligada a redórta d'amor.
Uros lus que son mórts riches de lor suzor,
Partits lo granier plen e la terra abladada
Pel medre avenidor.

Cuers, 01-07-1975

« Lorsque vous voyez cette masse d'œuvres, vous êtes presque effrayé et vous vous demandez comment une vie d'homme a pu suffire pour réaliser une telle tâche », écrira Marcelle Drutel dans Vido vidanto, riboun- ribagno, Estamparie Bene, Nimes, 1983

Bibliographie de l'auteur3

- 46 livres édités à compte d'auteur :
- 25 recueils de poèmes
- 11 livres en prose
- 10 pièces de théâtre
- 3 livres édités après sa mort par le majoral Monestier
- Nombreux inédits

En français

a- Poésie

- 1939 : Le cricri de la crèche
- 1940 : Chansons de caserne
- 1928 : Profils Terrassonnais (sonnets), imprimerie de la Vézère, Montignac.
- 1931 : Nouveaux profils, Imprimerie de l'Argonne, Bordeaux
- Chant de grillon
- Cœur de grillon 193?, Autres profils (sonnets), Imprimerie de l'Argonne, Bordeaux
- 1946 : Nos mois harmonieux, Kaiserslautern, Rohr
- 1946 : Chants de prisonnier, Kaiserslautern, Rohr

b- Prose

- 1983 : La littérature d'oc, des troubadours aux Félibres, avec Jean Monestier, P. Fanlac, Périgueux.
- 1985 : Le Félibrige et la langue d'oc, avec Jean Monestier, Imp. Réjou Périgueux

En langue d'oc

a- Poesia

- 1939 : Visto dèus mounts, Toulouse, imp.Sentein.
- 1934 : Jous l'casque, Rodez, Subervie.
- 1935 : Resouns de Ruhr, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1940 : Joul's soulelh dèus troubadors, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1940 : Pantais d'un grelh.
- 1946 : Cantics e pregarias, Préface de Marcel Ducros, Kaiserslautern, Heinz Rohr
- 1946 : Noels e Nadalets, Kaiserslautern,Heins Rohr.
- 1953 : Guerra kaki, Rodez, Supervie.
- 1967 : Planh de faidit, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1969 : Darrer'ls barbelats, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1974 : Al solelh d'amor, Villefranche de Rouergue. Salingardes.
- 1971 : Dolencia, Aurillac, Imprimerie du Cantal, Edition du Centre.
- 1972 : Jol cel del Perigord, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1975 : Jol solelh d'oc, Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1978 : Rassa rasseje ! Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1979 : Muratèl (poèma epic), Villefranche de Rouergue, Salingardes.

b- Pròsa

- 1948 : Dichas de cattivitat, Préface de L.de Lastic, [s .i][s.n][s.d]
- 1973 : Contes peus petits elhs (proza), Rodez, Imp. Carrère.
- 1973 : Lo devinaire (galejadas), Aurillac, Éd du Centre.
- 1975 : Bastard de curèt, Rodez, Imp. Carrère.
- 1976 : Contes pel brave monde (proza), Rodez, Imp. Carrère.
- 1971 : Espofinadas (contes gais), Aurillac, Éd du Centre, Imp. du Cantal.
- 1974 : Proverbis e dittons del Perigord (3 cahiers), Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1974 : Biais de dire en Perigord (estudi) : Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1974 : Glossari del Perigord Negre, Rodez. Imp.Carrère.
- 1976 : La Syntaxe occitane du Périgord, Orlhac, Imp. Gerbert.
- 1977 : Femnas e Miquelets (racontes d'amor e de guerra) : Nîmes. Imp. Bené.
- 1985 : Brondilhs, Le Bugue, Imp. PLB.

c- Teatre en òc

- 1922 : Lou foutougrafe de fiero ?
- 1934 : Chas'l foutougrafe, Montignac. Imprimerie de la Vézère.
- 1931 : Lou bilhet de femna, Montignac, Imprimerie de la Vézère.
- 1927 : Pàures medecins, Montignac, Imprimerie de la Vézère.
- 1937 : La Nora, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1939 : Perqué Soustena se maridèt pas ?, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1952 : L'Espion, Rodez. Imp. Subervie.
- 1951 : La Lotaria, Rodez, Imp. Subervie.
- 1952 : Guston se vol far medecin, Rodez, Subervie
- 1950 : Lo Quorum, Villefranche de Rouergue, Salingardes.

Inédits

- Étude sur le troubadour Cadenet
- Le Félibrige et sa doctrine
- Conferéncias en Alemanha (données en 1946-1950)
- Orlina (drame en vèrs)
- La Font del Gat (roman)
- Mus Cridals Cattius
- Libre d'or deus Embarbelats
- Garsas de femnas
- Teatre d'Oc

Certains des livres édités sont encore en vente au Bournat du Périgord, 13 rue Klébert, 24000-Périgueux 24000. Ils sont consultables au CIRDOC.
Le Bournat à Périgueux possède des cahiers manuscrits, qu’il faudrait inventorier.


1. Dans la graphie des Embarbelats « à » est mis pour « á ». Quand l'imprimeur ne possède pas le caractère « á » il le remplace par « â ».

2. Pierre Miremont écrit « ó » pour « ò » et lorsque l'imprimeur ne dispose pas de ce caractère il remplace « ó » par « ô ».

3. Certains des ouvrages signalés par plusieurs sources (Marcelle Drutel, Zéphirin Bosc) n’ont pas pu être matériellement retrouvés, d’où l’absence de références bibliographiques. Par ailleurs, Miremont payait lui-même les imprimeurs. Il fonctionnait avec des souscriptions et parfois des mécènes. Il n'a pas eu assez d'argent pour publier tout ce qu'il aurait voulu.

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Jusèp Condò Sambeat est un écrivain félibre, connu aujourd'hui comme la figure emblématique de la renaissance linguistique et littéraire aranaise.

Identité

Forme référentielle

- Condò Sambeat, Jusèp

Autres formes connues

- Condò Sambeat, Josèp (autre orthographe du nom)

- Condó Sambeat, Jousèp

- Condó Sambeat, Jûsep

- Condó Sambeat, Joseph

Éléments biographiques

Il naît à Montcorbau, dans le Val d'Aran, le 29 mars 1867, et il se destine à une carrière religieuse : il est ordonné prêtre le 28 mai 1891. Son instruction s'est faite dans plusieurs villes du Val d'Aran puis de Catalogne. Il commence à exercer dans l'Alt Urgell, puis il part pour l'Aragon et ne revient dans le Val d'Aran qu'au début du XXème siècle : il exerce à Gesse en 1905, puis à Salardú. Il meurt de maladie le 5 août 1919 à Bossost.

Engagement dans la renaissance d'oc

Sa langue maternelle est l'aranais, mais c'est une langue qui ne s'écrit pas à cette époque, ou très peu. Ses premiers écrits littéraires sont des poèmes en catalan, qu'il présente à l'Acadèmia Mariana de Lleida. Il écrit aussi quelques textes religieux en castillan. Après son retour dans le Val d'Aran, il se met à écrire en aranais : il présente son poème « Era Val d'Aran » aux Jeux Floraux de Lleida en 1912. L'année suivante le même poème ainsi qu'un autre, « Horaci a Mecenas », paraissent dans la Revue de Comminges et dans Era Bouts dera Mountanho (organe de l'Escòlo deras Pirenéos). Cette première publication dans la revue du Félibrige commingeois marque l'entrée de Condò dans les rangs félibréens, et elle sera suivie d'autres publications. Bernard Sarrieu (1875-1935), fondateur de l'Escòlo et animateur zélé du Félibrige gascon, toujours en recherche de nouveaux correspondants et contributeurs, rassemble les manuscrits de Condò après sa mort dans l'optique de publier ses œuvres complètes. Le projet n'ayant pas vu le jour, ce sont les derniers animateurs de l'Escòlo, Jules et Yvonne Ponsolle, qui composent un recueil d'œuvres publiées et inédites de Condò sous le titre d'une de ses œuvres principales, Era isla des Diamants, en 1981.
Reste à savoir comment Condò a décidé d'écrire en aranais : est-ce Bernard Sarrieu qui l'a incité à le faire ? Ou faut-il plutôt chercher du côté d'un autre écrivain aranais, par exemple Jusèp Sandaran Bacaria (1875-1942), qui a précédé de quelques années Jusèp Condò Sambeat dans la défense de l'aranais e qui a lui aussi été publié dans la revue Era Bouts ?
Condò et Sandaran ont tous deux travaillé sur la langue. Condò a publié un « Vocabulari Aranés » paru dans le Butlletí de Dialectologia Catalana (1915), il a commencé à travailler sur une grammaire et il a élaboré une graphie un peu « hybride », teintée d'influences graphiques catalanes, castillanes et occitanes (félibréennes). Sa graphie personnelle semble plus proche de la graphie catalane, mais il existe des manuscrits de sa main dans la graphie de l'Escòlo deras Pirenéos (élaborée par Sarrieu). Signalons le fait que Condò a été sollicité comme informateur pour l'Atlas lingüístic de la Vall d'Aran de Antonio Griera, et qu'il a compté au nombre des sources de Joan Coromines pour son ouvrage El parlar de la Vall d'Aran.
En ce qui concerne sa production littéraire, elle se compose principalement de poèmes et dans une moindre mesure de prose (théâtre, contes), qui ont majoritairement pour sujet le Val d'Aran ou des thèmes religieux (les deux étant souvent mêlés). L'œuvre Era Isla des Diamants est une fiction qui s'appuie sur le contexte colonialiste pour imaginer « l'exportation » du Val d'Aran dans une île des Philipines où il jouirait d'une autonomie économique et sociale, émancipée de toute autorité politique espagnole pour promouvoir la culture aranaise. Christian Lagarde qualifie l'œuvre de « parabole » plutôt que de roman, d'une part à cause de son volume (qui ne justifie pas le nom de roman) et de sa structure littéraire mais aussi en raison de la place de la morale et du discours évangélique dans le récit1 .
Selon Michel Camélat, Condò s'est principalement inspiré d'auteurs catalans2. Il a lu entre autres Jacint Verdaguer (1845-1902), auteur célèbre contemporain de la Renaixença catalane.
En 1989, le Conselh Generau d'Aran crée en hommage le prix Mossen Condò Sambeat, pour récompenser des pièces de littérature aranaise.



1. « Parabole de l'insularité: era isla des diamants, ou le val d'Aran de Condó Sambeat », in Lengas, 1999, n°45, pp.95-108.

2. « J. Condo Sambeat », in Reclams, 1938, n°11/12, pp.300-302. Michel Camélat (1871-1962), écrivain gascon de Bigorre, fut un des fondateurs et animateurs de l'Escole Gastou Febus.



Bibliographie de l'auteur

- Manuscrits conservés dans le fonds Escolo deras Pireneos (52 J 373-375) à l'annexe du Comminges à Saint-Gaudens des Archives Départementales de la Haute-Garonne : « Es Aranesi » ; « Victoria d'es Aranesi » ; « Era Caritat » ; « Cansoun d'et Praube » ; « Cartes de un hilh à sa mare » ; « Catecisme cûert » ; « Coundes cuèrts » ; « Et Loup è'ra Guinèu » ; « Ovidi à Mecenas » ; « Era millú flú » ; « Era Val d'Aran » ; « At deuant d'et Sant Cristu de Salardû » ; « Luenh dera pátria » ; « Era mare pátria » ; « Era Lengua aranesa » ; « Cansun d'era Garuna » ; « Nuguera pallaresa » ; « Era Net de Sant Juan » ; « Et Pastou as estrelhes » ; « Et darrè cant d'er Um » ; « Ena mort de M. Père Sarrieu » ; « Era Maladeta » ; « Era Isla des Diamants » ; « Sang noble è sang d'et poble ».
- « Vocabulari aranes » in Butlletí de Dialectologia Catalana, t. III, 1915.
- Publicacions dins la revista Era Bouts dera Mountanho a partir de 1913.
- La Caritat : coumèdia aranésa, en prôso è en un acte, floucada als Jocs Flouraus dera Scôlo en 1914. [s. l.] : Bibliouteco dera 'scolo deras Pirenéos, 1971.
- Era Isla des Diamants. [s. l.] : Bibliouteco dera 'scolo deras Pirenéos, 1981.
- Era Isla des Diamants. Vielha : Conselh Generau d'Aran, DL 2006.
- Era Maladeta. [Vielha] : Conselh Generau d'Aran, [2009].
- Vocabulari aranés : extrèt deth vocabulari aranés de Jusèp Condò : adaptat ara grafia normativa. [Vielha] : Institut d'Estudis Aranesi, Acadèmia aranesa dera lengua occitana, deseme 2016.
- Sang nòble e sang deth pòble. [Casau, Lleida] : Institut d'Estudis Aranesi-Acadèmia Aranesa dera Lengua Occitana, 2017.

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Jusèp Condò Sambeat es un escrivan felibre, conegut a l'ora d'ara coma la figura emblematica de la renaissença linguistica e literària aranesa.

Identitat

Forma referenciala

- Condò Sambeat, Jusèp

Autras formas conegudas

- Condò Sambeat, Josèp

- Condó Sambeat, Jousèp

- Condó Sambeat, Jûsep

- Condó Sambeat, Joseph

Elements biografics

Nais a Montcorbau, dins la Val d'Aran, lo 29 de març de 1867, e se destina a una carrièra religiosa : es ordonat prèire lo 28 de mai de 1891. Son instruccion s’es facha dins mai d’una vila de la Val d’Aran puèi de Catalonha. Comença d’exerçar en Naut Urgell, puèi partís en Aragon, e torna dins la Val d'Aran a la debuta del sègle XX : exerça a Gessa en 1905, puèi a Salardú.Morís de malautiá lo 5 d'agost de 1919 a Bossòst.

Engatjament dins la renaissença d'òc

Sa lenga mairala es l'aranés, mas es una lenga que s'escriu pas de son temps, o pas gaire. Sos primièrs escriches literaris son de poèmas en catalan, que presenta a l’Acadèmia Mariana de Lleida. Escriu tanben d'unes tèxtes religioses en castelhan. Aprèp son retorn dins la Val d'Aran, comença d'escriure en aranés : presenta son poèma « Era Val d'Aran » als Jòcs Florals de Lleida en 1912. L'annada seguenta lo meteis poèma e un autre, « Horaci a Mecenas », pareisson dins la Revue de Comminges e dins Era Bouts dera Mountanho (organ de l'Escòlo deras Pirenéos). Aquela primièra publicacion dins la revista del Felibritge comengés marca l'entrada de Condò dins los rengs felibrencs, e serà seguida d'autras publicacions. Bernard Sarrieu (1875-1935), fondator de l'Escòlo e animator zelat del Felibritge gascon, totjorn en cèrca de novèls correspondents e contributors, recampa los manescriches de Condò aprèp sa mòrt dins l'amira de publicar sas òbras completas. Lo projècte aguent pas vist lo jorn, son los darrièrs animators de l'Escòlo, Jules e Yvonne Ponsolle, que compausan un recuèlh d'òbras publicadas e inedichas de Condò jos lo títol d'una de sas òbras màgers, Era isla des Diamants, en 1981.
Demòra de saupre cossí Condò decidiguèt d'escriure en aranés : foguèt Bernard Sarrieu lo motivator ? O caldriá puslèu cercar del costat d'un autre escrivan aranés, per exemple Jusèp Sandaran Bacaria (1875-1942), que precediguèt de qualques annadas Jusèp Condò Sambeat dins la defensa de l'aranés e que foguèt el tanben publicat dins la revista Era Bouts ?
Tant Condò coma Sandaran trabalhèron sus la lenga. Condò publiquèt un « Vocabulari Aranés » paregut dins lo Butlletí de Dialectologia Catalana (1915), comencèt de trabalhar sus una gramatica e elaborèt una grafia que se poiriá dire un pauc « ibrida », pastada d'influéncias graficas catalanas, castelhanas e occitanas (felibrencas). Se pòt dire que sa grafia personala es puslèu pròcha de la grafia catalana, mas se tròban de manescriches de sa man dins la grafia de l'Escòlo deras Pirenéos (elaborada per Sarrieu). De notar que Condò foguèt sollicitat coma informator per l'Atlas lingüístic de la Vall d'Aran de Antonio Griera, e que comptèt al nombre de las sorsas de Joan Coromines per son obratge El parlar de la Vall d'Aran.
Per çò qu'es de sa produccion literària, se compausa principalament de poèmas e dins una mendra mesura de pròsa (contes, teatre), qu'an per subjècte mai que mai la Val d'Aran o de tèmas religioses (los dos son sovent entremesclats). L'òbra Era Isla des Diamants es una ficcion que s'apuèja sul contèxt colonialista per imaginar « l'exportacion » de la Val d'Aran dins una illa de las Filipinas ont gaudiriá d'una autonomia economica e sociala, emancipada de tota autoritat politica espanhòla per botar endavant la cultura aranesa. Christian Lagarde qualifica l'òbra de « parabòla » puslèu que de roman, d'una part per causa de son volum (que justifica pas lo nom de roman) e de son estructura literària mas tanben per la plaça de la morala e del discors evangelic dins lo raconte1.
Segon Miquèu Camelat, Condò s'inspirèt mai que mai d'autors catalans2. Entre autres, legiguèt Jacint Verdaguer (1845-1902), autor famós contemporanèu de la Renaixença catalana.
En 1989, lo Conselh Generau d'Aran crèa en omenatge lo prèmi Mossen Condò Sambeat, per recompensar de pèças de literatura aranesa.



1. « Parabole de l'insularité: era isla des diamants, ou le val d'Aran de Condó Sambeat », in Lengas, 1999, n°45, pp.95-108.

2. « J. Condo Sambeat », in Reclams, 1938, n°11/12, pp.300-302. Miquèu Camelat (1871-1962), escrivan gascon de Bigòrra, foguèt un dels fondators e animators de l'Escole Gastou Febus.



Bibliografia de l'autor

- Manescriches conservats dins lo fons Escolo deras Pireneos (52 J 373-375) a l'anèxa del Comenges a Sant-Gaudens dels Archius Departamentals de la Nauta-Garona : « Es Aranesi » ; « Victoria d'es Aranesi » ; « Era Caritat » ; « Cansoun d'et Praube » ; « Cartes de un hilh à sa mare » ; « Catecisme cûert » ; « Coundes cuèrts » ; « Et Loup è'ra Guinèu » ; « Ovidi à Mecenas » ; « Era millú flú » ; « Era Val d'Aran » ; « At deuant d'et Sant Cristu de Salardû » ; « Luenh dera pátria » ; « Era mare pátria » ; « Era Lengua aranesa » ; « Cansun d'era Garuna » ; « Nuguera pallaresa » ; « Era Net de Sant Juan » ; « Et Pastou as estrelhes » ; « Et darrè cant d'er Um » ; « Ena mort de M. Père Sarrieu » ; « Era Maladeta » ; « Era Isla des Diamants » ; « Sang noble è sang d'et poble ».
- « Vocabulari aranes » in Butlletí de Dialectologia Catalana, t. III, 1915.
- Publicacions dins la revista Era Bouts dera Mountanho a partir de 1913.
- La Caritat : coumèdia aranésa, en prôso è en un acte, floucada als Jocs Flouraus dera Scôlo en 1914. [s. l.] : Bibliouteco dera 'scolo deras Pirenéos, 1971.
- Era Isla des Diamants. [s. l.] : Bibliouteco dera 'scolo deras Pirenéos, 1981.
- Era Isla des Diamants. Vielha : Conselh Generau d'Aran, DL 2006.
- Era Maladeta. [Vielha] : Conselh Generau d'Aran, [2009].
- Vocabulari aranés : extrèt deth vocabulari aranés de Jusèp Condò : adaptat ara grafia normativa. [Vielha] : Institut d'Estudis Aranesi, Acadèmia aranesa dera lengua occitana, deseme 2016.
- Sang nòble e sang deth pòble. [Casau, Lleida] : Institut d'Estudis Aranesi-Acadèmia Aranesa dera Lengua Occitana, 2017.

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Joseph Anglade est un romaniste français spécialisé dans l'étude de la lyrique des troubadours, il est né le 11 octobre 1868 à Lézignan-Corbières (Aude) et mort le 13 juillet 1930.
Il est surtout reconnu pour son étude de l'œuvre des troubadours Guiraud Riquier et Peire Raimon ainsi que pour son Histoire sommaire de la littérature méridionale au Moyen-âge : des origines à la fin du XVe siècle (1921) qui a servi de manuel de base à de nombreux jeunes étudiants en lyrique médiévale occitane.

Identité

Formes référentielles

Anglade, Joseph (1868-1930)

Autres formes connues

- Jan-Pierre (Pseudonyme)

Élements biographiques

Joseph Anglade fait ses études au Petit Séminaire de Carcassonne, puis au lycée de Toulouse. Étudiant à Toulouse puis Montpellier, il obtient ses grade de licencié en 1892 puis d’agrégé en 1896.
À Montpellier, il fait la rencontre de celui dont il sera l’élève puis le plus fidèle disciple Camille Chabaneau. Il part ensuite étudier deux ans en Allemagne, alors le foyer incontournable de la connaissance des troubadours.
À son retour en France il enseigne au Collège de Béziers puis aux lycées de Tulle, La Roche-sur-Yon, Montpellier et Bordeaux.
En 1905 il soutient sa thèse sur le troubadour Guiraud Riquier, un des derniers troubadours occitans né vers 1230 à Narbonne et mort vers la fin du XIIIe siècle. Il est alors nommé à Nancy où il était déjà suppléant, puis l’année suivante à la Faculté de Rennes. C’est finalement en 1910 qu’il assure la succession d’Antoine Thomas et Alfred Jeanroy à la Faculté de Toulouse où il demeure en poste jusqu’à sa retraite.
En 1914, il fonde l’Institut d’Études Méridionales sur le modèle des séminaires allemands, il y prend en charge l’enseignement de la philologie. Il intègre parallèlement à cette activité les plus prestigieuses Académies toulousaines comme la Société Archéologique du Midi de la France en 1910, l’Académie des Jeux Floraux en 1911 et l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres en 1918. La même année il devient majoral du félibrige.

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Tout comme Paul Froment, le félibre-paysan de Floressas, Émilien Barreyre est un des exemples les plus remarquables de poète occitan issu véritablement du monde du travail, ayant réussi, avec peu d’instruction « institutionnelle », à bâtir une œuvre littéraire qui laisse rêveur le lecteur actuel. Barreyre est un paysan de la mer, un malinèir, un marin. En ce temps-là, le Bassin d’Arcachon est un haut lieu de la pêche à la sardine (en plus de l’ostréiculture et du tourisme, déjà développé). Né à Arès, aux confins du pays de Buch et du Médoc, Barreyre exercera toute sa vie des métiers durs et ingrats : marin-pêcheur, militaire, gardien de sanatorium puis d’usine, tout en se montrant un membre actif du Félibrige. Cette vie de travail et de pauvreté est ourlée de récompenses qui pleuvent sur le poète-ouvrier pour ses oeuvres. Mistral, Palay, Camélat, sans oublier ses comparses girondins, les félibres Roger Romefort dit Gric de Prat ou encore son voisin Adrien Dupin, s’émerveillent de l’aisance poétique de cet Arésien taiseux, qui mourra en terre francilienne où il s’était exilé, sans avoir revu le Bassin d’Arcachon.

Identité

Formes référentielles

Barreyre, Émilien (1883-1944)

Éléments biographiques

Émilien Barreyre est né le 20 avril 1883 à Arès, commune située au nord du Bassin d’Arcachon, où une plaque commémorative a été installée sur sa maison natale. Barreyre est issu d’un milieu essentiellement occitanophone : à la fin du XIXe siècle, l’occitan est la seule langue des pêcheur et des mariniers du pays de Buch. Sa mère ne parlera jamais véritablement français. Barreyre, issu d’une famille de pêcheurs, quitte l’école après le certificat d’études. Sa fille, Béline, raconte qu’il écrivait déjà des vers sur ses livres de classes. Barreyre devient pêcheur aux côtés de son père. Son frère aîné deviendra chauffeur de navire au long cours. Tout en maniant les rames ou le filet, Barreyre achète des manuels d’art poétique, essaie de comprendre la construction du vers et de la rime, et décide qu’il écrira désormais dans sa langue maternelle plutôt qu’en français. Il s’engage dans la Marine à 18 ans, et y reste cinq ans. Militaire, il reçoit une formation qui lui permet d’approfondir encore ses connaissances. Il s’inscrit à l’école Gastou Fébus, fondée depuis peu en Béarn par Simin Palay et Michel Camélat, avec qui il commence à correspondre. Pendant son passage à l’armée, il entame la rédaction de son premier recueil de poèmes, entièrement en occitan, Las Malineyres, les « filles de la mer », qui raconte la vie des pêcheurs du pays de Buch, mais aussi reprend quelques mythes et légendes locaux. Le livre paraît en 1912 et reçoit un accueil unanimement favorable. Barreyre a l’émotion de recevoir les félicitations du vieux Frédéric Mistral en personne. Barreyre est célébré comme poète au-delà du cénacle félibréen. Palay et Camélat l’incitent à présenter son oeuvre au concours des Jeux Floraux, où elle est récompensée de l’Églantine d’argent. Contrairement à Paul Froment qui y mourra, Barreyre rapporte donc de l’armée une conscience de poète occitan et un tatouage en forme d’ancre de marine qui orne sa main. Chose inhabituelle : Barreyre bénéficie de l’appui de ses parents dans son entreprise poétique. Sa mère veille à ne pas le déranger quand il écrit et son père, également charpentier de bateaux, lui fabrique un bureau en bois de pin. Pendant la Première Guerre mondiale, Barreyre est expédié à Salonique. Il y versifie, en français cette fois, et rebaptise son camp militaire « Camp des Olympiades ». Il en revient presque indemne, au contraire de son frère, disparu sur le front de l’Est. Fin 1920, il épouse une jeune femme rencontrée à l’hôpital de Meaux, où il était soigné pour une blessure. Installé à Arès, le couple vit difficilement. L’activité de pêche est difficile, et en 1923 Barreyre doit remplacer la barque de son père (appelée « Mirelha ») pour pouvoir poursuivre son activité et avoir droit à une retraite de marin. Lui et son épouse se placent donc au sanatorium « La Pignada » à Lège, commune limitrophe, pour pouvoir acheter une nouvelle barque. Il y compose Naïda, qui lui donnera droit à un rappel d’Églantine aux Jeux Floraux. Il est fait Mèste en gai-saber par le Félibrige. Mais suite au crach de 1929 et à la crise des années 1930, Barreyre est contraint de quitter la Gironde et doit accepter de s’exiler en région parisienne, à Joinville-le-Pont, exil qu’il croit provisoire. Simple ouvrier, il habite un appartement donnant sur une cour sans lumière. Il y accueille sa mère, qui ne parle toujours quasiment que le gascon. Elle y meurt en 1932. Barreyre développe alors un sentiment de regret et de tristesse de l’éloignement du pays du Buch dont il était profondément amoureux. Il compose intensément, des oeuvres marquées par l’exil. Dans Pesque de Neit, l’ancien combattant qu’il est se met dans la peau du soldat « ennemi » qui a le malheur de tomber loin des siens. Il est alors en contact avec l’abbé Joseph Salvat, un des fondateurs du Collège d’Occitanie. Il tente de suivre des cours par correspondance et essaie de d’initier à la graphie classique de l’occitan.  En 1936, il reçoit une Primevère d’Argent pour l’Ode a la Mer de Gascogne. Barreyre, toujours en grande difficulté financière, écrit et fume beaucoup. Il sort peu et ne voit personne. Gardien de nuit aux Tréfileries du Havre, à Saint-Maurice, il tombe malade fin 1944 et meurt. Il est enterré à Joinville, précise sa fille « avec son meilleur costume et son béret basque ».

Engagement dans la renaissance d'oc

Barreyre est l’exemple type du félibre-ouvrier, dont l’engagement passa avant tout dans ses écrits. N’ayant pas le temps de prendre part aux grandes assemblées félibréennes, trop pauvre de son propre aveu pour se rendre à Maillane pour l’enterrement de Frédéric Mistral, c’est par son intense correspondance avec des félibres tels que Palay, Camélat, Salvat et d’autres qu’il se forge une conscience et une compétence « occitaniste » qui prolonge son attachement instinctif au pays et à la langue natals. Sa nature austère et secrète le tient relativement à l’écart, de même que son exil, et c’est essentiellement par correspondance qu’il se forme et travaille à améliorer sa graphie et sa langue, déjà naturelle. Il ne théorisait pas et il est difficile de savoir quelles étaient ses positions par rapport au fait occitan. Ses récompenses et son titre de Mèste en gai-saber attestent pourtant l’importance qui lui est reconnue de son vivant par ses pairs. Mais c’est son voisin Adrien Dupin (1896-1973), instituteur et félibre originaire de Gujan-Mestras, qu’il doit en grande partie sa notoriété. C’est lui qui obtient en 1954 de la municipalité d’Arès l’inauguration de la plaque commémorative sur sa maison natale et en 1956, préside à la réédition des Malineyres.

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