Ricard, Louis-Xavier de (1843-1911)
Ricard, Louis-Xavier de (1843-1911)
Écrivain
Journaliste
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Ricard, Louis-Xavier de (1843-1911) (forme référentielle française)</p>
<h3><b>Autres formes connues</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Ricard, Xavier de (1843-1911)</p>
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p style="text-align: justify;">Né à Fontenay-sous-Bois où son père, général, est en garnison, Louis-Xavier de Ricard a dès son premier livre <em>Les Chants de l’aube</em>, paru à Paris chez Poulet Malassis en 1862, qualifié Mistral d’« homme de génie » et <em>Mirèio</em> de « plus beau poème champêtre qu’on ait fait depuis les anciens ». Ce livre le montre déjà également albigéiste.<br /> Sa famille paternelle est originaire du Midi, et c’est dans la région de Montpellier qu’il décide de s’installer avec sa femme Lydie Wilson de Ricard quelques mois après leur mariage. Il revient alors d’exil en Suisse après avoir participé à la Commune de Paris, et auparavant cofondé avec Catulle Mendès à Paris le mouvement poétique Le Parnasse Contemporain. <br /><br />Avec Auguste Fourès rencontré en 1876, au moment où le poète audois choisit d’écrire en occitan, ils font passer le Rhône au Félibrige, formant un félibrige languedocien, républicain et fédéraliste. Il est alors en opposition avec les idées de Mistral comme le montre les lettres à celui-ci publiées par Jean-Marie Carbasse en 1977. Celles-ci montrent également que leurs relations se sont poursuivies toute leur vie. Fédéraliste de conviction, Louis-Xavier de Ricard a publié en 1877 un ouvrage intitulé <em>Le Fédéralisme</em> qui a pour cadre la région Montpelliéraine. Ceux que l’on appelle « Les félibres rouges » ont publié trois almanachs <em>La Lauseta</em>, entre 1877 et 1879, où ils ont rassemblé les textes des félibres républicains et des peuples latins. Après la mort de Lydie Wilson de Ricard en 1880, un dernier numéro paraitra à la demande de Ricard sous la seule responsabilité de Fourès. <br /><br />Félibre et fédéraliste, partisan de l’union des peuples latins tout au long de sa vie, Louis-Xavier de Ricard a été proclamé en 1888 Majoral du Félibrige (Maintenance du Languedoc), Cigale de Cleira ou de l’Orb dont Gabriel Azaïs était le premier titulaire.</p>
<h2>Identitat</h2>
<h3><b>Fòrmas referencialas</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Ricard, Louis-Xavier de (1843-1911) (fòrma referenciala francesa)</p>
<h3><b>Altras fòrmas conegudas</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Ricard, Xavier de (1843-1911)</p>
<h2>Elements biografics</h2>
<p style="text-align: justify;">Nascut a Fontenay-sous-Bois ont son paire, general, es en garnison, Loís-Xavier de Ricard a tre son primièr libre <em>Les Chants de l'aube</em>, paregut a Paris en cò de Poulet Malassis en 1862, qualificat Mistral d’«homme de génie» e <em>Mirèio</em> de « plus beau poème champêtre qu’on ait fait depuis les anciens ». Aquel libre lo mòstra ja albigeista.</p>
<p style="text-align: justify;">Sa familha paternala es originària del Miègjorn, e es dins la region de Montpelhièr que decidís de s'installar amb sa femna Lydie Wilson de Ricard qualques meses après lor maridatge. Tòrna alara d'exili en Soïssa après aver participat a la Comuna de Paris, e aperabans cofondat amb Catulle Mendès a Paris lo moviment poetic Le Parnasse Contemporain.<br /><br />Amb Augusta Forès rescontrat en 1876, al moment ont lo poèta audenc causís d'escriure en occitan, fan passar Ròse al Felibritge, fòrman un felibritge langadocian, republican e federalista. Es alara en oposicion amb las idèias de Mistral coma lo mòstran las letras a-n-aquel publicat per Jean-Marie Carbasse en 1977. Aquestas letras mòstran tanben que lors relacions se son perseguidas tota lor vida. Federalista de conviccion, Loís-Xavier de Ricard a publicat en 1877 un obratge titolat <em>Lo Federalisme</em> qu'a per cadre lo Montpelhierenc. Los que son apelats "los felibres rotges" an publicat tres almanacs <em>La Lauseta</em>, entre 1877 e 1879, ont an recampat los tèxtes dels felibrencs republicans e dels pòbles latins. Après la mòrt de Lydie Wilson de Ricard en 1880, un darrièr numèro pareisserà a la demanda de Ricard sota la responsabilitat del sol Forès. <br /><br />Felibre e federalista, partisan de l'union dels pòbles latins pendent sa vida tota, Loís-Xavier de Ricard es estat proclamat en 1888 Majoral del Felibritge de la mantenéncia de Lengadòc, Cigala de Cleira o de l'Òrb que Gabriel Azaïs n'èra lo primièr titular.</p>
Blin-Mioch, Rose
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Nègre, Lazarine (1848-1899) alias « Lazarino de Manosco »
Nègre, Lazarine (1848-1899) alias « Lazarino de Manosco »
Écrivain
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Lazarine Nègre est née à Manosque (aujourd’hui Alpes de Haute Provence) en 1848, dans une famille de paysans pauvres et illettrés, républicains.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Lazarino de Manosco (pseudonyme ; forme référentielle occitane) = Lazarine de Manosque (psseudonyme ; forme référentielle française)</p>
<h3><b>Autres formes connues</b></h3>
<p style="text-align: justify;">< Nègre, Madeleine Lazarine (forme complète d'état civil)</p>
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Sa mère était à sa naissance la Citoyenne Marianne Bonéti et le surnom de son père Lazare, Mirabeau, fait foi de ces opinions révolutionnaires.<br />Elle va à l’école chez les sœurs où elle apprend le français. Elle accepte de se marier à 15 ans, parce que ses parents lui demandent son avis, avec Antoine Eugène Pourcin, son ainé de 15 ans, qui considère sa femme comme son valet.<br />Elle place alors son espoir dans le désir d’être mère, mais son seul enfant meurt en bas âge. Sa misère et ce deuil cruel la poussent à écrire, d’abord en français, puis en provençal. Divorcée dès que la loi le permet à nouveau, elle devient volaillère à Marseille, au marché des Capucins, aidée par sa sœur qui a eu un enfant hors mariage qu’elles élèveront ensemble.<br />Elle meurt en 1899, après s’être retirée avec sa sœur dans sa Villa Magali sans être retournée à Manosque où elle avait d’abord envisagé de passer sa retraite. Elle fut redécouverte par Claire Frédéric, alors journaliste à La <em>Marseillaise</em>, en 1986.</p>
<h2>Engagements dans la renaissance d’oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">D’après sa correspondance, le goût pour le provençal lui est (re)venu en écoutant à Marseille les prêches du père Xavier de Fourvière à l’église Saint Laurent. Sa correspondance avec Frédéric Mistral et Paul Arène témoigne d’une grande franchise et d’une grande liberté de ton. Elle était membre du Félibrige et a soutenu auprès de Mistral, notamment en matière de graphie, les jeunes rédacteurs de <em>La Sartan</em> qu’elle recevait chez elle.<br />En 1903, sa sœur fera publier ses écrits parus en revues et ses lettres avec une préface d’Élzéar Rougier.</p>
Blin-Mioch, Rose
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
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2014-06-16
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Girard, Ismaël (1898-1976)
Girard, Ismaël (1898-1976)
Médecin
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">Ismaël Girard (Gensac, Gers, 1898, Toulouse, 1976), médecin, fondateur de la revue ÒC en 1923, acteur majeur de l’occitanisme, membre fondateur de la Société d’Études Occitanes (SEO) en 1930 l’Institut d’Études Occitanes (IEO) en 1945.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3>Formes référentielles</h3>
<p style="text-align: justify;">Girard, Ismaël (1898-1976)</p>
<h3>Autres formes connues</h3>
<p style="text-align: justify;">< Delfin Dario (Pseudonyme)</p>
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">On sait peu de choses de la jeunesse d’Ismaël Girard à Gensac, près de Montpezat, dans le Gers. Si ce n’est ce qu’il put en dire, brièvement lors d’une interview pour Radio-Toulouse publiée dans la revue Per Noste (n° 20, sptembre-octobre 1970) : <br /><br />« <em>La mia origina sociala e familiala se resumeish ende jo per un mot : Gensac. Aquí vivevan en un temps – parli d’aqueth temps que va dinca la guèrra de 14- 18 – on la vita s’anava au briu de las sasons e deus fruts de la tèrra. Sense autò, sense avion, sens radiò e sense television. A l’ostau, lo Gascon, que’u parlavan cada jorn, mesclat au Francès, mitat l’un, mitat l’aute, coma s’escaijèva. Dehòra, guaire ben sonca lo Gascon</em> » <br /><br />(Mon origine sociale et familiale se résume pour moi en un mot : Gensac. Là, nous vivions en un temps – je parle de ce temps qui va jusqu’à la guerre de 14-18 – où la vie s’écoulait au fil des saisons et des fruits de la terre. Sans auto, sans avion, sans radio, sans télévision. À la maison, le gascon, nous le parlions chaque jour, mêlé au français, moitié l’un, moitié l’autre, comme cela tombait. Au dehors, guère que le gascon).<br /> Mobilisé au moment de la Première Guerre mondiale, après plus d’un an « viscut au ras deu Rhin » (vécu au bord du Rhin – <em>Òc</em> n° 217, juillet-septembre 1960) il est envoyé en garnison en Avignon, ce qui est pour lui l’occasion de fréquenter la bibliothèque du musée Calvet et les œuvres félibréennes, de rencontrer Valère Bernard et Pierre Rouquette, mais aussi de découvrir, à travers l’ouvrage de Joaquim Folguera, <em>Les Noves valors de la poesia catalana</em>, la poésie catalane et, dit-il, « <em>qu’aqueth sentiment de dignitat que cercavi ençò de nòste sens poder trobà’u, èra ua realitat viva delà deus Pireneus</em> » (que ce sentiment de dignité que je cherchais chez nous sans pouvoir le trouver, était une réalité vivante de l’autre côté des Pyrénées – Ibidem).<br /> Démobilisé, il entreprend des études de médecine à Toulouse et obtient son doctorat de médecine en 1926. Il s’installe alors à Toulouse pour exercer son métier d’une manière apparemment particulière, comme le relève un autre médecin, Max Rouquette, dans l’hommage qu’il lui rend dans le numéro 256 d’Òc : <br /><br />« <em>Metge, diguèt encara NON a la medecina oficiala, desumanisada, emmandarinada, en causiguent d’èstre aquí encara l’eretge que tant e tant de malautes venguts de l’Occitania tota venián veire per i atrobar garison, paraula umana e consolament »</em> <br /><br />(Médecin, il dit encore NON à la médecine officielle, déshumanisée, emmandarinée, en choisissant d’être là encore l’hérétique que tant et tant de malades venus de toute l’Occitanie venaient voir pour trouver guérison, parole humaine et consolation ). <br />Il semble aussi qu’il se rapproche en ce début des années 1920 de l’Action Française ainsi que le révèle une de ses lettres à Pierre Rouquette en date du 16 octobre 1921 : <br /><br />« Ah ! oui, quelle belle œuvre ils font en Catalogne ! À les connaître et à les mieux connaître j’ai éprouvé autant de satisfaction et de joie libératrice que le jour où j’ai connu l’Action Française. »<br /> Mais l’activité essentielle de Girard est, tout au long de sa vie, tournée vers l’occitanisme.</p>
<h2>Engagements dans la renaissance d’oc</h2>
<p style="text-align: justify; line-height: 150%;">La révélation, pour Ismaël Girard, ainsi qu’il l’explique dans le numéro 210 de la revue<em> Òc</em> (octobre- décembre 1958), a lieu dès l’école. Après s’être fait taper sur les doigts quand il parlait patois en primaire, il découvre dans le secondaire le cours de gascon dispensé par Léopold Médan aux élèves de 6<sup>ème</sup> et de 5<sup>ème</sup> : « […] q<em>ue’m dèc çò qu’aperam lo « huec sacrat » qu’es devengut lo huec sacrat occitanista</em> » ([...] il me donna ce qu’on appelle le « feu sacré » qui est devenu le feu sacré occitaniste).<br /> Après sa démobilisation, toujours passionné par la langue et la culture gasconnes, il entre en contact avec le Béarnais Michel Camélat avec lequel il se lie d’amitié et commence à collaborer épisodiquement à la revue félibréenne béarnaise Reclams de Biarn e Gascougne. Il devient par ailleurs secrétaire-adjoint de L’Escòla Occitana, école félibréenne qui vient de se créer à Toulouse. C’est aussi à cette époque qu’il rencontre Camille Soula, professeur de physiologie mais aussi ami d’Antonin Perbosc et passionné de littérature et d’arts et qui, comme Girard, est fort sensible à l’exemple catalan. C’est ensemble que, avec Perbosc et Déodat de Séverac, ils fondent en 1923 la « Ligue de la Patrie Méridionale » qui entretient des liens avec le « Comité d’Action des Revendications Nationales du Midi » créé l’année précédente en Provence notamment par Joseph d’Arbaud et Frédéric Mistral-Neveu.<br /> Si cette expérience aboutit assez rapidement à un échec, y compris pour ce qui est d’une de ses émanations qui semblait la plus prometteuse, La Ligue pour la Langue d’Oc à l’École menée par Jean Bonnafous, la fin de l’année 1923 est un tournant majeur pour Ismaël Girard et pour l’occitanisme. En effet, en septembre 1923, après le coup d’État militaire de Primo de Rivera en Espagne, Antoni Rovira i Virgili, Leandre Cervera et Lluis Nicolau d’Olwer, les leaders du parti catalaniste Acció Catalana, pourchassés par le nouveau pouvoir, se réfugient à Toulouse chez Camille Soula. De cette rencontre naît le projet du journal Òc, dont le premier numéro paraît le 27 janvier 1924. Culturel, revendicatif, mettant en avant l’exemple catalan et laissant une place de choix aux catalanistes dans ses colonnes, Òc se veut, comme le note Jean-Frédéric Brun, « l’organe de combat de la renaissance culturelle et linguistique des pays d’oc » (Jean-Frédéric Brun, « Ismaël Girard à travers sa correspondance avec Max Rouquette (I) », <em>Les Cahiers Max Rouquette</em>, n° 4, mais 2010, p. 70-73).<br /> Cette proximité avec le catalanisme donne l’occasion à Girard de diffuser encore plus largement son message. En particulier par le biais de la revue culturelle catalane de Sitges <em>L’Amic de les Arts</em> dont le directeur Joseph Carbonell i Gener lui confie la composition d’un numéro spécial publié en 1927 et consacré à la culture occitane qui aura un grand retentissement, tant en Catalogne que du côté occitan.<br /> En 1930, c’est encore avec Carbonell i Gener et avec Louis Alibert, autre catalanophile travaillant seul à la normalisation de la langue d’oc en s’appuyant sur l’exemple catalan, qu’Ismaël Girard fonde la Société d’Études Occitanes.<br /> Accaparé par son métier, Girard prend un peu de recul dans les années suivantes mais s’évertue tout de même à porter la voix de l’Occitanie au travers notamment d’une collaboration régulière avec la revue médicale catalane de Leandre Cervera, <em>La Medicina Catalana</em>, dans laquelle il tient une rubrique intitulé « Occitania medica ». En 1939 lorsque Carbonell entreprend de développer les activités de la SEO, Ismaël Girard reprend du service. Il participe à l’accueil d’intellectuels catalans réfugiés à Toulouse à la suite de la défaite de la République espagnole et du gouvernement autonome catalan de la Generalitat, action dont Soula est le maître d’œuvre.<br /> On retrouve Ismaël Girard aux affaires après la défaite de la France en 1940 et l’arrivée au pouvoir du maréchal Pétain. Girard reprend alors les commandes d’<em>Òc</em> dont il avait provisoirement abandonné le titre, pour une édition de guerre, à <a href="https://vidas.occitanica.eu/items/show/9?lang=fr" target="_blank" rel="noopener">Pierre-Louis Berthaud</a>, et est à l’origine d’une requête conjointe des félibres et occitanistes au Maréchal dans le but de voir la langue d’oc enseignée à l’école. Le semi-échec de cette tentative de profiter de la conjoncture pour faire avancer la cause de la langue d’oc qui aboutit à ce que Girard appellera dans <em>Òc</em> (numéro d’été de 1942) «<em> la pallishòta reforma Ripert-Carcopino</em> » marque la fin des tentatives de Girard d’obtenir quoi que ce soit du régime de Vichy. En 1943, Girard quitte Toulouse – Robert Lafont, dans ses <em>Pecics de Mièg-sègle</em> – dit qu’il devient médecin d’un maquis et, au printemps 1944 il s’installe à Saint-Saturnin, près d’Aniane, dans une maison inoccupée appartenant à la famille de Max Rouquette.<br /> De retour à Toulouse vers la fin de 1944, Ismaël Girard entend encore profiter des événements et de la conjoncture politique pour mener à bien un projet qui lui tient à cœur depuis les années 1920, la création d’un Institut d’Études Occitanes. Avec l’aide d’un Camille Soula auréolé d’une gloire de résistant actif et ami de Tristan Tzara et de Jean Cassou qui a manqué devenir commissaire de la République, et malgré l’arrestation de Louis Alibert accusé de collaboration et de la dénonciation ayant entraîné l’exécution d’un résistant et qui risque d’éclabousser l’occitanisme, Girard tente même d’obtenir la dissolution de l’Académie des Jeux Floraux avec laquelle il a maille à partir depuis les années 1920. L’IEO est finalement officiellement créé en avril 1945 lors d’une réunion solennelle tenue dans l’amphithéâtre de la faculté de Lettres de Toulouse en présence de Pierre Bertaux, commissaire de la République ; Jean Cassou en est le premier président et Ismaël Girard en devient provisoirement le secrétaire général.<br /> S’il reste toujours en retrait, Ismaël Girard, de 1945 à 1964 (qui voit la scission de l’Institut entre les tenants d’une voie économiste et politique menée par Robert Lafont et ceux d’une voie culturaliste emmenée par Girard, Bernard Manciet et Félix-Marcel Castan) est, de l’avis de tous, celui qui tire les manettes de l’IEO. Il est son éminence grise, mais aussi son financier, qui assure des rentrées d’argent dans les caisses pour le fonctionnement de la revue ÒC et de l’Institut, y compris sur ses fonds personnels.<br /> Prêt à s’effacer pour laisser les jeunes mener l’action, il est celui qui met le pied à l’étrier de Robert Lafont, Félix-Marcel Castan, Hélène Cabanes ou Pierre Lagarde et les encourage à s’engager dans l’Institut. Mais homme d’action lui-même, il met aussi en place en 1956 avec Pierre-Louis Berthaud et Robert Lafont la revue <em>Occitania</em>, hors de l’IEO auquel elle est cependant liée par les hommes, dont l’objet est de s’éloigner de l’intellectualisme des Annales de l’Institut d’Études Occitanes pour fournir aux Occitans un journal accessible et éclectique touchant à tous les domaines, économique, culturel, sportif... en mettant en avant la spécificité occitane.<br /> Après la scission des années 1960, Ismaël Girard reste en retrait de l’Institut d’Études Occitanes qu’il a fini par quitter, mais continue la publication de la revue <em>Òc</em> jusqu’à sa mort en 1976.</p>
Lespoux, Yan
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Lesaffre, Jean (1907-1975)
Lesaffre, Jean (1907-1975)
Écrivain
Universitaire
<p style="text-align: justify;">Jean Lesaffre (Bayonne, 1907, Paris, 1975), ingénieur en chef au service du personnel de la SNCF, est l’un des cofondateurs de l’association étudiante occitane le Nouveau Languedoc, à Montpellier en 1928. Félibre et occitaniste, il participe activement à la fin des années 1930 à la vie de l’école félibréenne parisienne Les Amis de la Langue d’Oc dont il deviendra le vice-président. Il est l’auteur ou le coauteur de nombreux articles, conférences et bibliographies.</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Lesaffre, Jean (forme référentielle française)</p>
<h2>Éléments biographiques </h2>
<p style="text-align: justify;">Né à Bayonne d’un père basque ingénieur dans les chemins de fer et d’une mère languedocienne, Jean Lesaffre est élevé dans la foi catholique et suit des études secondaires au collège privé de la Trinité, à Béziers avant de rejoindre l’université de Montpellier dont il sort licencié en mathématiques et docteur en droit après avoir soutenu en 1934 sa thèse <em> Le problème national de la Catalogne et sa solution par la statut de 1932</em>.</p>
<p style="text-align: justify;">Son parcours professionnel le mène à Paris. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier en 1940 et envoyé dans la région de Brême à l’Oflag XB dont il est rapatrié en 1942 pour raison de santé. Catholique pratiquant, très pieux, Lesaffre aurait par ailleurs, dans les années 1930, été proche de l’’Action Française si l’on en croit les archives de Marcel Decremps.</p>
<p style="text-align: justify;">Très impliqué après guerre dans Les Amis de la Langue d’Oc, dans l’occitanisme et rédacteur régulier pour la revue <em>La France Latine</em>, il meurt à Paris en 1975.</p>
<h2>Engagement dans la renaissance d’oc</h2>
<p style="text-align: justify;">S’intéressant à la langue d’oc dès ses études secondaires, Jean Lesaffre s’engage dans la renaissance d’oc lorsqu’il rejoint l’université de Montpellier. C’est là qu’il fonde en 1928, sur le modèle des corporations étudiantes, le Nouveau Languedoc où il est bientôt rejoint par Max Rouquette et Roger Barthe. L’association, très active, recrute rapidement plusieurs dizaines de membres et s’oriente sur la voie de la revendication fédéraliste et la renaissance culturelle sur le modèle catalan.</p>
<p style="text-align: justify;">Par ailleurs, Jean Lesaffre devient à cette époque (de 1930-1932) président de l’association générale des étudiants de Montpellier et bénéficie de 1929 à 1932 d’une rubrique dans <em>Le Petit Méridional</em>, marquant l’influence du Nouveau Languedoc à Montpellier.</p>
<p style="text-align: justify;">L’association a tôt fait de faire des émules, comme les <em>Estudiants Ramondencs</em> de Toulouse et de former avec ces derniers et avec les jeunes marseillais de <em>l’Araire</em> (Jòrgi Reboul, Charles Camproux, Paul Ricard) la Ligue Frédéric Mistral qui donne elle-même naissance en 1934 à <em>Occitania</em>, organe mensuel de la jeunesse fédéraliste occitane et à l’association des Amis d’<em>Occitania</em> qui entend mettre en place un véritable programme fédéraliste auquel participe très activement Jean Lesaffre chargé de la commission administrative.</p>
<p style="text-align: justify;">Dans ces années 1930, Jean Lesaffre se rapproche par ailleurs de l’<em>Escòla Occitana</em> de Toulouse et de son principal animateur, l’abbé Joseph Salvat avec lequel il partage une certaine communauté de conscience (outre son statut d’ecclésiastique, Salvat est proche de l’Action Française) et une même vision de la langue d’oc mêlant félibréisme, occitanisme et catalanisme, avant de rejoindre en 1937 les Amis de la Langue d’Oc Paris avec lesquels il va notamment participer en 1939 à l’accueil des intellectuels catalans réfugiés en France.</p>
<p style="text-align: justify;">Prisonnier en Allemagne, il n’en continue pas moins, entre 1940 et 1942 à promouvoir la langue d’oc à travers des conférences données à ses compagnons de captivités.</p>
<p style="text-align: justify;">Il rejoint après-guerre l’Institut d’Études Occitanes naissant avec son ami <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/9">Pierre-Louis Berthaud</a>, rencontré du temps des Amis d’Occitania. Berthaud qui, félibre lui aussi et membre actif des Amis de la Langue d’Oc, devient majoral du Félibrige en 1947 et tente en 1952, après la mort du majoral et président des Amis de la Langue d’Oc Joseph Loubet, de soutenir la candidature au majoralat de Jean Lesaffre. Mais les sympathies occitanistes de Lesaffre lui coûtent son élection à un moment où les relations entre occitanisme et Félibrige sont particulièrement tendues ; événement qui occasionera une grande déception aussi bien à Berthaud qu’à Lesaffre, blessé de se voir rejeté par une association dans laquelle il a beaucoup œuvré et continue à œuvrer jusqu’à sa mort.</p>
<p style="text-align: justify;">Par ailleurs, Jean Lesaffre participe très activement entre 1949 et 1951, aux côtés de <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/9">Pierre-Louis Berthaud</a>, à l’action en faveur de la loi Deixonne sur l’enseignement des langues et dialectes locaux, et c’est encore avec Berthaud qu’il publie des bibliographies de référence (<em>La langue d’Oc dans nos écoles</em>, 1953, puis la <em>Bibliographie occitane</em> dont il publie le volume 1943-1956 avec Berthaud, initiateur et principal auteur, avant de s’associer avec Irénée-Marcel Cluzel puis Jean-Marie Petit pour les volumes suivants).</p>
<p style="text-align: justify;">Très actif jusqu’à sa mort, il continue, outre sa participation à la vie des associations, à donner des conférences et à écrire des articles, essentiellement pour <em>Lo Gai Saber</em>, revue de l<em>’Escòla Occitana</em> de Toulouse, et <em>La France Latine</em>.</p>
Lespoux, Yan
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2014-06-16
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Bastard, Antoine de (1911-1975)
Bastard, Antoine de (1911-1975)
Fonctionnaire
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Bastard, Antoine de (forme référentielle française)</p>
<h2>Eléments biographiques</h2>
<p style="text-align: justify;">Antoine de Bastard est né à Pau le 26 août 1911. Il fait des études de Lettres et Droit à l’université de Toulouse où il rejoint l’association de jeunesse occitane des <em>Estudiants Ramondencs</em>.</p>
<p style="text-align: justify;">Fonctionnaire au Centre National du Commerce Extérieur en poste à Paris il y dirige la section parisienne de l’<em>Escole Gastou Febus</em>, école félibréenne béarnaise. Maître d’œuvre du Félibrige, il est aussi un membre actif des Amis de la Langue d’Oc, l’école félibréenne de Paris, dont il devient vice-président.</p>
<p style="text-align: justify;">Comme beaucoup de militants de sa génération ayant œuvré au sein des <em>Estudiants Ramondencs</em>, du Nouveau Languedoc (association d’étudiants montpelliérains) et d’<em>Occitania</em>, organe de la jeunesse fédéraliste occitane, il est aussi occitaniste et membre de l’Institut d’Études Occitanes jusqu’à sa mort dans un accident de voiture en 1975.</p>
Lespoux, Yan
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
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2014-06-16
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Berthaud, Pierre-Louis (1899-1956)
Berthaud, Pierre-Louis (1899-1956)
Journaliste
Personnalité politique
<p style="text-align: justify;">Pierre-Louis Berthaud (Bordeaux, Gironde, 24 août 1899, Séry-Magneval, Oise, 8 août 1956), journaliste, homme politique, majoral du Félibrige (Cigale du Tarn), membre de l’Institut d’Études Occitanes (IEO), franc-maçon, cofondateur de la revue <em>Occitania</em> (1956).</p>
<h2>Identité</h2>
<h3><b>Formes référentielles</b></h3>
<p style="text-align: justify;">Berthaud, Pierre-Louis (forme référentielle française)</p>
<h2>Éléments biographiques</h2>
<p style="text-align: justify;">Fils d’instituteurs, il étudie à Bordeaux où il obtient une licence de Droit et Lettres. Mobilisé en tant que traducteur auprès des forces américaines en 1918, il est alors membre de la SFIO. Son ascension dans la fédération socialiste de la Gironde est d’ailleurs rapide puisqu’il assiste au congrès de Tours de 1920 en tant que délégué (bien que son mandat semble ne pas avoir été validé). Mais il se trouve éloigné de la vie militante pendant plusieurs années suite à un grave accident d’automobile auquel vient s’ajouter une tuberculose.</p>
<p style="text-align: justify;">Proche du nouveau maire de Bordeaux, Adrien Marquet, il devient conservateur adjoint à la Bibliothèque municipale de Bordeaux en 1925 ; poste qu’il occupe jusqu’en 1928, année où il quitte son emploi suite à une brouille avec Marquet pour se lancer dans le journalisme en tant que secrétaire de rédaction du journal <em>L’Avenir de la Vienne</em>.</p>
<p style="text-align: justify;">Il devient directeur de ce journal en 1929 et le quitte en 1932 après ce qui semble être une longue succession de brouilles qui le voient notamment accusé d’être un sympathisant de l’Action Française.</p>
<p style="text-align: justify;">De retour en Gironde dans la maison familiale de Gaillan-en-Médoc, il tente de relancer sa carrière de journaliste en envoyant des articles à divers journaux et revues et essaie vainement de trouver une place au quotidien<em> La Petite Gironde</em> qui appartient au même consortium que <em>L’Avenir de la Vienne</em>. </p>
<p style="text-align: justify;">Il fait aussi là ses premiers pas dans la politique en tant que candidat. Après avoir vainement tenté en 1929 de monter une liste « républicaine d’intérêts municipaux » lors des élections municipales à Poitiers, il mène en tant que candidat républicain indépendant une liste pour les municipales de 1935 à Gaillan, terminant à la deuxième place, derrière la liste de droite et devant celle de gauche.</p>
<p style="text-align: justify;">Il rejoint finalement Paris en 1937, époque à laquelle il démissionne de la franc-maçonnerie à laquelle il avait été initié à Bordeaux en mars 1927. C’est à cette époque, semble-t-il, qu’il se met à faire plus régulièrement des piges pour divers journaux. Marié en janvier 1939 à <a href="https://vidas.occitanica.eu/items/show/2076" target="_blank" rel="noopener">Juliette Dissel</a>, il s’occupe à la même période de l’accueil des intellectuels catalans réfugiés qui sont hébergés à Roissy-en-Brie. Il devient par ailleurs directeur-gérant de la<em> Revista de Catalunya</em> pour les numéros édités en France en 1939-1940 et s’occupe du secrétariat de la Fondation Ramon Llull.</p>
<p style="text-align: justify;">Il quitte Paris lors de l’exode en juin 1940 pour rejoindre le sud. On le retrouve à Vichy en octobre 1940. Il occupe alors un poste de rédacteur au ministère de l’Information du gouvernement de Vichy. Là, dès le début de 1941, il entre en contact avec les services anglais pour leur transmettre des informations, notamment les minutes de la commission d’armistice de Wiesbaden. Il devient membre du réseau de résistance Mithridate et est arrêté par la Gestapo le 21 janvier 1944 interné à Moulins puis à Compiègne avant d’être déporté à Dachau le 6 juin 1944.</p>
<p style="text-align: justify;">De retour de déportation en mai 1945, son divorce ayant été prononcé pendant sa déportation, il se remarie avec Madeleine Castelain, rencontrée alors qu’ils travaillaient dans le même service du ministère de l’Information de Vichy. Il reprend rapidement ses activités de journaliste parlementaire et devient syndic de la presse parlementaire entre 1947 et 1949. Il assure par ailleurs le secrétariat du Comité international des anciens détenus de Dachau et représente à ce titre la France à la Commission internationale pour Service international de recherches sur les archives de la déportation conservées à Arolsen, ainsi que la vice-présidence de l’Amicale des Anciens de Dachau et la gérance et la direction de la revue de cette association.</p>
<p style="text-align: justify;">Après un échec aux élections législatives de 1951 dans le Tarn où il s’est présenté sous l’étiquette RPF, il est désigné le 11 juillet 1952 par l’Assemblée nationale, conseiller de l’Union Française avec l’étiquette UFAS (gaulliste). Cette charge l’amène à présider la Commission de l’Information et à être délégué de l’assemblée auprès de l’UNESCO. Son action parlementaire trouve son point d’orgue lors du débat sur le traité instituant la Communauté Européenne de Défense contre laquelle il prend fait et cause en 1954. Il est toujours conseiller de l’Union Française lorsqu’il décède d’une crise cardiaque le 6 août 1956.</p>
<h2>Engagements dans la renaissance d’oc</h2>
<p style="text-align: justify;"> Pierre-Louis Berthaud s’intéresse très tôt à la langue d’oc et devient peu à peu un militant actif. En contact avec la langue dès la prime enfance dans la maison familiale où vivent ses grand-parents à Gaillan, il dit avoir pris conscience à l’adolescence de l’unité de la langue d’oc lorsque, ayant acheté une brochure intitulée <em>Poètes provençaux modernes</em>, il se rendit compte que le parler de Gaillan était, à peu de choses près, celui utilisé par les félibres provençaux.</p>
<p style="text-align: justify;">Dès le début des années 1920, il est en contact avec <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/12">Ismaël Girard</a> et, très certainement, abonné à <em>Oc</em>. Il faut sans doute voir en partie dans ce rapprochement l’intérêt qu’il développe alors pour la Catalogne à laquelle il consacrera de nombreux articles jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. C’est d’ailleurs cet intérêt qui l’amène à prendre contact au début des années 1930 avec Louis Alibert et l’abbé Joseph Salvat. En 1930, il participe aux fêtes du centenaire de Frédéric Mistral et est impressionné par Charles Maurras. C’est à la suite de ces fêtes qu’il va donner à Bordeaux et Poitiers des conférences consacrées au poète provençal, conférences réunies en 1931 dans une brochure intitulée <em>Frédéric Mistral, la langue occitane et la latinité</em>.</p>
<p style="text-align: justify;">Curieux, sans cesse à la recherche de nouvelles informations il est abonné à la revue <em>Calendau</em> animée par Pierre Azéma et Léon Teissier, et se rapproche dès 1934 de la revue <em>Occitania</em> pour laquelle il écrit quelques articles en tant que correspondant pour la Gascogne. Intéressé par le projet politique que porte <em>Occitania</em>, il participe en décembre 1935 à Narbonne au congrès des Amis d’<em>Occitania</em> duquel sortira un « Programme occitaniste de base » à tendance fédéraliste. Lorsqu’il s’installe à Paris en 1937, il rentre rapidement en contact avec les Amis de la Langue d’Oc, l’école félibréenne parisienne, dont il devient vite un membre actif. C’est à ce moment-là qu’il se lie véritablement d’amitié avec <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/11" target="_blank" rel="noopener">Jean Lesaffre</a> qui participe lui-aussi à l’aventure d’<em>Occitania</em>. C’est à ce titre de membre des Amis de la Langue d’Oc qu’il organise l’accueil des intellectuels catalans.</p>
<p style="text-align: justify;">En 1939, il prend en charge depuis Paris l’édition d’un journal destiné aux soldats occitans sur le front. Ce sera <em>Oc</em> – titre que lui confie alors <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/12" target="_blank" rel="noopener">Ismaël Girard</a> – édition de guerre qui paraît le temps de cinq numéros entre janvier et mai 1940.</p>
<p style="text-align: justify;">Le fait d’avoir un emploi au ministère de l’Information à Vichy ne freine pas l’action militante de Pierre-Louis Berthaud. Il continue par exemple à gérer pour les Catalans la <em>Revista de Catalunya</em> et la Fondation Ramon Llull. C’est encore à Vichy qu’il crée en 1942 un Centre Permanent de Défense de la Langue d’Oc après avoir publié en 1941 dans la <em>Revue Universelle</em> ses "Réflexions sur l’enseignement de la langue d’oc". Ce Centre Permanent de Défense de la Langue d’Oc a toutefois une activité limitée puisqu’il est porté essentiellement par le seul Pierre-Louis Berthaud.</p>
<p style="text-align: justify;">Celui-ci n’en est pas moins actif et s’implique notamment dans les vifs débats suscités dans la presse nationale et régionale par le décret Carcopino du 24 décembre 1942 qui autorise un enseignement facultatif des dialectes locaux. Toujours à Vichy, reprenant une idée de Max Rouquette du temps de la revue <em>Occitania</em>, il tente de créer un Office de Presse Occitane destiné à envoyer aux journaux nationaux et régionaux des articles sur la langue et les débats suscités autour d’elle. Là encore, l’échec est patent faute de pouvoir s’appuyer sur un collectif de militants susceptibles de prendre en charge une partie du travail.</p>
<p style="text-align: justify;">C’est à cette époque, vraisemblablement depuis 1938-1939, que Pierre-Louis Berthaud travaille à une bibliographie occitane, mais ses fiches disparaissent après son arrestation par la Gestapo en janvier 1944. Il n’en arrive pas moins à publier en 1942 une <em>Bibliographie gasconne du Bordelais</em>.</p>
<p style="text-align: justify;">De retour de déportation, il reprend son activité militante en faveur de la langue d’oc. Il réussit ainsi à faire publier en 1946 le premier volume de sa <em>Bibliographie occitane (1919-1942)</em>. En 1947, il publie avec <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/11" target="_blank" rel="noopener">Jean Lesaffre</a> un <em>Guide des études occitanes</em>. Cette même année, lors de la Sainte-Estelle de Périgueux, il est élu majoral du Félibrige, succédant avec la cigale du Tarn à Jean Charles-Brun, ce qui n’est pas sans éveiller quelques tensions au sein du Félibrige eu égard au fait que Pierre-Louis Berthaud est aussi proche de l’Institut d’Études Occitanes dont il intègre le conseil d’administration. Son investissement en faveur de la langue et de la culture catalanes ne se démentent pas non plus ; il participe en 1945 à la création à Paris de l'<em>Institut Català d'Art i Cultura</em>, et de la revue <em>Presencia Catalana</em> dont il deviendra directeur-gérant en 1948, année où il préside la commission organisatrice des <em>Jocs Florals de la Llengua Catalana</em>, de Paris.</p>
<p style="text-align: justify;">C’est entre 1950 et 1951 qu’il s’investit dans ce qui apparaitra pour nombre de militants en faveur de la langue d’oc de cette époque comme son action la plus importante : en tant que fin connaisseur des mœurs parlementaires et délégué parisien du Cartel de Défense des Langues Régionales, il œuvre en coulisse auprès des députés, sénateurs et ministres en faveur du vote de la loi Deixonne sur l’enseignement des langues et dialectes locaux.</p>
<p style="text-align: justify;">Pour autant, Pierre-Louis Berthaud n’abandonne pas ses travaux de recherche. Il travaille à un deuxième volume de la bibliographie occitane et profite de sa campagne électorale dans le Tarn en 1951 pour effectuer des recherches dans divers fonds d’archives et découvre ainsi la poétesse albigeoise Suzon de Terson (1657-1684). Le début des années 1950 est aussi le moment où les relations entre Pierre-Louis Berthaud et le Félibrige se tendent. Début 1952, avec l’abbé Joseph Salvat et Frédéric Mistral Neveu, il remet sur le tapis un sujet sensible en lançant auprès du Félibrige une démarche en vue de lever « l’indignité consistoriale » qui touche Charles Maurras depuis la Libération. En 1951, c’est grâce à lui que lors de la Sainte-Estelle d’Aurillac Pierre Rouquette est élu majoral contre Charles Rostaing. Cette élection fait ressurgir le conflit latent entre « Provençaux » et « Occitans ». L’année suivante, lors de la Sainte-Estelle de Clermont-l’Hérault, les trois candidats « occitans », <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/11" target="_blank" rel="noopener">Jean Lesaffre</a>, <a href="https://vidas.occitanica.eu/items/show/2062" target="_blank" rel="noopener">Léon Cordes</a> et Roger Barthe sont battus par des candidats « provençaux » après une intense campagne menée auprès du consistoire par des majoraux « provençaux » et Sully-André Pierre. Parrain de <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/11" target="_blank" rel="noopener">Jean Lesaffre</a> qui se présentait au majoralat en hommage à Joseph Loubet dont la cigale était vacante après sa mort, Pierre-Louis Berthaud vit particulièrement mal ce camouflet. C’est en réaction à ce qu’il considère comme une machination qu’il démissionne en juin 1952 de son titre de majoral et qu’il publie une acerbe <em>Letro au Capoulié sus lis eleicioun de Clarmount e l’anamen dóu Felibrige</em>. Sa démission rejetée lors de la Sainte-Estelle de 1953, il demeure majoral mais a tôt fait de réserver son action militante à l’Institut d’Études Occitanes et de devenir un véritable trouble fête au sein du Félibrige en jouant notamment un rôle essentiel dans la mise en place d’une véritable contre-cérémonie pour célébrer les cent ans de l’association en 1954 en Avignon et en convaincant les ayant-droits de Théodore Aubanel d’éditer les œuvres du poète en graphie classique.</p>
<p style="text-align: justify;">Bien qu’occupé par ailleurs par ses différentes activités, parlementaires ou au sein des associations d’anciens déportés, Pierre-Louis Berthaud consacre beaucoup d’énergie jusqu’à sa mort à l’Institut d’Études Occitanes au sein duquel il apparait comme un conseiller très influent. Son dernier projet est la reprise du titre <em>Occitania</em> avec <a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/12" target="_blank" rel="noopener">Ismaël Girard</a>. Les deux hommes, avec l’aide de Robert Lafont, entendent créer un journal d’information économique et culturelle destiné à sensibiliser les milieux d’affaires aux perspectives de développement des régions occitanes. Trois numéros paraissent en 1956 avant la mort de Pierre-Louis Berthaud. Le journal continuera à paraître sous l’autorité d’<a href="http://vidas.occitanica.eu/items/show/12" target="_blank" rel="noopener">Ismaël Girard</a> jusqu’en 1962.</p>
Lespoux, Yan
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers)
Recherche en domaine occitan (Montpellier)
2014-06-16
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