Bouéry, Jan-Bernat (1922-2019)
- Bouéry, Jean-Bernard (forme française du nom)
Né en 1922 à Besse-sur-Issole (Var), Jean-Bernard Bouéry était le fils d’un cheminot qui travaillait à l’entretien des voies. Sa mère était italienne. La famille habitait Carnoules (Var), bourgade marquée par la présence des employés de la SNCF. Elle avait élu la première municipalité communiste du département. Le père de Jean Bernard était d’ailleurs revenu communiste de la guerre de 1914. Au village, le provençal était la langue d’usage, y compris entre les enfants, même si, d’après Bouéry, l’instituteur donnait des claques si on parlait ainsi en classe...
Jean-Bernard Bouéry fut touché par la poliomyélite lorsqu’il avait sept ans et en réchappa doublement handicapé, bossu et boiteux. Même s’il jouait comme tous les gosses de son âge, cette infirmité le fit souffrir en particulier à l’adolescence et le fit se retourner précocement vers son monde intérieur. Il écrivit assez tôt des poèmes. Il aurait voulu devenir maître d’école, mais son handicap lui fermait les portes de l’École normale. Il fit des études commerciales au collège Rouvière à Toulon (Var) jusqu’au brevet commercial qu’il passa à la mi-juin 1940 alors que des avions italiens bombardaient la ville. Convoqué aux Chantiers de Jeunesse, il en fut vite réformé, le 7 juillet 1942. Quelques mois après, il fut exempté du STO (Service du travail obligatoire en Allemagne). Grâce à des relations familiales, il avait pu enfin trouvé un emploi au Crédit Lyonnais à Brignoles (Var) en mars 1942. La tenue des comptes était un travail fastidieux et peu payé. Il y resta jusqu’au 31 janvier 1943. Mais quelques semaines plus tard, un cousin ouvrier de l’arsenal de Toulon le fit contacter par un résistant membre du réseau de renseignement Phalanx. Ce réseau, dirigé par Christian Pineau, était l’un des grands réseaux gaullistes, rattaché au BCRA de Londres. Alors que la Résistance locale était toute entière contrôlée par le parti communiste clandestin, il accepta de devenir agent de liaison de ce réseau avec pour pseudonyme Victoire Jeannot et pour matricule RH26. Il y fut officiellement incorporé comme agent P2, le 4 août 1943. Disponible, non menacé par le STO, considéré sans méfiance dans les contrôles, il assura ainsi jusqu’à la Libération la collecte et le transport des renseignements entre Nice (Alpes-Maritimes), Le Luc (Var), Carnoules, Cuers (Var), Toulon et Marseille (Bouches-du-Rhône). Ces renseignements portaient en particulier sur les terrains d’aviation de la région, l’arsenal de Toulon et les mouvements des trains destinés aux occupants (qu’il recueillait lui-même grâce à ses relations parmi les cheminots). Il conservait précieusement bien des années après les documents que le réseau lui avait remis pour identifier les avions, les grades, les unités militaires allemandes. À la Libération, il fut homologué chargé de mission de 3e classe, avec le grade de sergent, mais il se sentit comme abandonné quand on le démobilisa à la Marseille. Il dira plus tard : « Je n’étais plus rien ».
Revenu à une réalité difficile, souffrant de « sa jeunesse volée », il retrouva un emploi comme comptable intérimaire à la SNCF. Il traversa des moments difficiles et fit une grosse dépression en 1947. L’environnement politique et syndical à Carnoules était dur et il ne pouvait guère mettre en avant une activité résistante qui aurait nourri la suspicion, cependant il resta membre du Parti communiste jusqu’aux années soixante.
Selon son témoignage, sa vie malheureuse se prolongea jusqu'à ce qu'il rencontre son épouse. Celle-ci avait 39 ans lorsqu’ils se marièrent, lui en avait 45 ans. Le couple eut un fils. Il s’installa à La Garde (Var), dans la grande banlieue de Toulon en 1974. Bouéry y trouva un environnement qui lui permit de multiplier les activités : musique, peinture d’aquarelles tournées vers les paysages de la Provence traditionnelle, photographie, apiculture, enseignement du provençal et écriture. Il était engagé près des associations de la ville de La Garde, La Farigouleto, L’Acamp et l’école de provençal.
Titulaire de la carte de Combattant volontaire de la Résistance en 1948, il ne milita pas dans les associations d’anciens résistants et affectait de ne pas rechercher les décorations. Cependant ce fut pour lui une grande joie que de recevoir la Légion d’honneur, au titre de la Résistance, le 30 mai 2015.
Il décéda à La Garde le 20 février 2019.
Porté par son imagination, aimant écrire, amoureux d’une certaine idée de la Provence, engagé dans le félibrige, il se mit à rédiger ses souvenirs de guerre pour s'occuper, dira-t-il, car le départ de ses abeilles (il avait une vingtaine de ruches qui avaient « déserté ») l’avait beaucoup affecté. Il décida de les écrire en provençal pour – toujours selon lui – « changer de ce qui se faisait ». Son premier ouvrage, publié en 1998, E pamens lis estiéu fuguèron bèu... porte en sous-titre Crounico d’uno jouinesso raubado. Ce sont les souvenirs quelque peu romancés de ses années de jeunesse et de Résistance. Ils furent suivis par six autres titres, édités en provençal et en français, qui lui valurent le Prix Frédéric Mistral 2002 de littérature provençale et le Grand prix littéraire de Provence 2005.
Il était lié d’amitiés à d’autres écrivains provençalistes varois, notamment André Dégioanni de Cabasse (Var) et Jeanne Blacas de Brignoles.
- E pamens lis estiéu fuguèron bèu ... Et pourtant les étés furent beaux…, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 1998, 297 p. et rééd. 2000, 333 p. (biographie romancée)
- L’an que ven, à Malofougasso. L’an prochain à Malefougasse, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 2003, 348 p. (roman)
- Escrit emé lou sang. Écrit avec le sang, Toulon, éditions de l’Astrado, 2003
- Culido sus li camin doù siècle. Cueillies sur les chemins du siècle, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 2006, 356 p. (nouvelles)
- Li coumpagnoun de la niue. Les compagnons de la nuit, Paris, L’harmattan, 2006, 411 p.
- A la bello eisservo. Au gré du vent, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 2009, 502 p. (roman)
- Istori d’un couscrit de 1913. Histoire d’un conscrit de 1913, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 2012, 280 p.
Jean Bernard Bouéry est un écrivain provençal notament connu pour ses souvenirs de Résistance. Son œuvre lui a valu le Prix Frédéric Mistral 2002 de littérature provençale et le Grand prix littéraire de Provence 2005.
Bouéry, Jan-Bernat (1922-2019)
- Bouéry, Jean-Bernard (forme française du nom)
Né en 1922 à Besse-sur-Issole (Var), Jean-Bernard Bouéry était le fils d’un cheminot qui travaillait à l’entretien des voies. Sa mère était italienne. La famille habitait Carnoules (Var), bourgade marquée par la présence des employés de la SNCF. Elle avait élu la première municipalité communiste du département. Le père de Jean Bernard était d’ailleurs revenu communiste de la guerre de 1914. Au village, le provençal était la langue d’usage, y compris entre les enfants, même si, d’après Bouéry, l’instituteur donnait des claques si on parlait ainsi en classe...
Jean-Bernard Bouéry fut touché par la poliomyélite lorsqu’il avait sept ans et en réchappa doublement handicapé, bossu et boiteux. Même s’il jouait comme tous les gosses de son âge, cette infirmité le fit souffrir en particulier à l’adolescence et le fit se retourner précocement vers son monde intérieur. Il écrivit assez tôt des poèmes. Il aurait voulu devenir maître d’école, mais son handicap lui fermait les portes de l’École normale. Il fit des études commerciales au collège Rouvière à Toulon (Var) jusqu’au brevet commercial qu’il passa à la mi-juin 1940 alors que des avions italiens bombardaient la ville. Convoqué aux Chantiers de Jeunesse, il en fut vite réformé, le 7 juillet 1942. Quelques mois après, il fut exempté du STO (Service du travail obligatoire en Allemagne). Grâce à des relations familiales, il avait pu enfin trouvé un emploi au Crédit Lyonnais à Brignoles (Var) en mars 1942. La tenue des comptes était un travail fastidieux et peu payé. Il y resta jusqu’au 31 janvier 1943. Mais quelques semaines plus tard, un cousin ouvrier de l’arsenal de Toulon le fit contacter par un résistant membre du réseau de renseignement Phalanx. Ce réseau, dirigé par Christian Pineau, était l’un des grands réseaux gaullistes, rattaché au BCRA de Londres. Alors que la Résistance locale était toute entière contrôlée par le parti communiste clandestin, il accepta de devenir agent de liaison de ce réseau avec pour pseudonyme Victoire Jeannot et pour matricule RH26. Il y fut officiellement incorporé comme agent P2, le 4 août 1943. Disponible, non menacé par le STO, considéré sans méfiance dans les contrôles, il assura ainsi jusqu’à la Libération la collecte et le transport des renseignements entre Nice (Alpes-Maritimes), Le Luc (Var), Carnoules, Cuers (Var), Toulon et Marseille (Bouches-du-Rhône). Ces renseignements portaient en particulier sur les terrains d’aviation de la région, l’arsenal de Toulon et les mouvements des trains destinés aux occupants (qu’il recueillait lui-même grâce à ses relations parmi les cheminots). Il conservait précieusement bien des années après les documents que le réseau lui avait remis pour identifier les avions, les grades, les unités militaires allemandes. À la Libération, il fut homologué chargé de mission de 3e classe, avec le grade de sergent, mais il se sentit comme abandonné quand on le démobilisa à la Marseille. Il dira plus tard : « Je n’étais plus rien ».
Revenu à une réalité difficile, souffrant de « sa jeunesse volée », il retrouva un emploi comme comptable intérimaire à la SNCF. Il traversa des moments difficiles et fit une grosse dépression en 1947. L’environnement politique et syndical à Carnoules était dur et il ne pouvait guère mettre en avant une activité résistante qui aurait nourri la suspicion, cependant il resta membre du Parti communiste jusqu’aux années soixante.
Selon son témoignage, sa vie malheureuse se prolongea jusqu'à ce qu'il rencontre son épouse. Celle-ci avait 39 ans lorsqu’ils se marièrent, lui en avait 45 ans. Le couple eut un fils. Il s’installa à La Garde (Var), dans la grande banlieue de Toulon en 1974. Bouéry y trouva un environnement qui lui permit de multiplier les activités : musique, peinture d’aquarelles tournées vers les paysages de la Provence traditionnelle, photographie, apiculture, enseignement du provençal et écriture. Il était engagé près des associations de la ville de La Garde, La Farigouleto, L’Acamp et l’école de provençal.
Titulaire de la carte de Combattant volontaire de la Résistance en 1948, il ne milita pas dans les associations d’anciens résistants et affectait de ne pas rechercher les décorations. Cependant ce fut pour lui une grande joie que de recevoir la Légion d’honneur, au titre de la Résistance, le 30 mai 2015.
Il décéda à La Garde le 20 février 2019.
Porté par son imagination, aimant écrire, amoureux d’une certaine idée de la Provence, engagé dans le félibrige, il se mit à rédiger ses souvenirs de guerre pour s'occuper, dira-t-il, car le départ de ses abeilles (il avait une vingtaine de ruches qui avaient « déserté ») l’avait beaucoup affecté. Il décida de les écrire en provençal pour – toujours selon lui – « changer de ce qui se faisait ». Son premier ouvrage, publié en 1998, E pamens lis estiéu fuguèron bèu... porte en sous-titre Crounico d’uno jouinesso raubado. Ce sont les souvenirs quelque peu romancés de ses années de jeunesse et de Résistance. Ils furent suivis par six autres titres, édités en provençal et en français, qui lui valurent le Prix Frédéric Mistral 2002 de littérature provençale et le Grand prix littéraire de Provence 2005.
Il était lié d’amitiés à d’autres écrivains provençalistes varois, notamment André Dégioanni de Cabasse (Var) et Jeanne Blacas de Brignoles.
- E pamens lis estiéu fuguèron bèu ... Et pourtant les étés furent beaux…, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 1998, 297 p. et rééd. 2000, 333 p. (biographie romancée)
- L’an que ven, à Malofougasso. L’an prochain à Malefougasse, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 2003, 348 p. (roman)
- Escrit emé lou sang. Écrit avec le sang, Toulon, éditions de l’Astrado, 2003
- Culido sus li camin doù siècle. Cueillies sur les chemins du siècle, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 2006, 356 p. (nouvelles)
- Li coumpagnoun de la niue. Les compagnons de la nuit, Paris, L’harmattan, 2006, 411 p.
- A la bello eisservo. Au gré du vent, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 2009, 502 p. (roman)
- Istori d’un couscrit de 1913. Histoire d’un conscrit de 1913, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 2012, 280 p.
- Témoignage recueilli le 23 décembre 1998
- Archives départementales du Var 1470 W 22 (dossier d’attribution de la carte CVR)
- presse locale.
Miremont, Pierre (1901-1979)
- Miremont, Peire (forme occitane du nom)
- Miremont, Pierre Auguste (nom à l'état civil)
Pierre Miremont voit le jour le 17 Décembre 1901 au Buisson de Cadouin où son père est employé à la Compagnie des chemins de fer. Il est l'aîné de quatre enfants. Ses grands-parents originaires du Sarladais ne parlent que le dialecte nord-languedocien de cette région. Il en sera marqué pour la vie.
À l'école Fénelon, à Sarlat, il fait la connaissance de Marc Delbreil, poète reconnu qui écrit dans sa « langue romane » comme il l’appelle. Le poète se prend d'amitié pour lui, il sera son maître et contribuera à l'intérêt que Pierre Miremont portera toute sa vie à la langue du Périgord. Bon élève, Miremont poursuivra des études secondaires et supérieures dans des institutions privées chez les Pères Marianistes. En 1921, il passe son Brevet élémentaire et abandonnant la prêtrise il entre dans l'enseignement libre. Il sera instituteur en Aveyron pour une année seulement car il doit partir au service militaire.
Devenu lieutenant dans les chasseurs alpins il sera envoyé en Allemagne dans la Ruhr occupée.
Il se marie le 5 Mai 1924 à Limoges et enseigne en écoles libres (écoles catholiques) jusqu'en 1929. D'abord à Serverette en Lozère puis à Terrasson.
C'est alors qu'il est exilé à la Celle-Saint-Cloud dans la région parisienne.
Ayant étudié le droit et ne pouvant supporter l'éloignement de sa terre occitane, il vient s'installer comme huissier de justice à Villefranche-de-Rouergue en 1934.
En 1939, il est mobilisé comme lieutenant dans les chasseurs pyrénéens : les Miquelets, puis il est fait prisonnier dans les Vosges en juin. Il sera enfermé successivement dans les oflags de Lübeck, Hambourg-Fischbeck, Münster et Soëst jusqu'en 1945.
Dès sa libération le 6 Avril 1945 il rentre à Villefranche-de-Rouergue.
Il reçoit le titre de Majoral du Félibrige mais son étude d'huissier étant ruinée, il reprend du service dans l'armée d'occupation. Officier de détail à Kaiserlautern en 1945 il est ensuite officier avocat du tribunal militaire du deuxième corps d'armée à Neustadt, puis substitut à Landau.
En 1946, il est juge d'instruction à Fribourg et enfin à Frankenthal où son épouse et ses deux enfants, nés en 1930 et 1934, viennent le rejoindre. Il est officier de la zone d'occupation de Hesse Palatinat, chargé de la politique, de la police, des cultes et de l'éducation.
Délégué du gouvernement de l'État Rhéno-Palatin, il séjourne à nouveau à Neustadt, puis au cercle de Daun en 1950.
Il quitte définitivement l'armée en 1951 et sera fait chevalier de la légion d'honneur.
Il devient alors inspecteur d'assurances-vie à Nancy, Epinal, Marseille et enfin Toulon où il prend sa retraite au village de Cuers. C'est là qu'il finira ses jours auprès de sa compagne Marcelle Drutel « l'Aubanelenca », Majorale du Félibrige, grande poétesse Provençale avec qui il partagea 25 ans de passion pour la langue d'oc.
Reprenons les propos de Jean Rigouste dans la préface du livre Pèire Miremont, escrivan oblidat del Perigòrd Negre de Brigita Miremont-Orazio :
« Il est des auteurs dont seule l’œuvre peut susciter l’intérêt ; d’autres dont il faut connaître à la fois l’œuvre et la vie (chacune façonnant l’autre), avec ses bonheurs et ses malheurs, ses aléas et ses péripéties : la vie apporte les clés de l’œuvre, elle explique l’engagement de l’auteur, elle est le riche contre-point d’une aventure littéraire ou spirituelle.
Il en est enfin dont la personnalité, la biographie et les productions constituent un tout indissociable : on doit connaître la vie pour interpréter l’œuvre, il est nécessaire de connaître l’homme pour comprendre l’auteur : Pierre Miremont est de ceux-là... Quant à l’œuvre, elle est d’une telle variété qu’il est difficile d’en faire une synthèse : des « contes risolièrs » au drame historique de « Muratel », de la poésie délicate aux travaux linguistiques, comme Biais de dire en Périgord, sans oublier le théâtre, et le dictionnaire…
J’ai rencontré quelquefois Pierre Miremont : je garde le souvenir d’un homme courtois, à l’œil plein de malice, ouvert et à l’écoute des autres, mais ferme sur ses convictions, et fine lame dans l’argumentation ! Il réunissait un ensemble de qualités humaines qui lui furent bien nécessaires dans les terribles épreuves des camps de concentration, comme dans les petits ennuis que la vie lui prodigua : il s’était ainsi forgé le noyau indestructible d’une personnalité vigoureuse, ce qui lui permit de traverser sans compromissions les périodes difficiles ; son secret est peut-être dans cet « èime » indéfinissable qui fait la profonde originalité de notre peuple périgourdin… »
À dix-huit ans Pierre Miremont choisit la langue d'oc pour écrire sa première pièce de théâtre Paures medecins.
Cette comédie sera présentée à Viviez en Aveyron en 1922. Ses premiers vers écrits pendant son service militaire sont rassemblés dans le recueil Resouns de Ruhr qu'il qualifie lui-même de « péché de jeunesse ». Ce sont des notes prises au jour le jour, impressions et souvenirs du temps passé dans la Ruhr de 1922 à 1924. En voici un exemple avant qu'il ne travaille sa graphie :
L'ocupasiu de la Ruhr
Quoura aicí sèm mountats, rèibabiam de batalhas,
Abiam plan dins lou cap que nos seriam tustats.
Mès talèu arribats, se drèboun las muralhas,
D'enemics n'i a pas 'n lèc, lou vent lous a 'mpourtats.
…
Noun, lou Franses n'es pas l'enemic que creziaboun,
Co'is l'amic generous qu'es passat en pàuzent
Un bàume à las plagas que ta vivas sannaboun.
Resons de Ruhr p. 18
Rentré du service militaire, il prend part à la vie du Bournat association félibréenne de Périgueux. Sa verve moqueuse lui vaudra quelques ennuis. Il devra payer une forte amende pour avoir dressé des portraits peu flatteurs de certains de ses concitoyens dans Profils terrassonais. C'est aussi à cette période que va éclore son théâtre d'oc, il écrit deux comédies qui seront souvent jouées en Périgord.
Ami de Joseph Vaylet et d’Auguste Bénazet il adhère au Grelh Roergat et en devient secrétaire. Il écrit des pièces de théâtre pour l'association Les grillons de Villefranche qu'il anime avec passion notamment lors des grandes fêtes consacrées à Justin Besson en 1938.
C'est à cette époque qu'il crée avec ses amis Denis Puech, le sculpteur, Joseph Vaylet, Georges Bousquet... la revue Reviscol. Ils veulent réveiller ce « Grelh » qu'ils jugent un peu endormi.
Il est rédacteur en chef de l'Almanach Rouergat lorsqu'il publie le premier poème de Jean Boudou : « Velhado ».
Mais sa forte personnalité et son dynamisme ne tardent pas à provoquer des réactions chez les anciens Félibres rouergats, de sérieuses querelles éclatent au sein du Grelh et c'est chacun de leur côté qu'ils poursuivront leur œuvre félibréenne.
La guerre met fin à ses activités au sein du Grelh. Prisonnier dans un oflag, il ne se décourage pas et fonde à Lubëck au sein de « l'université » l'école félibréenne des « Embarbelats » en septembre 1940. À ses côtés Pierre Henri Simon (futur Académicien), Jean Secret, Paul Roger… Marcel Fournier, Majoral bien connu en Périgord se joint à eux à Münster. Pendant les cinq ans de captivité ils œuvreront pour la langue d'oc et Pierre Miremont en sera l'historiographe.
C'est pendant cette période qu'il va mettre au point sa « nóva grafia ». Les prisonniers de l'Escóla dels embarbelats décident de confronter les divers systèmes de graphie existants afin d'en dégager une formule cohérente d'unification qui pourrait prétendre à rallier tous les dialectes.
« Lorsque voilà déjà trois ans je fondais à Lübeck cette école, mon but n'était pas de distraire les captifs du mal du pays, ni de leur faire passer un moment pour les aider à oublier pendant quelques heures leurs misères, leur faim et leur honte. Non, j'avais visé plus haut et mon regard portait loin, bien loin, au-delà des barbelés, au-delà de l'heure trouble où nous vivons…
...Voliay levar per la Comtessa una tropa de druds, de valents que, deman, dins la fe e l'estrambord, al clar solelh de Dieu e dins la libertat reconquistada sonarian lo rampel dels filhs d'Occitania e levarian africs e arderos la lauza que dumpeis trop de temps i 'es jaguda la bela endurmida. Oc, mos amics, mos fraires, oc soldats, serèm los chivaliers del reviscol esplandorenc... »
(Dichas de Cattivitat, 13 de junh 1943 p 16)
Une bonne partie de son œuvre est écrite en captivité1, à l'insu des gardiens. C'est ainsi que dans son poème « Paor » il exprime sa crainte de ne plus être le même à son retour et de ne plus trouver sa place dans un monde qui, en cinq ans, aura changé.
Paor
Una crenta me monta a l'eime.
Ay crenta dins lo jorn qu'esperi,
D'estre pas plus lo que fusqueri,
D'estre trop dur, d'estre trop mascle,
D'aver perdut lo vanc de rire,
D'aver perdut l'esbrand, lo gaubi
E l'illuzion que fay lo raive :
Crenta d'estre mort a la joia.
Ai paor d'estre solet, veuze, quand tornaray.
Solet emb mon orgulh fargat d'un or trop dur.
Solet emb de pensiers que digun comprendrâ.
Solet lo cor torçut, solet lo cor barrat.
…..
Auran tant caminat lo monde e lo solelh !
…
Ay crenta d'estre sol, perdut, desconescut
Dins un monde novel, que de io se rirâ
Virat vers d'autres Fes, florit d'autres espers.
…
Ay paor d'estre tot sol, Quijota atardivat,
A consegre, enluzit, mos raives d'a vint ans !
Münster 15-06-1944
Planh de Faidit : Salingardes, 1967, p. 75
C'est dans le camp de Hamburg-Fischbeck qu'il écrit aussi « Nostra lenga » en 1942 :
Nostra lenga
Lenga del Gay Saber, lenga de poezia,
Jenta lenga de cortezia,
Clara lenga de la Patria,
Lenga de beutat e d'amor :
Te parlava la senhoressa,
E lo galant, raz sa mestressa,
La ninava al balans de ton parlar de flor.
Lenga, qu'as bronzinat sus nóstre batisteri,
Ses estada lenga d'emperi
Dins la gauj e lo treboleri ;
Te parlavon lus grands sabents,
Lus legats e lus prezicaires ;
Eres la lenga del Terraire
E lo verbe granat d'un póple de valents.
Mes amont, de Paris, per abracar la rassa,
Apres lo bufal de l'aurassa,
Apres Montfórt la tartarassa,
Apres lo sang, lo fec, lo dól,
Nus volian matrassar la lenga
Que de l'aussada a la valenga
Tinda coma l'ama del sól.
A la lenga maldicha, e letruts e profetas
I an sonat la laissa a trompeta.
Vay morir se dis, se repeta,
Vay morir dizon lus sabents.
Mès mal despit lor professia,
Auturiera en sa senhoria,
La lenga nazarda lo temps.
La lenga dèus aujóls, lenga d'ór, lenga maire,
Sempre a la voz de sus trobaires,
Fay clantir son verbe tindaire.
Darrer l'auriflor de Mistral,
Entre las mars d'Ocitania,
Lus ómes d' Oc, que mais cotria,
Te farán retronir, lenga del sól mairal !
Lenga del Gai Saber, lenga de poezia,
Tojorn que mais, sus la Patria
Flotejarás coma un senhal !
Hamburg-Fischbeck 21-3-1942
Jol solelh d'oc, 1975, p. 15
Après la guerre, il est sollicité par les Allemands pour faire des conférences dans leurs universités sur le Félibrige et la langue d'oc. Il donne ainsi des conférences en 1946 à Mayence -Heidelberg. En 1947 à Munich, Esclangen, Wurtzburg (zone américaine). En 1949-1950 à Ratisbonne.
Les Allemands publieront même plusieurs de ses œuvres en français et en langue d'oc.
Ces travaux constituent une référence pour tous ceux qui ont besoin d'outils pour retrouver « toute la saveur, toute la sève de la langue vivante », comme l’écrit Jordi Plantaurel – pseudonyme d’André Lagarde - dans La Dépêche du 6 septembre 1976)
C'est ainsi qu'il publiera, à compte d'auteur :
- Glossari del Perigórd Negre (1974: imp. Carrère : Rodez), lexique de 500 pages dans lequel il s'attache à ne relever que les termes dont la consonance et souvent l'orthographe ne sont pas trop voisines du français.
- Biais de dire en Perigórd (1974 : imp.Gerbert : Aurillac), complément du Glossari :
« le glossari, dit-il, n'est en quelque sorte que le reliquaire somptueux des vocables du Périgord Noir. Il n'est porteur d'aucun germe de vie et pourrait tout aussi bien concerner une langue morte. Le présent recueil, tout au contraire, est l'exposition de notre langue dans sa vie réelle de chaque jour, dans son éclat de langue bien vivante. Ici nous avons lié en gerbes notre collecte des expressions, idiotismes et tours syntaxiques dont use notre parler. »
Quelques exemples :
A pas la carampa pèus dets – il n'a pas la crampe aux doigts, il est laborieux.
A dèus uèlhs que traucon – il a les yeux vifs et perçants.
Cozinier de la sopa freja – Mauvais cuisinier.
Aver lo ventre tras l'esquina – Avoir le ventre creux.
I aurà de capels de resta – Il y aura beaucoup de morts.
Li manca una bulida – Il lui manque un peu de cuisson, manque de jugement.
Es tant cargat d'escuts coma un grapal de plumas – Il a autant d'écus qu'un crapaud a de plumes.
- Proverbis et dittons del Perigord : imp. Gerbert Aurillac 1974): il s’agit de trois cahiers se rapportant aux mois et saisons pour le premier, à la semaine, aux jours, aux fêtes et aux saints pour le deuxième et au temps et aux intempéries pour le troisième.
Voici l’introduction qu’il rédige pour ce travail :
« À l'heure où la Langue d'oc est de plus en plus abandonnée, voici que des jeunes ressentent cet abandon comme une frustration et aspirent à reconquérir le parler de leur race. Hélas ! Ils ne l'entendent plus autour d'eux et souffrent de ne pouvoir confronter l'enseignement de l'école à la réalité vivante. Ce témoignage que les vivants ne peuvent plus rendre, les générations passées nous le transmettent au moyen de ces sentences familières que sont les proverbes et les dictons […]Que de mots savoureux enchâssés dans des phrases lapidaires à la syntaxe infaillible ! C'est là et seulement là que nos jeunes retrouveront la langue dont on les a frustrés »
Quelques exemples :
Se mars non marseja, tot l'an n'a l'enveja – si mars ne suit pas sa nature toute l'année s'en ressent.
Cand lo picatal picateja, pel bósc l'i pleu o venteja – Quand le pic-vert frappe au bois, il pleut ou il vente.
Lo que dejuna orgulhos, sopará vergonhos – Celui qui déjeune orgueilleux, soupera honteux.
Las bonas fonts se vezon a la sequiera, lus bons amics, a la pauriera – On juge des bonnes sources durant la sécheresse, et des bons amis dans l'infortune.
- La syntaxe occitane du Périgord (1976 : imp.Gerbert Orlhac)
Dans l'introduction de cet ouvrage il écrit :
« La langue se meurt, et le peu qu'il en reste de vivant se contamine chaque jour au contact de la syntaxe française. On croit parler occitan mais, trop souvent, on emploie un jargon français accoutré de quelques mots d'oc. Le danger est grand, il est mortel. Ne perdons plus notre temps à de stérilisantes querelles de graphie. La langue n'est pas là, ce n'en est que la vêture... La graphie n'a pour but que de traduire la sonorité de la langue. Elle n'est que le résultat de conventions et peut donc évoluer… L'urgent, actuellement est de sauver ce qui fait la langue : la syntaxe. »
Pierre Miremont écrira jusqu'à son dernier souffle.
- Des « racontes risolièrs » :
Espofinadas (1971) ; Lo devinaire (1973) ; Contes pel brave monde (1976) ; Contes peus petits èlhs (1973) ; Bastard de curèt (1975).
Dans une lettre au Majoral Monestier il écrit le 30 Novembre 1975 :
« ce ne sont pas des œuvres qui font le plus honneur à notre langue, je les écris seulement pour que les gens puissent en rire et lire de la bonne langue... écrite dans une syntaxe saine. »
Voici un extrait qui donnera une idée de l’ensemble :
A l'escóla
Lo rijent ven de decialar à sus elevas lus misteris del biais que se farga lo plural. Aorà se vól donar comte s'an plan compres e comensa :
- Quand dins un ostal l'i nais un nenet : quó's lo ?…
- Singulièr ! Siscla tota la classa.
- Van plan ; e se n'i a dos, quó's ?...
-De bessons !
Espofinadas, p. 47
Il s'agit d'un long poème épique de douze chants en vers, commencé en 1925, repris de nombreuses fois et terminé en 1975. Ce récit en vers est inspiré d'une légende locale sur le seigneur du Château de Muratel près de Terrasson. Quand on ouvre le livre, on est de suite pris par la richesse de la langue, l'habileté du poète qui jongle avec les mots avec une grande maîtrise.2
« Co's l'istôria dolenta e bloza
De Gui sans pôu, lo trobador
Qu'anguet raubar son amoroza,
Berta, que l'aimava d'amor,
Al pellant que l'avia, dins son castel, portada
E que rabios, la gardava clavada,
Tot amont a l'ensus de sa pus nauta tor. »
- Rassa rasseje : dans ces 46 poèmes publiés en 1978, il exprime sa satisfaction d'avoir œuvré pour que vive la langue d'oc.
Pel medre avenidor
Uros lus que son mórts comols d'óbras de vita,
Que, sans se revirar, buteron lor prefach.
Uros lo que s'enderm, un cóp l'óbra complida,
Arland de tant de grun que jitet a jaufat.
Uros lo que s'estira al siaud de la talvera,
Après lo seme drut e lo medre rossel.
Uros lo qu'es tombat en crozar lais gavelas,
Lus dets claufits de lum e lo solelh pèus èlhs.
Uros lo que se'n vay, juntant sais mans rimadas
Sus la garba ligada a redórta d'amor.
Uros lus que son mórts riches de lor suzor,
Partits lo granier plen e la terra abladada
Pel medre avenidor.
Cuers, 01-07-1975
« Lorsque vous voyez cette masse d'œuvres, vous êtes presque effrayé et vous vous demandez comment une vie d'homme a pu suffire pour réaliser une telle tâche », écrira Marcelle Drutel dans Vido vidanto, riboun- ribagno, Estamparie Bene, Nimes, 1983
- 46 livres édités à compte d'auteur :
- 25 recueils de poèmes
- 11 livres en prose
- 10 pièces de théâtre
- 3 livres édités après sa mort par le majoral Monestier
- Nombreux inédits
- 1939 : Le cricri de la crèche
- 1940 : Chansons de caserne
- 1928 : Profils Terrassonnais (sonnets), imprimerie de la Vézère, Montignac.
- 1931 : Nouveaux profils, Imprimerie de l'Argonne, Bordeaux
- Chant de grillon
- Cœur de grillon 193?, Autres profils (sonnets), Imprimerie de l'Argonne, Bordeaux
- 1946 : Nos mois harmonieux, Kaiserslautern, Rohr
- 1946 : Chants de prisonnier, Kaiserslautern, Rohr
- 1983 : La littérature d'oc, des troubadours aux Félibres, avec Jean Monestier, P. Fanlac, Périgueux.
- 1985 : Le Félibrige et la langue d'oc, avec Jean Monestier, Imp. Réjou Périgueux
- 1939 : Visto dèus mounts, Toulouse, imp.Sentein.
- 1934 : Jous l'casque, Rodez, Subervie.
- 1935 : Resouns de Ruhr, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1940 : Joul's soulelh dèus troubadors, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1940 : Pantais d'un grelh.
- 1946 : Cantics e pregarias, Préface de Marcel Ducros, Kaiserslautern, Heinz Rohr
- 1946 : Noels e Nadalets, Kaiserslautern,Heins Rohr.
- 1953 : Guerra kaki, Rodez, Supervie.
- 1967 : Planh de faidit, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1969 : Darrer'ls barbelats, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1974 : Al solelh d'amor, Villefranche de Rouergue. Salingardes.
- 1971 : Dolencia, Aurillac, Imprimerie du Cantal, Edition du Centre.
- 1972 : Jol cel del Perigord, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1975 : Jol solelh d'oc, Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1978 : Rassa rasseje ! Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1979 : Muratèl (poèma epic), Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1948 : Dichas de cattivitat, Préface de L.de Lastic, [s .i][s.n][s.d]
- 1973 : Contes peus petits elhs (proza), Rodez, Imp. Carrère.
- 1973 : Lo devinaire (galejadas), Aurillac, Éd du Centre.
- 1975 : Bastard de curèt, Rodez, Imp. Carrère.
- 1976 : Contes pel brave monde (proza), Rodez, Imp. Carrère.
- 1971 : Espofinadas (contes gais), Aurillac, Éd du Centre, Imp. du Cantal.
- 1974 : Proverbis e dittons del Perigord (3 cahiers), Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1974 : Biais de dire en Perigord (estudi) : Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1974 : Glossari del Perigord Negre, Rodez. Imp.Carrère.
- 1976 : La Syntaxe occitane du Périgord, Orlhac, Imp. Gerbert.
- 1977 : Femnas e Miquelets (racontes d'amor e de guerra) : Nîmes. Imp. Bené.
- 1985 : Brondilhs, Le Bugue, Imp. PLB.
- 1922 : Lou foutougrafe de fiero ?
- 1934 : Chas'l foutougrafe, Montignac. Imprimerie de la Vézère.
- 1931 : Lou bilhet de femna, Montignac, Imprimerie de la Vézère.
- 1927 : Pàures medecins, Montignac, Imprimerie de la Vézère.
- 1937 : La Nora, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1939 : Perqué Soustena se maridèt pas ?, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1952 : L'Espion, Rodez. Imp. Subervie.
- 1951 : La Lotaria, Rodez, Imp. Subervie.
- 1952 : Guston se vol far medecin, Rodez, Subervie
- 1950 : Lo Quorum, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- Étude sur le troubadour Cadenet
- Le Félibrige et sa doctrine
- Conferéncias en Alemanha (données en 1946-1950)
- Orlina (drame en vèrs)
- La Font del Gat (roman)
- Mus Cridals Cattius
- Libre d'or deus Embarbelats
- Garsas de femnas
- Teatre d'Oc
Certains des livres édités sont encore en vente au Bournat du Périgord, 13 rue Klébert, 24000-Périgueux 24000. Ils sont consultables au CIRDOC.
Le Bournat à Périgueux possède des cahiers manuscrits, qu’il faudrait inventorier.
1. Dans la graphie des Embarbelats « à » est mis pour « á ». Quand l'imprimeur ne possède pas le caractère « á » il le remplace par « â ». ↑
2. Pierre Miremont écrit « ó » pour « ò » et lorsque l'imprimeur ne dispose pas de ce caractère il remplace « ó » par « ô ». ↑
3. Certains des ouvrages signalés par plusieurs sources (Marcelle Drutel, Zéphirin Bosc) n’ont pas pu être matériellement retrouvés, d’où l’absence de références bibliographiques. Par ailleurs, Miremont payait lui-même les imprimeurs. Il fonctionnait avec des souscriptions et parfois des mécènes. Il n'a pas eu assez d'argent pour publier tout ce qu'il aurait voulu. ↑
]]>Une vie entière consacrée à la défense de la langue d'oc.
« La cauza occitana es una cauza santa, que i ai donada ma vida » écrit-il, en 1934. « Avec une quarantaine de livres édités à compte d'auteur Pierre Miremont est un de ceux qui ont le plus marqué le Périgord pour la défense de sa langue et de sa culture. » Daniel Chavaroche, enseignant caminaire.
Écrivain de langue d'oc, poète, conférencier, ce Félibre sarladais qui a beaucoup voyagé est surtout connu pour ses études linguistiques sur le parler du Périgord noir.
Miremont, Pierre (1901-1979)
- Miremont, Peire (forme occitane du nom)
- Miremont, Pierre Auguste (nom à l'état civil)
Pierre Miremont voit le jour le 17 Décembre 1901 au Buisson de Cadouin où son père est employé à la Compagnie des chemins de fer. Il est l'aîné de quatre enfants. Ses grands-parents originaires du Sarladais ne parlent que le dialecte nord-languedocien de cette région. Il en sera marqué pour la vie.
À l'école Fénelon, à Sarlat, il fait la connaissance de Marc Delbreil, poète reconnu qui écrit dans sa « langue romane » comme il l’appelle. Le poète se prend d'amitié pour lui, il sera son maître et contribuera à l'intérêt que Pierre Miremont portera toute sa vie à la langue du Périgord. Bon élève, Miremont poursuivra des études secondaires et supérieures dans des institutions privées chez les Pères Marianistes. En 1921, il passe son Brevet élémentaire et abandonnant la prêtrise il entre dans l'enseignement libre. Il sera instituteur en Aveyron pour une année seulement car il doit partir au service militaire.
Devenu lieutenant dans les chasseurs alpins il sera envoyé en Allemagne dans la Ruhr occupée.
Il se marie le 5 Mai 1924 à Limoges et enseigne en écoles libres (écoles catholiques) jusqu'en 1929. D'abord à Serverette en Lozère puis à Terrasson.
C'est alors qu'il est exilé à la Celle-Saint-Cloud dans la région parisienne.
Ayant étudié le droit et ne pouvant supporter l'éloignement de sa terre occitane, il vient s'installer comme huissier de justice à Villefranche-de-Rouergue en 1934.
En 1939, il est mobilisé comme lieutenant dans les chasseurs pyrénéens : les Miquelets, puis il est fait prisonnier dans les Vosges en juin. Il sera enfermé successivement dans les oflags de Lübeck, Hambourg-Fischbeck, Münster et Soëst jusqu'en 1945.
Dès sa libération le 6 Avril 1945 il rentre à Villefranche-de-Rouergue.
Il reçoit le titre de Majoral du Félibrige mais son étude d'huissier étant ruinée, il reprend du service dans l'armée d'occupation. Officier de détail à Kaiserlautern en 1945 il est ensuite officier avocat du tribunal militaire du deuxième corps d'armée à Neustadt, puis substitut à Landau.
En 1946, il est juge d'instruction à Fribourg et enfin à Frankenthal où son épouse et ses deux enfants, nés en 1930 et 1934, viennent le rejoindre. Il est officier de la zone d'occupation de Hesse Palatinat, chargé de la politique, de la police, des cultes et de l'éducation.
Délégué du gouvernement de l'État Rhéno-Palatin, il séjourne à nouveau à Neustadt, puis au cercle de Daun en 1950.
Il quitte définitivement l'armée en 1951 et sera fait chevalier de la légion d'honneur.
Il devient alors inspecteur d'assurances-vie à Nancy, Epinal, Marseille et enfin Toulon où il prend sa retraite au village de Cuers. C'est là qu'il finira ses jours auprès de sa compagne Marcelle Drutel « l'Aubanelenca », Majorale du Félibrige, grande poétesse Provençale avec qui il partagea 25 ans de passion pour la langue d'oc.
Reprenons les propos de Jean Rigouste dans la préface du livre Pèire Miremont, escrivan oblidat del Perigòrd Negre de Brigita Miremont-Orazio :
« Il est des auteurs dont seule l’œuvre peut susciter l’intérêt ; d’autres dont il faut connaître à la fois l’œuvre et la vie (chacune façonnant l’autre), avec ses bonheurs et ses malheurs, ses aléas et ses péripéties : la vie apporte les clés de l’œuvre, elle explique l’engagement de l’auteur, elle est le riche contre-point d’une aventure littéraire ou spirituelle.
Il en est enfin dont la personnalité, la biographie et les productions constituent un tout indissociable : on doit connaître la vie pour interpréter l’œuvre, il est nécessaire de connaître l’homme pour comprendre l’auteur : Pierre Miremont est de ceux-là... Quant à l’œuvre, elle est d’une telle variété qu’il est difficile d’en faire une synthèse : des « contes risolièrs » au drame historique de « Muratel », de la poésie délicate aux travaux linguistiques, comme Biais de dire en Périgord, sans oublier le théâtre, et le dictionnaire…
J’ai rencontré quelquefois Pierre Miremont : je garde le souvenir d’un homme courtois, à l’œil plein de malice, ouvert et à l’écoute des autres, mais ferme sur ses convictions, et fine lame dans l’argumentation ! Il réunissait un ensemble de qualités humaines qui lui furent bien nécessaires dans les terribles épreuves des camps de concentration, comme dans les petits ennuis que la vie lui prodigua : il s’était ainsi forgé le noyau indestructible d’une personnalité vigoureuse, ce qui lui permit de traverser sans compromissions les périodes difficiles ; son secret est peut-être dans cet « èime » indéfinissable qui fait la profonde originalité de notre peuple périgourdin… »
À dix-huit ans Pierre Miremont choisit la langue d'oc pour écrire sa première pièce de théâtre Paures medecins.
Cette comédie sera présentée à Viviez en Aveyron en 1922. Ses premiers vers écrits pendant son service militaire sont rassemblés dans le recueil Resouns de Ruhr qu'il qualifie lui-même de « péché de jeunesse ». Ce sont des notes prises au jour le jour, impressions et souvenirs du temps passé dans la Ruhr de 1922 à 1924. En voici un exemple avant qu'il ne travaille sa graphie :
L'ocupasiu de la Ruhr
Quoura aicí sèm mountats, rèibabiam de batalhas,
Abiam plan dins lou cap que nos seriam tustats.
Mès talèu arribats, se drèboun las muralhas,
D'enemics n'i a pas 'n lèc, lou vent lous a 'mpourtats.
…
Noun, lou Franses n'es pas l'enemic que creziaboun,
Co'is l'amic generous qu'es passat en pàuzent
Un bàume à las plagas que ta vivas sannaboun.
Resons de Ruhr p. 18
Rentré du service militaire, il prend part à la vie du Bournat association félibréenne de Périgueux. Sa verve moqueuse lui vaudra quelques ennuis. Il devra payer une forte amende pour avoir dressé des portraits peu flatteurs de certains de ses concitoyens dans Profils terrassonais. C'est aussi à cette période que va éclore son théâtre d'oc, il écrit deux comédies qui seront souvent jouées en Périgord.
Ami de Joseph Vaylet et d’Auguste Bénazet il adhère au Grelh Roergat et en devient secrétaire. Il écrit des pièces de théâtre pour l'association Les grillons de Villefranche qu'il anime avec passion notamment lors des grandes fêtes consacrées à Justin Besson en 1938.
C'est à cette époque qu'il crée avec ses amis Denis Puech, le sculpteur, Joseph Vaylet, Georges Bousquet... la revue Reviscol. Ils veulent réveiller ce « Grelh » qu'ils jugent un peu endormi.
Il est rédacteur en chef de l'Almanach Rouergat lorsqu'il publie le premier poème de Jean Boudou : « Velhado ».
Mais sa forte personnalité et son dynamisme ne tardent pas à provoquer des réactions chez les anciens Félibres rouergats, de sérieuses querelles éclatent au sein du Grelh et c'est chacun de leur côté qu'ils poursuivront leur œuvre félibréenne.
La guerre met fin à ses activités au sein du Grelh. Prisonnier dans un oflag, il ne se décourage pas et fonde à Lubëck au sein de « l'université » l'école félibréenne des « Embarbelats » en septembre 1940. À ses côtés Pierre Henri Simon (futur Académicien), Jean Secret, Paul Roger… Marcel Fournier, Majoral bien connu en Périgord se joint à eux à Münster. Pendant les cinq ans de captivité ils œuvreront pour la langue d'oc et Pierre Miremont en sera l'historiographe.
C'est pendant cette période qu'il va mettre au point sa « nóva grafia ». Les prisonniers de l'Escóla dels embarbelats décident de confronter les divers systèmes de graphie existants afin d'en dégager une formule cohérente d'unification qui pourrait prétendre à rallier tous les dialectes.
« Lorsque voilà déjà trois ans je fondais à Lübeck cette école, mon but n'était pas de distraire les captifs du mal du pays, ni de leur faire passer un moment pour les aider à oublier pendant quelques heures leurs misères, leur faim et leur honte. Non, j'avais visé plus haut et mon regard portait loin, bien loin, au-delà des barbelés, au-delà de l'heure trouble où nous vivons…
...Voliay levar per la Comtessa una tropa de druds, de valents que, deman, dins la fe e l'estrambord, al clar solelh de Dieu e dins la libertat reconquistada sonarian lo rampel dels filhs d'Occitania e levarian africs e arderos la lauza que dumpeis trop de temps i 'es jaguda la bela endurmida. Oc, mos amics, mos fraires, oc soldats, serèm los chivaliers del reviscol esplandorenc... »
(Dichas de Cattivitat, 13 de junh 1943 p 16)
Une bonne partie de son œuvre est écrite en captivité1, à l'insu des gardiens. C'est ainsi que dans son poème « Paor » il exprime sa crainte de ne plus être le même à son retour et de ne plus trouver sa place dans un monde qui, en cinq ans, aura changé.
Paor
Una crenta me monta a l'eime.
Ay crenta dins lo jorn qu'esperi,
D'estre pas plus lo que fusqueri,
D'estre trop dur, d'estre trop mascle,
D'aver perdut lo vanc de rire,
D'aver perdut l'esbrand, lo gaubi
E l'illuzion que fay lo raive :
Crenta d'estre mort a la joia.
Ai paor d'estre solet, veuze, quand tornaray.
Solet emb mon orgulh fargat d'un or trop dur.
Solet emb de pensiers que digun comprendrâ.
Solet lo cor torçut, solet lo cor barrat.
…..
Auran tant caminat lo monde e lo solelh !
…
Ay crenta d'estre sol, perdut, desconescut
Dins un monde novel, que de io se rirâ
Virat vers d'autres Fes, florit d'autres espers.
…
Ay paor d'estre tot sol, Quijota atardivat,
A consegre, enluzit, mos raives d'a vint ans !
Münster 15-06-1944
Planh de Faidit : Salingardes, 1967, p. 75
C'est dans le camp de Hamburg-Fischbeck qu'il écrit aussi « Nostra lenga » en 1942 :
Nostra lenga
Lenga del Gay Saber, lenga de poezia,
Jenta lenga de cortezia,
Clara lenga de la Patria,
Lenga de beutat e d'amor :
Te parlava la senhoressa,
E lo galant, raz sa mestressa,
La ninava al balans de ton parlar de flor.
Lenga, qu'as bronzinat sus nóstre batisteri,
Ses estada lenga d'emperi
Dins la gauj e lo treboleri ;
Te parlavon lus grands sabents,
Lus legats e lus prezicaires ;
Eres la lenga del Terraire
E lo verbe granat d'un póple de valents.
Mes amont, de Paris, per abracar la rassa,
Apres lo bufal de l'aurassa,
Apres Montfórt la tartarassa,
Apres lo sang, lo fec, lo dól,
Nus volian matrassar la lenga
Que de l'aussada a la valenga
Tinda coma l'ama del sól.
A la lenga maldicha, e letruts e profetas
I an sonat la laissa a trompeta.
Vay morir se dis, se repeta,
Vay morir dizon lus sabents.
Mès mal despit lor professia,
Auturiera en sa senhoria,
La lenga nazarda lo temps.
La lenga dèus aujóls, lenga d'ór, lenga maire,
Sempre a la voz de sus trobaires,
Fay clantir son verbe tindaire.
Darrer l'auriflor de Mistral,
Entre las mars d'Ocitania,
Lus ómes d' Oc, que mais cotria,
Te farán retronir, lenga del sól mairal !
Lenga del Gai Saber, lenga de poezia,
Tojorn que mais, sus la Patria
Flotejarás coma un senhal !
Hamburg-Fischbeck 21-3-1942
Jol solelh d'oc, 1975, p. 15
Après la guerre, il est sollicité par les Allemands pour faire des conférences dans leurs universités sur le Félibrige et la langue d'oc. Il donne ainsi des conférences en 1946 à Mayence -Heidelberg. En 1947 à Munich, Esclangen, Wurtzburg (zone américaine). En 1949-1950 à Ratisbonne.
Les Allemands publieront même plusieurs de ses œuvres en français et en langue d'oc.
Ces travaux constituent une référence pour tous ceux qui ont besoin d'outils pour retrouver « toute la saveur, toute la sève de la langue vivante », comme l’écrit Jordi Plantaurel – pseudonyme d’André Lagarde - dans La Dépêche du 6 septembre 1976)
C'est ainsi qu'il publiera, à compte d'auteur :
- Glossari del Perigórd Negre (1974: imp. Carrère : Rodez), lexique de 500 pages dans lequel il s'attache à ne relever que les termes dont la consonance et souvent l'orthographe ne sont pas trop voisines du français.
- Biais de dire en Perigórd (1974 : imp.Gerbert : Aurillac), complément du Glossari :
« le glossari, dit-il, n'est en quelque sorte que le reliquaire somptueux des vocables du Périgord Noir. Il n'est porteur d'aucun germe de vie et pourrait tout aussi bien concerner une langue morte. Le présent recueil, tout au contraire, est l'exposition de notre langue dans sa vie réelle de chaque jour, dans son éclat de langue bien vivante. Ici nous avons lié en gerbes notre collecte des expressions, idiotismes et tours syntaxiques dont use notre parler. »
Quelques exemples :
A pas la carampa pèus dets – il n'a pas la crampe aux doigts, il est laborieux.
A dèus uèlhs que traucon – il a les yeux vifs et perçants.
Cozinier de la sopa freja – Mauvais cuisinier.
Aver lo ventre tras l'esquina – Avoir le ventre creux.
I aurà de capels de resta – Il y aura beaucoup de morts.
Li manca una bulida – Il lui manque un peu de cuisson, manque de jugement.
Es tant cargat d'escuts coma un grapal de plumas – Il a autant d'écus qu'un crapaud a de plumes.
- Proverbis et dittons del Perigord : imp. Gerbert Aurillac 1974): il s’agit de trois cahiers se rapportant aux mois et saisons pour le premier, à la semaine, aux jours, aux fêtes et aux saints pour le deuxième et au temps et aux intempéries pour le troisième.
Voici l’introduction qu’il rédige pour ce travail :
« À l'heure où la Langue d'oc est de plus en plus abandonnée, voici que des jeunes ressentent cet abandon comme une frustration et aspirent à reconquérir le parler de leur race. Hélas ! Ils ne l'entendent plus autour d'eux et souffrent de ne pouvoir confronter l'enseignement de l'école à la réalité vivante. Ce témoignage que les vivants ne peuvent plus rendre, les générations passées nous le transmettent au moyen de ces sentences familières que sont les proverbes et les dictons […]Que de mots savoureux enchâssés dans des phrases lapidaires à la syntaxe infaillible ! C'est là et seulement là que nos jeunes retrouveront la langue dont on les a frustrés »
Quelques exemples :
Se mars non marseja, tot l'an n'a l'enveja – si mars ne suit pas sa nature toute l'année s'en ressent.
Cand lo picatal picateja, pel bósc l'i pleu o venteja – Quand le pic-vert frappe au bois, il pleut ou il vente.
Lo que dejuna orgulhos, sopará vergonhos – Celui qui déjeune orgueilleux, soupera honteux.
Las bonas fonts se vezon a la sequiera, lus bons amics, a la pauriera – On juge des bonnes sources durant la sécheresse, et des bons amis dans l'infortune.
- La syntaxe occitane du Périgord (1976 : imp.Gerbert Orlhac)
Dans l'introduction de cet ouvrage il écrit :
« La langue se meurt, et le peu qu'il en reste de vivant se contamine chaque jour au contact de la syntaxe française. On croit parler occitan mais, trop souvent, on emploie un jargon français accoutré de quelques mots d'oc. Le danger est grand, il est mortel. Ne perdons plus notre temps à de stérilisantes querelles de graphie. La langue n'est pas là, ce n'en est que la vêture... La graphie n'a pour but que de traduire la sonorité de la langue. Elle n'est que le résultat de conventions et peut donc évoluer… L'urgent, actuellement est de sauver ce qui fait la langue : la syntaxe. »
Pierre Miremont écrira jusqu'à son dernier souffle.
- Des « racontes risolièrs » :
Espofinadas (1971) ; Lo devinaire (1973) ; Contes pel brave monde (1976) ; Contes peus petits èlhs (1973) ; Bastard de curèt (1975).
Dans une lettre au Majoral Monestier il écrit le 30 Novembre 1975 :
« ce ne sont pas des œuvres qui font le plus honneur à notre langue, je les écris seulement pour que les gens puissent en rire et lire de la bonne langue... écrite dans une syntaxe saine. »
Voici un extrait qui donnera une idée de l’ensemble :
A l'escóla
Lo rijent ven de decialar à sus elevas lus misteris del biais que se farga lo plural. Aorà se vól donar comte s'an plan compres e comensa :
- Quand dins un ostal l'i nais un nenet : quó's lo ?…
- Singulièr ! Siscla tota la classa.
- Van plan ; e se n'i a dos, quó's ?...
-De bessons !
Espofinadas, p. 47
Il s'agit d'un long poème épique de douze chants en vers, commencé en 1925, repris de nombreuses fois et terminé en 1975. Ce récit en vers est inspiré d'une légende locale sur le seigneur du Château de Muratel près de Terrasson. Quand on ouvre le livre, on est de suite pris par la richesse de la langue, l'habileté du poète qui jongle avec les mots avec une grande maîtrise.2
« Co's l'istôria dolenta e bloza
De Gui sans pôu, lo trobador
Qu'anguet raubar son amoroza,
Berta, que l'aimava d'amor,
Al pellant que l'avia, dins son castel, portada
E que rabios, la gardava clavada,
Tot amont a l'ensus de sa pus nauta tor. »
- Rassa rasseje : dans ces 46 poèmes publiés en 1978, il exprime sa satisfaction d'avoir œuvré pour que vive la langue d'oc.
Pel medre avenidor
Uros lus que son mórts comols d'óbras de vita,
Que, sans se revirar, buteron lor prefach.
Uros lo que s'enderm, un cóp l'óbra complida,
Arland de tant de grun que jitet a jaufat.
Uros lo que s'estira al siaud de la talvera,
Après lo seme drut e lo medre rossel.
Uros lo qu'es tombat en crozar lais gavelas,
Lus dets claufits de lum e lo solelh pèus èlhs.
Uros lo que se'n vay, juntant sais mans rimadas
Sus la garba ligada a redórta d'amor.
Uros lus que son mórts riches de lor suzor,
Partits lo granier plen e la terra abladada
Pel medre avenidor.
Cuers, 01-07-1975
« Lorsque vous voyez cette masse d'œuvres, vous êtes presque effrayé et vous vous demandez comment une vie d'homme a pu suffire pour réaliser une telle tâche », écrira Marcelle Drutel dans Vido vidanto, riboun- ribagno, Estamparie Bene, Nimes, 1983
- 46 livres édités à compte d'auteur :
- 25 recueils de poèmes
- 11 livres en prose
- 10 pièces de théâtre
- 3 livres édités après sa mort par le majoral Monestier
- Nombreux inédits
- 1939 : Le cricri de la crèche
- 1940 : Chansons de caserne
- 1928 : Profils Terrassonnais (sonnets), imprimerie de la Vézère, Montignac.
- 1931 : Nouveaux profils, Imprimerie de l'Argonne, Bordeaux
- Chant de grillon
- Cœur de grillon 193?, Autres profils (sonnets), Imprimerie de l'Argonne, Bordeaux
- 1946 : Nos mois harmonieux, Kaiserslautern, Rohr
- 1946 : Chants de prisonnier, Kaiserslautern, Rohr
- 1983 : La littérature d'oc, des troubadours aux Félibres, avec Jean Monestier, P. Fanlac, Périgueux.
- 1985 : Le Félibrige et la langue d'oc, avec Jean Monestier, Imp. Réjou Périgueux
- 1939 : Visto dèus mounts, Toulouse, imp.Sentein.
- 1934 : Jous l'casque, Rodez, Subervie.
- 1935 : Resouns de Ruhr, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1940 : Joul's soulelh dèus troubadors, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1940 : Pantais d'un grelh.
- 1946 : Cantics e pregarias, Préface de Marcel Ducros, Kaiserslautern, Heinz Rohr
- 1946 : Noels e Nadalets, Kaiserslautern,Heins Rohr.
- 1953 : Guerra kaki, Rodez, Supervie.
- 1967 : Planh de faidit, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1969 : Darrer'ls barbelats, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1974 : Al solelh d'amor, Villefranche de Rouergue. Salingardes.
- 1971 : Dolencia, Aurillac, Imprimerie du Cantal, Edition du Centre.
- 1972 : Jol cel del Perigord, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1975 : Jol solelh d'oc, Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1978 : Rassa rasseje ! Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1979 : Muratèl (poèma epic), Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1948 : Dichas de cattivitat, Préface de L.de Lastic, [s .i][s.n][s.d]
- 1973 : Contes peus petits elhs (proza), Rodez, Imp. Carrère.
- 1973 : Lo devinaire (galejadas), Aurillac, Éd du Centre.
- 1975 : Bastard de curèt, Rodez, Imp. Carrère.
- 1976 : Contes pel brave monde (proza), Rodez, Imp. Carrère.
- 1971 : Espofinadas (contes gais), Aurillac, Éd du Centre, Imp. du Cantal.
- 1974 : Proverbis e dittons del Perigord (3 cahiers), Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1974 : Biais de dire en Perigord (estudi) : Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1974 : Glossari del Perigord Negre, Rodez. Imp.Carrère.
- 1976 : La Syntaxe occitane du Périgord, Orlhac, Imp. Gerbert.
- 1977 : Femnas e Miquelets (racontes d'amor e de guerra) : Nîmes. Imp. Bené.
- 1985 : Brondilhs, Le Bugue, Imp. PLB.
- 1922 : Lou foutougrafe de fiero ?
- 1934 : Chas'l foutougrafe, Montignac. Imprimerie de la Vézère.
- 1931 : Lou bilhet de femna, Montignac, Imprimerie de la Vézère.
- 1927 : Pàures medecins, Montignac, Imprimerie de la Vézère.
- 1937 : La Nora, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1939 : Perqué Soustena se maridèt pas ?, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1952 : L'Espion, Rodez. Imp. Subervie.
- 1951 : La Lotaria, Rodez, Imp. Subervie.
- 1952 : Guston se vol far medecin, Rodez, Subervie
- 1950 : Lo Quorum, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- Étude sur le troubadour Cadenet
- Le Félibrige et sa doctrine
- Conferéncias en Alemanha (données en 1946-1950)
- Orlina (drame en vèrs)
- La Font del Gat (roman)
- Mus Cridals Cattius
- Libre d'or deus Embarbelats
- Garsas de femnas
- Teatre d'Oc
Certains des livres édités sont encore en vente au Bournat du Périgord, 13 rue Klébert, 24000-Périgueux 24000. Ils sont consultables au CIRDOC.
Le Bournat à Périgueux possède des cahiers manuscrits, qu’il faudrait inventorier.
1. Dans la graphie des Embarbelats « à » est mis pour « á ». Quand l'imprimeur ne possède pas le caractère « á » il le remplace par « â ». ↑
2. Pierre Miremont écrit « ó » pour « ò » et lorsque l'imprimeur ne dispose pas de ce caractère il remplace « ó » par « ô ». ↑
3. Certains des ouvrages signalés par plusieurs sources (Marcelle Drutel, Zéphirin Bosc) n’ont pas pu être matériellement retrouvés, d’où l’absence de références bibliographiques. Par ailleurs, Miremont payait lui-même les imprimeurs. Il fonctionnait avec des souscriptions et parfois des mécènes. Il n'a pas eu assez d'argent pour publier tout ce qu'il aurait voulu. ↑
Poncy, Charles (forme référentielle française)
< Louis-Charles Poncy (forme complète d'état-civil)
< Carle Poncy (forme occitane du nom)
< Charle Poncy (forme occitane du nom)
< Cascavèu (pseudonyme)
< De Profundis (pseudonyme)
Charles Poncy est né le 4 avril 1821 à Toulon. Il est le second fils de Nicolas-Joseph Poncy, maçon toulonnais originaire de Marseille, et de Françoise Gazan, de Toulon.
Il commence son apprentissage de maçon dès l’âge de neuf ans, dans le « chantier » qu’il forme avec son père et son frère aîné. Il suit une courte scolarité qui lui donne le goût de la lecture. Il fait le reste de sa formation littéraire et savante française en autodidacte dans Le Magasin pittoresque, journal mensuel et bon marché, sorte d’encyclopédie populaire très répandue.
Ce serait un médecin, venu soigner son père, qui aurait découvert les talents de Charles Poncy et l'aurait introduit en 1840 à l’Académie des Sciences et Belles-Lettres de Toulon où sont lus en séance publique ses premiers poèmes.
Le jeune poète-maçon jouit rapidement d’une certaine popularité à Toulon puis à Paris. Dès 1841 la Revue Indépendante publie ses poèmes, par l’entremise de François Arago. Co-fondatrice de la revue, George Sand fait, sous le pseudonyme de Gustave Bonnin, un commentaire élogieux sur la poésie de Poncy, dans le numéro du 1er novembre 1841.
Sous l'influence de ses protecteurs, Poncy oriente ses lectures vers des poètes tels que Hugo ou Lamartine et en profite pour améliorer sa maîtrise du français, sa langue maternelle étant l'occitan. Mais c’est Ortolan, jurisconsulte et professeur de Droit à la faculté de Paris, toulonnais et saint-simonien, qui s’enthousiasme le plus pour Poncy : il ouvre une souscription pour publier en recueil les poèmes du jeune Poncy, souscription rapidement couverte. En mars 1842 paraît le premier recueil, Marines (Paris : éditions Lavigne).
Mais Marines a confirmé l’intérêt que lui portait George Sand, qui commence à lui écrire en avril 1842. C’est le début d’une longue amitié qui ne cesse qu’à la mort de George Sand, en 1876. L’importante correspondance entre George Sand et Charles Poncy est la source majeure pour connaître la personnalité de Poncy. On y voit une George Sand maternelle et qui dirige l’éducation d’un jeune poète, dans le sens de la cause qu’elle défend, en faveur de l’émancipation et de l’instruction des classes populaires. Le soutien de George Sand fait naître des ambitions de consécration chez le poète. Il s’obstine à vouloir être publié à Paris malgré les coûts que cela représente, sans pour autant vouloir quitter sa ville ni, dans un premier temps, son métier de maçon. Il suit avec une relative docilité les orientations littéraires et morales qu’elle lui conseille de prendre.
D'autres recueils suivront Marines, mais leur succès reste relatif. Seules quelques revues consacrent des articles aux poèmes de Poncy, notamment des revues intéressées par l'émancipation populaire comme la Revue indépendante et la Ruche populaire, journal local dirigé par le chansonnier Vinçard à tendance socialiste. Sa petite notoriété lui permet tout de même, lors d'un passage à Paris en 1845, d’être reçu dans les salons et de rencontrer quelques-uns des grands écrivains du temps.
Il vit de son métier de maçon jusqu'en 1848, année pendant laquelle il se présente à l’Assemblée Constituante. Une lettre de George Sand, datée du 9 mars 1848 l’invite à se présenter comme député républicain, pour laisser aux ouvriers le soin de « dire leurs besoins, leurs inspirations » dans le cadre de la République. Cependant, s’il est sensible aux questions sociales, qui apparaissent dans sa poésie, et s’il assimile en partie l’idéologie de sa protectrice, il ne semble pas absolument investi dans l’action politique et ne sera d’ailleurs pas élu. Poncy ne sera jamais vraiment le poète prolétaire tant espéré par George Sand et s'il parle de sa condition d'ouvrier, il reste plutôt un poète régional qui dit Toulon et la Méditerranée.
Après avoir étudié le droit et la géométrie, il finit par s’affranchir de sa condition d’ouvrier, contre les avis de ses protecteurs. À partir de 1849, il occupe plusieurs postes dans différentes administrations. En 1850 il devient vice-président de la Société des Sciences et Belles-Lettres de Toulon, et en 1860 il reçoit la Légion d’Honneur.
Il ne cesse pas de publier pour autant, mais sa verve semble s’amenuiser.
Il meurt le 30 janvier 1891 à Toulon, sans avoir laissé le souvenir d’un poète de grand talent : on lui prête des défauts souvent reprochés aux poètes qui ont eu une éducation littéraire autodidacte et assez laborieuse. Le fait de vouloir trop imiter les grands maîtres de la littérature au détriment de sa propre sensibilité poétique lui a fait produire des œuvres jugées un peu « forcées » et lourdes, inférieures en qualité au modèle suivi, et dépourvues de l’originalité, de « l’authenticité » qu’on attendait de lui en tant que prolétaire.
Pour autant sa ville ne l’oublie pas complètement et ne le traite pas si sévèrement que l’intelligentsia parisienne : une plaque a été posée sur sa maison et la rue porte son nom depuis 1911.
Resté toute sa vie très attaché à sa ville, il commence à produire quelques poèmes en occitan provençal, sa langue maternelle, après les événements de 1848. Ceux-ci paraissent dans l’Armana Prouvençau à partir de 1860 et dans quelques autres revues locales. Ses poèmes seront publiés plus tard dans La Pignato, à Toulon. Il participe au mouvement félibréen et entretient des relations avec les figures du mouvement en Provence, Mistral, Aubanel mais surtout Roumanille. Il est élu majoral du Félibrige (Cigalo di Mauro) en 1881.
Il reste cependant une personnalité assez mineure de la littérature d’expression occitane.
Quasiment absent des ouvrages d’histoire littéraire occitane, il est éventuellement mentionné (C. Camproux, Histoire de la littérature occitane, 1953, rééd. 1971, p. 148 e J. Rouquette, La Littérature d'oc, Que sais-je? 1963, p. 83) aux côtés des poètes-ouvriers occitans tels que Jasmin, Reboul, Peyrottes, etc. É. Ripert lui consacre une sous-partie dans la Renaissance provençale et un paragraphe dans Le Félibrige, et J. Fourié le compte dans les entrées de son dictionnaire. Mistral le cite dans une note de Mirèio (chant VI, note II), aux côtés d’autres écrivains d’expression française originaires du Midi. Mais, localement, son prestige d'auteur français reconnu à Paris lui a valu l'hommage, en provençal, d'écrivains de Toulon : outre son frère Alexandre, Louis Pélabon ou Etienne Garcin.
Quelques hommages lui sont rendus au moment du centenaire de sa mort dans des revues telles que Lou felibrige, Prouvenço d’aro et, à Toulon, La Targo et le Bulletin des Amis du Vieux Toulon. Son frère, Alexandre Poncy (1823-1870), maçon lui aussi, est l’auteur d’un recueil de Pouesios prouvençalos (Toulon : impr. F. Monge, 1845).
Occitan
Voir les publications de Charles Poncy référencées dans
Le Trobador, catalogue international de la documentation occitane
Français
- Marines. Paris : éditions Lavigne, 1842 [préface de M. Ortolan]
- Le Chantier : poésies nouvelles. Paris : Perrotin, 1844 [préface de George Sand]
- Toulon, faible revue d’une ville forte. Toulon : Monge, 1845
- Poésies de Charles Poncy, ouvrier maçon de Toulon : Marines - Le Chantier. Paris : Société de l’industrie fraternelle, 1846 [nouvelle édition entièrement refondue par l’auteur]
- La chanson de chaque métier. Paris : Cormon, 1850 ; rééd. Portraits de 76 métiers, sur des airs populaires.
- Fragments du Bouquet de marguerites. Toulon, 1851.
- Un coin des Alpes à Moustiers. Toulon : Aurel, 1855
- Marguerite, ou le Frère et la Sœur. comédie en 1 acte, en vers, imitée de Goethe, Toulon : Impr. de E. Aurel, 1858
- Le gabier de Tamaris. Toulon : Milhière, 1862
- Œuvres complètes. Paris, Hachette, 1867-1873, 9 vol. I. Marines, 1867 ; II. Le Chantier, 1868 ; III. Bouquet de Marguerites, 1868 ; IV. La Chanson de chaque Métier, 1868 ; V. Regains, 1868 ; VI.-IX. Contes et Nouvelles, 1869-1873 (contient quelques poésies en occitan)
- La Loire. Toulon : Milhière, 1869.
- Toast à George Sand. Toulon : Milhière, 1876
- Reliquaire. Toulon : Massonne, 1879.
- Toulon après le choléra de 1884. Toulon : Impr. de A. Isnard, 1884
- Choses d’antan et d’aujourd’hui : Tamaris et les Sablettes avant et depuis Michel-Pacha. Toulon : Impr. de A. Isnard, 1889
- 12 lettres de George Sand à Charles Poncy : voir la transcription des lettres en ligne sur le site http://sand.nightangel.fr consacré à George Sand : aller sur le site.
- Correspondance de Charles Poncy à George Sand, Paris, Bibliothèque historique de la ville de Paris, fonds George Sand, G 3112-G 3142
voir la notice dans le Catalogue Collectif de France
- Correspondance de Solange Clésinger-Sand et de Charles Poncy. 1863-1891 BnF Cote NAF 14661-14662
voir la notice dans le Catalogue Collectif de France
Maçon et protégé de George Sand, il s’est fait une place dans la génération des poètes-ouvriers d’expression française. Sa langue toulonnaise s’exprime principalement dans l’Armana Prouvençau. Il est élu Majoral du Félibrige en 1881.
Poncy, Charles (forme référentielle française)
< Louis-Charles Poncy (forme complète d'état-civil)
< Carle Poncy (forme occitane du nom)
< Charle Poncy (forme occitane du nom)
< Cascavèu (pseudonyme)
< De Profundis (pseudonyme)
Charles Poncy est né le 4 avril 1821 à Toulon. Il est le second fils de Nicolas-Joseph Poncy, maçon toulonnais originaire de Marseille, et de Françoise Gazan, de Toulon.
Il commence son apprentissage de maçon dès l’âge de neuf ans, dans le « chantier » qu’il forme avec son père et son frère aîné. Il suit une courte scolarité qui lui donne le goût de la lecture. Il fait le reste de sa formation littéraire et savante française en autodidacte dans Le Magasin pittoresque, journal mensuel et bon marché, sorte d’encyclopédie populaire très répandue.
Ce serait un médecin, venu soigner son père, qui aurait découvert les talents de Charles Poncy et l'aurait introduit en 1840 à l’Académie des Sciences et Belles-Lettres de Toulon où sont lus en séance publique ses premiers poèmes.
Le jeune poète-maçon jouit rapidement d’une certaine popularité à Toulon puis à Paris. Dès 1841 la Revue Indépendante publie ses poèmes, par l’entremise de François Arago. Co-fondatrice de la revue, George Sand fait, sous le pseudonyme de Gustave Bonnin, un commentaire élogieux sur la poésie de Poncy, dans le numéro du 1er novembre 1841.
Sous l'influence de ses protecteurs, Poncy oriente ses lectures vers des poètes tels que Hugo ou Lamartine et en profite pour améliorer sa maîtrise du français, sa langue maternelle étant l'occitan. Mais c’est Ortolan, jurisconsulte et professeur de Droit à la faculté de Paris, toulonnais et saint-simonien, qui s’enthousiasme le plus pour Poncy : il ouvre une souscription pour publier en recueil les poèmes du jeune Poncy, souscription rapidement couverte. En mars 1842 paraît le premier recueil, Marines (Paris : éditions Lavigne).
Mais Marines a confirmé l’intérêt que lui portait George Sand, qui commence à lui écrire en avril 1842. C’est le début d’une longue amitié qui ne cesse qu’à la mort de George Sand, en 1876. L’importante correspondance entre George Sand et Charles Poncy est la source majeure pour connaître la personnalité de Poncy. On y voit une George Sand maternelle et qui dirige l’éducation d’un jeune poète, dans le sens de la cause qu’elle défend, en faveur de l’émancipation et de l’instruction des classes populaires. Le soutien de George Sand fait naître des ambitions de consécration chez le poète. Il s’obstine à vouloir être publié à Paris malgré les coûts que cela représente, sans pour autant vouloir quitter sa ville ni, dans un premier temps, son métier de maçon. Il suit avec une relative docilité les orientations littéraires et morales qu’elle lui conseille de prendre.
D'autres recueils suivront Marines, mais leur succès reste relatif. Seules quelques revues consacrent des articles aux poèmes de Poncy, notamment des revues intéressées par l'émancipation populaire comme la Revue indépendante et la Ruche populaire, journal local dirigé par le chansonnier Vinçard à tendance socialiste. Sa petite notoriété lui permet tout de même, lors d'un passage à Paris en 1845, d’être reçu dans les salons et de rencontrer quelques-uns des grands écrivains du temps.
Il vit de son métier de maçon jusqu'en 1848, année pendant laquelle il se présente à l’Assemblée Constituante. Une lettre de George Sand, datée du 9 mars 1848 l’invite à se présenter comme député républicain, pour laisser aux ouvriers le soin de « dire leurs besoins, leurs inspirations » dans le cadre de la République. Cependant, s’il est sensible aux questions sociales, qui apparaissent dans sa poésie, et s’il assimile en partie l’idéologie de sa protectrice, il ne semble pas absolument investi dans l’action politique et ne sera d’ailleurs pas élu. Poncy ne sera jamais vraiment le poète prolétaire tant espéré par George Sand et s'il parle de sa condition d'ouvrier, il reste plutôt un poète régional qui dit Toulon et la Méditerranée.
Après avoir étudié le droit et la géométrie, il finit par s’affranchir de sa condition d’ouvrier, contre les avis de ses protecteurs. À partir de 1849, il occupe plusieurs postes dans différentes administrations. En 1850 il devient vice-président de la Société des Sciences et Belles-Lettres de Toulon, et en 1860 il reçoit la Légion d’Honneur.
Il ne cesse pas de publier pour autant, mais sa verve semble s’amenuiser.
Il meurt le 30 janvier 1891 à Toulon, sans avoir laissé le souvenir d’un poète de grand talent : on lui prête des défauts souvent reprochés aux poètes qui ont eu une éducation littéraire autodidacte et assez laborieuse. Le fait de vouloir trop imiter les grands maîtres de la littérature au détriment de sa propre sensibilité poétique lui a fait produire des œuvres jugées un peu « forcées » et lourdes, inférieures en qualité au modèle suivi, et dépourvues de l’originalité, de « l’authenticité » qu’on attendait de lui en tant que prolétaire.
Pour autant sa ville ne l’oublie pas complètement et ne le traite pas si sévèrement que l’intelligentsia parisienne : une plaque a été posée sur sa maison et la rue porte son nom depuis 1911.
Resté toute sa vie très attaché à sa ville, il commence à produire quelques poèmes en occitan provençal, sa langue maternelle, après les événements de 1848. Ceux-ci paraissent dans l’Armana Prouvençau à partir de 1860 et dans quelques autres revues locales. Ses poèmes seront publiés plus tard dans La Pignato, à Toulon. Il participe au mouvement félibréen et entretient des relations avec les figures du mouvement en Provence, Mistral, Aubanel mais surtout Roumanille. Il est élu majoral du Félibrige (Cigalo di Mauro) en 1881.
Il reste cependant une personnalité assez mineure de la littérature d’expression occitane.
Quasiment absent des ouvrages d’histoire littéraire occitane, il est éventuellement mentionné (C. Camproux, Histoire de la littérature occitane, 1953, rééd. 1971, p. 148 e J. Rouquette, La Littérature d'oc, Que sais-je? 1963, p. 83) aux côtés des poètes-ouvriers occitans tels que Jasmin, Reboul, Peyrottes, etc. É. Ripert lui consacre une sous-partie dans la Renaissance provençale et un paragraphe dans Le Félibrige, et J. Fourié le compte dans les entrées de son dictionnaire. Mistral le cite dans une note de Mirèio (chant VI, note II), aux côtés d’autres écrivains d’expression française originaires du Midi. Mais, localement, son prestige d'auteur français reconnu à Paris lui a valu l'hommage, en provençal, d'écrivains de Toulon : outre son frère Alexandre, Louis Pélabon ou Etienne Garcin.
Quelques hommages lui sont rendus au moment du centenaire de sa mort dans des revues telles que Lou felibrige, Prouvenço d’aro et, à Toulon, La Targo et le Bulletin des Amis du Vieux Toulon. Son frère, Alexandre Poncy (1823-1870), maçon lui aussi, est l’auteur d’un recueil de Pouesios prouvençalos (Toulon : impr. F. Monge, 1845).
Occitan
Voir les publications de Charles Poncy référencées dans
Le Trobador, catalogue international de la documentation occitane
Français
- Marines. Paris : éditions Lavigne, 1842 [préface de M. Ortolan]
- Le Chantier : poésies nouvelles. Paris : Perrotin, 1844 [préface de George Sand]
- Toulon, faible revue d’une ville forte. Toulon : Monge, 1845
- Poésies de Charles Poncy, ouvrier maçon de Toulon : Marines - Le Chantier. Paris : Société de l’industrie fraternelle, 1846 [nouvelle édition entièrement refondue par l’auteur]
- La chanson de chaque métier. Paris : Cormon, 1850 ; rééd. Portraits de 76 métiers, sur des airs populaires.
- Fragments du Bouquet de marguerites. Toulon, 1851.
- Un coin des Alpes à Moustiers. Toulon : Aurel, 1855
- Marguerite, ou le Frère et la Sœur. comédie en 1 acte, en vers, imitée de Goethe, Toulon : Impr. de E. Aurel, 1858
- Le gabier de Tamaris. Toulon : Milhière, 1862
- Œuvres complètes. Paris, Hachette, 1867-1873, 9 vol. I. Marines, 1867 ; II. Le Chantier, 1868 ; III. Bouquet de Marguerites, 1868 ; IV. La Chanson de chaque Métier, 1868 ; V. Regains, 1868 ; VI.-IX. Contes et Nouvelles, 1869-1873 (contient quelques poésies en occitan)
- La Loire. Toulon : Milhière, 1869.
- Toast à George Sand. Toulon : Milhière, 1876
- Reliquaire. Toulon : Massonne, 1879.
- Toulon après le choléra de 1884. Toulon : Impr. de A. Isnard, 1884
- Choses d’antan et d’aujourd’hui : Tamaris et les Sablettes avant et depuis Michel-Pacha. Toulon : Impr. de A. Isnard, 1889
- 12 lettres de George Sand à Charles Poncy : voir la transcription des lettres en ligne sur le site http://sand.nightangel.fr consacré à George Sand : aller sur le site.
- Correspondance de Charles Poncy à George Sand, Paris, Bibliothèque historique de la ville de Paris, fonds George Sand, G 3112-G 3142
voir la notice dans le Catalogue Collectif de France
- Correspondance de Solange Clésinger-Sand et de Charles Poncy. 1863-1891 BnF Cote NAF 14661-14662
voir la notice dans le Catalogue Collectif de France
Maçon e protegit de George Sand, s’es fach una plaça dins la generacion dels poètas-obrièrs d’expression francesa. Sa lenga tolonenca s’exprimís principalament dins l’Armana Prouvençau. Es elegit Majoral del Felibritge en 1881.
Poncy, Charles (forma referenciala francesa)
< Louis-Charles Poncy (forma completa d'estat-civil)
< Carle Poncy (forma occitana del nom)
< Charle Poncy (forma occitana del nom)
< Cascavèu (pseudonim)
< De Profundis (pseudonim)
Carle Poncy es nascut lo 4 d’abril 1821 a Tolon. Es lo second filh de Nicolas-Joseph Poncy, maçon tolonenc originari de Marselha, e de Françoise Gazan, de Tolon.
Comença son aprendissatge de maçon tre l’atge de nòus ans, dins lo « chantier » que forma amb son paire e son fraire ainat. Seguís una corta escolaritat que li dona lo gost de la lectura. Fa lo demai de sa formacion literària e sabenta en autodidacte dins lo Magasin Pittoresque, jornal mesadièr e bon mercat, mena d’enciclopèdia populara fòrça espandida.
Seriá un metge, vengut sonhar son paire, qu’auriá descobèrt los talents de Carle Poncy e l’auriá introduch en 1840 a l’Acadèmia de las Sciéncias e Bèlas-Letras de Tolon ont son legits en sesilha publica sos primièrs poèmas.
Lo jove poèta-obrièr gaudís rapidament d’una cèrta popularitat a Tolon puèi a París. Tre 1841 la Revue Indépendante publica sos poèmas, per l’entremesa de François Arago. Co-fondadoira de la revista, George Sand, jos lo pseudonim de Gustave Bonnin, fa un comentari elogiós sus la poesia de Poncy, dins lo numero del 1èr de novembre de 1841.
Jos l’influéncia de sos protectors, Poncy dirigís sas lecturas vèrs de poètas coma Hugo o Lamartine e ne profiècha per melhorar sa mestresa del francés, puèi que sa lenga mairala es l’occitan. Mas es Ortolan, jusrisconsulte e professor de Drech a la facultat de París, tolonenc e sant-simonian, que mòstra lo mai d’estrambòrd : dobrís una soscripcion per publicar en recuèlh los poèmas del jove Poncy, soscripcion lèu cobèrta. En mars de 1842 pareis lo primièr recuèlh, Marines (París : edicions Lavigne).
Mas Marines a confirmat l'interès que li portava George Sand, que comença de li escriure en abril de 1842. Es la debuta d'una longa amistat que s'acaba pas qu'amb la mòrt de George Sand, en 1876. L'importanta correspondéncia entre George Sand e Carle Poncy es la sorsa màger per conéisser la personalitat de Poncy. S'i vei una George Sand mairala que dirigís l'educacion del jove poèta, dins lo sens de la causa que defend, en favor de l'emancipacion e de l'instruccion de las classas popularas. Lo sosten de George Sand fa nàisser d'ambicions de consecracion a cò del poèta. S'obstina a voler èsser publicat a París malgrat los còstes qu'aquò representa, sens voler pasmens daissar sa vila ni, dins un primièr temps, son mestièr de maçon. Seguís amb una docilitat relativa las orientacions literàrias e moralas que Sand li conselha de prene.
D'autres recuèlhs seguiràn Marines, mas lor succès demòra relatiu. Sonque d'unas revistas consacran d'articles als poèmas de Poncy, mai que mai de revistas interessadas per l'emancipacion populara coma la Revue Indépendante e la Ruche Populaire, jornal local dirigit per lo cançonièr Vinçard a tendéncia socialista. Sa pichòta notorietat li permet, a l'escasença d'un passatge a París en 1845, d'èsser recebut dins los salons e de rescontrar d'unes dels grands escrivans del temps.
Viu de son mestièr de maçon fins a 1848, annada pendent laquala se presenta a l'Assemblada Constituenta. Una letra de George Sand, datada del 9 de mars 1848 lo convida a se presentar coma deputat republican, per daissar als obrièrs lo suènh de « dire lors besonhs, lors inspiracions » dins l'encastre de la Republica. Totun, s'es sensible a las questions socialas, qu'apareisson dins sa poesia, e se assimila en partida l'ideologia de sa protectritz, sembla pas absoludament investit dins l'accion politica e serà d'alhors pas elegit. Poncy serà pas jamai lo poèta proletari tant esperat per George Sand e se parla de sa condicion d'obrièr, es puslèu un poèta regional que ditz Tolon e la Mediterranèa.
Après aver estudiat lo drech e la geometria, finís per s'afranquir de sa condicion d'obrièr contra los avises de sos protectors. A comptar de 1849, ocupa mai d'un pòste dins diferentas administracions. En 1850 ven vice-president de la Societat de Sciéncias e Bèlas-Letras de Tolon, e en 1860 recep la Legion d'Onor. Quita pas de publicar per aquò, mas son inspiracion sembla de demesir.
Morís lo 30 de genièr 1891 a Tolon, sens aver daissat lo sovenir d'un poèta de grand talent : li son prestats de defauts sovent reprochats als poètas qu'an agut una educacion literària autodidacta e pro laboriosa. Lo fach de voler tròp imitar los grands mèstres de la literatura al detriment de sa pròpria sensibilitat poetica li a fach produire d'òbras jutjadas un pauc « forçadas » e pesugas, inferioras en qualitat al modèl seguit, e desprovesidas de l'originalitat, de « l'autenticitat » esperada d'el coma proletari.
Sa vila lo doblida pas completament per aquò e lo tracta pas amb tant de severitat que l'intelliguenzia parisenca : una placa foguèt pausada sus son ostal e la carrièra pòrta son nom dempuèi 1911.
Demorat tota sa vida fòrça estacat a sa vila, comencèt de produire d'unes poèmas en occitan provençal, sa lenga mairala, aprèp los eveniments de 1848. Aquestes pareisson dins l'Armana Prouvençau a comptar de 1860 e dins d'unas autras revistas localas. Sos poèmas seràn publicats mai tard dins La Pignato, a Tolon. Participa al movement felibrenc e entreten de relacions amb las figuras del movement en Provença, Mistral, Aubanèl e subretot Romanilha. Es elegit majoral del Felibritge (Cigalo di Mauro) en 1881.
Demòra pasmens una personalitat pro menora de la literatura d'expression occitana. Gaireben absent dels obratges d'istòria literària occitana, es eventualament mencionat (C. Camproux, Histoire de la littérature occitane, 1953, rééd. 1971, p. 148 e J. Rouquette, La Littérature d'oc, Que sais-je? 1963, p. 83) a costat dels poètas-obrièrs coma Jasmin, Reboul, Peyrottes, etc. E. Ripert li consacra una sota-partida dins la Renaissance provençale e un paragraf dins Le Félibrige, e J. Fourié lo compta dins las entradas de son diccionari. Mistral lo cita dins una nòta de Mirèio (cant VI, nòta II), a costat d'autres escrivans d'expression francesa originaris del Miègjorn. Mas localament, son prestigi d'autor francés reconegut a París li valguèt l'omenatge d'escriveires d'òc de Tolon : fòra son fraire Alexandre, Lois Pelabon o Estève Garcin.
Qualques omenatges li son renduts al moment del centenari de sa mòrt dins de revistas coma Lou Felibrige, Prouvenço d'aro e, a Tolon, La Targo e lo Bulletin des Amis du Vieux Toulon. Son fraire, Alexandre Poncy (1823-1870), maçon el tanben, es l'autor d'un recuèlh de Pouesios Prouvençalos (Tolon : impr. Monge, 1845).
Occitan
Véser las publicacions de Carle Poncy referenciadas dins
Lo Trobador, catalòg internacional de la documentacion occitana
Francés
- Marines. París : edicions Lavigne, 1842 [prefaci de M. Ortolan]
- Le Chantier : poésies nouvelles. París : Perrotin, 1844 [prefaci de George Sand]
- Toulon, faible revue d’une ville forte. Tolon : Monge, 1845
- Poésies de Charles Poncy, ouvrier maçon de Toulon : Marines - Le Chantier. París : Société de l’industrie fraternelle, 1846 [novèla edicion entièirament refonduda per l’autor]
- La chanson de chaque métier. París : Cormon, 1850 ; rééd. Portraits de 76 métiers, sur des airs populaires.
- Fragments del Bouquet de marguerites. Tolon, 1851.
- Un coin des Alpes à Moustiers. Tolon : Aurel, 1855
- Marguerite, ou le Frère et la Sœur. comèdia en 1 acte, en vèrses, imitada de Goethe, Tolon : Impr. de E. Aurel, 1858
- Le gabier de Tamaris. Tolon : Milhière, 1862
- Œuvres complètes. París, Hachette, 1867-1873, 9 vol. I. Marines, 1867 ; II. Le Chantier, 1868 ; III. Bouquet de Marguerites, 1868 ; IV. La Chanson de chaque Métier, 1868 ; V. Regains, 1868 ; VI.-IX. Contes et Nouvelles, 1869-1873 (conten d'unas poesias en occitan)
- La Loire. Tolon : Milhière, 1869.
- Toast à George Sand. Tolon : Milhière, 1876
- Reliquaire. Tolon : Massonne, 1879.
- Toulon après le choléra de 1884. Tolon : Impr. de A. Isnard, 1884
- Choses d’antan et d’aujourd’hui : Tamaris et les Sablettes avant et depuis Michel-Pacha. Tolon : Impr. de A. Isnard, 1889
- 12 letras de George Sand a Carle Poncy : véser la transcripcion de las letras en linha sus lo site http://sand.nightangel.fr consacrat a George Sand : anar sus lo site.
- Correspondéncia de Carle Poncy a George Sand, París, Bibliothèque historique de la ville de Paris, fons George Sand, G 3112-G 3142
véser la notícia dins lo Catalogue Collectif de France
- Correspondéncia de Solange Clésinger-Sand e de Carle Poncy. 1863-1891 BnF Cote NAF 14661-14662
véser la notícia dins lo Catalogue Collectif de France
Ouvrages et articles spécifiques
- BLANCHET Paul. « Carle Poncy : Charradisso de Mèstre Pau Blanchet pèr l’Escolo de la Targo... » dans : La Targo, 15 et 16, 1994.
- FAHMY Dorrya. Charles Poncy, poète-maçon, 1821-1891 : thèse complémentaire pour le doctorat ès lettres présentée devant la Faculté des lettres de l'Université de Paris, 1934
- Lou Felibrige, n°11, t. IV, febrié 1891, p. 214, necrologia
- Lou Felibrige, n°200, 2ème trimestre 1991, p. 10, “Carle Poncy (Touloun 1821-1891)”, R. Jonnekin, suivi du poème “L’istòri de Chouas”. Cet article a été publié dans Prouvenço d’Aro, n°50, octobre 1991
Ouvrages généraux
- BONDILH H. et A. LACROIX. Les Ouvriers-poètes, suivis des prosateurs, leurs biograhies et portraits, appréciation et fragmens de leurs œuvres. Première partie, Paris : Au comptoir des Imprimeurs-Unis ; Marseille : chez Deretz Jeune, 1845
- FOURIÉ Jean. Dictionnaire des auteurs de langue d'oc : de 1800 à nos jours. Paris : Les Amis de la langue d'oc, 1994, 2ème édition revue et augmentée, Aix, Félibrige, 2009.
- GIMET François. Les Muses prolétaires, Paris : Emile Fareu, 1856
- HENNION Constant. Les fleurs félibresques, poésies provençales et languedociennes modernes, mises en vers français par Constant Hennion. Paris : Union générale de la librairie ; Aix : F. Guitton Talamel ; Avignon : J. Roumanille, 1883
- LEFÈVRE Edmond. Les Majoraux du Félibrige, des origines à nos jours (21 mai 1878 - 21 avril 1901). Marseille : Paul Ruat, 1901
- MARICOURT Thierry. Dictionnaire des auteurs prolétariens de langue française de la Révolution à nos jours. Amiens : Encrage, 1994, p. 190.
- MERLE, René. Inventaire du texte provençal de la région toulonnaise. s.l. : GRAICHS, 1986.
- MILLOT H., VINCENT MUNNIA N., SCHAPIRA M. C., et al. La poésie populaire en France au XIXème siècle, Théories, pratiques et réception. Tusson : Du Lérot, 2005.
- RIPERT Émile. La Renaissance Provençale (1800-1860). Paris : Champion ; Aix-en-Provence : Dragon, 1917.
- RIPERT Émile. Le Félibrige. Paris : Armand Colin, 3ème éd. revue et complétée, 1948, pp 30-31
- ROCHEBLAVE Samuel. « Georges Sand. Lettres à Poncy. La littérature prolétaire - Vers la Révolution (1842 - 1848) », la Revue des deux-mondes, 1909
- SAND Georges. « Poésie », Revue indépendante, 1er novembre 1841, p. 248.