Léon Cordes (Siran, Hérault, 30 mars 1913, Montpellier, 19 octobre 1987), agriculteur, écrivain, cofondateur de L’Ase Negre – Occitania, membre du Félibrige, de la Société d’Études Occitanes, puis de l’Institut d’Études Occitanes.

Identité

Formes référentielles

Cordes, Léon (1913-1987)

Autres formes connues

- Còrdas, Leon (forme occitane du nom)

Éléments biographiques

Issu d’une famille originaire de Minerve (Hérault), où il passe sa prime enfance après la mobilisation en 1914 puis la mort de son père, il retrouve en 1920 la propriété viticole de Siran dont il s’occupe lui-même à partir du début des années 1930 après des études à l’Institut Agricole Saint-Joseph de Limoux. Vigneron à Siran jusqu’en 1952, il tente ensuite, quelques mois durant, de prendre la gérance d’une laverie automatique pour le compte de l’Institut d’Études Occitanes avant d’acheter à Lattes, près de Montpellier une propriété maraîchère qu’il gère jusqu’en 1969.

Passionné de théâtre et particulièrement de théâtre en langue d’oc, il écrit sa première pièce, La Matalena, en 1932. Outre ses nombreuses pièces qu’il met parfois en scène et même interprète, il est l’auteur de poèmes et de romans.

Engagement dans la renaissance d'oc

Commençant à écrire des textes en occitan dès l’âge de quinze ans, alors qu’il est interne à Limoux, il s’inscrit en 1929 aux cours par correspondance du Collège d’Occitanie de Toulouse. Le début des années 1930 est le temps des rencontres. Après Marcel Carrières qui lui fait connaître la Société d’Études Occitanes, il fait connaissance avec Charles Camproux en 1933 à Narbonne, à la même époque qu’avec Ernest Vieu, défenseur du théâtre en langue d’oc, puis, lors de son service militaire à Montpellier en 1934, il rencontre l’équipe des étudiants du Nouveau Languedoc, Roger Barthe, Max Rouquette, Jean Lesaffre, Raymond Combarnous, ainsi qu’un félibre d’action de la génération précédente, Pierre Azéma.

Proche à l’époque du Félibrige et de l’occitanisme naissant, Léon Cordes s’engage dans le théâtre d’oc en suivant la troupe d’Ernest Vieu et en commençant à écrire ses propres pièces, mais aussi de la jeunesse fédéraliste incarnée par la revue Occitania menée par Camproux dans laquelle il aborde notamment dès le premier numéro, en mars 1934, la question paysanne, et tient par ailleurs, à partir de 1937, une rubrique sur le théâtre d’oc.

Après avoir participé à deux troupes de théâtre durant la Seconde guerre mondiale et participé, toujours essentiellement sur le thème du théâtre d’oc, à la revue Tèrra d’Òc, il rencontre en 1945, lors de la création de l’Institut d’Études Occitanes, Hélène Cabanes et Robert Lafont. C’est avec eux qu’il fonde la revue L’Ase Negre-Occitania.

Très impliqué dans l’Institut d’Études Occitanes dans les années d’après-guerre et les années 1950 mais en difficulté sur le plan financier après une décennie de sécheresse qui a fortement grevé la production de ses vignes, Léon Cordes accepte en 1951 de prendre la gestion d’une laverie automatique à Montpellier censée créer de nouvelles rentrées financières pour l’IEO. Mais le projet est un échec et, après avoir vendu ses terres de Siran, il s’installe comme jardinier-maraîcher à Lattes. Participant inlassablement à la quasi-totalité des débats de l’occitanisme, il milite aussi par le biais de son œuvre dont la pièce Menèrba, 1210, jouée entièrement en occitan pour pas moins de 10 000 personnes en 1985, représente un aboutissement.

Premier président de la calandreta dau Clapàs, à Montpellier en 1981, il a aussi donné son nom au premier collège Calandreta à Grabels.

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Sources

    • Jean-Marie Petit, Leon Còrdas, Béziers, CIDO & « Occitania », juillet 1985.
    • Pierre Serre, « La foi de Léon Cordes », Sud, n° 96, 26 décembre 1977 – 1er janvier 1978.
    • Correspondance avec Robert Lafont. Fonds Robert Lafont. Béziers, CIRDOC, LAF. (Voir la description du fonds)

Bibliographie

Voir les œuvres de Léon Cordes dans lo Trobador, catalogue collectif occitan

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Jean Luc Séverac, peintre, sculpteur, graveur (1936-2022) installé à Minerve depuis 1965.
Il participe sur place à la diffusion de la nouvelle chanson occitane et s’implique dans le renouveau de la culture d’oc aux côtés de Léon Cordes.

Identité


Formes référentielles :


Séverac Jean-Luc

Autres formes du nom :


Severac Joan-Luc

Éléments biographiques

Jean-Luc Séverac, peintre, sculpteur et graveur (Capestang, 16-11-1936 - Minerve, 27-01-2022), est le fils de Robert Séverac et de Marcelle Joseph. Il passe son enfance à Capestang et à Béziers. À Aigne, à la fin de la guerre, une cousine lui fait découvrir en vélo un lieu et un paysage extraordinaires : la cité de Minerve, son causse et les gorges de la Cesse et du Brian. Adolescent, il vit à Montluçon dans le milieu artistique que fréquentent son père, auteur dramatique, et sa mère, ancienne danseuse et directrice d'une école de danse. En 1955, à 18 ans, il devance l'appel du service militaire pour être libre de faire ensuite les Beaux-Arts. En 1958 il entre en deuxième année de l'École nationale des arts de Bourges dans le but d'y étudier auprès du sculpteur Marcel Gili qu'il admire et qui y enseigne. En 1960, au cours des vendanges à Aigne, il rencontre Marie-Thérèse Gareil, la fille d'un viticulteur de Minerve où il décide de s'installer dans la petite maison de la « Tour des Cathares ». C'est là, sur le promontoire qui porte la maison surplombant le confluent du Brian et de la Cesse qu'il fait sa première exposition en avril 1961. En décembre il épouse Marie-Thérèse, ils auront deux enfants. À Minerve, la vie est très dure et il doit travailler dans les vignes de son beau-père. Aussi se décide-t-il en septembre 1963 à prendre un poste de maître-auxiliaire de dessin au lycée de Guéret : il y reste deux ans, revient à Minerve en 1965 et n'en bougera plus. En 1968, il fonde avec quelques amis peintres et sculpteurs le « Groupe Minerve » (Pierre Bayle, potier-sculpteur ; Paul Azéma, peintre ; Adres Blume, ferronnier d’art) et ouvre définitivement en 1971 son « Atelier-Exposition San Rustic » qui va devenir le lieu de l'exposition permanente de ses œuvres.


En 1974, il illustre le Petit Livre de Minerve du poète occitan Léon Cordes.
En 1980 il reçoit le Grand prix de Sculpture du Salon d'art international du Pays d’Olmes. Il participe comme dessinateur de BD au journal satirique Le Rictus Occitan publié de 1972 à 1976. Par ailleurs il invente à cette époque une technique de peinture très originale et commence à pouvoir vivre de la vente de ses œuvres. Il peint les spirales de l'eau et sculpte avec elle les galets. Libre et indépendant, se voulant hors école, hors coutumes et hors frontières, sa peinture est qualifiée de « fantastique, poétique et onirique »1.
En 2018, il publie Entrebescs e Cançons, Entrelacs et Chansons, livre de gravures et poèmes en occitan de Gerard Zuchetto. Pour cette réalisation il utilise un procédé qu’il a mis au point dans les années 90. Abandonnant celui sur cuivre, pierre ou bois qu’il a déjà utilisé, il se sert désormais de polystyrène extrudé collé sur un support PVC. Matériau souple sur lequel il grave au fer chaud comme pour la pyrogravure. Le principe reste le même et ne nécessite pas de presse lourde. Il utilise la couleur acrylique diluée à l’eau.
Jean-Luc Séverac arpente Minerve et ses environs, sur le Causse, et partout il laisse l’empreinte de son art, une pierre, une souche d’arbre mort, une cavité sur le chemin de ronde de la cité médiévale, dans le lit de la rivière, sous les ponts naturels… Il raconte lui-même : « Quand je suis dans la nature, quand je me promène, quand je ramasse un galet ou un morceau de bois, c’est ce galet, ce bois qui m’inspirent et m’aident à réaliser l’œuvre que je porte en moi. »2.
En 1981, à la demande de la municipalité de Minerve, il sculpte dans un bloc de grès « La Colombe de lumière » du monument « Als Catars »3, menhir commémoratif du martyr des « Bons hommes et bonnes femmes » brûlés vifs en ce lieu en 1210. En 1989 il fait don, à l'église située en face, d'un Christ sculpté dans le buis.

Quelques citations :

« J'ai choisi la colombe, ascendante comme un esprit méditatif monte vers le ciel, pour ses vertus symboliques évidentes. Aujourd'hui cette œuvre m'a amplement dépassé : chacun la revendique, se l'approprie... »4.
« Une colombe de lumière...à mon sens c'était la seule façon d'évoquer ici le souvenir de ceux qui rêvaient de se libérer des servitudes et des douleurs de la matière. Sans les trahir une fois de plus...Mon christ sculpté dans le buis est un christ sans croix. Parce que la croix est un instrument de torture, mon christ n'est pas crucifié. Il est un christ en majesté. Une dame m'a dit un jour : vous avez fait un Jésus qui s'envole comme la colombe, là, devant la porte ! Eh bien c'est ça. Je voudrais bien que cette église romane soit celle de la réconciliation. Oui, j'aimerais bien... »5.




Expositions :

  • 1962 Paris, musée d'art moderne : Salon de l'École française.
  • 1963 Guéret, Hôtel de ville : 30 peintures sur le thème de Don Quichotte.
  • 1970 Cannes, Maure Vieil : Groupe Minerve.
  • 1980 Salon d'art international du Pays d'Olmes (Ariège).
  • 1982 Centre Culturel, Abbaye de Fontevraud (Maine et Loire).
  • 1984 Carcassonne : Galerie G. Glardon.
  • 1985 Pézenas (Hérault) : Mirondela dels Arts.
  • 1989 Minerve et Château d'O à Montpellier : "89 artistes pour la liberté".
  • 1991 Béziers : Hôtel du département.
  • 2000 Mayronnes (Aude) : Sentier sculpturel.
  • 2001 Caunes (Aude) : Abbaye.
  • 2005 Caunes : Fête du Marbre.
  • 2008 Mayronnes : 14e sentier sculpturel.
  • 2011 Paraza (Aude) : Galerie d'art du CLAP.
  • 2013 Minerve : Exposition avec les bonzaïs, sculptures vivantes, de J. F Busquet.
  • 2016 Minerve : Festival de Gravure et de Calligraphie
  • 2018 Béziers : CIRDOC, Exposition de gravures liées à la publication Entrebescs e cançons
  • 2018 Carcassonne : IEO, Exposition de gravures liées à la publication Entrebescs e cançons

Engagements dans la renaissance d'oc

Jean-Luc Séverac participe à la vie culturelle de Minerve et du Minervois et à l’impulsion de celle-ci. Il organise de nombreux concerts avec, parmi les premiers acteurs de la renaissance d’oc de ce territoire, Claude Marti, Patric, Los Caminaires d’Òc... Léon Cordes, Yves Rouquette... Jean Luc Severac, artiste engagé pour la culture d’òc, décide de vivre et de travailler à Minerve, son pays d’adoption dès 1965. Il s’y enracine profondément et laisse dans cette cité médiévale et le paysage alentour une empreinte artistique indéfectible à travers toutes les facettes de son art.




1 Philippe Catrice, Séverac : le magicien d'eau, Midi libre, 10 avril 1991.

Jean-Luc Séverac et Gerard Zuchetto, Entrebescs e cançons, Entrelacs et chansons ; Tròba Vox éditions, 2018

PhilippeTerrancle, « Le Premier Bûcher de Simon de Montfort », inPyrénées Magazine « Spécial Cathares », été 1999.1999, pp. 36 et 38).

5 Claude Marti, Terres Cathares, chemin faisant, illustrations de Paul Moscovino, Études et communications éditions,2007, p. 32.



Bibliographie

Jean-Luc Severac et Gerard Zuchetto, Entrebescs e Cançons, Entrelacs et Chansons, Tròba Vox éditions, 2018

Virginie Pospisil-Puente, La Colombe de lumière, in Histoire et Généalogie en Minervois, n° 100, p. 76-78, 2015.

Anne Brenon et Jean-Philippe deTonnac, Cathares, la contre-enquête, Albin-Michel, 2008 ; édition en Poche « Espaces libres », 2011.

Claude Marti, Terres Cathares, chemin faisant, illustrations de Paul Moscovino, Études et communications éditions, 2007.

Philippe Terrancle, Jean-Luc Séverac. « La Colombe cathare », in Pyrénées Magazine « Spécial Cathares », p. 56-57, été 2000.

Philippe Terrancle, « Le Premier Bûcher de Simon de Montfort », in Pyrénées Magazine « Spécial Cathares », p. 36-39, été 1999.

Yves Rouquette, Cathares, Loubatières, Portet-sur-Garonne, 1991.

Léon Cordes, Le petit livre de Minerve : Lo pichòt libre de Menèrba, préface de René Nelli, illustrations de Jean-Luc Séverac, Lodève, 1974.


Source


https://plus.wikimonde.com/wiki/Jean-Luc_Séverac

Entretien avec Marie-Thérèse « Mimi », Séverac.

Tròba Vox Éditions

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