Rémi Jumeau, poète, romancier, défenseur de la langue, a publié une dizaine d’ouvrages en occitan (provençal).

Identité

Formes référentielles

Rémi Jumeau

Autres formes du nom

Romieg Jumèu

Romieg Jumeau

Éléments biographiques

Rémi Jumeau est né le 30 avril 1930 à Marseille (13).

Il débuta ses études chez les Jésuites, où enseignait son père, professeur de mathématiques. Mais il se rendit vite compte que les équations et les logarithmes n’étaient pas faits pour lui et il préféra entrer à l’Institution du Sacré Cœur où il brilla en histoire, en français, en latin et grec. Si bien qu’il obtint, à la fin de ses études secondaires, un diplôme d’éloquence dans la tradition antique la plus pure.
Il continua ses études aux Beaux-Arts de Marseille, dans la section sculpture, gravure et modelage. Cependant, malgré de vrais dons artistiques et l’espoir de consacrer sa vie aux Arts, il décida d’intégrer la société « Avenir Publicité » où il fit toute sa carrière.
Il en gravit peu à peu tous les échelons, jusqu’au poste de Directeur Régional qu’il occupa plus d’une fois, dans plusieurs régions de France, avant de terminer au siège de Paris.

Dans cette dernière partie de son cheminement professionnel, il s’investit dans les instances représentatives du métier pour faire aller de pair la publicité et la protection du patrimoine. Les textes qui régissent aujourd’hui les conditions de la publicité dans les paysages urbains et ruraux lui doivent beaucoup.

Marié une première fois avec Simone Moulierac, il eut deux enfants : Sylvie, née à Marseille en 1955 et Manuel, né à Saint-Quentin en 1961. Ce dernier, sur les traces de son père, est graveur.

Plus tard il rencontra Claire Morel, professeure de danse classique, qu’il épousa en 1986. Le long de leurs quarante ans de vie commune, ils partagèrent la passion des arts.

À la retraite il revint en Provence, acheta en 1995 un petit mas à Graveson (13), puis une maison de village à Eyragues (13), avant de s’installer à Avignon (84) où il acheva sa vie le lundi 10 janvier 2022. Il fut enseveli le vendredi 14 janvier dans la tombe familiale à Ménerbes (84).

Engagements dans la renaissance d’oc

Exilé tout au long de sa vie professionnelle, il détestait l’idée qu’il soit nécessaire, pour faire un bon citoyen français de le couper brutalement de sa culture d’origine. Toute sa vie il milita pour la cause occitane. À Graveson, dès son arrivée, il participa à la création de l’association « Un Païs per Deman » et fut un des fondateurs du CREDD’O en 2005, dont il devint le second président de 2008 à 2018. Sous sa direction, cet organisme prit une plus ample envergure. Dans ce cadre, il essaya, en 2009, de donner, avec d’autres, une coloration occitaniste à la campagne pour la promotion de Marseille comme capitale européenne de la culture (voir lettre en annexe).

Il fit partie du bureau de l’association « Les Suds » dès sa création en 1996.
Enfin, ce qui comptait le plus pour lui, il se consacra à l’apprentissage de la langue qu’il fut bientôt capable d’écrire. D’abord dans des chroniques pour la revue associative Deman un Païs, puis avec la publication d’une dizaine d’ouvrages touchant presque tous les domaines de la littérature : poésie, romans historiques ou d’aventure, nouvelles fantastiques… Il avait choisi de maîtriser un langage noble et exigeant, à la hauteur de la haute idée qu’il se faisait de la langue.

Bibliographie

Sénher quau, IEO Edicions, Colleccion Atots 2002

Cronicas imaginàrias, IEO Edicions, Colleccion Atots 2004

E siguèsse una nafra la lutz, IEO Edicions, Colleccion Messatges 2008

Pantòri, Romieg Jumèu IEO Edicions, Colleccion Atots 2013

Embolh a Malamosca, IEO Edicions, Colleccion Atots Crimis 2014

Apològs, IEO Edicions, Colleccion Messatges 2014

Nòvas d’autra part, IEO Edicions, Colleccion Atots 2015

Rèire vida, IEO Edicions, Colleccion Atots 2016

L’esclargiera, IEO Edicions, Colleccion Atots 2017

Lo viatge alambicant dau professor grosdenàs, IEO Edicions colleccion Atots 2018

La granda timonariá, IEO Edicions, colleccion Atots 2020. NB. L’auteur aurait souhaité corriger cet ouvrage et en publier une nouvelle version plus satisfaisante.

Sources



Archives familiales

NEUMULLER,Michel. Un quatuor d’écrivains occitans se met à table à Belcodène. Aquò d'Aquí [en ligne]. 2015. (Consulté le 18 juillet 2022). Disponible à l'adresse : https://www.aquodaqui.info/Un-quatuor-d-ecrivains-occitans-se-met-a-table-a-Belcodene_a841.html

NEUMULLER,Michel. Romieg Jumeau se's enanat.Aquò d'Aquí [en ligne]. 2022. (Consulté le 18 juillet 2022). Disponible à l'adresse : https://www.aquodaqui.info/Romieg-Jumeau-se-s-enanat_a2315.html

Lettre sur Marseille capitale de la culture



Annexes

Une lettre de Rémi Jumeau en 2009

Graveson, le 13 juillet 2009

Chers amis,

Vous avez accepté de participer à notre projet, visant à inscrire la Culture d’Oc dans l’opération Marseille/Provence, capitale européenne de la Culture 2013. D’ores et déjà, une quinzaine d’écrivains et d’universitaires nous ont, comme vous donné leur accord, avec enthousiasme. Maintenant, il importe que vous nous indiquiez le ou les thèmes que vous désireriez développer à cette occasion. Nous vous rappelons, pour que notre projet ait quelque chance d’être sélectionné, que les thèmes correspondent aux critères ci-après : (ceux-ci ayant été définis par le comité technique de l’association Marseille 2013)

1-Pour ce qui concerne « la dimension européenne »

-Renforcer la coopération entre les opérateurs culturels, les artistes et les villes des Etats membres concernés et d’autres Etats membres, dans tout le secteur culturel.
-Faire ressortir la richesse de la diversité culturelle en Europe.
-Mettre en évidence les aspects communs des cultures européennes.

2-Pour ce qui concerne « la Ville et les Citoyens »

-Encourager la participation des citoyens, habitant Marseille et la Provence, susciter leur intérêt ainsi que celui des citoyens vivant à l’étranger.
-Avoir un caractère durable et faire partie intégrante du développement culturel et social à long terme de la Ville et de sa Région.

3-Enfin, ne pas oublier la dimension méditerranéenne de Marseille/Provence, d’autant que la réalisation du Musée des Civilisations d’Europe et de la Méditerranée, le MUCEM, devrait être achevée en 2013.

Si un thème comme celui des immigrations de masse aux XIXe et XXe siècles (italienne, espagnole ou maghrébine) a déjà fait l’objet de nombreuses études, les migrations internes (par exemple, celle des gavots vers plaines ou les villes du littoral provençal) ou vers les pays voisins (par exemple des occitans vers l’Espagne après la Reconquista, des Vaudois provençaux vers l’Italie, ou des Gavots vers le Mexique) mériteraient des développements intéressants.

Les critères sont donc suffisamment larges, (notamment ceux de la diversité culturelle et des échanges méditerranéennes) pour offrir une grande liberté dans les choix des sujets.

En conclusion, nous vous demandons de nous adresser d’ici fin août, les titres des thèmes que vous comptez traiter, de manière à ce que nous puissions commencer à bâtir notre projet commun. Si 2013 est l’année de la mise en œuvre globale de l’opération, c’est en 2009 que se fait la sélection, d’où notre demande. Recevez chers amis nos cordiales salutations

Le Président, Rémi JUMEAU

Hommages rendus par Jean-Marie Ramier le jour des obsèques

Sus lou cros de Roumié (divèndre 14 de janvié 2022, à Menèrbo)

Roumié, vaqui un credo de belèu lou faras tiéu : Lou Crédo dé Cassian dóu grand pouèto Vitou Gelu, Marsihés coume tu. N’en vaqui quàuqui tros.

A peri tout entié, qué servirié de neisse !
Dieou, que li vi tan lun, nou forgé pas per ren :
En mouren regrian ; l’ome quan dispareisse,
Va pupla leis estèlo oou foun doou firmamen !

Maduro avan lou tem, ma testo, qué vies blanquo,
A glena quaouquei gran dedin chasque gara.
Mies qué lou marguiié que rounflo sus sa banquo
Ai souven tria de grame ei sermoun doou cura.
Dei prepaou dei moussu, dei cansoun dei femèlo,
Dei questien dei nistoun, surtou, mi sieou nourri :
Tan qu’un secrè nouveou coutiguo sa cervèlo
Lou senigran voou pa mouri
A peri tout entié, etc …

Dieou mandan sa semenço ei ciele, à l’avanturo,
Coumo lou bastidan qué sameno soun bla,
Lou gran s’esparpaié lon de la vouto bluro :
Qu s’enregué d’eici, qu s’enané d’eila.
Nouesto grano encapé de toumba su la terro :
Aqui rescountrerian noueste premié relès,
Mounte tan de doulou duvien nou fa la guerro
Jusqu’oou suari, despui lou brès !...
A peri tout entié, etc…

Mai lou darnié badaou pa pu leou nous escapo,
Sian saia aperamoun senso cro ni palan ;
Aven entamena nouesto segoundo etapo ;
Anan mai espeli su d’un globou pu gran !
Aqui sian dejà mies : aven lou cor de ferri,
Vin pan d’ooutou, lei bras emé lei ner d’acié ;
Creignen ni cirourgien, ni drogo, ni cristèri :
Counoueissen plu la maladié !
A peri tout entié, etc…

Adelà fourra plu qué tout un pople laoure
Per gava finqu’eis uei quaouquei pouar a l’engrai ;
Aqui l’ooura plus ges dé riche, ni de paoure ;
Ni saven, ni bestias ; ni beou pitoué, ni lai !
Seren toutei parié souto la memo bacho !...
Pu gai qué de jouven qu’an chima lou claré,
Oouren noueste bouenur escri dessu la facho,
Coumo s’erian oou cabaré !
A peri tout entié,etc…

A cin-cen-milo lèguo oou dessu dei tounerro,
Sé nou pren fantasié dé durbi lou journaou,
Li veiren lei travai que nouesto ancieno terro
Fara, per si servi dei forço dé l’uiaou,
Coumo l’aplooudirian, soun assaou dé couragi
Dei reire-pichoun-fieou é dei reire-nebou,
Qué voudran counqueri lei nieou à l’arrambagi,
S’à la fin n’en venien à bou !...
A peri tout entié, etc…

Alor dei bouenei gen fenira plu la festo !...
Mai lei tigre, dé qué si voudran rapela ?
Semblaran d’estrangié ! degun li tendra testo
Perqué viroun toujou l’aiguo dins sei vala !
Leisso leis arpagoun ti trata d’imbecile :
En ti fasen cheri, moougra tou soun mespres,
Vidaou, places tei foun mies qué lou pus abile :
Oou milo per cen d’interes !...
A peri tout entié, etc…

La jalousié deis ome é sei bruteis entriguo,
Coumo s’en truffaren, quan seren tou-puissan !
Per quaouquei pessu d’or s’escaloun à la biguo,
Trouvaren à manès lei mouloun de diaman !
S’à la retiro-puou derraboun d’espouleto,
Dé capeou galouna, dé mitro de satin,
Qué sera tout aco, senoun de pampaieto
Su d’un lai viesti d’arlequin !...
A peri tout entié, etc…

Mai alor qué bouenur d’ooublida la coulèro !
Dé jouï doou printem senso apranda l’iver !
Dé dire ei capouchin qu’esfraieroun ta mero :
Reveran, boufa-li su lei brasiéd’infer !
Dé dire à Madeloun, quan lou pies li ressaouto :
Din noou-milo an d’eici, gento caligneiris,
Coumo vui, per passien ti mangearai lei gaouto,
E toujou mordrai frui requis !
A peri tout entié, etc…

Mestre, t’ai amarra su l’ancro d’esperanço :
Vai acaba ta pleguo entre leis afama,
E quan oouras feni ta vido de soufranço,
Vene trouva Cassian ei péis embeima.
Doou calici dé feou poues escouela lei gouto :
T’ai coupa lou bastoun qué ti duou sousteni ;
Parti premié ; veiras mei piado su la routo ;
M’agantaras à l’embruni…
A peri tout entié, qué servirié de neisse !
Dieou, que li vi tan lun, nou forgé pas per ren :
En mouren regrian ; l’ome quan dispareisse,
Va pupla leis estèlo oou foun doou firmamen !

Nàni, Roumié, risques pas de peri tout entié. Bèn lou countràri !

Restaras dins nosto memòri. Nous-autre, Gravesounen, t’avèn couneigu poulemisto arderous dins la colo d’Un Païs pèr Deman ; pièi, e subretout, au CREDD’O. Lou CREDD’O que n’en fuguères un di foundadou emai un valènt cepoun. Lou CREDD’O que n’en prenguères un jour la presidènci e la gardères dès an de tèms. Dès an qu’an fa flòri. Souto ta beilié l’Oustau di Petit venguè lou centre de recerco e d’estùdi recouneigu, indefugible e respeta que couneissèn vuei. Lou meteguères dins soun lustre, ié dounères si letro de noublesso. Quouro la santa te n’aliuenchè fisicamen, sian li testimòni que countunières de te soucita de tout ço que se debanavo de bon o de pas tant bon au CREDD’O. Gravesoun te dis gramaci.

Mai es tout lou païs d’O que gardara peréu souvenènço de tu. Siés esta un parangoun de la recounquisto de la lengo. Nosto lengo l’aprenguères emé passioun e n’en venguères lèu un escrivan de trio. Publiquères dins l’afaire de vint an uno deseno d’oubrage, tóuti saluda pèr la critico. Quau n’en pòu dire autant ? Te siés avasta ‘mé bonur dins quàsi tóuti li relarg de la literaturo : pouesìo, rouman istouri o d’aventuro, nouvello fantastico… E tout acò en gaubejant un lengage noble e eisigènt, à l’auturo de l’idèio auto que te fasiés de la lengo. Siés d’aquéli qu’an vicu, qu’an tengu nosto lengo vivo.

Vuei, es en terro de Menèrbo que sian vengu te rendre óumenage, un terraire de memòri e de resistènci. Nàni, Roumié, t’óublidaren pas !


Il y a des moments que l’on pense ne jamais vivre, et puis inévitablement, inexorablement, ils arrivent. C’est le cas pour cette disparition qui nous réunit aujourd’hui : comment accepter que Rémi, cet homme puissant, cet homme magnifique, qui était la bonté et la générosité même, ce mari, ce père, ce grand-père qui semblait indestructible soit terrassé par l‘âge et la maladie et repose aujourd’hui devant nous.

Au nom de Claire, son épouse, de Sylvie, de Manuel, de Frédérique et d’Anaïs, je vous remercie d’être venus, parfois de loin, pour l’entourer une dernière fois. Et ayons une pensée pour Sylvie et Nicolas que le Covid empêche d’être avec nous aujourd’hui.

Claire m’a demandé de retracer rapidement le portrait et la carrière de Rémi : je l’en remercie, je mesure l’honneur qui m’est fait mais aussi la difficulté de la tâche. Je vais essayer...

Rémi Jumeau est né à Marseille le 30 avril 1930.

Dès sa première année il se distingue en recevant, avec une grande modestie, le diplôme d’honneur du concours des bébés de 1931 : c’était sans aucun doute une prédestination !

De son premier mariage avec Simone Mouliérac naîtront ses deux enfants

  • Sylvie née à Marseille en 1955 dont il se plaisait à dire que c’était la parfaite petite marseillaise, jusqu’à ce qu’elle quitte Marseille. Mais si elle en a perdu l’accent, elle n’en a pas perdu l’humour…
  • et Manuel, né à Saint-Quentin en 1961, ce fils dont il était très fier, et qui a repris le flambeau de son père puisqu’il est aujourd’hui graveur.



Rémi débutera ses études chez les Jésuites, où enseignait son père, éminent professeur de mathématiques. Mais très vite il comprit que les équations et les logarithmes n’étaient pas faits pour lui ; il préféra intégrer l’Institution du « Sacré-Coeur » où il excella en histoire, en français, en latin et en grec. Il obtint même, à la fin de ses études secondaires, un diplôme d’éloquence, dans la plus pure tradition antique.

Fait plus étonnant : au cours de son service militaire, alors qu’on ne lui connaissait aucun penchant particulier pour l’armée, le Maréchal des Logis Rémi Jumeau se vit décerner un Certificat de Bonne Conduite par le colonel commandant le 405e régiment d’Artillerie Antiaérienne. Comme quoi il était bon partout !

Il poursuivra ses études aux Beaux-Arts, dans la section Gravure. Mais malgré ses incontestables dons artistiques et son espoir consacrer sa vie aux Arts Plastiques, il décida d’intégrer la société « Avenir Publicité » au sein de laquelle il fera toute sa carrière.

Ce fut un excellent choix, car il en gravit progressivement tous les échelons, parvenant jusqu’au poste de Directeur Régional qu’il occupa à plusieurs reprises, dans plusieurs régions de France, avant de terminer au siège à Paris.

Dans cette dernière partie de son parcours professionnel, il s’investit au sein des instances représentatives de la profession pour faire cohabiter la publicité et la défense du patrimoine. Les textes qui régissent aujourd’hui les conditions de publicité dans les paysages urbains et ruraux lui doivent beaucoup.

Lors de son départ d’Avenir Publicité, que la Direction générale a essayé de retarder autant que possible, un grand hommage lui a été rendu au Petit Palais à Paris par le Président Mr Boutinard-Rouelle.

C’est dans le cadre de son activité qu’il a rencontré Claire, qu’il a épousée en 1986 et avec laquelle il partagea quarante années d’un amour inconditionnel. Ils étaient réunis par l ‘amour des arts, lui la peinture et l’écriture, elle la danse et la musique.
Il hérite à cette occasion d’une nouvelle fille, Frédérique, qu’il considérait comme la sienne et qui l’adopta comme père.
Cerise sur le gâteau lui arriva Anaïs, sa petite fille, sa « petitoune » avec laquelle il avait une relation profonde, tendre, faite de multiples touches de complicité.

Bien qu’enrichi par ses voyages en France, et peut-être justement du fait de ses nombreux changements de résidence, il n’avait qu’une hâte dès sa retraite : retourner dans sa chère Provence. Lui le provençal convaincu n’a jamais accepté que la République, pour fabriquer un citoyen uniforme sur tout le territoire, ait combattu les cultures régionales : dès lors il a consacré sa vie à militer pour la cause provençale.
C’est la présidence du CREDD’O d’où il n’a cessé de lutter pour rendre sa dignité et sa place à la langue d’Oc.
C’est la participation au bureau de l’Association les Suds dès sa création en 1996.
C’est enfin l’Association du Festival d’Arles, « Les musiques du Monde », dont il fut le Président pendant dix ans.

Enfin et surtout, et c’était sans doute sa plus grande fierté, Rémi a pris sa plume pour écrire plusieurs livres en langue provençale, tous publiés.
Lui qui parlait peu, qui aimait aller à l’essentiel, qui était avare de ses mots et pudique sur ses sentiments, était prolixe dans ses écrits…
Selon un proverbe africain, continent où domine la culture orale, « un homme qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle ». Pour Rémi c’est tout l’inverse : il nous laisse sa bibliothèque en provençal comme un témoignage ineffaçable.

Deux traits enfin que je voudrais souligner.

D’abord la fidélité et la profondeur de ses sentiments pour ses proches, qu’il aimait avec une égale tendresse et dont il ne s’est jamais départi.
Ensuite l’étendue impressionnante de sa culture : à ses côtés, on se plaisait à ne pas consulter Wikipédia quand on avait une question, assurés qu’il en connaissait la réponse.
Ce qui s’avérait toujours exact ! Rémi était une encyclopédie ambulante.

Mais si c’était un grand homme, calme, tranquille quoique souvent angoissé, pudique, digne c’était aussi – et là je laisse le mot de la fin à sa fille, un homme têtu comme 36 mules !

Merci, Rémi, pour tout ce que tu nous as donné, merci pour ce que tu étais, ta trace ne s’effacera jamais. Repose en paix.

Auteur de l'article

Jean-Marie Ramier, enseignant à la retraite d’Occitan-Langue d’Oc, dans l’enseignement catholique et dans l’Académie d’Aix-Marseille. Président des associations Un Païs pèr Deman, CEPD’OC (Centre d’Étude de la Parole d’Oc), membre du conseil d’administration du CREDD’O (Centre de Rencontre, d’Étude, de Documentation et de Diffusion d’Oc).

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Romieg Jumeau, poèta, romancier, aparaire de la lenga, a publicat un desenat d’obratges en occitan provençau.

Identitat

Formas referencialas

Rémi Jumeau

Autras formas conegudas

Romieg Jumèu

Romieg Jumeau

Elements biografics

Romieg Jumeau nasquèt lo 30 d’abriu de 1930 a Marselha (13).

Romieg entamenèt seis estudis en cò dei Jesuistas, ont ensenhava son paire, professor de matematicas. Mai pron lèu s’avisèt que leis equacions e lei logaritmes èran pas fachs per eu ; estimèt mai de rintrar a l’Institucion dau Sacrat Còr onte faguèt miranda en istòria, en francés,en latin amb en grèc. Ben tant que daverèt, a la fin de seis estudis segondaris, un diplòma d’eloquéncia dins la mai pura dei tradicions anticas.
Contunhèt seis estudis ai Bèleis-Arts de Marselha, dins la seccion Escultura, Escrinceladura e Modelatge. Pasmens, mau-despieg sei vertadiers dons artistics e son espèr de consacrar sa vida ais Arts, decidèt d’integrar la societat « Avenir Publicité » onte faguèt tota sa carriera.
N’escalèt pauc a cha pauc totei leis escalons, fin qu’au pòste de Director Regionau qu’ocupèt mai d’un còp, dins mantuna region de França, avans d’acabar au sèti de París.

Dins aquela darriera partida de son caminament professionau, s’investiguèt au dintre deis instàncias representativas dau mestier per faire anar cotria la publicitat e l’aparament dau patrimòni. Lei tèxts que bailejan uei lei condicions de publicitat dins lei païsatges urbans e ruraus li son pron devents.

Maridat un promier còp amb Simòna Moulierac, aguèt dos enfants : Silvia, nascuda a Marselha en 1955 e Manuèl, nascut a Saint-Quentin en 1961. Aqueu d’aquí, sus lei peadas de son paire, es ara escrincelaire.

Pus tard rescontrèt Claire Morel, professora de dança classica, qu’esposèt en 1986. Visquèron ensèms quaranta ans de temps e partejèron la passion deis arts.

A la retirada s’entornèt en Provença, crompèt en 1995 un pichòt mas a Graveson (13), puèi un ostau de vilatge a Eiragas (13), avans de plantar cavilha en Avinhon (84) onte acabèt sa vida lo diluns 10 de janvier de 2022. Foguèt sepelit lo divendres 14 de janvier dins son cròs de familha a Menèrbas (84).

Engatjament dins la renaissença d’oc

Despatriat tot de lòng de sa vida professionala, aviá en òdi l’idèia que per fargar un bòn ciutadan francés lo fauguèsse desmamar de sa cultura terradorenca. Tota sa vida militèt per la causa occitana. A Graveson, tre son arribada, participèt a la creacion de l’associacion « Un Païs per Deman » e fuguèt un dei fondadors dau CREDD’O en 2005. Dau CREDD’O ne’n foguèt lo segond president de 2008 a 2018. Sota sa bailiá aquel organisme prenguèt son ample.
Dins aquest encastre, ensagèt, en 2009, de donar, amb d’autres, una coloracion occitanista a la campanha per la promocion de Marselha coma capitala europenca de la cultura.

Faguèt partida dau burèu de l’associacion « Les Suds » tre sa creacion en 1996.
Enfin, çò que comptava lo mai per eu, se gropèt a l’aprendissatge de la lenga ben tant que foguèt lèu capable de l’escriure. Promier dins de cronicas per la revista associativa Deman un Païs, puèi amb la publicacion d’una desena d’obratges tocant quasi totei lei relargs de la literatura : poesia, romans istorics ò d’aventura, novèlas fantasticas… Aviá causit de gaubejar un lengatge nòble e exigent, a l’autura de l’idèia auta que se fasiá de la lenga.

Bibliografia e ressorças

Sénher quau, IEO Edicions, Colleccion Atots 2002

Cronicas imaginàrias, IEO Edicions, Colleccion Atots 2004

E siguèsse una nafra la lutz, IEO Edicions, Colleccion Messatges 2008

Pantòri, Romieg Jumèu IEO Edicions, Colleccion Atots 2013

Embolh a Malamosca, IEO Edicions, Colleccion Atots Crimis 2014

Apològs, IEO Edicions, Colleccion Messatges 2014

Nòvas d’autra part, IEO Edicions, Colleccion Atots 2015

Rèire vida, IEO Edicions, Colleccion Atots 2016

L’esclargiera, IEO Edicions, Colleccion Atots 2017

Lo viatge alambicant dau professor grosdenàs, IEO Edicions colleccion Atots 2018

La granda timonariá, IEO Edicions, colleccion Atots 2020. NB. Aquest obratge, l’auriá vougut corregir e ne’n tornar publicar una version mai satisfasenta.

Sorsas



Archius de familha

NEUMULLER,Michel. Un quatuor d’écrivains occitans se met à table à Belcodène. Aquò d'Aquí [en linha]. 2015. (Consultat lo 18 de julhet de 2022). Disponible a l'adreiça : https://www.aquodaqui.info/Un-quatuor-d-ecrivains-occitans-se-met-a-table-a-Belcodene_a841.html

NEUMULLER,Michel. Romieg Jumeau se's enanat.Aquò d'Aquí [en linha]. 2022. (Consultat lo 18 de julhet de 2022). Disponible a l'adreiça : https://www.aquodaqui.info/Romieg-Jumeau-se-s-enanat_a2315.html

Letra sus Marseille capitale de la culture

Annèxes



Une lettre de Rémi Jumeau en 2009

Graveson, le 13 juillet 2009

Chers amis,

Vous avez accepté de participer à notre projet, visant à inscrire la Culture d’Oc dans l’opération Marseille/Provence, capitale européenne de la Culture 2013. D’ores et déjà, une quinzaine d’écrivains et d’universitaires nous ont, comme vous donné leur accord, avec enthousiasme. Maintenant, il importe que vous nous indiquiez le ou les thèmes que vous désireriez développer à cette occasion. Nous vous rappelons, pour que notre projet ait quelque chance d’être sélectionné, que les thèmes correspondent aux critères ci-après : (ceux-ci ayant été définis par le comité technique de l’association Marseille 2013)

1-Pour ce qui concerne « la dimension européenne »

-Renforcer la coopération entre les opérateurs culturels, les artistes et les villes des Etats membres concernés et d’autres Etats membres, dans tout le secteur culturel.
-Faire ressortir la richesse de la diversité culturelle en Europe.
-Mettre en évidence les aspects communs des cultures européennes.

2-Pour ce qui concerne « la Ville et les Citoyens »

-Encourager la participation des citoyens, habitant Marseille et la Provence, susciter leur intérêt ainsi que celui des citoyens vivant à l’étranger.
-Avoir un caractère durable et faire partie intégrante du développement culturel et social à long terme de la Ville et de sa Région.

3-Enfin, ne pas oublier la dimension méditerranéenne de Marseille/Provence, d’autant que la réalisation du Musée des Civilisations d’Europe et de la Méditerranée, le MUCEM, devrait être achevée en 2013.

Si un thème comme celui des immigrations de masse aux XIXe et XXe siècles (italienne, espagnole ou maghrébine) a déjà fait l’objet de nombreuses études, les migrations internes (par exemple, celle des gavots vers plaines ou les villes du littoral provençal) ou vers les pays voisins (par exemple des occitans vers l’Espagne après la Reconquista, des Vaudois provençaux vers l’Italie, ou des Gavots vers le Mexique) mériteraient des développements intéressants.

Les critères sont donc suffisamment larges, (notamment ceux de la diversité culturelle et des échanges méditerranéennes) pour offrir une grande liberté dans les choix des sujets.

En conclusion, nous vous demandons de nous adresser d’ici fin août, les titres des thèmes que vous comptez traiter, de manière à ce que nous puissions commencer à bâtir notre projet commun. Si 2013 est l’année de la mise en œuvre globale de l’opération, c’est en 2009 que se fait la sélection, d’où notre demande. Recevez chers amis nos cordiales salutations



Le Président, Rémi JUMEAU

Hommages rendus par Jean-Marie Ramier le jour des obsèques

Sus lou cros de Roumié (divèndre 14 de janvié 2022, à Menèrbo)

Roumié, vaqui un credo de belèu lou faras tiéu : Lou Crédo dé Cassian dóu grand pouèto Vitou Gelu, Marsihés coume tu. N’en vaqui quàuqui tros.

A peri tout entié, qué servirié de neisse !
Dieou, que li vi tan lun, nou forgé pas per ren :
En mouren regrian ; l’ome quan dispareisse,
Va pupla leis estèlo oou foun doou firmamen !

Maduro avan lou tem, ma testo, qué vies blanquo,
A glena quaouquei gran dedin chasque gara.
Mies qué lou marguiié que rounflo sus sa banquo
Ai souven tria de grame ei sermoun doou cura.
Dei prepaou dei moussu, dei cansoun dei femèlo,
Dei questien dei nistoun, surtou, mi sieou nourri :
Tan qu’un secrè nouveou coutiguo sa cervèlo
Lou senigran voou pa mouri
A peri tout entié, etc …

Dieou mandan sa semenço ei ciele, à l’avanturo,
Coumo lou bastidan qué sameno soun bla,
Lou gran s’esparpaié lon de la vouto bluro :
Qu s’enregué d’eici, qu s’enané d’eila.
Nouesto grano encapé de toumba su la terro :
Aqui rescountrerian noueste premié relès,
Mounte tan de doulou duvien nou fa la guerro
Jusqu’oou suari, despui lou brès !...
A peri tout entié, etc…

Mai lou darnié badaou pa pu leou nous escapo,
Sian saia aperamoun senso cro ni palan ;
Aven entamena nouesto segoundo etapo ;
Anan mai espeli su d’un globou pu gran !
Aqui sian dejà mies : aven lou cor de ferri,
Vin pan d’ooutou, lei bras emé lei ner d’acié ;
Creignen ni cirourgien, ni drogo, ni cristèri :
Counoueissen plu la maladié !
A peri tout entié, etc…

Adelà fourra plu qué tout un pople laoure
Per gava finqu’eis uei quaouquei pouar a l’engrai ;
Aqui l’ooura plus ges dé riche, ni de paoure ;
Ni saven, ni bestias ; ni beou pitoué, ni lai !
Seren toutei parié souto la memo bacho !...
Pu gai qué de jouven qu’an chima lou claré,
Oouren noueste bouenur escri dessu la facho,
Coumo s’erian oou cabaré !
A peri tout entié,etc…

A cin-cen-milo lèguo oou dessu dei tounerro,
Sé nou pren fantasié dé durbi lou journaou,
Li veiren lei travai que nouesto ancieno terro
Fara, per si servi dei forço dé l’uiaou,
Coumo l’aplooudirian, soun assaou dé couragi
Dei reire-pichoun-fieou é dei reire-nebou,
Qué voudran counqueri lei nieou à l’arrambagi,
S’à la fin n’en venien à bou !...
A peri tout entié, etc…

Alor dei bouenei gen fenira plu la festo !...
Mai lei tigre, dé qué si voudran rapela ?
Semblaran d’estrangié ! degun li tendra testo
Perqué viroun toujou l’aiguo dins sei vala !
Leisso leis arpagoun ti trata d’imbecile :
En ti fasen cheri, moougra tou soun mespres,
Vidaou, places tei foun mies qué lou pus abile :
Oou milo per cen d’interes !...
A peri tout entié, etc…

La jalousié deis ome é sei bruteis entriguo,
Coumo s’en truffaren, quan seren tou-puissan !
Per quaouquei pessu d’or s’escaloun à la biguo,
Trouvaren à manès lei mouloun de diaman !
S’à la retiro-puou derraboun d’espouleto,
Dé capeou galouna, dé mitro de satin,
Qué sera tout aco, senoun de pampaieto
Su d’un lai viesti d’arlequin !...
A peri tout entié, etc…

Mai alor qué bouenur d’ooublida la coulèro !
Dé jouï doou printem senso apranda l’iver !
Dé dire ei capouchin qu’esfraieroun ta mero :
Reveran, boufa-li su lei brasiéd’infer !
Dé dire à Madeloun, quan lou pies li ressaouto :
Din noou-milo an d’eici, gento caligneiris,
Coumo vui, per passien ti mangearai lei gaouto,
E toujou mordrai frui requis !
A peri tout entié, etc…

Mestre, t’ai amarra su l’ancro d’esperanço :
Vai acaba ta pleguo entre leis afama,
E quan oouras feni ta vido de soufranço,
Vene trouva Cassian ei péis embeima.
Doou calici dé feou poues escouela lei gouto :
T’ai coupa lou bastoun qué ti duou sousteni ;
Parti premié ; veiras mei piado su la routo ;
M’agantaras à l’embruni…
A peri tout entié, qué servirié de neisse !
Dieou, que li vi tan lun, nou forgé pas per ren :
En mouren regrian ; l’ome quan dispareisse,
Va pupla leis estèlo oou foun doou firmamen !

Nàni, Roumié, risques pas de peri tout entié. Bèn lou countràri !

Restaras dins nosto memòri. Nous-autre, Gravesounen, t’avèn couneigu poulemisto arderous dins la colo d’Un Païs pèr Deman ; pièi, e subretout, au CREDD’O. Lou CREDD’O que n’en fuguères un di foundadou emai un valènt cepoun. Lou CREDD’O que n’en prenguères un jour la presidènci e la gardères dès an de tèms. Dès an qu’an fa flòri. Souto ta beilié l’Oustau di Petit venguè lou centre de recerco e d’estùdi recouneigu, indefugible e respeta que couneissèn vuei. Lou meteguères dins soun lustre, ié dounères si letro de noublesso. Quouro la santa te n’aliuenchè fisicamen, sian li testimòni que countunières de te soucita de tout ço que se debanavo de bon o de pas tant bon au CREDD’O. Gravesoun te dis gramaci.

Mai es tout lou païs d’O que gardara peréu souvenènço de tu. Siés esta un parangoun de la recounquisto de la lengo. Nosto lengo l’aprenguères emé passioun e n’en venguères lèu un escrivan de trio. Publiquères dins l’afaire de vint an uno deseno d’oubrage, tóuti saluda pèr la critico. Quau n’en pòu dire autant ? Te siés avasta ‘mé bonur dins quàsi tóuti li relarg de la literaturo : pouesìo, rouman istouri o d’aventuro, nouvello fantastico… E tout acò en gaubejant un lengage noble e eisigènt, à l’auturo de l’idèio auto que te fasiés de la lengo. Siés d’aquéli qu’an vicu, qu’an tengu nosto lengo vivo.

Vuei, es en terro de Menèrbo que sian vengu te rendre óumenage, un terraire de memòri e de resistènci. Nàni, Roumié, t’óublidaren pas !


Il y a des moments que l’on pense ne jamais vivre, et puis inévitablement, inexorablement, ils arrivent. C’est le cas pour cette disparition qui nous réunit aujourd’hui : comment accepter que Rémi, cet homme puissant, cet homme magnifique, qui était la bonté et la générosité même, ce mari, ce père, ce grand-père qui semblait indestructible soit terrassé par l‘âge et la maladie et repose aujourd’hui devant nous.

Au nom de Claire, son épouse, de Sylvie, de Manuel, de Frédérique et d’Anaïs, je vous remercie d’être venus, parfois de loin, pour l’entourer une dernière fois. Et ayons une pensée pour Sylvie et Nicolas que le Covid empêche d’être avec nous aujourd’hui.

Claire m’a demandé de retracer rapidement le portrait et la carrière de Rémi : je l’en remercie, je mesure l’honneur qui m’est fait mais aussi la difficulté de la tâche. Je vais essayer...

Rémi Jumeau est né à Marseille le 30 avril 1930.

Dès sa première année il se distingue en recevant, avec une grande modestie, le diplôme d’honneur du concours des bébés de 1931 : c’était sans aucun doute une prédestination !

De son premier mariage avec Simone Mouliérac naîtront ses deux enfants

  • Sylvie née à Marseille en 1955 dont il se plaisait à dire que c’était la parfaite petite marseillaise, jusqu’à ce qu’elle quitte Marseille. Mais si elle en a perdu l’accent, elle n’en a pas perdu l’humour…
  • et Manuel, né à Saint-Quentin en 1961, ce fils dont il était très fier, et qui a repris le flambeau de son père puisqu’il est aujourd’hui graveur.



Rémi débutera ses études chez les Jésuites, où enseignait son père, éminent professeur de mathématiques. Mais très vite il comprit que les équations et les logarithmes n’étaient pas faits pour lui ; il préféra intégrer l’Institution du « Sacré-Coeur » où il excella en histoire, en français, en latin et en grec. Il obtint même, à la fin de ses études secondaires, un diplôme d’éloquence, dans la plus pure tradition antique.

Fait plus étonnant : au cours de son service militaire, alors qu’on ne lui connaissait aucun penchant particulier pour l’armée, le Maréchal des Logis Rémi Jumeau se vit décerner un Certificat de Bonne Conduite par le colonel commandant le 405e régiment d’Artillerie Antiaérienne. Comme quoi il était bon partout !

Il poursuivra ses études aux Beaux-Arts, dans la section Gravure. Mais malgré ses incontestables dons artistiques et son espoir consacrer sa vie aux Arts Plastiques, il décida d’intégrer la société « Avenir Publicité » au sein de laquelle il fera toute sa carrière.

Ce fut un excellent choix, car il en gravit progressivement tous les échelons, parvenant jusqu’au poste de Directeur Régional qu’il occupa à plusieurs reprises, dans plusieurs régions de France, avant de terminer au siège à Paris.

Dans cette dernière partie de son parcours professionnel, il s’investit au sein des instances représentatives de la profession pour faire cohabiter la publicité et la défense du patrimoine. Les textes qui régissent aujourd’hui les conditions de publicité dans les paysages urbains et ruraux lui doivent beaucoup.

Lors de son départ d’Avenir Publicité, que la Direction générale a essayé de retarder autant que possible, un grand hommage lui a été rendu au Petit Palais à Paris par le Président Mr Boutinard-Rouelle.

C’est dans le cadre de son activité qu’il a rencontré Claire, qu’il a épousée en 1986 et avec laquelle il partagea quarante années d’un amour inconditionnel. Ils étaient réunis par l ‘amour des arts, lui la peinture et l’écriture, elle la danse et la musique.
Il hérite à cette occasion d’une nouvelle fille, Frédérique, qu’il considérait comme la sienne et qui l’adopta comme père.
Cerise sur le gâteau lui arriva Anaïs, sa petite fille, sa « petitoune » avec laquelle il avait une relation profonde, tendre, faite de multiples touches de complicité.

Bien qu’enrichi par ses voyages en France, et peut-être justement du fait de ses nombreux changements de résidence, il n’avait qu’une hâte dès sa retraite : retourner dans sa chère Provence. Lui le provençal convaincu n’a jamais accepté que la République, pour fabriquer un citoyen uniforme sur tout le territoire, ait combattu les cultures régionales : dès lors il a consacré sa vie à militer pour la cause provençale.
C’est la présidence du CREDD’O d’où il n’a cessé de lutter pour rendre sa dignité et sa place à la langue d’Oc.
C’est la participation au bureau de l’Association les Suds dès sa création en 1996.
C’est enfin l’Association du Festival d’Arles, « Les musiques du Monde », dont il fut le Président pendant dix ans.

Enfin et surtout, et c’était sans doute sa plus grande fierté, Rémi a pris sa plume pour écrire plusieurs livres en langue provençale, tous publiés.
Lui qui parlait peu, qui aimait aller à l’essentiel, qui était avare de ses mots et pudique sur ses sentiments, était prolixe dans ses écrits…
Selon un proverbe africain, continent où domine la culture orale, « un homme qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle ». Pour Rémi c’est tout l’inverse : il nous laisse sa bibliothèque en provençal comme un témoignage ineffaçable.

Deux traits enfin que je voudrais souligner.

D’abord la fidélité et la profondeur de ses sentiments pour ses proches, qu’il aimait avec une égale tendresse et dont il ne s’est jamais départi.
Ensuite l’étendue impressionnante de sa culture : à ses côtés, on se plaisait à ne pas consulter Wikipédia quand on avait une question, assurés qu’il en connaissait la réponse.
Ce qui s’avérait toujours exact ! Rémi était une encyclopédie ambulante.

Mais si c’était un grand homme, calme, tranquille quoique souvent angoissé, pudique, digne c’était aussi – et là je laisse le mot de la fin à sa fille, un homme têtu comme 36 mules !

Merci, Rémi, pour tout ce que tu nous as donné, merci pour ce que tu étais, ta trace ne s’effacera jamais. Repose en paix.

Autor de l'article

Joan-Maria Ramier , ensenhant a la retirada d’Occitan-Lenga d’Òc dins l’ensenhament catolic e dins l’Académia d’Ais-Marselha. President deis associacions Un Païs pèr Deman, CEPD’OC (Centre d’Estudi de la paraula d’ÒC), membre dau Consèu d’Admenistracion dau CREDD’O (Centre de Rescòntre, d’Estudi, de Documentacion e de Difusion d’ÒC).

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L’imposante figure de Victor Gelu est aujourd’hui perçue comme emblématique de la culture occitane marseillaise. Poète populaire de langue occitane, employant comme une évidence le parler urbain de Marseille, Gélu appartient à ce cercle d’auteurs de langue d’oc qui sont arrivés à incarner l’esprit profond, l’éthos de leur ville, à l’instar de Jasmin à Agen, Meste Verdié à Bordeaux ou Goudouli à Toulouse. Républicain, progressiste mais pourtant méfiant vis à vis du scientisme et du progressisme à tout va qui marquent si profondément l’esprit du XIXe siècle, omniprésent dans l’écrit provençal de son temps tout en se tenant soigneusement en marge du Félibrige, truculent mais aussi mélancolique et volontiers moralisateur, Gelu est un peu inclassable. Sa silhouette massive continue de hanter la mémoire du Marseille populaire. Sa statue, évoquée par César dans la Trilogie marseillaise, a disparu avant d’être refaite, déplacée, pour finalement orner depuis 2015 l’angle de la rue qui porte son nom.

Identité

Formes référentielles

Gelu, Victor (1806-1885)

Autres formes du nom

- Gelu, Vitour (forme occitane du nom)

Élements biografiques

Victor Gelu est né à Marseille le 12 septembre 1806, dans une famille marseillaise originaire d’Embrun, dans les Hautes-Alpes. Son père, comme son grand-père auparavant, exerçait la profession de boulanger et dirigea plusieurs boulangeries marseillaises. Sa mère, Rosalie Margalet, couturière, était pour sa part issue d’une famille catholique pratiquante de Puyloubier, à l’est d’Aix. Gelu était notoirement proche de son père qu’il adorait et admirait, quand ses relations avec sa mère furent toujours marquées par une profonde tension. Les problèmes de santé de son père l’obligent à mettre précocement un terme à ses études, entamées chez les Frères gris d’Aix, période de sa vie qu’il n’apprécia guère. Son acrimonie vis à vis de la religion catholique ostensiblement affichée se forge vraisemblablement là, aggravée par son opposition à la ferveur religieuse de sa mère, qu’il rejette. Il se forge enfin sous la férule de son précepteur l’abbé Chabert, homme dur qui lui laissé un sinistre souvenir, et enfin dans les rues de Marseille ensanglantées par les émeutes de l’été 1815, entre bonapartistes et la majorité de la population de la vallée du Rhône, de sensibilité royaliste. Gélu développe alors un fort sentiment républicain. Une altercation avec un de ses professeurs, un des frères d’Aix, achève de le convaincre d’abandonner l’école. Mais le décès de son père, Étienne Victor Gelu, le 10 juin 1822, fit basculer sa vie. Gelu en conçut un profond chagrin qu’il exprima souvent. La boulangerie familiale commença à péricliter, dit-on à cause du caractère détestable de sa mère et de ses dons irraisonnés à l’Église. Mais le portrait de Rosalie Margalet en bigote revêche provient de son fils, qui nourrissait très vraisemblablement un fort ressentiment vis à vis de sa mère.
Victor Gelu fréquente des cercles et goguettes, à l’instar de celles que fréquentaient Béranger à Paris, dont les Endormis, cercle bonapartiste comprenant nombre d’anciens soldats de l’Empire, qui joue des pièces de théâtre et chante des chansons dans un « caveau ». Ayant petitement hérité de son père et n’ayant pu conserver ses économies, Gelu quitte alors Marseille. Il voyage, à Bordeaux puis Paris, où il cherche à se construire une situation. Il échoue et ne parvient qu’à dilapider l’argent qui lui reste. Il se retrouve de nouveau à Marseille, dépendant de sa mère qui ne l’accueille pas à bras ouverts. Gelu s’initie alors au théâtre. Il remplace, à Antibes, un comédien porté absent pour une pièce, et remporte un succès considérable. Mais le milieu du théâtre, libertin, ne plaît pas à l’austère moraliste qu’il est en train de devenir. Ayant tenté de se faire embarquer à Toulon comme commis aux vivres sur un bateau en partance pour l’expédition d’Alger, il rentre une fois de plus penaud chez sa mère qui l’expédie, en compagnie de son jeune frère Noël, à Lyon pour travailler dans une usine de pâtes alimentaires. Ayant perdu sa place dans la tourmente que constitua la révolution de 1830, lui-même fut impliqué dans les mouvements ouvriers insurrectionnels connus à Lyon sous le nom de révolte des Canuts, et blessé sérieusement en 1831. Sans emploi, avec des espoirs déçus, il s’en revint en Provence où il logea chez son frère Noël, devenu minotier à Aubagne. Mais ne s’entendant pas avec sa belle-soeur, Gelu se trouva de nouveau en échec, et tenta de se suicider. Son frère parvint à l’en empêcher.
Revenu à Marseille, Gelu loua une maison, et décrocha un emploi de clerc, d’abord à 30 puis à 60 et enfin à 90 francs par mois, ce qui le mit à l’abri du besoin. Libéré des contingences matérielles, Gelu put se lancer l’esprit libre dans la création : ce fut d’abord en 1838 Fenian et Grouman, chanson satirique, éloge de la fainéantise et des plaisirs, puis en 1840, son recueil de vingt-cinq chansons, à la façon des goguetiers, dont dix en provençal et quinze en français. En 1852, il est invité au congrès des félibres à Arles. Il remporte un brillant succès. Les félibres et le public sont impressionnés par son gabarit imposant, la puissance de sa voix, sa présence, son charisme. Monté sur une table, il chante Fenian et Grouman. Il est le centre de l’attention, et c’est à cette occasion que Joseph Roumanille lui adressera la phrase restée célèbre : Mon Dieu, Monsieur, vous devez nous trouver tout petits. Mais s’il connaissait les félibres, Gelu refusa toujours d’être un des leurs. Sauvage autant que paradoxal, il conserve son indépendance d’esprit. Son engagement républicain a certainement joué lui aussi dans son rapport avec le Félibrige. Il se fit d’ailleurs des ennemis politiques, qui tentèrent de s’opposer à la publication de ses œuvres ou même à les censurer. Gelu vit quelques années à la minoterie de Roquevaire, près d’Aubagne, puis retourne à Marseille, dans le quartier Saint-Barnabé. Il perd une fille, et publie en 1854 Lou Credo de Cassian, puis en 1855 Nouvè Grané, roman social qui met en scène le voyage à l’Exposition universelle de Paris d’un paysan de Vitrolles. Le texte est une satire du progressisme et de la foi dans la technique au service du bonheur des hommes. L’année suivante, Gelu réédite ses chansons provençales en version augmentée. Quelques années plus tard, Gelu se retrouve veuf. La mort de sa femme constitua pour lui une terrible épreuve.
Gelu commença à prendre un certain recul dans les années 1870, et, affecté par les deuils et vieillissant, cessa progressivement d’écrire. Il refusa en 1878 d’être coopté à l’Académie de Marseille, malgré une réelle volonté de l’intégrer. La municipalité de Marseille lui refusa un poste qu’il avait sollicité, de professeur de diction au Conservatoire. Il mourut chez son fils, architecte de métier et artiste-peintre, le 2 avril 1885. Un délégué des « Endormis », le cercle goguettier de ses débuts, prononce un discours. Gelu connaît un succès posthume réel, avec la réédition complète de ses œuvres - moins les Mémoires - en 1886, et en 1891, le monument qui lui est élevé sur le Vieux-Port, place neuve, rebaptisée place Victor-Gelu.
Gelu a puisé l’essentiel de son inspiration dans la contemplation de la société populaire marseillaise, celle du port et des bas-fonds. Républicain engagé, il se fait l’écho de la colère sociale des plus démunis, de la révolte et des cris de colère. Sévère dans sa morale, son œuvre est baignée d’une hauteur de vue sombre et dépourvue d’illusions sur le monde. S’il a lui-même souffert et connu la détresse, son engagement républicain ne l’a pas empêché de garder ses distances avec certains aspects de l’idéologie de son temps, y compris dans le camp républicain, comme le progressisme et le scientisme, portés par la pensée positiviste alors en vogue. Il n’hésite pas, dans ce cas, à adopter une position que d’aucuns pourraient qualifier de réactionnaire. Gelu a été toute sa vie inclassable et l’est resté. Seule chose que personne ne saurait lui contester : un amour et une profonde connaissance de sa ville, du Marseille populaire de langue provençale.

Engagement dans la renaissance d'oc

Il est difficile de situer Victor Gelu dans la renaissance de la langue occitane en son temps. Il en est à la fois un acteur essentiel, central, et un marginal. Contemporain du Félibrige, il connut et fréquenta un peu les félibres, notamment par sa présence remarquée au congrès d’Arles de 1852, où il interprète sa première œuvre, Fenian et Grouman suivi d’un souvenir plus personnel, lié à son père. Dans la préface de l’édition des oeuvres complètes de 1886, Mistral se remémore Victor Gelu, le célèbre Gelu, que je voyais et entendais pour la première fois et de préciser aussitôt que cette première fois fut aussi la dernière : ni Mistral ni les félibres ne revirent Gelu.

Je n’ai vu Gelu que cette fois. Dans aucune de nos fêtes ni de nos réunions, si fréquentes pourtant depuis la fondation du Félibrige, nous n’avons plus rencontré le terrible chansonnier. De même que les lions, devenus vieux, vont vivre solitaires dans le fond du désert, ainsi le vieux poète qui, tout en maniant magistralement sa langue, avait désespéré de sa résurrection, en voyant après lui monter ces jeunes, ivres d’enthousiasme et d’espérances provençales, fit seul sa bande à part, et dédaigneux, muet, laissa courir la farandole.

Gelu, sans forcément être « dédaigneux », ne souhaitait pas être récupéré, ni voir son nom associé à quelque école, mouvement, courant ou groupe que ce soit. Ce désir ardent d’indépendance s’associait à un engagement républicain et social marqués, qui lui semblaient peut-être incompatibles avec les orientations clairement chrétiennes, conservatrices de certains félibres tels que Roumanille ou Aubanel (qui sera pourtant attaqué par l’Église pour l’érotisme de ses poésies). La présence des républicains Brunet et Gras se suffit pas, semble-t-il, à le rassurer. Il a pu être dit, également, que Gelu, adepte du provençal populaire « en liberté » voyait d’un oeil méfiant les prétentions normatives des félibres : grammaires, dictionnaires, norme graphique... Cela n’empêche pas la langue de Gelu, très marquée par la dialectalité du provençal maritime de Marseille, d’être très écrite, riche en idiomatismes et dotée d’un lexique très étendu.



Éléments de bibliographie de l'auteur

- Chansons provençales et françaises, Marseille, Sénés, 1840.
- Chansons provençales (2e édition augmentée), Marseille, Laffitte et Roubaud, 1856.
- Meste Ancerro vo lou Vieiugi. Chansons provençales avec glossaires et notes, Marseille, Camoin frères, 1863.
- Lou Garagaï. Chansons provençales avec glossaire et notes, Marseille, Camoin frères, 1872.
- Œuvres complètes, avec trad. litt. en regard précédées d'un avant-propos de Frédéric Mistral et d'une étude biographique et critique d'Auguste Cabrol, Marseille-Paris, Charpentier, 1886, 2 vol
- Nouvè Grané, Centre Régional d’Études Occitanes de Provence/Publications de l’Université de Provence, 1987.
- Victor Gelu, Poèta dau pòple marselhés, Cansons provençalas. CD-livre (musique de Dupain, Lo Còr de la Plana, Massilia Sound System, D'Aqui Dub...) Ostau dau Pais Marselhés/Edisud, 2003.
- "Victor GELU - L'homme révélé par ses textes" - Tomes I et II - par Michèle Delaage et Pierrette Bérengier - Cahiers 104 et 105 du Comité du Vieux-Marseille, 2011.

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Homme de lettres. Membre de la Societat d'Estudis Occitans (SEO), puis de l’Institut d'Estudis Occitans (IEO), actif à Marseille aux côtés de Pierre Rouquette.

Identité

Formes référentielles

Carbon, Émile (1898-19..)

Eléments biographiques

Émile Carbon est né le 29 mai 1898 à Agde, fils de Carbon Marie Joseph, capitaine au long cours, âgé de 26 ans et de son épouse Alengry Idalie Louise Marthe, sans profession, âgée de 25 ans. Son frère cadet, Roger Carbon, participera aux aventures éditoriales de son aîné. Émile Carbon fait ses études au lycée de Montpellier, puis à la Faculté des Lettres et à la Faculté de Droit de Montpellier. Licencié ès lettres, il présente une thèse pour le doctorat ès sciences juridiques sous le titre « le désaveu de paternité ». Il épouse à Montpellier le 7 décembre 1925 Suzanne Marie Gabrielle Bonnier ; ils auront trois enfants.

Si les études de droit déterminent son cursus professionnel, les lettres sont sa passion. Émile et son frère font partie de cette cohorte de jeunes, de la première moitié du XXe siècle, passionnés de poésie et plus largement de littérature, qui fondent et animent de nombreuses revues littéraires, dans lesquelles ils voient un moyen de débuter une carrière qui fera d’eux des « hommes de lettres ». Étudiant, Carbon collabore (successivement ou en même temps) à trois revues de jeunes à Montpellier, c’est le début d’une passion qui ne le quittera plus.
En 1915 il est directeur de la revue L'Effort des jeunes. Il est incorporé en avril 1917 au 81e Régiment d’Infanterie. Il collabore à La Lanterne de Diogène, « organe bimensuel des étudiants de Montpellier » (n° 1, 1917-n° 45, juin 1920), tout en étant cymbalier du régiment. Fusiller mitrailleur, son attitude courageuse lui vaut d’être cité à l’ordre de la Brigade. Il est blessé au combat en septembre 1918 et décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze. En 1919 il publie Le poème... à l'ami mort,  poème dédié à Louis Miquel, tué le 27 septembre 1918, devant Somme-Py,  probablement  Tahure (Marne), le jour où Emile Carbon est lui-même blessé.
Il collabore également à Erato, « journal littéraire et régionaliste, organe de l’Association régionale des Lycéens », dont son frère est l’administrateur. Cette publication éphémère (5 numéros entre janvier et Pâques 1919), dont le premier a été tiré à mille exemplaires, réunit un certain nombre de jeunes qui deviendront des personnalités montpelliéraines. L’association Erato propose aussi des conférences, par exemple d’Émile Carbon sur « le caractère français des chansons de geste » et sur « Verlaine » ; de Roger Carbon sur « René Bazin » et « Edmond Rostand ». Notons qu’en dépit de l’étiquette « régionaliste », on cherche en vain un mot occitan dans la publication.
Quelques années plus tard, Émile Carbon prend une part prépondérante dans la publication d'une rare plaquette anthologique : Les Amitiés Languedociennes, Imp. Firmin et Montane, 83 p., 25,7 cm X 16,7, 1925, illustrée de 2 bois d’Henri Martin, textes de Paul Valéry, Jean Catel, J S Pons, A. J. Thomas, Henri Bernard, Bernard Latzarius, Jean Cocteau, Jean Camp, Yves-Blanc, Paul Castela, Delpont-Delascabras, Henri Chabrol… Lui-même y donne des « Prières devant le Christ de Saint-Jean de Perpignan ».
Ses créations littéraires en français sont éclectiques ; nous relevons un article dans Comoedia (Paris) du 19 mai 1935 : « On crée, à Marseille, au "Rideau Gris" une pièce en un acte d’André Gide », un roman : Le cordonnet de soie, aux Editions Gallimard, collection Détective, 248 p., 1937. Emile Carbon est également le coscénariste et dialoguiste du film Cap au large, sorti le 25 septembre 1942, du réalisateur Jean-Paul Paulin. Ce film de 84 mn, produit par Francinalp-Films, a été tourné à Gruissan (Aude). En 1953, Émile Carbon collabore également à La Provence merveilleuse, des légendes chrétiennes aux santons (Albert Detaille, in-4, 145 p., illustré, avec préface de Jean Giono).
Lorsque Lazare de Gérin-Ricard, en 1953, lance la revue Thalassa, à Marseille, il invite ses amis, en particulier les anciens de la Revue de Catalogne, à collaborer.
Si, à l’origine, la revue bimensuelle a une grande ambition internationale et reçoit la collaboration de plumes célèbres, elle décline assez vite et réduit sa voilure à la Provence, devenant le lieu de publication d’une cohorte d’amis de jeunesse aux idéaux littéraires fanés. Émile Carbon (qui y tient la chronique dramatique) la définira, pour sa part, comme « ce témoin des jours anciens et de notre petite troupe amicale dont la plupart des membres ont rejoint la Maison du Père », un témoin « qu’il faut sauvegarder ». La revue disparaît en 1965.
Émile Carbon reçoit la décoration de Chevalier de la Légion d’Honneur le 21 mai 1952 en même temps que Pierre Rouquette reçoit la Cigale de Majoral et la distinction d’Officier d’Académie (les entités invitantes sont le Centre Provençal de l’IEO, les groupes félibréens et provençaux de Marseille et le mouvement fédéraliste « la Fédération », de Marseille).
Émile Carbon est brièvement professeur au lycée de Montpellier. On le retrouve Directeur de la Caisse d’Epargne. C’est certainement pour des raisons professionnelles qu’il quitte Montpellier pour Marseille, où il devient directeur d’une société d’Habitations à Bon Marché (vers 1930). Il a dû y faire carrière, car en 1968 une de ses lettres porte en en-tête : « Société anonyme régionale d’habitations à loyer modéré de Marseille, siège social : 21, rue Maréchal-Fayolle».

Engagement dans la renaissance d’Oc

En l’état actuel de notre documentation l’engagement occitaniste d’Émile Carbon nous semble étroitement lié à son amitié avec un acteur essentiel de la cause d’oc en Provence, Pierre Rouquette. En effet à Marseille il se lie d’amitié durable avec cet avocat, homme de lettres et occitaniste, qui anima la revue La Coupo (21 numéros entre février 1918 et octobre 1919). Émile Carbon participera à toutes les initiatives lancées par ce dernier dans le champ occitan.
En 1926 on le trouve aux côtés de P. Rouquette à la création des « Amitiés méditerranéennes », à Marseille, qui s'intéressent à la vie et à la culture catalanes, et regroupent des personnalités comme le compositeur Pierre G. Bourgoin, l'helléniste Guastalla, le peintre Valère Bernard, etc. en liaison avec la Fundació Bernat Metge, l’équivalent catalan de l’Association française Guillaume Budé, pour la traduction, l’édition et la promotion des classiques gréco-romains. Lors de leur rencontre à Barcelone, P. Rouquette et le directeur de la Fundació Bernat Metge, Joan Estelrich, conçoivent une revue en langue française pour faire connaître la culture catalane en Europe, avec la collaboration d’hommes de lettres et d’artistes catalans et français, et l’appui financier de Francesc Cambó, homme d’affaires, mécène et homme politique catalan de premier plan. Ainsi naît le 25 mars 1929 à Marseille La Revue de Catalogne. P. Rouquette en est le directeur littéraire, avec l’aide de ses amis des Amitiés Méditerranéennes : Émile Carbon comme rédacteur en chef, René Guastalla administrateur, Roger Carbon et Lazare de Gérin-Ricard secrétaires de rédaction. En dépit de la qualité du contenu et du soutien financier du mécène, la parution de la revue s’interrompt après son cinquième numéro (1er août 1929), à cause de l’insuffisance des abonnements.

Émile Carbon n’a pas laissé une œuvre en provençal (à titre anecdotique, signalons qu’il a dédié à son ami un poème en provençal, graphie mistralienne : « Dins nostre cami », trois quatrains, « Per lou Peire ambé moun affecioun », datés de Marsilho 1/1/1938). Il s’en explique : « Excuse moi de te répondre dans la langue des conquérants mais si je peux parler la nôtre sans trop de ridicule je ne la possède malheureusement pas assez pour y mouler ma pensée en l’écrivant » (2/05/1939). Dans cette même lettre il dit ne pas avoir la « flamme dévoratrice » de son ami, mais se dit « patriote provençal » et juge « intéressantes » les propositions de Robert Fabre-Luce de création « d’un mouvement de néo-provincialisme » (proche du séparatisme) développées dans Marseille-Matin du 3 ou 4 mai 1939. Les frères Carbon sont adhérents à la Societat d’Estudis Occitans (SEO), fondée en 1930, et revitalisée en 1939 par le catalan en exil Josep Carbonell. À cette date Émile fait partie de la délégation de la SEO de Marseille, aux côtés de Émile Bodin, Charles Camproux, Antoni Conio, Paul Eyssavel, Jorgi Reboul, Paul Ricard et Pèire-Joan Roudin (Pierre Rouquette). Son nom « Émile Carbon, doctor en Droit » (sic) figure dans la liste des membres du Conseil d’Administration dans le papier à lettres de la SEO de 1939.
À la Libération est fondé à Toulouse l’Institut d’Estudis Occitans (IEO), qui prendra la suite de la SEO. Lorsque P. Rouquette crée à Marseille sa section provençale, le « Centre Provençal de l’IEO », É. Carbon le rejoint. Dans les années 1945-1950, tandis que P. Rouquette donne des cours publics hebdomadaires de provençal et des causeries à Radio-Provence, É. Carbon, qualifié par son ami d’ « incomparable animateur », lance un « Cercle Occitan », avec une formule d’apéritifs littéraires hebdomadaires, tout en participant au cycle des « Œuvres racontées » (Mistral et Mireille, Calendal par exemple). Il donne également des conférences ou des causeries : par exemple sur l’œuvre poétique de René Nelli le 13 avril 1953 ; une « Introduction à l’Art Roman » dans le cycle médiéval en 1960-61, une conférence sur Manolo Hugué à la Maison Gasconne en février 1978… Car le Centre se veut un foyer de culture humaniste, non seulement provençal, mais ouvert à toute l’Occitanie, Catalogne comprise, embrassant tous les aspects de la culture. C’est aussi un lieu de diffusion des idées régionalistes et de débats. Ainsi fait-il un exposé le 12 janvier 1953 sur le Néo-Régionalisme qui sera suivi de débats, et un autre intitulé « Qu’est-ce que l’Occitanisme ? » au Foyer Massalia dans les années 1970.

Pendant plusieurs décennies Émile Carbon est donc un proche collaborateur de Pierre Rouquette. Il est membre du Conseil d’Administration du Centre Provençal, ainsi que Amédée Muset, professeur d’espagnol, et Mme Maïthé Pin-Dabadie femme de lettres partageant sa vie entre Bagnères-de-Bigorre et Marseille. Il en est un temps le vice-président et c’est à ce titre qu’il présente le conférencier Robert Lafont venu parler de la Grenade entr’ouverte le 14 octobre 1960. Il est abonné à Oc et aux Annales de l’IEO, et participe financièrement à la Cause, tout en étant membre du Conseil d’Études de l’IEO (cf. listes de 1947, 1949 et 1962). Tout naturellement É. Carbon collabore à L’Ase negre, « organ occitanista mesadier », successeur d’Occitania, fondé par le trio Robert Lafont, Léon Cordes et Hélène Cabanes en 1946. Ainsi il écrit par exemple en éditorial en première page du n° 7, de février-mars 1947, « Faire Province ». En 1955 il participe avec P. Rouquette, Pierre-Louis Berthaud, Robert Lafont et un certain Gérard (dont le prénom est inconnu) au projet (inabouti) de publication Présentation de la Provence que devait réaliser l’IEO. Cette initiative fait suite à la parution l’année précédente de la brochure Présentation du Languedoc, à laquelle ont collaboré Charles Camproux, Max Rouquette, Robert Lafont, Max Allier, Léon Cordes… avec préface de Jean Cassou.

En 1963, il vient de prendre la retraite quand il lit dans Oc le début du roman de Jean Boudou, Lo Libre dels grands jorns, qui l’impressionne favorablement : « J’admire non sans quelque nostalgie ces jeunes », dit-il et il constate avec tristesse que, pour sa part, il « est un écrivain mort jeune ». (corr du 13/08/1963 adressée à Pierre Rouquette).
Dans les années 1960-1970 la question de la régionalisation anime les débats publics auxquels participe le Centre Provençal. Dans le sillage de mai 1968, avec l’arrivée d’une nouvelle génération de militants, le mouvement occitan se radicalise. Cette évolution est mal acceptée par le Conseil d’administration du Centre Provençal (dont fait partie Carbon), partisan d’un régionalisme humaniste. Le Centre provençal quitte l’IEO et prend le nom de « Centre Provençal de Culture Occitane ». Il explique publiquement les raisons de cette rupture dans une feuille intitulée « Occitanisme et Marxisme, une mise au point du Centre Provençal de Culture Occitane » (ronéotée, sans date ni signatures) qui réaffirme son « régionalisme humaniste », et s’élève contre la « prétention » de certains occitanistes « d’analyser la situation du Peuple d’Oc dans une optique de lutte des classes et d’établir ainsi une étroite relation entre l’Occitanisme et le Marxisme ».
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Òme de Letras, sòci de la Societat d’Estudis Occitans (SEO), puèi de l’Institut d’Estudis Occitans (IEO), actiu a Marselha al costat de Pèire Roqueta.

Identitat

Formas referencialas

Carbon, Émile (1898-19..)

Elements biografics

Emili Carbon nais lo 29 de mai de 1898 a Agde, filh de Maria Josèp, capitani de long cors, vièlh de 26 ans e de sa molhèr Alengry Idalia Loïsa Marta, sens mestièr, vièlha de 25 ans. Son cabdèt, Rogièr Carbon, participarà a las aventuras editorialas de son ainat. Emili Carbon estúdia al Licèu de Montpelhièr, puèi a la Facultat de Letras e a la Facultat de Drech de Montpelhièr. Licenciat en Letras, presenta una tèsi pel doctorat en sciencias juridicas jol títol « la desavoacion de paternitat ». Marida a Montpelhièr lo 7 de decembre de 1925 Susana Maria Gabrièla Bonnier, auràn tres dròlles.
Los estudis de drech decidisson de son avenir professional, mas es passionat per las Letras. Emili e son fraire fan partida d’una coòrt de joves de la primièra mitat del sègle XX, afogats per la poesia e per la literatura en general, que fondan e animan un fum de revistas literàrias. Veson dins aquelas revistas un mejan de començar una carrièra que farà d’eles d’ « òmes de letras ».
Emili Carbon collabòra a tres revistas de joves a Montpelhièr, çò que provòca aquela passion que lo quitarà pas mai. En 1915, es director de la revista L’Effort des jeunes.
En abrial de 1917, es mandat al 81° Regiment d’Infantariá. Dementre qu’es cimbalièr del regiment, collabòra a La Lanterne de Diogène, jornal bimesadièr dels estudiants de Montpelhièr (n° 1, 1917 – n° 45, junh de 1920). Fusilhièr mitralhaire, son actitud coratjosa li val d’èstre citat a l’òrdre de la Brigada. Es nafrat al combat en setembre de 1918 e decorat de la Crotz de Guèrra ambe estèla de bronze.
Collabòra tanben a Erato, jornal literari e regionalista, organ de l’Associacion regionala dels Liceans, que son fraire n’es l’administrator. Aquela publicacion efemèra – 5 numèros entre genièr e Pascas de 1919 – que son primièr numèro foguèt tirat a mila exemplars, acampa de joves que vendràn de personalitats montpelhierencas. L’associacion Erato organiza tanben de conferéncias, per exemple d’Emili Carbon sus « lo caractèr de las cançons de gèsta e sus Verlaine », e tanben de Rogièr Carbon sus « Renat Bazin e Edmond Rostand ». Cal notar que malgrat son etiqueta « regionalista » cercam de badas un mot occitan dins la publicacion.

Qualques annadas après, Emili Carbon participa activament a la publicacion d’un rar libret antologic : « Les Amitiés languedociennes » (Imp. Firmin e Montane, 83 p., 25,7x 16,7, 1925) illustrat de doas escrinceladuras d’Enric Martin, tèxtes de Paul Valèri, Joan Catel, J.S. Pons, A.J. Tomàs, Enric Bernard, Bernat Larzarius, Joan Cocteau, Joan Camp, Ives Blanc, Paul Castela, Delpont-Delascabras, Enric Chabròl... El meteis i balha de « Prières devant le Christ de Saint-Jean de Perpignan ».
Sas creacions literàrias en francés son eclecticas ; podèm legir un article dins Comoedia (París) del 19 de mai de 1935 : « On crée à Marseille, au « Rideau Gris » une pièce en un acte d’André Gide » ; un roman « Le cordonnet de soie » (ed. Gallimard, coll. Détective, 248 p., 1937). Emili Carbon es coscenarista e dialoguista del filme « Cap au large », sortit lo 25 de setembre de 1942, del realizator Joan-Paul Paulin. Aquel filme de 84 minutas, produch per Francinalp-Fims, foguèt tornat a Gruissan (Aude). En 1953, Emili Carbon collabòra a « La Provence merveilleuse, des légendes chrétiennes aux santons » (Albèrt Detaille) in-4, 145 p., illustrat, ambe un prefaci de Joan Giono).
Quand Lazare de Gerin-Ricard, en 1953, crèa la revista Thalassa a Marselha, convida sos amics e mai que mai los ancians de la Revue de Catalogne a collaborar. Se, a l’origina, la revista bimesadièra a una granda ambicion internacionala e acampa la collaboracion de plumas celèbras, s’aflaquís pro d’aviat e se replega sus Provença. Ven lo luòc de publicacion d’una banda d’amics de joventut dels ideals literaris passits. Emili Carbon – qu’i ten la cronica dramatica – la definirà coma « aquel testimòni dels jorns passats e de nòstra pichòta tropa amistosa que la màger part des sòcis an rejonch l’Ostal del paire, [un testimòni] que cal salvagardar ».(trad.) La revista desapareis en 1965.

Emili Carbon es fach Chivalièr de la Legion d’Onor lo 21 de mai de 1952, alara que Pèire Roqueta recep la Cigala de majoral e la distincion d’Oficièr d’Academia. Las organizacions organisatrises son Lo Centre Provençal de l’IEO, los grops felibrencs e provençals de Marselha e lo movement federalista « La Fédéracion » de Marselha.
Emili Carbon ensenha un cort moment al licèu de Montpelhièr. Puèi farà director de la « Caisse d’Epargne ».Probable qu’es per de rasons professionalas que quita Montpelhièr per Marselha ont ven director d’una societat « d’habitations à Bon Marché » cap a 1930. I deguèt far carrièra, que, en 1968, una de sas letras pòrta per entèsta : « Société anonyme régionale d’habitations à loyers modérés de Marseille, siège social : 21 rue Maréchal Fayolle ».

Engatjament dins la renaissença d’Òc

Per l’estat actual de nòstra documentacion, l’engatjament occitanista d’Emili Carbon sembla estrechament ligat a son amistat ambe un actor màger de la causa d’òc en Provença, Pèire Roqueta. D’efièch a Marselha, s’amistança durablament ambe aquel avocat, òme de letras e occitanista, qu’anima la revista La Coupo (21 numèros entre febrièr de 1918 e octobre de 1919). Emili Carbon participa a totas las iniciativas d’aquel òme per la causa occitana.
En 1926, se tròba còsta Pèire Roqueta per la creacion de las Amitiés méditerranéennes, a Marselha que s’interèssan a la vida e la cultura catalanas e recampan de personalitats coma lo compositor Pèire G. Bourgoin, l’ellenista Guastalla, lo pintre Valèri Bernard, eca... en ligason ambe la Fundació Bernat Metge, l’equivalent catalan de l’Associacion francesa Guillaume Budé, per la traduccion, l’edicion e la promocion des classics greco-romans. Pèire Roqueta e lo director de la Fundació Bernat Metge, Joan Estelrich, se rescontran a Barcelona e crèan una revista en lenga francesa per far conéisser la cultura catalana en Euròpa, ambe la collaboracion d’òmes de letras e d’artistas catalans e franceses, e l’ajuda financièra de Francesc Cambó, òme d’afars, mecènas e òme politic catalan màger. Atal espelís lo 25 de març de 1929, a Marselha La Revue de Catalogne. Pèire Roqueta n’es lo director literari ambe l’ajuda de sos amics de las Amitiés Méditerranéennes : Emili Carbon per cap-redactor, Renat Guastalla, administrator, Rogièr Carbon e Lazare Gérin-Ricard, secretaris de redaccion. Malgrat la qualitat del contengut e lo sosten financièr del mecènas, la parucion de la revista s’arrèsta après son cinquen numèro (1° d’agost de 1929) per manca d’abonats.

Emili Carbon a pas daissat una òbra escricha en provençal. A títol anecdotic, senhalem qu’a dedicat a son amic un poèma en provençal e en grafia mistralenca : « Dins nostre cami » tres quatrens, « Per lou Peire, ambe moun affecioun », datats de Marselha lo 1/1/1938. S’explica : « Excuse-moi de te répondre dans la langue des conquérants, mais si je peux parler la nôtre sans trop de ridicule, je ne la possède malheureusement pas assez pour y mouler ma pensée en l’écrivant ». (2/05/1939) Dins aquela letra ditz aver pas la « flamme dévoratrice » de son amic, mas se ditz « patriote provençal » e jutja « intéressantes » las proposicions de Robèrt Fabre-Luce per la creacion « d’un mouvement de néo-provincialisme » – pròche del separatisme – desvolopadas dins lo Marseille-Matin del 3 o 4 de mai de 1939. Los fraires Carbon son sòcis de la Societat d’Estudis Occitans (SEO), fondada en 1930 e reviscolada en 1939 pel Catalan en exili Josep Carbonell. A aquela data, Emili fa partida de la delegacion de la SEO de Marselha, còsta Emili Bodin, Carles Camprós, Antòni Cònio, Paul Eissavèl, Jòrgi Rebol, Paul Ricard e Pèire-Joan Rodin (Pèire Roqueta). Son nom « Emili Carbon, doctor en Droit » (sic) figura dins la tièra dels membres del Conselh d’Administracion sul papièr a letras de la SEO en 1939.

A la Liberacion, es fondat a Tolosa l’Institut d’Estudis Occitans que prendrà la seguida de la SEO. Quand Pèire Roqueta crèa a Marselha sa seccion provençala, lo Centre Provençal de l’IEO, Emili Carbon lo rejonh. Dins las annadas 1945-1950, alara que Pèire Roqueta balha de corses publics setmanièrs de provençal e de parlicadas a Ràdio-Provença, Emili Carbon, qualificat d’ « animator incomparable » fonda un Cercle Occitan, ambe una formula d’aperitius literaris setmanièrs, en participant al cicle de las « Òbras racontadas » (Mistral e Mirèlha, Calendau, per exemple). Balha tanben conferéncias e debats, per exemple sus l’òbra poetica de Renat Nelli lo 13 d’abrial de 1953, una introduccion a l’Art Roman dins lo cicle medieval en 1960-61, una conferéncia sus Manolo Hugué a la « Maison Gasconne » en febrièr de 1978... Lo centre se vòl un fogal de cultura umanista, provençal mas tanben dubèrt a tota l’Occitània, Catalonha compresa, embraçant totes los aspèctes de la cultura. Es tanben un luòc de difusion de las idèas regionalistas e de debats. Atal fa un expausat lo 12 de genièr de 1953 sul Neo-regionalisme qu’es seguit de debats e un autre intitulat : « Qu’est-ce que l’Occitanisme ? » al Fogal Massalia dins las annadas 1970.

Pendent mantun decenni, Emili Carbon es donc un pròche collaborator de Pèire Roqueta. Es sòci del Conselh d’Administracion del Centre Provençal, atal coma Amedèu Muset, professor d’espanhòl e Mme Maïte Pin-Dabadie, femna de letras que parteja sa vida entre Banhèras de Bigòrra e Marselha. N’es, un temps, lo vicepresident e es per aquesta rason que presenta lo conferencièr Ròbèrt Lafont vengut parlar de « La miugrana entredubèrta » lo 14 d’octobre de 1960. Es abonat a Òc e a las Annales de l’IEO e participa financièrament a la Causa, es en mai membre del Conselh d’Estudis de l’IEO (veire las tièras de 1947, 1949 e 1962). Collabòra a L’Ase negre, organ occitanista mesadièr, successor d’Occitania, fondat pel trio Robèrt Lafont, Leon Còrdas e Elena Cabanas en 1946. Es atal qu’escriu un editorial en primièra pagina del numèro 7 de febrièr-març de 1947, « Faire Province ». En 1955, participa ambe Pèire Roqueta, Pèire-Loís Berthaud, Robèrt Lafont e un cèrt Gerard (que son pichon nom es desconegut) al projècte – que farà meuca – de la publicacion : »Presentation de la Provence » que deviá realizar l’IEO. Aquela iniciativa seguissiá la parucion l’annada d’abans de la brocadura « Presentation du Languedoc » qu’i participèron Carles Camprós, Max Roqueta, Robèrt Lafont, Max Allier, Leon Còrdas... ambe un prefaci de Joan Cassou.

En 1963, ven de prene la retirada quand legís dins Òc la debuta del roman de Joan Bodon « Lo libre dels grands jorns » que l’impressiona favorablament : « J’admire non sans quelque nostalgie ces jeunes » e constata ambe tristesa, que, per el, « il est un écrivain mort jeune ». (Corr. del 13/08/1963 adreiçada a Pèire Roqueta).
Dins la pontannada 1960-1970, la question de la regionalizacion anima los debats publics qu’i participa lo Centre Provençal. Dins lo selhatge de mai de 1968, ambe l’arribada d’una novèla generacion de militants, lo movement occitan se radicaliza. Aquela evolucion agrada pas al Conselh d’Administracion del Centre Provençal ( que Carbon ne fa partida), partisan d’un regionalisme umanista. Lo Centre Provençal quita l’IEO e pren lo nom de Centre Provençal de Culture Occitane. Explica publicament las rasons d’aquela separacion dins un fuèlh titolat : « Occitanisme et Marxisme, une mise au point du Centre Provençal de Culture Occitane » (roneotat, sens data ni signaturas) qu’afortís son « regionalisme umanista » e s’aubora contra la « pretencion » d’unes occitanistas « d’analisar la situacion del Pòble d’Òc ambe una optica de lucha de las classas e d’establir atal una relacion estrecha entre l’Occitanisme e lo Marxisme ».

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Sources et références :

- site Le Bibliophile Languedocien : http://bibliophilelanguedocien.blogspot.fr/ (11/04/2012) ; Correspondance avec Guy Barral (décembre 2013) ;
- Archives de Pierre Rouquette (26 correspondances d’Emile Carbon adressées à Pierre Rouquette entre le 01/01/1938 et le 10/10/1980).
- Livre d’or du Lycée de Montpellier, 1914-1918, publié en 1927 : liste des élèves ou anciens élèves du lycée tués ou blessés à la guerre. Disponible à la BMVR de Montpellier.
- Revues ou périodiques consultés : La Revue de Catalogne, L'Ase Negre, Thalassa.
- Registre matricule 1829 de la classe 1913, Montpellier, AD 34.
Iconographie :
- Portrait d'Émile Carbon paru dans L’Effort des Jeunes n° 24 par André Dupin.
- Photo dans l’Anthologie des Jeunes (information communiquée par Guy Barral).

Publications d'Émile Carbon :

À Montpellier, Émile Carbon a participé aux revues ou anthologies suivantes (informations de Guy Barral) :
La Vie Montpelliéraine (fondée en 1894), en 1920 et 1922 ; 
L'Effort des jeunes (1915), dans les N° 13, 14, 15, 16, 17, 20, 21, 22, 23, 24, 25 ;
L’Anthologie des jeunes ;
- 81ème Poil... et Plume, n° 11, Janvier 19181 ;
- La Lanterne de Diogène, Organe bimensuel des étudiants de Montpellier (1917) ;
- Midi-Gazette : hebdomadaire régionaliste d'informations mondaines, littéraires, artistiques, théâtrales, sportives, 1918 ;
- Erato, revue littéraire et régionaliste, 1919 ;
- Les Amitiés languedociennes (1924).
- Collaborateur épisodique de Septimanie de Duplessis de Pouzilhac autour de 1925.

À Marseille :
- La Revue de Catalogne (disponible à Perpignan, archives Grando, Bibliothèque universitaire) : n° 1, mars 1929, chronique ; n° 2, avril 1929, chronique : « Corollaires » ; n° 3, mai-juin 1929, chronique  Choses littéraires : « Position d’un jeune clerc provincial » ; n° 5, août 1929, chronique Choses littéraires : « À propos des Enfants Terribles ».

Autres œuvres publiées :
- Le poème à l’ami mort, Lyon, Impressions des deux collines, 1919.
- « On crée, à Marseille, au "Rideau Gris" une pièce en un acte d’André Gide », Comoedia, 19 mai 1935.
- Le cordonnet de soie, roman, Gallimard, collection « Détective », 248 p., 1937.
- Émile Carbon est le scénariste et le dialoguiste du film Cap au large, 1942, du réalisateur Jean-Paul Paulin, Francinalp-Films.
- Co-auteur de La Provence merveilleuse, des légendes chrétiennes aux santons, 1953, Albert Detaille, in-4, 145 p., illustré, préface de Jean Giono. (auteurs : Fernand Benoît, Albert Detaille, Marius Ganay (prêtre), Émile Carbon, Bruno Durand, A. Bouyala d’Arnaud, H. Rolland, J. de Flandreysy , Marius Provence, Émile Ripert, Émile Isnard…. Illustrateurs : Vic-Daumas, David Dellepiane).

1.Note de Guy Barral : « Poil et Plume : c'est une astuce désignant les POILus qui écrivent. Le 81ème, c'est le régiment de Montpellier qui était en garnison cours Gambetta) »
Indications portées sur la revue : « Gaz...ette inoffensive et intermittente publiée SGDMB [Sans Garantie Des Marmites Boches] - Devise : Vivo lou Clapas puis au n°3 : Vivo lou miejour - Sous titre : Poil des rudes lapins, Plume des joyeux coquins du 81me Régiment d'Infanterie. Avis : Il est dangereux de lire le journal entre les lignes. Abonnement : définitif pour la durée de la guerre, 20 F - Adresse : Caporal Gabriel BOISSY, à la C.H.R. du 81ème Régiment d'Infanterie. Gérant : Gabriel Boissy. Imprimerie : Mistral, à Cavaillon. Format : 45 x 27 cm. N°1, mai 1916 - N° 15 et dernier, janvier 1919. Le n°4 et le dernier numéro, titre rouge, sont distribués gratuitement pour fêter la croix de guerre du Régiment et, bien sûr, la victoire.» Cote BMM : 1283

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Marguerite Perre, professeur privée de piano d’Avignon et amie de l’occitaniste marseillais Pierre Rouquette avec lequel elle partage en particulier un catalanisme militant.

Identité

Formes référentielles

Perre, Margueritte

Engagements dans la renaissance d'oc

Marguerite Perre est l’élève de Blanche Selva, musicienne réputée, disciple et amie de Vincent d’Indy et de Deodat de Séverac qui lui fait partager ses idées régionalistes, car elle se dit « catalane de race » et vit de 1926 à 1936 à Barcelone.
Marguerite Perre est présente à la Journée musicale en l’honneur de Blanche Selva qui a lieu le 30 août 1926. Cette manifestation, à laquelle participent de nombreux élèves professeurs venus de pays divers, est une démonstration de l’enseignement de Blanche Selva dans son domaine du Mas del Sol, près de Brive (école d’été auquel Melle Perre a peut-être participé), suivie d’un concert au théâtre de Brive. Cette journée fait partie des manifestations demandées par la municipalité de Brive, en accord avec la Fédération Régionaliste de France, à l’occasion de son Congrès régional à Brive (28 août- 3 septembre).

En 1934, elle effectue un voyage à Barcelone. À l’Académie de Musique elle rencontre Joan Llongueres, une connaissance de Pierre Rouquette. Avec ce dernier, elle envisage l’année suivante de réaliser « une traduction du catalan au français du livre de Blanche Selva sur les Sonates de Beethoven ».

En 1939, elle se repose à St Barthélémy-le-Pin (Ardèche). Elle lit alors La Legenda d’Esclarmonda. Cette œuvre en occitan de Valèri Bernard, (publiée en 1936 par la Societat d’Estudis Occitans et imprimé à Barcelone par l’Oficina de Relacions Meridionals de Josep Carbonell), l’« emballe beaucoup ».

Lorsque Pierre Rouquette organise en 1938 à Marseille le Comité de Secours aux Intellectuels Catalans, Marguerite Perre participe à l’œuvre. Elle donne son obole, puis logera à son domicile en Avignon, 15, rue Banasterie, entre 1940 et 1942, le sculpteur catalan en exil Enric Casanovas (1882-1948). En effet, Pierre Rouquette accueille des intellectuels républicains qui ont fui la dictature de Franco ; il leur sert de boîte aux lettres et centralise les informations de la communauté dispersée. Ainsi le poète Carles Riba et sa famille sont logés un temps à Marseille chez les demoiselles Tellier et Guiot. Grâce à Pierre Rouquette, Marguerite Perre fait ainsi la connaissance d’intellectuels catalans, comme Francesc Trabal. Josep Pous i Pagés ou Carles Riba. Elle gardera contact avec certains ou demandera de leurs nouvelles.

Louis Gros, provençaliste et imprimeur typographe chez Aubanel à Avignon, écrit à son ami Pierre Rouquette le 29 décembre 1941 : « ai travaia a uno charradisso que Mademisello Perro me demandavo per un groupamen souciau feminin ». Nous n’en savons pas plus. Cette information pourrait suggérer de la part de la musicienne un engagement civique.

Pierre Rouquette, qui a animé une section provençale de la Societat d’Estudis Occitans (SEO) avant la guerre, fonde et dirige à la Libération le Centre d’Etudes Provençales du nouvel Institut d’Estudis Occitans (IEO) plus tard appelé Centre Provençal d’Etudes Occitanes. Il conçoit le Centre comme une institution de caractère universitaire fédérant des groupes d’études provençales dans les domaines les plus divers : langue occitane d’abord, mais aussi histoire, civilisation, droit, art, musique, folklore… destinée à donner corps à une culture occitane globale porteuse d’avenir, en s’inspirant de l’exemple de la Catalogne. Dans cet esprit, il a le projet d’un « Concert de musique occitane, par Marguerite Perre », parmi les manifestations prévues par le Centre Provençal pour l’année scolaire 1945-46. Le secrétaire général de l’IEO, Ismaël Girard, dans sa présentation de l’IEO rédigée le 29 octobre 1945 (7 pages multicopiées), fait état du projet.

La correspondance avec Pierre Rouquette nous informe par ailleurs de deux interventions de la musicienne en 1945. Elle illustre au piano une conférence sur Chopin. En 1945 elle participe à la fête provençalo-catalane qui a lieu à Saint-Rémy le dimanche 30 décembre. Cette manifestation de fraternité est organisée par le peintre catalan réfugié Franch-Clapers. La professeure de musique y interprète notamment des sardanes et dirige une chorale d’enfants chantant des chants provençaux (pour cela elle sollicite Pierre Rouquette pour qu’il traduise certains chants du catalan en provençal).

Le projet musical prévu en 1945 se concrétise deux ans plus tard par un « Récital de Piano donné par Mademoiselle Marguerite Perre, le Mardi 6 Mai 1947, 15 Rue Edouard-Delanglade, Marseille » sous l’égide de l’ «IEO Centre Prouvençau ». Le récital fait la part belle à Vincent d’Indy, tandis que Lluis Millet, Joan Manen, J. Garreta, Enric Morera, Olivier Messiaen (né à Avignon en 1908), Déodat de Séverac, Gabriel Fauré et Emmanuel Chabrier complètent cette soirée régionaliste.

En dépit de la minceur des sources - essentiellement la correspondance reçue par Pierre Rouquette – s’esquisse le portrait d’une musicienne régionaliste, femme de progrès, qui apporta sa contribution à la vie culturelle occitane.

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- « Vincent d’Indy, chantre du Vivarais », texte mécanographié de 10 pages, article de MP pour la revue marseillaise Méditerranée (1946)

- programme du « Récital de piano donné par Mademoiselle Marguerite Perre, le 6 mai 1947 » sous l’égide de l’IEO

- musicologie.org pour la biographie de Blanche Selva]]>
France Karine, est professeure privée de musique, diplômée de l’École Normale de Musique de Paris. Son nom d’artiste est Mytyl Fraggi.
Proche des Amis du bulletin Occitania en 1938-1939, elle est ensuite membre du Centre Provençal de Culture Occitane (section de l’IEO) à partir de 1945.

Identité

Formes référentielles

Karine, France

Autres formes connues

- Mytyl Fraggi (pseudonyme)

Engagements dans la renaissance d'oc

En 1938, France Karine participe à la Deuxième concentration de Culture et de Fraternité Provençales, qui se tient à l’« Auberjo de Jouinesso de Marsiho-Alau », à Allauch, Place Pierre Bellot, du samedi 17 septembre au samedi 24. Cette réunion est organisée par Jorgi Reboul, Père aubergiste, fondateur (le 26 septembre 1936) et animateur de l’Auberge de Jeunesse, affiliée au Centre Laïque des Auberges de Jeunesse.
Le vendredi 22 septembre, à la suite de l’excursion en car à la Sainte-Baume, est proposée une « Veillée sur la Terrasse : La Musique et le Peuple, par FRANCE KARINE, Directrice de la Chorale Populaire. Audition de disques ».

France Karine participe également à l’animation de la Troisième concentration de Culture et de Fraternité Provençales. Pâques 1939, du samedi 8 au mardi 11 avril, qui est en même temps le Congrès organisé par le journal Occitania.

France Karine, directrice de la Chorale Populaire, appartient au milieu progressiste des intellectuels et artistes marseillais. Sa participation aux rencontres d’Allauch prouve une sensibilité provençale, voire un engagement occitaniste. Elle a sans doute participé au Comité d’Aide aux Intellectuels Catalans, fondé à Marseille le 7 avril 1938 par Pierre Rouquette et Jorgi Reboul car son nom figure sur la liste manuscrite établie par Pierre Rouquette des personnes à inviter à la réunion du Comité du 30 août 1938 au domicile de Jorgi Reboul, sans que nous ayons la certitude de sa participation.

À la Libération, France Karine dirige la Chorale du Front National et fait partie de l’Union Nationale des Intellectuels – UNI –, structure unitaire fondée à la Libération, encadrant les activités culturelles. Pierre Rouquette, qui a animé à Marseille une active section de la Societat d’Estudis Occitans (SEO) avant la seconde guerre mondiale, fonde et préside le Centre Provençal de l’Institut d’Estudis Occitans, (qui deviendra autonome dans les années 70, quand la section régionale de l’IEO sera assumée par lo Calen). L’assemblée constitutive a lieu le dimanche 14 octobre 1945 dans les salons de l’UNI, 15 rue Edouard Delanglade. Le président sollicite alors France Karine pour que la Chorale se produise à la séance inaugurale en interprétant des chants occitans, choisis par lui, et qu’elle doit apprendre à ses choristes. Ainsi Coupo Santo (à 4 voix), Lou Bastimen, Lou Renegat (Jan de Fonfaron) ont dû faire partie du répertoire le 15 novembre. France Karine et sa chorale interviendront pour d’autres manifestations du Centre Provençal, ainsi le 19 février 1946 pour la causerie de Pierre Rouquette sur les « Noëls de Saboly ».

France Karine est l’épouse d’Alexandre Jouvène, qui tient une galerie Tableaux anciens et modernes à Marseille, Expert près les tribunaux et les Cies d’Assurance. Comme France Karine, Alexandre Jouvène est affilié au Centre Provençal de l’IEO à son origine : c’est lui qui a envoyé – et non le Président Pierre Rouquette empêché par la grippe - l’invitation à l’Assemblée constitutive du Centre pour le 14 octobre 1945, signée par « un membre de la Commission », Alexandre Jouvène, sur papier à en-tête « Tableaux anciens et modernes Alexandre Jouvène ». En l’état actuel de la documentation, nous ignorons si l’engagement occitaniste du couple s’est poursuivi.

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- Occitania, Toulouse, n°32 (décembre 1936), n°38 (décembre 1937), n°45 (janvier 1939)]]>
]]> Lazarine Nègre est née à Manosque (aujourd’hui Alpes de Haute Provence) en 1848, dans une famille de paysans pauvres et illettrés, républicains.

Identité

Formes référentielles

Lazarino de Manosco (pseudonyme ; forme référentielle occitane) = Lazarine de Manosque (psseudonyme ; forme référentielle française)

Autres formes connues

< Nègre, Madeleine Lazarine (forme complète d'état civil)

Éléments biographiques

Sa mère était à sa naissance la Citoyenne Marianne Bonéti et le surnom de son père Lazare, Mirabeau, fait foi de ces opinions révolutionnaires.
Elle va à l’école chez les sœurs où elle apprend le français.    Elle accepte de se marier à 15 ans, parce que ses parents lui demandent son avis, avec Antoine Eugène Pourcin, son ainé de 15 ans, qui considère sa femme comme son valet.
Elle place alors son espoir dans le désir d’être mère, mais son seul enfant meurt en bas âge. Sa misère et ce deuil cruel la poussent à écrire, d’abord en français, puis en provençal. Divorcée dès que la loi le permet à nouveau, elle devient volaillère à Marseille, au marché des Capucins, aidée par sa sœur qui a eu un enfant hors mariage qu’elles élèveront ensemble.
Elle meurt en 1899, après s’être retirée avec sa sœur dans sa Villa Magali sans être retournée à Manosque où elle avait d’abord envisagé de passer sa retraite. Elle fut redécouverte par Claire Frédéric, alors journaliste à La Marseillaise, en 1986.

Engagements dans la renaissance d’oc

D’après sa correspondance, le goût pour le provençal lui est (re)venu en écoutant à Marseille les prêches du père Xavier de Fourvière à l’église Saint Laurent. Sa correspondance avec Frédéric Mistral et Paul Arène témoigne d’une grande franchise et d’une grande liberté de ton. Elle était membre du Félibrige et a soutenu auprès de Mistral, notamment en matière de graphie, les jeunes rédacteurs de La Sartan qu’elle recevait chez elle.
En 1903, sa sœur fera publier ses écrits parus en revues et ses lettres avec une préface d’Élzéar Rougier.

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- L’Aiòli, 07 novembre 1899

- L’araire, journau dei bastido e dei cabanouns, Marseille, 26 février 1938

- BONIFASSI, Georges. La presse régionale de Provence en langue d’oc, des origines à 1914. Presses de l’Université Paris Sorbonne, 2003, 393 p.

- CLAIRE Frédéric; Une femme émancipée au XIXe siècle : Lazarine de Manosque. [Les] Alpes de lumière, Mane (Salagon, 04300), 1986, n°93,- 64 p. ill. ; 21 cm



- LAZARINO DE MANOSCO. Li Remembranço, prose et poésies, préface d’Élzéar Rougier. Marseille, Ruat, 1903, en ligne sur Ciel d’Oc

- LAZARINO DE MANOSCO, Les souvenirs, trad. de René Limouzin, Jacques Reynaud et Gilbert Touvat ; revue et annotée par Jean-Yves Royer ; avec une préf. par Claire Frédéric / Manosque : Association Manosquine de Recherches Historiques et Naturelles, 2007
 
- MARTEL, Philippe. Les gauches félibréennes. Jean Jaurès Cahiers trimestriels, Clamecy, Nouvelle Imprimerie Laballery, N° 152, Avril Juin 1999

- MAZEL (docteur) [Louis-Bard Félibre de Nîmes]. La Primo a Dono Lazarino de Manosco. Mémoires de L’Académie de Nîmes, Nîmes, Chastanier, 1899, VII série T XXII, p 276. Disponible sur Gallica.

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