Frédéric-Joseph-Etienne (état civil) Frédéric Mistral, Frederi Mistral, Mistrau. Prononciation maillanaise héritée [mistR'ä]. Pseudonymes : Ambròsi Boufarèu, Felibre dou Mas, Felbre de Bello Visto, Mestre Franc, Gui de Mountpavoun, Cascarelet, Felibre Calu, Un Maianen, Cousinié Macàri, Michèu Gai, F. M....
Né le 8 septembre 1830 à Maillane ( Bouches du Rhône), mort à Maillane le 25 mars 1914. Fils de François Mistral (1771-1855) et Adélaïde Poullinet (1803-1883). Epoux de Marie Rivière (1857-1943), sans postérité légitime.
Son père est « ménager », paysan propriétaire aisé (une vingtaine d'hectares). Fils cadet, et d'un second lit, Mistral devra compter, au décès de son père, avec ses cohéritiers, son demi- frère Louis et les enfants de sa demi-sœur Marie. Il est donc tôt orienté vers des études susceptibles de lui fournir une profession hors agriculture, études couronnées par un baccalauréat (1847) et une licence en droit obtenue à Aix en Provence (1851). Mais son statut social jusqu'à sa mort est celui d'un rentier vivant du revenu des terres dont il a hérité (dans une zone de cultures maraichères orientées vers le marché national, ce qui n'est pas rien), de ses droits d'auteur (réguliers, au moins pour Mirèio), et de ses prix littéraires, souvent réinvestis au service de la cause félibréenne.
Son implication dans la vie politique se limite à sa participation régulière au conseil municipal de Maillane, sa commune de résidence (même s'il ne manque aucune occasion de s'en éloigner pour des voyages plus ou moins lointains, contrairement au cliché de l'homme enraciné courant chez ses biographes). Il s'est toujours refusé à se présenter à d'autres élections, bien qu'ayant été plusieurs fois sollicité, à droite comme à gauche. Quant à ses opinions politiques, elles sont variables, c'est le moins qu'on puisse dire : républicain « avancé » en 1848 et au cours de ses études à Aix, il est séduit par le bonapartiste « libéral » Emile Ollivier en 1869 avant de l'être par le Prétendant Henri V, puis par le Général Boulanger. Sollicité par Charles Maurras, il adhère en 1899 à la Ligue de la Patrie Française et le regrette assez vite. Le seul point commun entre ces sympathies successives, c'est qu'il s'agit à chaque fois d'un parti ou d'un homme politique qui parle de décentralisation – et comme tous les partis, à un moment ou à un autre en parlent – du moins quand ils ne sont pas au pouvoir...
L'importance de cette action est proprement incalculable. Il s'agit bel et bien pour lui de l'engagement de toute une vie aussi bien au service de l'écriture que de la langue d'oc, sa langue maternelle (l'idée qu'il ait « fini par penser en provençal », comme s'il avait préalablement appris à penser en français est largement contestable, quoique due au linguiste Albert Dauzat).
Ses premiers essais écrits en cette langue sont précoces (pré-adolescence), et, si à un moment, vers vingt ans, il s'essaie à la poésie en français (en particulier, mais pas seulement, pour des poèmes politiques), il y renonce assez vite. En dehors de quelques vers que cite Roumanille dans son premier recueil Li Margarideto de 1847, on peut considérer que Mistral publie ses premiers poèmes en oc dans le journal La Commune (Avignon) en 1851, puis dans le recueil collectif Li Prouvençalo de 1852, dans lequel figurent par ailleurs la plupart de ceux qui deux ans plus tard vont fonder le Félibrige, le 21 mai 1854 selon le récit popularisé depuis. Il s'agit en fait de l'aboutissement d'un processus entamé auparavant, et de la formalisation de l'existence d'un groupe de jeunes écrivains d'oc regroupés autour de Roumanille ; Mistral est dès le départ le co-animateur de ce groupe : c'est avec son aide que Roumanille met définitivement au point une orthographe nouvelle pour le provençal, non sans débats assez âpres avec un Mistral qui dès le départ manifeste une connaissance de la langue et de l'histoire de sa littérature assez profonde. Parallèlement à la rédaction de son premier grand poème Mirèio (si on ne compte pas l'essai représenté par Li meissoun de 1848, publiées bien plus tard) Mistral intervient de façon intensive, par ses propres œuvres comme par ses corrections des textes des autres dans les premiers Armana Prouvençau (dès celui pour l'année 1855), destinés à publier régulièrement et à faire connaître les productions de la nouvelle école.
Mais à ses débuts, le Félibrige n'est guère plus qu'un petit cénacle avignonnais, pesant peu face aux Troubaires marseillais par exemple. Tout change en 1859, quand paraît Mirèio. Mirèio correspond à un double pari de Mistral. D'abord affirmer la capacité de la langue d'oc à affronter tous les registres, en produisant un poème de douze chants placé sus le signe d'Homère, en rupture avec le ton familier et « populaire » affecté jusque-là par la plupart des écrivains d'oc de son temps, Jasmin compris. Poème accompagné de notes copieuses dont une qui constitue un véritable manifeste faisant de la littérature provençale telle que la voit l'auteur l'outil du renouveau de la littérature française dans son ensemble. Second pari, lié au précédent : sortir du seul cadre provincial (perçu par Mistral comme étriqué et suiviste) pour obtenir une reconnaissance parisienne, puisque c'est à Paris que se font les réputations littéraires. En apparence, le pari est gagné : salué par Lamartine et une bonne partie de la critique nationale, le poème connaît un grand succès sanctionné par plusieurs rééditions parisiennes les années suivantes (quatre entre 1860 et 1870). Succès qui masque en réalité le fait que pour les critiques, le poème vaut par son côté « charmant, rustique » pour reprendre les adjectifs les plus utilisés, et pittoresque, et se voit utilisé contre les nouvelles tendances littéraires du temps (notamment Baudelaire). Par ailleurs, le choix linguistique de Mistral n'est absolument pas compris, et personne ne croit vraiment qu'il puisse exister une littérature provençale valant la peine d'être lue. De fait, si Mistral encourage ses amis -Aubanel, Roumieux... à profiter de son succès pour lancer leurs propres ouvrages, leur écho est infiniment moindre, ce qui constitue un premier mauvais signe. Certes, sur place, l'effet Mirèio permet au Félibrige de faire un certain nombre de recrues, en Provence comme en Languedoc oriental.
Face à cet élargissement géographique, il faut bien que le Félibrige, jusque-là groupe informel de jeunes amis, se structure un peu mieux. C'est Mistral qui élabore les premiers statuts en 1862, afin de fournir cette structure, et permettre l'essor d'une littérature d'oc dont il estime possible l'intégration sans problème au champ littéraire national. Ces premiers statuts, très restrictifs (cinquante « félibres » cooptés à vie) et bâtis sur le modèle de l'Institut de France avec des sections spécialisées (poésie, sciences, arts, histoire...) ont l'ambition de servir de point de ralliement à tous les intellectuels et artistes du Midi de la France -fort peu en réalité se montrent intéressés, ce qui est aussi un mauvais signe. Le début des années 1860 est aussi le moment de la rencontre avec la Renaixença catalane, notamment le poète, historien et militant politique « libéral » Victor Balaguer. Ces contacts amènent Mistral à envisager la possibilité d'un élargissement de l'action du Félibrige, en passant de la simple revendication linguistique et littéraire à une revendication plus directement politique, autour du thème du fédéralisme -un fédéralisme que Mistral envisage à l'échelle européenne -moyen de dépasser le clivage nord-sud interne à la France. Cela dit, les contours de ce fédéralisme restent flous, et exprimés surtout dans des correspondances avec des interlocuteurs choisis (et rares), ou dans des poèmes allégoriques. En 1864, l'opéra Mireille de Gounod réveille l'intérêt parisien pour Mistral, qui peut donc continuer à croire au succès de sa stratégie.
Le réveil sera brutal : en 1867 Mistral repart pour Paris avec son second poème, Calendau, qui se veut d'une certaine manière une épopée « nationale », mettant en scène un jeune homme du peuple libérant une princesse opprimée, sur fond de description de la Provence intérieure, et à grand renfort, là encore, de notes érudites constituant une sorte de manuel de culture provençale. À peu près au même moment, il publie aussi un poème court, « la Coumtesso », allégorie dans laquelle une comtesse (la Provence) est enfermée dans un couvent par sa méchante sœur. Mais un jour, les jeunes vaillants du pays viendront délivrer la prisonnière, et pendre l'abbesse (pas la méchante sœur) aux grilles de son couvent. Or, l'accueil des critiques est plutôt froid. En dehors du fait qu’'ils ne comprennent toujours pas pourquoi Mistral n'écrit pas en français, certains d'entre eux (ceux qui ont entendu parler de la Coumtesso, comme Zola) croient discerner dans ses vers des pensées dangereuses pour l'unité nationale. En 1868, un ouvrage d'un ex-ami de Mistral, Eugène Garcin, Français du Nord et du Midi, confirme cette impression en accusant tout bonnement Mistral de tentations séparatistes (et, par ailleurs, réactionnaires). L'échec de Calendau (qui ne sera réédité que vingt ans plus tard) et cette polémique prennent Mistral au dépourvu.
S'il entrevoit, après coup, ce qu'ont été les limites de son succès de 1859, il ne voit pas que ses idées politiques supposées, bien vagues de toute façon, sont manipulées dans un débat interne à la gauche républicaine. Ce débat, assez vif sous le Second Empire, oppose ceux qui considèrent que la République doit centraliser face au péril de dissidences locales de type vendéen, et ceux qui considèrent au contraire que la centralisation dite « jacobine », n'est rien d'autre que le retour au cœur du processus révolutionnaire d'un héritage d'Ancien Régime recyclé au profit de la bourgeoisie (c'est la position de Quinet et de son disciple, Xavier de Ricard, qui la défendra dix ans plus tard à l'intérieur du Félibrige « rouge »). Mistral peut être un temps rassuré par le développement des rapports avec les catalanistes, qui l'invitent à Barcelone en mai 1868 avant d'envoyer une délégation aux grandes fêtes de Saint-Rémy en septembre, mais une révolution en Espagne (automne 68), suivie de troubles assez graves aboutit à ce que ces rapports se distendent, laissant le Maillanais seul avec ses déceptions, renforcées encore par des problèmes intimes. Politiquement, il met un temps ses espoirs dans le dernier premier ministre de Napoléon III, le Marseillais Emile Ollivier, ex-républicain devenu bonapartiste « libéral » qui annonce des réformes décentralisatrices. La guerre de 1870, puis la Commune, accentuent le virage à droite de Mistral, qui se prend alors à espérer, comme son ami Roumanille, une restauration monarchique, qui, croit-il, amènerait le retour aux vieilles provinces.
Durant ces années de désarroi confinant à la dépression, sa production littéraire est au plus bas, seule l'élaboration de son dictionnaire le mobilisant encore un peu (Le Tresor dou Felibrige commence à paraître en fascicules à partir de 1878). Mistral reprend pied peu à peu, cependant. Il participe activement à un certain nombre de grandes fêtes couplées avec des concours littéraires en langue d'oc (Cinquième centenaire de la mort de Pétrarque en 1874, inauguration de la chapelle à Notre-Dame de Provence à Forcalquier, et concours de philologie de la Société pour l'Étude des langues romanes de Montpellier en 1875). La même année paraît la première édition de son recueil lyrique Lis Isclo d'or. En 1876, il se marie, quelques mois après avoir doté le Félibrige de ses seconds statuts, correspondant en gros à ceux actuellement en vigueur. Plus question de bâtir une académie à l'échelle de l'ensemble de l'intelligentsia méridionale : si subsiste un Consistoire de cinquante Majoraux couronné par un Capoulié (Mistral jusqu'en 1888), l'accent est mis désormais sur le recrutement de manteneires, autrement dit de sympathisants de la cause de la langue, faisant surtout office de figurants souvent éphémères... Si, dans une France en proie au repli nationaliste il n'est plus question de parler d'un fédéralisme européen qui donnerait une place à la Nation provençale, Mistral se rabat sur une Idée Latine prônant l'union, autour de la France (et de son Midi) des grands peuples « romans » du sud de l'Europe : les grandes Fêtes Latines organisées à Montpellier (par les félibres de la Société pour l'Etude des langues romanes) en 1878 voient ainsi couronné un poète roumain, Vasile Alecsandri, qui se trouve être par ailleurs un homme politique important dans son pays. Cela n'ira au demeurant jamais bien loin. Et à peu près au même moment, une grave crise interne au Félibrige combinée à de nouvelles accusations de séparatisme dans la presse républicaine parisienne (cachant en fait une simple dénonciation des amitiés monarchistes des leaders du Félibrige) amène Mistral, une nouvelle fois, à en rabattre sur ses ambitions.
Mistral se concentre alors d'une part sur la direction du Félibrige, avec un travail énorme de gestion des conflits, mais aussi de correction des textes proposés à publication (dans l'Armana Prouvençau par exemple) et, d'autre part, sur sa propre production. Une seconde édition des Isclo d'or paraît en 1878, puis une troisième, à Paris chez Lemerre en 1889. Entretemps, Mistral a publié sa nouvelle Nerto en 1884. Viendront ensuite la tragédie La Reino Jano en 1890 (seul essai de Mistral dans le domaine du théâtre, peu concluant), Lou Pouemo dou Rose en 1897, un recueil des discours de Mistral en 1906 (Discours e dicho), la même année que Moun Espelido, Memòri e raconte, les « mémoires » du poète, puis en 1910 la traduction de La Genèsi, reprenant des fragments publiés au fil des ans dans l'Armana Prouvençau, et enfin, en 1912, son dernier recueil lyrique, Lis Oulivado (1912). Seront publiés après sa mort trois recueils de Proso d'Armana et un récit de voyage en prose, Escourregudo en Itàli, écrit, nous dit-on, en collaboration avec son épouse. D'autres inédits, notamment des correspondances avec divers acteurs de la renaissance d'oc ont été publiés par la suite, sans épuiser la matière. Parallèlement, Mistral se consacre à la mise en place des collections ethnographiques du Museon Arlaten.
Si ses dernières années le voient recevoir le demi prix Nobel de littérature de 1904, et être l'objet de célébrations multiples (cinquantenaire du Félibrige en 1904, cinquantenaire de Mirèio en 1909, visite du Président de la République Poincaré en 1913...), sur fond d'un véritable culte de la personnalité orchestré par ses disciples, tout cela ne l'empêche pas de constater la difficulté du Félibrige à trouver en son sein une personnalité capable de lui succéder. Il peut bien faire figure de patriarche « olympien », objet de visites presque touristiques à Maillane et sujet de nombreuses représentations artistiques de plus ou moins bon goût dont lui-même riait parfois volontiers, il est permis de penser que sa déception a été grande, face aux limites de la progression du Félibrige et, au-delà, de la renaissance d'oc dans les domaines qu'il percevait comme prioritaires : la diffusion d'une littérature d'oc ambitieuse et de qualité, la reconnaissance de la langue à l'école, sans parler de la cause de la décentralisation.
À sa mort en 1914, quelques mois avant le déclenchement de la première guerre mondiale, commence le temps de sa postérité. Le Félibrige entretient le culte de son père fondateur jusqu'à aujourd'hui, de commémoration en commémoration (centenaire de la naissance en 1930, centenaire du Félibrige en 1954, centenaire de Mirèio en 1959, anniversaires de sa naissance et de sa mort chaque année...). De nombreuses rues et avenues du Midi portent son nom. La bibliographie qui lui est consacrée est immense, quoique de qualité très inégale : il faut attendre les années 50 pour voir vraiment apparaître les premiers travaux critiques dépassant le niveau des « biographies » pittoresques, ou des récupérations politiques (maurrassiennes puis vichistes notamment). Si son œuvre reste largement ignorée des spécialistes de littérature française, qui poursuivent dans la voie ouverte par leurs prédécesseurs les critiques myopes du XIXe, cette œuvre est régulièrement rééditée et trouve ainsi de nouveaux lecteurs. Au-delà des clichés, et du respect machinal dû au personnage, il reste à la redécouvrir, dans sa richesse et sa complexité.
Les correspondances reçues par Mistral sont conservées au musée de Maillane ; mais un certain nombre de ses lettres et de celles qu'il a pu recevoir ont été recueillies au musée du Roure, à Avignon. Certaines de ses correspondances, (avec les acteurs les plus importants) ont été publiées, mais il reste du travail...
Un premier point a été fait par Edmond Lefèvre en 1903 : Frédéric Mistral, Bibliographie sommaire de ses œuvres, Marseille, Idèio Prouvençalo, 1903. Contient aussi les références de tous les livres, brochures, articles... consacrés à Mistral (154 p.). Complété en 1969 par Georges Place, bibliographe reconnu de la littérature française : Frédéric Mistral, Paris, Editions de la Chronique des Lettres Françaises (157 pp.).
Là encore, on a affaire à une masse considérable, de qualité très inégale. Quelques pistes, classées chronologiquement :
Frédéric Mistral, co-fondateur et longtemps dirigeant, officiel ou officieux, du Félibrige, écrivain d'oc sans doute le plus régulièrement réédité et le plus traduit dans diverses langues étrangères.
Frédéric-Joseph-Etienne (état civil) Frédéric Mistral, Frederi Mistral, Mistrau. Prononciation maillanaise héritée [mistR'ä]. Pseudonymes : Ambròsi Boufarèu, Felibre dou Mas, Felbre de Bello Visto, Mestre Franc, Gui de Mountpavoun, Cascarelet, Felibre Calu, Un Maianen, Cousinié Macàri, Michèu Gai, F. M....
Né le 8 septembre 1830 à Maillane ( Bouches du Rhône), mort à Maillane le 25 mars 1914. Fils de François Mistral (1771-1855) et Adélaïde Poullinet (1803-1883). Epoux de Marie Rivière (1857-1943), sans postérité légitime.
Son père est « ménager », paysan propriétaire aisé (une vingtaine d'hectares). Fils cadet, et d'un second lit, Mistral devra compter, au décès de son père, avec ses cohéritiers, son demi- frère Louis et les enfants de sa demi-sœur Marie. Il est donc tôt orienté vers des études susceptibles de lui fournir une profession hors agriculture, études couronnées par un baccalauréat (1847) et une licence en droit obtenue à Aix en Provence (1851). Mais son statut social jusqu'à sa mort est celui d'un rentier vivant du revenu des terres dont il a hérité (dans une zone de cultures maraichères orientées vers le marché national, ce qui n'est pas rien), de ses droits d'auteur (réguliers, au moins pour Mirèio), et de ses prix littéraires, souvent réinvestis au service de la cause félibréenne.
Son implication dans la vie politique se limite à sa participation régulière au conseil municipal de Maillane, sa commune de résidence (même s'il ne manque aucune occasion de s'en éloigner pour des voyages plus ou moins lointains, contrairement au cliché de l'homme enraciné courant chez ses biographes). Il s'est toujours refusé à se présenter à d'autres élections, bien qu'ayant été plusieurs fois sollicité, à droite comme à gauche. Quant à ses opinions politiques, elles sont variables, c'est le moins qu'on puisse dire : républicain « avancé » en 1848 et au cours de ses études à Aix, il est séduit par le bonapartiste « libéral » Emile Ollivier en 1869 avant de l'être par le Prétendant Henri V, puis par le Général Boulanger. Sollicité par Charles Maurras, il adhère en 1899 à la Ligue de la Patrie Française et le regrette assez vite. Le seul point commun entre ces sympathies successives, c'est qu'il s'agit à chaque fois d'un parti ou d'un homme politique qui parle de décentralisation – et comme tous les partis, à un moment ou à un autre en parlent – du moins quand ils ne sont pas au pouvoir...
L'importance de cette action est proprement incalculable. Il s'agit bel et bien pour lui de l'engagement de toute une vie aussi bien au service de l'écriture que de la langue d'oc, sa langue maternelle (l'idée qu'il ait « fini par penser en provençal », comme s'il avait préalablement appris à penser en français est largement contestable, quoique due au linguiste Albert Dauzat).
Ses premiers essais écrits en cette langue sont précoces (pré-adolescence), et, si à un moment, vers vingt ans, il s'essaie à la poésie en français (en particulier, mais pas seulement, pour des poèmes politiques), il y renonce assez vite. En dehors de quelques vers que cite Roumanille dans son premier recueil Li Margarideto de 1847, on peut considérer que Mistral publie ses premiers poèmes en oc dans le journal La Commune (Avignon) en 1851, puis dans le recueil collectif Li Prouvençalo de 1852, dans lequel figurent par ailleurs la plupart de ceux qui deux ans plus tard vont fonder le Félibrige, le 21 mai 1854 selon le récit popularisé depuis. Il s'agit en fait de l'aboutissement d'un processus entamé auparavant, et de la formalisation de l'existence d'un groupe de jeunes écrivains d'oc regroupés autour de Roumanille ; Mistral est dès le départ le co-animateur de ce groupe : c'est avec son aide que Roumanille met définitivement au point une orthographe nouvelle pour le provençal, non sans débats assez âpres avec un Mistral qui dès le départ manifeste une connaissance de la langue et de l'histoire de sa littérature assez profonde. Parallèlement à la rédaction de son premier grand poème Mirèio (si on ne compte pas l'essai représenté par Li meissoun de 1848, publiées bien plus tard) Mistral intervient de façon intensive, par ses propres œuvres comme par ses corrections des textes des autres dans les premiers Armana Prouvençau (dès celui pour l'année 1855), destinés à publier régulièrement et à faire connaître les productions de la nouvelle école.
Mais à ses débuts, le Félibrige n'est guère plus qu'un petit cénacle avignonnais, pesant peu face aux Troubaires marseillais par exemple. Tout change en 1859, quand paraît Mirèio. Mirèio correspond à un double pari de Mistral. D'abord affirmer la capacité de la langue d'oc à affronter tous les registres, en produisant un poème de douze chants placé sus le signe d'Homère, en rupture avec le ton familier et « populaire » affecté jusque-là par la plupart des écrivains d'oc de son temps, Jasmin compris. Poème accompagné de notes copieuses dont une qui constitue un véritable manifeste faisant de la littérature provençale telle que la voit l'auteur l'outil du renouveau de la littérature française dans son ensemble. Second pari, lié au précédent : sortir du seul cadre provincial (perçu par Mistral comme étriqué et suiviste) pour obtenir une reconnaissance parisienne, puisque c'est à Paris que se font les réputations littéraires. En apparence, le pari est gagné : salué par Lamartine et une bonne partie de la critique nationale, le poème connaît un grand succès sanctionné par plusieurs rééditions parisiennes les années suivantes (quatre entre 1860 et 1870). Succès qui masque en réalité le fait que pour les critiques, le poème vaut par son côté « charmant, rustique » pour reprendre les adjectifs les plus utilisés, et pittoresque, et se voit utilisé contre les nouvelles tendances littéraires du temps (notamment Baudelaire). Par ailleurs, le choix linguistique de Mistral n'est absolument pas compris, et personne ne croit vraiment qu'il puisse exister une littérature provençale valant la peine d'être lue. De fait, si Mistral encourage ses amis -Aubanel, Roumieux... à profiter de son succès pour lancer leurs propres ouvrages, leur écho est infiniment moindre, ce qui constitue un premier mauvais signe. Certes, sur place, l'effet Mirèio permet au Félibrige de faire un certain nombre de recrues, en Provence comme en Languedoc oriental.
Face à cet élargissement géographique, il faut bien que le Félibrige, jusque-là groupe informel de jeunes amis, se structure un peu mieux. C'est Mistral qui élabore les premiers statuts en 1862, afin de fournir cette structure, et permettre l'essor d'une littérature d'oc dont il estime possible l'intégration sans problème au champ littéraire national. Ces premiers statuts, très restrictifs (cinquante « félibres » cooptés à vie) et bâtis sur le modèle de l'Institut de France avec des sections spécialisées (poésie, sciences, arts, histoire...) ont l'ambition de servir de point de ralliement à tous les intellectuels et artistes du Midi de la France -fort peu en réalité se montrent intéressés, ce qui est aussi un mauvais signe. Le début des années 1860 est aussi le moment de la rencontre avec la Renaixença catalane, notamment le poète, historien et militant politique « libéral » Victor Balaguer. Ces contacts amènent Mistral à envisager la possibilité d'un élargissement de l'action du Félibrige, en passant de la simple revendication linguistique et littéraire à une revendication plus directement politique, autour du thème du fédéralisme -un fédéralisme que Mistral envisage à l'échelle européenne -moyen de dépasser le clivage nord-sud interne à la France. Cela dit, les contours de ce fédéralisme restent flous, et exprimés surtout dans des correspondances avec des interlocuteurs choisis (et rares), ou dans des poèmes allégoriques. En 1864, l'opéra Mireille de Gounod réveille l'intérêt parisien pour Mistral, qui peut donc continuer à croire au succès de sa stratégie.
Le réveil sera brutal : en 1867 Mistral repart pour Paris avec son second poème, Calendau, qui se veut d'une certaine manière une épopée « nationale », mettant en scène un jeune homme du peuple libérant une princesse opprimée, sur fond de description de la Provence intérieure, et à grand renfort, là encore, de notes érudites constituant une sorte de manuel de culture provençale. À peu près au même moment, il publie aussi un poème court, « la Coumtesso », allégorie dans laquelle une comtesse (la Provence) est enfermée dans un couvent par sa méchante sœur. Mais un jour, les jeunes vaillants du pays viendront délivrer la prisonnière, et pendre l'abbesse (pas la méchante sœur) aux grilles de son couvent. Or, l'accueil des critiques est plutôt froid. En dehors du fait qu’'ils ne comprennent toujours pas pourquoi Mistral n'écrit pas en français, certains d'entre eux (ceux qui ont entendu parler de la Coumtesso, comme Zola) croient discerner dans ses vers des pensées dangereuses pour l'unité nationale. En 1868, un ouvrage d'un ex-ami de Mistral, Eugène Garcin, Français du Nord et du Midi, confirme cette impression en accusant tout bonnement Mistral de tentations séparatistes (et, par ailleurs, réactionnaires). L'échec de Calendau (qui ne sera réédité que vingt ans plus tard) et cette polémique prennent Mistral au dépourvu.
S'il entrevoit, après coup, ce qu'ont été les limites de son succès de 1859, il ne voit pas que ses idées politiques supposées, bien vagues de toute façon, sont manipulées dans un débat interne à la gauche républicaine. Ce débat, assez vif sous le Second Empire, oppose ceux qui considèrent que la République doit centraliser face au péril de dissidences locales de type vendéen, et ceux qui considèrent au contraire que la centralisation dite « jacobine », n'est rien d'autre que le retour au cœur du processus révolutionnaire d'un héritage d'Ancien Régime recyclé au profit de la bourgeoisie (c'est la position de Quinet et de son disciple, Xavier de Ricard, qui la défendra dix ans plus tard à l'intérieur du Félibrige « rouge »). Mistral peut être un temps rassuré par le développement des rapports avec les catalanistes, qui l'invitent à Barcelone en mai 1868 avant d'envoyer une délégation aux grandes fêtes de Saint-Rémy en septembre, mais une révolution en Espagne (automne 68), suivie de troubles assez graves aboutit à ce que ces rapports se distendent, laissant le Maillanais seul avec ses déceptions, renforcées encore par des problèmes intimes. Politiquement, il met un temps ses espoirs dans le dernier premier ministre de Napoléon III, le Marseillais Emile Ollivier, ex-républicain devenu bonapartiste « libéral » qui annonce des réformes décentralisatrices. La guerre de 1870, puis la Commune, accentuent le virage à droite de Mistral, qui se prend alors à espérer, comme son ami Roumanille, une restauration monarchique, qui, croit-il, amènerait le retour aux vieilles provinces.
Durant ces années de désarroi confinant à la dépression, sa production littéraire est au plus bas, seule l'élaboration de son dictionnaire le mobilisant encore un peu (Le Tresor dou Felibrige commence à paraître en fascicules à partir de 1878). Mistral reprend pied peu à peu, cependant. Il participe activement à un certain nombre de grandes fêtes couplées avec des concours littéraires en langue d'oc (Cinquième centenaire de la mort de Pétrarque en 1874, inauguration de la chapelle à Notre-Dame de Provence à Forcalquier, et concours de philologie de la Société pour l'Étude des langues romanes de Montpellier en 1875). La même année paraît la première édition de son recueil lyrique Lis Isclo d'or. En 1876, il se marie, quelques mois après avoir doté le Félibrige de ses seconds statuts, correspondant en gros à ceux actuellement en vigueur. Plus question de bâtir une académie à l'échelle de l'ensemble de l'intelligentsia méridionale : si subsiste un Consistoire de cinquante Majoraux couronné par un Capoulié (Mistral jusqu'en 1888), l'accent est mis désormais sur le recrutement de manteneires, autrement dit de sympathisants de la cause de la langue, faisant surtout office de figurants souvent éphémères... Si, dans une France en proie au repli nationaliste il n'est plus question de parler d'un fédéralisme européen qui donnerait une place à la Nation provençale, Mistral se rabat sur une Idée Latine prônant l'union, autour de la France (et de son Midi) des grands peuples « romans » du sud de l'Europe : les grandes Fêtes Latines organisées à Montpellier (par les félibres de la Société pour l'Etude des langues romanes) en 1878 voient ainsi couronné un poète roumain, Vasile Alecsandri, qui se trouve être par ailleurs un homme politique important dans son pays. Cela n'ira au demeurant jamais bien loin. Et à peu près au même moment, une grave crise interne au Félibrige combinée à de nouvelles accusations de séparatisme dans la presse républicaine parisienne (cachant en fait une simple dénonciation des amitiés monarchistes des leaders du Félibrige) amène Mistral, une nouvelle fois, à en rabattre sur ses ambitions.
Mistral se concentre alors d'une part sur la direction du Félibrige, avec un travail énorme de gestion des conflits, mais aussi de correction des textes proposés à publication (dans l'Armana Prouvençau par exemple) et, d'autre part, sur sa propre production. Une seconde édition des Isclo d'or paraît en 1878, puis une troisième, à Paris chez Lemerre en 1889. Entretemps, Mistral a publié sa nouvelle Nerto en 1884. Viendront ensuite la tragédie La Reino Jano en 1890 (seul essai de Mistral dans le domaine du théâtre, peu concluant), Lou Pouemo dou Rose en 1897, un recueil des discours de Mistral en 1906 (Discours e dicho), la même année que Moun Espelido, Memòri e raconte, les « mémoires » du poète, puis en 1910 la traduction de La Genèsi, reprenant des fragments publiés au fil des ans dans l'Armana Prouvençau, et enfin, en 1912, son dernier recueil lyrique, Lis Oulivado (1912). Seront publiés après sa mort trois recueils de Proso d'Armana et un récit de voyage en prose, Escourregudo en Itàli, écrit, nous dit-on, en collaboration avec son épouse. D'autres inédits, notamment des correspondances avec divers acteurs de la renaissance d'oc ont été publiés par la suite, sans épuiser la matière. Parallèlement, Mistral se consacre à la mise en place des collections ethnographiques du Museon Arlaten.
Si ses dernières années le voient recevoir le demi prix Nobel de littérature de 1904, et être l'objet de célébrations multiples (cinquantenaire du Félibrige en 1904, cinquantenaire de Mirèio en 1909, visite du Président de la République Poincaré en 1913...), sur fond d'un véritable culte de la personnalité orchestré par ses disciples, tout cela ne l'empêche pas de constater la difficulté du Félibrige à trouver en son sein une personnalité capable de lui succéder. Il peut bien faire figure de patriarche « olympien », objet de visites presque touristiques à Maillane et sujet de nombreuses représentations artistiques de plus ou moins bon goût dont lui-même riait parfois volontiers, il est permis de penser que sa déception a été grande, face aux limites de la progression du Félibrige et, au-delà, de la renaissance d'oc dans les domaines qu'il percevait comme prioritaires : la diffusion d'une littérature d'oc ambitieuse et de qualité, la reconnaissance de la langue à l'école, sans parler de la cause de la décentralisation.
À sa mort en 1914, quelques mois avant le déclenchement de la première guerre mondiale, commence le temps de sa postérité. Le Félibrige entretient le culte de son père fondateur jusqu'à aujourd'hui, de commémoration en commémoration (centenaire de la naissance en 1930, centenaire du Félibrige en 1954, centenaire de Mirèio en 1959, anniversaires de sa naissance et de sa mort chaque année...). De nombreuses rues et avenues du Midi portent son nom. La bibliographie qui lui est consacrée est immense, quoique de qualité très inégale : il faut attendre les années 50 pour voir vraiment apparaître les premiers travaux critiques dépassant le niveau des « biographies » pittoresques, ou des récupérations politiques (maurrassiennes puis vichistes notamment). Si son œuvre reste largement ignorée des spécialistes de littérature française, qui poursuivent dans la voie ouverte par leurs prédécesseurs les critiques myopes du XIXe, cette œuvre est régulièrement rééditée et trouve ainsi de nouveaux lecteurs. Au-delà des clichés, et du respect machinal dû au personnage, il reste à la redécouvrir, dans sa richesse et sa complexité.
Les correspondances reçues par Mistral sont conservées au musée de Maillane ; mais un certain nombre de ses lettres et de celles qu'il a pu recevoir ont été recueillies au musée du Roure, à Avignon. Certaines de ses correspondances, (avec les acteurs les plus importants) ont été publiées, mais il reste du travail...
Un premier point a été fait par Edmond Lefèvre en 1903 : Frédéric Mistral, Bibliographie sommaire de ses œuvres, Marseille, Idèio Prouvençalo, 1903. Contient aussi les références de tous les livres, brochures, articles... consacrés à Mistral (154 p.). Complété en 1969 par Georges Place, bibliographe reconnu de la littérature française : Frédéric Mistral, Paris, Editions de la Chronique des Lettres Françaises (157 pp.).
Là encore, on a affaire à une masse considérable, de qualité très inégale. Quelques pistes, classées chronologiquement :
Zéphirin Bosc
Zefir Bòsc ; Rogièr del Parroton
Zefir Bòsc nasquèt lo 1èr de decembre de 1927 a Banròcas, al ras d'Òlt, comuna d'Enguialés, ara comuna d'Entraigas (12). Besson de Maurici, èra lo 10en d'una familha de 12 enfants, una familha de « costovins »1 de la Valòia Nalta d'Òlt, amb un paire vinhairon e una maire pescaira professionala de la ribièira Òlt.
Après d'estudis primars a l'escòla publica de Banròcas, puèi a l'escòla libra d'Entraigas, a cò dels Salésiens de la Navarre de La Crau dins Var, a Montpelhièr, tornèt a Banròcas en octobre de 1939 (per causa de guèrra). Obtenguèt lo certificat d'estudis en 1941, puèi contunhèt d’estudis al collègi libre de La Peirosa en Dordonha per obténer lo Brevet d'Estudis.
Per Pascas de 1943, s'en tornèt a l'ostal per ajudar sos parents que lo loguèron puèi coma pastre en Auvernha Nalta, en Carladés e en Viadena.
Al retorn del servici militar, dintrèt a la Pòsta d'Entraigas coma factor e entamenèt una longa carrièira de postièr: i foguèt recebeire, verificator de la distribucion e participèt a la motorizacion rurala dels factors dins lo Nòrd d'Avairon.
Defuntèt lo 25 de novembre de 2020, a la velha de sos 93 ans, a Espeirac (12) ont s’èra retirat en 1983.
Las peregrinacions e responsabilitats professionalas divèrsas de Zefir Bòsc dins Roergue-Naut li faguèron prene consciéncia que sa lenga mairala, la lenga d'òc, de la Ribièira d'Òlt, de Roergue-Naut e d'Auvernha, èra una lenga vertadièira, que coneissiá dins tota sa riquessa dialectala.
Zefir Bòsc n'estudièt la grafia amb sos davancièrs del Grelh Roergàs : Enric Mouly, Calelhon, Josèp Vaylet, Peire Miremont.
Foguèt fach manteneire del Felibritge a la Santa-Estela de Milhau en 1973 (n° 9258), mèstre en Gai Saber en 1977 a la Santo-Estello sau Monegue, elegit majoral (cigala d’Aquitània) en 1980 a la Santo-Estello de Cannes.
S'interessèt a l'òbra dels Roergasses Peyrot e Bessou e tanben a la de Perbòsc, de Vermenosa, de Loisa Paulin, de Philadelphe de Gèrda... Dins lor dralha, laissèt una òbra felibrenca importanta. « Poèta abans tot, son òbra es una cantadisa a la glòria de son terraire »2, ditz Joan Fourié.
A fach òbra de memòria sus son país roergàs e son istòria. Aquela òbra la menèt amb la rigor del cercaire menimós, amb son agach prigond, amb sa sensibilitat de poèta : « Levarai mon capèl a tot òme que trima [...] que pena per far lo païs bèl »3.
Per aquò faire, emplegava la lenga d’òc que d’ela diguèt : «la tenèm mens, benlèu en boca, mas avèm per duèi représ l'anciana soca e que plan se tenga la nòstra lenga ! »4
Zefir Bòsc faguèt donc òbra de recèrca e de creacion. Estudièt dirèctament sul terrenc a partir de testimònis, rescontres, archius privats, lecturas especializadas... Causas del passat que li semblavan indispensables per bastir l'avenidor.
Sa poesia, ditz Joan Fourié, es « clarinela, pastada d'imatges, descriptiva », amb una « metrica classica e segura,remirabla mestresa de la lenga »5. Lo cantaire Felip Vialard interprèta un poèma sieu « Tèrra d’Aubrac » dins lo disc Camin (Pahaska production), disponibla en linha sus https://www.youtube.com/watch?v=fkVJNO9BvIk.
Zefir Bòsc collaborèt a las revistas Gai Saber, Armanac de Louzèro, Canta grelh, Armanac roergàs, La Cabreta, Lo Convise.
Faguèt tanben un trabalh de recampament dels autors de Roergue-Naut, coneguts o mai confidencials : poètas, cançonièrs, escrivans ....
Tota son òbra, sovent primada, a per tòca de transmetre l'istòria de son país, sas tradicions, son biais de viure : son eime.
2 J.Fourié, prefàcia de Racontes e Novèlas del Païs d'Òlt.
3 Zefir Bòsc, « Levarai mon capèl », Cants d'Amont e d'Aval, p. 76-77.
4 Zefir Bòsc, « Sèm los enfants », - Darrièrs ramèls, p. 11-12.
5 J.Fourié, prefàcia de Racontes e Novèlas del Païs d'Òlt, p. 7-8.
Al caire del terrador, © Zefir Bòsc Le Monastère sous Rodez, 1976.
Asuèlhs Reguèrgues, Grelh Roergàs, Rodez, 1979.
Contes de la Nalta Viadena, Grelh Roergàs, Rodez, 1981.
La vinha e lo vin, Centre Culturel Occitan du Rouergue, Rodez, 1981.
Laus del majoral Pèire-Auguste Miremont, © Zefir Bòsc, Vic sur Cère, 1982.
Cants d’Amont e d’Aval, Grelh Roergàs, Rodez, 1987.
Racontes del Païs Ribieirol, Coedicion del CCOR e del Grelh Roergàs, Rodez, 1988.
Les gabarriers de la Haute vallée d’Olt, © Zefir Bòsc Espeyrac 1989
Cançonièr de la ribièira d’Olt, © Zefir Bòsc – François Bòsc, Espeyrac, 1995
La vigne et le vin du Fel et d’Entraygues, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 1995.
Les gabarriers du Lot lorsque la haute vallée d’Olt était naviguée, Grelh Roergàs, Rodez, 1997 (2ème édition).
Pescas d'Òlt : la pêche ancienne en rives d'Olt, Éditions Lo convise, Aurillac, 2002.
Occitanie – Pour l’âme occitane- Mémoire de Jean Carbonnel 1864-1942, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2004.
Vieillevie-en-Vallée-d'Olt, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2005.
Transhumances en Aubrac & Carladez, Estivadas, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2006
Espeyrac, vie d’une communauté rurale lors de l’époque révolutionnaire, de 1792 à 1795, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2007.
Racontes et novèlas del païs d’Òlt, © Zefir Bòsc, Espeyrac - Le Bosc Nalt, 2008.
Notre village, Golinhac [participation au comité de rédaction], Foyer Rural Golinhac, 2009.
Promenade en vallée d’Olt de St Laurent d’Olt à Livinhac en Rouergue, Cercle occitan du Haut-Rouergue « Sus las piadas de Josèp Vaylet », Espalion, 2009.
Écrits en langue d’oc & auteurs occitans du Haut-Rouergue, Cercle occitan du Haut-Rouergue « Sus las piadas de Josèp Vaylet », Espalion, 2010.
Contes & poëmas de pelegrins, Cercle occitan du Haut-Rouergue « Sus las piadas de Josèp Vaylet », Espalion, 2011.
Espeyrac – Patrimoine communal et religieux, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2011.
Los bilhets del repotegaire, Grelh Roergàs, Rodez, 2013.
Le Fel en vallée d'Olt : Son vignoble, sa rivière, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2014.
La paroisse de Ginolhac en Rouergue, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2015.
Flore occitane du Massif Central (Aveyron et Cantal), Grelh Roèrgas, Rodez, 2016.
Memòrias d’un vailet de bòria, Cercle occitan du Haut-Rouergue « Sus las piadas de Josèp Vaylet », Espalion, 2016.
Darrièrs ramèls, Grelh Roergàs, Rodez, 2017.
La vinha e lo vin, Grelh Roergàs, Rodez 2018, [réédition de 1981].
Barques et bacs de la région d’Entraygues, Grelh Roergàs, Rodez, 2020.
Aubrac, Viadène et Carladez, poèmes et chants d’hier, d’aujourd’hui et de demain « Les Amis de Joseph Vaylet – Occitans en Roergue-Naut », Espalion 2020
Cresta / Crestes © Zefir Bòsc Espeyrac 2020
Documents establits per Zefir Bòsc el meteis, e transmetuts a l'associacion « Les Amis de Joseph Vaylet-Occitans en Roergue-Naut ». L'Associacion foguèt fondada per Josèp Vaylet lo 1èr de mai de 1982 e Z.Bòsc n'èra l'un dels co-fondadors.Puèi, Z.Bòsc, amic e executor testamentari de Josèp Vaylet, reviscolèt l'associacion en 2013 e n'ocupèt lo pòste de Vice-President : un trabalh de conselh, de memòria e de creacion fins a son darrièr badalh lo 25 de novembre de 2020.
Obratges consultats
Revista Lou Felibrige n° 322 ( janv.- fev. de 2021)
Joan Fourié, Dictionnaire des auteurs de langue d’oc de 1800 à nos jours, 2ème édition, Aix, Felibrige, 2009.
Prefacis, abans-prepauses, 4enas de cobèrta d'obratges de Z. Bòsc (autorizacion de publicacion dels enfants de Z. Bòsc)
Elements d’autobiografia contengut dins los obratges Asuèlhs reguèrgues, Al caïre del terrador, Racontes del país ribièiròl, Pescas d'Òlt (1ièira e 2nda edicions), Aubrac, Viadène, Carladez, Racontes e novèlas del país d'Òlt, Memòrias d'un vailet de bòria, La vinha e lo vin, Cançonièr de la ribièira d'Òlt, Les gabarriers du Lot, Transhumances.
Omenatges, dichas e articles de premsa, per sos obsèquis lo 30 de novembre de 2020 e per son Cap de l'An, lo 27 de novembre de 2021.
Zephirin Bosc, Majoral del Felibrige (1927-2020), poèta,cercaire, etnograf, istorian de la Nalta-Val d'Òlt e de Roergue Naut, a publicat un trentenat d'obratges en lenga d'òc o en francés.
Zéphirin Bosc
Zefir Bòsc ; Rogièr del Parroton
Zefir Bòsc nasquèt lo 1èr de decembre de 1927 a Banròcas, al ras d'Òlt, comuna d'Enguialés, ara comuna d'Entraigas (12). Besson de Maurici, èra lo 10en d'una familha de 12 enfants, una familha de « costovins »1 de la Valòia Nalta d'Òlt, amb un paire vinhairon e una maire pescaira professionala de la ribièira Òlt.
Après d'estudis primars a l'escòla publica de Banròcas, puèi a l'escòla libra d'Entraigas, a cò dels Salésiens de la Navarre de La Crau dins Var, a Montpelhièr, tornèt a Banròcas en octobre de 1939 (per causa de guèrra). Obtenguèt lo certificat d'estudis en 1941, puèi contunhèt d’estudis al collègi libre de La Peirosa en Dordonha per obténer lo Brevet d'Estudis.
Per Pascas de 1943, s'en tornèt a l'ostal per ajudar sos parents que lo loguèron puèi coma pastre en Auvernha Nalta, en Carladés e en Viadena.
Al retorn del servici militar, dintrèt a la Pòsta d'Entraigas coma factor e entamenèt una longa carrièira de postièr: i foguèt recebeire, verificator de la distribucion e participèt a la motorizacion rurala dels factors dins lo Nòrd d'Avairon.
Defuntèt lo 25 de novembre de 2020, a la velha de sos 93 ans, a Espeirac (12) ont s’èra retirat en 1983.
Las peregrinacions e responsabilitats professionalas divèrsas de Zefir Bòsc dins Roergue-Naut li faguèron prene consciéncia que sa lenga mairala, la lenga d'òc, de la Ribièira d'Òlt, de Roergue-Naut e d'Auvernha, èra una lenga vertadièira, que coneissiá dins tota sa riquessa dialectala.
Zefir Bòsc n'estudièt la grafia amb sos davancièrs del Grelh Roergàs : Enric Mouly, Calelhon, Josèp Vaylet, Peire Miremont.
Foguèt fach manteneire del Felibritge a la Santa-Estela de Milhau en 1973 (n° 9258), mèstre en Gai Saber en 1977 a la Santo-Estello sau Monegue, elegit majoral (cigala d’Aquitània) en 1980 a la Santo-Estello de Cannes.
S'interessèt a l'òbra dels Roergasses Peyrot e Bessou e tanben a la de Perbòsc, de Vermenosa, de Loisa Paulin, de Philadelphe de Gèrda... Dins lor dralha, laissèt una òbra felibrenca importanta. « Poèta abans tot, son òbra es una cantadisa a la glòria de son terraire »2, ditz Joan Fourié.
A fach òbra de memòria sus son país roergàs e son istòria. Aquela òbra la menèt amb la rigor del cercaire menimós, amb son agach prigond, amb sa sensibilitat de poèta : « Levarai mon capèl a tot òme que trima [...] que pena per far lo païs bèl »3.
Per aquò faire, emplegava la lenga d’òc que d’ela diguèt : «la tenèm mens, benlèu en boca, mas avèm per duèi représ l'anciana soca e que plan se tenga la nòstra lenga ! »4
Zefir Bòsc faguèt donc òbra de recèrca e de creacion. Estudièt dirèctament sul terrenc a partir de testimònis, rescontres, archius privats, lecturas especializadas... Causas del passat que li semblavan indispensables per bastir l'avenidor.
Sa poesia, ditz Joan Fourié, es « clarinela, pastada d'imatges, descriptiva », amb una « metrica classica e segura,remirabla mestresa de la lenga »5. Lo cantaire Felip Vialard interprèta un poèma sieu « Tèrra d’Aubrac » dins lo disc Camin (Pahaska production), disponibla en linha sus https://www.youtube.com/watch?v=fkVJNO9BvIk.
Zefir Bòsc collaborèt a las revistas Gai Saber, Armanac de Louzèro, Canta grelh, Armanac roergàs, La Cabreta, Lo Convise.
Faguèt tanben un trabalh de recampament dels autors de Roergue-Naut, coneguts o mai confidencials : poètas, cançonièrs, escrivans ....
Tota son òbra, sovent primada, a per tòca de transmetre l'istòria de son país, sas tradicions, son biais de viure : son eime.
2 J.Fourié, prefàcia de Racontes e Novèlas del Païs d'Òlt.
3 Zefir Bòsc, « Levarai mon capèl », Cants d'Amont e d'Aval, p. 76-77.
4 Zefir Bòsc, « Sèm los enfants », - Darrièrs ramèls, p. 11-12.
5 J.Fourié, prefàcia de Racontes e Novèlas del Païs d'Òlt, p. 7-8.
Al caire del terrador, © Zefir Bòsc Le Monastère sous Rodez, 1976.
Asuèlhs Reguèrgues, Grelh Roergàs, Rodez, 1979.
Contes de la Nalta Viadena, Grelh Roergàs, Rodez, 1981.
La vinha e lo vin, Centre Culturel Occitan du Rouergue, Rodez, 1981.
Laus del majoral Pèire-Auguste Miremont, © Zefir Bòsc, Vic sur Cère, 1982.
Cants d’Amont e d’Aval, Grelh Roergàs, Rodez, 1987.
Racontes del Païs Ribieirol, Coedicion del CCOR e del Grelh Roergàs, Rodez, 1988.
Les gabarriers de la Haute vallée d’Olt, © Zefir Bòsc Espeyrac 1989
Cançonièr de la ribièira d’Olt, © Zefir Bòsc – François Bòsc, Espeyrac, 1995
La vigne et le vin du Fel et d’Entraygues, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 1995.
Les gabarriers du Lot lorsque la haute vallée d’Olt était naviguée, Grelh Roergàs, Rodez, 1997 (2ème édition).
Pescas d'Òlt : la pêche ancienne en rives d'Olt, Éditions Lo convise, Aurillac, 2002.
Occitanie – Pour l’âme occitane- Mémoire de Jean Carbonnel 1864-1942, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2004.
Vieillevie-en-Vallée-d'Olt, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2005.
Transhumances en Aubrac & Carladez, Estivadas, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2006
Espeyrac, vie d’une communauté rurale lors de l’époque révolutionnaire, de 1792 à 1795, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2007.
Racontes et novèlas del païs d’Òlt, © Zefir Bòsc, Espeyrac - Le Bosc Nalt, 2008.
Notre village, Golinhac [participation au comité de rédaction], Foyer Rural Golinhac, 2009.
Promenade en vallée d’Olt de St Laurent d’Olt à Livinhac en Rouergue, Cercle occitan du Haut-Rouergue « Sus las piadas de Josèp Vaylet », Espalion, 2009.
Écrits en langue d’oc & auteurs occitans du Haut-Rouergue, Cercle occitan du Haut-Rouergue « Sus las piadas de Josèp Vaylet », Espalion, 2010.
Contes & poëmas de pelegrins, Cercle occitan du Haut-Rouergue « Sus las piadas de Josèp Vaylet », Espalion, 2011.
Espeyrac – Patrimoine communal et religieux, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2011.
Los bilhets del repotegaire, Grelh Roergàs, Rodez, 2013.
Le Fel en vallée d'Olt : Son vignoble, sa rivière, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2014.
La paroisse de Ginolhac en Rouergue, © Zefir Bòsc, Espeyrac, 2015.
Flore occitane du Massif Central (Aveyron et Cantal), Grelh Roèrgas, Rodez, 2016.
Memòrias d’un vailet de bòria, Cercle occitan du Haut-Rouergue « Sus las piadas de Josèp Vaylet », Espalion, 2016.
Darrièrs ramèls, Grelh Roergàs, Rodez, 2017.
La vinha e lo vin, Grelh Roergàs, Rodez 2018, [réédition de 1981].
Barques et bacs de la région d’Entraygues, Grelh Roergàs, Rodez, 2020.
Aubrac, Viadène et Carladez, poèmes et chants d’hier, d’aujourd’hui et de demain « Les Amis de Joseph Vaylet – Occitans en Roergue-Naut », Espalion 2020
Cresta / Crestes © Zefir Bòsc Espeyrac 2020
Documents establits per Zefir Bòsc el meteis, e transmetuts a l'associacion « Les Amis de Joseph Vaylet-Occitans en Roergue-Naut ». L'Associacion foguèt fondada per Josèp Vaylet lo 1èr de mai de 1982 e Z.Bòsc n'èra l'un dels co-fondadors.Puèi, Z.Bòsc, amic e executor testamentari de Josèp Vaylet, reviscolèt l'associacion en 2013 e n'ocupèt lo pòste de Vice-President : un trabalh de conselh, de memòria e de creacion fins a son darrièr badalh lo 25 de novembre de 2020.
Obratges consultats
Revista Lou Felibrige n° 322 ( janv.- fev. de 2021)
Joan Fourié, Dictionnaire des auteurs de langue d’oc de 1800 à nos jours, 2ème édition, Aix, Felibrige, 2009.
Prefacis, abans-prepauses, 4enas de cobèrta d'obratges de Z. Bòsc (autorizacion de publicacion dels enfants de Z. Bòsc)
Elements d’autobiografia contengut dins los obratges Asuèlhs reguèrgues, Al caïre del terrador, Racontes del país ribièiròl, Pescas d'Òlt (1ièira e 2nda edicions), Aubrac, Viadène, Carladez, Racontes e novèlas del país d'Òlt, Memòrias d'un vailet de bòria, La vinha e lo vin, Cançonièr de la ribièira d'Òlt, Les gabarriers du Lot, Transhumances.
Omenatges, dichas e articles de premsa, per sos obsèquis lo 30 de novembre de 2020 e per son Cap de l'An, lo 27 de novembre de 2021.
BESOMBES Clément, Jean, Bernard (Etat civil)
Clemens d’O Canino (d’après le nom du lieu-dit de sa naissance).
Clamenç Besombes
Clamenç Besomba
Fils d’agriculteurs socialistes, une particularité de l’ouest du Cantal, proche du Quercy voisin, Clément Besombes reçoit les premiers sacrements catholiques. Il est élève de l’École normale d’instituteurs d’Aurillac et exerce comme instituteur à Salers (1958-1959), puis à Ydes (1959-1968) où il enseigne l’espagnol comme PEGC.
Il devient ensuite professeur d’enseignement général au collège puis au lycée de Mauriac jusqu’à sa retraite en 1997.
Il effectue son service militaire dans un régiment de zouaves en Algérie (novembre 1960-septembre 1962).
Membre du Parti communiste français depuis 1962, avec des fonctions locales puis départementales (de 1965 à 1997). En 1978, il devient président de l’Association des élus communistes et républicains du Cantal, lors de sa création.
Clément Besombes, secrétaire cantonal du Syndicat national des instituteurs, a fait partie du comité départemental de la FEN (Fédération de l’éducation nationale). Il adhére par la suite à la CGT-Education. Militant de la Fédération des œuvres laïques, il présidait un groupe de défense des traditions.
Il se marie en mars 1959 à Chalvignac (Cantal) avec une institutrice. Ils ont eu trois enfants.
Clément Besombes, en tête de la liste de gauche aux élections municipales de Mauriac en 1977, devient conseiller municipal minoritaire et conserve son siège en 1983 et en 1989, jusqu’à sa démission en 1990. Candidat pour le conseil général dans les cantons de Saignes en 1961 et 1970, puis de Mauriac en 1973, 1979, 1985. Il est le candidat suppléant d’Alain Cousin aux élections législatives dans la deuxième circonscription (Saint-Flour-Mauriac) en 1978. Ils obtinrent 12,6 % des suffrages, derrière les socialistes.
Clément Besombes avait fréquenté le Collège d’Occitanie, puis les universités de Clermont-Ferrand 2, de Montpellier 3 et de Valence (Espagne). Licencié en langue et civilisation d’oc, il a obtenu l’ouverture d’une option d’occitan au lycée Marmontel de Mauriac. Il coordonne plusieurs projets d’action éducative avec ses élèves, souvent à base de collectages. Ces projets donnent lieu à l’édition de plaquettes ronéotées, systématiquement saluées en avant-propos par ses proviseurs successifs
Il participe aux activités de la FELCO – Fédération des enseignants de langue et culture d’oc.
Félibre depuis 1962, mestre d’òbra en 1981, majoral en 1994 (cigale de la Narbonnaise où il succède au majoral limousin Raymond Buche), sendic d’Auvergne, il fonde à Mauriac, après son arrivée en 1968, plusieurs associations félibréennes :
L’Escòla felibrenca de Mauriac, en 1974, dont il est le capiscòl et qui publie quelque temps le bulletin ronéoté Buta !. Nous avons pu consulter les numéros 6 et 10 de ce bulletin rédigé en occitan qui contient des informations sur la vie de L’escòla ainsi que des textes et informations diverses sur la vie locale, le petit patrimoine (croix), les écrivains de langue d’oc, notamment Julien Galéry dont C. Besombes publiera en 2000 un recueil de textes inédits précédés par une présentation de l’auteur et de son œuvre.
La Miramontesa, dont le nom, note Noël Lafon, est inspiré par les ruines proches du château de Miremont. Besombes connaît bien les danses folkloriques, puisque passé par La Bourrée d’Aurillac, puis par le groupe très connu du Terradour flouricat. Cependant, note encore Lafon, le groupe ne s’en tient pas à des spectacles folkloriques, il organise également des collectages.
Il fonde à Mauriac au début des années 1990 le Musée conservatoire des traditions rurales, qu’il appelle d’abord l’Ostau roge, et qui porte désormais son nom : https://www.auvergne-destination-volcans.com/fiches/musee-conservatoire-des-traditions-rurales-clement-besombes/.
Il publie de nombreuses chroniques en occitan dans le journal Le Réveil de Mauriac, ou dans l’hebdomadaire communiste départemental, Le Cantal ouvrier et paysan (signant « Clemens d’O Canino »). Il dirige des numéros spéciaux de la revue de la maintenance occitane d’Auvergne, La Cabreta. L’ouvrage de Noël Lafon qui est une de nos sources répertorie plus d’une centaine de ses chroniques dans cette revue.
À ces divers titres, il a été promu chevalier des Arts et lettres en l’an 2000.
Il continue son activité occitane après sa retraite.
Las Parpandejadas, éd. bilingue occitan-français, préface de Joan Fay, Majoral del Felibrige, Mauriac, 1986.
La tradition orala dins lo Parlar Mauriagués, projet d’action éducative, année scolaire 85-86, Collège et Lycée de Mauriac, Cantal, plaquette ronéotée, 23 p. recto simple.
Francés Demurat1 (1766-1838), occitanista e temònh de la Revolucion, élèves occitanistes du lycée, dir. Clément Besombes, PAE 88-89, lycée Marmontel, 15200, Mauriac, decembre de 1989, brochure ronéotée, non paginée, 21 pages recto. Brochure réalisée à partir de manuscrits de Demurat et autres documents d’archives listés en fin de document.
Des semailles aux moissons (la culture traditionnelle des céréales) Recueil de textes / De l’araire al ventadorn (la cultura tradicionala de las cerealas) Recuèlh de tèxtes, PAE occitan, 1991-1992, non paginé, 21 p.
Inédits de Julian Galéry, edicions de la Cabreta, 2000
Jean Fourié, Dictionnaire des auteurs de langue d’oc de 1800 à nos jours, 2ème éd. Felibrige, Aix, 2009. [1ère éd. 1994)
Jacques Girault et Vincent Flauraud, notice du MAITRON, largement reproduite ici grâce à l’aimable autorisation de Jacques Girault, qui s’est appuyé sur des entretiens avec Besombes : https://maitron.fr/spip.php?article16581, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 25 mars 2018. Cette notice cite les archives suivantes :
Archives Parti communiste français. Renseignements fournis à J. Girault par l’intéressé.
Le Cantal ouvrier et paysan, 28 février 1970, 8 mars 1970, 1er septembre 1973, 22 septembre 1973, 2 octobre 1976, 30 octobre 1976, 20 novembre 1976, 9 avril 1977, 16 avril 1977, 4 juin 1977, 24 décembre 1977, 28 janvier 1978, 27 janvier 1979, 11 juin 1994, 1er juillet 2000, 1er novembre 2011.
Noël Lafon, Écrits occitans cantaliens. Dix siècles d’écrits occitans (XI-XXIe siècles). Notice Besombes : p. 689-693.
Échanges avec madame Monique Besombes.
Nécrologie dans le quotidien La Montagne, décembre 2010.
1 Ainsi orthographié sur la couverture. Les textes produits en classe, de même que les documents photocopiés hésitent entre « de Murat » et « Demurat », la première forme est cependant la plus fréquente.
Né le 11 octobre 1937 à Canines, commune de Teissières-les-Bouliès (Cantal), mort le 21 décembre 2010 à Mauriac (Cantal) ; PEGC dans le Cantal ; militant du SNI ; militant communiste ; conseiller municipal de Mauriac. Membre du Félibrige et de l’IEO, enseignant d’occitan au lycée de Mauriac, fondateur de l’association folklorique la Miramontesa et de l’Escola felibrenca de Mauriac. L’occitan languedocien est sa langue maternelle, dans la forme du Carladez. Il emploiera ensuite la forme auvergnate pratiquée à Mauriac.
BESOMBES Clément, Jean, Bernard (Etat civil)
Clemens d’O Canino (d’après le nom du lieu-dit de sa naissance).
Clamenç Besombes
Clamenç Besomba
Fils d’agriculteurs socialistes, une particularité de l’ouest du Cantal, proche du Quercy voisin, Clément Besombes reçoit les premiers sacrements catholiques. Il est élève de l’École normale d’instituteurs d’Aurillac et exerce comme instituteur à Salers (1958-1959), puis à Ydes (1959-1968) où il enseigne l’espagnol comme PEGC.
Il devient ensuite professeur d’enseignement général au collège puis au lycée de Mauriac jusqu’à sa retraite en 1997.
Il effectue son service militaire dans un régiment de zouaves en Algérie (novembre 1960-septembre 1962).
Membre du Parti communiste français depuis 1962, avec des fonctions locales puis départementales (de 1965 à 1997). En 1978, il devient président de l’Association des élus communistes et républicains du Cantal, lors de sa création.
Clément Besombes, secrétaire cantonal du Syndicat national des instituteurs, a fait partie du comité départemental de la FEN (Fédération de l’éducation nationale). Il adhére par la suite à la CGT-Education. Militant de la Fédération des œuvres laïques, il présidait un groupe de défense des traditions.
Il se marie en mars 1959 à Chalvignac (Cantal) avec une institutrice. Ils ont eu trois enfants.
Clément Besombes, en tête de la liste de gauche aux élections municipales de Mauriac en 1977, devient conseiller municipal minoritaire et conserve son siège en 1983 et en 1989, jusqu’à sa démission en 1990. Candidat pour le conseil général dans les cantons de Saignes en 1961 et 1970, puis de Mauriac en 1973, 1979, 1985. Il est le candidat suppléant d’Alain Cousin aux élections législatives dans la deuxième circonscription (Saint-Flour-Mauriac) en 1978. Ils obtinrent 12,6 % des suffrages, derrière les socialistes.
Clément Besombes avait fréquenté le Collège d’Occitanie, puis les universités de Clermont-Ferrand 2, de Montpellier 3 et de Valence (Espagne). Licencié en langue et civilisation d’oc, il a obtenu l’ouverture d’une option d’occitan au lycée Marmontel de Mauriac. Il coordonne plusieurs projets d’action éducative avec ses élèves, souvent à base de collectages. Ces projets donnent lieu à l’édition de plaquettes ronéotées, systématiquement saluées en avant-propos par ses proviseurs successifs
Il participe aux activités de la FELCO – Fédération des enseignants de langue et culture d’oc.
Félibre depuis 1962, mestre d’òbra en 1981, majoral en 1994 (cigale de la Narbonnaise où il succède au majoral limousin Raymond Buche), sendic d’Auvergne, il fonde à Mauriac, après son arrivée en 1968, plusieurs associations félibréennes :
L’Escòla felibrenca de Mauriac, en 1974, dont il est le capiscòl et qui publie quelque temps le bulletin ronéoté Buta !. Nous avons pu consulter les numéros 6 et 10 de ce bulletin rédigé en occitan qui contient des informations sur la vie de L’escòla ainsi que des textes et informations diverses sur la vie locale, le petit patrimoine (croix), les écrivains de langue d’oc, notamment Julien Galéry dont C. Besombes publiera en 2000 un recueil de textes inédits précédés par une présentation de l’auteur et de son œuvre.
La Miramontesa, dont le nom, note Noël Lafon, est inspiré par les ruines proches du château de Miremont. Besombes connaît bien les danses folkloriques, puisque passé par La Bourrée d’Aurillac, puis par le groupe très connu du Terradour flouricat. Cependant, note encore Lafon, le groupe ne s’en tient pas à des spectacles folkloriques, il organise également des collectages.
Il fonde à Mauriac au début des années 1990 le Musée conservatoire des traditions rurales, qu’il appelle d’abord l’Ostau roge, et qui porte désormais son nom : https://www.auvergne-destination-volcans.com/fiches/musee-conservatoire-des-traditions-rurales-clement-besombes/.
Il publie de nombreuses chroniques en occitan dans le journal Le Réveil de Mauriac, ou dans l’hebdomadaire communiste départemental, Le Cantal ouvrier et paysan (signant « Clemens d’O Canino »). Il dirige des numéros spéciaux de la revue de la maintenance occitane d’Auvergne, La Cabreta. L’ouvrage de Noël Lafon qui est une de nos sources répertorie plus d’une centaine de ses chroniques dans cette revue.
À ces divers titres, il a été promu chevalier des Arts et lettres en l’an 2000.
Il continue son activité occitane après sa retraite.
Las Parpandejadas, éd. bilingue occitan-français, préface de Joan Fay, Majoral del Felibrige, Mauriac, 1986.
La tradition orala dins lo Parlar Mauriagués, projet d’action éducative, année scolaire 85-86, Collège et Lycée de Mauriac, Cantal, plaquette ronéotée, 23 p. recto simple.
Francés Demurat1 (1766-1838), occitanista e temònh de la Revolucion, élèves occitanistes du lycée, dir. Clément Besombes, PAE 88-89, lycée Marmontel, 15200, Mauriac, decembre de 1989, brochure ronéotée, non paginée, 21 pages recto. Brochure réalisée à partir de manuscrits de Demurat et autres documents d’archives listés en fin de document.
Des semailles aux moissons (la culture traditionnelle des céréales) Recueil de textes / De l’araire al ventadorn (la cultura tradicionala de las cerealas) Recuèlh de tèxtes, PAE occitan, 1991-1992, non paginé, 21 p.
Inédits de Julian Galéry, edicions de la Cabreta, 2000
Jean Fourié, Dictionnaire des auteurs de langue d’oc de 1800 à nos jours, 2ème éd. Felibrige, Aix, 2009. [1ère éd. 1994)
Jacques Girault et Vincent Flauraud, notice du MAITRON, largement reproduite ici grâce à l’aimable autorisation de Jacques Girault, qui s’est appuyé sur des entretiens avec Besombes : https://maitron.fr/spip.php?article16581, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 25 mars 2018. Cette notice cite les archives suivantes :
Archives Parti communiste français. Renseignements fournis à J. Girault par l’intéressé.
Le Cantal ouvrier et paysan, 28 février 1970, 8 mars 1970, 1er septembre 1973, 22 septembre 1973, 2 octobre 1976, 30 octobre 1976, 20 novembre 1976, 9 avril 1977, 16 avril 1977, 4 juin 1977, 24 décembre 1977, 28 janvier 1978, 27 janvier 1979, 11 juin 1994, 1er juillet 2000, 1er novembre 2011.
Noël Lafon, Écrits occitans cantaliens. Dix siècles d’écrits occitans (XI-XXIe siècles). Notice Besombes : p. 689-693.
Échanges avec madame Monique Besombes.
Nécrologie dans le quotidien La Montagne, décembre 2010.
1 Ainsi orthographié sur la couverture. Les textes produits en classe, de même que les documents photocopiés hésitent entre « de Murat » et « Demurat », la première forme est cependant la plus fréquente.
Rousset, Robert
Rousset, Robèrt
Ainé de dix enfants, Robert Rousset est né le 11 octobre 1927 au Villaret commune de Gabrias, Lozère) entre Lot et Colagne. D’une famille de paysans, sa langue maternelle a été, cela va sans dire, le « patois » et il l’a faite sienne toute sa vie. Il disait souvent : « la première façon d’être est de faire vivre sa langue maternelle ». Il commence ses études à l’école de La Lichière, puis au petit séminaire de Marvéjols, où il fait des études de lettres classiques et à Langogne ave l’abbé Vialet.
Après une licence de droit à Montpellier, il « monte » à Paris et réussit le concours d’inspecteur des impôts. En 1972, il quitte l’Administration pour prendre le poste de rédacteur en chef d’une revue nationale d’actualités fiscales et devient avocat fiscaliste. Marié en 1956 avec Louisette Meissonier, ils ont eu trois enfants, Sylvie, Christine et Arthur. Attaché au pays, il revenait dès qu’il pouvait en Lozère et depuis 1956 mai surtout à Rieutort-de-Randon où il avait acheté une maison.
Homme rigoureux, il affirmait son point de vue avec détermination et avait horreur de « l’à-peu-près ». Il aimait aussi chasser dans les bois et parler occitan avec ses amis lozériens. Il était bon photographe (Voir la photo de la pierre mystérieuse qui illustre la couverture du Dictionnaire occitan-français Dialecte Gévaudanais.
Notre langue était pour lui une véritable passion. Il en étudia seul la grammaire, les dialectes, surtout le dialecte du Gévaudan. Dans sa lettre de condoléances, Alan Pantel, un ami occitaniste de Lozère, écrit : « Et de s’investir, de faire des recherches, d’équarrir los mots, de les passer au crible. »
Il était adhérent de nombreuses associations : Les amis de la langue d’oc - L’association des félibres de Paris, La veillée d’Auvergne, L’Association des Lozériens de Paris, l’association des amicales lozériennes de France. Il fut, en 1989, parmi les fondateurs de l’Escolo gabalo. Il apportait dans ses associations sa grande culture, son savoir et sa rigueur. Il participait aussi à l’Association internationale d’études occitans (AIEO - http://www.aieo.org/) qui rassemble de chercheurs de toutes disciplines sur la matière d’oc, avec de nombreuses publications et un grand congrès tous les 3 ans. Il avait participé également, en 2009, au 2nd colloque de la Sorbonne « Langues et cultures régionales de France, 10 ans après », ainsi que le note Fanch Broudic, lors de la table ronde « Le rôle des associations dans les politiques en faveur des langues régionales. » Il y soulignait, selon Broudic, que « La force et la faiblesse de la langue d'oc, c'est qu'elle concerne 30 départements et six régions. Ce qui génère des problèmes insolubles pour les associations : elles sont confrontées à une multitude d'interlocuteurs. »
Engagé au Félibrige dès 1984 après la Sainte Estelle de Sceaux, il participa à l’organisation de celle de Mende en 1992 qui fut une réussite. Élu majoral en 1994 (cigale de la Jeanne ou de Mussidan) en remplacement de Sylvain Toulze, participait activement à toutes les réunions.
Une de ses œuvres, où il avait mis tout son savoir, toute sa rigueur et sa détermination est la rédaction du Dictionnaire occitan-français dialecte gévaudanais avec Émile Tichet (Milomilou), Aimé Molinier, Aimé Ramadier et Prosper Rambier. Le dialecte du Gévaudan selon Pierre Bec : « appartient au languedocien septentrional tout comme le rouergat et l’aurillacois mais il est en même temps proche du languedocien oriental et aussi du provençal. » Il faut cependant préciser qu’une partie de la haute Lozère parla auvergnat. Ce dialecte avait bien sûr une grammaire, notamment la Grammaire Lozérienne de Léon Teissier 1, mais aucun de dictionnaire. On peut dire aussi que les auteurs du Gévaudan ont toujours transposé, dans leur façon d’écrire, ce que leurs oreilles entendaient, c’est-à-dire qu’ils ont employé une graphie sans vraies règles d’orthographe.
La gageure de ce dictionnaire a été de concilier des conceptions graphiques différentes : faire figurer les mots écrits dans une graphie la plus proche de celle d’Alibert. Une autre particularité, un trésor pour plus d’un usager : chaque mot d’appel est suivi de son équivalent en graphie classique que los élèves apprennent dans les calandretas et les classes bilingues de l’enseignement public. Pour mener à bien ce travail de bénédictin, les auteurs sont partis de fiches établies auparavant par Félix Remize, surnommé lo Grelhet [le Grillon] (1865-1941) grand défenseur de la langue et écrivain d’oc, et d’un lexique de Jean David déposé aux archives départementales de Lozère. À propos du Grelhet, on peut dire que c’est sous l’impulsion de de Robert Rousset qu’une stèle a été édifiée en son honneur à Mende. Robert Rousset s’inspirait aussi des études savantes de Charles Camproux (1908-1994), originaire de Marseille, qui avait commencé sa carrière de professeur de lettres en Lozère 2.
Robert Rousset écrivait aussi dans le journal La Lozère Nouvelle, les revues Le Félibrige, et Lou Païs – Revue Régionale du Gévaudan et des Cévennes. Il ne s’intéressait pas seulement à la langue mais à tout le patrimoine du Gévaudan. À l’origine de l’association Promotion du patrimoine lozérien, dirigée per Jean-Paul Mazot rédacteur de la revue Société des lettres Sciences et Arts de la Lozère, il soutenait, avec Louisette, son épouse, la cause des danses folkloriques et les chanteurs occitans. Il avait écrit une belle préface pour le CD Sanflorada per deman 3. Il y saluait « la noble langue d’oc, celle-là même qu’illustrèrent nos troubadours (trobadors), eux dont la lyrique inspira toute la littérature européenne naissante à l’apogée du Moyen Âge. Certains de ces chants portent la marque de cette influence, tel le Se canta (attribué à Gaston de Foix et devenu l’hymne occitan par excellence) modestement calqué sur le thème de l’Amor de lònh ». Le dernier air, « Tèrra d’Aubrac », chanté par Philippe Vialard nous parle d’une
Tèrra d’Aubrac, tèrra mejana,
Entre Roèrgue et Gavaudan
País de fònts, de blanca lana
Qu’estend l’ivèrn après Totsants,
Siás benlèu freg, mas la marrana
Grepesís pas tos fièrs enfants… 4
Il s’agit d’un texte de Zéphir Bosc, le félibre rouergat, qui est mort deux jours avant Robert Rousset. Tous deux se retrouvaient chaque année à Rodez, au festival Estivada, où ils tenaient avec d’autres le stand du Félibrige
Robert Rousset était effectivement de ces félibres attachés au travail unitaire pour la langue et la culture aux côtés des occitanistes. Il participa ainsi à plusieurs manifestations « Anem, òc, per la lenga occitana. » 5 (Carcassonne 2005 et 2009, Béziers 2007) et aussi aux réunions d’organisation interassociatives.
Robert Rousset n’a pas écrit à proprement dit de livre en occitan mais il a beaucoup écrit dans cette langue dans les nombreuses revues à la rédaction desquelles il participait. On lui doit entre autres un texte : Lo laus de la durmida, hommage à la sieste, présenté à la Sainte Estelle du Lavandou. En voici un court extrait :
…E aquí, de se laissar anar, vos dise pas lo benaise… A chap pauc, en parpalejant, puèi en clucant los uèlhs, lo sòm ven plan-planet, un sòm leugièr amb de sòmis agradius que vos fan landrinejar l’imaginari tras los níbols del cèl, mentre que lo cervèl pren la velha. D’unes, pr’aquò, plantan bana per de bon e se botan a roncar coma une orguena… 6
Robert Rousset a publié récemment : Les noms de famille en Gévaudan (Société des Lettres sciences et arts de la Lozère.) 7
1- Teissier Léon, Grammaire Lozérienne, Lou País, 1964. Plaquette de 48 pages illustrée de nombreux dessins en noir et blanc dans le texte. Cahiers du Gévaudan, n°6. Couverture de S. Tichet.
2-Il consacra une bonne part de son travail à la linguistique
Essai de géographie linguistique du Gévaudan, Presses universitaires de France / DL 1962
Essai de géographie linguistique du Gévaudan. 2, [Morphologie, lexicologie], Presses universitaires de France / 1962
Petit atlas linguistique discursif du Gévaudan, Centre d'études occitanes, Université Paul-Valéry / [197-]
Essai de géographie linguistique du Gévaudan. 1, Phonétique, Presses universitaires de France / 1962
Essai de géographie linguistique du Gévaudan. Tome I, PhonétiquePresses Universitaires de France / 1963
Essai de géographie linguistique du Gévaudan.... 2, Morphologie. Lexicologie, Presses universitaires de France / 1962
Essai de géographie linguistique du Gévaudan. Tome II, Morphologie, lexicologie, Presses Universitaires de France / 1963
3- Disque enregistré au studio de La Nauze par Fabien Salabert en août 2001.
4- Terre d’Aubrac, terre mitoyenne / entre Rouergue et Gévaudan / pays de sources, de blanche laine / que l’hiver répand après la Toussaint / tu es peut-être froid, mais l’accablement / n’engourdit pas tes fiers enfants.
6-…Et là, de se laisser aller, je ne vous dise pas le bien-être… Peu à peu, en clignant des paupières, puis en fermant les yeux, le sommeil vient doucement, un sommeil léger avec des rêves agréables qui vous font vagabonder l’imaginaire à travers les nuages du ciel, pendant que le cerveau prend la veille. Certains, cependant, s’endorment [mot à mot : « plantent la corne »] pour de bon et se mettent à ronfler comme un orgue…
7-Robert Rousset : Les noms de famille/los noms d’ostals en Gevaudan, Société des Lettres, sciences et arts de la Lozère, 2019
1992, (Aimé Molinier, Prosper Rambier, Robert Rousset, Emile Tichet) Dictionnaire occitan-français : dialecte gévaudanais ; Saint Sauveur de Ayre, l’Escòla gabalo-1992.
2019, Robert Rousset, Les noms de famille, los noms d’ostals en Gévaudan. Société des Lettres, sciences et arts de la Lozère. http://www.societedeslettres48.fr/derniere-parution-les-noms-de- famille-en-gevaudan/
Entretiens oraux avec Mesdames Louisette Rousset et Pierrette Berengier, majorale du Félibrige.
Revue du Gévaudan, des Causses & Cévennes.
Liste des majoraux du Félibrige, classés par cigale : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_majoraux_du_F%C3%A9librige
Félix Buffière Doyen honoraire de la Faculté libre des lettres à l’institut Catholique de Toulouse, préface du Dictionnaire Occitan Français Dialecte Gévaudanais, 1992.
Fanch Broudic, blog « la langue bretonne » : http://www.langue-bretonne.org/archives/2011/07/22/21658926.html et http://www.langue-bretonne.org/albums/t_le_2e_colloque__langues_regionales__de_la_sorbonne/index.html#lg=1&slide=12.
Joan François Costes : « Despartidas », Lo Vira-Solelh, Bulletin électronique de la Société des félibres de Paris. Les amis de la langue d’oc, http://amilengoc.free.fr/, 63, ivèrn de 2021, p. 4-5
Patrick Delmas, majoral du Félibrige : Lettre de condoléances à Madame Rousset.
Pierre Fabre, ancien Capoulié du Felibrige. Lettre de condoléances à Madame Rousset.
Jan Fourié : « Adieu al majoral Robèrt Rousset » : Lou Felibrige, 322, p. 33-31.
Bernard Giely : « Lou majourau Robèrt Rousset », Provenço d’aro, 372, janvié de 2021, p. 8.
Alain et Jeanne Pantel : lettre à Louisette Rousset
Robert Rousset, originaire de Lozère, majoral du Félibrige en 1994 a œuvré toute sa vie pour la survie et la qualité de sa langue maternelle et de façon générale pour la défense du patrimoine du Gévaudan.
Rousset, Robert
Rousset, Robèrt
Ainé de dix enfants, Robert Rousset est né le 11 octobre 1927 au Villaret commune de Gabrias, Lozère) entre Lot et Colagne. D’une famille de paysans, sa langue maternelle a été, cela va sans dire, le « patois » et il l’a faite sienne toute sa vie. Il disait souvent : « la première façon d’être est de faire vivre sa langue maternelle ». Il commence ses études à l’école de La Lichière, puis au petit séminaire de Marvéjols, où il fait des études de lettres classiques et à Langogne ave l’abbé Vialet.
Après une licence de droit à Montpellier, il « monte » à Paris et réussit le concours d’inspecteur des impôts. En 1972, il quitte l’Administration pour prendre le poste de rédacteur en chef d’une revue nationale d’actualités fiscales et devient avocat fiscaliste. Marié en 1956 avec Louisette Meissonier, ils ont eu trois enfants, Sylvie, Christine et Arthur. Attaché au pays, il revenait dès qu’il pouvait en Lozère et depuis 1956 mai surtout à Rieutort-de-Randon où il avait acheté une maison.
Homme rigoureux, il affirmait son point de vue avec détermination et avait horreur de « l’à-peu-près ». Il aimait aussi chasser dans les bois et parler occitan avec ses amis lozériens. Il était bon photographe (Voir la photo de la pierre mystérieuse qui illustre la couverture du Dictionnaire occitan-français Dialecte Gévaudanais.
Notre langue était pour lui une véritable passion. Il en étudia seul la grammaire, les dialectes, surtout le dialecte du Gévaudan. Dans sa lettre de condoléances, Alan Pantel, un ami occitaniste de Lozère, écrit : « Et de s’investir, de faire des recherches, d’équarrir los mots, de les passer au crible. »
Il était adhérent de nombreuses associations : Les amis de la langue d’oc - L’association des félibres de Paris, La veillée d’Auvergne, L’Association des Lozériens de Paris, l’association des amicales lozériennes de France. Il fut, en 1989, parmi les fondateurs de l’Escolo gabalo. Il apportait dans ses associations sa grande culture, son savoir et sa rigueur. Il participait aussi à l’Association internationale d’études occitans (AIEO - http://www.aieo.org/) qui rassemble de chercheurs de toutes disciplines sur la matière d’oc, avec de nombreuses publications et un grand congrès tous les 3 ans. Il avait participé également, en 2009, au 2nd colloque de la Sorbonne « Langues et cultures régionales de France, 10 ans après », ainsi que le note Fanch Broudic, lors de la table ronde « Le rôle des associations dans les politiques en faveur des langues régionales. » Il y soulignait, selon Broudic, que « La force et la faiblesse de la langue d'oc, c'est qu'elle concerne 30 départements et six régions. Ce qui génère des problèmes insolubles pour les associations : elles sont confrontées à une multitude d'interlocuteurs. »
Engagé au Félibrige dès 1984 après la Sainte Estelle de Sceaux, il participa à l’organisation de celle de Mende en 1992 qui fut une réussite. Élu majoral en 1994 (cigale de la Jeanne ou de Mussidan) en remplacement de Sylvain Toulze, participait activement à toutes les réunions.
Une de ses œuvres, où il avait mis tout son savoir, toute sa rigueur et sa détermination est la rédaction du Dictionnaire occitan-français dialecte gévaudanais avec Émile Tichet (Milomilou), Aimé Molinier, Aimé Ramadier et Prosper Rambier. Le dialecte du Gévaudan selon Pierre Bec : « appartient au languedocien septentrional tout comme le rouergat et l’aurillacois mais il est en même temps proche du languedocien oriental et aussi du provençal. » Il faut cependant préciser qu’une partie de la haute Lozère parla auvergnat. Ce dialecte avait bien sûr une grammaire, notamment la Grammaire Lozérienne de Léon Teissier 1, mais aucun de dictionnaire. On peut dire aussi que les auteurs du Gévaudan ont toujours transposé, dans leur façon d’écrire, ce que leurs oreilles entendaient, c’est-à-dire qu’ils ont employé une graphie sans vraies règles d’orthographe.
La gageure de ce dictionnaire a été de concilier des conceptions graphiques différentes : faire figurer les mots écrits dans une graphie la plus proche de celle d’Alibert. Une autre particularité, un trésor pour plus d’un usager : chaque mot d’appel est suivi de son équivalent en graphie classique que los élèves apprennent dans les calandretas et les classes bilingues de l’enseignement public. Pour mener à bien ce travail de bénédictin, les auteurs sont partis de fiches établies auparavant par Félix Remize, surnommé lo Grelhet [le Grillon] (1865-1941) grand défenseur de la langue et écrivain d’oc, et d’un lexique de Jean David déposé aux archives départementales de Lozère. À propos du Grelhet, on peut dire que c’est sous l’impulsion de de Robert Rousset qu’une stèle a été édifiée en son honneur à Mende. Robert Rousset s’inspirait aussi des études savantes de Charles Camproux (1908-1994), originaire de Marseille, qui avait commencé sa carrière de professeur de lettres en Lozère 2.
Robert Rousset écrivait aussi dans le journal La Lozère Nouvelle, les revues Le Félibrige, et Lou Païs – Revue Régionale du Gévaudan et des Cévennes. Il ne s’intéressait pas seulement à la langue mais à tout le patrimoine du Gévaudan. À l’origine de l’association Promotion du patrimoine lozérien, dirigée per Jean-Paul Mazot rédacteur de la revue Société des lettres Sciences et Arts de la Lozère, il soutenait, avec Louisette, son épouse, la cause des danses folkloriques et les chanteurs occitans. Il avait écrit une belle préface pour le CD Sanflorada per deman 3. Il y saluait « la noble langue d’oc, celle-là même qu’illustrèrent nos troubadours (trobadors), eux dont la lyrique inspira toute la littérature européenne naissante à l’apogée du Moyen Âge. Certains de ces chants portent la marque de cette influence, tel le Se canta (attribué à Gaston de Foix et devenu l’hymne occitan par excellence) modestement calqué sur le thème de l’Amor de lònh ». Le dernier air, « Tèrra d’Aubrac », chanté par Philippe Vialard nous parle d’une
Tèrra d’Aubrac, tèrra mejana,
Entre Roèrgue et Gavaudan
País de fònts, de blanca lana
Qu’estend l’ivèrn après Totsants,
Siás benlèu freg, mas la marrana
Grepesís pas tos fièrs enfants… 4
Il s’agit d’un texte de Zéphir Bosc, le félibre rouergat, qui est mort deux jours avant Robert Rousset. Tous deux se retrouvaient chaque année à Rodez, au festival Estivada, où ils tenaient avec d’autres le stand du Félibrige
Robert Rousset était effectivement de ces félibres attachés au travail unitaire pour la langue et la culture aux côtés des occitanistes. Il participa ainsi à plusieurs manifestations « Anem, òc, per la lenga occitana. » 5 (Carcassonne 2005 et 2009, Béziers 2007) et aussi aux réunions d’organisation interassociatives.
Robert Rousset n’a pas écrit à proprement dit de livre en occitan mais il a beaucoup écrit dans cette langue dans les nombreuses revues à la rédaction desquelles il participait. On lui doit entre autres un texte : Lo laus de la durmida, hommage à la sieste, présenté à la Sainte Estelle du Lavandou. En voici un court extrait :
…E aquí, de se laissar anar, vos dise pas lo benaise… A chap pauc, en parpalejant, puèi en clucant los uèlhs, lo sòm ven plan-planet, un sòm leugièr amb de sòmis agradius que vos fan landrinejar l’imaginari tras los níbols del cèl, mentre que lo cervèl pren la velha. D’unes, pr’aquò, plantan bana per de bon e se botan a roncar coma une orguena… 6
Robert Rousset a publié récemment : Les noms de famille en Gévaudan (Société des Lettres sciences et arts de la Lozère.) 7
1- Teissier Léon, Grammaire Lozérienne, Lou País, 1964. Plaquette de 48 pages illustrée de nombreux dessins en noir et blanc dans le texte. Cahiers du Gévaudan, n°6. Couverture de S. Tichet.
2-Il consacra une bonne part de son travail à la linguistique
Essai de géographie linguistique du Gévaudan, Presses universitaires de France / DL 1962
Essai de géographie linguistique du Gévaudan. 2, [Morphologie, lexicologie], Presses universitaires de France / 1962
Petit atlas linguistique discursif du Gévaudan, Centre d'études occitanes, Université Paul-Valéry / [197-]
Essai de géographie linguistique du Gévaudan. 1, Phonétique, Presses universitaires de France / 1962
Essai de géographie linguistique du Gévaudan. Tome I, PhonétiquePresses Universitaires de France / 1963
Essai de géographie linguistique du Gévaudan.... 2, Morphologie. Lexicologie, Presses universitaires de France / 1962
Essai de géographie linguistique du Gévaudan. Tome II, Morphologie, lexicologie, Presses Universitaires de France / 1963
3- Disque enregistré au studio de La Nauze par Fabien Salabert en août 2001.
4- Terre d’Aubrac, terre mitoyenne / entre Rouergue et Gévaudan / pays de sources, de blanche laine / que l’hiver répand après la Toussaint / tu es peut-être froid, mais l’accablement / n’engourdit pas tes fiers enfants.
6-…Et là, de se laisser aller, je ne vous dise pas le bien-être… Peu à peu, en clignant des paupières, puis en fermant les yeux, le sommeil vient doucement, un sommeil léger avec des rêves agréables qui vous font vagabonder l’imaginaire à travers les nuages du ciel, pendant que le cerveau prend la veille. Certains, cependant, s’endorment [mot à mot : « plantent la corne »] pour de bon et se mettent à ronfler comme un orgue…
7-Robert Rousset : Les noms de famille/los noms d’ostals en Gevaudan, Société des Lettres, sciences et arts de la Lozère, 2019
1992, (Aimé Molinier, Prosper Rambier, Robert Rousset, Emile Tichet) Dictionnaire occitan-français : dialecte gévaudanais ; Saint Sauveur de Ayre, l’Escòla gabalo-1992.
2019, Robert Rousset, Les noms de famille, los noms d’ostals en Gévaudan. Société des Lettres, sciences et arts de la Lozère. http://www.societedeslettres48.fr/derniere-parution-les-noms-de- famille-en-gevaudan/
Entretiens oraux avec Mesdames Louisette Rousset et Pierrette Berengier, majorale du Félibrige.
Revue du Gévaudan, des Causses & Cévennes.
Liste des majoraux du Félibrige, classés par cigale : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_majoraux_du_F%C3%A9librige
Félix Buffière Doyen honoraire de la Faculté libre des lettres à l’institut Catholique de Toulouse, préface du Dictionnaire Occitan Français Dialecte Gévaudanais, 1992.
Fanch Broudic, blog « la langue bretonne » : http://www.langue-bretonne.org/archives/2011/07/22/21658926.html et http://www.langue-bretonne.org/albums/t_le_2e_colloque__langues_regionales__de_la_sorbonne/index.html#lg=1&slide=12.
Joan François Costes : « Despartidas », Lo Vira-Solelh, Bulletin électronique de la Société des félibres de Paris. Les amis de la langue d’oc, http://amilengoc.free.fr/, 63, ivèrn de 2021, p. 4-5
Patrick Delmas, majoral du Félibrige : Lettre de condoléances à Madame Rousset.
Pierre Fabre, ancien Capoulié du Felibrige. Lettre de condoléances à Madame Rousset.
Jan Fourié : « Adieu al majoral Robèrt Rousset » : Lou Felibrige, 322, p. 33-31.
Bernard Giely : « Lou majourau Robèrt Rousset », Provenço d’aro, 372, janvié de 2021, p. 8.
Alain et Jeanne Pantel : lettre à Louisette Rousset
Robèrt Rousset, originari de Losera, majoral del Felibritge en 1994 a obrat tota sa vida per la subrevida et la qualitat de sa lenga mairala e d’un biais general per la defensa del patrimòni del Gavaudan.
Rousset, Robert
Rousset, Robèrt
Ainat de dètz enfants, Robèrt Rousset es nascut en Losera, lo 11 d’octobre 1927 al Vilaret de Gabrias (Losera) entre Òlt e Colanha. D’una familha de païsans, sa lenga mairala foguèt, aquò va sens dire, lo « patés » e la faguèt sieuna sa vida tota. Disiá sovent : « lo primièr biais d’èstre es de far viure sa lenga mairala ». Entamenèt sos estudis a l’escòla de La Lichièira, puèi al pichòt seminari de Maruèjols, ont faguèt d’estudis de letras classicas e a Lengònha ambe l’abat Vialet.
Après una licéncia de drech a Montpelhièr montèt a París e capitèt lo concors d’inspector de las talhas. En 1972, daissèt l’Administracion per prene lo pòste de cap-redactor d’una revista nacionala d’actualitats fiscalas e venguèt avocat fiscalista. Maridat en 1956 ambe Loïseta Meissonièr, aguèron tres enfants, Sylvie, Christine e Arthur. Estacat al país, s’entornava tre que podiá en Losera e despuèi 1956 mai que mai a Riutòrt de Randon ont aviá aquesit un ostal.
Òme rigorós, afortissiá sos vejaires ambe determinacion e aviá orror de « l’aquicòm prèp ». Aimava tanben caçar dins los bòsques e parlar occitan ambe sos amics loserians. Èra encara bon fotograf (Veire la fòto de la pèira misteriosa qu’illustra la tampa del Dictionnaire occitan-français Dialecte Gevaudanais).
La lenga nòstra èra per el una vertadièra passion. Estudièt sol sa gramatica, los dialèctes e mai que mai lo dialècte gavaudanés. Dins sa letra de condolenças, Alan Pantel, un amic occitanista de Losera, escriguèt : « E de s’investir, de far de recercas, de chapusar los mots, de los passar al crivèl. »
Èra sòci d’associacions nombrosas : Les amis de la langue d’oc - L’association des félibres de Paris, La velhada d’Auvernha, L’Association des lozèriens de Paris, l’association des amicales lozériennes de France. Foguèt en 1989, dels fondators de l’Escolo gabalo. Portava dinsa quelas associacions sa granda cultura, son saber e sa rigor. Obrèt tanben dins l’Associacion internacionala d’estudis occitans (AIEO - http://www.aieo.org/) que recampa de cercaires de mantuna disciplina concernissent la matèria d’òc, amb de publicacions nombrosas e un grand congrès cada tres ans. Aviá tanben participat, en 2009, al 2nd collòqui de la Sorbona « Langues et cultures régionales de France, 10 ans après », coma lo nòta Fanch Broudic, al moment de la taula redonde « Le rôle des associations dans les politiques en faveur des langues régionales. » I sotlinhava, segon Broudic, que « La force et la faiblesse de la langue d'oc, c'est qu'elle concerne 30 départements et six régions. Ce qui génère des problèmes insolubles pour les associations : elles sont confrontées à une multitude d'interlocuteurs. »
Felibre tre 1984 aprèp la Santa Estèla de Scèus, participèt a l’organizacion d’aquela de Mende en 1992 que foguèt plan capitada. Elegit majoral en 1994 (cigalo de la Jano o de Mussidan) en remplaçament de Sylvan Toulze, participava activament a totas las acampadas.
Una de sas òbras, ont meteguèt tot son saber, tota sa rigor e sa determinacion es la redaccion del Dictionnaire occitan-français dialecte gévaudanais ambe Emilo Tichet (Milomilou), Aimat Molinier, Aimat Ramadier e Prosper Rambier. Lo dialècte gevaudanés segon Pèire Bec : « apartient au languedocien septentrional tout comme le rouergat et l’aurillacois mais il est en même temps proche du languedocien oriental et aussi provençal. » Cal apondre pr’aquò que tota una partida de la nauta Losera parla auvernhat. De segur aquel dialècte aviá una gramatica, per ne ‘n citar qu’una, la Grammaire Lozérienne de Léon Teissier1, mas pas cap de diccionari. Se pòt dire tanben que, de totjorn, los autors gevaudaneses an transpausat, dins lor biais d’escriure, çò que lors aurelhas ausissián, es a dire una escritura sens vertadièras règlas ortograficas.
L’escomesa d’aquel diccionari es estat de conciliar de concepcions graficas diferentas : faire figurar los mots escriches dins una ortografia la mai prèp d’aquela d’Alibert. Una autra particularitat, un tresòr per mai d’un, cada mot d’apèl es seguit de son equivalent en grafia classica que los escolièrs aprenon la lenga aital dins las calandretas e las classas bilingüas de l’ensenhament public. Per menar a bon pro aquel trabalh de benedictin partiguèron de fichas establidas aperabans per Felix Remize, escaisnommat lo Grelhet (1865-1941) grand defensor e escrivan de nòstra lenga, e d’un lexic de Jean David depausat als archius departamentals de Losera. A prepaus del Grelhet, se pòt dire qu’es a l’estigança de Robèrt Rousset qu’una estèla foguèt edificada a son onor a Mende. Robèrt Rousset s’inpirèt tanben dels estudis sabents de Carles Camprós (1908-1994), originari de Marselha mas que comencèt sa carrièra de professor de letras en Losera2.
Robèrt Rousset escriviá tanben dins lo jornal La Lozère Nouvelle, la revista Le Félibrige, e Lou Païs Revue Régionale du Gévaudan et des Cévennes. S’interessava pas solament a la lenga mas a tot lo patrimòni del Gavaudan. A l’origina de l’associacion Promotion du patrimoine lozérien, capdelada per Jean-Paul Mazot redactor de la revista Société des lettres Sciences et Arts de la Lozère, sostenguèt, ambe Loïseta, son esposa, la causa de las dansas folcloricas e los cantaires occitans. Prefacèt remirablament lo CD Sanflorada per deman 3. I saludava « la noble langue d’oc, celle-là même qu’illustrèrent nos troubadours (trobadors), eux dont la lyrique inspira toute la littérature européenne naissante à l’apogée du Moyen Âge. Certains de ces chants portent la marque de cette influence, tel le Se canta (attribué à Gaston de Foix et devenu l’hymne occitan par excellence) modestement calqué sur le thème de l’Amor de lònh ». L’èr darrièr, « Tèrra d’Aubrac », cantat per Philippe Vialard nos parla d’una
Tèrra d’Aubrac, tèrra mejana,
Entre Roergue e Gavaudan
País de fònts, de blanca lana
Qu’estend l’ivèrn après Totsants,
Siás benlèu frèg, mas la marrana
Grepesís pas tos fièrs enfants… 4
S’agís aquí d’un tèxt de Zefir Bòsc, lo felibre roergat, que moriguèt 2 jorns abans Robèrt Rousset. Totes dos se retrovavan cada annada a Rodés, per las Estivadas, a téner amb d’autres l’estand del Felibritge
Robèrt Rousset èra efèctivament d’aqueles felibres estacats al trabalh unitari per la lenga e la cultura a costat dels occitanistas. Participèt tanben a mantuna manifestacion « Anem òc per la lenga occitana. »5 (Carcassona 2005 e 2009, Besièrs 2007) e mai als acamps d’organizacion.
Robèrt Rousset a pas escrich de libre en occitan mas a fòrça escrich en occitan dins las revistas nombrosas que i collaborava. Li devèm entre-autres un texte « Lo laus de la durmida », omenatge al prangeiron presentat a la Santa Estela del Lavandou. Ne vaquí un cort extrach :
…E aquí, de se laissar anar, vos dise pas lo benaise… A chap pauc, en parpalejant, puèi en clucant los uèlhs, lo sòm ven plan-planet, un sòm leugièr ambe de somis agradius que vos fan landrinejar l’imaginari tras los níbols del cèl, mentre que lo cervèl pren la velha. D’unes pr’aquò, plantan bana per de bon e se botan a roncar coma una orguena…
Robèrt Rousset a publicat recentament Les noms de famille en Gévaudan (Société des Lettres, sciences et arts de la Lozère.) 6
1- Teissier Léon, Grammaire Lozérienne, Lou País, 1964. Plaquette de 48 pages illustrée de nombreux dessins en noir et blanc dans le texte. Cahiers du Gévaudan, n°6. Couverture de S. Tichet.
2-Que i consacrèt bona part de son trabalh de linguista
Essai de géographie linguistique du Gévaudan, Presses universitaires de France / DL 1962
Essai de géographie linguistique du Gévaudan. 2, [Morphologie, lexicologie], Presses universitaires de France / 1962
Petit atlas linguistique discursif du Gévaudan, Centre d'études occitanes, Université Paul-Valéry / [197-]
Essai de géographie linguistique du Gévaudan. 1, Phonétique, Presses universitaires de France / 1962
Essai de géographie linguistique du Gévaudan. Tome I, PhonétiquePresses Universitaires de France / 1963
Essai de géographie linguistique du Gévaudan.... 2, Morphologie. Lexicologie, Presses universitaires de France / 1962
Essai de géographie linguistique du Gévaudan. Tome II, Morphologie, lexicologie, Presses Universitaires de France / 1963
3- Disque enregistré au studio de La Nauze par Fabien Salabert en août 2001.
4- Terre d’Aubrac, terre mitoyenne / entre Rouergue et Gévaudan / pays de sources, de blanche laine / que l’hiver répand après la Toussaint / tu es peut-être froid, mais l’accablement / n’engourdit pas tes fiers enfants.
6-Robert Rousset : Les noms de famille/los noms d’ostals en Gevaudan, Société des Lettres, sciences et arts de la Lozère, 2019
1992, (Aimé Molinier, Prosper Rambier, Robert Rousset, Emile Tichet) Dictionnaire occitan-français : dialecte gévaudanais ; Saint Sauveur de Ayre, l’Escòla gabalo-1992.
2019, Robert Rousset, Les noms de famille, los noms d’ostals en Gévaudan. Société des Lettres, sciences et arts de la Lozère. http://www.societedeslettres48.fr/derniere-parution-les-noms-de- famille-en-gevaudan/
Entretiens oraux avec Mesdames Louisette Rousset et Pierrette Berengier, majorale du Félibrige.
Revue du Gévaudan, des Causses & Cévennes.
Liste des majoraux du Félibrige, classés par cigale : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_majoraux_du_F%C3%A9librige
Félix Buffière Doyen honoraire de la Faculté libre des lettres à l’institut Catholique de Toulouse, préface du Dictionnaire Occitan Français Dialecte Gévaudanais, 1992.
Fanch Broudic, blog « la langue bretonne » : http://www.langue-bretonne.org/archives/2011/07/22/21658926.html et http://www.langue-bretonne.org/albums/t_le_2e_colloque__langues_regionales__de_la_sorbonne/index.html#lg=1&slide=12.
Joan François Costes : « Despartidas », Lo Vira-Solelh, Bulletin électronique de la Société des félibres de Paris. Les amis de la langue d’oc, http://amilengoc.free.fr/, 63, ivèrn de 2021, p. 4-5
Patrick Delmas, majoral du Félibrige : Lettre de condoléances à Madame Rousset.
Pierre Fabre, ancien Capoulié du Felibrige. Lettre de condoléances à Madame Rousset.
Jan Fourié : « Adieu al majoral Robèrt Rousset » : Lou Felibrige, 322, p. 33-31.
Bernard Giely : « Lou majourau Robèrt Rousset », Provenço d’aro, 372, janvié de 2021, p. 8.
Alain et Jeanne Pantel : lettre à Louisette Rousset
Beaumadier, Léonce (1893-1980)
Beaumadier, Frédéric Léonce Clément (Forme complète d'état-civil)
Le chantre du hautbois (pseudonyme)
Frédéric Léonce Beaumadier, dit Léonce Beaumadier, est né à Béziers à la fin du XIXe siècle dans une famille bourgeoise. Ses parents, Numa et Philippine Beaumadier, sont boulangers avenue du Colonel d'Ornano ; ils orientent Léonce vers des études de pharmacie à Montpellier. Parallèlement, Léonce pratique la clarinette, le hautbois traditionnel, et assiste avant la Grande guerre à de nombreuses fêtes populaires.
Léonce Beaumadier avait entamé à l'Estudiantina de Béziers deux formations, de joueur de mandoline, et d'hautboïste classique, interrompues par son engagement volontaire en 1913, puis par la mobilisation d'août 1914. Nommé caporal au 119e régiment d'infanterie, il est gravement blessé par des éclats d'obus de 210 millimètres le 19 août 1915, puis il est victime d'un écrasement thoracique dû à l'effondrement de son poste avancé lors des batailles de l'Artois, à Neuville Saint-Vaast. Dès lors, Léonce Beaumadier doit renoncer prématurément à la pratique de la danse et surtout à celle du hautbois traditionnel du Bas-Languedoc pour lequel désormais le souffle lui manque.
Après l'obtention de son diplôme d'herboriste, il devient droguiste et s'installe dans une pharmacie-droguerie-herboristerie au 33 rue Boëldieu, à Béziers, dès 1922. Il rencontre Marie-Louise Amalric, sa future femme, qui deviendra costumière des formations folkloriques dont Léonce Beaumadier sera le responsable à partir de 1937.
De leur mariage naissent deux fils, Philippe et Paul, tous deux prêtres dans le Biterrois. Le premier décède prématurément de la tuberculose à l'âge de 25 ans, tandis que Paul, ordonné prêtre à Sète puis à Béziers, assiste son père dans ses travaux de recherches et de sauvegarde du patrimoine immatériel bas-languedocien. Léonce Beaumadier mène une vie professionnelle discrète et confortable, ce qui lui permet détudier le folklore local, discipline nouvelle dans la France de l'Entre-deux guerres. Pendant l'Occupation, Léonce Beaumadier répond aux demandes d'organisation de spectacles folkloriques qui émanent de l'administration, mais également des prisonniers de guerre en Allemagne. À la Libération, Léonce Beaumadier reprend ses collectages, mais il contracte une maladie articulaire au niveau des mains et des doigts, ce qui le contraint à renoncer définitivement à toutes les pratiques instrumentales.
Après une jeunesse très studieuse, et une Grande guerre douloureuse, Léonce Beaumadier se découvre une passion quasi-obsessionnelle pour le hautbois traditionnel du Bas-Languedoc, pour les danses populaires de la région et pour leur collectage.
Avec Clardeluno (Jeanne Barthès), Auguste Domergue (dit Frigoulet de la Gardiolo) et Léon Cordes, Léonce Beaumadier est le co-fondateur, de L'Escolo Trencavel, école félibréenne au sein de laquelle il dirige une section de danses traditionnelles costumées à partir de 1937. La même année, dès la création de la revue Trencavel, il entreprend une grande enquête sur le folklore du Bas-Languedoc auprès des derniers pratiquants.
Devenu membre du Félibrige, distingué par une cigale d'argent en 1942 et discrètement récompensé aux Jeux floraux de Roussillon de 1960, Beaumadier entreprend la sauvegarde du folklore local menacé par l'industrialisation et l'exode rural. Il collecte et rédige, de 1937 à 1980, une masse colossale de notes manuscrites, et théorise l'évolution des principales danses, notamment celles du Chevalet et des Treilles. Il collectionne tous les ouvrages et toutes les revues qui traitent de culture régionale en langue d'oc.
Il procède également à l'enregistrement sonore sur bandes magnétiques des derniers ménétriers, et sauvegarde le répertoire traditionnel des frères Emilien et Edouard Briançon, de Michel Biau, de Léon Larose et de Pierre-Joseph Cavaillé dit Lo Gueil, dernier joueur de fifre d'une longue descendance à Vendres.
À la mort de Léonce Beaumadier, le fonds est dispersé entre les héritiers directs, l'Escolo Trencavel et le groupe folklorique local, les Jardinières de l'Orb. Une partie importante de ses notes a été déposée au musée du Biterrois par l'Escolo Trencavel dont il fut un temps le Capiscol. Aujourd'hui, le fonds Léonce Beaumadier est réuni dans son intégralité dans les locaux de l'association Farandole biterroise- Escolo Trencavel.
Frédéric Léonce Beaumadier, dit Léonce Beaumadier (1893-1980), est un folkloriste biterrois, spécialisé dans le collectage et l'étude des danses, des chants, des musiques et instruments traditionnels du Bas-Languedoc.
Beaumadier, Léonce (1893-1980)
Beaumadier, Frédéric Léonce Clément (Forme complète d'état-civil)
Le chantre du hautbois (pseudonyme)
Frédéric Léonce Beaumadier, dit Léonce Beaumadier, est né à Béziers à la fin du XIXe siècle dans une famille bourgeoise. Ses parents, Numa et Philippine Beaumadier, sont boulangers avenue du Colonel d'Ornano ; ils orientent Léonce vers des études de pharmacie à Montpellier. Parallèlement, Léonce pratique la clarinette, le hautbois traditionnel, et assiste avant la Grande guerre à de nombreuses fêtes populaires.
Léonce Beaumadier avait entamé à l'Estudiantina de Béziers deux formations, de joueur de mandoline, et d'hautboïste classique, interrompues par son engagement volontaire en 1913, puis par la mobilisation d'août 1914. Nommé caporal au 119e régiment d'infanterie, il est gravement blessé par des éclats d'obus de 210 millimètres le 19 août 1915, puis il est victime d'un écrasement thoracique dû à l'effondrement de son poste avancé lors des batailles de l'Artois, à Neuville Saint-Vaast. Dès lors, Léonce Beaumadier doit renoncer prématurément à la pratique de la danse et surtout à celle du hautbois traditionnel du Bas-Languedoc pour lequel désormais le souffle lui manque.
Après l'obtention de son diplôme d'herboriste, il devient droguiste et s'installe dans une pharmacie-droguerie-herboristerie au 33 rue Boëldieu, à Béziers, dès 1922. Il rencontre Marie-Louise Amalric, sa future femme, qui deviendra costumière des formations folkloriques dont Léonce Beaumadier sera le responsable à partir de 1937.
De leur mariage naissent deux fils, Philippe et Paul, tous deux prêtres dans le Biterrois. Le premier décède prématurément de la tuberculose à l'âge de 25 ans, tandis que Paul, ordonné prêtre à Sète puis à Béziers, assiste son père dans ses travaux de recherches et de sauvegarde du patrimoine immatériel bas-languedocien. Léonce Beaumadier mène une vie professionnelle discrète et confortable, ce qui lui permet détudier le folklore local, discipline nouvelle dans la France de l'Entre-deux guerres. Pendant l'Occupation, Léonce Beaumadier répond aux demandes d'organisation de spectacles folkloriques qui émanent de l'administration, mais également des prisonniers de guerre en Allemagne. À la Libération, Léonce Beaumadier reprend ses collectages, mais il contracte une maladie articulaire au niveau des mains et des doigts, ce qui le contraint à renoncer définitivement à toutes les pratiques instrumentales.
Après une jeunesse très studieuse, et une Grande guerre douloureuse, Léonce Beaumadier se découvre une passion quasi-obsessionnelle pour le hautbois traditionnel du Bas-Languedoc, pour les danses populaires de la région et pour leur collectage.
Avec Clardeluno (Jeanne Barthès), Auguste Domergue (dit Frigoulet de la Gardiolo) et Léon Cordes, Léonce Beaumadier est le co-fondateur, de L'Escolo Trencavel, école félibréenne au sein de laquelle il dirige une section de danses traditionnelles costumées à partir de 1937. La même année, dès la création de la revue Trencavel, il entreprend une grande enquête sur le folklore du Bas-Languedoc auprès des derniers pratiquants.
Devenu membre du Félibrige, distingué par une cigale d'argent en 1942 et discrètement récompensé aux Jeux floraux de Roussillon de 1960, Beaumadier entreprend la sauvegarde du folklore local menacé par l'industrialisation et l'exode rural. Il collecte et rédige, de 1937 à 1980, une masse colossale de notes manuscrites, et théorise l'évolution des principales danses, notamment celles du Chevalet et des Treilles. Il collectionne tous les ouvrages et toutes les revues qui traitent de culture régionale en langue d'oc.
Il procède également à l'enregistrement sonore sur bandes magnétiques des derniers ménétriers, et sauvegarde le répertoire traditionnel des frères Emilien et Edouard Briançon, de Michel Biau, de Léon Larose et de Pierre-Joseph Cavaillé dit Lo Gueil, dernier joueur de fifre d'une longue descendance à Vendres.
À la mort de Léonce Beaumadier, le fonds est dispersé entre les héritiers directs, l'Escolo Trencavel et le groupe folklorique local, les Jardinières de l'Orb. Une partie importante de ses notes a été déposée au musée du Biterrois par l'Escolo Trencavel dont il fut un temps le Capiscol. Aujourd'hui, le fonds Léonce Beaumadier est réuni dans son intégralité dans les locaux de l'association Farandole biterroise- Escolo Trencavel.
Frédéric Léonce Beaumadier, dich Léonce Beaumadier, es nascut a Besièrs a la fin del sègle XIX, dins una familha borgesa. Sos parents, Numa e Felipina Beaumadier, son fornièrs a Besièrs, avenguda del Colonèl d'Ornano ; orientan lo jove Léonce cap a d'estudis de farmacia à Montpelhièr ; a costat, Léonce practica la clarineta, l'autbòi tradicional, e assistís abans la Granda guèrra a fèstas popularas.
Léonce Beaumadier aviá començat, a l'Estudiantina de Bésièrs, doas formacions : de jogaire de mandolina, e d'autbòi classic, arrestadas pr'amor de son engatjament volontari en 1913, puèi per la mobilizacion d'agost de 1914. Nomenat caporal dins lo 119en regiment d'infantariá, es grèvament nafrat per d'esclats d'obús de 210 milimètres lo 19 d’agost de 1915, puei es victima d'un espotiment toracic pr'amor de l'afondrament de son pòste avançat pendent las batèstas de l'Artois, à Neuville Saint-Vaast. D’ara en la, Léonce Beaumadier renóncia abans l'ora à la practica de las danças et subretot à la practica de l'autbòi tradicional del Lengadòc-Bas per lo qual l'alen li manca.
Aprèp la capitada de son diplòma d'erborista, se fa droguista e s'installa dins une farmaciá-droguariá-erboristariá al 33 de la carrièira Boëldieu, a Besièrs, en 1922. Rescontra lèu Maria-Loise Amalric, sa futura femna, que se farà tamben costumièira de las còlas folcloricas de Léonce Beaumadier, tre 1937.
D'aquel maridatge naisson dos enfants, Felip et Paul, totis dos curats dins lo Besierenc. Lo primièr defunta abans l'ora de la tisia à l'edat de 25 ans, mentre que Paul, ordenat preire a Cette puei a Besièrs, ajuda son paire dins lo trabalh de recercas et de salvagarda del patrimòni immaterial del Lengadòc-Bas. Léonce Beaumadier mena una vida professionala discrèta et confortabla, çò que li permet d'estudiar lo folclòre local, matèria novèla dins la França de las annadas 1930. Pendent l'Ocupacion, Léonce Beaumadier respond a las demandas d'organizacion d'espectacles folclorics que venon de l'administracion, mas tanben dels presonièrs de guèrra en Alemanha. A la Liberacion, Léonce Beaumadier recomença sos collectatges, mas aganta una malautiá articulara al nivèl de las mans e dels dets, e fin finala renóncia definitivament a practicar la musica tradicionala.
Aprèp una joinessa estudiosa, e una Granda guèrra dolorosa, Léonce Beaumadier se trapa una passion quasiment obsessionala per l'autbòi tradicional del Lengadòc-Bas, per las danças popularas localas, e mai per lor collectatge.
Amb Clardeluno (Jeanna Barthès), Auguste Domergue (escaisnomat Frigoulet de la Gardiolo) e mai Leon Còrdas, Léonce Beaumadier es l'un de los fondadors de L'Escolo Trencavel, escòla felibrenca dins la quala mena una còla de danças tradicionalas en costum tre l'annada 1937. La meteissa annada, amb la creacion de sa revista en òc Trencavel, comença une granda enquista a prepaus del folclòr en Lengadòc-Bas alprèp dels darrièrs practicants.
Vengut membre del Felibritge, nomenat Mestre d'Òbra amb la cigala d'argent en 1942 e discrètament recompensat als jòcs florals de Rosselhon de 1960, Beaumadier entrepren la salvagarda del folclòr local menaçat per l'industrializacion e mai l'exòde rural. Collecta qué ? e escriu, entre 1937 e 1980, tot un molon de nòtas manuscritas, et teoriza la mudason de las principalas danças, subretot las del Chivalet et de las Trelhas. Collecciona totas las òbras et totas las revistas que parlan de cultura regionala en lenga d'òc.
Procedís tanben a la gravadura sus de bandas manheticas dels darrièrs sonaires, et salvagarda lo repertòri tradicional dels fraires Emilien e Edouard Briançon, de Michel Biau, de Léon Larose e de Pierre-Joseph Cavaillé, dich Lo Gueil, darrièr pifraire d'una longa descendéncia dins lo vilatge de Vendres.
A la mòrt de Léonce Beaumadier en 1980, lo fons es escampilhat entre les eiretièrs dirèctes, l'Escolo Trencavel e mai la còla folclorica locala, les Jardinières de l'Orb. Une partida importanta de sas nòtas foguèron depausadas al musèu del Besierenc per l'Escolo Trencavel, que Léonce Beaumadier ne foguèt un moment lo Capiscòl. Ara, lo fons Léonce Beaumadier es amassat dans sa totalitat dins la demòra de l'associacion Farandola biterrenca - Escolo Trencavel.
Grenaille, Léon (1850-1920)
Grenalha, Leon (Forme occitane du nom)
Sur son acte de naissance, Léon Grenaille est appelé Pierre Grenaille, fils de Géraud Grenaille et de Suzanne Lagugie qui habitaient au Port de Grolejac ; Son nom de baptême fut changé au cours de sa vie, comme c'était la mode à cette époque-là.
Il naquit à La Pontonnerie de Carsac (Dordogne) le 5 juillet 1850, dans une famille d'origine locale ; les Grenaille y habitaient depuis la Révolution ; c'était une auberge ancienne, relais de poste qui se trouvait en face du port de Grolejac installé sur l'autre rive. Le poète trouvait son inspiration dans la vie près du fleuve.
Il était issu d'une famille rurale, paysans depuis de nombreuses générations. Il se maria avec une fille qui venait aussi du milieu rural. Son arrière-petit-fils, interrogé le 20 août 2020, n'a pas pu donner d'informations quant à sa scolarité dans les années 1850-1870, ni même quant à ses diplômes. Il aurait pu fréquenter une des écoles primaires communales non gratuites créées par Guizot en 1833, ou, comme d'autres de la même génération, suivre des leçons du curé de son village.
Il ne fit pas le service militaire, ni la guerre de 1870-1871, sa famille paya un remplaçant afin de le garder pour le travail de la ferme (Le service durait sept ans). Ce qui implique que sa famille avait les moyens de payer ce remplaçant.
Léon Grenaille mourut le 19 mars 1920 à Grolejac (Dordogne). Dans sa nécrologie sur le journal L'Union sarladaise1 qui avait publié ses poèmes, au nom de la Société des Vétérans du canton de Carlux, le docteur Dupiellet, maire de Carlux, le dit « animé du plus pur esprit de justice et de solidarité » et communique aussi le discours prononcé par Monsieur Sarrazin, un temps médecin à Grolejac où il commença une carrière politique comme conseiller municipal, puis maire de Sarlat, puis député. À la lecture de ses poèmes, il semble que le positionnement politique de Léon Grenaille s'accommodait avec celui de son ami Sarrazin qui avait évolué des Républicains plutôt de gauche aux Radicaux Socialistes. Son arrière-petit-fils ne sait pas si Léon était adhérent au parti, mais il le dit engagé dans la lutte pour la séparation de l'Église et de l'État (1901), en opposition au lycée Saint-Joseph de Sarlat tenu par des Jésuites. Il dénonçait la condition des paysans de son temps, prolétarisation et perte de la vie saine à la campagne, qui les obligeait à aller travailler en usine pour arriver à vivre décemment. Remarquons cependant dans son poème Lo poulitico del poysan cité ci-après une pique contre Jaurès.
Léon Grenaille lisait des écrits en langue d'oc puisqu'on trouve son nom à l'intérieur de la couverture d'un exemplaire du livre D'al brès a la toumba1, poème en douze chants de l'abbé Justin Bessou2.
Il aimait les poètes Mistral et Jasmin :
Oh! S'obioy dé Mistral lo plum'olerto et fino...
Sé Jasmin, aoutrescot, éro possat oyssi
S'orrestabot cosset!
Soun amo to sonsiblo; sos pensados divinos
doban ton fluvé pur et toun cel esclorzi,
Oourio fat cen couplets3.
Un coin del Périgor, in Périgor Négré, p. 101.
Il écrivait des vers où il mettait en scène son amour du pays et le culte de la liberté, le travail des paysans, la nature, les saisons, l'amitié, l'amour de la patrie et des thèmes d'actualité.
Il vécut les événements de la guerre franco-prussienne dans Les Mobiles de la Dordogne et écrivit un poème quand les navires français allèrent saluer à Kiel l’empereur Guillaume d’Allemagne : O perpau de Kiel4.
Il fut un patriote enthousiaste et un républicain sincère. Il exprimait ses idées politiques dans ses poèmes, par exemple en mars 1894 dans Lo poulitico del poysan5 (in Ol Perigor Négré p.69):
Quant o fa soun merca, lou dissaddé o lo bilo,
Qué li resto un soou ol foun de soun poutzou :
Otzato un tzournolet, oun lo phraso poulido,
Li dono o réfletzi, bien may qué dé rojou.
Lou principé, per el, bol pas lou discuta ;
Soun idéyo es esquélo. Et ré li coustorio
Sé lo menaou un tzour so bieillo liberta
Pu léou sul sol Froncé, li doyssorio lus o.
Mais ço qué counpren pas ; qué soun cerbel estré,
N'o pas pongu sozi, malgré so boulounta;
Qu'os tout oquéou discour, qu'oboutissoun o ré
Mas o ogri l'espri et o tout rétorda.
Bourlio per bien zou diré, sans toutzour li tourna :
Qué los proumessoy fatzo siosquessou plo tengudo,
Per oquel que doban d'estré lou députa,
Nous obio proumétu loy réformo ottendudo.
Qué nous obion pas dit, yo bé bint an d'oco ?
Qué lou poysan biourio de la manno del cel ;
Qué sério rey sus terro, qué l'atzé d'or bendrio;
Qué li monquorio rés, dusco din lou tounbel!
Soun espoir, bien souben es portit en fumado !
Mais malgré tout oco, ès toutzour résigna.
So grando enbitiou: lo terro soménado,
Li proumet din l'estiou uno récolto en bla.
Lo poulitico et del soun pas fat per s'entendré ;
Et sé n'obio rés pu per gorni soun gronié
Poudrio sorra lu flan et sé pressa lou bentré,
Car n'engroyssorio pas déou discour de Jauré.
Boudrio pus tan de mou, préférorio déous acté ;
Li corlio un paou d'ortzen per douna o sus éfon.
Qué lou goubernomen, per dès proucéda satzé,
Opliquès un inpo, o tout oquéou qué n'on.
S'occupoun pas trot d'el ; counessoun so possinço,
Soun corotari dou, esprouba bien souben,
O dounat o la Franço, din dès tzour de démenço,
dé los probo d'omour, o may d'otatzomen.
Quan bay médre ol mé d’o tzus un soulel dé ploun;
Qué dé soun froun, lo suour, tombo sans pu féni,
L’omé déu loubi d’or, fay donsa lu milioun
O l’oumbro dès polay san crogna lou sondi
Per bien résuma, touto so poulitico,
Su dézir, soun espoir et touto so fierta:
Montène en soun poï lo grando Républico,
Qué d'aoutrès pu molin doyssorion escopar !6
D’autres poèmes sont souvent dédicacés à des amis ou à des occasions particulières. Et il aime mettre en scène son Périgord aimé, comme dans Mon po, mis en musique par Jean Darquier, qui était professeur de musique au collège Saint-Joseph de Sarlat, organiste à la cathédrale de Sarlat et compositeur de mélodies et de pièces pour pianos. La chanson fut chantée surtout dans sa province et même jusqu’à l’Opéra de Paris par Robert Cousinou, chanteur lyrique baryton et poète. Le journal local L’Union Sarladaise publiait les poèmes de Léon Grenaille.
Dans le discours que Jean de Boysson lut le 10 juillet 1932 à la 23e félibrée du Bornat del Perigòrd à Sarlat, on apprend que Léon Grenaille en était membre en tant que maître-ouvrier. Ce jour-là, sa mémoire fut honorée avec celle de deux autres poètes sarladais, Sylvain Cavaillez et Ludovic Sarlat, et une plaque commémorative apposée sur la façade de la mairie de Sarlat. On voit dans le programme que son poème Los tziboulados (Ol Périgor Négré p. 27) fut récité à la Cour d’Honneur sur une musique de Darquier:
Es toumbado oquesté moti,
Oqui, sul pa dé mo porto;
Lo poouréto, presque morto,
Ocobabo d'ogoni!
Dé soun el, moytat cluca,
Uno grumilho s'escopabo;
Pensabo'l niou qu'obio doyssa
Per mouri tzu los tziboulados.
Lou cat nègré et soun oouséléto,
Ol coin del boy, près del toli,
Obion siés io prest'ospeli,
S'éroun solbat dé lo béléto,
Qu'es to missanto péous oousels.
Lo fomilleto èro porado
Quand tout d'un co tombo d'ol cel
Uno terriblo tziboulado...7
1-Selon le terme de Jean de Boysson, avocat, dans son discours a la vingt-troisième félibrée du Bournat du Périgord à Sarlat le 10 juillet 1932, cité par Le Périgourdin de Bordeaux : « Il était des vôtres, Messieurs du Bournat, en qualité de ʺMaître-ouvrierʺ ; et ce n'était pas sans raison que vous aviez ouvert, pour lui, les portes de votre savante compagnie; Grenaille avait l'âme d'un Félibre; il ne voyait rien de plus grand, de plus pur, que Mistral et Jasmin... »
2- Témoignage du 20 juillet 2019 d'Eloi Chaineux qui a écrit quelques paroles de la chanson Moun poï, mais il lui donne un autre titre : Toi ma vieille Dordogne.
3-L'Union sarladaise du 28 mars 1920
4- Du berceau à la tombe
5- Librairie E.Carrère, place de la cité, Rodez, 1892 (imprimerie Jules Bardoux, Villefranche-de-Rouergue).
6- « Oh! Si j'avais de Mistral la plume alerte et fine…/ Si Jasmin, autrefois, était passé ici/ Il s'arrêtait de suite !/ Son âme si sensible ; ses pensées divines/ Devant ton fleuve pur et ton ciel clair,/I l aurait fait cent couplets. »
7- A propos de Kiel
8- La politique du paysan
9 - Quand il a fait son marché le samedi à la ville/ Qu’il lui reste un sou au fond de sa poche/ Il achète un petit journal où la belle phrase /Lui donne à réfléchir, / bien plus que de raison./Le principe, lui ne veut pas le discuter : C’est son idée. Et ça ne lui coûterait pas/ Si sa vieille liberté le menait un jour/Sur le sol français, il y laisserait plutôt la peau.Mais ce qu’il ne comprend pas, que son cerveau étroit/N’a pas pu saisir malgré sa volonté,/ Ce sont tous ces discours qui n’aboutissent à rien /Qu’à aigrir l’esprit et à tout retarder.Il voudrait, pour bien dire, sans toujours répéter,/ Que les promesses faites soient tenues/Par celui qui, avant d’être député/Nous avait promis les réformes attendues.
Ol Perigor négré e Qualcos espigos, Poésies patoises de La Pontonnerie du Castelglorieux, Bordeaux, Gounouilhou Libourne, G. Maleville, 1902, 144 paginas.
Moun gabelet Moun poï, musique de Jean Darquier, Sarlat, 1908.
- Una interpretacion enregistrada de Mon Poï per un grop de musica sarladés Les pastoureaux du Périgord (Fin de las annadas 1970).
- Necrologia de Leon Grenalha dins lo jornal L'Union Sarladaise del 28 de març de 1920.
- Testimoniatge d'Alan Grenalha son reire petit filh de Sarlat, interrogat lo 20 d’agost de 2020.
- Traduccion dels poemas de Leon Grenalha per Sergi Lespinasse et Paulette André.
- Dictionnaire des auteurs de langue d’oc de 1800 à nos jours, Jean Fourié, Felibrige Edicioun 2009, p. 161.
- Le Bournat, école félibréenne du Périgord, Jean-Claude Dugros, Lo Bornat dau Perigòrd, 2001.
- Lou Bournat (avril/juin 1920, p. 313 et juillet/ sept de 1932, p.376).
- Tres pouetas sarladais, discours de Jean de Boisson, in Le Périgourdin de Bordeaux, 1933.
- Lo païsan poèta, de Serge Lespinasse pour l'A.S.C.O., in L'Essor Sarladais du 13 juin 2014.
- Témoignage écrit (20 juillet 2019) d'Eloi Chaineux qui a écrit quelques paroles de la chanson Mon poï qu'il nomme autrement (Tu ma vielha Dordonha).
- Programme de la félibrée de Sarlat de 1908.
- Acte de naissença de Leon Grenalha, Archives de la Dordogne, registre d’état-civil de Carsac.
- Signatura de Leon Grenalha sus un exemplari del libre D'al brès a la toumba1, de l'abat Justin Bessou2.
1Du berceau à la tombe
2Librairie E. Carrère, place de la cité, Rodez, 1892 (imprimerie Jules Bardoux, Villefranche-de-Rouergue).
Léon Grenaille était agriculteur. Il écrivait des poésies en langue d'oc, dans la variante langadocienne del sud Périgord, publiées dans les recueils Ol Perigor négré et Qualcos espigos, dont deux, Mon gobelet et Moun poï, furent mises en musique par Jean Darquier (Sarlat, 1908). Mon poï fut chanté à l'Opéra de Paris par Robert Cousinou, chanteur lyrique baryton et poète (entré à l'Opéra de Paris en 1913). Cent ans après, les Périgourdins chantaient encore cette chanson.
Grenaille, Léon (1850-1920)
Grenalha, Leon (Forme occitane du nom)
Sur son acte de naissance, Léon Grenaille est appelé Pierre Grenaille, fils de Géraud Grenaille et de Suzanne Lagugie qui habitaient au Port de Grolejac ; Son nom de baptême fut changé au cours de sa vie, comme c'était la mode à cette époque-là.
Il naquit à La Pontonnerie de Carsac (Dordogne) le 5 juillet 1850, dans une famille d'origine locale ; les Grenaille y habitaient depuis la Révolution ; c'était une auberge ancienne, relais de poste qui se trouvait en face du port de Grolejac installé sur l'autre rive. Le poète trouvait son inspiration dans la vie près du fleuve.
Il était issu d'une famille rurale, paysans depuis de nombreuses générations. Il se maria avec une fille qui venait aussi du milieu rural. Son arrière-petit-fils, interrogé le 20 août 2020, n'a pas pu donner d'informations quant à sa scolarité dans les années 1850-1870, ni même quant à ses diplômes. Il aurait pu fréquenter une des écoles primaires communales non gratuites créées par Guizot en 1833, ou, comme d'autres de la même génération, suivre des leçons du curé de son village.
Il ne fit pas le service militaire, ni la guerre de 1870-1871, sa famille paya un remplaçant afin de le garder pour le travail de la ferme (Le service durait sept ans). Ce qui implique que sa famille avait les moyens de payer ce remplaçant.
Léon Grenaille mourut le 19 mars 1920 à Grolejac (Dordogne). Dans sa nécrologie sur le journal L'Union sarladaise1 qui avait publié ses poèmes, au nom de la Société des Vétérans du canton de Carlux, le docteur Dupiellet, maire de Carlux, le dit « animé du plus pur esprit de justice et de solidarité » et communique aussi le discours prononcé par Monsieur Sarrazin, un temps médecin à Grolejac où il commença une carrière politique comme conseiller municipal, puis maire de Sarlat, puis député. À la lecture de ses poèmes, il semble que le positionnement politique de Léon Grenaille s'accommodait avec celui de son ami Sarrazin qui avait évolué des Républicains plutôt de gauche aux Radicaux Socialistes. Son arrière-petit-fils ne sait pas si Léon était adhérent au parti, mais il le dit engagé dans la lutte pour la séparation de l'Église et de l'État (1901), en opposition au lycée Saint-Joseph de Sarlat tenu par des Jésuites. Il dénonçait la condition des paysans de son temps, prolétarisation et perte de la vie saine à la campagne, qui les obligeait à aller travailler en usine pour arriver à vivre décemment. Remarquons cependant dans son poème Lo poulitico del poysan cité ci-après une pique contre Jaurès.
Léon Grenaille lisait des écrits en langue d'oc puisqu'on trouve son nom à l'intérieur de la couverture d'un exemplaire du livre D'al brès a la toumba1, poème en douze chants de l'abbé Justin Bessou2.
Il aimait les poètes Mistral et Jasmin :
Oh! S'obioy dé Mistral lo plum'olerto et fino...
Sé Jasmin, aoutrescot, éro possat oyssi
S'orrestabot cosset!
Soun amo to sonsiblo; sos pensados divinos
doban ton fluvé pur et toun cel esclorzi,
Oourio fat cen couplets3.
Un coin del Périgor, in Périgor Négré, p. 101.
Il écrivait des vers où il mettait en scène son amour du pays et le culte de la liberté, le travail des paysans, la nature, les saisons, l'amitié, l'amour de la patrie et des thèmes d'actualité.
Il vécut les événements de la guerre franco-prussienne dans Les Mobiles de la Dordogne et écrivit un poème quand les navires français allèrent saluer à Kiel l’empereur Guillaume d’Allemagne : O perpau de Kiel4.
Il fut un patriote enthousiaste et un républicain sincère. Il exprimait ses idées politiques dans ses poèmes, par exemple en mars 1894 dans Lo poulitico del poysan5 (in Ol Perigor Négré p.69):
Quant o fa soun merca, lou dissaddé o lo bilo,
Qué li resto un soou ol foun de soun poutzou :
Otzato un tzournolet, oun lo phraso poulido,
Li dono o réfletzi, bien may qué dé rojou.
Lou principé, per el, bol pas lou discuta ;
Soun idéyo es esquélo. Et ré li coustorio
Sé lo menaou un tzour so bieillo liberta
Pu léou sul sol Froncé, li doyssorio lus o.
Mais ço qué counpren pas ; qué soun cerbel estré,
N'o pas pongu sozi, malgré so boulounta;
Qu'os tout oquéou discour, qu'oboutissoun o ré
Mas o ogri l'espri et o tout rétorda.
Bourlio per bien zou diré, sans toutzour li tourna :
Qué los proumessoy fatzo siosquessou plo tengudo,
Per oquel que doban d'estré lou députa,
Nous obio proumétu loy réformo ottendudo.
Qué nous obion pas dit, yo bé bint an d'oco ?
Qué lou poysan biourio de la manno del cel ;
Qué sério rey sus terro, qué l'atzé d'or bendrio;
Qué li monquorio rés, dusco din lou tounbel!
Soun espoir, bien souben es portit en fumado !
Mais malgré tout oco, ès toutzour résigna.
So grando enbitiou: lo terro soménado,
Li proumet din l'estiou uno récolto en bla.
Lo poulitico et del soun pas fat per s'entendré ;
Et sé n'obio rés pu per gorni soun gronié
Poudrio sorra lu flan et sé pressa lou bentré,
Car n'engroyssorio pas déou discour de Jauré.
Boudrio pus tan de mou, préférorio déous acté ;
Li corlio un paou d'ortzen per douna o sus éfon.
Qué lou goubernomen, per dès proucéda satzé,
Opliquès un inpo, o tout oquéou qué n'on.
S'occupoun pas trot d'el ; counessoun so possinço,
Soun corotari dou, esprouba bien souben,
O dounat o la Franço, din dès tzour de démenço,
dé los probo d'omour, o may d'otatzomen.
Quan bay médre ol mé d’o tzus un soulel dé ploun;
Qué dé soun froun, lo suour, tombo sans pu féni,
L’omé déu loubi d’or, fay donsa lu milioun
O l’oumbro dès polay san crogna lou sondi
Per bien résuma, touto so poulitico,
Su dézir, soun espoir et touto so fierta:
Montène en soun poï lo grando Républico,
Qué d'aoutrès pu molin doyssorion escopar !6
D’autres poèmes sont souvent dédicacés à des amis ou à des occasions particulières. Et il aime mettre en scène son Périgord aimé, comme dans Mon po, mis en musique par Jean Darquier, qui était professeur de musique au collège Saint-Joseph de Sarlat, organiste à la cathédrale de Sarlat et compositeur de mélodies et de pièces pour pianos. La chanson fut chantée surtout dans sa province et même jusqu’à l’Opéra de Paris par Robert Cousinou, chanteur lyrique baryton et poète. Le journal local L’Union Sarladaise publiait les poèmes de Léon Grenaille.
Dans le discours que Jean de Boysson lut le 10 juillet 1932 à la 23e félibrée du Bornat del Perigòrd à Sarlat, on apprend que Léon Grenaille en était membre en tant que maître-ouvrier. Ce jour-là, sa mémoire fut honorée avec celle de deux autres poètes sarladais, Sylvain Cavaillez et Ludovic Sarlat, et une plaque commémorative apposée sur la façade de la mairie de Sarlat. On voit dans le programme que son poème Los tziboulados (Ol Périgor Négré p. 27) fut récité à la Cour d’Honneur sur une musique de Darquier:
Es toumbado oquesté moti,
Oqui, sul pa dé mo porto;
Lo poouréto, presque morto,
Ocobabo d'ogoni!
Dé soun el, moytat cluca,
Uno grumilho s'escopabo;
Pensabo'l niou qu'obio doyssa
Per mouri tzu los tziboulados.
Lou cat nègré et soun oouséléto,
Ol coin del boy, près del toli,
Obion siés io prest'ospeli,
S'éroun solbat dé lo béléto,
Qu'es to missanto péous oousels.
Lo fomilleto èro porado
Quand tout d'un co tombo d'ol cel
Uno terriblo tziboulado...7
1-Selon le terme de Jean de Boysson, avocat, dans son discours a la vingt-troisième félibrée du Bournat du Périgord à Sarlat le 10 juillet 1932, cité par Le Périgourdin de Bordeaux : « Il était des vôtres, Messieurs du Bournat, en qualité de ʺMaître-ouvrierʺ ; et ce n'était pas sans raison que vous aviez ouvert, pour lui, les portes de votre savante compagnie; Grenaille avait l'âme d'un Félibre; il ne voyait rien de plus grand, de plus pur, que Mistral et Jasmin... »
2- Témoignage du 20 juillet 2019 d'Eloi Chaineux qui a écrit quelques paroles de la chanson Moun poï, mais il lui donne un autre titre : Toi ma vieille Dordogne.
3-L'Union sarladaise du 28 mars 1920
4- Du berceau à la tombe
5- Librairie E.Carrère, place de la cité, Rodez, 1892 (imprimerie Jules Bardoux, Villefranche-de-Rouergue).
6- « Oh! Si j'avais de Mistral la plume alerte et fine…/ Si Jasmin, autrefois, était passé ici/ Il s'arrêtait de suite !/ Son âme si sensible ; ses pensées divines/ Devant ton fleuve pur et ton ciel clair,/I l aurait fait cent couplets. »
7- A propos de Kiel
8- La politique du paysan
9 - Quand il a fait son marché le samedi à la ville/ Qu’il lui reste un sou au fond de sa poche/ Il achète un petit journal où la belle phrase /Lui donne à réfléchir, / bien plus que de raison./Le principe, lui ne veut pas le discuter : C’est son idée. Et ça ne lui coûterait pas/ Si sa vieille liberté le menait un jour/Sur le sol français, il y laisserait plutôt la peau.Mais ce qu’il ne comprend pas, que son cerveau étroit/N’a pas pu saisir malgré sa volonté,/ Ce sont tous ces discours qui n’aboutissent à rien /Qu’à aigrir l’esprit et à tout retarder.Il voudrait, pour bien dire, sans toujours répéter,/ Que les promesses faites soient tenues/Par celui qui, avant d’être député/Nous avait promis les réformes attendues.
Ol Perigor négré e Qualcos espigos, Poésies patoises de La Pontonnerie du Castelglorieux, Bordeaux, Gounouilhou Libourne, G. Maleville, 1902, 144 paginas.
Moun gabelet Moun poï, musique de Jean Darquier, Sarlat, 1908.
- Una interpretacion enregistrada de Mon Poï per un grop de musica sarladés Les pastoureaux du Périgord (Fin de las annadas 1970).
- Necrologia de Leon Grenalha dins lo jornal L'Union Sarladaise del 28 de març de 1920.
- Testimoniatge d'Alan Grenalha son reire petit filh de Sarlat, interrogat lo 20 d’agost de 2020.
- Traduccion dels poemas de Leon Grenalha per Sergi Lespinasse et Paulette André.
- Dictionnaire des auteurs de langue d’oc de 1800 à nos jours, Jean Fourié, Felibrige Edicioun 2009, p. 161.
- Le Bournat, école félibréenne du Périgord, Jean-Claude Dugros, Lo Bornat dau Perigòrd, 2001.
- Lou Bournat (avril/juin 1920, p. 313 et juillet/ sept de 1932, p.376).
- Tres pouetas sarladais, discours de Jean de Boisson, in Le Périgourdin de Bordeaux, 1933.
- Lo païsan poèta, de Serge Lespinasse pour l'A.S.C.O., in L'Essor Sarladais du 13 juin 2014.
- Témoignage écrit (20 juillet 2019) d'Eloi Chaineux qui a écrit quelques paroles de la chanson Mon poï qu'il nomme autrement (Tu ma vielha Dordonha).
- Programme de la félibrée de Sarlat de 1908.
- Acte de naissença de Leon Grenalha, Archives de la Dordogne, registre d’état-civil de Carsac.
- Signatura de Leon Grenalha sus un exemplari del libre D'al brès a la toumba1, de l'abat Justin Bessou2.
1Du berceau à la tombe
2Librairie E. Carrère, place de la cité, Rodez, 1892 (imprimerie Jules Bardoux, Villefranche-de-Rouergue).
Leon Grenalha èra agricultor. Escriguèt de poesias en lenga d'òc dins la varianta lengadociana del sud Perigòrd, publicadas dins los recuèlhs Ol Perigor négré e Qualcos espigos, que doas, Moun gabelet e Moun poï, fuguèron mesas en musica per Joan Darquier (Sarlat, 1908). Moun poï fuguèt cantat a l’Opèra de París per Robert Cousinou, cantaire liric baritòn e poèta (entrat a l'opèra de Paris en 1913). Cent ans aprèp, lo monde del Perigòrd cantavan encara aquesta cançon1.
1-Testimoniatge del 20 de julhet de 2019 d'Alòi Chaineux qu'a escritas qualquas paraulas de la cançon Mon poï, mas li dona un autre títol: Tu ma vielha Dordonha.
2-L'union Sarladaise, 28 de març de 1920.
3-Librairie E. Carrère, place de la cité, Rodez, 1892 (imprimerie Jules Bardoux, Villefranche-de-Rouergue).
- Una interpretacion enregistrada de Mon Poï per un grop de musica sarladés Les pastoureaux du Périgord (Fin de las annadas 1970).
- Necrologia de Leon Grenalha dins lo jornal L'Union Sarladaise del 28 de març de 1920.
- Testimoniatge d'Alan Grenalha son reire petit filh de Sarlat, interrogat lo 20 d’agost de 2020.
- Traduccion dels poemas de Leon Grenalha per Sergi Lespinasse et Paulette André.
- Dictionnaire des auteurs de langue d’oc de 1800 à nos jours, Jean Fourié, Felibrige Edicioun 2009, p. 161.
- Le Bournat, école félibréenne du Périgord, Jean-Claude Dugros, Lo Bornat dau Perigòrd, 2001.
- Lou Bournat (avril/juin 1920, p. 313 et juillet/ sept de 1932, p.376).
- Tres pouetas sarladais, discours de Jean de Boisson, in Le Périgourdin de Bordeaux, 1933.
- Lo païsan poèta, de Serge Lespinasse pour l'A.S.C.O., in L'Essor Sarladais du 13 juin 2014.
- Témoignage écrit (20 juillet 2019) d'Eloi Chaineux qui a écrit quelques paroles de la chanson Mon poï qu'il nomme autrement (Tu ma vielha Dordonha).
- Programme de la félibrée de Sarlat de 1908.
- Acte de naissença de Leon Grenalha, Archives de la Dordogne, registre d’état-civil de Carsac.
- Signatura de Leon Grenalha sus un exemplari del libre D'al brès a la toumba1, de l'abat Justin Bessou2.
1Du berceau à la tombe
2Librairie E. Carrère, place de la cité, Rodez, 1892 (imprimerie Jules Bardoux, Villefranche-de-Rouergue).
Vermenouze, Arsène
Vermenosa, Arsèni
Poe͏̈ta d'Eitrac, Lo
Il est né le 26 septembre 1850 à Vielle, commune d'Ytrac, dans une famille de propriétaires terriens. Son instruction fut partagée entre l'école des Frères à Aurillac pendant 3 ans et les enseignements d'une préceptrice qui lui donna le goût des lettres. Il passa son enfance dans la campagne cantalienne, avec ses grands-parents, sa mère, ses frères et sa sœur. À l'epoque, de nombreuses familles auvergnates complétaient leurs ressources en faisant du commerce en Espagne. C'est ainsi que Vermenouze rejoignit son père à l'âge de 16 ans à Illescas, près de Tolède, où ils tenaient une boutique de vins, épices, tissus et autres marchandises. Il resta plus de quinze ans en "exil" ponctué de retours tous les deux ans. En 1870 il revint quelque temps en France, comme engagé volontaire dans le 4ème régiment de hussards. À son retour définitif d'Espagne, il tint une boutique de liqueurs avec des cousins à Aurillac.
Il eut une activité assez soutenue de journaliste et polémiste, devenant avec le temps profondément attaché à des valeurs de foi chrétienne et de patriotisme. Républicain, il était notamment favorable au Ralliement, dans un primier temps, puis à l'Action Française vers la fin de sa vie après des déceptions républicaines. Le Ralliement était une tendance chez les catholiques dans la ligne de l'encyclique Au milieu des sollicitudes (1892) du pape Léon XIII en faveur de la République, à condition d'abandonner les lois sur la laïcization.
Il obtint le prix Archon-Desperouses de l'Académie Française (1000 fcs) en 1903 pour son recueil en français Mon Auvergne.
Il mourut de maladie le 8 janvier 1910.
Quelques années plus tard, son buste fut inauguré dans un parc d'Aurillac, et des rues portent aujourd'hui son nom à Aurillac, Clermont-Ferrand, Riom e Paris.
Le chanoine cantalien Jean Mazières (1903-1983) écrivit une thèse très complète et documentée sur la vie et l'œuvre d'Arsène Vermenouze.
Il écrivit tant en français qu'en occitan et d'une manière générale ses textes parurent dans des revues comme L'Avenir du Cantal, l'Indépendant du Cantal, le Moniteur du Cantal, la Croix du Cantal et la Croix cantalienne. Il signait (souvent sous des pseudonymes comme “Jantou” ou “L'Arverne”) des écrits poétiques, satiriques et engagés, qui eurent beaucoup de succès. À partir de 1901 il collabora au Mois littéraire et pittoresque, revue culturelle catholique qui paraissait à Paris.
Ses premiers écrits en oc datent de 1879 et furent publiés dans la revue L'Avenir du Cantal d'Auguste Bancharel (1832-1889), écrivain d'oc lui aussi. Un ami et un collaborateur très important dans les activités félibréennes de Vermenouze fut l'abbé Francis Courchinoux (1859-1902).
Il fut encouragé à publier et introduit dans le milieu intellectuel parisien par Jean Ajalbert (1863-1947), écrivain et polémiste, né dans une famille d'origine auvergnate.
À partir de 1890, il se rapprocha du Félibrige et composa des textes comme le poème « Als felibres, als cigalièrs e als trobaires », ou le manifeste « O touto l'Oubergno » qui appellent les Auvergnats à la défense e à la promotion de la langue, la « lenga d'òc », de concert avec les Gascons et les Provençaux. En 1894 il devint capiscòl de l'Escolo Oubernhato, et l'année suivante il fonda la revue félibréenne Lo Cobreto. En 1900 il fut élu majoral du Félibrige. Il en fut un animateur très actif, au centre des relations avec félibres et érudits dans le Cantal. Il fit pendant près de dix ans des interventions annuelles dans des écoles auvergnates pour parler du Félibrige.
En 1908, il collabora à une initiative destinée à réunir les Auvergnats de Paris : la fondation de la Veillée d'Auvergne, association et revue littéraire, en parler auvergnat, dans la ligne de Lo Cobreto qui ne paraissait plus.
Recherché pour ses talents d'orateur et surtout de conteur, il anima des veillées renommées et fut sollicité pour plusieurs manifestations régionalistes.
Il publia deux recueils en occitan, Flour de Brousso en 1896 et Jous la Cluchado en 1908, récompensés aux Jeux Floraux de Toulouse. Certains poèmes sont inspirés des excursions de l'auteur dans la campagne et de son activité de chasseur ; d'autres mettent en scène la vie de la maisonnée et peint les portraits de personnes de son environnement : famille, domestiques, voisins, etc.
Ses premiers écrits occitans se présentaient dans une graphie “phonétique”, adressée au lectorat aurillacois, puis à la suite de son rapprochement avec le Félibrige il adopta avec enthousiasme la graphie mistralienne, et finalement d'autres influences l'amenèrent à remplacer celle-ci par la graphie “étymologique” ou “occitane”. En effet, il avait des relations tout-à-fait amicales avec des gens comme Antonin Perbosc (1861-1944) et Prosper Estieu (1860-1939), instituteurs dans les environs de Toulouse et promoteurs d'une graphie inspirée des Troubadours. Pour achever de le convaincre, l'abbé Raymond Four (1877-1918) d'Aurillac avait pris le parti de la graphie “étymologique”. L'abbé aida Vermenouze pour la publication de Jous la Cluchado et il y fit figurer une transcription de chaque poème dans cette graphie, en regard de la version en graphie “phonétique” et de la traduction en français.
Flour de Brousso, Imprimerie Moderne, Aurillac, 1896. Voir la ressource en ligne sur le site du Cieldoc
En Plein Vent, Stock, Paris, 1900.
Mon Auvergne, Plon, Paris, [s.d.].
Jous la Cluchado, Imprimerie Moderne, Aurillac, 1908. Voir la ressource en ligne sur Occitanica
Dernières Veillées, Revue des Poètes, Paris, 1911.
Revue Lo Cobreto. Voir les numéros disponibles en lignes sur Occitanica
]]>Arsène Vermenouze est un écrivain du canton d'Aurillac (Haute-Auvergne) d'expression languedocienne et française. Élu majoral du Félibrige en 1900, il est connu comme le "chasseur-poète", composant ses poèmes en parcourant la campagne.
Vermenouze, Arsène
Vermenosa, Arsèni
Poe͏̈ta d'Eitrac, Lo
Il est né le 26 septembre 1850 à Vielle, commune d'Ytrac, dans une famille de propriétaires terriens. Son instruction fut partagée entre l'école des Frères à Aurillac pendant 3 ans et les enseignements d'une préceptrice qui lui donna le goût des lettres. Il passa son enfance dans la campagne cantalienne, avec ses grands-parents, sa mère, ses frères et sa sœur. À l'epoque, de nombreuses familles auvergnates complétaient leurs ressources en faisant du commerce en Espagne. C'est ainsi que Vermenouze rejoignit son père à l'âge de 16 ans à Illescas, près de Tolède, où ils tenaient une boutique de vins, épices, tissus et autres marchandises. Il resta plus de quinze ans en "exil" ponctué de retours tous les deux ans. En 1870 il revint quelque temps en France, comme engagé volontaire dans le 4ème régiment de hussards. À son retour définitif d'Espagne, il tint une boutique de liqueurs avec des cousins à Aurillac.
Il eut une activité assez soutenue de journaliste et polémiste, devenant avec le temps profondément attaché à des valeurs de foi chrétienne et de patriotisme. Républicain, il était notamment favorable au Ralliement, dans un primier temps, puis à l'Action Française vers la fin de sa vie après des déceptions républicaines. Le Ralliement était une tendance chez les catholiques dans la ligne de l'encyclique Au milieu des sollicitudes (1892) du pape Léon XIII en faveur de la République, à condition d'abandonner les lois sur la laïcization.
Il obtint le prix Archon-Desperouses de l'Académie Française (1000 fcs) en 1903 pour son recueil en français Mon Auvergne.
Il mourut de maladie le 8 janvier 1910.
Quelques années plus tard, son buste fut inauguré dans un parc d'Aurillac, et des rues portent aujourd'hui son nom à Aurillac, Clermont-Ferrand, Riom e Paris.
Le chanoine cantalien Jean Mazières (1903-1983) écrivit une thèse très complète et documentée sur la vie et l'œuvre d'Arsène Vermenouze.
Il écrivit tant en français qu'en occitan et d'une manière générale ses textes parurent dans des revues comme L'Avenir du Cantal, l'Indépendant du Cantal, le Moniteur du Cantal, la Croix du Cantal et la Croix cantalienne. Il signait (souvent sous des pseudonymes comme “Jantou” ou “L'Arverne”) des écrits poétiques, satiriques et engagés, qui eurent beaucoup de succès. À partir de 1901 il collabora au Mois littéraire et pittoresque, revue culturelle catholique qui paraissait à Paris.
Ses premiers écrits en oc datent de 1879 et furent publiés dans la revue L'Avenir du Cantal d'Auguste Bancharel (1832-1889), écrivain d'oc lui aussi. Un ami et un collaborateur très important dans les activités félibréennes de Vermenouze fut l'abbé Francis Courchinoux (1859-1902).
Il fut encouragé à publier et introduit dans le milieu intellectuel parisien par Jean Ajalbert (1863-1947), écrivain et polémiste, né dans une famille d'origine auvergnate.
À partir de 1890, il se rapprocha du Félibrige et composa des textes comme le poème « Als felibres, als cigalièrs e als trobaires », ou le manifeste « O touto l'Oubergno » qui appellent les Auvergnats à la défense e à la promotion de la langue, la « lenga d'òc », de concert avec les Gascons et les Provençaux. En 1894 il devint capiscòl de l'Escolo Oubernhato, et l'année suivante il fonda la revue félibréenne Lo Cobreto. En 1900 il fut élu majoral du Félibrige. Il en fut un animateur très actif, au centre des relations avec félibres et érudits dans le Cantal. Il fit pendant près de dix ans des interventions annuelles dans des écoles auvergnates pour parler du Félibrige.
En 1908, il collabora à une initiative destinée à réunir les Auvergnats de Paris : la fondation de la Veillée d'Auvergne, association et revue littéraire, en parler auvergnat, dans la ligne de Lo Cobreto qui ne paraissait plus.
Recherché pour ses talents d'orateur et surtout de conteur, il anima des veillées renommées et fut sollicité pour plusieurs manifestations régionalistes.
Il publia deux recueils en occitan, Flour de Brousso en 1896 et Jous la Cluchado en 1908, récompensés aux Jeux Floraux de Toulouse. Certains poèmes sont inspirés des excursions de l'auteur dans la campagne et de son activité de chasseur ; d'autres mettent en scène la vie de la maisonnée et peint les portraits de personnes de son environnement : famille, domestiques, voisins, etc.
Ses premiers écrits occitans se présentaient dans une graphie “phonétique”, adressée au lectorat aurillacois, puis à la suite de son rapprochement avec le Félibrige il adopta avec enthousiasme la graphie mistralienne, et finalement d'autres influences l'amenèrent à remplacer celle-ci par la graphie “étymologique” ou “occitane”. En effet, il avait des relations tout-à-fait amicales avec des gens comme Antonin Perbosc (1861-1944) et Prosper Estieu (1860-1939), instituteurs dans les environs de Toulouse et promoteurs d'une graphie inspirée des Troubadours. Pour achever de le convaincre, l'abbé Raymond Four (1877-1918) d'Aurillac avait pris le parti de la graphie “étymologique”. L'abbé aida Vermenouze pour la publication de Jous la Cluchado et il y fit figurer une transcription de chaque poème dans cette graphie, en regard de la version en graphie “phonétique” et de la traduction en français.
Flour de Brousso, Imprimerie Moderne, Aurillac, 1896. Voir la ressource en ligne sur le site du Cieldoc
En Plein Vent, Stock, Paris, 1900.
Mon Auvergne, Plon, Paris, [s.d.].
Jous la Cluchado, Imprimerie Moderne, Aurillac, 1908. Voir la ressource en ligne sur Occitanica
Dernières Veillées, Revue des Poètes, Paris, 1911.
Revue Lo Cobreto. Voir les numéros disponibles en lignes sur Occitanica
Arsène Vermenouze es un escrivan del canton d'Orlhac (Naut Auvèrnhe) d'expression lengadociana e francesa. Elegit majoral del Felibritge en 1900, es conegut coma lo "caçaire-poèta", compausant sos poèmas en percorrent lo campèstre.
Vermenouze, Arsène
Vermenosa, Arsèni
Poe͏̈ta d'Eitrac, Lo
Nasquèt lo 26 de setembre de 1850 a Vielha d'Eitrac dins una familha de proprietaris terrians. Son instruccion foguèt partatjada entre l'escòla dels Fraires a Orlhac pendent 3 ans e una preceptritz que li donèt lo gost de las letras. Passèt son enfància dins lo campèstre cantalés, amb sos grands, sa maire, sos fraires e sa sòrre. A l'epòca, mantuna familha auvernhata completava sas ressorsas en fasent de comèrci en Espanha. Es atal que Vermenouze rejonhèt son paire a l'atge de 16 ans a Illescas, pròche Toledo, ont tenián una botiga de vins, espècias, teissuts e autras merças. Demorèt mai de quinze ans en "exili", ponctuat de retorns cada dos ans. En 1870 tornèt un temps en França, engatjat volontari dins lo 4en regiment de hussards. A son retorn definitiu d'Espanha, tenguèt un negòci de liquors amb de cosins sieus a Orlhac.
Aguèt una activitat pro sostenguda de jornalista e polemista, venent amb lo temps prigondament estacat a de valors de fe crestiana e de patriotisme. Republican, èra notament favorable al Ralligament, dins un primièr temps, puèi a l'Accion Francesa a la fin de sa vida aprèp de decepcions republicanas. Lo Ralligament èra una tendéncia a cò dels catolics dins la linha de l'enciclica Au milieu des sollicitudes (1892) del papa Leon XIII en favor de la Republica, a condicion d'abandonar las leis sus la laïcizacion.
Obtenguèt lo prèmi Archon-Desperouses de l'Académia Francesa (1000 fcs) en 1903 per son recuèlh en francés Mon Auvergne.
Moriguèt de malautiá lo 8 de genièr de 1910.
D'unas annadas puèi, son bust foguèt inaugurat dins un pargue d'Orlhac, e d'unas carrièras pòrtan son nom a Orlhac, Clarmont, Riom e París.
Lo canonge cantalés Jean Mazières (1903-1983) escriguèt una tèsi fòrt completa e documentada sus la vida e l'òbra d'Arsène Vermenouze.
Escriguèt tant en francés coma en occitan e d'un biais general sos tèxtes pareguèron dins de revistas coma L'Avenir du Cantal, l'Indépendant du Cantal, lo Moniteur du Cantal, la Croix du Cantal e la Croix cantalienne. Signava (sovent jos de pseudonims coma “Jantou” o “L'Arverne”) d'escriches poetics, satirics e engajats, qu'aguèron fòrça succès. A partir de 1901 collaborèt al Mois littéraire et pittoresque, revista culturala catolica que pareissiá a París.
Sos primièrs escriches en òc datan de 1879 e foguèron publicats dins la revista L'Avenir du Cantal d'Auguste Bancharel (1832-1889), escrivan d'òc el tanben. Un amic e un collaborator fòrça important dins las activitats felibrencas de Vermenouze foguèt l'abat Francis Courchinoux (1859-1902).
Foguèt encoratjat a publicar e introdusit dins lo mitan intellectual parisenc per Jean Ajalbert (1863-1947), escrivan e polemista, nascut dins una familha d'origina auvernhata.
A partir de 1890, se raprochèt del Felibritge e compausèt de tèxtes coma lo poèma « Als felibres, als cigalièrs e als trobaires », o lo manifest « O touto l'Oubergno » qu'apèlan los Auvernhats a la defensa e a la promocion de la lenga, la « lenga d'òc », de concèrt amb los Gascons e los Provençals. En 1894 venguèt capiscòl de l'Escolo Oubernhato, l'annada seguenta fondèt la revista felibrenca Lo Cobreto. En 1900 foguèt elegit majoral del Felibritge. Foguèt un animator fòrça actiu del Felibritge, al centre de las relacions amb felibres e erudits dins lo Cantal. Faguèt pendent gaireben un decenni d'intervencions annadièras dins d'escòlas auvernhatas per parlar del Felibritge.
En 1908, collaborèt a una iniciativa destinada a acampar los Auvernhats de París : la fondacion de la Veillée d'Auvergne, associacion e revista literària, en parlar auvernhat, dins la dralha de Lo Cobreto que pareissiá pas mai.
Recercat per sos talents d'orator e subretot de contaire, animèt de velhadas famosas e foguèt sollicitat dins mantuna manifestacion regionalista.
Publiquèt dos recuèlhs en occitan, Flour de Brousso en 1896 e Jous la Cluchado en 1908, recompensats als Jòcs Florals de Tolosa. D'unes poèmas son inspirats de las escapadas de l'autor dins lo campèstre e de son activitat de caçaire ; d'autres meton en scèna la vida de l'ostalada e pintra los retraches de personatges de son environa : familha, domestics, vesins, etc.
Sos primièrs escriches occitans èran dins una grafia “fonetica”, adreçada al lectorat orlhagués, puèi a la seguida de son raprochament amb lo Felibritge adoptèt amb entosiasme la grafia mistralenca, e fin finala d'autras influéncias lo menèron a remplaçar aquesta per la grafia “etimologica” o “occitana”. En efièch, aviá de relacions pro amicalas amb de mond coma Antonin Perbosc (1861-1944) e Prosper Estieu (1860-1939), institutors dins lo ròdol de Tolosa e promotors d'una grafia inspirada dels Trobadors. Per acabar de lo convéncer, l'abat Raymond Four (1877-1918) d'Orlhac aviá pres lo partit de la grafia “etimologica”. L'abat ajudèt Vermenouze per la publicacion de Jous la Cluchado e i faguèt figurar una transcripcion de cada poèma dins aquesta grafia, en regard de la version en grafia “fonetica” e de la traduccion en francés.
Flour de Brousso, Imprimerie Moderne, Aurillac, 1896. Voir la ressource en ligne sur le site du Cieldoc
En Plein Vent, Stock, Paris, 1900.
Mon Auvergne, Plon, Paris, [s.d.].
Jous la Cluchado, Imprimerie Moderne, Aurillac, 1908. Voir la ressource en ligne sur Occitanica
Dernières Veillées, Revue des Poètes, Paris, 1911.
Revue Lo Cobreto. Voir les numéros disponibles en lignes sur Occitanica
Roux, Joseph (1834-1905)
Joseph Roux est né le 19 avril 1834 à Tulle, dernier venu d'une fratrie nombreuse, fils d'un cordonnier plutôt aisé.
Destiné tôt au clergé, il commence son parcours d'écolier chez les Frères de Tulle, puis il passe au Petit Séminaire de Servières-le-Château, au Collège de Tulle, au Petit Séminaire de Brive et enfin au Grand Séminaire de Tulle.
Il présente « un goût profond pour les auteurs classiques et pour le latin », selon les mots de Joseph Nouaillac1.
Il est ordonné prêtre en 1858. Il est professeur au Petit Séminaire de Brive pendant quelque temps mais la situation ne lui convient pas et il obtient le poste de vicaire à Varetz. Il écrit ses Hymnes et Poésies en l'Honneur de la Vierge Marie (publiés en 1865). En 1864 il est nommé à Saint-Sylvain, localité qui ne lui agrée pas mais où il lui faudra pourtant rester douze longues années dans l'isolement. L'endroit est décrit par Nouaillac comme un fond de vallée encaissée, austère et sombre. Il se met à remplir des cahiers de pensées et maximes qui feront l'objet d'une brochure en 1866 sous le titre Pensées (maximes, études, images).
En 1870, pour se sortir de Saint-Sylvain, il accepte un poste de précepteur en Normandie, qu'il lui faut laisser au bout de quelques mois à cause de la guerre.
Il revient à Saint-Sylvain jusqu'en 1876, date à laquelle il obtient enfin une autre place de prêtre à Saint-Hilaire-Peyrou. C'est durant ces années qu'il commence à se consacrer sérieusement à des études sur la langue et à sa production littéraire en occitan.
En 1885, les Pensées sont publiées à Paris. C'est Paul Mariéton2 qui, dans un premier temps, fait paraître les pensées et maximes dans la Revue Lyonnaise (entre autres) et devant le succès, entreprend une sélection qui sera publiée en recueil chez Lemerre. La renommée de Roux ne se fait pas attendre dans le milieu intellectuel français et international, globalement plutôt bienveillant. Des noms comme Ernest Renan (1823-1892, homme de lettres), Francisque Sarcey (1827-1899, critique et journaliste), Elme Caro (1826-1887, philosophe et critique littéraire), Félicien Champsaur (1858-1934, journaliste) ou Jules Lemaître (1853-1914, critique et écrivain) ont signé des conférences et articles sur le recueil et sur son auteur. Les Pensées furent traduites en anglais et étudiées en Allemagne. Un Prix Montyon de 1500 francs lui est remis en 1886 par l'Académie Française. Un "bémol", toutefois : le chapitre sur les paysans est jugé trop sévère, dans le milieu "bien-pensant", de la part d'un homme de Dieu. Pour certains commentateurs, il révèle plutôt une vision réaliste et lucide pas si dédaigneuse.
En 1886 il est nommé chanoine de Tulle. Sa volonté de devenir évêque ne sera jamais satisfaite.
Les Nouvelles Pensées, constituées en substance de ce que Mariéton n'avait pas sélectionné pour le premier recueil, paraissent en 1887, et leur réception plutôt négative a un goût amer pour Roux qui s'investit toujours plus dans les activités félibréennes.
En 1897 il obtient la croix de la Légion d'Honneur.
Il meurt de maladie (grippe ou bronchopneumonie), à Tulle, le 4 février 1905.
Une plaque commémorative a été posée sur sa maison. Un médaillon façonné par la sculptrice et graveuse Geneviève Granger-Chanlaine (1877-1967) a été inauguré en 1934. Quelques années avant sa mort, son portrait a été peint par les sœurs Cécile et Marie Desliens (artistes peintres, respectivement 1853-1937 et 1856-1938) et exposé au Salon de 1901 de la Société Nationale des Beaux-Arts à Paris3.
Dans son article « Histoire d'un curé de campagne », Jean Nesmy4 évoque le climat maussade et l'environnement triste qui auraient fait de Roux un enfant puis un homme grave, sérieux. L'abbé est généralement décrit comme un homme imposant, haut, large d'épaules, au regard clair et la voix puissante. Ses ambitions et son franc-parler, ainsi que sa notoriété, ne sont pas du goût de tout le monde et il en souffrira toute sa vie.
Il connaît la langue depuis toujours, il connaît aussi les proverbes et les légendes du pays, entendus dans la rue et dans la campagne, pendant son enfance comme pendant sa carrière de prêtre. Il s'essaie de bonne heure à la versification en français, en occitan mais aussi en latin et toute sa vie durant il ressent le besoin d'écrire. C'est ainsi qu'en 1874, il présente à l'occasion du Vème centenaire de la mort de Pétrarque à Avignon un sonnet en occitan qui sera couronné. Il rencontre alors Mistral, Roumanille, Aubanel et d'autres félibres qui l'encouragent à continuer. En 1976 il est élu Majoral du Félibrige (« Cigale du Limousin »). Il participe aux fêtes latines de Montpellier en 1878.
Depuis les années 1870, Joseph Roux est largement publié dans les revues locales de Corrèze, mais pas seulement, et ses écrits en français et en occitan sont connus des lecteurs de la Revue des Langues Romanes, la Revue Lyonnaise, la Revue du Monde Latin, la Revue félibréenne, la Gazette d'Augsbourg et d'autres encore. Dans la Revue des Langues Romanes, ont été publiés entre autres les premiers épisodes de son « épopée », la Chansou Lemouzina, qui seront récompensés en 1882 du rameau vert de laurier à Montpellier.
La Chansou Lemouzina, publiée en 1889, est composée de vingt-quatre poèmes lyriques, chacun peignant un épisode de l'histoire ou du légendaire du bas-Limousin depuis le Vème jusqu'au XIXème siècle (à noter que l'héroïne de « Marguerite Chastang » est sa propre mère). Les félibres limousins n'hésitent pas à comparer Roux à Mistral, et la Chansou à Mirèïo ou Calendal.
L'abbé recevra plusieurs autres récompenses au cours de sa carrière, aux Jeux Floraux d'Avignon, Apt, Forcalquier ou encore au concours de la Société Archéologique de Béziers (médaille d'argent en 1877 et en 1878).
Sa littérature compte aussi des poèmes, des fables, une série de Rustiques (textes en français qui mettent en scène les usages populaires et les croyances du Limousin) pour la plupart publiés dans la presse ou restés manuscrits. On peut ajouter des énigmes et proverbes collectés et publiés.
En 1893 il participe à la création de l'École Limousine à Brive et il en devient le capiscòl. La société parisienne la Ruche Corrézienne vient d'être créée aussi et ses membres sont en relation étroite avec les félibres de la province. Roux collabore à la revue Lemouzi, organe de l'école. D'autres écoles naissent dans les villes alentours et forment une fédération d'écoles limousines dont Roux sera le chaptal. La Sainte-Estelle de 1895 est organisée à Brive. Joseph Roux, admiré pour son esprit combatif, sert de figure tutélaire à la renaissance limousine portée par un groupe de félibres enthousiastes. On peut citer entre autres Sernin Santy (1850-1906), un des fondateurs du Félibrige limousin et de la revue ; Johannès Plantadis (1864-1922), historien et ethnologue, animateur de la Ruche Corrézienne à Paris ; Marguerite Genès (1868-1955), institutrice et poétesse ; Eusèbe Bombal (1827-1915), érudit, archéologue et écrivain ; plus récemment Robert Joudoux (1939-2016), homme de lettres, directeur de Lemouzi.
L'abbé s'est investi de bonne heure dans ce qu'il considérait comme un travail d'épuration de la langue nécessaire après des siècles de dégâts causés par l'influence du français, tant dans la graphie que dans le vocabulaire. Il étudie des textes anciens et en particulier les textes des troubadours, en raison d'une origine limousine historique prêtée aux premiers troubadours. Il collecte aussi de la matière dans le parler de ses contemporains : proverbes, énigmes (« sourcelages » selon son mot), légendes et autres. À partir de ses observations, il reconstitue une graphie inspirée de celle des textes médiévaux et s'efforce de retirer tout emprunt au français.
Cette tâche donne lieu d'une part à une Grammaire Limousine, qui paraît d'abord par morceaux dans la revue Lemouzi avant de faire l'objet d'une édition en 1895, et à un dictionnaire de l'ambition du Trésor du Félibrige, la Lengua d'Aur, resté à l'état de manuscrit. Dans une lettre à Plantadis datée du 21 février 19055, Mistral témoigne de sa reconnaissance à Roux, pour le prêt de son manuscrit comme contribution au Trésor. Certains commentateurs du travail de Roux le voient comme un précurseur, avec Auguste Fourès (1848-1891) et même Mistral, de la graphie élaborée par Antonin Perbosc (1861-1944) et Prosper Estieu (1860-1939). L'abbé Joseph Salvat (1889-1972) dit : « Ce que Mistral avait entrevu, ce que Roux avait entrepris, Estieu et Perbosc, nos maîtres de l'Escola Occitana, l'ont réalisé »6. Mais une telle entreprise ne peut pas faire l'unanimité, et Nesmy évoque les détracteurs accusant l'abbé de créer une langue littéraire et fictive, que le peuple ne pourra pas lire ni comprendre. Le Félibrige limousin soutient l'abbé dans sa démarche, les détracteurs sont probablement plutôt des limousins extérieurs au Félibrige, ou éventuellement des gens, félibres ou non, étrangers au Limousin. La graphie dite mistralienne a fait son chemin et est très populaire dans l'espace occitan, adaptée ici et là dans son application. Cependant l'abbé Roux est aujourd'hui retenu comme un des acteurs de la construction graphique de l'occitan.
1-« Joseph Roux et la renaissance limousine », Lemouzi, 1905, p. 75. Joseph Nouaillac (1880-1947) fut professeur et historien spécialiste du Limousin.
2-Paul Mariéton (1862-1911), poète, félibre, fondateur de la Revue Félibréenne.
3-L'Intransigeant, 22 avril 1901, pp. 1 e 3.
4-La Revue hebdomadaire, 1905, n°27, pp. 167-195. Jean Nesmy est le pseudonyme de Henry Surchamp (1876-1959), écrivain régionaliste.
5-Reproduite dans Lemouzi, 1905, p. 102.
6-Lo Gai Saber, numéro spécial, avril 1934, n°114, p. 379.
Joseph Roux est un prêtre du canton de Tulle, en Corrèze. Il est connu avant tout comme l'auteur d'un recueil en français, Pensées, qui l'a rendu célèbre en France et à l'étranger. Il se consacre ensuite à la renaissance limousine en participant activement au Félibrige. Ses œuvres principales en occitan sont la Chansou Lemouzina et la Grammaire Limousine.
Roux, Joseph (1834-1905)
Joseph Roux est né le 19 avril 1834 à Tulle, dernier venu d'une fratrie nombreuse, fils d'un cordonnier plutôt aisé.
Destiné tôt au clergé, il commence son parcours d'écolier chez les Frères de Tulle, puis il passe au Petit Séminaire de Servières-le-Château, au Collège de Tulle, au Petit Séminaire de Brive et enfin au Grand Séminaire de Tulle.
Il présente « un goût profond pour les auteurs classiques et pour le latin », selon les mots de Joseph Nouaillac1.
Il est ordonné prêtre en 1858. Il est professeur au Petit Séminaire de Brive pendant quelque temps mais la situation ne lui convient pas et il obtient le poste de vicaire à Varetz. Il écrit ses Hymnes et Poésies en l'Honneur de la Vierge Marie (publiés en 1865). En 1864 il est nommé à Saint-Sylvain, localité qui ne lui agrée pas mais où il lui faudra pourtant rester douze longues années dans l'isolement. L'endroit est décrit par Nouaillac comme un fond de vallée encaissée, austère et sombre. Il se met à remplir des cahiers de pensées et maximes qui feront l'objet d'une brochure en 1866 sous le titre Pensées (maximes, études, images).
En 1870, pour se sortir de Saint-Sylvain, il accepte un poste de précepteur en Normandie, qu'il lui faut laisser au bout de quelques mois à cause de la guerre.
Il revient à Saint-Sylvain jusqu'en 1876, date à laquelle il obtient enfin une autre place de prêtre à Saint-Hilaire-Peyrou. C'est durant ces années qu'il commence à se consacrer sérieusement à des études sur la langue et à sa production littéraire en occitan.
En 1885, les Pensées sont publiées à Paris. C'est Paul Mariéton2 qui, dans un premier temps, fait paraître les pensées et maximes dans la Revue Lyonnaise (entre autres) et devant le succès, entreprend une sélection qui sera publiée en recueil chez Lemerre. La renommée de Roux ne se fait pas attendre dans le milieu intellectuel français et international, globalement plutôt bienveillant. Des noms comme Ernest Renan (1823-1892, homme de lettres), Francisque Sarcey (1827-1899, critique et journaliste), Elme Caro (1826-1887, philosophe et critique littéraire), Félicien Champsaur (1858-1934, journaliste) ou Jules Lemaître (1853-1914, critique et écrivain) ont signé des conférences et articles sur le recueil et sur son auteur. Les Pensées furent traduites en anglais et étudiées en Allemagne. Un Prix Montyon de 1500 francs lui est remis en 1886 par l'Académie Française. Un "bémol", toutefois : le chapitre sur les paysans est jugé trop sévère, dans le milieu "bien-pensant", de la part d'un homme de Dieu. Pour certains commentateurs, il révèle plutôt une vision réaliste et lucide pas si dédaigneuse.
En 1886 il est nommé chanoine de Tulle. Sa volonté de devenir évêque ne sera jamais satisfaite.
Les Nouvelles Pensées, constituées en substance de ce que Mariéton n'avait pas sélectionné pour le premier recueil, paraissent en 1887, et leur réception plutôt négative a un goût amer pour Roux qui s'investit toujours plus dans les activités félibréennes.
En 1897 il obtient la croix de la Légion d'Honneur.
Il meurt de maladie (grippe ou bronchopneumonie), à Tulle, le 4 février 1905.
Une plaque commémorative a été posée sur sa maison. Un médaillon façonné par la sculptrice et graveuse Geneviève Granger-Chanlaine (1877-1967) a été inauguré en 1934. Quelques années avant sa mort, son portrait a été peint par les sœurs Cécile et Marie Desliens (artistes peintres, respectivement 1853-1937 et 1856-1938) et exposé au Salon de 1901 de la Société Nationale des Beaux-Arts à Paris3.
Dans son article « Histoire d'un curé de campagne », Jean Nesmy4 évoque le climat maussade et l'environnement triste qui auraient fait de Roux un enfant puis un homme grave, sérieux. L'abbé est généralement décrit comme un homme imposant, haut, large d'épaules, au regard clair et la voix puissante. Ses ambitions et son franc-parler, ainsi que sa notoriété, ne sont pas du goût de tout le monde et il en souffrira toute sa vie.
Il connaît la langue depuis toujours, il connaît aussi les proverbes et les légendes du pays, entendus dans la rue et dans la campagne, pendant son enfance comme pendant sa carrière de prêtre. Il s'essaie de bonne heure à la versification en français, en occitan mais aussi en latin et toute sa vie durant il ressent le besoin d'écrire. C'est ainsi qu'en 1874, il présente à l'occasion du Vème centenaire de la mort de Pétrarque à Avignon un sonnet en occitan qui sera couronné. Il rencontre alors Mistral, Roumanille, Aubanel et d'autres félibres qui l'encouragent à continuer. En 1976 il est élu Majoral du Félibrige (« Cigale du Limousin »). Il participe aux fêtes latines de Montpellier en 1878.
Depuis les années 1870, Joseph Roux est largement publié dans les revues locales de Corrèze, mais pas seulement, et ses écrits en français et en occitan sont connus des lecteurs de la Revue des Langues Romanes, la Revue Lyonnaise, la Revue du Monde Latin, la Revue félibréenne, la Gazette d'Augsbourg et d'autres encore. Dans la Revue des Langues Romanes, ont été publiés entre autres les premiers épisodes de son « épopée », la Chansou Lemouzina, qui seront récompensés en 1882 du rameau vert de laurier à Montpellier.
La Chansou Lemouzina, publiée en 1889, est composée de vingt-quatre poèmes lyriques, chacun peignant un épisode de l'histoire ou du légendaire du bas-Limousin depuis le Vème jusqu'au XIXème siècle (à noter que l'héroïne de « Marguerite Chastang » est sa propre mère). Les félibres limousins n'hésitent pas à comparer Roux à Mistral, et la Chansou à Mirèïo ou Calendal.
L'abbé recevra plusieurs autres récompenses au cours de sa carrière, aux Jeux Floraux d'Avignon, Apt, Forcalquier ou encore au concours de la Société Archéologique de Béziers (médaille d'argent en 1877 et en 1878).
Sa littérature compte aussi des poèmes, des fables, une série de Rustiques (textes en français qui mettent en scène les usages populaires et les croyances du Limousin) pour la plupart publiés dans la presse ou restés manuscrits. On peut ajouter des énigmes et proverbes collectés et publiés.
En 1893 il participe à la création de l'École Limousine à Brive et il en devient le capiscòl. La société parisienne la Ruche Corrézienne vient d'être créée aussi et ses membres sont en relation étroite avec les félibres de la province. Roux collabore à la revue Lemouzi, organe de l'école. D'autres écoles naissent dans les villes alentours et forment une fédération d'écoles limousines dont Roux sera le chaptal. La Sainte-Estelle de 1895 est organisée à Brive. Joseph Roux, admiré pour son esprit combatif, sert de figure tutélaire à la renaissance limousine portée par un groupe de félibres enthousiastes. On peut citer entre autres Sernin Santy (1850-1906), un des fondateurs du Félibrige limousin et de la revue ; Johannès Plantadis (1864-1922), historien et ethnologue, animateur de la Ruche Corrézienne à Paris ; Marguerite Genès (1868-1955), institutrice et poétesse ; Eusèbe Bombal (1827-1915), érudit, archéologue et écrivain ; plus récemment Robert Joudoux (1939-2016), homme de lettres, directeur de Lemouzi.
L'abbé s'est investi de bonne heure dans ce qu'il considérait comme un travail d'épuration de la langue nécessaire après des siècles de dégâts causés par l'influence du français, tant dans la graphie que dans le vocabulaire. Il étudie des textes anciens et en particulier les textes des troubadours, en raison d'une origine limousine historique prêtée aux premiers troubadours. Il collecte aussi de la matière dans le parler de ses contemporains : proverbes, énigmes (« sourcelages » selon son mot), légendes et autres. À partir de ses observations, il reconstitue une graphie inspirée de celle des textes médiévaux et s'efforce de retirer tout emprunt au français.
Cette tâche donne lieu d'une part à une Grammaire Limousine, qui paraît d'abord par morceaux dans la revue Lemouzi avant de faire l'objet d'une édition en 1895, et à un dictionnaire de l'ambition du Trésor du Félibrige, la Lengua d'Aur, resté à l'état de manuscrit. Dans une lettre à Plantadis datée du 21 février 19055, Mistral témoigne de sa reconnaissance à Roux, pour le prêt de son manuscrit comme contribution au Trésor. Certains commentateurs du travail de Roux le voient comme un précurseur, avec Auguste Fourès (1848-1891) et même Mistral, de la graphie élaborée par Antonin Perbosc (1861-1944) et Prosper Estieu (1860-1939). L'abbé Joseph Salvat (1889-1972) dit : « Ce que Mistral avait entrevu, ce que Roux avait entrepris, Estieu et Perbosc, nos maîtres de l'Escola Occitana, l'ont réalisé »6. Mais une telle entreprise ne peut pas faire l'unanimité, et Nesmy évoque les détracteurs accusant l'abbé de créer une langue littéraire et fictive, que le peuple ne pourra pas lire ni comprendre. Le Félibrige limousin soutient l'abbé dans sa démarche, les détracteurs sont probablement plutôt des limousins extérieurs au Félibrige, ou éventuellement des gens, félibres ou non, étrangers au Limousin. La graphie dite mistralienne a fait son chemin et est très populaire dans l'espace occitan, adaptée ici et là dans son application. Cependant l'abbé Roux est aujourd'hui retenu comme un des acteurs de la construction graphique de l'occitan.
1-« Joseph Roux et la renaissance limousine », Lemouzi, 1905, p. 75. Joseph Nouaillac (1880-1947) fut professeur et historien spécialiste du Limousin.
2-Paul Mariéton (1862-1911), poète, félibre, fondateur de la Revue Félibréenne.
3-L'Intransigeant, 22 avril 1901, pp. 1 e 3.
4-La Revue hebdomadaire, 1905, n°27, pp. 167-195. Jean Nesmy est le pseudonyme de Henry Surchamp (1876-1959), écrivain régionaliste.
5-Reproduite dans Lemouzi, 1905, p. 102.
6-Lo Gai Saber, numéro spécial, avril 1934, n°114, p. 379.
Joseph Roux es un clèrgue del canton de Tula, en Corrèsa. Es conegut primièr coma l'autor d'un recuèlh en francés, Pensées, que l'a rendut famós en França e a l'estrangièr. Se consacra puèi a la renaissença lemosina en participant activament al Felibritge. Sas òbras màgers en occitan son la Chansou Lemouzina e la Grammaire Limousine.
Roux, Joseph (1834-1905)
Joseph Roux es nascut lo 19 d'abril de 1834 a Tula, darrièr vengut d'una frairia nombrosa, filh d'un sabatièr puslèu aisat.
Destinat d'ora al clergat, comença son percors d'escolan en cò dels Fraires de Tula, puèi passa al Pichon Seminari de Serviera, al Collègi de Tula, al Pichon Seminari de Briva e enfin al Grand Seminari de Tula.
Presenta « un gost prigond per los autors classics e per lo latin », segon los mots de Joseph Nouaillac1.
Es ordonat prèire en 1858. Fa lo professor al Pichon Seminari de Briva pendent un temps mas la situacion li conven pas e obten la posicion de vicari a Vares. Escriu sos Hymnes et Poésies en l'Honneur de la Vierge Marie (publicats en 1865). En 1864 es mandat coma prèire a Sent Silvan, localitat que li sembla pas tròp gaujosa mas ont li caldrà demorar dotze longas annadas dins l'isolament. L'endrech es descrich per Nouaillac coma un fond de valada encaissat, austèr e sorn. Comença d'emplenar de quasèrns de pensadas e maximas que faràn l'objècte d'una brocadura en 1866 jos lo títol Pensées (maximes, études, images).
En 1870, per se sortir de Sent Silvan, accepta un pòste de preceptor en Normandia, que li cal quitar al cap d'unes meses per causa de la guèrra.
Torna a Sent Silvan fins a 1876, data a la quala obten enfin una autra plaça de prèire a Sent Alari Peiros. Es dins aquelas annadas que comença de se consacrar seriosament a d'estudis sus la lenga e a sa produccion literària en occitan.
En 1885, las Pensées son publicadas a París. Es Paul Mariéton2 que, dins un primièr temps, fa paréisser las pensadas e maximas dins la Revue Lyonnaise (entre autre) e davant lo succès, entrepren una seleccion publicada en recuèlh a cò de Lemerre. La renommada de Roux se fa pas esperar dins lo mitan intellectual francés e internacional, globalament puslèu benvolent. De noms coma Ernest Renan (1823-1892, òme de letras), Francisque Sarcey (1827-1899, critic e jornalista), Elme Caro (1826-1887, filosòf e critic literari), Félicien Champsaur (1858-1934, jornalista) o Jules Lemaître (1853-1914, critic e escrivan) an signat conferéncias e articles sul recuèlh e sus son autor. Las Pensées foguèron traduchas en anglés e estudiadas en Alemanha. Un Prèmi Montyon de 1500 francs li es remés en 1886 per l'Académia Francesa. Un "bemòl", pasmens : lo capítol suls païsans es jutjat tròp sevèr, dins lo mitan "ben-pensant", de la part d'un òme de Dieu. Per d'unes comentators, revèla puslèu una vision realista e lucida pas tant desdenhosa.
En 1886 es nommat canonge de Tula. Sa volontat de venir evesque serà pas jamai satisfacha.
Las Nouvelles Pensées, constituïdas en substància de çò que Mariéton aviá daissat de caire per lo primièr recuèlh, pareisson en 1887, e lor recepcion puslèu negativa a un gost amar per Roux que s'investís que mai dins las activitats felibrencas.
En 1897 obten la crotz de la Legion d'Onor.
Morís de malautiá (gripa o broncho-pneumonia), a Tula, lo 4 de febrièr de 1905.
Una placa comemorativa es estada pausada sus son ostal. Un medalhon fargat per l'escultora e gravaira Geneviève Granger-Chanlaine (1877-1967) es estat inaugurat en 1934. Qualques annadas abans sa mòrt, son retrach es pintrat per las sòrres Cécile e Marie Desliens (artistas pintras, respectivament 1853-1937 e 1856-1938) e expasaut al Salon de 1901 de la Société Nationale des Beaux-Arts a París3.
Dins son article « Histoire d'un curé de campagne », Jean Nesmy4 evòca lo climat sorn e l'environament triste qu'aurián fach de Roux un enfant puèi un òme grèu, seriós. L'abat es generalament descrich coma un òme impausant, naut, larg d'espatlas, de l'agach clar e de la votz fòrta. Sas ambicions amb son franc-parlar, tal coma sa notorietat, son pas del gost de tot lo mond e se ne ressentirà tota sa vida.
Coneis la lenga dempuèi totjorn, coneis tanben los provèrbis e las legendas del canton, ausits dins la carrièra e dins lo campèstre, pendent son enfància coma pendent sa carrièra de prèire. S'assaja d'ora a la versificacion en francés, en occitan emai en latin e tota sa vida durant sentís lo besonh d'escriure. Es aital qu'en 1874, presenta a l'escasença del Ven centenari de la mòrt de Petrarca a Avinhon un sonet en occitan que serà coronat. Rescontra alara Mistral, Roumanille, Aubanel e d'autres felibres que l'encoratjan a contunhar. En 1976 es elegit Majoral del Felibritge (« Cigala del Lemosin »). Participa a las fèstas latinas de Montpelhièr en 1878.
Dempuèi las annadas 1870, Joseph Roux es largament publicat dins las revistas localas de Corresa, mas pas solament, e sos escriches en francés e en occitan son coneguts dels legeires de revistas coma la Revue des Langues Romanes, la Revue Lyonnaise, la Revue du Monde Latin, la Revue félibréenne, la Gazette d'Augsbourg e d'autras encara. Dins la Revue des Langues Romanes, son estats publicats entre autres los primièrs episòdis de son « epopèa », la Chansou Lemouzina, que seràn recompensats en 1882 del ramèl vèrd de laurèl a Montpelhièr.
La Chansou Lemouzina, publicada en 1889, es compausada de vint-e-quatre poèmas lirics que cadun pintra un episòdi de l'istòria o del legendari del bas Lemosin dempuèi lo sègle V fins al sègle XIX (de notar que l'eroïna de « Marguerite Chastang » es sa pròpria maire). Los felibres lemosins esiton pas a comparar Roux a Mistral, e la Chansou a Mirèïo o Calendal.
L'abat reçauprà mantuna autra recompensa al cors de sa carrièra, als Jòcs Florals d'Avinhon, Ate, Forcauquier o encara al concors de la Societat Arqueologica de Besièrs (medalha d'argent en 1877 e en 1878).
Sa literatura compta encara de poèmas, de faulas, una seria de Rustiques (tèxtes en francés que meton en scèna los usatges populars e las cresenças del Lemosin) per la màger part publicats dins la premsa o demorats manescriches. Se pòdon apondre d'enigmas e provèrbis collectats e publicats.
En 1893 participa a la creacion de l'Escòla Lemosina a Briva e ne ven lo capiscòl. La societat parisenca la Ruche Corrézienne ven de se crear tanben e sos sòcis son en relacion estrecha amb los felibres de la província. Roux collabòra a la revista Lemouzi, organ de l'escòla. D'autras escòlas nàisson dins las vilas a l'entorn e fòrman una federacion d'escòlas lemosinas que Roux ne serà lo chaptal. La Santa Estela de 1895 s'organiza a Briva. Joseph Roux, admirat per son esperit combatedor, servís de figura tutelària a la renaissença lemosina portada per un grop de felibres entosiastes. Se pòdon nommar entre autres Sernin Santy (1850-1906), un dels fondators del felibritge lemosin e de la revista ; Johannès Plantadis (1864-1922), istorian e etnològ, animator de la Ruche Corrézienne a París ; Marguerite Genès (1868-1955), institutritz e poetessa ; Eusèbe Bombal (1827-1915), erudit, arqueològ e escrivan ; mai recentament Robert Joudoux (1939-2016), òme de letras, director de Lemouzi.
L'abat s'es investit d'ora dins çò que considerava coma un trabalh d'epuracion de la lenga necessari aprèp de sègles de degalhs causats per l'influéncia del francés, tant dins la grafia coma dins lo vocabulari. Estúdia de tèxtes ancians e en particular los tèxtes dels trobadors, pr'amor d'una origina lemosina istorica prestada als primièrs trobadors. Collècta tanben de matèria dins lo parlar de sos contemporanèus, provèrbis, enigmas (« sourcelages » segon son mot), legendas e autres. A partir de sas observacions, torna bastir una grafia inspirada de la dels tèxtes medievals e s'esfòrça de levar tot manlèu al francés.
Aquela tasca dona luòc d'una part a una Grammaire Limousine, que pareis primièr per tròces dins la revista Lemouzi abans de far l'objècte d'una edicion en 1895, e a un diccionari de l'ambicion del Tresor dóu Felibrige, la Lengua d'Aur, demorat a l'estat de manescrich. Dins una letra a Plantadis datada del 21 de febrièr de 19055, Mistral testimònia de sa reconeissença a Roux, per lo prèst de son manescrich coma contribucion al Tresor. D'unes comentators del trabalh de Roux lo veson coma un precursor, amb Auguste Fourès (1848-1891) emai amb Mistral, de la grafia elaborada per Antonin Perbosc (1861-1944) e Prosper Estieu (1860-1939). L'abat Joseph Salvat (1889-1972) ditz : « Çò que Mistral aviá entrevist, çò que Roux aviá entrepres, Estieu e Perbosc, nòstres mèstres de l'Escola Occitana, l'an realizat »6. Mas una tala entrepresa pòt pas far l'unanimitat, e Nesmy evòca los detractors acusant l'abat de crear una lenga literària e fictiva, que lo pòble poirà pas legir e comprene. Lo Felibritge lemosin sosten l'abat dins sa demarcha, los detractors son probablament puslèu de lemosins fòra lo Felibritge, o eventualament de mond, felibres o pas, fòra Lemosin. La grafia dicha mistralenca a fach son camin e es plan populara dins l'espaci occitan, adaptada d'aicí d'alai dins son aplicacion. Pasmens l'abat Roux es encara a l'ora d'ara retengut coma un dels actors de la construccion grafica de l'occitan.
1-« Joseph Roux et la renaissance limousine », Lemouzi, 1905, p. 75. Joseph Nouaillac (1880-1947) foguèt professor e istorian especialista del Lemosin.
2-Paul Mariéton (1862-1911), poèta, felibre, fondator de la Revue Félibréenne.
3-L'Intransigeant, 22 d'abril de 1901, pp. 1 e 3.
4-La Revue hebdomadaire, 1905, n°27, pp. 167-195. Jean Nesmy es lo pseudonim de Henry Surchamp (1876-1959), escrivan regionalista.
5-Reproducha dins Lemouzi, 1905, p. 102.
6-Lo Gai Saber, numero especial, abril de 1934, n°114, p. 379.
- Hymnes et poèmes en l'honneur de la Vierge Marie, Putois-Cretté, Paris, 1865.
- Pensées (maximes, études, idées), 1866.
- Sourcelages lemouzis : Énigmes limousines, Maisonneuve, Paris, 1877.
- Proverbes bas-lemouzis, E. Karras, Halle, 1883. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica.
- Pensées, A. Lemerre, Paris, 1885.
- Nouvelles Pensées, A. Lemerre, Paris, 1887.
- La Chansou Lemouzina, A. Picard, Tulle, 1889.
- Grammaire Limousine, Lemouzi, Brive, 1895.
- Fablas tulencas, manescriches de la Société des Langues Romanes conservats a la Bibliotèca Interuniversitària de Montpelhièr, H 672-01. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica.
- Lou Grand Flourege, sonet, manescriches de la Société des Langues Romanes conservats a la Bibliotèca Interuniversitària de Montpelhièr, H 672-02. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica.
- Transcripcion d'un tèxt del sègle XV, extrach de l'ancian fons de la Catedrala de Tula. Manescriches de la Société des Langues Romanes conservats a la Bibliotèca Interuniversitària de Montpelhièr, H637-01. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica.
- Fons Joseph Roux (10 F) dels Archius Departamentals de Corresa, que conten entre autre lo diccionari del bas-lemosin en mantun volum La Lengua d'Aur. Véser l'inventari numeric sul site dels archius.
Eynaudi, Jules (1871-1948)
Jules Eynaudi est né le 6 mai 1871 dans le centre de Nice, la Vieille Ville. Il était le fils d'un tailleur lettré venu de Savillan, en Italie, et sa mère était du Comté de Nice. Le niçois se parlait naturellement autour de lui, dans la famille et avec les amis. Il entra comme typographe à l'imprimerie l'Éclaireur du Littoral à l'âge de quatorze ans. Il fit son service militaire en Corse et fut mobilisé pendant la guerre de 14.
En 1907, Eynaudi fut employé comme auxilliaire à la Bibliothèque Municipale de Nice.
Louis Cappatti (1886-1966), ami et collaborateur d'Eynaudi, décrit un homme "petit, élancé et vif, quoique badaud et d'une apparente nonchalance déhanchée, pipe aux lèvres, le feutre mou sur une oreille, l'ample lavallière nouée sous le menton, [...]" (CAPPATTI, 1937). Il semble qu'Eynaudi ait été un enfant puis un homme discret et modeste, ayant le goût du travail et de l'étude.
Il mourut à Nice en 1948.
Au moment où Eynaudi s'intéressait aux lettres et au particularisme de sa ville natale, le bassin niçois était traversé de conflits idéologiques territoriaux, toujours vifs après le rattachement de Nice à la France. Le rapport avec l'aire provençale en particulier se manifestait principalement dans une conception de voisinage, sans plus. Toutefois, des personnalités comme Joseph-Rosalinde Rancher (1785-1843), poète niçois d'expression occitane, avaient ouvert la voie du rapprochement avec les Provençaux, en particulier autour de la question de la langue.
En 1879, Antoine-Léandre Sardou (1803-1894, enseignant et érudit, niçois d'adoption mais provençal d'origine) fonda l'Escòla de Bellanda, avec Jean-Baptiste Calvino. La nouvelle école félibréenne s'occupa prioritairement de questions linguistiques : grammaire, lexique et réforme orthographique. Le niçois était alors généralement écrit sur le modèle orthographique italien. Sardou et Calvino recommandèrent la graphie mistralienne, adaptée aux particularités du niçois. L'école ne passa pas le cap du XIXème siècle et il fallut attendre 1927 pour voir naître une nouvelle école félibréenne, le Cairèu. Toutefois, une première pierre était posée qui permit à Eynaudi de continuer l'entreprise de renaissance niçoise en collaboration avec le Félibrige. Il devint mainteneur en 1902.
En 1903, il fonda l'Armanac Niçart, graphié Armanac Nissart à partir de 1928. La même année, il fut l'un des fondateurs principaux de l'Académie Rancher, qui devint en 1922 Lu Amic de Rancher. L'objectif de l'association n'était pas très différent de celui des écoles et revues félibréennes, et plus largement régionalistes : promotion de la langue et de la littérature niçoises, connaissance des traditions et de l'histoire locales.
Rancher représentait pour eux une figure paternelle du mouvement niçois. Ils lui vouaient une sorte de culte, faisant chaque année une visite de sa tombe, organisée par Eynaudi.
À peu près au même moment, le journaliste Henri Sappia (1833-1906) avait créé d'abord la revue Nice-Historique (1898) puis l'Acadèmia Nissarda (1904) qui rejoignait certains objectifs de l'association Rancher. Des passerelles se créèrent entre sociétés niçoises mais des tensions et désaccords nacquirent aussi. Eynaudi ne réussit pas même à réunir les propres collaborateurs de l'Armanac Nissart sur les questions graphique et félibréenne, malgré le soutien de Pierre Devoluy (qui demeura quelques années à Nice) et de Mistral lui-même. En 1922, il laissa la direction de la revue à Pierre Isnard, suivi de Louis Cappatti.
En 1901, Eynaudi avait publié sa première pièce de théâtre, Lou Cagancio, qui fut représentée sur scène en 1902. Il se fit l'un des héritiers de François Guisol (1803-1874), auteur et acteur qui publia des chansons et pièces de théâtre en niçois. De nombreuses compagnies de théâtre dialectal et de représentations folkloriques suivirent le mouvement : la compagnie du Théâtre de Barba-Martin (dirigée par Gustav-Adolf Mossa, 1883-1971, peintre symboliste et dramaturge occitan) ; la Ciamada Nissarda, qui existe toujours ; les Nissardas ; et Francis Gag (pseudonyme de Francis Gagliolo, 1900-1988, dramaturge occitan). En parallèle de ses articles, contes, chansons et poésies parues en revue, Eynaudi fit publier et jouer d'autres pièces durant les années suivantes. Il cherchait son inspiration dans la vie citadine de la Vieille Ville.
Entre 1931 et 1939, il se consacra à la rédaction et à la publication de son Dictionnaire de la langue niçoise, co-écrit avec Louis Cappatti notamment pour la partie historique de l'ouvrage. Le dictionnaire avait une vocation encyclopédique, donnant autant que possible le vocabulaire en usage, avec les définitions en français, les expressions et locutions, les conjugaisons, des entrées sur la flore et le paysage locaux, les noms propres féminins et masculins, les noms de lieux et les surnoms des habitants, des recettes de cuisine, des données historiques et etnologiques, etc. Les entrées sont parfois accompagnées d'extraits littéraires. Certaines sont signées par des collaborateurs autres qu'Eynaudi et Cappatti. Le dictionnaire fut rédigé en graphie mistralienne. Eynaudi était un félibre convaincu, pourtant le dictionnaire est très nuancé sur la question du Félibrige. Mistral n'apparaît pas dans les entrées et l'entrée Félibrige fut rédigée per Cappatti, qui faisait partie des sceptiques. Si dans la majorité des aires occitanes des groupes félibréens cohérents se créèrent (en parallèle d'autres groupes dits régionalistes), avec toujours une admiration affichée pour Mistral et le Félibrige, les Niçois conservèrent une certaine distance, malgré quelques enthousiastes, dûe à leurs rapports avec la Provence.
Le dictionnaire fut publié en fascicules, jusqu'à la lettre "p". La suite était restée à l'état de manuscrit. Une édition complète est parue en 2009, grâce à l'Acadèmia Nissarda avec une introduction de Remy Gasiglia (enseignant-chercheur à l'université de Nice Sophia Antipolis).
Eynaudi collabora à plusieurs revues et journaux : les Annales du Comté de Nice, l'Armanac Nissart, L'Éclaireur de Nice et du Sud-Est, L'Éclaireur du Soir, L'Éclaireur du Dimanche, L'Essor Niçois, Nice Historique, le Phare du Littoral, La Pignata, et probablement d'autres encore.
]]>Jules Eynaudi est un félibre niçois, fondateur de l'Armanac Nissart, auteur de pièces de théâtre et d'un dictionnaire au caractère encyclopédique.
Eynaudi, Jules (1871-1948)
Jules Eynaudi est né le 6 mai 1871 dans le centre de Nice, la Vieille Ville. Il était le fils d'un tailleur lettré venu de Savillan, en Italie, et sa mère était du Comté de Nice. Le niçois se parlait naturellement autour de lui, dans la famille et avec les amis. Il entra comme typographe à l'imprimerie l'Éclaireur du Littoral à l'âge de quatorze ans. Il fit son service militaire en Corse et fut mobilisé pendant la guerre de 14.
En 1907, Eynaudi fut employé comme auxilliaire à la Bibliothèque Municipale de Nice.
Louis Cappatti (1886-1966), ami et collaborateur d'Eynaudi, décrit un homme "petit, élancé et vif, quoique badaud et d'une apparente nonchalance déhanchée, pipe aux lèvres, le feutre mou sur une oreille, l'ample lavallière nouée sous le menton, [...]" (CAPPATTI, 1937). Il semble qu'Eynaudi ait été un enfant puis un homme discret et modeste, ayant le goût du travail et de l'étude.
Il mourut à Nice en 1948.
Au moment où Eynaudi s'intéressait aux lettres et au particularisme de sa ville natale, le bassin niçois était traversé de conflits idéologiques territoriaux, toujours vifs après le rattachement de Nice à la France. Le rapport avec l'aire provençale en particulier se manifestait principalement dans une conception de voisinage, sans plus. Toutefois, des personnalités comme Joseph-Rosalinde Rancher (1785-1843), poète niçois d'expression occitane, avaient ouvert la voie du rapprochement avec les Provençaux, en particulier autour de la question de la langue.
En 1879, Antoine-Léandre Sardou (1803-1894, enseignant et érudit, niçois d'adoption mais provençal d'origine) fonda l'Escòla de Bellanda, avec Jean-Baptiste Calvino. La nouvelle école félibréenne s'occupa prioritairement de questions linguistiques : grammaire, lexique et réforme orthographique. Le niçois était alors généralement écrit sur le modèle orthographique italien. Sardou et Calvino recommandèrent la graphie mistralienne, adaptée aux particularités du niçois. L'école ne passa pas le cap du XIXème siècle et il fallut attendre 1927 pour voir naître une nouvelle école félibréenne, le Cairèu. Toutefois, une première pierre était posée qui permit à Eynaudi de continuer l'entreprise de renaissance niçoise en collaboration avec le Félibrige. Il devint mainteneur en 1902.
En 1903, il fonda l'Armanac Niçart, graphié Armanac Nissart à partir de 1928. La même année, il fut l'un des fondateurs principaux de l'Académie Rancher, qui devint en 1922 Lu Amic de Rancher. L'objectif de l'association n'était pas très différent de celui des écoles et revues félibréennes, et plus largement régionalistes : promotion de la langue et de la littérature niçoises, connaissance des traditions et de l'histoire locales.
Rancher représentait pour eux une figure paternelle du mouvement niçois. Ils lui vouaient une sorte de culte, faisant chaque année une visite de sa tombe, organisée par Eynaudi.
À peu près au même moment, le journaliste Henri Sappia (1833-1906) avait créé d'abord la revue Nice-Historique (1898) puis l'Acadèmia Nissarda (1904) qui rejoignait certains objectifs de l'association Rancher. Des passerelles se créèrent entre sociétés niçoises mais des tensions et désaccords nacquirent aussi. Eynaudi ne réussit pas même à réunir les propres collaborateurs de l'Armanac Nissart sur les questions graphique et félibréenne, malgré le soutien de Pierre Devoluy (qui demeura quelques années à Nice) et de Mistral lui-même. En 1922, il laissa la direction de la revue à Pierre Isnard, suivi de Louis Cappatti.
En 1901, Eynaudi avait publié sa première pièce de théâtre, Lou Cagancio, qui fut représentée sur scène en 1902. Il se fit l'un des héritiers de François Guisol (1803-1874), auteur et acteur qui publia des chansons et pièces de théâtre en niçois. De nombreuses compagnies de théâtre dialectal et de représentations folkloriques suivirent le mouvement : la compagnie du Théâtre de Barba-Martin (dirigée par Gustav-Adolf Mossa, 1883-1971, peintre symboliste et dramaturge occitan) ; la Ciamada Nissarda, qui existe toujours ; les Nissardas ; et Francis Gag (pseudonyme de Francis Gagliolo, 1900-1988, dramaturge occitan). En parallèle de ses articles, contes, chansons et poésies parues en revue, Eynaudi fit publier et jouer d'autres pièces durant les années suivantes. Il cherchait son inspiration dans la vie citadine de la Vieille Ville.
Entre 1931 et 1939, il se consacra à la rédaction et à la publication de son Dictionnaire de la langue niçoise, co-écrit avec Louis Cappatti notamment pour la partie historique de l'ouvrage. Le dictionnaire avait une vocation encyclopédique, donnant autant que possible le vocabulaire en usage, avec les définitions en français, les expressions et locutions, les conjugaisons, des entrées sur la flore et le paysage locaux, les noms propres féminins et masculins, les noms de lieux et les surnoms des habitants, des recettes de cuisine, des données historiques et etnologiques, etc. Les entrées sont parfois accompagnées d'extraits littéraires. Certaines sont signées par des collaborateurs autres qu'Eynaudi et Cappatti. Le dictionnaire fut rédigé en graphie mistralienne. Eynaudi était un félibre convaincu, pourtant le dictionnaire est très nuancé sur la question du Félibrige. Mistral n'apparaît pas dans les entrées et l'entrée Félibrige fut rédigée per Cappatti, qui faisait partie des sceptiques. Si dans la majorité des aires occitanes des groupes félibréens cohérents se créèrent (en parallèle d'autres groupes dits régionalistes), avec toujours une admiration affichée pour Mistral et le Félibrige, les Niçois conservèrent une certaine distance, malgré quelques enthousiastes, dûe à leurs rapports avec la Provence.
Le dictionnaire fut publié en fascicules, jusqu'à la lettre "p". La suite était restée à l'état de manuscrit. Une édition complète est parue en 2009, grâce à l'Acadèmia Nissarda avec une introduction de Remy Gasiglia (enseignant-chercheur à l'université de Nice Sophia Antipolis).
Eynaudi collabora à plusieurs revues et journaux : les Annales du Comté de Nice, l'Armanac Nissart, L'Éclaireur de Nice et du Sud-Est, L'Éclaireur du Soir, L'Éclaireur du Dimanche, L'Essor Niçois, Nice Historique, le Phare du Littoral, La Pignata, et probablement d'autres encore.
Jules Eynaudi es un felibre niçard, fondator de l'Armanac Nissart, autor de pèças de teatre e d'un diccionari del caractèr enciclopedic.
Eynaudi, Jules (1871-1948)
Jules Eynaudi es nascut lo 6 de mai de 1871 dins lo centre de Niça, la Vièlha Vila. Èra filh d'un sartre letrat vengut de Savian, oltre-mont, e sa maire èra del Comtat de Niça. Lo niçard se parlava naturalament a l'entorn d'el, dins la familha e amb los amics. Dintrèt coma tipograf a l'estampariá l'Éclaireur du Littoral a l'atge de quatòrze ans. Faguèt son servici militar en Corsega e foguèt mobilizat pendent la guèrra de 14.
En 1907, Eynaudi foguèt emplegat coma auxiliari a la Bibliotèca Municipala de Niça.
Louis Cappatti (1886-1966), amic e collaborator d'Eynaudi, descriu un òme "pichon, prim e viu, encara que badaire e d'una aparenta indoléncia, desancat, pipa als pòts, lo feutre sus l'aurelha, l'ampla lavalièra nosada jol menton, [...]" (CAPPATTI, 1937). Sembla qu'Eynaudi foguèt un enfant puèi un òme discret e modèst, amb lo gost del trabalh e de l'estudi.
Moriguèt a Niça en 1948.
Al moment qu'Eynaudi s'interessava a las letras e al particularisme de sa vila natala, lo baçin niçard èra traversat pels conflictes ideologics territorials, totjorn vius aprèp lo restacament de Niça a França. Lo rapòrt amb l'airal provençal en particular se manifestava mai que mai dins una concepcion de vesinatge, pas mai. Pasmens, de personalitats coma Joseph-Rosalinde Rancher (1785-1843), poèta niçard d'expression occitana, avián dubèrta la dralha del raprochament amb los Provençals, en particular a l'entorn de la question de la lenga.
En 1879, Antoine-Léandre Sardou (1803-1894, ensenhaire e erudit, niçard d'adopcion mas provençal d'origina) fondèt l'Escòla de Bellanda, amb Jean-Baptiste Calvino. L'escòla felibrenca novèla s'entrevèt prioritàriament de questions linguisticas : gramatica, lexic e reforma ortografica. Lo niçard èra alara generalament escrich sul modèl ortografic italian. Sardou e Calvino recomandèron la grafia mistralenca, adaptada a las particularitats niçardas. L'escòla passèt pas lo cap del sègle XIX e calguèt esperar 1927 per veire nàisser una novèla escòla felibrenca, lo Cairèu. Pasmens, una primièra pèira èra pausada que permetèt a Eynaudi de contunhar l'entrepresa de renaissença niçarda en collaboracion amb lo Felibritge. Venguèt manteneire en 1902.
En 1903, fondèt l'Armanac Niçart, grafiat Armanac Nissart a partir de 1928. La meteissa annada foguèt un dels fondators màgers de l'Acadèmia Rancher, que venguèt en 1922 Lu Amic de Rancher. L'objectiu de l'associacion èra pas gaire diferent de lo de las escòlas e revistas felibrencas, e mai largament regionalistas : promocion de la lenga e de la literatura niçardas, coneissença de las tradicions e de l'istòria localas.
Rancher representava per eles una figura pairala del movement niçard. Li vodavan una mena de culte, fasent cada annada una visita de sa tomba, organizada per Eynaudi.
A pauc près al meteis moment, lo jornalista Henri Sappia (1833-1906) aviá creat primièr la revista Nice-Historique (1898) puèi l'Acadèmia Nissarda (1904) que rejonhiá d'unes objectius de l'associacion Rancher. De palancas se creèron entre societats niçardas mas de tensions e desacòrdis naissèron tanben. Eynaudi capitèt pas d'unir ni manca los pròpris collaborators de l'Armanac Nissart sus las questions grafica e felibrenca, malgrat lo sosten de Pierre Devoluy (que demorèt d'unas annadas a Niça) e del quite Mistral. En 1922, daissèt la direccion de la revista a Pierre Isnard, seguit de Louis Cappatti.
En 1901, Eynaudi aviá publicat sa primièra pèça de teatre, Lou Cagancio, que foguèt representada sus scèna en 1902. Se faguèt un eiretièr de François Guisol (1803-1874), autor e actor que publiquèt de cançons e pèças de teatre en niçard. Mantuna companhiá de teatre dialectal e de representacions folcloricas seguiguèron lo movement : la companhiá del Teatre de Barba-Martin (menada per Gustav-Adolf Mossa, 1883-1971, pintre simbolista e dramaturga occitan) ; la Ciamada Nissarda, qu'existís totjorn ; las Nissardas ; e Francis Gag (pseudonim de Francis Gagliolo, 1900-1988, dramaturga occitan). En parallèl de sos articles, contes, cançons e poesias pareguts en revista, Eynaudi faguèt publicar e jogar d'autras pèças dins las annadas seguentas. Cercava son inspiracion dins la vida ciutadana de la Vièlha Vila.
Entre 1931 e 1939, se consacrèt a la redaccion e publicacion de son Dictionnaire de la langue niçoise, amb Louis Cappatti per la partida istorica de l'obratge. Lo diccionari aviá una vocacion enciclopedica, donant tant coma possible lo vocabulari en usatge, amb las definicions en francés, las expressions e locucions, las conjugasons, d'entradas sus la flòra e lo païsatge locals, los noms pròpris femenins e masculins, los noms de luòcs e los escais-noms dels estatjants, de recèptas de cosina, de donadas istoricas e etnologicas, etc. Las entradas son per còps acompanhadas d'extraches literaris. D'unas son signadas per de collaborators autres qu'Eynaudi e Cappatti. Lo diccionari foguèt redigit en grafia mistralenca. Eynaudi èra un felibre convinçut, pasmens lo diccionari es fòrça nuançat sus la question del Felibritge. Mistral aparéis pas dins las entradas e l'entrada Felibritge foguèt redigida per Cappatti, que fasiá partida dels sceptics. Se dins la màger part dels airals occitans de grops felibrencs coërents se creèron (en parallèl d'autres grops diches regionalistas), amb totjorn una admiracion afichada per Mistral e lo Felibritge, los Niçards mantenèron una cèrta distància, malgrat d'unes entosiastes, deguda a lors rapòrts amb Provença.
Lo diccionari foguèt publicat en fascicles, fins a la letra "p". Lo demai èra demorat a l'estat de manescrich. Una edicion completa es pareguda en 2009, deguda a l'Acadèmia Nissarda amb una introduccion de Remy Gasiglia (ensenhaire-cercaire a l'universitat de Niça Sophia Antipolis).
Eynaudi collaborèt a mantuna revista e jornal : las Annales du Comté de Nice, l'Armanac Nissart, L'Éclaireur de Nice et du Sud-Est, L'Éclaireur du Soir, L'Éclaireur du Dimanche, L'Essor Niçois, Nice Historique, lo Phare du Littoral, La Pignata, e probablament d'autres encara.
Lou Cagancio, Nice, Imprimerie des Alpes-Maritimes, 1900 ;
Lou dialète niçard, Nice, Imprimerie des Alpes-Maritimes, 1903 ;
Lou Terno, Nice, Imprimerie des Alpes-Maritimes, 1905 ;
Misé Pounchoun, Nice, Imprimerie des Alpes-Maritimes, 1910 ;
Lou retour de Pierrot, [s.l.], [s.n.], [1922] ;
Una bouona plaça, Nice, Imprimerie de l'Éclaireur de Nice, 1924 ;
Dapè dou fougueiroun, Nice, l'Éclaireur de Nice, 1926 ;
EYNAUDI Jules et CAPPATTI Louis, Dictionnaire de la langue niçoise, Nice, Acadèmia Nissarda, 2009.
Pour cela, Delluc collabora aux éditions pédagogiques Bourrelier qui sont spécialisées dans la conception et la distribution de matériel éducatif de qualité.
Delluc, Louis (1894-1974)
- Delluc, Loïs (forme occitane du nom)
Louis Delluc naquit le 21 août 1894 aux Chambeaux, village de la commune d’Alles-sur-Dordogne. Son père, Jean, qui signa son acte de naissance, avait fait des études sérieuses mais, comme le frère aîné resté à la ferme mourut, Jean dut aider sa famille tout en exerçant le métier de contrôleur des tabacs pour la Régie. Le grand-père avait aussi signé l’acte de mariage de Jean avec Marguerite Besse : la famille Delluc était alphabétisée. Dans les années 1900, ils partirent habiter au Treillac, toujours dans la commune d’Alles-sur-Dordogne, pas loin du fleuve et près de la gare, ce qui aida Louis dans ses déplacements : en effet, après l’école communale, il alla à l’École Supérieure de Belvès où il passa le concours d’entrée a l’Ecole Normale, voie directe pour le métier d’instituteur. Il partit à la guerre en 1914, volontaire au 5e Régiment de Tirailleurs Algériens. Il fut blessé et il en sortit avec une horreur de la guerre qui lui fit refuser la médaille militaire. Il dut partir en convalescence à la caserne Miollis à Aix-en-Provence et ce séjour lui donna l’occasion de connaître Léon Aimard, un avocat à la Cour, dont il devint secrétaire. Cet homme était félibre et il lui ouvrit les portes du Félibrige provençal et de l’œuvre de Frédéric Mistral, qui devait lui rappeler le langage de sa région natale. Il faut peut-être chercher ici son goût futur pour l’écriture en langue d’oc.
À la fin de sa convalescence, en 1917, il se maria avec Lucie Madeleine Rebière, elle-même institutrice, qu’il avait connue quand il était dans son premier poste à Monpazier. Puis, après une année à l’école de Tamniès, en 1926, ils furent nommés à Saint-Vincent de Cosse et ils y restèrent tous deux enseignants pendant vingt-cinq ans. A la retraite, ils s’installèrent dans la commune voisine de Beynac, où Louis plaça l’histoire d’un des personnages de son roman, Tibal lo Garrèl.
Aujourd’hui la rue où il habitait porte le nom de son œuvre principale « Rue Tibal lo garrel roman de Louis Delluc ».
L’œuvre de Delluc comprend aussi des travaux en français. Louis Delluc commença donc par écrire des romans pour la jeunesse en français, dont Le mousse de la Niña, sur l’épopée de Christophe Colomb, qui obtint le prix « jeunesse », puis Des caravelles autour du monde, sur le voyage de la « Victoria » de Magellan, engagée pour le premier tour du monde. Jeunes princes captifs, en 1958, racontait la vie des deux fils du roi François Premier qui restèrent prisonniers en Castille. Puis il fit publier des romans traduits de l’espagnol : Olivier de Castille, adapté d’un roman de chevalerie espagnol ; Le destin de Paquito, récit de la jeunesse aventureuse et tragique de Cervantès ; Par la plume ou par l’épée, roman d’aventure où il s’inspire aussi de la jeunesse du « manchot de Lépante » ; L’enfance d’une reine, qui est l’histoire d’Elisabeth de France, fille d’Henri IV et de Marie de Médicis, devenue reine d’Espagne, et dont la fille Marie-Thérèse fut mariée à son cousin Louis XIV. Ces romans furent édités par les éditions Bourrelier qui étaient en ces années-là, et qui sont toujours, un des principaux éditeurs pédagogiques. Michel Bourrelier1 leur fondateur, est connu pour l’intérêt qu’il porte aux méthodes actives et à la littérature pour la jeunesse. Ce fut une belle marque de reconnaissance pour Delluc.
On doit encore à Louis Delluc le livre Partis d’Argentat, écrit en français, qui est une évocation de la vie de ceux qui faisaient la descente du fleuve Dordogne depuis l’Auvergne au temps de la batellerie. On peut aisément imaginer le garçonnet Louis du village des Chambeaux proche de la « Grande Eau » comme on appelait la Dordogne, rêvant en voyant passer les gabarres pleines de marchandises qui naviguaient vers le port exotique et fourmillant de Bordeaux.
Louis Delluc fit toutes sortes de recherches pour écrire la monographie du village où il était instituteur et directeur d’école. La mode venait de l’Exposition Universelle de 1900 à Paris. Le Ministère de l’Instruction Publique avait demandé à chaque instituteur d’écrire une monographie pour faire connaître l’histoire de son village. L’exposition de monographies réussit tant que ces recherches locales continuèrent d’être publiées.
Delluc mourut le 12 septembre 1974 sans que sa monographie de Saint-Vincent de Cosse soit publiée, nul ne sait pourquoi. Il avait fini sa vie chez sa fille adoptive à Eysines, Gironde (Sa femme était morte en 1968.) Il fut porté au cimetière de Beynac, village dont il disait que « truco [sic] los cels clars » [Il est au contact des cieux clairs]. À Alles où il était né, la place du village porte son nom depuis le 10 janvier 2009. L’homonymie avec Louis Delluc son cousin (1890-1924), né à Cadouin près d’Alles, le spécialiste de cinéma, qui était aussi romancier et journaliste, lui porte tort parce qu’elle prête à confusion dans les recherches.
De 1926 à 1966 Louis Delluc publia des articles dans Lou Bornat et dans Òc, il écrivit des poésies dont une de cinquante vers sur l’histoire du Périgord : « A la glorio del Périgord », parue dans le journal La lampe édité au Coux-et-Bigaroque par J-A Grafeille. Elle obtint le premier prix aux Jasmin d’argent de 1926 avec le commentaire : « C’est simplement un chef-d’œuvre ».
Une autre poésie, « La gabarra embullada », obtint le prix « Eglantine d’Argent » destiné à une poésie sur un sujet donné par l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse. Il devint mainteneur et maître d’œuvre du Félibrige en 1928, secrétaire du Bornat, qui est l’école félibréenne du Périgord, cigale d’argent maître en gai savoir en 1930, puis vice-président du 17 janvier 1954 à son décès. Une particularité est à noter : toujours actif mais l’âge rendant ses déplacements difficiles, il fut nommé président d’honneur du Bornat en 1970 cela bien qu’il n’ait jamais été président 2.
En 1958, il publia Tibal lo Garrèl et on voit qu’il a adopté l’orthographe classique de l’occitan. Louis Alibert avait sorti sa Gramatica en 1935, outil pédagogique majeur qui aidait à mettre l’écrit en conformité avec une norme panoccitane. Louis Delluc comprit vite la nécessité de normaliser orthographiquement la langue d’oc pour assurer sa crédibilité, et l’élever au niveau de toute autre langue avec ses règles et pourquoi pas, un jour ses diplômes. Il fut décoré de la cravate de Commandeur des Palmes Académiques à la dixième journée d’études occitanes du Périgord organisée par Lou Bornat avec le Mouvement Laïc des cultures régionales, et la Ligue de l’Enseignement.
La première édition de Tibal lo Garrèl fut faite en version bilingue occitan-français par les éditions Aubanel en 1958. Comme l’écrit l’auteur, « ce récit du temps des Huguenots je l’ai écrit pour les jeunes des pays d’oc. » Il présenta l’œuvre au prix Aubanel (prose) en 1958, mais pour cela il lui fallut respecter les contraintes d’un récit court. Il l’obtint, avec 57 points, contre 53 points à Verd paradís de Max Rouquette. Il fut honoré de voir l’ensemble Tibal lo Garrèl publié en catalan à Barcelone en 1963, à la demande du romancier et éditeur Joan Sales pour fêter le 750e anniversaire de la bataille de Muret, dont le dénouement fut peut-être un évènement désastreux pour ce qu’aurait pu être l’avenir de l’Occitanie, avec la mort de Pierre d’Aragon allié du comte de Toulouse, et la réussite de Simon de Monfort. Joan Sales avait choisi ce roman de Delluc parce qu’il trouvait qu’au XVIe siècle, avec les luttes entre papistes et huguenots, le Périgord avait souffert d’évènements religieux de même nature que le reste de l’Occitanie au temps des luttes des croisés contre les cathares3. Joan Sales voulait que se crée en Catalogne « una novelistica viva en lenga occitana», propos justifié par la remarque dans sa préface, que «la immigracion massiva d’Occitans a Catalonha fuguèt un fenomen social de grand volum pendent las guèrras de religion ; aquels emigrants èran venguts s’installar dins una region ont restava lo sovenir de l’epòca que se parlava la meteissa lenga d’un costat e de l’autre de Pirenèus. » [l’immigration massive d’Occitans en catalogne fut un phénomène de grande ampleur pendant les guerres de religion ; ces émigrants étaient venus s’installer dans une région où il restait le souvenir de l’époque où on parlait la même langue de part et d’autre des Pyrénées.]
En 1968, les éditions « Lo libre occitan » publièrent Tibal lo Garrèl en entier, mais seulement en occitan. Ce fut une découverte pour les jeunes occitans du Périgord. De longues années passèrent avant que ne sorte la quatrième édition du roman qui avait été vite épuisé : d’abord une première partie en 2000 par l’éditeur « L’Hydre » de Castelnaud, qui l’appela L’arma que sagna. Elle se terminait un peu brièvement, avec la phrase « M’èri tirat, enfin, de ma primièra, de ma terribla espròva. Una autra vita anava començar. » [Je m’étais tiré, enfin, de ma première, de ma terrible épreuve. Une autre vie allait commencer]. Ceci pour dire que l’auteur avait prévu une seconde partie qui justifiait ce choix éditorial. La seconde partie sortit seulement en 2008 avec le sous-titre E la carn que patís, mais avec un autre éditeur, « Mémoire et traditions en Périgord » d’Alles-sur-Dordogne (24480), avec une préface de l’écrivain Jean Ganiayre et un avertissement de Gérard Marty, président de l’association.
D’une manière générale, Louis Delluc trouvait son inspiration dans la nature autour de lui, dans l’histoire de sa province et dans celle de l’Espagne où il aimait séjourner souvent. Il montrait une prédilection pour le XVIe siècle.
Louis Delluc fonda dans les années 1958 le groupe folklorique Lo Grel qui réunissait jeunes et vieux de la commune de Saint-Vincent de Cosse. Il obtint un premier prix au concours organisé à Périgueux par la Fédération des Œuvres Laïques et un autre au concours régional de Biarritz. Il s’investissait complètement dans l’animation culturelle et plus précisément dans la réhabilitation de la langue d’oc. Dans son travail, il suivait la même ligne. Il faut rappeler qu’à l’époque où il commença d’écrire son œuvre, ses élèves n’entendaient que la langue d’oc dans le quotidien de leur vie : les berceuses de leurs mères, les contes de leurs grands-mères, les gens sur le marché, etc… Le français qu’ils découvraient à l’école était pour eux une langue aussi étrangère que l’anglais ou l’espagnol pour nous. « Le mérite des instituteurs de la IIIe République en est d’autant plus grand que beaucoup d’entre les écoliers décrochaient le certificat d’études ! » dit Michel Chadeuil dans la préface de Fabletas per enfants del país d’òc, éditées en 2004 par Lo bornat del Perigòrd/Novelum.
Ce n’était pas habituel de s’occuper de la langue d’oc cette époque, au contraire dans la majorité des écoles primaires les écoliers se faisaient taper sur les doigts ou punir si un seul mot de la langue « méprisée » leur échappait. L’instituteur de Saint-Vincent, lui, se servait des conjugaisons occitanes pour mieux faire comprendre le verbe « être » ou le verbe « avoir » aux élèves, comme on peut entendre dans le CD Souvenirs d’élèves de Mr et Mme Louis Delluc, propos recueillis par David Dorrance à Saint-Vincent de Cosse les 21/22 juin 1997 (mp3) auprès de Mr et Mme Louveau (née en 1935) et de Mme Moulinier et Mr (né en 1937) :
« En pédagogie, on ne réussit pas si on ne part pas de données connues, dit un de leurs anciens élèves. Ils enseignaient l’Instruction civique. Chaque matin une phrase de morale en haut du tableau était commentée, ça durait environ dix minutes »
et d’ajouter :
« Pendant qu’il (Mr Delluc) nous donnait des exercices à faire il écrivait des poésies en occitan ! »
En qualité d’instituteur qui préparait ses écoliers au certificat d’études, et qui devait leur enseigner l’histoire de France, Louis Delluc savait ce qui pouvait leur plaire, et en temps que militant pour le renouveau de la langue occitane, il leur écrivit un texte à leur mesure, Tibal lo Garrèl, en espérant leur donner le goût de parler la langue. Ce texte contait les aventures d’un garçon de leur âge, avec les mêmes préoccupations, malheurs ou bonheurs, ses apprentissages et ses premières émotions. Ainsi se lit le volontarisme de l’auteur quant au choix de l’occitan. Ce choix est implicite, mais il saute aux yeux.
Il écrivit aussi des fablettes pour les enfants du cours élémentaire (sa femme enseignait à ce niveau), il connaissait la valeur pédagogique de la fable, et les préfaciers de la première édition en 1958 disent :
« Par chance, il ne fit pas une adaptation occitane de plus de La Fontaine ou de Florian. Il créa, et prit ses protagonistes au plus près de la vie quotidienne, dans la maison, dans le pré, devant la porte… Son but avait toujours été d’enseigner. C’était le temps où quelques enseignants entêtés prenaient le sentier étroit ouvert par la récente loi Deixonne pour faire rentrer un peu d’occitan dans les écoles. »
Tibal lo Garrèl fut considéré comme le premier roman occitan écrit en Périgord, un grand évènement. En effet, jusque là, on pouvait y lire et jouer en langue d’oc, des pièces de théâtre, chanter des chansons, lire des poèmes, mais pas de romans. Les faits historiques, sous la trame romanesque, sont vrais et souvent relevés dans les chroniques d’un historien reconnu, le chanoine Jean Tarde. L’atmosphère rude du XVIe siècle en Périgord, la misère dont il souffre (impôts de toutes sortes, intempéries qui anéantissaient les récoltes et menaient à la famine, luttes religieuses entre catholiques et huguenots, incursions de la soldatesque) est décrite sans pathos, malgré les apparences. Il suffit de lire les livres d’Yves-Marie Bercé et les comptes-rendus des subdélégués de Sarlat à la généralité de Guyenne. Louis Delluc écrit : « Dans chaque clocher, des hommes guettaient, et dès qu’ils apercevaient la moindre troupe armée, ils faisaient sonner les cloches. » Les registres paroissiaux sont pleins de pauvres, morts sur les chemins, qui n’avaient pas de maison et même pas de nom.
Tibal, le personnage principal, est le fils d’une mendiante. Ils vivent tous les deux dans une cabane de pierre, à distance du village, parce qu’elle est considérée comme sorcière. Leur horizon est borné par les fourches patibulaires et le château, symboles de la toute-puissance seigneuriale. Le garçon a pour seule richesse un fléau et une fronde, qui lui permettent de manger au jour le jour. Un beau jour sa mère sera saisie, menée à la prison de Sarlat puis suppliciée et brûlée vive sur la place pour accusation de sorcellerie, sans plus de formalité. « Èra la misèria negra […]. E la misèria negra es la germana gran de la bruixeria » [C’était la misère noire […] Et la misère noire est la grande sœur de la sorcellerie], dit le catalan Joan Sales. Les chasses aux sorcières s’étaient amplifiées depuis le deuxième quart du XVe siècle. La majorité des accusées étaient des femmes souvent pauvres, vieilles, et qui vivaient à l’écart. On disait qu’elles avaient le mauvais œil ou qu’elles savaient où se trouvait le matagot, l’herbe qui fait mourir. Ce n’était pas rare qu’elles sachent aussi soulager les gens avec des plantes médicinales, mais cela personne ne s’en souvenait jamais. Dans sa bulle de 1484, le pape Innocent VIII lança le signal de la lutte contre la sorcellerie et les « praticiens infernaux » pour assainir, disait-il, la religion catholique. À la campagne, ceux qui essayaient de soulager mal ou bien les malades ne savaient pas où se mettre…
Tibal va voir la vierge noire de Rocamadour pour essayer d’oublier l’horreur et aussi sa culpabilité de n’avoir pas su sauver sa mère de l’exécution. Les pèlerinages étaient fréquents à l’époque étudiée (Rocamadour, Cadouin où longtemps les pèlerins ont prié devant un linge saint, qu’on disait tâché du sang du Christ, ce qui s’est avéré faux). À la page 45, Delluc pause la question de la relativité du miracle. Sans choisir fermement une religion ou une autre, le héros demande de l’aide à un devin ; nous sommes à l’époque où le syncrétisme est monnaie courante. Pour avoir sauvé la fille des seigneurs de Castelnaud d’une bande de voleurs qui convoitaient sa richesse, Tibal est récompensé par une charge d’écuyer au château. Là Delluc trouve l’occasion de parler de la condition des femmes ; chez les nobles, les mariages réglés par les parents n’étaient que des transactions financières, cela se vérifie aussi dans chaque catégorie sociale, il n’y a qu’à observer les contrats de mariage ! Dans sa nouvelle fonction, Tibal rencontre le capitaine Geoffroi de Vivans, ami d’Henri IV, le roi de France et de Navarre4. Il était huguenot, comme presque tous les seigneurs de la rive gauche de la Dordogne. Les capitaines des Grandes Compagnies avaient vite fait de changer de camp s’ils trouvaient une poignée d’écus à gagner, il fallait partout se méfier. Tibal est confronté aux exactions du triste seigneur qui terrorise son entourage et pour y échapper prend la fuite dans une gabarre.
Un autre personnage célèbre est évoqué par Louis Delluc, Charles de Gontaut-Biron, qui avait été le compagnon d’armes et ami du roi Henri IV. Jamais content des rétributions du roi pour ses services (il lui avait sauvé la vie deux ou trois fois), il complota contre lui et fut décapité en 1602 pour l’avoir trahi. Une chanson, La ronde de Biron5, illustra cette disgrâce, en présentant Biron comme victime d’une injustice. Le débat fit du bruit. L’opinion publique ne retint que le destin tragique du soldat et l’ingratitude du roi. La chanson fut interdite, car le pouvoir craignait un soulèvement du peuple6
Pendant sa lecture, l’air de rien, le lecteur jeune apprend l’histoire de son pays. Ce n’est pourtant pas un livre d’histoire. C’est un roman d’aventures ; Joan Sales en avait le ton entre rondalla et roman.
A lire sa bibliographie, on voit que Louis Delluc fut un Européen de la première heure puisqu’il publia en plusieurs langues étrangères. Il s’adressait le plus souvent aux jeunes dans une langue simple, concise et juste, au ton savoureux, à la vivacité de style qui n’empêchaient pas l’expression poétique.
1- http://www.crilj.org/2009/05/28/michel-bourrelier/
2-Tome XX de Lo Bornat, janv-fev-mars 1970, page 7
3-Delluc a publié le poème Muret de la batalha, sur Le Périgourdin de Bordeaux n° 279 d'octobre 1953, p. 8.
4-Louis Delluc a publié le poème « L’escalade » qui conte la prise de Domme par Vivans en 1588, dans Le Périgourdin de Bordeaux n° 279
5-Ou « Quand Biron voulut danser ».
6-Louis Delluc a publié le poème « Lou castèl de Biroun » sur Le Périgourdin de Bordeaux n° 100 de juillet 1931, p. 1 et 2.
Nombreux articles, poèmes ou nouvelles publiés dans les revues Lo Bornat, Oc, Le Gai saber, L'Armana Provençau, Le Périgourdin de Bordeaux.
- Òda a la Dordonha, poème bilingue, illustré par Maurice Albe, Sarlat, Imprimerie Michelet, 1931
- Un monge-cavalier, en Jeroni de Perigus, avesque del Cid (tirage à part des Analas del Centro de cultura valenciana, 1951), in Lo Bornat n° 4, oct-dec 1992
- La farça del pairolier, comédie en collaboration avec le majoral Marcel Fournier, Périgueux, Fédération des Oeuvres Laïques, sans date
- La poetessa galiciana Rosalia Castro (Oc n° double 201-202 de juillet-décembre 1956, p. 224-236). Essai.
- Fablettes pour les enfants des pays d’Oc, Lo Bornat del Perigòrd/ A.S.C.O. (Atelier sarladais de culture occitane), préface de Jean-Louis Galet, 1958.
- Fablettes pour les enfants du pays d’Oc, Périgueux, Editions Pierre Fanlac, sans date, 35 p.
Tibal lo Garrèl, Avignon, Aubanèl, 1958, 214 p.
Tibal lo Garrèl, Reedicion Lavit, Toulouse, Lo Libre occitan, 1968, 197 p.
Lo secret del comte de Marcafava, comédie pour marionnettes, in Paraulas de Novelum, n° 81 bis, 1998.
-Tibal lo garrèl, L’arma que sagna, (première partie), occitan/français, Castelnaud, Editions L’Hydre, 2000. Préface de Bernard Lesfargues.
- Tibal lo garrèl… E la carn que patís, (seconde partie) occitan / français, 24480 Alles / Dordogne, Editions Mémoire et traditions en Périgord, 2008. Préface de Jean Ganiayre. Avertissement de Gérard Marty, président de l’association Mémoire et traditions du Périgord.
- Fabletas per enfants del país d’Òc, Lo Bornat del Perigòrd/Novelum, 2004.
- La guerra dels ases, chapitre XXIV du livre de Don Quichote, Bordeaux, Le Périgourdin de Bordeaux, 1957, 15 p.
- Argental e io (Platero y io de Juan Ramon Jimenez, prix Nobel de littérature) en collaboration avec le philosophe Joseph Migot et le majoral Jean Monestier, Lo Bornat. Sans date.
- Le mousse de la Niña, Paris, éditions Bourrelier 1953, Prix « Jeunesse » des éditions éponymes.
- Des caravelles autour du monde, Paris, éditions Bourrelier, 1957.
- L’enfance d’une reine, Paris, éditions Bourrelier, 1958.
- Jeunes princes captifs, Paris, éditions Bourrelier, 1958.
- Le destin de Paquito, Paris, éditions Magnard 1963.
- Par la plume ou par l’épée, Namur, éditions du Soleil Levant, 1963.
- Olivier de Castille, éditions Bourrelier/Armand Colin, 1964.
- El grumete de la Niña, en Espagne en 1955. Traduit en hollandais en 1956 e en allemand per l’enseignement secondaire.
- Lo Garrell, en catalan, Barcelona, éditions Joan Sales, 1963. Préface de Joan Sales p. 7 a 33.
Lena la Mariandona, pastourelle fluviale en dos actes, sens data.
L’èrba que fai perdre, nouvelles, sans date.
La granda aiga, nouvelles.
La longue espérance, en collaboration avec Germaine Rougier, écrit à la fin de sa vie.
- Pièces inédites, écrites et jouées pour ramasser de l’argent afin d’envoyer des colis aux prisonniers pendant la guerre 1939-1940, dont parlent les locuteurs du CD Souvenirs d'élèves de Louis Delluc.
- Louis Delluc e Marcel Fournier, La farço del peiroulie, Fédération des Œuvres laïques de La Dordogne, 1958.
- Louis Delluc e Bernard Lesfargues, Lo secret del comte de Marcafava, comédie pour marionnettes, Novelum, 1998.
- Louis Delluc, Partis d’Argentat, Périgueux, Imprimerie Joucla, 1983.
- Louis Delluc, Histoire de Saint-Vincent-de-Cosse, monographie, Le Roc de Bourzac, 2006.
Vignette d'illustration de Jacques Saraben
]]>Louis Delluc, écrivain en français et en langue d’oc, a laissé une œuvre considérable qui a enrichi d’une manière originale la littérature d’Occitanie : par son métier d’instituteur il a écrit pour les jeunes, et il a même fait une plus grande œuvre pédagogique en aidant les collègues, qui avaient chevillée au cœur l’envie de ne pas laisser tomber la langue d’oc dans les limbes où elle avait été expédiée, après le rapport sur l’état de la langue française présenté par l’abbé Grégoire a la Convention Nationale le 4 juin 1794.
Pour cela, Delluc collabora aux éditions pédagogiques Bourrelier qui sont spécialisées dans la conception et la distribution de matériel éducatif de qualité.
Delluc, Louis (1894-1974)
- Delluc, Loïs (forme occitane du nom)
Louis Delluc naquit le 21 août 1894 aux Chambeaux, village de la commune d’Alles-sur-Dordogne. Son père, Jean, qui signa son acte de naissance, avait fait des études sérieuses mais, comme le frère aîné resté à la ferme mourut, Jean dut aider sa famille tout en exerçant le métier de contrôleur des tabacs pour la Régie. Le grand-père avait aussi signé l’acte de mariage de Jean avec Marguerite Besse : la famille Delluc était alphabétisée. Dans les années 1900, ils partirent habiter au Treillac, toujours dans la commune d’Alles-sur-Dordogne, pas loin du fleuve et près de la gare, ce qui aida Louis dans ses déplacements : en effet, après l’école communale, il alla à l’École Supérieure de Belvès où il passa le concours d’entrée a l’Ecole Normale, voie directe pour le métier d’instituteur. Il partit à la guerre en 1914, volontaire au 5e Régiment de Tirailleurs Algériens. Il fut blessé et il en sortit avec une horreur de la guerre qui lui fit refuser la médaille militaire. Il dut partir en convalescence à la caserne Miollis à Aix-en-Provence et ce séjour lui donna l’occasion de connaître Léon Aimard, un avocat à la Cour, dont il devint secrétaire. Cet homme était félibre et il lui ouvrit les portes du Félibrige provençal et de l’œuvre de Frédéric Mistral, qui devait lui rappeler le langage de sa région natale. Il faut peut-être chercher ici son goût futur pour l’écriture en langue d’oc.
À la fin de sa convalescence, en 1917, il se maria avec Lucie Madeleine Rebière, elle-même institutrice, qu’il avait connue quand il était dans son premier poste à Monpazier. Puis, après une année à l’école de Tamniès, en 1926, ils furent nommés à Saint-Vincent de Cosse et ils y restèrent tous deux enseignants pendant vingt-cinq ans. A la retraite, ils s’installèrent dans la commune voisine de Beynac, où Louis plaça l’histoire d’un des personnages de son roman, Tibal lo Garrèl.
Aujourd’hui la rue où il habitait porte le nom de son œuvre principale « Rue Tibal lo garrel roman de Louis Delluc ».
L’œuvre de Delluc comprend aussi des travaux en français. Louis Delluc commença donc par écrire des romans pour la jeunesse en français, dont Le mousse de la Niña, sur l’épopée de Christophe Colomb, qui obtint le prix « jeunesse », puis Des caravelles autour du monde, sur le voyage de la « Victoria » de Magellan, engagée pour le premier tour du monde. Jeunes princes captifs, en 1958, racontait la vie des deux fils du roi François Premier qui restèrent prisonniers en Castille. Puis il fit publier des romans traduits de l’espagnol : Olivier de Castille, adapté d’un roman de chevalerie espagnol ; Le destin de Paquito, récit de la jeunesse aventureuse et tragique de Cervantès ; Par la plume ou par l’épée, roman d’aventure où il s’inspire aussi de la jeunesse du « manchot de Lépante » ; L’enfance d’une reine, qui est l’histoire d’Elisabeth de France, fille d’Henri IV et de Marie de Médicis, devenue reine d’Espagne, et dont la fille Marie-Thérèse fut mariée à son cousin Louis XIV. Ces romans furent édités par les éditions Bourrelier qui étaient en ces années-là, et qui sont toujours, un des principaux éditeurs pédagogiques. Michel Bourrelier1 leur fondateur, est connu pour l’intérêt qu’il porte aux méthodes actives et à la littérature pour la jeunesse. Ce fut une belle marque de reconnaissance pour Delluc.
On doit encore à Louis Delluc le livre Partis d’Argentat, écrit en français, qui est une évocation de la vie de ceux qui faisaient la descente du fleuve Dordogne depuis l’Auvergne au temps de la batellerie. On peut aisément imaginer le garçonnet Louis du village des Chambeaux proche de la « Grande Eau » comme on appelait la Dordogne, rêvant en voyant passer les gabarres pleines de marchandises qui naviguaient vers le port exotique et fourmillant de Bordeaux.
Louis Delluc fit toutes sortes de recherches pour écrire la monographie du village où il était instituteur et directeur d’école. La mode venait de l’Exposition Universelle de 1900 à Paris. Le Ministère de l’Instruction Publique avait demandé à chaque instituteur d’écrire une monographie pour faire connaître l’histoire de son village. L’exposition de monographies réussit tant que ces recherches locales continuèrent d’être publiées.
Delluc mourut le 12 septembre 1974 sans que sa monographie de Saint-Vincent de Cosse soit publiée, nul ne sait pourquoi. Il avait fini sa vie chez sa fille adoptive à Eysines, Gironde (Sa femme était morte en 1968.) Il fut porté au cimetière de Beynac, village dont il disait que « truco [sic] los cels clars » [Il est au contact des cieux clairs]. À Alles où il était né, la place du village porte son nom depuis le 10 janvier 2009. L’homonymie avec Louis Delluc son cousin (1890-1924), né à Cadouin près d’Alles, le spécialiste de cinéma, qui était aussi romancier et journaliste, lui porte tort parce qu’elle prête à confusion dans les recherches.
De 1926 à 1966 Louis Delluc publia des articles dans Lou Bornat et dans Òc, il écrivit des poésies dont une de cinquante vers sur l’histoire du Périgord : « A la glorio del Périgord », parue dans le journal La lampe édité au Coux-et-Bigaroque par J-A Grafeille. Elle obtint le premier prix aux Jasmin d’argent de 1926 avec le commentaire : « C’est simplement un chef-d’œuvre ».
Une autre poésie, « La gabarra embullada », obtint le prix « Eglantine d’Argent » destiné à une poésie sur un sujet donné par l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse. Il devint mainteneur et maître d’œuvre du Félibrige en 1928, secrétaire du Bornat, qui est l’école félibréenne du Périgord, cigale d’argent maître en gai savoir en 1930, puis vice-président du 17 janvier 1954 à son décès. Une particularité est à noter : toujours actif mais l’âge rendant ses déplacements difficiles, il fut nommé président d’honneur du Bornat en 1970 cela bien qu’il n’ait jamais été président 2.
En 1958, il publia Tibal lo Garrèl et on voit qu’il a adopté l’orthographe classique de l’occitan. Louis Alibert avait sorti sa Gramatica en 1935, outil pédagogique majeur qui aidait à mettre l’écrit en conformité avec une norme panoccitane. Louis Delluc comprit vite la nécessité de normaliser orthographiquement la langue d’oc pour assurer sa crédibilité, et l’élever au niveau de toute autre langue avec ses règles et pourquoi pas, un jour ses diplômes. Il fut décoré de la cravate de Commandeur des Palmes Académiques à la dixième journée d’études occitanes du Périgord organisée par Lou Bornat avec le Mouvement Laïc des cultures régionales, et la Ligue de l’Enseignement.
La première édition de Tibal lo Garrèl fut faite en version bilingue occitan-français par les éditions Aubanel en 1958. Comme l’écrit l’auteur, « ce récit du temps des Huguenots je l’ai écrit pour les jeunes des pays d’oc. » Il présenta l’œuvre au prix Aubanel (prose) en 1958, mais pour cela il lui fallut respecter les contraintes d’un récit court. Il l’obtint, avec 57 points, contre 53 points à Verd paradís de Max Rouquette. Il fut honoré de voir l’ensemble Tibal lo Garrèl publié en catalan à Barcelone en 1963, à la demande du romancier et éditeur Joan Sales pour fêter le 750e anniversaire de la bataille de Muret, dont le dénouement fut peut-être un évènement désastreux pour ce qu’aurait pu être l’avenir de l’Occitanie, avec la mort de Pierre d’Aragon allié du comte de Toulouse, et la réussite de Simon de Monfort. Joan Sales avait choisi ce roman de Delluc parce qu’il trouvait qu’au XVIe siècle, avec les luttes entre papistes et huguenots, le Périgord avait souffert d’évènements religieux de même nature que le reste de l’Occitanie au temps des luttes des croisés contre les cathares3. Joan Sales voulait que se crée en Catalogne « una novelistica viva en lenga occitana», propos justifié par la remarque dans sa préface, que «la immigracion massiva d’Occitans a Catalonha fuguèt un fenomen social de grand volum pendent las guèrras de religion ; aquels emigrants èran venguts s’installar dins una region ont restava lo sovenir de l’epòca que se parlava la meteissa lenga d’un costat e de l’autre de Pirenèus. » [l’immigration massive d’Occitans en catalogne fut un phénomène de grande ampleur pendant les guerres de religion ; ces émigrants étaient venus s’installer dans une région où il restait le souvenir de l’époque où on parlait la même langue de part et d’autre des Pyrénées.]
En 1968, les éditions « Lo libre occitan » publièrent Tibal lo Garrèl en entier, mais seulement en occitan. Ce fut une découverte pour les jeunes occitans du Périgord. De longues années passèrent avant que ne sorte la quatrième édition du roman qui avait été vite épuisé : d’abord une première partie en 2000 par l’éditeur « L’Hydre » de Castelnaud, qui l’appela L’arma que sagna. Elle se terminait un peu brièvement, avec la phrase « M’èri tirat, enfin, de ma primièra, de ma terribla espròva. Una autra vita anava començar. » [Je m’étais tiré, enfin, de ma première, de ma terrible épreuve. Une autre vie allait commencer]. Ceci pour dire que l’auteur avait prévu une seconde partie qui justifiait ce choix éditorial. La seconde partie sortit seulement en 2008 avec le sous-titre E la carn que patís, mais avec un autre éditeur, « Mémoire et traditions en Périgord » d’Alles-sur-Dordogne (24480), avec une préface de l’écrivain Jean Ganiayre et un avertissement de Gérard Marty, président de l’association.
D’une manière générale, Louis Delluc trouvait son inspiration dans la nature autour de lui, dans l’histoire de sa province et dans celle de l’Espagne où il aimait séjourner souvent. Il montrait une prédilection pour le XVIe siècle.
Louis Delluc fonda dans les années 1958 le groupe folklorique Lo Grel qui réunissait jeunes et vieux de la commune de Saint-Vincent de Cosse. Il obtint un premier prix au concours organisé à Périgueux par la Fédération des Œuvres Laïques et un autre au concours régional de Biarritz. Il s’investissait complètement dans l’animation culturelle et plus précisément dans la réhabilitation de la langue d’oc. Dans son travail, il suivait la même ligne. Il faut rappeler qu’à l’époque où il commença d’écrire son œuvre, ses élèves n’entendaient que la langue d’oc dans le quotidien de leur vie : les berceuses de leurs mères, les contes de leurs grands-mères, les gens sur le marché, etc… Le français qu’ils découvraient à l’école était pour eux une langue aussi étrangère que l’anglais ou l’espagnol pour nous. « Le mérite des instituteurs de la IIIe République en est d’autant plus grand que beaucoup d’entre les écoliers décrochaient le certificat d’études ! » dit Michel Chadeuil dans la préface de Fabletas per enfants del país d’òc, éditées en 2004 par Lo bornat del Perigòrd/Novelum.
Ce n’était pas habituel de s’occuper de la langue d’oc cette époque, au contraire dans la majorité des écoles primaires les écoliers se faisaient taper sur les doigts ou punir si un seul mot de la langue « méprisée » leur échappait. L’instituteur de Saint-Vincent, lui, se servait des conjugaisons occitanes pour mieux faire comprendre le verbe « être » ou le verbe « avoir » aux élèves, comme on peut entendre dans le CD Souvenirs d’élèves de Mr et Mme Louis Delluc, propos recueillis par David Dorrance à Saint-Vincent de Cosse les 21/22 juin 1997 (mp3) auprès de Mr et Mme Louveau (née en 1935) et de Mme Moulinier et Mr (né en 1937) :
« En pédagogie, on ne réussit pas si on ne part pas de données connues, dit un de leurs anciens élèves. Ils enseignaient l’Instruction civique. Chaque matin une phrase de morale en haut du tableau était commentée, ça durait environ dix minutes »
et d’ajouter :
« Pendant qu’il (Mr Delluc) nous donnait des exercices à faire il écrivait des poésies en occitan ! »
En qualité d’instituteur qui préparait ses écoliers au certificat d’études, et qui devait leur enseigner l’histoire de France, Louis Delluc savait ce qui pouvait leur plaire, et en temps que militant pour le renouveau de la langue occitane, il leur écrivit un texte à leur mesure, Tibal lo Garrèl, en espérant leur donner le goût de parler la langue. Ce texte contait les aventures d’un garçon de leur âge, avec les mêmes préoccupations, malheurs ou bonheurs, ses apprentissages et ses premières émotions. Ainsi se lit le volontarisme de l’auteur quant au choix de l’occitan. Ce choix est implicite, mais il saute aux yeux.
Il écrivit aussi des fablettes pour les enfants du cours élémentaire (sa femme enseignait à ce niveau), il connaissait la valeur pédagogique de la fable, et les préfaciers de la première édition en 1958 disent :
« Par chance, il ne fit pas une adaptation occitane de plus de La Fontaine ou de Florian. Il créa, et prit ses protagonistes au plus près de la vie quotidienne, dans la maison, dans le pré, devant la porte… Son but avait toujours été d’enseigner. C’était le temps où quelques enseignants entêtés prenaient le sentier étroit ouvert par la récente loi Deixonne pour faire rentrer un peu d’occitan dans les écoles. »
Tibal lo Garrèl fut considéré comme le premier roman occitan écrit en Périgord, un grand évènement. En effet, jusque là, on pouvait y lire et jouer en langue d’oc, des pièces de théâtre, chanter des chansons, lire des poèmes, mais pas de romans. Les faits historiques, sous la trame romanesque, sont vrais et souvent relevés dans les chroniques d’un historien reconnu, le chanoine Jean Tarde. L’atmosphère rude du XVIe siècle en Périgord, la misère dont il souffre (impôts de toutes sortes, intempéries qui anéantissaient les récoltes et menaient à la famine, luttes religieuses entre catholiques et huguenots, incursions de la soldatesque) est décrite sans pathos, malgré les apparences. Il suffit de lire les livres d’Yves-Marie Bercé et les comptes-rendus des subdélégués de Sarlat à la généralité de Guyenne. Louis Delluc écrit : « Dans chaque clocher, des hommes guettaient, et dès qu’ils apercevaient la moindre troupe armée, ils faisaient sonner les cloches. » Les registres paroissiaux sont pleins de pauvres, morts sur les chemins, qui n’avaient pas de maison et même pas de nom.
Tibal, le personnage principal, est le fils d’une mendiante. Ils vivent tous les deux dans une cabane de pierre, à distance du village, parce qu’elle est considérée comme sorcière. Leur horizon est borné par les fourches patibulaires et le château, symboles de la toute-puissance seigneuriale. Le garçon a pour seule richesse un fléau et une fronde, qui lui permettent de manger au jour le jour. Un beau jour sa mère sera saisie, menée à la prison de Sarlat puis suppliciée et brûlée vive sur la place pour accusation de sorcellerie, sans plus de formalité. « Èra la misèria negra […]. E la misèria negra es la germana gran de la bruixeria » [C’était la misère noire […] Et la misère noire est la grande sœur de la sorcellerie], dit le catalan Joan Sales. Les chasses aux sorcières s’étaient amplifiées depuis le deuxième quart du XVe siècle. La majorité des accusées étaient des femmes souvent pauvres, vieilles, et qui vivaient à l’écart. On disait qu’elles avaient le mauvais œil ou qu’elles savaient où se trouvait le matagot, l’herbe qui fait mourir. Ce n’était pas rare qu’elles sachent aussi soulager les gens avec des plantes médicinales, mais cela personne ne s’en souvenait jamais. Dans sa bulle de 1484, le pape Innocent VIII lança le signal de la lutte contre la sorcellerie et les « praticiens infernaux » pour assainir, disait-il, la religion catholique. À la campagne, ceux qui essayaient de soulager mal ou bien les malades ne savaient pas où se mettre…
Tibal va voir la vierge noire de Rocamadour pour essayer d’oublier l’horreur et aussi sa culpabilité de n’avoir pas su sauver sa mère de l’exécution. Les pèlerinages étaient fréquents à l’époque étudiée (Rocamadour, Cadouin où longtemps les pèlerins ont prié devant un linge saint, qu’on disait tâché du sang du Christ, ce qui s’est avéré faux). À la page 45, Delluc pause la question de la relativité du miracle. Sans choisir fermement une religion ou une autre, le héros demande de l’aide à un devin ; nous sommes à l’époque où le syncrétisme est monnaie courante. Pour avoir sauvé la fille des seigneurs de Castelnaud d’une bande de voleurs qui convoitaient sa richesse, Tibal est récompensé par une charge d’écuyer au château. Là Delluc trouve l’occasion de parler de la condition des femmes ; chez les nobles, les mariages réglés par les parents n’étaient que des transactions financières, cela se vérifie aussi dans chaque catégorie sociale, il n’y a qu’à observer les contrats de mariage ! Dans sa nouvelle fonction, Tibal rencontre le capitaine Geoffroi de Vivans, ami d’Henri IV, le roi de France et de Navarre4. Il était huguenot, comme presque tous les seigneurs de la rive gauche de la Dordogne. Les capitaines des Grandes Compagnies avaient vite fait de changer de camp s’ils trouvaient une poignée d’écus à gagner, il fallait partout se méfier. Tibal est confronté aux exactions du triste seigneur qui terrorise son entourage et pour y échapper prend la fuite dans une gabarre.
Un autre personnage célèbre est évoqué par Louis Delluc, Charles de Gontaut-Biron, qui avait été le compagnon d’armes et ami du roi Henri IV. Jamais content des rétributions du roi pour ses services (il lui avait sauvé la vie deux ou trois fois), il complota contre lui et fut décapité en 1602 pour l’avoir trahi. Une chanson, La ronde de Biron5, illustra cette disgrâce, en présentant Biron comme victime d’une injustice. Le débat fit du bruit. L’opinion publique ne retint que le destin tragique du soldat et l’ingratitude du roi. La chanson fut interdite, car le pouvoir craignait un soulèvement du peuple6
Pendant sa lecture, l’air de rien, le lecteur jeune apprend l’histoire de son pays. Ce n’est pourtant pas un livre d’histoire. C’est un roman d’aventures ; Joan Sales en avait le ton entre rondalla et roman.
A lire sa bibliographie, on voit que Louis Delluc fut un Européen de la première heure puisqu’il publia en plusieurs langues étrangères. Il s’adressait le plus souvent aux jeunes dans une langue simple, concise et juste, au ton savoureux, à la vivacité de style qui n’empêchaient pas l’expression poétique.
1- http://www.crilj.org/2009/05/28/michel-bourrelier/
2-Tome XX de Lo Bornat, janv-fev-mars 1970, page 7
3-Delluc a publié le poème Muret de la batalha, sur Le Périgourdin de Bordeaux n° 279 d'octobre 1953, p. 8.
4-Louis Delluc a publié le poème « L’escalade » qui conte la prise de Domme par Vivans en 1588, dans Le Périgourdin de Bordeaux n° 279
5-Ou « Quand Biron voulut danser ».
6-Louis Delluc a publié le poème « Lou castèl de Biroun » sur Le Périgourdin de Bordeaux n° 100 de juillet 1931, p. 1 et 2.
Nombreux articles, poèmes ou nouvelles publiés dans les revues Lo Bornat, Oc, Le Gai saber, L'Armana Provençau, Le Périgourdin de Bordeaux.
- Òda a la Dordonha, poème bilingue, illustré par Maurice Albe, Sarlat, Imprimerie Michelet, 1931
- Un monge-cavalier, en Jeroni de Perigus, avesque del Cid (tirage à part des Analas del Centro de cultura valenciana, 1951), in Lo Bornat n° 4, oct-dec 1992
- La farça del pairolier, comédie en collaboration avec le majoral Marcel Fournier, Périgueux, Fédération des Oeuvres Laïques, sans date
- La poetessa galiciana Rosalia Castro (Oc n° double 201-202 de juillet-décembre 1956, p. 224-236). Essai.
- Fablettes pour les enfants des pays d’Oc, Lo Bornat del Perigòrd/ A.S.C.O. (Atelier sarladais de culture occitane), préface de Jean-Louis Galet, 1958.
- Fablettes pour les enfants du pays d’Oc, Périgueux, Editions Pierre Fanlac, sans date, 35 p.
Tibal lo Garrèl, Avignon, Aubanèl, 1958, 214 p.
Tibal lo Garrèl, Reedicion Lavit, Toulouse, Lo Libre occitan, 1968, 197 p.
Lo secret del comte de Marcafava, comédie pour marionnettes, in Paraulas de Novelum, n° 81 bis, 1998.
-Tibal lo garrèl, L’arma que sagna, (première partie), occitan/français, Castelnaud, Editions L’Hydre, 2000. Préface de Bernard Lesfargues.
- Tibal lo garrèl… E la carn que patís, (seconde partie) occitan / français, 24480 Alles / Dordogne, Editions Mémoire et traditions en Périgord, 2008. Préface de Jean Ganiayre. Avertissement de Gérard Marty, président de l’association Mémoire et traditions du Périgord.
- Fabletas per enfants del país d’Òc, Lo Bornat del Perigòrd/Novelum, 2004.
- La guerra dels ases, chapitre XXIV du livre de Don Quichote, Bordeaux, Le Périgourdin de Bordeaux, 1957, 15 p.
- Argental e io (Platero y io de Juan Ramon Jimenez, prix Nobel de littérature) en collaboration avec le philosophe Joseph Migot et le majoral Jean Monestier, Lo Bornat. Sans date.
- Le mousse de la Niña, Paris, éditions Bourrelier 1953, Prix « Jeunesse » des éditions éponymes.
- Des caravelles autour du monde, Paris, éditions Bourrelier, 1957.
- L’enfance d’une reine, Paris, éditions Bourrelier, 1958.
- Jeunes princes captifs, Paris, éditions Bourrelier, 1958.
- Le destin de Paquito, Paris, éditions Magnard 1963.
- Par la plume ou par l’épée, Namur, éditions du Soleil Levant, 1963.
- Olivier de Castille, éditions Bourrelier/Armand Colin, 1964.
- El grumete de la Niña, en Espagne en 1955. Traduit en hollandais en 1956 e en allemand per l’enseignement secondaire.
- Lo Garrell, en catalan, Barcelona, éditions Joan Sales, 1963. Préface de Joan Sales p. 7 a 33.
Lena la Mariandona, pastourelle fluviale en dos actes, sens data.
L’èrba que fai perdre, nouvelles, sans date.
La granda aiga, nouvelles.
La longue espérance, en collaboration avec Germaine Rougier, écrit à la fin de sa vie.
- Pièces inédites, écrites et jouées pour ramasser de l’argent afin d’envoyer des colis aux prisonniers pendant la guerre 1939-1940, dont parlent les locuteurs du CD Souvenirs d'élèves de Louis Delluc.
- Louis Delluc e Marcel Fournier, La farço del peiroulie, Fédération des Œuvres laïques de La Dordogne, 1958.
- Louis Delluc e Bernard Lesfargues, Lo secret del comte de Marcafava, comédie pour marionnettes, Novelum, 1998.
- Louis Delluc, Partis d’Argentat, Périgueux, Imprimerie Joucla, 1983.
- Louis Delluc, Histoire de Saint-Vincent-de-Cosse, monographie, Le Roc de Bourzac, 2006.
Vignette d'illustration de Jacques Saraben
Louis Delluc, escrivan en francés e en lenga d’Oc, a daissat una òbra considerabla qu’a enriquit d’un biais original la literatura d’òc: de per son mestièr de regent a escrich per los joves, e mai a fach pus granda òbra pedagogica en ajudant los collègas qu’an clavada al còr l’enveja de pas daissar la lenga d’òc dins las limbes ont èra estada expediada, après lo rapòrt sur l'estat de lalenga francesa presentat per l'abat Grégoire a la Convention Nationala lo 4 de junh de 1794.
Per aquò far, Delluc collaborèt a las edicions pedagogicas Bourrelier que son especializats dins la concepcion e la distribucion de material educatiu de qualitat.
Delluc, Louis (1894-1974)
- Delluc, Loïs (forma occitana del nom)
Louis Delluc nasquèt lo 21 d’agost de 1894 als Chambeaux, vilatge de la comuna d’Alas-sus- Dordonha. Son paire, Jean, que signèt l’acte de naissença, aviá faches d’estudis serioses mas coma lo fraire ainat demorat a la bòria moriguèt, Jean deguèt ajudar son monde tot en fasent lo mestièr de contrarotlaire de las plantacions de tabat per la Regia. Lo grand paire aviá tanben signat l’acte de maridatge de Jean amb Margarita Besse: la familha Delluc èra alfabetizada. Dins las annadas 1900, anèron demorar al Treilhac, totjorn comuna d’Alas-sus-Dordohna, pas lonh del flume e prèp de la gara, çò qu’ajudèt Louis dins los desplaçaments seus: de fach, aprèp l’escòla comunala, anèt a l’Escòla Superiora de Belvés ont passèt lo concors per dintrar a l’Escòla Normala, via directa per lo mestièr de regent. Partiguèt a la guèrra en 1914, volontari al 5en Regiment de Tiralhaires Argerians. Fuguèt nafrat e se’n sortiguèt amb una orror de la guèrra que li faguèt refusar la medalha militara. Li calguèt anar en convalescéncia a la caserna Miollis a Ais de Provença e aquel sejorn li donèt l’ocasion de conéisser Leon Aimard, un avocat a la Cort, que ne venguèt lo secretari. Aquel òme èra felibre e li obriguèt las pòrtas del Felibritge provençal e de l’òbra de Frederic Mistral, que li deviá far pensar al lengatge de son país natal. Cal benlèu cercar aquí son gost futur per l’escritura en lenga d’òc.
Al cap de sa convalescéncia, en 1917, maridèt la Lucie Madeleine Rebière, una regenta tanben qu’aviá coneguda quand èra dins son primièr pòste a Monpasièr. Puèi, aprèp una annada a l’escòla de Tanièrs, en 1926, fuguèron nomenats a Sent-Vincenç de Còssa e i restèron tots dos ensenhaires pendent vinc-e-cinc ans. A la retirada, s’installèron dins la comuna vesina de Bainac, ont Louis placèt l’istòria d’un dels personatges de son roman, Tibal lo Garrèl. Anuèch la carrièra ont demorava pòrta lo nom de son òbra màger: « Rue Tibal lo garrel roman de Louis Delluc ».
L’òbra de Louis Delluc compren tanben d’òbras en francés per escriure de romans per la jovença en francés dont Le mousse de la Niña, sus l’epopèia de Cristòl Colomb, qu’obtenguèt lo premi « Jeunesse », puèi Des caravelles autour du monde, sus lo viatge de la « Victoria » de Magellan, engatjada pel primièr torn del monde. Jeunes princes captifs, en 1958, contava la vida dels dos filhs del rei Francés Primièr que demorèron presonièrs en Castilha. Puèi faguèt publicar de romans revirats de l’espanhòl : Olivier de Castille, adaptat d’un roman cavalieresc espanhòl; Le destin de Paquito, raconte de la jovença aventurosa e tragica de Cervantès; Par la plume ou par l’épée, roman d’aventura ont s’inspira tanben de la jovença del « manpòt de Lepante »; L’enfance d’une reine, qu’es l’istòria d’Elisabèt de França, dròlla d’Enric IV e de Maria de Medecis, venguda reina d’Espanha e que sa dròlla Maria-Teresa fuguèt maridada a son cosin Loís XIV. Fuguèron editats per las edicions Bourrelier qu'èran, dins aquelas annadas, e que son totjorn un dels principals editors pedagogics. Michel Bourrelier1, leur fondator, es conegut per son interès portat als metòds actius e a la literatura per la jovença : çò que fuguèt una bèla reconeissença per Delluc.
Devèm encara a Louis Delluc lo libre Partis d’Argentat, escrit en francés, qu’es una evocacion de la vida de los que fasián la davalada del flume Dordonha dempuèi Auvèrnha al temps de la batelariá. Se pòt aisidament imaginar lo drollet Louis del vilatge dels Chambeaux pròche de la « Granda Aiga » coma apelavan la Dordonha, somiant al véser passar las gabarras comolas de merças que navegavan devèrs lo pòrt exotic e formiguejant de Bordèu.
Louis Delluc se vodèt a totas menas d’investigacions per escriure la monografia del vilatge ont èra regent e director d’escòla. La mòda veniá de l’Exposicion Universala de 1900 a Paris. Lo Ministèri de l’Instruccion Publica aviá demandat a cada regent d’escriure una monografia per far conéisser l’istòria de son vilatge. L’exposicion de monografias capitèt tant que se contunhèt de publicar aquelas menas de recercas localas.
Delluc defuntèt lo 12 de setembre de 1974 sens que sa monografia de Sent-Vincenç de Còssa foguèsse sortida, sabèm pas perqué.
Louis Delluc moriguèt en 1974 en çò de sa filha adoptiva a Eisinas, Gironda e fuguèt portat al cementeri de Bainac, vilatge dont disiá que « truco [sic] los cels clars ». Sa femna defuntèt en 1968. A Alàs ont èra nascut, la plaça del vilatge pòrta son nom dempuèi lo 10 de genièr de 2009. L’omonimia amb Louis Delluc son cosin (1890-1924), nascut a Cadonh rasís Alàs, l’especialista de cinèma, qu’es estat tanben romancièr e jornalista, li fai plan tòrt perque prèsta a embolh dins las recercas.
De 1926 a 1966 Louis Delluc publiquèt d’articles dins Lo Bornat e dins Oc, escriguèt de poesias dont una de cinquanta sièis vèrses sus l’istòria del Perigòrd : A la glorio del Périgord, pareguda dins lo jornal La Lampe editat al Cos-e-Bigaròca per J-A. Grafeille. Obtenguèt lo primièr premi als Jasmin d'argent de 1926 amb lo comentari : « C’est simplement un chef-d’œuvre ».
Una autra poesia, La gabarra embullada, obtenguèt lo prèmi « Eglantine d’Argent » destinat a una pèça d'una valor de dos-cent-cinquanta liuras destinat a una pèça sus un subjècte donat per l’Académia dels Jòcs Florals de Tolosa. Venguèt manteneire e mestre d'òbra dau Felibritge en 1928, secretari del Bornat, qu’es l’Escòla felibrenca del Perigòrd, cigala d'argent, mestre en gai saber en 1930, puèi vici-president del 17 de genièr 1954 a sa mòrt. Una particularitat es de notar: totjours actiu mas l'atge li rendent los desplaçaments malaisits, fuguèt nommat president d'onor del Bornat en 1970, e mai foguèsse jamai estat president2.
En 1958, publiquèt Tibal lo Garrèl e vesèm que i a adoptat l’ortografia classica de l’occitan. Loís Alibèrt aviá sortit sa Gramatica en 1935, otís pedagogic màger qu’ajudava a botar l’escrit en conformitat amb una nòrma pan-occitana. Louis Delluc comprenguèt viste la necessitat de normalizar ortograficament la lenga d’Òc per afortir sa credibilitat, e l’enauçar al nivèl de tota autra lenga amb sas règlas e perqué pas, un jorn sos diplòmas. Fuguèt decorat de la cravata de Comandor de las Palmas Academicas a la desena jornada d'estudis occitans del Perigòrd organizada per Lo Bornat, lo Movement Laïc de las culturas regionalas e la Liga de l'Ensenhament3.
La primièra edicion de Tibal lo garrèl fuguèt facha en version bilingüa occitan-francés per las edicions Aubanel en 1958. Coma o escriu l’autor, « aquel raconte del temps dels igonauds l’ai escrich per los joines dels païs d’Òc ». Presentèt l’òbra al premi Aubanel (pròsa) en 1958, mas per aquò far, li calguèt se téner dins las constrenchas d’un recit cort. L’obtenguèt, amb 57 punts, contra 53 punts a Vert paradis de Max Roqueta. Fuguèt onorat de veire l’ensemble Tibal lo garrèl publicat en catalan a Barcelona en 1963, a la demanda del romancièr e editor Joan Sales, jol títol El Garrell. Aquesta publicacion dins la colleccion Club dels Novel.listes la faguèt Joan Sales per festejar lo 750en aniversari de la batalha de Murèth, que son desnosament fuguèt benlèu un eveniment desastrós per çò qu’auria pogut èstre l’avenir d’Occitània amb la mòrt de Pèire d’Aragon, aligat del comte de Tolosa, e la capitada de Simon de Montfort. Joan Sales aviá causit aquel roman de Delluc per çò que trobava qu’al sègle XVI, amb las luchas entremièg papistas e uganauds, lo Perigòrd aviá endurat d’eveniments religioses de la meteissa mena que lo demai d’Occitània al temps de las luchas dels crosats contra los catars4. Joan Sales voliá que se creèsse en Catalonha « una novelistica viva en lenga occitana », prepaus justificat per la remarca dins son prefaci que « la immigracion massiva5 d’occitans a Catalonha fuguèt un fenomen social de grand volum pendent las guèrras de religion »; aquels emigrants èran venguts s’installar dins una region ont restava lo sovenir de l’epòca que se parlava la meteissa lenga d’un costat e de l’autre de Pirenèus.
En 1968, las edicions « Lo Libre Occitan » publiquèron Tibal lo garrèl en entièr, mas solament en occitan. Fuguèt una descobèrta per los joves occitans del Perigòrd. D’annadas longas passèron avans que sortiguèsse la quatrena edicion del roman, viste atarit : d’abòrd una primièra partida en 2000 per las edicions ʺL’Hydre de Castelnaudʺ, que la nomenèt L’arma que sagna. S’acabava un pauc viste, amb la frasa : « M’èri tirat, enfin, de ma primièra, de ma terribla espròva. Una autra vita anava començar »… Aquò per dire que l’autor aviá previst una segonda partida que justificava aquela causida editoriala. La segonda partida sortiguèt nonmas en 2008 amb lo jos títol E la carn que patís, mas amb un autre editor, l'associacion « Mémoire et traditions en Périgord », d' Alàs-sus-Dordonha (24480), amb un prefaci de Jean Ganiayre e un avertiment de Gérard Marty, president de l’associacion.
D’un biais general, Louis Delluc trobava son inspiracion dins la natura a l’entorn d’el, dins l’istòria de sa província e dins l’istòria de l’Espanha ont aimava sovent sejornar. Fasiá mòstra de predileccion per lo sègle XVI.
Louis Delluc fondèt dins las annadas 1958 lo grop folcloric Lo Grel qu’amassava a l’encòp jovents e vièlhs de la comuna de Sent-Vincenç de Còssa. Obtenguèt un primièr premi al concors organizat a Perigüers per la Federacion de las Òbras Laïcas e un autre al concors regional de Biarritz. S’investissiá completament dins l’animacion culturala e pus precisament sus lo punt de la reabilitacion de la lenga d’Òc. Dins son trabalh seguissiá la meteissa linha. Cal rapelar qu’a l’epòca ont comencèt d’escriure son òbra, sos escolans ausissián pas que la lenga d’òc dins la vida vidanta: las breçairòlas de lor maire, los contes de lors grands, lo monde sul mercat, e non sai que... Lo francés que descobrissián a l’escòla èra per els una langue tant estrangièra coma a nosautres l’anglés o l’espanhòl. « Le mérite des instituteurs de la IIIe république en est d’autant plus grand que beaucoup d’entre les écoliers décrochaient le certificat d’études ! » çò ditz Micheu Chapduèlh dins lo prefaci de Fabletas per enfants del país d’Òc, editadas per Lo Bornat del Perigòrd/Novelum, 2004.
Èra pas acostumat de se trachar de lenga d’òc en d’aquela epòca, al contrari dins la màger part de las escòlas primàrias los escolans se fasián picar suls dets o punir se lor escapava un quite mot dins la lenga « mespresada ». Lo regent de Sent-Vincenç, el, se sirviá de las conjugasons occitanas per far melhor comprene lo vèrb être o lo vèrb avoir als escolièrs, coma se pòt ausir dins lo CD : Souvenirs d'élèves de Mr et Mme Louis Delluc, prepaus recaptats per David Dorrance a St-Vincenç de Còssa los 21/22 de junh de 1997 (MP3) al prèp de Mr et Mma Louveau (nascuda en 1935) e de Mma Moulinier e Mr (nascut en 1937).
« En pédagogie, on ne réussit pas si on ne part pas de données connues, çò ditz un de lors ancians escolans. lls (los regents) enseignaient l’Instruction civique. Chaque matin une phrase de morale en haut du tableau était commentée, ça durait environ dix minutes »
et d’apondre :
« Pendant qu’il (Mr Delluc) nous donnait des exercices à faire il écrivait des poésies en occitan ! »
En qualitat de regent que preparava sos escolans al certificat d’estudis, e que deviá lor ensenhar l’istòria de França, Louis Delluc saviá çò que podiá lor plaire, e coma militant per lo reviscòl de la lenga occitana lor escriguèt un tèxt a lor mesura, Tibal lo Garrèl, en esperar lor donar lo gost de parlar la lenga. Aquel tèxt contava las aventuras d’un dròlle de lor atge, amb sas meteissas preocupacions, sos malurs e son astrada, sos aprentissatges e sas primièras esmogudas. Atal se legís lo volontarisme de l’autor quant a la causida de l’occitan. Aquela causida es pas qu’implicita, mas sauta als uèlhs.
Escriguèt tanben de fabletas per los enfants del cors elementari (sa femna ensenhava dins aquel nivèl), coneissiá plan la valor pedagogica de la faula, e çò dison los prefacièrs de la primièra edicion en 1958,
« Per astre, faguèt pas una adaptacion occitana de mai de La Fontaine o de Florian. Creèt, e prenguèt sos protagonistas au mai près de la vita jornadièra, dins l’ostal, dins lo codèrc, davant la pòrta… Sa tòca finala èra totjorn estada d’ensenhar. Quò èra del temps ont qualques ensenhaires caparuts s’endralhavan dins lo sendarèl estrech dubèrt per la recenta lei Deixonne per fin de far entrar un pauc d’occitan dins las escòlas. »
Tibal lo Garrèl fuguèt considerat coma lo primièr roman occitan escrich en Perigòrd, un eveniment grand. En efièch, fins alara se podián legir e jogar en lenga d’Òc e dins aquel lòc, peças de teatre, cantar de cansons, legir de poèmas, mas pas brica de romans. Los fachs istorics, jos la trama romanèsca, son vertadièrs e sovent relevats dins las cronicas d’un istorian reconegut, lo canonge Jean Tarde. L’ambient rufe del sègle XVI en Perigòrd, a causa de la misèria (impòst de tota mena, tempèris qu’anequelissián recòltas e menavan a la famina, luchas religiosas entre catolics e uganauds, encorregudas de la soldatesca) es escrich sens patòs, malgrat las aparéncias. Sufís de legir los libres d’Yves-Marie Bercé e los comptes renduts dels subdelegats de Sarlat a la generalitat de Guiana. Louis Delluc escriu : « Dins cada cloquièr, dels òmes gaitavan, e còp sec que vesián la mendra tropa armada, fasián tinlar las campanas ». Los registres parroquials son plens de paures, mòrts sus los camins, qu’avián pas de maison e quitament pas de nom.
Tibal, lo personatge màger, es lo filh d’una mendicaira. Vivon tots dos dins una cabana de pèira a distància del vilatge perque es considerada ela coma fachilièra. Lor asuèlh es barrat per las forcas patibulàrias e lo castèl, simbòls de la tota-poténcia senhoriala. Lo dròlle a per sola riquesa un flaujòl e una fonda, que li permeton de manjar ara per ara. Un bèl jorn sa maire serà raubada, menada a la preison de Sarlat puèi supliciada e cremada viva sus la plaça per acusacion de sorcelum, sens mai de formalitat. « Èra la misèria negra […]. E la misèria negra es la germana gran de la bruixeria6», çò ditz lo catalan Joan Sales. Las caças a las fachilièras s’èran amplificadas tre lo segond quart del sègle XV. La majoritat de las acusadas èran de femnas sovent pauras, vièlhas, e que vivián a part. Se disiá qu’avián lo maissant uèlh o que sabián ont se trobava lo matagòt, l’èrba que fai morir. Èra pas rar que sapièsson tanben sonhar lo monde amb de plantas medicinalas, mas aquò degun se’n rementava pas jamai. Dins sa bulla de 1484, lo papa Innocent VIII lançèt lo senhal de la lucha contra lo sorcelum e los «practicians infernals» per assanir, çò disiá, la religion catolica. Al campèstre, los qu’assajavan de solatjar mal o ben los malauts sabián pas ont se metre…
Tibal vai veire la verge negra de Ròcamodor per assajar d’oblidar l’òrre e mai sa culpabilitat d’aver pas sauput salvar sa maire de l’execucion. Los peregrinatges èran frequents a l’epòca estudiada (Ròcamador, Cadonh, ont longtemps los peregrins an pregat davant un linçol sant, que se disiá qu’èra tacat del sang del Crist, çò que s’es averat fals). A la pagina 145, Delluc pausa la question de la relativitat del miracle. Sens causir fèrmament una religion o l’autra, l’eròi demanda ajuda a un endevinaire; sèm dins una epòca ont lo sincretisme es moneda correnta. Per aver salvat la dròlla dels senhors de Castelnòu d’una banda de raubaires cobesejant sa riquesa, Tibal es recompensat d’una carga d’escudièr al castèl. Aquí Delluc tròba l’ocasion de parlar de la condicion de las femnas: en çò dels nòbles, los maridatges reglats per los parents èran pas que de transaccions financièras, aquò se verifica tanben per cada categoria sociala, i a qu’a espepissar los contracts de maridatges! Dins sa novèla fonccion, Tibal rencontra lo capitani Geoffroi de Vivans, amic d’Enric IV, lo rei de França e de Navarra7. Èra uganaud coma quasi tots los senhors de la riva esquèrra de la Dordonha. Los capitanis de las companhiás grandas avián lèu fach de virar casaca se se trobava un ponhat d’escuts a ganhar, se caliá mesfisar d’en pertot. Tibal es confrontat a las exaccions del triste sénher que terroriza son monde e per i escapar pren la fugida dins una gabarra.
Un autre personatge celèbre es evocat per Louis Delluc, Carles de Gontaut-Biron, qu’èra estat lo companhon d’armas e amic del rei Enric IV. Jamai content de las retribucions del rei per sos servicis (li aviá salvat la vida dos o tres còps), complotèt contra el e fuguèt decapitat en 1602 per l’aver traït. Una cançon, La ronda de Biron8 , illustrèt aquesta desgràcia, en donant Biron coma victima d’una injustícia. Lo debat menèt de bruch. L’opinion publica retenguèt nonmas lo destin tragic del soldat e l’ingratitud del rei. La cançon fuguèt interdita, que lo poder crentava un soslevament del pòble
Pendent sa lectura, mina de res, lo legeire jove apren l’istòria de son païs. Es pertant pas un libre d’istòria, es un roman d’aventura, Joan Sales ne’n aviá trobat lo ton entremièg rondalla e roman.
A legir sa bibliografia, se vei que Louis Delluc fuguèt un occitanista militant que se consacrèt plenament a l'educacion populara10. Europèu de la primièra ora puèi que publiquèt en mantuna lenga estrangièra, li agradava plan la cultura catalana e espanhòla ont trobèt l’inspiracion de sos libres. S’adreçava sovent als joves, dins una lenga simpla e justa, quora trebolaira quora galharda. Los dos tòms de Tibal lo Garrèl, roman d’aventuras, pòdon plaire de segur als escolans del collègi mai a los del licèu qu’an causit de conéisser al pus prigond la lenga parlada per lors aujols pendent mile ans. Lor agradarà lo ton saborós, la vivacitat de l’estil, la simplicitat facha de concision qu’empacha pas l’expression poetica.
1- http://www.crilj.org/2009/05/28/michel-bourrelier/
2- tòm XX de Lo Bornat, janv-fev-mars 1970, paja 7).
3-Le Périgourdin de Bordeaux n° 377, p. 6
4-Delluc a publicat lo poema Muret de la batalha, sus Le Périgourdin de Bordeaux n° 279 d'octobre de 1953, p.8
5-L’article « la » s’explica per una mèscla d’occitan e de catalan per Joan Sales.
6-Loís Delluc, El Garrell, traduït de l'occitàn per Joan Sales, Club Editor, 1963, p. 205.
7-Louis Delluc a publicat lo poema L’escalado que conta la presa de Doma per Vivans en 1588, dins Le Périgourdin de Bordeaux n° 279
8-O « Quand Biron voulut danser ».
9-Louis Delluc a publicat lo poema « Lou castèl de Biroun » sus Le Périgourdin de Bordeaux n° 100 de julhet de 1931, p.1 e 2
10- Robert Lafont et Christian Anatole, Nouvelle histoire de la littérature occitane, PUF, 1971, p.768- 769. « Pestour ne pouvait passer à l’occitanisme militant. Ce passage, Louis Delluc (1894) le fait naturellement. Instituteur, il s’est longtemps consacré à l’éducation populaire au sein du Bournat et a beaucoup écrit pour la jeunesse. Il s’est essayé avec beaucoup de bonheur au théâtre, en collaboration avec Fournier. Mais c’est comme prosateur qu’il a donné son œuvre la plus valable. La granda aiga, série de nouvelles non encore réunies en volume, évoque le monde coloré et la vie rude des gabariers de la Dordogne parmi lesquels s’écoula l’enfance de l’auteur. Avec Tibal lo garrèl (1958, 2e édition 1968) qui eut le prix Théodore Aubanel, ʺRaconte dels temps dels Igonauds escrich pels joines del païs d’ocʺ, il a voulu marcher sur les traces d’Eugène Le Roy[...]Avec Delluc, l’insertion du Périgord dans l’architecture commune de la littérature occitane contemporaine est accomplie. »
Nombroses articles, poemas o novelas publicats dins las revistas Lo Bornat, Oc, Le Gai saber, L'Armana Provençau, Le Périgourdin de Bordeaux.
- Òda a la Dordonha, poèma bilingüe, illustrat per Maurice Albe, Sarlat, Imprimerie Michelet, 1931
- Un monge-cavalier, en Jeroni de Perigus, avesque del Cid (tiratge a despart de las Analas del Centro de cultura valenciana, 1951), in Lo Bornat n° 4, oct-dec de 1992.
- La farça del pairolier, comèdia en collaboracion amb lo majoral Marcel Fournier, Périgueux, Federacion de las òbras Laïcas, sens data
- La poetessa galiciana Rosalia Castro (Oc n° doble 201-202 de julhet-decembre 1956, p. 224-236). Ensag.
- Fablettes pour les enfants des pays d’Oc, Lo Bornat del Perigòrd/ A.S.C.O. (Talher sarladés de cultura occitana), prefaci de Jean-Louis Galet, 1958.
- Fablettes pour les enfants du pays d’Oc, Périgueux, Edicions Pierre Fanlac, sens data, 35 p.
Tibal lo Garrèl, Avignon, Aubanèl, 1958, 214 p.
Tibal lo Garrèl, Reedicion Lavit, Toulouse, Lo Libre occitan, 1968, 197 p.
Lo secret del comte de Marcafava, comèdia per mariòtas, in Paraulas de Novelum, n° 81 bis, 1998.
-Tibal lo garrèl, L’arma que sagna, (primièra partida), occitan/francés, Castelnaud, Edicions L’Hydre, 2000. Prefaci de Bernard Lesfargues.
- Tibal lo garrèl… E la carn que patís, (segonda partida) occitan / francés, 24480 Alles / Dordogne, Editions Mémoire et traditions en Périgord, 2008. Prefaci de Jean Ganiayre. Avertiment de Gérard Marty, president de l’associacion Mémoire et traditions du Périgord.
- Fabletas per enfants del país d’Òc, Lo Bornat del Perigòrd/Novelum, 2004.
- La guerra dels ases, capitol XXIV del libre de Don Quichote, Bordeaux, Le Périgourdin de Bordeaux, 1957, 15 p.
- Argental e io (Platero y io de Juan Ramon Jimenez, premi Nobel de literatura) en collaboracion amb lo filosòf Joseph Migot e lo majoral Jean Monestier, Lo Bornat. Sens data.
- Le mousse de la Niña, Paris, edicions Bourrelier 1953, Premi « Jeunesse » de las edicions eponimas.
- Des caravelles autour du monde, Paris, edicions Bourrelier, 1957.
- L’enfance d’une reine, Paris,edicions Bourrelier, 1958.
- Jeunes princes captifs, Paris, edicions Bourrelier, 1958.
- Le destin de Paquito, Paris, edicions Magnard 1963.
- Par la plume ou par l’épée, Namur, edicions du Soleil Levant, 1963.
- Olivier de Castille, edicions Bourrelier/Armand Colin, 1964.
- El grumete de la Niña, en Espanha en 1955. Tradusit en olandés en 1956 e en alemand per l’ensenhament segondari.
- Lo Garrell, en catalan, Barcelona, edicions Joan Sales, 1963. Prefaci de Joan Sales p. 7 a 33.
Lena la Mariandona, pastorala fluviala en dos actes, sens data.
L’èrba que fai perdre, nòvelas, sens data.
La granda aiga, nòvelas.
La longue espérance, en collaboracion amb Germaine Rougier, escrit al cap de sa vida.
-Pèças ineditas, escritas e jogadas per amassar de l’argent fins a mandar de còlis als presonièrs pendent la guèrra 1939-1940, dont parlan los locutors del CD Souvenirs d'élèves de Louis Delluc.
- Louis Delluc e Marcel Fournier, La farço del peiroulie, Fédération des Œuvres laïques de La Dordogne, 1958.
- Louis Delluc e Bernard Lesfargues, Lo secret del comte de Marcafava, comèdia per mariòtas, Novelum, 1998.
- Louis Delluc, Partis d’Argentat, Périgueux, Imprimerie Joucla, 1983.
- Louis Delluc, Histoire de Saint-Vincent-de-Cosse, monografia, Le Roc de Bourzac, 2006.
Vinheta d'illustracion de Jacques Saraben