Ambertois de naissance et de cœur, Régis Michalias s’est tardivement mais sûrement lancé dans la production littéraire et les études dialectales, pour apporter sa pierre à l’œuvre félibréenne.

Identité

Forme référentielle

> Michalias, Régis (forme d’état-civil)

Éléments biographiques

Régis Michalias est né et mort à Ambert, et semble n’avoir quitté sa ville qu’occasionnellement et par nécessité.

Il fait d’abord des études au lycée de Clermont-Ferrand. Il part ensuite pour Paris, d’où il revient diplômé de première classe à l’École supérieure de pharmacie. Adolphe Van Bever (Poètes du terroir, 1924) nous apprend qu’il est capitaine de mobilisés à la guerre de 1870. Il revient définitivement dans sa ville natale pour y pratiquer le métier de pharmacien de 1873 à 1895.

Il consacre sa retraite à la culture des fleurs et à l’étude des parlers auvergnats, s’impliquant dans le mouvement de renaissance littéraire occitane à travers le Félibrige.

Michel Camelat (Reclams, n°3, 1936) décrit Michalias « bâti comme un châtaigner, l’œil clair et l’épaule carrée. »

Régis Michalias a eu de son mariage une fille unique, Jeanne, qui semble s’être intéressée aux activités félibréennes de son père, l’accompagnant et fréquentant à l’occasion ses amis félibres.

Jean Ajalbert, contemporain de Michalias (et Auvergnat revendiqué), lui consacre un chapitre complet dans son ouvrage Au Cœur de l'Auvergne, et éclaire ainsi le portrait du poète en révélant au fil de son récit certains détails sur sa vie et son œuvre qu'on peine à trouver par ailleurs, comme par exemple son intérêt pour les pierres et la géologie ou son implication dans l'ouverture de bains-douches initialement destinés aux populations les plus précaires.

Engagement dans la renaissance d'oc

Liens avec le Félibrige

Les activités félibréennes de Régis Michalias ne se manifestent véritablement qu’au moment de sa retraite.

C’est un grand lecteur et admirateur de Frédéric Mistral et d'Arsène Vermenouze, et c’est d’ailleurs Mistral qui le pousse en 1902 à entrer en rapport avec le majoral aurillacois, ouvrant la voie à une amitié de plusieurs années, jusqu’au décès de Vermenouze en 1910.
Le poète d’Ambert (basse-Auvergne), et celui d’Ytrac (haute-Auvergne) partagent une admiration commune pour le héros de Gergovie, Vercingétorix, fréquemment évoqué dans les poèmes de l’un comme de l’autre. C’est à Font-Ségugne, en mai 1904, qu’ils se voient pour la première fois, à l’occasion du cinquantenaire du Félibrige.

Selon Jean-François Chanet (Les félibres cantaliens, 2000), Michalias aurait été « officiellement invité par Jules Ronjat, le baile du Consistoire, [...] », qui l’aide pour ses ouvrages de linguistique. Mais Michalias est un félibre isolé dans son pays, et il exprime son inquiétude à Vermenouze : « Seul, isolé, inconnu, noyé et perdu dans une assemblée dont je ne comprendrais que difficilement le langage sonore, impuissant moi-même à me faire comprendre, qu'irais-je faire ? » (Ambert, 29 avril 1904).

Il s’y rend pourtant, accompagné de sa fille, et ne le regrette pas : il y fait de nombreuses rencontres et compose en outre un poème à ce sujet, publié dans son premier recueil Èrs de lous Suts (1904). Il y cite les noms des amis rencontrés : Adrien Planté, (un des dirigeants du félibrige béarnais avec Michel Camélat), les félibres toulousains Jean Rozès de Brousse, Armand Praviel, Pierre Bacquié-Fonade, le Haut-Alpin F. N. Nicollet et bien sûr Arsène Vermenouze, et Frédéric Mistral.
Ainsi Camelat évoque-t-il dans son article les excursions à Avignon, à Arles, aux Saintes-Maries, et les retrouvailles à la Santo-Estello de 1905, occasion pour l’enthousiaste Michalias de découvrir Nîmes, Montpellier (« lou Clapas »), Narbonne, Toulouse, puis Lourdes, Pau, Orthez et Arrens.

Au moment de « l’affaire Dévoluy », lorsqu'à la Santo-Estello de 1909 le capoulié Dévoluy est mis en minorité par une coalition de majoraux et acculé à la démission, Michalias, qualifié d’« òmi de pats » par Camelat, ne semble pas s’être engagé activement dans l’un ou l’autre camp mais, se disant ami de Ronjat et de Planté, il prend le parti de Dévoluy.

Au contact des félibres, il trouvera peut-être une sorte de raison d’être à ses aspirations littéraires et linguistiques, mais au fond, dans les premiers temps au moins, Michalias ne croit pas à la renaissance de la langue dans son pays. Ce pessimisme s’explique sans doute par un apparent désintérêt de la population locale pour la valorisation de la langue et de la culture occitanes. Desdevise du Dézert (Bulletin de la Société des Amis de l'Université, 1905) dit à ce sujet, pour renforcer le mérite de Michalias, que « l’Auvergne s’ignore, elle semble se dédaigner, elle regarde beaucoup trop vers Paris ; sa vie intellectuelle ne lui vient pas d’elle-même, et pour cette raison, n’est qu’une vie factice et d’emprunt ».
D’ailleurs le Félibrige est quasi inexistant dans l’environnement proche de Michalias. Chanet retranscrit des passages d’une lettre adressée à Vermenouze qui résument parfaitement l’état d’esprit du poète ambertois au début de leurs échanges : « Vous me dites que je devrais provoquer un réveil ou un éveil félibréen dans nos régions. Hélas ! le temps des résurrections est passé ; on n'éveille plus les morts...Notre dialecte est de plus en plus abandonné des classes éclairées. Les "bourgeois" notamment en considèrent l'usage comme une sorte de déchéance. Le comprenant à peine, quand ils s'essayent à le parler, ils y sont grotesques. [...] Aussi, je me borne à chanter pour moi seul, et quelques rares amis [...]. Mais il ne saurait être question de fonder chez nous une revue ou publication quelconque, car aux raisons données plus haut, il faut encore en joindre une autre de très grande importance : la variété des prononciations, qui changent d'une localité à une autre, très voisine souvent, [...] et partant l'affaiblissement d'intérêt, (chacun n'estimant bien que le parler de sa paroisse...), et aussi une difficulté de lecture du langage écrit. » (Ambert, 11 décembre 1902).

Malgré tout, Régis Michalias est mû d’une vraie volonté productrice et créatrice, et fait partie de ces félibres qui ont su s’attirer la bienveillance et la reconnaissance de la communauté félibréenne. Sans doute les diverses rencontres qu’il a faites par la suite lui ont-elles donné cette foi.
D’après Chanet, cependant, « le seul intérêt de sa démarche, et Mistral en effet pouvait l'estimer grand, était de fixer un patrimoine, d'ajouter à la connaissance philologique une matière qui, un jour peut-être, ferait l'objet d'études approfondies. »

Cette implication était à même de justifier une élection au majoralat. Il candidate en 1910, mais n’est pas élu. Les expressions de regret au sujet de ce manquement seront par la suite assez nombreuses au sein du Félibrige. Lui-même ne semble pas s’en formaliser outre mesure, mais peut-être revient-il un peu sur son idée du Félibrige. Christian de Villeneuve-Esclapon le cite dans sa revue Occitania (Paris, n°7, 1910) : « j’ai surtout le désir de servir de mon mieux les lettres occitanes en chantant mon très beau et pittoresque Livradois dans son non moins pittoresque dialecte. »

On lit dans l'article de Camelat qu'après son décès en 1916, Louis Delhostal, Bénézet Vidal « e autes frays en pouesie » posent une plaque de marbre sur sa maison.
Plus tard, en mars 1944, à l’occasion du centenaire de sa naissance, un court hommage paraît dans le journal Fe (n°48, 1944).

Ouvrages et réception

Son expérience finalement assez courte a donné lieu à une production elle aussi relativement réduite. On dénombre deux recueils de poèmes, l’adaptation d’une pièce de théâtre, une grammaire et un glossaire. Un recueil de contes, Tant fa per rire, est annoncé dans sa dernière publication, et lui-même parle dans une lettre datée de 1910 (adressée à Camelat qui la reproduit dans son article) d’un recueil d’« Ers » à paraître, Enco Noutre, mais l’un comme l’autre semblent être restés inédits, peut-être existent-il quelque part à l’état de manuscrits. Enfin on trouve sa signature dans quelques numéros de Vivo Prouvènço ! et ses poèmes sont parus entre autres dans les revues Reclams et l’Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren.

Son premier recueil de poèmes, Èrs de lous Suts, paraît en 1904 ; il est constitué de trente-trois poèmes et de leur traduction en regard, avec une note sur la prononciation au début de l’ouvrage. Michalias y fait paraître en guise de préface une lettre enthousiaste de Mistral.

Il est suivi en 1907 des Éléments abrégés de grammaire auvergnate : dialecte des environs d'Ambert (Puy-de-Dôme). Dans sa préface, Michalias cite ses deux collaborateurs, Foulché Delbosc, auteur d'une Grammaire Catalane, et Jules Ronjat. De ces influences extérieures il hérite de l’usage de caractères particuliers, notamment un « å » qui se retrouvera dans ses publications suivantes.
Villeneuve-Esclapon fait un commentaire très positif sur la grammaire, dont il trouve le propos « clair et facile à retenir ». Pour autant Michalias n'est pas linguiste et ne prétend pas l'être, les spécialistes ne manqueront pas de le signaler tout en saluant l'initiative et reconnaissant tout de même un certain mérite à son travail.

Margoutou, o no batueito au vialage est une pièce de théâtre, qui paraît la même année.
La note aux lecteurs est un peu mystérieuse : d'une part Michalias ne signe à aucun moment en toutes lettres, bien que son ouvrage ait été annoncé dans ses précédentes publications. D'autre part il explique que la pièce de théâtre qu’il édite est l’œuvre d’un auteur mort depuis vingt ans, son anonymat devant être respecté.
Il s’agit en fait à l’origine d’une pièce de Jarsaillon, auteur du Livradois mort en 1893. La revue Parlem (n° 9, 1982) décrit la pièce, en trois actes et 589 vers, aux personnages traditionnels et carnavalesques, que Michalias a modifiée, changeant les paroles, et passant certaines répliques en français, « benliau per mostrar ce qu’èron las doàs lingas dins la societat de son temps e le siau vejaire ».

Le second recueil de poèmes, Èrs d’uen Païsan, paraît l’année suivante, en 1908.
Il comporte cinquante poèmes avec la traduction en regard, il est lui aussi précédé d’une note sur la prononciation, et s’achève sur une autre lettre de Mistral.

L’œuvre de Michalias ne semble pas avoir fait l’objet d’une quelconque étude approfondie. Toutefois elle est souvent évoquée, le nom de Michalias apparaissant, même brièvement, dans de nombreux ouvrages, et on peut citer les commentaires de quelques auteurs à son propos :

- Voici ce que Desdevise du Dézert dit en 1905 à propos d’Èrs de lous Suts : « Ce sont des paysages, dont les aspects changent avec chaque saison ; c’est la chanson des amoureux sous les grands bois ; ce sont les cancans du hameau, les bonnes histoires dont le Gaulois se gaudit, depuis qu’il pousse son rire clair au milieu des nations ; ce sont les souvenirs d’enfance, les longues randonnées par la montagne, les vieilles coutumes du pays ; c’est tout ce qui fait de la terre natale votre terre à vous et non une autre, votre sol nourricier, votre domaine et votre bien. »

- On trouve cette citation d’Alexandre Vialatte (originaire d'Ambert et ami d'Henri Pourrat) dans l’ouvrage de Chanet : « Rabotant la matière ingrate de notre idiome, des gens comme Michalias ont su pourtant faire des merveilles parce qu'ils avaient le génie du style familier et travaillaient dans l'esprit même de la langue, dans le sens du bois, si je puis dire. »

- Paule Bouvelot (L’Auvergne à travers la poésie auvergnate contemporaine.  [1952]) commente vers 1952 l’œuvre de Michalias : « C’est aussi une vision réaliste qui transparaît aux pages de Régis Michalias ; mais ici le détail l’emporte sur l’ensemble. C’est une suite de jolis croquis qui n’ont d’autre but que de peindre et dont une fine observation fait tout le prix. Cependant cette poésie est à l’image du Livradois. Comme ce pays doux et sans secousses, elle est contenue, naturelle, animée de sens pratique et d’utilitarisme, très locale donc par cette ambiance morale qui baigne les choses et les êtres… »

- Robert Lafont et Christian Anatole (Nouvelle histoire de la littérature occitane, 1970) voient sa poésie « plus discrète et plus artiste que celle de Vermenouze, mais bien traditionnelle encore »

- Jean Roux (Huit siècles de littérature occitane en Auvergne et Velay, 2015) confirme ce point de vue, et, à la suite d'une courte présentation de l'auteur, donne le poème « La Chadeno » dans la graphie d’origine telle qu’on la trouve dans Èrs d’uen Païsan, en français et en graphie classique.

Le dernier de ses ouvrages est son « Glossaire », publié dans la Revue de Philologie française (1912)
Il présente une graphie très inspirée de celle de Ronjat, censée représenter la prononciation des mots.

Dans les dernières années de sa vie, Michalias collabore à l’œuvre d’Henri Pourrat.
Celui-ci, également ambertois, commence ses collectes de contes vers 1911. Michalias le seconde en transcrivant puis traduisant en français ceux des textes qui sont en occitan. L’édition de Bernadette Bricout (Contes et récits du Livradois, 1989) conserve la graphie employée alors par Michalias.
On y trouve de nombreuses références au « Glossaire » (en partie repris en fin de volume), ainsi que des notes d’explication de termes occitans ajoutées par Michalias.

Il existe en outre, fait plutôt remarquable, une édition allemande des poèmes de Michalias, Auvergnatische Lieder, traduits par le Dr Hans Weiske et précédés d’une étude sur l’auteur. Une note au bas du poème « D'Eijaire » dans le recueil Èrs d'uen païsan évoque également l'existence d'une traduction en suédois, introuvable à ce jour, par le Dr Göran Björkman (1860-1923, traducteur suédois qui s'est intéressé à la littérature française, italienne, espagnole, portugaise et allemande).

Bibliographie de l'auteur

Auteur

- Voir les publications de Régis Michalias référencées dans Le Trobador, catalogue international de la documentation occitane

- Voir les archives et manuscrits de Régis Michalias référencés dans Calames

- « Masaira d'èrba ». Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren. 1936, p.10. Consulter le numéro sur Occitanica.

- « Lo Chamin de Sant-Jaque ». Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren. 1938, pp.11-12. Consulter le numéro sur Occitanica.

Contributeur

- Contes et récits du Livradois. Textes recueillis par Henri Pourrat, édition établie par Bernadette Bricout. Paris : Maisonneuve et Larose, 1989

- Prouvènço ! mars 1906, n°15

- Vivo Prouvènço ! mars 1908, n°39

- Vivo Prouvènço ! mars 1910, n°63]]>
Embertés de naissença e de còr, Régis Michalias s’es lançat tardièrament mas segurament dins la produccion literària e los estudis dialectals, per portar sa pèira a l’òbra felibrenca.

Identitat

Forma referenciala

> Michalias, Régis (forma d’estat-civil)

Elements biografics

Régis Michalias es nascut e mòrt a Embèrt, e sembla d’aver pas daissat sa vila qu’ocasionalament e per necessitat.

Fa primièr d'estudis al licèu de Clarmont d'Auvèrnhe. Partís puèi per París, d’ont torna diplomat de primièra classa a l’Escòla superiora de farmacia. Adolphe Van Bever (Poètes du terroir, 1924) nos aprend qu’es capitani de mobilizats pendent la guèrra de 1870. Torna definitivament dins sa vila natala per i practicar lo mestièr de farmacian de 1873 a 1895.

Consacra sa retirada a la cultura de las flors e a l’estudi dels parlars auvernhats, s’implicant dins lo movement de renaissença literària occitana a travèrs lo Felibritge.

Michel Camelat (Reclams, n°3, 1936) descriu Michalias « bastit coma un castanhèr, l’uèlh clar e l’espatla cairada. » 1.

Régis Michalias aguèt de son maridatge una filha unica, Jeanne, que sembla s’èsser interessada a las activitats felibrencas de son paire, l’acompanhant e frequentant a l’escasença sos amics felibrencs.

Jean Ajalbert, contemporan de Michalias (e Auvernhat revendicat), li consacra un capítol complet dins son obratge Au Cœur de l'Auvergne, e esclaira aital lo retrach del poèta en desvelant al fial de son raconte d'unes detalhs sus sa vida e son òbra malaisits de trapar endacòm mai, coma per exemple son interés per las pèiras e la geologia o son implicacion dins la dubèrtura de banhs-dochas inicialament destinats a las populacions mai precàrias.

Engatjament dins la renaissença d'òc

Ligams amb lo Felibritge

Las activitats felibrencas de Régis Michalias se manifèstan vertadièrament pas qu’al moment de sa retirada.

Es un grand legeire e admirator de Frédéric Mistral e d'Arsène Vermenouze, e es justament Mistral que lo buta en 1902 a dintrar en rapòrt amb lo majoral orlhagués, dubrissent la via a una amistat de mantuna annadas, fins a la mòrt de Vermenouze en 1910.
Lo poèta d’Embèrt (bas-Auvèrnhe), e lo d’Eitrac (naut-Auvèrnhe) partatjan una admiracion comuna per l'eròi de Gergovia, Vercingétorix, pron sovent evocat dins los poèmas de l’un coma de l’autre. Es a Font-Segunha, en mai de 1904, que se veson per lo primièr còp, a l’escasença del cinquantenari del Felibritge.

Segon Jean-François Chanet (Les félibres cantaliens, 2000), Michalias seriá estat « oficialament convidat per Jules Ronjat, lo baile del Consistòri, [...] » 1, que l’ajuda per sos obratges de linguistica. Mas Michalias es un felibre isolat dins son país, e exprimís son inquietud a Vermenouze : « Sol, isolat, desconegut, negat e perdut dins una assemblada que ne comprendrai pas que malaisidament lo lengatge sonòr, mai ieu incapable de me far comprene, de qu'anariái far ? » (Embèrt, 29 d'abril de 1904) 1.

S'i rend çaquelà, acompanhat de sa filha, e o regreta pas : i fa de rescontres nombroses e compausa quitament un poèma sus aquel subjècte, publicat dins son primièr recuèlh Èrs de lous Suts (1904). I cita los noms dels amics rescontrats : Adrien Planté, (un dels dirigents del Felibritge bearnés amb Michel Camélat), los felibres tolosans Jean Rozès de Brousse, Armand Praviel, Pierre Bacquié-Fonade, lo Naut-Alpenc F. N. Nicollet e plan segur Arsène Vermenouze e Frédéric Mistral.
Aital, Camelat evòca dins son article las excursions a Avinhon, a Arle, a las Santas Marias, e les retrobadas a la Santo-Estello de 1905, escasença per l’entosiasta Michalias de descobrir Nimes, Montpelhièr (« lou Clapas »), Narbona, Tolosa, puèi Lorda, Pau, Ortès e Arrens.

Al moment de « l’afaire Dévoluy », quand a la Santo-Estello de 1909 lo capolièr Dévoluy es mes en minoritat per una coalicion de majorals e aculat a la demission, Michalias, qualificat d’« òmi de pats » per Camelat, sembla de s’èsser pas engatjat activament dins l’un o l’autre camp mas, en tant qu'amic de Ronjat e de Planté, pren lo partit de Dévoluy.

Al contacte dels felibres, traparà benlèu una mena de rason d’èsser a sas aspiracions literàrias e linguisticas, mas al fons, dins los primièrs temps al mens, Michalias crei pas a la renaissença de la lenga dins son país. Aquel pessimisme s’explica sens dobte per un aparent desinterés de la populacion locala per la valorizacion de la lenga e de la cultura occitanas. Desdevise du Dézert (Bulletin de la Société des Amis de l'Université, 1905) ditz sus aquel subjècte, per renforçar lo merit de Michalias, que « Auvèrnhe s’ignòra, sembla de se desdenhar, agacha plan tròp vèrs París ; sa vida intellectuala li ven pas d’el-meteis, e per aquela rason, es pas qu’una vida factícia e de manlèu » 1.
D’alhors lo Felibritge es quasi inexistent dins l’environament pròchi de Michalias. Chanet transcriu de passatges d’una letra adreiçada a Vermenouze que resumisson perfièchament l’estat d’esperit del poèta embertés a la debuta de lors escambis : « Me disètz que dèuriái provocar un desrevelh felibrenc dins nòstras regions. Ailàs ! lo temps de las resurreccions es passat ; òm desrevelha pas mai los mòrts...Nòstre dialècte es de mai en mai abandonat de las classas esclairadas. Los "borgeses" notament ne considèran l'usatge coma una mena de descasença. Lo comprenent a pena, quand s'assajan a lo parlar, i son grotesques. [...] Aital, me contenti de cantar per ieu solet, e d'unes rares amics [...]. Mas es fòra question de fondar a cò nòstre una revista o publicacion quina que siá, qu'a las rasons donadas çai sus, ne cal apondre una autra de fòrça granda importància : la varietat de las prononciacions, que càmbian d'una localitat a una autra, fòrça vesina sovent, [...] e d'aquí l'aflaquiment d'interés, (cadun estimant pas plan que lo parlar de sa parròquia...), e tanben una dificultat de lectura del lengatge escrich. » (Embèrt, 11 de decembre de 1902) 1.

Malgrat tot, Régis Michalias es mogut d’una vertadièra volontat productiva e creadoira, e fa partida d'aqueles felibres qu'an sauput s’atraire la benvolença e la reconeissença de la communautat felibrenca. Sens dobte los diferents rescontres qu’a faches en seguida li an donat aquela fe.
Segon Chanet, çaquelà, « lo sol interés de son amira, e Mistral en efièch lo podiá estimar grand, èra de fixar un patrimòni, d'apondre a la coneissença filologica una matèria que, un jorn benlèu, fariá l'objècte d'estudis aprigondits. » 1

Aquela implicacion podiá justificar una eleccion al majoralat. Candidata en 1910, mas es pas elegit. Las expressions de regret al subjècte d'aquel mancament seràn puèi pron nombrosas al dintre del Felibritge. El sembla pas de se’n formalizar, mas benlèu torna un pauc sus son idèa del Felibritge. Christian de Villeneuve-Esclapon lo cita dins sa revista Occitania (París, n°7, 1910) : « ai mai que mai lo desir de servir de mon melhor las letras occitanas en cantant mon Liuradés dels bèls e dels pintoresques dins son non mens pintoresc dialècte. » 1

Òm legís dins l'article de Camelat qu'aprèp sa mòrt en 1916, Louis Delhostal, Bénézet Vidal « e autes frays en pouesie » pausan una placa de marme sus son ostal.
Mai tard, en març de 1944, a l’escasença del centenari de sa naissença, un brèu omenatge pareis dins lo jornal Fe (n°48, 1944).

Obratges e recepcion

Son experiéncia fin finala pron corta a donat luòc a una produccion ela tanben relativament reducha. Se destrian dos recuèlhs de poèmas, l’adaptacion d’una pèça de teatre, una gramatica e un glossari. Un recuèlh de contes, Tant fa per rire, es anonciat dins sa darrièra publicacion, e quitament el parla dins una letra datada de 1910 (adreiçada a Camelat que la reprodusís dins son article) d’un recuèlh d’« Ers » per paréisser, Enco Noutre, mas l’un coma l’autre semblan èsser demorats inediches, benlèu existisson endacòm a l’estat de manescriches. Enfin se trapa sa signatura dins d'unes numèros de Vivo Prouvènço ! e sos poèmas pareisson entre autres dins las revistas Reclams e l’Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren.

Son primièr recuèlh de poèmas, Èrs de lous Suts, pareis en 1904 ; es constituit de trenta-tres poèmas e de lor traduccion en regard, amb una nòta sus la prononciacion a la debuta de l’obratge. Michalias i fa paréisser en guisa de prefaci una letra entosiasta de Mistral.

Es seguit en 1907 dels Éléments abrégés de grammaire auvergnate : dialecte des environs d'Ambert (Puy-de-Dôme). Dins son prefaci, Michalias cita sos dos collaborators, Foulché Delbosc, autor d'una Grammaire Catalane, e Jules Ronjat. D'aquelas influéncias exterioras eireta de l’usatge de caractèrs particulars, notament un « å » que se tornarà trapar dins sas publicacions seguentas.
Villeneuve-Esclapon fa un comentari fòrça positiu sus la gramatica, que ne trapa lo prepaus « clar e aisit de retener » 1. Çaquelà Michalias es pas linguista e pretend pas de l'èsser, los especialistas manquèron pas d'o senhalar en tot saludar l'iniciativa e reconeissent quitament un cèrt merit a son trabalh.

Margoutou, o no batueito au vialage es un pèça de teatre, que pareis la meteissa annada.
La nòta als lectors es un pauc misteriosa : d'una part Michalias signa pas en cap d'endrech en totas letras, alara que son obratge es estat anonciat dins sas precedentas publicacions. D'autra part explica que la pèça de teatre qu’edita es l’òbra d’un autor mòrt dempuèi vint ans, son anonimat devent èsser respectat.
S’agís en fach a l’origina d’una pèça de Jarsaillon, autor del Liuradés mòrt en 1893. La revista Parlem (n° 9, 1982) descriu la pèça, en tres actes e 589 vèrses, dels personatges tradicionals e carnavalesques, que Michalias a modificada, cambiant las paraulas, e passant d'unas replicas en francés, « benliau per mostrar ce qu’èron las doàs lingas dins la societat de son temps e le siau vejaire ».

Lo segond recuèlh de poèmas, Èrs d’uen Païsan, pareis l’annada seguenta, en 1908.
Compòrta cinquanta poèmas amb la traduccion en regard, es el tanben precedit d’una nòta sus la prononciacion, e s’acaba sus una autra letra de Mistral.

L’òbra de Michalias sembla d'aver pas fach l’objècte d’un estudi aprigondit. Çaquelà es sovent evocada, lo nom de Michalias apareissent, emai brèvament, dins mantun obratges, e se pòdon citar los comentaris de qualques autors a son prepaus :

- Vaquí çò que Desdevise du Dézert ditz en 1905 a prepaus d’Èrs de lous Suts : « Son de païsatges, que los aspèctes càmbian amb cada sason ; es la cançon dels amoroses jos los grands bòsques ; son los cancans del masatge, las bonas istòrias que lo Gallés se ne regaudís, dempuèi que buta son rire clar al mitan de las nacions ; son los sovenirs d’enfància, les longas escorregudas per la montanha, las vièlhas costumas del país ; es tot çò que fa de la tèrra natala, vòstra tèrra a vosautres e non pas una autra, vòstre sòl noiriguièr, vòstre domeni e vòstre ben. » 1

- Se trapa aquela citacion d’Alexandre Vialatte (originari d'Embèrt e amic d'Henri Pourrat) dins l’obratge de Chanet : « Rabotant la matèria ingrata de nòstre idiòma, de mond coma Michalias an sauput çaquelà far de meravilhas perqu'avián l'ingèni de l'estil familiar e trabalhavan dins lo quite esperit de la lenga, dins lo sens de la fusta, se pòdi dire. » 1

- Paule Bouvelot (L’Auvergne à travers la poésie auvergnate contemporaine.  [1952]) comenta vèrs 1952 l’òbra de Michalias : « Es tanben una vision realista que transpareis a las paginas de Régis Michalias ; mas aquí lo detalh l’empòrta sus l’ensems. Es una seguida de polits crocadisses qu’an pas d’autra tòca que de pintrar e qu'una observacion fina ne fa tot lo prètz. Çaquelà aquela poesia es a l’imatge del Liuradés. Coma aquel país doç e sens brandidas, es contenguda, naturala, animada de sens practic e d’utilitarisme, fòrça locala doncas per aquel ambient moral que banha las causas e los èssers… » 1

- Robert Lafont et Christian Anatole (Nouvelle histoire de la littérature occitane, 1970) veson sa poesia « mai discreta e mai artista que la de Vermenouze, mas plan tradicionala encara » 1

- Jean Roux (Huit siècles de littérature occitane en Auvergne et Velay, 2015) confirma aquel vejaire, e, a la seguida d'una corta presentacion de l'autor, dona lo poèma « La Chadeno » dins la grafia d’origina tala coma se trapa dins Èrs d’uen Païsan, en francés e en grafia classica.

Lo darrièr de sos obratges es son « Glossaire », publicat dins la Revue de Philologie française (1912).
Presenta una grafia fòrça inspirada de la de Ronjat, censada representar la prononciacion dels mots.

Dins las darrièras annadas de sa vida, Michalias collabòra a l’òbra d’Henri Pourrat.
El, tanben embertés, comença sas collèctas de contes vèrs 1911. Michalias lo segonda en transcrivent puèi tradusent en francés los dels tèxtes que son en occitan. L’edicion de Bernadette Bricout (Contes et récits du Livradois, 1989) consèrva la grafia emplegada alara per Michalias.
S'i trapan mantuna referéncias al « Glossaire » (en partida représ en fin de volum), tal coma de nòtas d’explicacion de mots occitans apondudas per Michalias.

Existís mai, fach qu'es puslèu de remarcar, una edicion alemanda dels poèmas de Michalias, Auvergnatische Lieder, traduits per lo Dr Hans Weiske e precedits d’un estudi sus l’autor. Una nòta al bas del poèma « D'Eijaire » dins lo recuèlh Èrs d'uen païsan evòca tanben l'existéncia d'una traduccion en suedés, non averada a l'ora d'ara, per lo Dr Göran Björkman (1860-1923, traductor suedés que s'es interessat a la literatura francese, italiana, espanhòla, portuguesa e alemanda).

1. Las traduccion en occitan de las citacions dempuèi lo francés son nòstras.

Bibliografia de l'autor

Autor

- Véser las publicacions de Régis Michalias referenciadas dins Lo Trobador, catalòg internacional de la documentacion occitana

- Véser los archius e manescriches de Régis Michalias referenciats dins Calames

- « Masaira d'èrba ». Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren. 1936, p.10. Consultar lo numèro sus Occitanica.

- « Lo Chamin de Sant-Jaque ». Almanach chantant de l’Auvergne e Armana felibren. 1938, pp.11-12. Consultar lo numèro sus Occitanica.

Contributor

- Contes et récits du Livradois. Tèxtes reculhits per Henri Pourrat, edicion establida per Bernadette Bricout. París : Maisonneuve et Larose, 1989

- Prouvènço ! mars de 1906, n°15

- Vivo Prouvènço ! mars de 1908, n°39

- Vivo Prouvènço ! mars de 1910, n°63]]>