Jean Bernard Bouéry est un écrivain provençal notament connu pour ses souvenirs de Résistance. Son œuvre lui a valu le Prix Frédéric Mistral 2002 de littérature provençale et le Grand prix littéraire de Provence 2005.

Identité

Formes référentielles

Bouéry, Jan-Bernat (1922-2019)

Autres formes connues

- Bouéry, Jean-Bernard (forme française du nom)

Éléments biographiques

Né en 1922 à Besse-sur-Issole (Var), Jean-Bernard Bouéry était le fils d’un cheminot qui travaillait à l’entretien des voies. Sa mère était italienne. La famille habitait Carnoules (Var), bourgade marquée par la présence des employés de la SNCF. Elle avait élu la première municipalité communiste du département. Le père de Jean Bernard était d’ailleurs revenu communiste de la guerre de 1914. Au village, le provençal était la langue d’usage, y compris entre les enfants, même si, d’après Bouéry, l’instituteur donnait des claques si on parlait ainsi en classe...
Jean-Bernard Bouéry fut touché par la poliomyélite lorsqu’il avait sept ans et en réchappa doublement handicapé, bossu et boiteux. Même s’il jouait comme tous les gosses de son âge, cette infirmité le fit souffrir en particulier à l’adolescence et le fit se retourner précocement vers son monde intérieur. Il écrivit assez tôt des poèmes. Il aurait voulu devenir maître d’école, mais son handicap lui fermait les portes de l’École normale. Il fit des études commerciales au collège Rouvière à Toulon (Var) jusqu’au brevet commercial qu’il passa à la mi-juin 1940 alors que des avions italiens bombardaient la ville. Convoqué aux Chantiers de Jeunesse, il en fut vite réformé, le 7 juillet 1942. Quelques mois après, il fut exempté du STO (Service du travail obligatoire en Allemagne). Grâce à des relations familiales, il avait pu enfin trouvé un emploi au Crédit Lyonnais à Brignoles (Var) en mars 1942. La tenue des comptes était un travail fastidieux et peu payé. Il y resta jusqu’au 31 janvier 1943. Mais quelques semaines plus tard, un cousin ouvrier de l’arsenal de Toulon le fit contacter par un résistant membre du réseau de renseignement Phalanx. Ce réseau, dirigé par Christian Pineau, était l’un des grands réseaux gaullistes, rattaché au BCRA de Londres. Alors que la Résistance locale était toute entière contrôlée par le parti communiste clandestin, il accepta de devenir agent de liaison de ce réseau avec pour pseudonyme Victoire Jeannot et pour matricule RH26. Il y fut officiellement incorporé comme agent P2, le 4 août 1943. Disponible, non menacé par le STO, considéré sans méfiance dans les contrôles, il assura ainsi jusqu’à la Libération la collecte et le transport des renseignements entre Nice (Alpes-Maritimes), Le Luc (Var), Carnoules, Cuers (Var), Toulon et Marseille (Bouches-du-Rhône). Ces renseignements portaient en particulier sur les terrains d’aviation de la région, l’arsenal de Toulon et les mouvements des trains destinés aux occupants (qu’il recueillait lui-même grâce à ses relations parmi les cheminots). Il conservait précieusement bien des années après les documents que le réseau lui avait remis pour identifier les avions, les grades, les unités militaires allemandes. À la Libération, il fut homologué chargé de mission de 3e classe, avec le grade de sergent, mais il se sentit comme abandonné quand on le démobilisa à la Marseille. Il dira plus tard : « Je n’étais plus rien ».
Revenu à une réalité difficile, souffrant de « sa jeunesse volée », il retrouva un emploi comme comptable intérimaire à la SNCF. Il traversa des moments difficiles et fit une grosse dépression en 1947. L’environnement politique et syndical à Carnoules était dur et il ne pouvait guère mettre en avant une activité résistante qui aurait nourri la suspicion, cependant il resta membre du Parti communiste jusqu’aux années soixante.
Selon son témoignage, sa vie malheureuse se prolongea jusqu'à ce qu'il rencontre son épouse. Celle-ci avait 39 ans lorsqu’ils se marièrent, lui en avait 45 ans. Le couple eut un fils. Il s’installa à La Garde (Var), dans la grande banlieue de Toulon en 1974. Bouéry y trouva un environnement qui lui permit de multiplier les activités : musique, peinture d’aquarelles tournées vers les paysages de la Provence traditionnelle, photographie, apiculture, enseignement du provençal et écriture. Il était engagé près des associations de la ville de La Garde, La Farigouleto, L’Acamp et l’école de provençal.
Titulaire de la carte de Combattant volontaire de la Résistance en 1948, il ne milita pas dans les associations d’anciens résistants et affectait de ne pas rechercher les décorations. Cependant ce fut pour lui une grande joie que de recevoir la Légion d’honneur, au titre de la Résistance, le 30 mai 2015.
Il décéda à La Garde le 20 février 2019.

Engagement dans la Renaissance d’oc

Porté par son imagination, aimant écrire, amoureux d’une certaine idée de la Provence, engagé dans le félibrige, il se mit à rédiger ses souvenirs de guerre pour s'occuper, dira-t-il, car le départ de ses abeilles (il avait une vingtaine de ruches qui avaient « déserté ») l’avait beaucoup affecté. Il décida de les écrire en provençal pour – toujours selon lui – « changer de ce qui se faisait ». Son premier ouvrage, publié en 1998, E pamens lis estiéu fuguèron bèu... porte en sous-titre Crounico d’uno jouinesso raubado. Ce sont les souvenirs quelque peu romancés de ses années de jeunesse et de Résistance. Ils furent suivis par six autres titres, édités en provençal et en français, qui lui valurent le Prix Frédéric Mistral 2002 de littérature provençale et le Grand prix littéraire de Provence 2005.
Il était lié d’amitiés à d’autres écrivains provençalistes varois, notamment André Dégioanni de Cabasse (Var) et Jeanne Blacas de Brignoles.

Bibliographie de l'auteur

- E pamens lis estiéu fuguèron bèu ... Et pourtant les étés furent beaux…, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 1998, 297 p. et rééd. 2000, 333 p. (biographie romancée)
- L’an que ven, à Malofougasso. L’an prochain à Malefougasse, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 2003, 348 p. (roman)
- Escrit emé lou sang. Écrit avec le sang, Toulon, éditions de l’Astrado, 2003
- Culido sus li camin doù siècle. Cueillies sur les chemins du siècle, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 2006, 356 p. (nouvelles)
- Li coumpagnoun de la niue. Les compagnons de la nuit, Paris, L’harmattan, 2006, 411 p.
- A la bello eisservo. Au gré du vent, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 2009, 502 p. (roman)
- Istori d’un couscrit de 1913. Histoire d’un conscrit de 1913, Marseille, Édicioun Prouvènço d’aro, 2012, 280 p.

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- Témoignage recueilli le 23 décembre 1998
- Archives départementales du Var 1470 W 22 (dossier d’attribution de la carte CVR)
- presse locale.

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Bernard Sarrieu est le fondateur en 1904 de l'Escòlo deras Pirenéos, école félibréenne des Pyrénées centrales très active au cours du XXème siècle. Majoral du Félibrige, il est connu pour avoir été un animateur polyvalent et zélé de la renaissance gasconne.

Identité

Formes référentielles

Sarrieu, Bernard (1875-1935)

Éléments biographiques

Il est né le 29 juin 1875 à Montauban. Son père était professeur et directeur à l'École Normale de Montauban, mais la maison familiale était depuis plus d'une génération à Saint-Mamet.
Sarrieu fut un élève brillant, bachelier de rhétorique et de philosophie avec mention, admis à la 4ème place sur 24 admis au concours d'entrée de l'École Normale Supérieure à 17 ans. Il entra à l' École à 19 ans, après deux ans de maladie.
Il fut « camarade de promotion » de Charles Péguy1 (Feuillets mensuels, 1958 : p. 136). Il est difficile de savoir quelles furent leurs relations, mais on ne peut nier certaines sensibilités communes catholiques, sociales et même philosophiques puisque, si l'on en croit Jean Castex (J. CASTEX, 2001 : p. 329), Sarrieu était bergsonien, comme Péguy.
Il sortit professeur de philosophie de ses trois années à l'École. Il enseigna dans différents lycées jusqu'à Auch puis Montauban en 1913 (en passant par Quimper). Les années passées loin de sa terre natale représentèrent pour lui un exil douloureux.
Sa santé fragile le ralentit encore dans son évolution professionnelle et il lui fallut attendre 1907 pour obtenir l'agrégation de philosophie.
Les éloges et hommages posthumes décrivent un homme très cultivé, consciencieux, rigoureux, curieux de toutes les disciplines (philosophie, mathématiques, astronomie, linguistique, musique, histoire, ethnologie, etc.), maîtrisant plusieurs langues romanes et germaniques, acharné au travail et volontaire, mais aussi modeste, indulgent, très sensible aux valeurs chrétiennes, pieux, bon et ouvert aux autres.
Il mourut de maladie le 5 janvier 1935 à Montauban et il fut enterré à Saint-Mamet. Une stèle a été dressée dans le jardin de l'église. Elle porte un médaillon de bronze avec son portrait, sculpté par Jean-Marie Mengue2. Une place de la ville porte le nom de Bernard Sarrieu, ainsi qu'une rue de Saint-Gaudens.

Engagement dans la renaissance d'oc

La langue de sa famille, de petite bourgeoisie, n'était pas l'occitan mais le français. Il fut probablement assez tôt en contact avec le languedocien à Montauban et avec le gascon à Saint-Mamet. Très attaché à son terroir, il s'intéressa, semble-t-il, dès l'adolescence, au parler de son village. Il lui fallut donc apprendre le luchonnais. Il développa au même moment une curiosité pour les us et coutumes de son pays.

Félibrige

Cette curiosité le mena à se rapprocher du Félibrige. Grand admirateur de Mistral et de son œuvre, il fut d'abord membre de l'Escolo Moundino de Toulouse, et il publia des articles dans sa revue, Terro d'òc, puis il se donna pour mission de fournir au Comminges une école félibréenne. Il fonda en 1904 à Saint-Gaudens l'Escòlo deras Pirenéos, qu'il présenta comme une sœur de l'Escole Gastou Febus et de l'Escolo Moundino pour le Comminges, le Couserans, le Nébouzan, les Quatre Vallées et le Val d'Aran.
Il occupait la fonction de secrétaire-trésorier. Il créa une revue mensuelle, Era Bouts dera Mountanho et un almanach, l'Armanac dera Mountanho.
Il publia dans la Revue de Comminges (1904 : p. 62) une présentation de la nouvelle Escòlo en projet. Il y expliqua les raisons de cette création, les objectifs et les statuts de l'Escòlo. On y trouve surtout un bon résumé et un condensé des préoccupations, des idées et de la personnalité de Sarrieu, dans un vocabulaire et des associations de mots qui le révèlent bien. C'était un humaniste d’obédience profondément chrétienne. Pour le citer, les « coutumes traditionnelles », ainsi que le « langage [des] pères », sont à « considérer avec respect et affection » ; la langue d'oc est la « langue sœur » du français. Ces deux aspects, les traditions et la langue, sont conçus selon une logique de développement des populations dans l'espace du vécu, l'environnement culturel direct, à échelle humaine, mais en bonne intelligence avec la nation française et dans le cadre plus large de celle-ci. Sarrieu parlait comme la majorité de ses contemporains de la « grande » et de la « petite » patries.
Dans sa volonté de « sauver » la langue, il avait plus que tout le souci des populations dans une perspective autant sociale (le « bien-être », la « prospérité », « l'instruction », la dignité de façon générale) que morale (la « mentalité », les « mœurs »). À noter aussi, les mots qu'il employait pour parler de la langue et de son espace : il parlait à une grande échelle de la « langue d'oc » (pas d'occitan, il reprit les notions de « langue d'oc » et « langue d'oïl »), qui se parle en « Occitanie ». À une échelle plus locale il parlait de « dialectes » (le gascon, le provençal, etc.) avec des « sous-dialectes » (le luchonnais, l'aranais, le toulousain, etc.). Il parlait d'une « œuvre d'union régionale » sans volonté d'uniformité mais avec un désir de connaissance mutuelle.
Sarrieu avait beaucoup d'ambition pour son Escòlo, qu'il voulait être une digne disciple du Félibrige de Mistral. Il encouragea les initiatives de toute sorte et il donna lui-même l'exemple. Il organisa des félibrées, des fêtes de Sainte-Estelle, des concours de costumes locaux, des représentations de groupes folkloriques, des Jeux Floraux, concours importants de création littéraire (poésie, prose, sujets d'histoire locale, etc) ouverts également aux écoles en vue de la transmission de la langue aux plus jeunes.
Une de ses principales préoccupations était d'ailleurs l'enseignement de la langue d'oc à l'école.
Il était toujours en recherche de nouveaux collaborateurs et contributeurs. Un musée et un théâtre gascons seraient restés à sa mort en l'état de projet (J.-L. de LA VERDONIE, 1935 : p. 30).
En ce qui concerne la graphie, son modèle de référence était la graphie dite « mistralienne ». Pourtant celle-ci ne lui semblait pas suffisante pour représenter la réalité des prononciations des différents parlers de la langue d'oc, en particulier du gascon. Elle méritait, selon lui, d'être améliorée en prenant en considération les différents modèles étymologiques et phonétiques à disposition.
Il publia vers 1924 une brochure intitulée La graphie de la langue d'oc et la langue commune d'Occitanie.
Au moment de la polémique sur la réforme des statuts du Félibrige en 1905, Sarrieu se positionna en faveur du Capoulier Devoluy et de son projet.
Son engagement dans le Félibrige fut couronné par sa nomination au majoralat en 1910 avec la Cigalo dis Aupiho.

Sociétés savantes

Sarrieu faisait partie de plusieurs sociétés savantes. Il fut membre de l'Académie de Montauban de 1913 jusqu'à sa mort (secrétaire jusqu'en 1929), de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne (dans laquelle il fréquentait Antonin Perbosc), de la Société des Études du Comminges, et plus précisément du comité qui s'occupait de toponymie et de topographie pyrénéennes ; il fut premier vice-président de la société Julien Sacaze3 depuis la création de celle-ci en 1922 jusqu'à sa propre mort.
Il publiait dans plusieurs revues savantes et faisait des communications dans des congrès scientifiques.
Ce multi-engagement est représentatif de sa volonté de créer des passerelles, des réseaux et surtout d'investir la culture et la connaissance locale dans des initiatives érudites et transdisciplinaires.

Son œuvre : production et réception

L'ensemble de son œuvre est bilingue. Sarrieu employait autant l'occitan que le français, avec une nette préférence pour l'occitan dans ses productions littéraires et au contraire une prédominance du français dans les articles et les communications.
Son œuvre littéraire occitane se compose majoritairement de poésie et de théâtre publiés à part, de chansons (paroles et musique) et de proses courtes publiées dans la revue et l'almanach de l'Escòlo.
Il fut primé aux Jeux Floraux de l'Escolo Moundino en 1902 pour sa pièce Era Garlando, il reçut l'Églantine d'argent en 1907 aux Jeux Floraux de Toulouse pour Imnes d'Amou et le Prix Pujol en 1912 pour Era Pireneido, épopée de plus de 30000 vers et 12 chants sur des guerres (fictives) entre peuples pyrénéens au début de notre ère.
Une grande partie de l'œuvre de Sarrieu est restée à l'état de manuscrit.
Son œuvre érudite traite d'une grande variété de sujets :
- études de linguistique romane, notamment sur la description du luchonnais (morphologie, syntaxe, phonologie, lexique, etc.) ;
- un dictionnaire savant du luchonnais (étymologie, commentaires, illustrations, etc.) resté à l'état de manuscrit et conservé aux archives de Saint-Gaudens ;
- des études d'onomastique et surtout de toponymie et de topographie pyrénéennes fondées sur ses connaissances des langues anciennes et modernes ;
- des études d'histoire locale et d'ethnographie ;
- des éditions savantes de textes anciens, comme par exemple La Margalide Gascoue (1604) du poète Bertrand Larade (Montréjeau, 1581-ca 1635) ;
- des publications d'œuvres contemporaines d'auteurs gascons (« revues et corrigées » de sa main).
Il reçut en 1900 le prix Boucherie de la Société des Langues Romanes pour son mémoire sur le parler de Bagnères-de-Luchon.
Pour ce qui est de sa réception, il semble que sa production littéraire n'ait pas été autant appréciée que son implication dans des tâches linguistiques, et plus largement érudites.
Des personnes telles que le romaniste Jules Ronjat (1864-1925) ou l'agrégé d'histoire Raymond Lizop (1879-1969), président de l'Escòlo et ami de Sarrieu, tout en lui reconnaissant certaines qualités littéraires, regrettèrent qu'il ne consacre pas plus son temps à son travail de collectage et de description des parlers gascons, qui leur semblait plus fondamental et urgent.
Ses travaux de topographie et de toponymie le mirent en rapport avec des linguistes et romanistes tels qu'Edouard Bourciez (1854-1946), Georges Millardet (1876-1953), Maurice Grammont (1866-1946) et Jules Ronjat. Il semble qu'ils approuvèrent, dans ce contexte, ses analyses linguistiques. Jules Ronjat le cite dens sa Grammaire istorique des parlers provençaux modernes (1930-1932). Il n'empêche que Sarrieu n'était pas linguiste et que, par conséquent, il n'était sans doute pas attendu de lui l'expertise d'un linguiste.

Bibliographie de l'auteur

Monographies

- Era Garlando. Luchon : Impr. Sarthe, 1903
- Piréno : tragedió imitado des tragediéz elleniques : en luchounés, dap còrz en larboustès è muzico. Luchon : Impr. Sarthe, 1903
- Era 'Rrenechénço : coumedió-mouralitat en bèrsi è pròso luchounés è ... franchimant. Luchon : Impr. Sarthe, 1909
- Et perdut : pastouralo luchounéso : En pròso, bèrsi è musico. Luchon : Impr. Sarthe, 1910
- Sans-Parro de Oço : o'r'aparicioun de Sént Betran : dramo coumengés en 5 actes. Luchon : Impr. Sarthe, 1910
- Er'assoumpcioun : mistèri sacrat en 5 cènes : seguit de Ourfèu : allegourio crestiano. Luchon : Impr. Sarthe, 1913
- Sént Mamèt, et gran martir : 260-275 : mistèri en 5 actes, en bèrs. Saint-Gaudens : Abadie, 1914
- Et drac : o'ra carroulho d'or : coumedió-mouralitat en tres actes. Luchon : Impr. Sarthe, 1914
- Edj arroumaire : peçòto coumico en siés tablèus. Luchon : Impr. Sarthe, 1922

Articles et brochures

- « Le parler de Bagnères-de-Luchon et de sa vallée », in Revue des langues romanes, T. 45, 1902. Voir la ressource en ligne sur Occitanica
- « L’ "Ecole des Pyrénées" : Projet de Félibrige commingeois & Couseran », in Revue de Comminges, 1904. Voir la ressource en ligne sur Occitanica
- Une langue vivante méconnue : la langue d'oc : Discours prononcé à la distribution des prix du Lycée d'Auch le 31 juillet 1909. Auch : Impr. T. Bouquet, 1909
- Latin et gascon : communication faite au congrès de l'Union Historique et Archéologique du Sud-Ouest à Bayonne et Biarritz, août 1911. Biarritz : Impr. E. Soulé, 1912
- Une difficulté du problème régionaliste. Montauban : G. Forestié, 1916
- L'enseignement de la langue d'Oc : son intérêt, son intégralité, sa portée. Toulouse : Privat, 1923
- L'enseignement et les divisions universitaires au point de vue régionaliste. Toulouse : Privat, 1923
- La graphie de la langue d'Oc et la langue commune d'Occitanie. Bordeaux : éd. de la "Revue Méridionale, [1924]
- L'assimilation des étrangers en France et particulièrement dans le Midi. Montauban : G. Forestié, 1924
- Le docteur Cator : félibre gascon : Sa vie et son œuvre. Toulouse : Sentein, 1924
- « La langue locale à l'école pour le français et pour elle-même : le breton, le basque, la langue d'oc », in La Terro d'Oc (Toulouse), 1926
- « Observations sur l'enseignement de la langue d'Oc », in Bulletin de la Société gersoise des études locales, 1929
- Era Bouts dera Mountanho. Voir la ressource en ligne sur Occitanica


1. Charles Péguy (1873-1914), intellectuel engagé et écrivain.

2. Jean-Marie Mengue (1855-1939), sculpteur français né à Bagnères-de-Luchon.

3. Julien Sacaze (1847-1889) était un érudit spécialisé dans l'Antiquité des Pyrénées et il fut le fondateur de la Société des Études du Comminges et de sa revue, la Revue de Comminges.
Voir sa Vida en ligne à l'adresse : https://vidas.occitanica.eu/items/show/2105.

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Bernard Sarrieu es lo fondator en 1904 de l'Escòlo deras Pirenéos, escòla felibrenca dels Pirenèus centrals fòrça activa pendent lo sègle XX. Majoral del Felibritge, es conegut per èsser estat un animator polivalent e zelat de la renaissença gascona.

Identitat

Formas referencialas

Sarrieu, Bernard (1875-1935)

Elements biografics

Nasquèt lo 29 de junh de 1875 a Montalban. Son paire èra professor e director a l'Escòla Normala de Montalban, mas l'ostal familial èra dempuèi mai d'una generacion a Sent Mamet.
Sarrieu foguèt un escolan brilhant, bachelièr de retorica e de filosofia amb mencion, admés a la 4ena plaça sus 24 admeses al concors d'entrada de l'Escòla Normala Superiora a 17 ans. Dintrèt a l'Escòla a 19 ans, aprèp dos ans de malautiá.
Foguèt « camarada de promocion » de Charles Péguy1 (Feuillets mensuels, 1958 : p. 136). Es malaisit de saupre quinas foguèron lors relacions, mas se pòdon pas negar de sensibilitats comunas catolicas, socialas e mai filosoficas puèi que, se ne cresèm Jean Castex (J. CASTEX, 2001 : p. 329), Sarrieu èra bergsonian, coma Péguy.
Sortiguèt professor de filosofia de sas tres annadas a l'Escòla. Ensenhèt dins diferents licèus fins a Aush puèi Montalban en 1913 (en passant per Quimper). Las annadas luènh de sa tèrra natala representèron per el un exil dolorós.
Sa santat freula lo ralentiguèt encara dins son evolucion professionala e li calguèt esperar 1907 per obténer l'agregacion de filosofia.
Los elògis e omenatges postums descrivon un òme fòrça cultivat, conscienciós, rigorós, curiós de totas las disciplinas (filosofia, matematicas, astronomia, linguistica, musica, istòria, etnologia, etc.), coneisseire de mantuna lenga romanica e germanica, acarnassit al trabalh e volontari, mas tanben modèst, indulgent, fòrça sensible a las valors crestianas, piós, bon e dubèrt als autres.
Moriguèt de malautiá lo 5 de genièr de 1935 a Montalban e foguèt sepelit a Sent Mamet. Una estela es estada quilhada dins l'òrt de la gleisa. S'i vei un medalhon de bronze amb son retrach, escultat per Jean-Marie Mengue2. Una plaça de la vila pòrta lo nom de Bernard Sarrieu, e mai una carrièra de Sent Gaudenç.

Engatjament dins la renaissença d'oc

La lenga de sa familha, de pichòta borgesia, èra pas l'occitan mas lo francés. Foguèt probablament d'ora en contacte amb lo lengadocian a Montalban e amb lo gascon a Sent Mamet. Estacat qu'èra a son terrador s'interessèt, a çò que sembla, tre l'adolescéncia, al parlar de son vilatge. Li calguèt doncas apréner lo luishonés. Desvolopèt mentretant una curiositat pels uses e costumas de son canton.

Felibritge

Aquela curiositat lo menèt a se raprochar del Felibritge. Grand admirator de Mistral e de son òbra, foguèt primièr membre de l'Escolo Moundino de Tolosa, e publiquèt d'articles dins sa revista, Terro d'òc, puèi se donèt per mission de provesir lo Comenge d’una escòla felibrenca. Fondèt en 1904 a Sent Gaudenç l'Escòlo deras Pirenéos, que presentèt coma una sòrre de l'Escole Gastou Febus e de l'Escolo Moundino per lo Comenge, lo Coserans, lo Nebosan, las Quatre Valadas e la Val d'Aran.
N'èra lo secretari-clavaire. Creèt una revista mesadièra, Era Bouts dera Mountanho e un almanac, l'Armanac dera Mountanho.
Faguèt paréisser dins la Revue de Comminges (1904 : p. 62) una presentacion de l'Escòlo novèla en projècte. I expliquèt las rasons d'aquela creacion, los objectius e los estatuts de l'Escòlo. S'i tròba subretot un bon resumit e un condensat de las preocupacions, de las idèias e de la personalitat de Sarrieu, dins un vocabulari e d'associacions de mots que lo revèlan plan. Èra un umanista d’obediéncia prigondament crestiana. Per lo citar, las « costumas tradicionalas », talas coma lo « lengatge [dels] paires », son de « considerar amb respècte e afeccion » ; la lenga d'òc es la « lenga sòrre » del francés. Aqueles dos aspèctes, las tradicions e la lenga, son concebuts dins una logica de desvolopament de las populacions dins l'espaci del viscut, l'environament cultural dirècte, a escala umana, mas en bona intelligéncia amb la nacion francesa e dins l'encastre mai larg d’aquesta. Sarrieu parlava coma la màger part de sos contemporanèus de la « granda » e de la « pichòta » patrias.
Dins sa volontat de « sauvar » la lenga, aviá mai que tot, lo suènh de las populacions dins una amira tan sociala (lo « ben estar », la « prosperitat », « l'instruccion », la dignitat d'un biais general) coma morala (la « mentalitat », las « mors »). De notar tanben los mots qu'emplegava per parlar de la lenga e de son espaci : parlava a una escala larga de la « lenga d'òc » (pas d'occitan, reprenguèt las nocions de « lenga d'òc » e « lenga d'oïl »), que se parla en « Occitania ». A una escala mai locala parlava de « dialèctes » (lo gascon, lo provençal, etc.) amb de « jos-dialèctes » (lo luishonés, l'aranés, lo tolosan, etc.). Parlava d'una « òbra d'union regionala » sens volontat d'uniformitat mas amb un desir de coneissença mutuala.
Sarrieu aviá fòrça ambicion per son Escòlo, que voliá una digna discipla del Felibritge de Mistral. Encoratgèt las iniciativas de tota mena e donèt l'exemple el-meteis. Organizèt de felibrejadas, de fèstas de Santa-Estèla, de concorses de costums locals, de representacions de grops folclorics, de Jòcs Florals, concorses importants de creacion literària (poesia, pròsa, subjèctes d'istòria locala, etc) dubèrts tanben a las escòlas dins l'amira de la transmission de la lenga als mai joves.
Una de sas preocupacions màgers èra precisament l'ensenhament de la lenga d'òc a l'escòla.
Èra totjorn en cèrca de novèls collaborators e contributors. Un musèu e un teatre gascons serián demorats a sa mòrt en l'estat de projècte (J.-L. de LA VERDONIE, 1935 : p. 30).
Per çò que concernís la grafia, son modèl de referéncia èra la grafia dicha « mistralenca ». Pasmens aquesta li semblava pas sufisenta per representar la realitat de las prononciacions dels diferents parlars de la lenga d'òc, en particular del gascon. Meritava, segon el, d'èsser ameliorada en prenent en consideracion los diferents modèls etimologics e fonetics a disposicion.
Publiquèt vèrs 1924 una brocadura titolada La graphie de la langue d'oc et la langue commune d'Occitanie.
Al moment de la polemica sus la reforma dels estatuts del Felibritge en 1905, Sarrieu se posicionèt en favor del Capolièr Devoluy e de son projècte.
Son engatjament dins lo Felibritge foguèt coronat per sa nominacion al majoralat en 1910 amb la Cigalo dis Aupiho.

Societats sabentas

Sarrieu fasiá partida de mantuna societat sabenta. Foguèt sòci de l'Académie de Montauban de 1913 fins a sa mòrt (secretari fins a 1929), de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne (dins la quala frequentava Antonin Perbòsc), de la Société des Études du Comminges, e mai precisament del comitat que s'entrevava de toponimia e topografia pirenenca ; foguèt primièr vice-president de la societat Julien Sacaze3 dempuèi de la creacion d'aquesta en 1922 fins a sa pròpria mòrt.
Publicava dins mantuna revista sabenta e fasiá de comunicacions dins de congrès scientifics.
Aquel multi-engatjament es representatiu de sa volontat de crear de palancas, de rets e subretot d'investir la cultura e la coneissença locala dins d'iniciativas eruditas e transdisciplinàrias.

Son òbra : produccion e recepcion

L'ensemble de son òbra es bilingue. Sarrieu emplegava tant l'occitan coma lo francés, amb una neta preferéncia per l'occitan dins sas produccions literàrias e al contrari una predominança del francés dins los articles e las comunicacions.
Son òbra literària occitana se compausa majoritàriament de poesia e teatre publicats a despart, de cançons (paraulas e musica) e de pròsas cortetas publicadas dins la revista e l'almanac de l'Escòlo.Foguèt premiat als Jòcs Florals de l'Escolo Moundino en 1902 per sa pèça Era Garlando, reçaupèt l'Aiglentina d'argent en 1907 als Jòcs Florals de Tolosa per Imnes d'Amou e lo Prèmi Pujol en 1912 per Era Pireneido, epopèa en mai de 30000 vèrses e 12 cants sus de guèrras (fictivas) entre pòbles pirenencs a la debuta de nòstra èra.
Granda part de l'òbra de Sarrieu demorèt a l'estat de manescrich.
Son òbra erudita tracha d'una granda varietat de subjèctes :
- estudis de linguistica romanica, e mai particularament sus la descripcion del luishonés (morfologia, sintaxi, fonologia, lexic, etc.) ;
- un diccionari sabent del luishonés (etimologia, comentaris, illustracions, etc.) demorat a l'estat de manescrich e conservat als archius de Sent Gaudenç ;
- d'estudis d'onomastica e subretot de toponimia e de topografia pirenencas fondats sus sas coneissenças de las lengas ancianas e modèrnas ;
- d'estudis d'istòria locala e d'etnografia ;
- d'edicions sabentas de tèxtes ancians, coma per exemple La Margalide Gascoue (1604) del poèta Bertrand Larade (Monrejau, 1581-ca 1635) ;
- de publicacions d'òbras contemporanèas d'autors gascons (« revistas e corregidas » de sa man).
Reçaupèt en 1900 lo prèmi Boucherie de la Société des Langues Romanes per son memòri sul parlar de Banhèras de Luishon.
Per çò qu'es de sa recepcion, sembla que sa produccion literària es pas estada tant estimada coma son implicacion dins de tascas linguisticas, e mai largament eruditas.
De mond coma lo romanista Jules Ronjat (1864-1925) o l'agregat d'istòria Raymond Lizop (1879-1969), president de l'Escòlo e amic de Sarrieu, en li reconeissent d'unas qualitats literàrias, regretèron que consacrèsse pas mai son temps a son trabalh de collectatge e descripcion dels parlars gascons, que lor semblava mai fondamental e urgent.
Sos trabalhs de topografia e toponimia lo metèron en rapòrt amb de linguistas e romanistas coma Edouard Bourciez (1854-1946), Georges Millardet (1876-1953), Maurice Grammont (1866-1946) e Jules Ronjat. Semblèron d'aprovar, dins aquel contèxt, sas analisis linguisticas. Jules Ronjat lo cita dins sa Grammaire istorique des parlers provençaux modernes (1930-1932). Demòra que Sarrieu èra pas linguista e que doncas èra pas esperat d'el l'expertesa d'un linguista.

Bibliografia de l'autor

Monografias

- Era Garlando. Luchon : Impr. Sarthe, 1903
- Piréno : tragedió imitado des tragediéz elleniques : en luchounés, dap còrz en larboustès è muzico. Luchon : Impr. Sarthe, 1903
- Era 'Rrenechénço : coumedió-mouralitat en bèrsi è pròso luchounés è ... franchimant. Luchon : Impr. Sarthe, 1909
- Et perdut : pastouralo luchounéso : En pròso, bèrsi è musico. Luchon : Impr. Sarthe, 1910
- Sans-Parro de Oço : o'r'aparicioun de Sént Betran : dramo coumengés en 5 actes. Luchon : Impr. Sarthe, 1910
- Er'assoumpcioun : mistèri sacrat en 5 cènes : seguit de Ourfèu : allegourio crestiano. Luchon : Impr. Sarthe, 1913
- Sént Mamèt, et gran martir : 260-275 : mistèri en 5 actes, en bèrs. Saint-Gaudens : Abadie, 1914
- Et drac : o'ra carroulho d'or : coumedió-mouralitat en tres actes. Luchon : Impr. Sarthe, 1914
- Edj arroumaire : peçòto coumico en siés tablèus. Luchon : Impr. Sarthe, 1922

Articles e brocaduras

- « Le parler de Bagnères-de-Luchon et de sa vallée », in Revue des langues romanes, T. 45, 1902. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica
- « L’ "Ecole des Pyrénées" : Projet de Félibrige commingeois & Couseran », in Revue de Comminges, 1904. Véser la ressorsa en linha sus Occitanica
- Une langue vivante méconnue : la langue d'oc : Discours prononcé à la distribution des prix du Lycée d'Auch le 31 juillet 1909. Auch : Impr. T. Bouquet, 1909
- Latin et gascon : communication faite au congrès de l'Union Historique et Archéologique du Sud-Ouest à Bayonne et Biarritz, août 1911. Biarritz : Impr. E. Soulé, 1912
- Une difficulté du problème régionaliste. Montauban : G. Forestié, 1916
- L'enseignement de la langue d'Oc : son intérêt, son intégralité, sa portée. Toulouse : Privat, 1923
- L'enseignement et les divisions universitaires au point de vue régionaliste. Toulouse : Privat, 1923
- La graphie de la langue d'Oc et la langue commune d'Occitanie. Bordeaux : éd. de la "Revue Méridionale, [1924]
- L'assimilation des étrangers en France et particulièrement dans le Midi. Montauban : G. Forestié, 1924
- Le docteur Cator : félibre gascon : Sa vie et son œuvre. Toulouse : Sentein, 1924
- « La langue locale à l'école pour le français et pour elle-même : le breton, le basque, la langue d'oc », in La Terro d'Oc (Toulouse), 1926
- « Observations sur l'enseignement de la langue d'Oc », in Bulletin de la Société gersoise des études locales, 1929
- Era Bouts dera Mountanho. Véser los numeros disponibles en linha sus Occitanica


1. Charles Péguy (1873-1914), intellectual engatjat e escrivan.

2. Jean-Marie Mengue (1855-1939), escultor francés nascut a Banhèras de Luishon.

3. Julien Sacaze (1847-1889) èra un erudit especializat dins l'Antiquitat dels Pirenèus e foguèt lo fondator de la Société des Études du Comminges e de sa revista, la Revue de Comminges
Veire sa Vida en linha a l'adreiça : https://vidas.occitanica.eu/items/show/2105.

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- LIZOP Raymond. « Un grand commingeois, Bernard Sarrieu ». Revue de Comminges, 1934, T. 48, pp. 121-127. Véser la ressorsa en linha sus Gallica
- DE LA VERDONIE Jean-Louis. « Bernard Sarrieu, Membre de la Société, Félibre Majoral ». Bulletin de la Société Archéologique de Tarn-et-Garonne, 1935, T. 63, pp. 21-38. Véser la ressorsa en linha sus Gallica
- FORESTIÉ Georges. « Réponse de M. Georges Forestié ». Recueil de l'Académie de Montauban, 1935, pp. 117-120
- CASTEX Jean. « Hommage à Bernard Sarrieu ». Revue de Comminges, 1975, n°1, page 445.
- CASTEX Jean. « L'écrivain gascon dans les Pyrénées centrales ». Revue de Comminges, 2001, n°3, pp. 325-330.
- SERMET Ernest. « Discours prononcé aux obsèques de M. Bernard Sarrieu, Membre de l'Académie, par M. Ernest Sermet, Vice-Président de l'Académie (7 janvier 1935) ». Recueil de l'Académie de Montauban, 1935, pp. 75-76
- SERMET Ernest. « Bernard Sarrieu ». Recueil de l'Académie de Montauban, 1936, pp. 111-113
- « Avis des autorités linguistiques sur les principes proposés par la Sous-Commission de toponymie ». Bulletin Pyrénéen, 1912, n°2, pp. 345-350
- « Rapport sur le concours du prix Boucherie ». Trentenaire de la Société pour l'Étude des langues Romanes, 1900, pp. XXXVI-XXXIX
- RONJAT Jules. Grammaire istorique des parlers provençaux modernes, T. 1. Montpellier : Société des Langues Romanes, 1930
- RONJAT Jules. Grammaire istorique des parlers provençaux modernes, T. 2. Montpellier : Société des Langues Romanes, 1932
- L'Amitié Charles Péguy. « Feuillets Mensuels », 1958, p. 136
- Letra de B. Sarrieu a Georges Hérelle, 17 de mars de 1913. Véser la ressorsa en linha sus Bilketa
- Fons « Escolo deras Pireneos » conservat a l'antena del Comenge a Sent Gaudenç. Véser la notícia del fons en linha sus Occitanica

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Une vie entière consacrée à la défense de la langue d'oc.
« La cauza occitana es una cauza santa, que i ai donada ma vida » écrit-il, en 1934. « Avec une quarantaine de livres édités à compte d'auteur Pierre Miremont est un de ceux qui ont le plus marqué le Périgord pour la défense de sa langue et de sa culture. » Daniel Chavaroche, enseignant caminaire.
Écrivain de langue d'oc, poète, conférencier, ce Félibre sarladais qui a beaucoup voyagé est surtout connu pour ses études linguistiques sur le parler du Périgord noir.

Identité

Formes référentielles

Miremont, Pierre (1901-1979)

Autres formes connues

- Miremont, Peire (forme occitane du nom)

- Miremont, Pierre Auguste (nom à l'état civil)

Éléments biographiques

Pierre Miremont voit le jour le 17 Décembre 1901 au Buisson de Cadouin où son père est employé à la Compagnie des chemins de fer. Il est l'aîné de quatre enfants. Ses grands-parents originaires du Sarladais ne parlent que le dialecte nord-languedocien de cette région. Il en sera marqué pour la vie.
À l'école Fénelon, à Sarlat, il fait la connaissance de Marc Delbreil, poète reconnu qui écrit dans sa « langue romane » comme il l’appelle. Le poète se prend d'amitié pour lui, il sera son maître et contribuera à l'intérêt que Pierre Miremont portera toute sa vie à la langue du Périgord. Bon élève, Miremont poursuivra des études secondaires et supérieures dans des institutions privées chez les Pères Marianistes. En 1921, il passe son Brevet élémentaire et abandonnant la prêtrise il entre dans l'enseignement libre. Il sera instituteur en Aveyron pour une année seulement car il doit partir au service militaire.
Devenu lieutenant dans les chasseurs alpins il sera envoyé en Allemagne dans la Ruhr occupée.
Il se marie le 5 Mai 1924 à Limoges et enseigne en écoles libres (écoles catholiques) jusqu'en 1929. D'abord à Serverette en Lozère puis à Terrasson.
C'est alors qu'il est exilé à la Celle-Saint-Cloud dans la région parisienne.
Ayant étudié le droit et ne pouvant supporter l'éloignement de sa terre occitane, il vient s'installer comme huissier de justice à Villefranche-de-Rouergue en 1934.
En 1939, il est mobilisé comme lieutenant dans les chasseurs pyrénéens : les Miquelets, puis il est fait prisonnier dans les Vosges en juin. Il sera enfermé successivement dans les oflags de Lübeck, Hambourg-Fischbeck, Münster et Soëst jusqu'en 1945.
Dès sa libération le 6 Avril 1945 il rentre à Villefranche-de-Rouergue.
Il reçoit le titre de Majoral du Félibrige mais son étude d'huissier étant ruinée, il reprend du service dans l'armée d'occupation. Officier de détail à Kaiserlautern en 1945 il est ensuite officier avocat du tribunal militaire du deuxième corps d'armée à Neustadt, puis substitut à Landau.
En 1946, il est juge d'instruction à Fribourg et enfin à Frankenthal où son épouse et ses deux enfants, nés en 1930 et 1934, viennent le rejoindre. Il est officier de la zone d'occupation de Hesse Palatinat, chargé de la politique, de la police, des cultes et de l'éducation.
Délégué du gouvernement de l'État Rhéno-Palatin, il séjourne à nouveau à Neustadt, puis au cercle de Daun en 1950.
Il quitte définitivement l'armée en 1951 et sera fait chevalier de la légion d'honneur.
Il devient alors inspecteur d'assurances-vie à Nancy, Epinal, Marseille et enfin Toulon où il prend sa retraite au village de Cuers. C'est là qu'il finira ses jours auprès de sa compagne Marcelle Drutel « l'Aubanelenca », Majorale du Félibrige, grande poétesse Provençale avec qui il partagea 25 ans de passion pour la langue d'oc.

Engagement dans la renaissance d'oc

Reprenons les propos de Jean Rigouste dans la préface du livre Pèire Miremont, escrivan oblidat del Perigòrd Negre de Brigita Miremont-Orazio :

« Il est des auteurs dont seule l’œuvre peut susciter l’intérêt ; d’autres dont il faut connaître à la fois l’œuvre et la vie (chacune façonnant l’autre), avec ses bonheurs et ses malheurs, ses aléas et ses péripéties : la vie apporte les clés de l’œuvre, elle explique l’engagement de l’auteur, elle est le riche contre-point d’une aventure littéraire ou spirituelle.
Il en est enfin dont la personnalité, la biographie et les productions constituent un tout indissociable : on doit connaître la vie pour interpréter l’œuvre, il est nécessaire de connaître l’homme pour comprendre l’auteur : Pierre Miremont est de ceux-là... Quant à l’œuvre, elle est d’une telle variété qu’il est difficile d’en faire une synthèse : des « contes risolièrs » au drame historique de « Muratel », de la poésie délicate aux travaux linguistiques, comme Biais de dire en Périgord, sans oublier le théâtre, et le dictionnaire…
J’ai rencontré quelquefois Pierre Miremont : je garde le souvenir d’un homme courtois, à l’œil plein de malice, ouvert et à l’écoute des autres, mais ferme sur ses convictions, et fine lame dans l’argumentation ! Il réunissait un ensemble de qualités humaines qui lui furent bien nécessaires dans les terribles épreuves des camps de concentration, comme dans les petits ennuis que la vie lui prodigua : il s’était ainsi forgé le noyau indestructible d’une personnalité vigoureuse, ce qui lui permit de traverser sans compromissions les périodes difficiles ; son secret est peut-être dans cet « èime » indéfinissable qui fait la profonde originalité de notre peuple périgourdin… »

Premiers écrits en langue d'oc

À dix-huit ans Pierre Miremont choisit la langue d'oc pour écrire sa première pièce de théâtre Paures medecins.
Cette comédie sera présentée à Viviez en Aveyron en 1922. Ses premiers vers écrits pendant son service militaire sont rassemblés dans le recueil Resouns de Ruhr qu'il qualifie lui-même de « péché de jeunesse ». Ce sont des notes prises au jour le jour, impressions et souvenirs du temps passé dans la Ruhr de 1922 à 1924. En voici un exemple avant qu'il ne travaille sa graphie :

L'ocupasiu de la Ruhr

Quoura aicí sèm mountats, rèibabiam de batalhas,
Abiam plan dins lou cap que nos seriam tustats.
Mès talèu arribats, se drèboun las muralhas,
D'enemics n'i a pas 'n lèc, lou vent lous a 'mpourtats.

Noun, lou Franses n'es pas l'enemic que creziaboun,
Co'is l'amic generous qu'es passat en pàuzent
Un bàume à las plagas que ta vivas sannaboun.

Resons de Ruhr p. 18

Rentré du service militaire, il prend part à la vie du Bournat association félibréenne de Périgueux. Sa verve moqueuse lui vaudra quelques ennuis. Il devra payer une forte amende pour avoir dressé des portraits peu flatteurs de certains de ses concitoyens dans Profils terrassonais. C'est aussi à cette période que va éclore son théâtre d'oc, il écrit deux comédies qui seront souvent jouées en Périgord.
Ami de Joseph Vaylet et d’Auguste Bénazet il adhère au Grelh Roergat et en devient secrétaire. Il écrit des pièces de théâtre pour l'association Les grillons de Villefranche qu'il anime avec passion notamment lors des grandes fêtes consacrées à Justin Besson en 1938.
C'est à cette époque qu'il crée avec ses amis Denis Puech, le sculpteur, Joseph Vaylet, Georges Bousquet... la revue Reviscol. Ils veulent réveiller ce « Grelh » qu'ils jugent un peu endormi.
Il est rédacteur en chef de l'Almanach Rouergat lorsqu'il publie le premier poème de Jean Boudou : « Velhado ».
Mais sa forte personnalité et son dynamisme ne tardent pas à provoquer des réactions chez les anciens Félibres rouergats, de sérieuses querelles éclatent au sein du Grelh et c'est chacun de leur côté qu'ils poursuivront leur œuvre félibréenne.
La guerre met fin à ses activités au sein du Grelh. Prisonnier dans un oflag, il ne se décourage pas et fonde à Lubëck au sein de « l'université » l'école félibréenne des « Embarbelats » en septembre 1940. À ses côtés Pierre Henri Simon (futur Académicien), Jean Secret, Paul Roger… Marcel Fournier, Majoral bien connu en Périgord se joint à eux à Münster. Pendant les cinq ans de captivité ils œuvreront pour la langue d'oc et Pierre Miremont en sera l'historiographe.
C'est pendant cette période qu'il va mettre au point sa « nóva grafia ». Les prisonniers de l'Escóla dels embarbelats décident de confronter les divers systèmes de graphie existants afin d'en dégager une formule cohérente d'unification qui pourrait prétendre à rallier tous les dialectes.

« Lorsque voilà déjà trois ans je fondais à Lübeck cette école, mon but n'était pas de distraire les captifs du mal du pays, ni de leur faire passer un moment pour les aider à oublier pendant quelques heures leurs misères, leur faim et leur honte. Non, j'avais visé plus haut et mon regard portait loin, bien loin, au-delà des barbelés, au-delà de l'heure trouble où nous vivons…
...Voliay levar per la Comtessa una tropa de druds, de valents que, deman, dins la fe e l'estrambord, al clar solelh de Dieu e dins la libertat reconquistada sonarian lo rampel dels filhs d'Occitania e levarian africs e arderos la lauza que dumpeis trop de temps i 'es jaguda la bela endurmida. Oc, mos amics, mos fraires, oc soldats, serèm los chivaliers del reviscol esplandorenc... »

(Dichas de Cattivitat, 13 de junh 1943 p 16)

Une bonne partie de son œuvre est écrite en captivité1, à l'insu des gardiens. C'est ainsi que dans son poème « Paor » il exprime sa crainte de ne plus être le même à son retour et de ne plus trouver sa place dans un monde qui, en cinq ans, aura changé.

Paor
Una crenta me monta a l'eime.

Ay crenta dins lo jorn qu'esperi,
D'estre pas plus lo que fusqueri,
D'estre trop dur, d'estre trop mascle,
D'aver perdut lo vanc de rire,
D'aver perdut l'esbrand, lo gaubi
E l'illuzion que fay lo raive :

Crenta d'estre mort a la joia.

Ai paor d'estre solet, veuze, quand tornaray.
Solet emb mon orgulh fargat d'un or trop dur.
Solet emb de pensiers que digun comprendrâ.
Solet lo cor torçut, solet lo cor barrat.
…..
Auran tant caminat lo monde e lo solelh !

Ay crenta d'estre sol, perdut, desconescut
Dins un monde novel, que de io se rirâ
Virat vers d'autres Fes, florit d'autres espers.

Ay paor d'estre tot sol, Quijota atardivat,
A consegre, enluzit, mos raives d'a vint ans !

Münster 15-06-1944

Planh de Faidit
: Salingardes, 1967, p. 75


C'est dans le camp de Hamburg-Fischbeck qu'il écrit aussi « Nostra lenga » en 1942 :


Nostra lenga


Lenga del Gay Saber, lenga de poezia,
Jenta lenga de cortezia,
Clara lenga de la Patria,
Lenga de beutat e d'amor :
Te parlava la senhoressa,
E lo galant, raz sa mestressa,
La ninava al balans de ton parlar de flor.

Lenga, qu'as bronzinat sus nóstre batisteri,
Ses estada lenga d'emperi
Dins la gauj e lo treboleri ;
Te parlavon lus grands sabents,
Lus legats e lus prezicaires ;
Eres la lenga del Terraire
E lo verbe granat d'un póple de valents.

Mes amont, de Paris, per abracar la rassa,
Apres lo bufal de l'aurassa,
Apres Montfórt la tartarassa,
Apres lo sang, lo fec, lo dól,
Nus volian matrassar la lenga
Que de l'aussada a la valenga
Tinda coma l'ama del sól.

A la lenga maldicha, e letruts e profetas
I an sonat la laissa a trompeta.
Vay morir se dis, se repeta,
Vay morir dizon lus sabents.
Mès mal despit lor professia,
Auturiera en sa senhoria,
La lenga nazarda lo temps.

La lenga dèus aujóls, lenga d'ór, lenga maire,
Sempre a la voz de sus trobaires,
Fay clantir son verbe tindaire.
Darrer l'auriflor de Mistral,
Entre las mars d'Ocitania,
Lus ómes d' Oc, que mais cotria,
Te farán retronir, lenga del sól mairal !

Lenga del Gai Saber, lenga de poezia,
Tojorn que mais, sus la Patria
Flotejarás coma un senhal !

Hamburg-Fischbeck 21-3-1942

Jol solelh d'oc, 1975, p. 15

Après la guerre, il est sollicité par les Allemands pour faire des conférences dans leurs universités sur le Félibrige et la langue d'oc. Il donne ainsi des conférences en 1946 à Mayence -Heidelberg. En 1947 à Munich, Esclangen, Wurtzburg (zone américaine). En 1949-1950 à Ratisbonne.
Les Allemands publieront même plusieurs de ses œuvres en français et en langue d'oc.

Études linguistiques sur le parler du Périgord noir

Ces travaux constituent une référence pour tous ceux qui ont besoin d'outils pour retrouver « toute la saveur, toute la sève de la langue vivante », comme l’écrit Jordi Plantaurel – pseudonyme d’André Lagarde - dans La Dépêche du 6 septembre 1976)
C'est ainsi qu'il publiera, à compte d'auteur :

- Glossari del Perigórd Negre (1974: imp. Carrère : Rodez), lexique de 500 pages dans lequel il s'attache à ne relever que les termes dont la consonance et souvent l'orthographe ne sont pas trop voisines du français.

- Biais de dire en Perigórd (1974 : imp.Gerbert : Aurillac), complément du Glossari :

« le glossari, dit-il, n'est en quelque sorte que le reliquaire somptueux des vocables du Périgord Noir. Il n'est porteur d'aucun germe de vie et pourrait tout aussi bien concerner une langue morte. Le présent recueil, tout au contraire, est l'exposition de notre langue dans sa vie réelle de chaque jour, dans son éclat de langue bien vivante. Ici nous avons lié en gerbes notre collecte des expressions, idiotismes et tours syntaxiques dont use notre parler. »

Quelques exemples :

A pas la carampa pèus dets
– il n'a pas la crampe aux doigts, il est laborieux.
A dèus uèlhs que traucon – il a les yeux vifs et perçants.
Cozinier de la sopa freja – Mauvais cuisinier.
Aver lo ventre tras l'esquina – Avoir le ventre creux.
I aurà de capels de resta – Il y aura beaucoup de morts.
Li manca una bulida – Il lui manque un peu de cuisson, manque de jugement.
Es tant cargat d'escuts coma un grapal de plumas – Il a autant d'écus qu'un crapaud a de plumes.

- Proverbis et dittons del Perigord : imp. Gerbert Aurillac 1974): il s’agit de trois cahiers se rapportant aux mois et saisons pour le premier, à la semaine, aux jours, aux fêtes et aux saints pour le deuxième et au temps et aux intempéries pour le troisième.
Voici l’introduction qu’il rédige pour ce travail :

« À l'heure où la Langue d'oc est de plus en plus abandonnée, voici que des jeunes ressentent cet abandon comme une frustration et aspirent à reconquérir le parler de leur race. Hélas ! Ils ne l'entendent plus autour d'eux et souffrent de ne pouvoir confronter l'enseignement de l'école à la réalité vivante. Ce témoignage que les vivants ne peuvent plus rendre, les générations passées nous le transmettent au moyen de ces sentences familières que sont les proverbes et les dictons […]Que de mots savoureux enchâssés dans des phrases lapidaires à la syntaxe infaillible ! C'est là et seulement là que nos jeunes retrouveront la langue dont on les a frustrés »

Quelques exemples :

Se mars non marseja, tot l'an n'a l'enveja – si mars ne suit pas sa nature toute l'année s'en ressent.
Cand lo picatal picateja, pel bósc l'i pleu o venteja – Quand le pic-vert frappe au bois, il pleut ou il vente.
Lo que dejuna orgulhos, sopará vergonhos – Celui qui déjeune orgueilleux, soupera honteux.
Las bonas fonts se vezon a la sequiera, lus bons amics, a la pauriera – On juge des bonnes sources durant la sécheresse, et des bons amis dans l'infortune.

- La syntaxe occitane du Périgord (1976 : imp.Gerbert Orlhac)
Dans l'introduction de cet ouvrage il écrit :

« La langue se meurt, et le peu qu'il en reste de vivant se contamine chaque jour au contact de la syntaxe française. On croit parler occitan mais, trop souvent, on emploie un jargon français accoutré de quelques mots d'oc. Le danger est grand, il est mortel. Ne perdons plus notre temps à de stérilisantes querelles de graphie. La langue n'est pas là, ce n'en est que la vêture... La graphie n'a pour but que de traduire la sonorité de la langue. Elle n'est que le résultat de conventions et peut donc évoluer… L'urgent, actuellement est de sauver ce qui fait la langue : la syntaxe. »

Dernières publications

Pierre Miremont écrira jusqu'à son dernier souffle.

- Des « racontes risolièrs » :

Espofinadas (1971) ; Lo devinaire (1973) ; Contes pel brave monde (1976) ; Contes peus petits èlhs (1973) ; Bastard de curèt (1975).

Dans une lettre au Majoral Monestier il écrit le 30 Novembre 1975 :

« ce ne sont pas des œuvres qui font le plus honneur à notre langue, je les écris seulement pour que les gens puissent en rire et lire de la bonne langue... écrite dans une syntaxe saine. »

Voici un extrait qui donnera une idée de l’ensemble :

A l'escóla

Lo rijent ven de decialar à sus elevas lus misteris del biais que se farga lo plural. Aorà se vól donar comte s'an plan compres e comensa :
- Quand dins un ostal l'i nais un nenet : quó's lo ?…
- Singulièr ! Siscla tota la classa.
- Van plan ; e se n'i a dos, quó's ?...
-De bessons !


Espofinadas, p. 47

Muratel, œuvre de toute une vie

Il s'agit d'un long poème épique de douze chants en vers, commencé en 1925, repris de nombreuses fois et terminé en 1975. Ce récit en vers est inspiré d'une légende locale sur le seigneur du Château de Muratel près de Terrasson. Quand on ouvre le livre, on est de suite pris par la richesse de la langue, l'habileté du poète qui jongle avec les mots avec une grande maîtrise.2

« Co's l'istôria dolenta e bloza
De Gui sans pôu, lo trobador
Qu'anguet raubar son amoroza,
Berta, que l'aimava d'amor,
Al pellant que l'avia, dins son castel, portada
E que rabios, la gardava clavada,
Tot amont a l'ensus de sa pus nauta tor. »

- Rassa rasseje : dans ces 46 poèmes publiés en 1978, il exprime sa satisfaction d'avoir œuvré pour que vive la langue d'oc.

Pel medre avenidor

Uros lus que son mórts comols d'óbras de vita,
Que, sans se revirar, buteron lor prefach.
Uros lo que s'enderm, un cóp l'óbra complida,
Arland de tant de grun que jitet a jaufat.

Uros lo que s'estira al siaud de la talvera,
Après lo seme drut e lo medre rossel.
Uros lo qu'es tombat en crozar lais gavelas,
Lus dets claufits de lum e lo solelh pèus èlhs.

Uros lo que se'n vay, juntant sais mans rimadas
Sus la garba ligada a redórta d'amor.
Uros lus que son mórts riches de lor suzor,
Partits lo granier plen e la terra abladada
Pel medre avenidor.

Cuers, 01-07-1975

« Lorsque vous voyez cette masse d'œuvres, vous êtes presque effrayé et vous vous demandez comment une vie d'homme a pu suffire pour réaliser une telle tâche », écrira Marcelle Drutel dans Vido vidanto, riboun- ribagno, Estamparie Bene, Nimes, 1983

Bibliographie de l'auteur3

- 46 livres édités à compte d'auteur :
- 25 recueils de poèmes
- 11 livres en prose
- 10 pièces de théâtre
- 3 livres édités après sa mort par le majoral Monestier
- Nombreux inédits

En français

a- Poésie

- 1939 : Le cricri de la crèche
- 1940 : Chansons de caserne
- 1928 : Profils Terrassonnais (sonnets), imprimerie de la Vézère, Montignac.
- 1931 : Nouveaux profils, Imprimerie de l'Argonne, Bordeaux
- Chant de grillon
- Cœur de grillon 193?, Autres profils (sonnets), Imprimerie de l'Argonne, Bordeaux
- 1946 : Nos mois harmonieux, Kaiserslautern, Rohr
- 1946 : Chants de prisonnier, Kaiserslautern, Rohr

b- Prose

- 1983 : La littérature d'oc, des troubadours aux Félibres, avec Jean Monestier, P. Fanlac, Périgueux.
- 1985 : Le Félibrige et la langue d'oc, avec Jean Monestier, Imp. Réjou Périgueux

En langue d'oc

a- Poesia

- 1939 : Visto dèus mounts, Toulouse, imp.Sentein.
- 1934 : Jous l'casque, Rodez, Subervie.
- 1935 : Resouns de Ruhr, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1940 : Joul's soulelh dèus troubadors, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1940 : Pantais d'un grelh.
- 1946 : Cantics e pregarias, Préface de Marcel Ducros, Kaiserslautern, Heinz Rohr
- 1946 : Noels e Nadalets, Kaiserslautern,Heins Rohr.
- 1953 : Guerra kaki, Rodez, Supervie.
- 1967 : Planh de faidit, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1969 : Darrer'ls barbelats, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1974 : Al solelh d'amor, Villefranche de Rouergue. Salingardes.
- 1971 : Dolencia, Aurillac, Imprimerie du Cantal, Edition du Centre.
- 1972 : Jol cel del Perigord, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1975 : Jol solelh d'oc, Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1978 : Rassa rasseje ! Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1979 : Muratèl (poèma epic), Villefranche de Rouergue, Salingardes.

b- Pròsa

- 1948 : Dichas de cattivitat, Préface de L.de Lastic, [s .i][s.n][s.d]
- 1973 : Contes peus petits elhs (proza), Rodez, Imp. Carrère.
- 1973 : Lo devinaire (galejadas), Aurillac, Éd du Centre.
- 1975 : Bastard de curèt, Rodez, Imp. Carrère.
- 1976 : Contes pel brave monde (proza), Rodez, Imp. Carrère.
- 1971 : Espofinadas (contes gais), Aurillac, Éd du Centre, Imp. du Cantal.
- 1974 : Proverbis e dittons del Perigord (3 cahiers), Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1974 : Biais de dire en Perigord (estudi) : Aurillac, Imp. Gerbert.
- 1974 : Glossari del Perigord Negre, Rodez. Imp.Carrère.
- 1976 : La Syntaxe occitane du Périgord, Orlhac, Imp. Gerbert.
- 1977 : Femnas e Miquelets (racontes d'amor e de guerra) : Nîmes. Imp. Bené.
- 1985 : Brondilhs, Le Bugue, Imp. PLB.

c- Teatre en òc

- 1922 : Lou foutougrafe de fiero ?
- 1934 : Chas'l foutougrafe, Montignac. Imprimerie de la Vézère.
- 1931 : Lou bilhet de femna, Montignac, Imprimerie de la Vézère.
- 1927 : Pàures medecins, Montignac, Imprimerie de la Vézère.
- 1937 : La Nora, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1939 : Perqué Soustena se maridèt pas ?, Villefranche de Rouergue, Salingardes.
- 1952 : L'Espion, Rodez. Imp. Subervie.
- 1951 : La Lotaria, Rodez, Imp. Subervie.
- 1952 : Guston se vol far medecin, Rodez, Subervie
- 1950 : Lo Quorum, Villefranche de Rouergue, Salingardes.

Inédits

- Étude sur le troubadour Cadenet
- Le Félibrige et sa doctrine
- Conferéncias en Alemanha (données en 1946-1950)
- Orlina (drame en vèrs)
- La Font del Gat (roman)
- Mus Cridals Cattius
- Libre d'or deus Embarbelats
- Garsas de femnas
- Teatre d'Oc

Certains des livres édités sont encore en vente au Bournat du Périgord, 13 rue Klébert, 24000-Périgueux 24000. Ils sont consultables au CIRDOC.
Le Bournat à Périgueux possède des cahiers manuscrits, qu’il faudrait inventorier.


1. Dans la graphie des Embarbelats « à » est mis pour « á ». Quand l'imprimeur ne possède pas le caractère « á » il le remplace par « â ».

2. Pierre Miremont écrit « ó » pour « ò » et lorsque l'imprimeur ne dispose pas de ce caractère il remplace « ó » par « ô ».

3. Certains des ouvrages signalés par plusieurs sources (Marcelle Drutel, Zéphirin Bosc) n’ont pas pu être matériellement retrouvés, d’où l’absence de références bibliographiques. Par ailleurs, Miremont payait lui-même les imprimeurs. Il fonctionnait avec des souscriptions et parfois des mécènes. Il n'a pas eu assez d'argent pour publier tout ce qu'il aurait voulu.

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Géographe, historien, linguiste, analyste de la réalité provençale et plus largement occitane, infatigable militant et pédagogue de la langue et de la culture d’oc et tout particulièrement provençale, détenteur d’un savoir encyclopédique en la matière, ce Ciotaden revendiqué a consacré quasiment tous ses instants à cette passion et à cette mission dans lesquelles l’engagement individuel s’alliait intimement au sens du collectif.

Identité

Formes référentielles

Martin, Guy (1933-2008)

Autres formes connues

- Guiu Martin (forme occitane du nom)

Éléments biographiques

Né le 17 décembre 1933 à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), mort à La Ciotat le 26 mai 2008, il est issu d’une famille ciotadenne et marseillaise qui compte des ascendants génois et vendéens, mais aussi alpins (Faucon de Barcelonnette). Son père intègre la marine marchande comme mousse puis, par formations et promotions successives, exerce la profession de chef de cuisine et ensuite d’intendant sur les paquebots des grandes lignes. Sa mère entretenait de forts rapports amicaux avec la petite fille du chansonnier et écrivain marseillais Victor Gelu dont les descendants possédaient une villa aux Lecques (commune de Saint-Cyr-sur-Mer attenant à celle de La Ciotat).
Enfant durant la guerre, il suit ses parents qui se réfugient dans le village contigu de Ceyreste, après des bombardements destructeurs sur La Ciotat. Après l’école primaire et le cours complémentaire locaux, il intègre l’école normale d’Aix-en-Provence. En 1962, mobilisé en Algérie, il est un témoin actif qui prend part au refus du contingent de suivre les généraux putschistes. Il exerce en début de carrière dans l’enseignement primaire dans son département d’origine puis, une fois certifié d’histoire-géographie, il entre dans le secondaire. Cependant, comme il l’a souligné à plusieurs reprises, il sacrifie le développement d’une carrière universitaire à l’enracinement local et à la volonté du vieure au païs. Ainsi exerce-t-il ses fonctions dans quelques postes du Var et des Bouches-du-Rhône, dont La Ciotat et Aubagne. Par la suite, il dispense également des cours pour les étudiants des universités de l’académie d’Aix-Marseille. Par choix délibéré sa vie professionnelle et familiale se déroule à La Ciotat où se trouve sa résidence principale, puis à Vachères (Alpes de Haute-Provence) durant les périodes de congé, village où, avec sa femme Suzanne, elle-même enseignante, ils ont acquis une résidence secondaire dans le cœur du vieux village. Il avoue, parallèlement à son attachement profond à son canton maritime de naissance, une passion pour le haut-pays dont il rappelle que certains de ses ancêtres provençaux sont descendus cf supra, Faucon de Barcelonnette). Ainsi peut-il embrasser, à travers sa lignée et ses lieux de résidence, la diversité complémentaire de l’espace régional.

Engagement dans la Renaissance d’Oc

Du Félibrige à l’occitanisme

Dès sa scolarité en École normale (fin des années quarante – début des années cinquante) il manifeste son intérêt pour la langue et la culture provençales, ce qui l’amène à rejoindre le groupe du Calèn de Marsiho, encore affilié au Félibrige et à se lier d’amitié avec le poète marseillais Jòrgi Reboul, Glaudi Barsotti et Lucienne Porte-Marrou, liens qui ne devaient jamais se rompre. Les évolutions sociale, politique, économique et les conservatismes institutionnels l’amènent par la suite à s’engager dans la voie d’un occitanisme toujours tempéré par le souci d’affirmer et de préserver les spécificités de toutes les parties du grand espace d’oc. Il rencontre Robert Lafont, devient un de ses collaborateurs et mène avec lui des réflexions communes en matière économique, d’aménagement du territoire et institutionnelle qui illustrent son engagement et le rôle important qu’il joue dans le nouvel occitanisme des années 60 et suivantes.

Le militant

Son attachement particulier à la Haute-Provence, complémentaire et non oppositionnel à celui de la Basse-Provence, l’amène à soutenir le développement culturel local, illustration contemporaine de la très ancienne dialectique autura-baissa qu’il a toujours aimé à souligner tout au long de sa vie.
C’est à ce titre qu’il s’engage notamment très tôt dans la défense du milieu contre l’implantation des fusées sur le plateau d’Albion, contre le tracé actuel de l’autoroute B 52 (il existe dans les archives de l’INA un reportage des actualités régionales dans lequel il intervient en sa qualité de géographe pour proposer un tracé alternatif1), contre l’extension du camp militaire de Canjuers.
Très sensibilisé à la cause du catalanisme, il soutient sans relâche les activités du cercle catalan de Marseille, présidé par un opposant résolu au régime franquiste, Francesc Panyella, dont il est l’ami. Son intérêt se manifeste également par l’étude de la langue et de la culture catalanes.
Il participera de façon très active à divers travaux et actions qui aboutiront à fédérer au niveau local les forces qui porteront François Mitterrand à la présidence de la République. Selon le site laregionoccitanie.fr il aurait été « la cheville ouvrière » dans l’élaboration de projets de lois en faveur de l’enseignement des langues de France2. Plus tard, son régionalisme convaincu le portera à être un des fondateurs et le premier président du mouvement « Région Provence », organisation militante dont l’objectif statutairement affiché est de « faire entendre la voix de la Provence dans le débat politique » et d’œuvrer pour « une véritable régionalisation ».
Il ne ménage pas non plus son soutien continu au monde associatif.

Le pédagogue, le « géo-historien » et le linguiste

Détenteur d’une somme considérable de connaissances spécialisées et reconnu pour ses compétences d’analyste pointu des réalités régionales, il fait preuve au quotidien de ses qualités pédagogiques dans les trois niveaux d’enseignement institutionnels (primaire, secondaire et supérieur), auxquels il convient d’ajouter sa participation à des sessions de formation continue à destination de fonctionnaires ayant besoin d’un éclairage affiné sur l’histoire et le territoire régionaux et enfin à des interventions et à des conférences dans les cadres institutionnel, associatif ou militant.
Pratiquant une approche globale de la problématique régionale, il  utilise lui-même volontiers le terme de « géo-histoire » pour mieux l’appréhender. Les innombrables notes qu’il a laissées sur feuilles volantes montrent son souci permanent d’approfondissement de la connaissance de la langue et sa réflexion sur les thématiques politique, économique, culturelle, linguistique et environnementale de la région provençale et plus largement sur l’espace occitan.
Il est enfin important de rappeler que sa position vis à vis de la question de la graphie du provençal a été celle de l’ouverture et de la tolérance, reconnaissant le fait qu’il y a deux orthographes historiques de la langue d’oc en Provence, comme cela est rappelé dans la préface de la méthode d’apprentissage du provençal dont il est le co-auteur avec Alain Barthélemy-Vigouroux. En effet, si leur choix se porte sur la graphie classique, tous deux affirment cependant :

« Quoiqu’il en soit, l’importance de la production écrite de tradition mistralienne en basse Provence, qui continue de prouver sa vitalité de nos jours, impose à toute personne qui souhaite s’approprier la pratique du provençal d’être capable de lire couramment l’orthographe qu’elle utilise, et d’en maîtriser les règles fondamentales afin de pouvoir l’écrire, au prix de quelques vérifications de détails. C’est pourquoi notre manuel comporte une initiation solide à l’orthographe mistralienne. »

Activités associatives et politiques

  • Membre du Comité de rédaction du bulletin pédagogique du Centre régional d’études occitanes Provence (CREOP) et rédaction d’articles (années 70)
  • Président d’honneur du CREOP au début des années 2000
  • Membre du comité de rédaction de la revue occitane Viure
  • Président de la Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc (F.E.L.C.O.) dans les années 90
  • Président de l’association de promotion et de diffusion de la chanson provençale Cantar qui a fait connaître le chanteur René Sette
  • Fondateur, président et/ou membre de diverses associations locales et régionales à vocation pédagogique et culturelle ainsi que de défense de l’environnement
  • Adhérent au Parti socialiste à la fin des années 70 et dans les années 80 (jusqu’à une date indéterminée)
  • Co-fondateur et président du mouvement « Région Provence »

Bibliographie de Guy Martin

(non exhaustive, classement par date de parution)

Bibliographie primaire


- MARTIN Guy : Sud ou Occitanie ? Marseille, Lo Calen de Marselha, 1967

- BAYLON Christian, LAFONT Robert, BARSOTTI Claude, MARTIN Guy, POGGIO Yves : Parlam Provençau, version provençale, collection Paraula occitana, Marseille, Lo Calen – GLEP – CREOP, CRDP, 1971 (302 p.)

- Collectif (sous la direction de Robert Lafont) : Le Sud et le Nord, Toulouse, Privat éditeur, 1971 (249 p.) Guy Martin a rédigé le premier chapitre intitulé « Du relief aux hommes » (p. 13 à p. 72)

- MARTIN Guy : Provence au présent, 44 textes d’oc pour les Provençaux d’aujourd’hui, CREP Provence, 1978

- PORTE-MARROU Lucienne, MARTIN Guy (contributeur) : Dançar au païs, Avignon, Institut d’Estudis Occitans Vauclusa-Ventadorn, 1983 (277 p.)

- MARTIN Guy : « Le poète de Marseille, Victor Gelu » (p. 45 à p. 63), in l’ouvrage collectif Victor Gelu Poète de Marseille Marseille au temps de Victor Gelu, Institut d’Études occitanes, Centre Régional d’Études Occitanes de Provence, sans date (1985 ?) (63 p.)

- MARTIN Guy : « Notes sur le parler de Victor Gelu mis en perspective avec l’espace linguistique occitan » (p. 201 à 228) in édition de Nouvè Grané, Centre régional d’études occitanes de Provence, Aix-en-Provence, Université de Provence, 1987 (229 p.) Cette édition du roman de V. Gelu est le fruit du travail collectif d’ « une équipe animée par Gérard Gouiran, composée d’Alain Barthélemy, Jean-Yves Casanova et Guy Martin ».

- Association régionale des professeurs d’histoire et de géographie (ouvrage collectif) : Le Territoire régional Provence, Alpes, Côte d’Azur, Aix-en-Provence, Région Provence Alpes Côte d’Azur – Université d’Aix-Marseille – Institut de géographie, 1992 (168 p.)

- LÈBRE Élie, MARTIN Guy, MOULIN Bernard : Dictionnaire de base français-provençal, Centre regionau d’Estudis occitans Provença, 1992 (432 p.)

- BARTHÉLEMY-VIGOUROUX Alain, MARTIN Guy : Comment écrire le provençal en orthographe classique (brochure), AELOC (snl, sd, vers 1995), 24 p.

- MARTIN Guy, MOULIN Bernard : Grammaire provençale et cartes linguistiques, Aix-en-Provence, Comitat sestian d’Estudis occitans, CREO Provença, 1998 (192 p.)

- MARTIN Guy : « Pratiques et modèles alimentaires en Haute et Basse Provence, 1 – Des origines à la consécration » in revue Le patrimoine de Vachères, publiée par l’association éponyme, n° 15, décembre 1998, 36 p.

- MARTIN Guy : « Pratiques et modèles alimentaires en Haute et Basse Provence, 2 – Une cuisine de la diversité, de l’équilibre et du goût » in revue Le patrimoine de Vachères, publiée par l’association éponyme, n° 16, juillet 1999, 44 p.

- BARTHÉLEMY-VIGOUROUX Alain, MARTIN Guy : Manuel pratique de provençal contemporain Parler, lire et écrire le provençal d’aujourd’hui, Aix-en-Provence, Edisud, 2000 (447 p. + 1 CD). (Deuxième édition : 2007 Troisième édition : 2017)

- FETTUCIARI Jòrgi, MARTIN Guiu, PIETRI Jaume : Dictionnaire provençal-français Diccionari provençau-francés, L’Escomessa, CREO Provença, Aix-en-Provence, Diffusion Edisud, 2003 (571 p.)

Traductions en occitan-provençal

(classement par date de parution)


- LERAUT Patrice J. A., Liste systématique et synonymique des lépidoptères de France, Belgique et Corse (2e édition), supplément à Alexanov, 45, rue Buffon, Paris (5e), 1997 (526 p.) : traduction en oc-provençal du résumé de Patrice Léraut relatif aux lépidoptères recensés en Provence, avec carte (p. 385)

- BELLAGAMBA : Dins mon païs, Orange, Grandir, 1999 (20 p.) (adaptation pour la jeunesse)

- BÉRENGUIER Victor : Balthazar, l’âne testard, Saint-Martin de la Brasque, le Lutin malin, 2003 (95 p.) (adaptation pour la jeunesse)

Enregistrements

- Lectures occitanes, Avignon, Instituts d’études occitanes, 1975 (disque 33 t., 30 cm, en collaboration avec Pierre Bec et Joseph Migot)

Bibliographie secondaire

- FOURIÉ Jean, Dictionnaire des auteurs de langue d’Oc de 1800 à nos jours, Aix-en-Provence, Felibrige Edicioun, 2009 (371 p.)

- site data.bnf.fr/guy martin


1. Émission La France défigurée du 22 juillet 73, consultable sur le site de l’I.N.A. : https://www.ina.fr/video/CAF93027867/autoroute-b52-aubagne-toulon-video.html de 00:06:50 à 00:07:45

2. Rubrique « Biographie des personnes qui ont marqué (ou marquent) l’histoire de l’Occitanie »

3. Documents remis au Cep d’oc, Ostau de Provença, à Aix-en-Provence mais non encore inventoriés

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Jusèp Condò Sambeat est un écrivain félibre, connu aujourd'hui comme la figure emblématique de la renaissance linguistique et littéraire aranaise.

Identité

Forme référentielle

- Condò Sambeat, Jusèp

Autres formes connues

- Condò Sambeat, Josèp (autre orthographe du nom)

- Condó Sambeat, Jousèp

- Condó Sambeat, Jûsep

- Condó Sambeat, Joseph

Éléments biographiques

Il naît à Montcorbau, dans le Val d'Aran, le 29 mars 1867, et il se destine à une carrière religieuse : il est ordonné prêtre le 28 mai 1891. Son instruction s'est faite dans plusieurs villes du Val d'Aran puis de Catalogne. Il commence à exercer dans l'Alt Urgell, puis il part pour l'Aragon et ne revient dans le Val d'Aran qu'au début du XXème siècle : il exerce à Gesse en 1905, puis à Salardú. Il meurt de maladie le 5 août 1919 à Bossost.

Engagement dans la renaissance d'oc

Sa langue maternelle est l'aranais, mais c'est une langue qui ne s'écrit pas à cette époque, ou très peu. Ses premiers écrits littéraires sont des poèmes en catalan, qu'il présente à l'Acadèmia Mariana de Lleida. Il écrit aussi quelques textes religieux en castillan. Après son retour dans le Val d'Aran, il se met à écrire en aranais : il présente son poème « Era Val d'Aran » aux Jeux Floraux de Lleida en 1912. L'année suivante le même poème ainsi qu'un autre, « Horaci a Mecenas », paraissent dans la Revue de Comminges et dans Era Bouts dera Mountanho (organe de l'Escòlo deras Pirenéos). Cette première publication dans la revue du Félibrige commingeois marque l'entrée de Condò dans les rangs félibréens, et elle sera suivie d'autres publications. Bernard Sarrieu (1875-1935), fondateur de l'Escòlo et animateur zélé du Félibrige gascon, toujours en recherche de nouveaux correspondants et contributeurs, rassemble les manuscrits de Condò après sa mort dans l'optique de publier ses œuvres complètes. Le projet n'ayant pas vu le jour, ce sont les derniers animateurs de l'Escòlo, Jules et Yvonne Ponsolle, qui composent un recueil d'œuvres publiées et inédites de Condò sous le titre d'une de ses œuvres principales, Era isla des Diamants, en 1981.
Reste à savoir comment Condò a décidé d'écrire en aranais : est-ce Bernard Sarrieu qui l'a incité à le faire ? Ou faut-il plutôt chercher du côté d'un autre écrivain aranais, par exemple Jusèp Sandaran Bacaria (1875-1942), qui a précédé de quelques années Jusèp Condò Sambeat dans la défense de l'aranais e qui a lui aussi été publié dans la revue Era Bouts ?
Condò et Sandaran ont tous deux travaillé sur la langue. Condò a publié un « Vocabulari Aranés » paru dans le Butlletí de Dialectologia Catalana (1915), il a commencé à travailler sur une grammaire et il a élaboré une graphie un peu « hybride », teintée d'influences graphiques catalanes, castillanes et occitanes (félibréennes). Sa graphie personnelle semble plus proche de la graphie catalane, mais il existe des manuscrits de sa main dans la graphie de l'Escòlo deras Pirenéos (élaborée par Sarrieu). Signalons le fait que Condò a été sollicité comme informateur pour l'Atlas lingüístic de la Vall d'Aran de Antonio Griera, et qu'il a compté au nombre des sources de Joan Coromines pour son ouvrage El parlar de la Vall d'Aran.
En ce qui concerne sa production littéraire, elle se compose principalement de poèmes et dans une moindre mesure de prose (théâtre, contes), qui ont majoritairement pour sujet le Val d'Aran ou des thèmes religieux (les deux étant souvent mêlés). L'œuvre Era Isla des Diamants est une fiction qui s'appuie sur le contexte colonialiste pour imaginer « l'exportation » du Val d'Aran dans une île des Philipines où il jouirait d'une autonomie économique et sociale, émancipée de toute autorité politique espagnole pour promouvoir la culture aranaise. Christian Lagarde qualifie l'œuvre de « parabole » plutôt que de roman, d'une part à cause de son volume (qui ne justifie pas le nom de roman) et de sa structure littéraire mais aussi en raison de la place de la morale et du discours évangélique dans le récit1 .
Selon Michel Camélat, Condò s'est principalement inspiré d'auteurs catalans2. Il a lu entre autres Jacint Verdaguer (1845-1902), auteur célèbre contemporain de la Renaixença catalane.
En 1989, le Conselh Generau d'Aran crée en hommage le prix Mossen Condò Sambeat, pour récompenser des pièces de littérature aranaise.



1. « Parabole de l'insularité: era isla des diamants, ou le val d'Aran de Condó Sambeat », in Lengas, 1999, n°45, pp.95-108.

2. « J. Condo Sambeat », in Reclams, 1938, n°11/12, pp.300-302. Michel Camélat (1871-1962), écrivain gascon de Bigorre, fut un des fondateurs et animateurs de l'Escole Gastou Febus.



Bibliographie de l'auteur

- Manuscrits conservés dans le fonds Escolo deras Pireneos (52 J 373-375) à l'annexe du Comminges à Saint-Gaudens des Archives Départementales de la Haute-Garonne : « Es Aranesi » ; « Victoria d'es Aranesi » ; « Era Caritat » ; « Cansoun d'et Praube » ; « Cartes de un hilh à sa mare » ; « Catecisme cûert » ; « Coundes cuèrts » ; « Et Loup è'ra Guinèu » ; « Ovidi à Mecenas » ; « Era millú flú » ; « Era Val d'Aran » ; « At deuant d'et Sant Cristu de Salardû » ; « Luenh dera pátria » ; « Era mare pátria » ; « Era Lengua aranesa » ; « Cansun d'era Garuna » ; « Nuguera pallaresa » ; « Era Net de Sant Juan » ; « Et Pastou as estrelhes » ; « Et darrè cant d'er Um » ; « Ena mort de M. Père Sarrieu » ; « Era Maladeta » ; « Era Isla des Diamants » ; « Sang noble è sang d'et poble ».
- « Vocabulari aranes » in Butlletí de Dialectologia Catalana, t. III, 1915.
- Publicacions dins la revista Era Bouts dera Mountanho a partir de 1913.
- La Caritat : coumèdia aranésa, en prôso è en un acte, floucada als Jocs Flouraus dera Scôlo en 1914. [s. l.] : Bibliouteco dera 'scolo deras Pirenéos, 1971.
- Era Isla des Diamants. [s. l.] : Bibliouteco dera 'scolo deras Pirenéos, 1981.
- Era Isla des Diamants. Vielha : Conselh Generau d'Aran, DL 2006.
- Era Maladeta. [Vielha] : Conselh Generau d'Aran, [2009].
- Vocabulari aranés : extrèt deth vocabulari aranés de Jusèp Condò : adaptat ara grafia normativa. [Vielha] : Institut d'Estudis Aranesi, Acadèmia aranesa dera lengua occitana, deseme 2016.
- Sang nòble e sang deth pòble. [Casau, Lleida] : Institut d'Estudis Aranesi-Acadèmia Aranesa dera Lengua Occitana, 2017.

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Jusèp Condò Sambeat es un escrivan felibre, conegut a l'ora d'ara coma la figura emblematica de la renaissença linguistica e literària aranesa.

Identitat

Forma referenciala

- Condò Sambeat, Jusèp

Autras formas conegudas

- Condò Sambeat, Josèp

- Condó Sambeat, Jousèp

- Condó Sambeat, Jûsep

- Condó Sambeat, Joseph

Elements biografics

Nais a Montcorbau, dins la Val d'Aran, lo 29 de març de 1867, e se destina a una carrièra religiosa : es ordonat prèire lo 28 de mai de 1891. Son instruccion s’es facha dins mai d’una vila de la Val d’Aran puèi de Catalonha. Comença d’exerçar en Naut Urgell, puèi partís en Aragon, e torna dins la Val d'Aran a la debuta del sègle XX : exerça a Gessa en 1905, puèi a Salardú.Morís de malautiá lo 5 d'agost de 1919 a Bossòst.

Engatjament dins la renaissença d'òc

Sa lenga mairala es l'aranés, mas es una lenga que s'escriu pas de son temps, o pas gaire. Sos primièrs escriches literaris son de poèmas en catalan, que presenta a l’Acadèmia Mariana de Lleida. Escriu tanben d'unes tèxtes religioses en castelhan. Aprèp son retorn dins la Val d'Aran, comença d'escriure en aranés : presenta son poèma « Era Val d'Aran » als Jòcs Florals de Lleida en 1912. L'annada seguenta lo meteis poèma e un autre, « Horaci a Mecenas », pareisson dins la Revue de Comminges e dins Era Bouts dera Mountanho (organ de l'Escòlo deras Pirenéos). Aquela primièra publicacion dins la revista del Felibritge comengés marca l'entrada de Condò dins los rengs felibrencs, e serà seguida d'autras publicacions. Bernard Sarrieu (1875-1935), fondator de l'Escòlo e animator zelat del Felibritge gascon, totjorn en cèrca de novèls correspondents e contributors, recampa los manescriches de Condò aprèp sa mòrt dins l'amira de publicar sas òbras completas. Lo projècte aguent pas vist lo jorn, son los darrièrs animators de l'Escòlo, Jules e Yvonne Ponsolle, que compausan un recuèlh d'òbras publicadas e inedichas de Condò jos lo títol d'una de sas òbras màgers, Era isla des Diamants, en 1981.
Demòra de saupre cossí Condò decidiguèt d'escriure en aranés : foguèt Bernard Sarrieu lo motivator ? O caldriá puslèu cercar del costat d'un autre escrivan aranés, per exemple Jusèp Sandaran Bacaria (1875-1942), que precediguèt de qualques annadas Jusèp Condò Sambeat dins la defensa de l'aranés e que foguèt el tanben publicat dins la revista Era Bouts ?
Tant Condò coma Sandaran trabalhèron sus la lenga. Condò publiquèt un « Vocabulari Aranés » paregut dins lo Butlletí de Dialectologia Catalana (1915), comencèt de trabalhar sus una gramatica e elaborèt una grafia que se poiriá dire un pauc « ibrida », pastada d'influéncias graficas catalanas, castelhanas e occitanas (felibrencas). Se pòt dire que sa grafia personala es puslèu pròcha de la grafia catalana, mas se tròban de manescriches de sa man dins la grafia de l'Escòlo deras Pirenéos (elaborada per Sarrieu). De notar que Condò foguèt sollicitat coma informator per l'Atlas lingüístic de la Vall d'Aran de Antonio Griera, e que comptèt al nombre de las sorsas de Joan Coromines per son obratge El parlar de la Vall d'Aran.
Per çò qu'es de sa produccion literària, se compausa principalament de poèmas e dins una mendra mesura de pròsa (contes, teatre), qu'an per subjècte mai que mai la Val d'Aran o de tèmas religioses (los dos son sovent entremesclats). L'òbra Era Isla des Diamants es una ficcion que s'apuèja sul contèxt colonialista per imaginar « l'exportacion » de la Val d'Aran dins una illa de las Filipinas ont gaudiriá d'una autonomia economica e sociala, emancipada de tota autoritat politica espanhòla per botar endavant la cultura aranesa. Christian Lagarde qualifica l'òbra de « parabòla » puslèu que de roman, d'una part per causa de son volum (que justifica pas lo nom de roman) e de son estructura literària mas tanben per la plaça de la morala e del discors evangelic dins lo raconte1.
Segon Miquèu Camelat, Condò s'inspirèt mai que mai d'autors catalans2. Entre autres, legiguèt Jacint Verdaguer (1845-1902), autor famós contemporanèu de la Renaixença catalana.
En 1989, lo Conselh Generau d'Aran crèa en omenatge lo prèmi Mossen Condò Sambeat, per recompensar de pèças de literatura aranesa.



1. « Parabole de l'insularité: era isla des diamants, ou le val d'Aran de Condó Sambeat », in Lengas, 1999, n°45, pp.95-108.

2. « J. Condo Sambeat », in Reclams, 1938, n°11/12, pp.300-302. Miquèu Camelat (1871-1962), escrivan gascon de Bigòrra, foguèt un dels fondators e animators de l'Escole Gastou Febus.



Bibliografia de l'autor

- Manescriches conservats dins lo fons Escolo deras Pireneos (52 J 373-375) a l'anèxa del Comenges a Sant-Gaudens dels Archius Departamentals de la Nauta-Garona : « Es Aranesi » ; « Victoria d'es Aranesi » ; « Era Caritat » ; « Cansoun d'et Praube » ; « Cartes de un hilh à sa mare » ; « Catecisme cûert » ; « Coundes cuèrts » ; « Et Loup è'ra Guinèu » ; « Ovidi à Mecenas » ; « Era millú flú » ; « Era Val d'Aran » ; « At deuant d'et Sant Cristu de Salardû » ; « Luenh dera pátria » ; « Era mare pátria » ; « Era Lengua aranesa » ; « Cansun d'era Garuna » ; « Nuguera pallaresa » ; « Era Net de Sant Juan » ; « Et Pastou as estrelhes » ; « Et darrè cant d'er Um » ; « Ena mort de M. Père Sarrieu » ; « Era Maladeta » ; « Era Isla des Diamants » ; « Sang noble è sang d'et poble ».
- « Vocabulari aranes » in Butlletí de Dialectologia Catalana, t. III, 1915.
- Publicacions dins la revista Era Bouts dera Mountanho a partir de 1913.
- La Caritat : coumèdia aranésa, en prôso è en un acte, floucada als Jocs Flouraus dera Scôlo en 1914. [s. l.] : Bibliouteco dera 'scolo deras Pirenéos, 1971.
- Era Isla des Diamants. [s. l.] : Bibliouteco dera 'scolo deras Pirenéos, 1981.
- Era Isla des Diamants. Vielha : Conselh Generau d'Aran, DL 2006.
- Era Maladeta. [Vielha] : Conselh Generau d'Aran, [2009].
- Vocabulari aranés : extrèt deth vocabulari aranés de Jusèp Condò : adaptat ara grafia normativa. [Vielha] : Institut d'Estudis Aranesi, Acadèmia aranesa dera lengua occitana, deseme 2016.
- Sang nòble e sang deth pòble. [Casau, Lleida] : Institut d'Estudis Aranesi-Acadèmia Aranesa dera Lengua Occitana, 2017.

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Joseph Anglade est un romaniste français spécialisé dans l'étude de la lyrique des troubadours, il est né le 11 octobre 1868 à Lézignan-Corbières (Aude) et mort le 13 juillet 1930.
Il est surtout reconnu pour son étude de l'œuvre des troubadours Guiraud Riquier et Peire Raimon ainsi que pour son Histoire sommaire de la littérature méridionale au Moyen-âge : des origines à la fin du XVe siècle (1921) qui a servi de manuel de base à de nombreux jeunes étudiants en lyrique médiévale occitane.

Identité

Formes référentielles

Anglade, Joseph (1868-1930)

Autres formes connues

- Jan-Pierre (Pseudonyme)

Élements biographiques

Joseph Anglade fait ses études au Petit Séminaire de Carcassonne, puis au lycée de Toulouse. Étudiant à Toulouse puis Montpellier, il obtient ses grade de licencié en 1892 puis d’agrégé en 1896.
À Montpellier, il fait la rencontre de celui dont il sera l’élève puis le plus fidèle disciple Camille Chabaneau. Il part ensuite étudier deux ans en Allemagne, alors le foyer incontournable de la connaissance des troubadours.
À son retour en France il enseigne au Collège de Béziers puis aux lycées de Tulle, La Roche-sur-Yon, Montpellier et Bordeaux.
En 1905 il soutient sa thèse sur le troubadour Guiraud Riquier, un des derniers troubadours occitans né vers 1230 à Narbonne et mort vers la fin du XIIIe siècle. Il est alors nommé à Nancy où il était déjà suppléant, puis l’année suivante à la Faculté de Rennes. C’est finalement en 1910 qu’il assure la succession d’Antoine Thomas et Alfred Jeanroy à la Faculté de Toulouse où il demeure en poste jusqu’à sa retraite.
En 1914, il fonde l’Institut d’Études Méridionales sur le modèle des séminaires allemands, il y prend en charge l’enseignement de la philologie. Il intègre parallèlement à cette activité les plus prestigieuses Académies toulousaines comme la Société Archéologique du Midi de la France en 1910, l’Académie des Jeux Floraux en 1911 et l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres en 1918. La même année il devient majoral du félibrige.

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Tout comme Paul Froment, le félibre-paysan de Floressas, Émilien Barreyre est un des exemples les plus remarquables de poète occitan issu véritablement du monde du travail, ayant réussi, avec peu d’instruction « institutionnelle », à bâtir une œuvre littéraire qui laisse rêveur le lecteur actuel. Barreyre est un paysan de la mer, un malinèir, un marin. En ce temps-là, le Bassin d’Arcachon est un haut lieu de la pêche à la sardine (en plus de l’ostréiculture et du tourisme, déjà développé). Né à Arès, aux confins du pays de Buch et du Médoc, Barreyre exercera toute sa vie des métiers durs et ingrats : marin-pêcheur, militaire, gardien de sanatorium puis d’usine, tout en se montrant un membre actif du Félibrige. Cette vie de travail et de pauvreté est ourlée de récompenses qui pleuvent sur le poète-ouvrier pour ses oeuvres. Mistral, Palay, Camélat, sans oublier ses comparses girondins, les félibres Roger Romefort dit Gric de Prat ou encore son voisin Adrien Dupin, s’émerveillent de l’aisance poétique de cet Arésien taiseux, qui mourra en terre francilienne où il s’était exilé, sans avoir revu le Bassin d’Arcachon.

Identité

Formes référentielles

Barreyre, Émilien (1883-1944)

Éléments biographiques

Émilien Barreyre est né le 20 avril 1883 à Arès, commune située au nord du Bassin d’Arcachon, où une plaque commémorative a été installée sur sa maison natale. Barreyre est issu d’un milieu essentiellement occitanophone : à la fin du XIXe siècle, l’occitan est la seule langue des pêcheur et des mariniers du pays de Buch. Sa mère ne parlera jamais véritablement français. Barreyre, issu d’une famille de pêcheurs, quitte l’école après le certificat d’études. Sa fille, Béline, raconte qu’il écrivait déjà des vers sur ses livres de classes. Barreyre devient pêcheur aux côtés de son père. Son frère aîné deviendra chauffeur de navire au long cours. Tout en maniant les rames ou le filet, Barreyre achète des manuels d’art poétique, essaie de comprendre la construction du vers et de la rime, et décide qu’il écrira désormais dans sa langue maternelle plutôt qu’en français. Il s’engage dans la Marine à 18 ans, et y reste cinq ans. Militaire, il reçoit une formation qui lui permet d’approfondir encore ses connaissances. Il s’inscrit à l’école Gastou Fébus, fondée depuis peu en Béarn par Simin Palay et Michel Camélat, avec qui il commence à correspondre. Pendant son passage à l’armée, il entame la rédaction de son premier recueil de poèmes, entièrement en occitan, Las Malineyres, les « filles de la mer », qui raconte la vie des pêcheurs du pays de Buch, mais aussi reprend quelques mythes et légendes locaux. Le livre paraît en 1912 et reçoit un accueil unanimement favorable. Barreyre a l’émotion de recevoir les félicitations du vieux Frédéric Mistral en personne. Barreyre est célébré comme poète au-delà du cénacle félibréen. Palay et Camélat l’incitent à présenter son oeuvre au concours des Jeux Floraux, où elle est récompensée de l’Églantine d’argent. Contrairement à Paul Froment qui y mourra, Barreyre rapporte donc de l’armée une conscience de poète occitan et un tatouage en forme d’ancre de marine qui orne sa main. Chose inhabituelle : Barreyre bénéficie de l’appui de ses parents dans son entreprise poétique. Sa mère veille à ne pas le déranger quand il écrit et son père, également charpentier de bateaux, lui fabrique un bureau en bois de pin. Pendant la Première Guerre mondiale, Barreyre est expédié à Salonique. Il y versifie, en français cette fois, et rebaptise son camp militaire « Camp des Olympiades ». Il en revient presque indemne, au contraire de son frère, disparu sur le front de l’Est. Fin 1920, il épouse une jeune femme rencontrée à l’hôpital de Meaux, où il était soigné pour une blessure. Installé à Arès, le couple vit difficilement. L’activité de pêche est difficile, et en 1923 Barreyre doit remplacer la barque de son père (appelée « Mirelha ») pour pouvoir poursuivre son activité et avoir droit à une retraite de marin. Lui et son épouse se placent donc au sanatorium « La Pignada » à Lège, commune limitrophe, pour pouvoir acheter une nouvelle barque. Il y compose Naïda, qui lui donnera droit à un rappel d’Églantine aux Jeux Floraux. Il est fait Mèste en gai-saber par le Félibrige. Mais suite au crach de 1929 et à la crise des années 1930, Barreyre est contraint de quitter la Gironde et doit accepter de s’exiler en région parisienne, à Joinville-le-Pont, exil qu’il croit provisoire. Simple ouvrier, il habite un appartement donnant sur une cour sans lumière. Il y accueille sa mère, qui ne parle toujours quasiment que le gascon. Elle y meurt en 1932. Barreyre développe alors un sentiment de regret et de tristesse de l’éloignement du pays du Buch dont il était profondément amoureux. Il compose intensément, des oeuvres marquées par l’exil. Dans Pesque de Neit, l’ancien combattant qu’il est se met dans la peau du soldat « ennemi » qui a le malheur de tomber loin des siens. Il est alors en contact avec l’abbé Joseph Salvat, un des fondateurs du Collège d’Occitanie. Il tente de suivre des cours par correspondance et essaie de d’initier à la graphie classique de l’occitan.  En 1936, il reçoit une Primevère d’Argent pour l’Ode a la Mer de Gascogne. Barreyre, toujours en grande difficulté financière, écrit et fume beaucoup. Il sort peu et ne voit personne. Gardien de nuit aux Tréfileries du Havre, à Saint-Maurice, il tombe malade fin 1944 et meurt. Il est enterré à Joinville, précise sa fille « avec son meilleur costume et son béret basque ».

Engagement dans la renaissance d'oc

Barreyre est l’exemple type du félibre-ouvrier, dont l’engagement passa avant tout dans ses écrits. N’ayant pas le temps de prendre part aux grandes assemblées félibréennes, trop pauvre de son propre aveu pour se rendre à Maillane pour l’enterrement de Frédéric Mistral, c’est par son intense correspondance avec des félibres tels que Palay, Camélat, Salvat et d’autres qu’il se forge une conscience et une compétence « occitaniste » qui prolonge son attachement instinctif au pays et à la langue natals. Sa nature austère et secrète le tient relativement à l’écart, de même que son exil, et c’est essentiellement par correspondance qu’il se forme et travaille à améliorer sa graphie et sa langue, déjà naturelle. Il ne théorisait pas et il est difficile de savoir quelles étaient ses positions par rapport au fait occitan. Ses récompenses et son titre de Mèste en gai-saber attestent pourtant l’importance qui lui est reconnue de son vivant par ses pairs. Mais c’est son voisin Adrien Dupin (1896-1973), instituteur et félibre originaire de Gujan-Mestras, qu’il doit en grande partie sa notoriété. C’est lui qui obtient en 1954 de la municipalité d’Arès l’inauguration de la plaque commémorative sur sa maison natale et en 1956, préside à la réédition des Malineyres.

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Félix Gras, Auguste Fourès, Noël Blache, Prosper Estieu ont, à des époques différentes, tous été qualifiés de « félibre rouge ». À leur engagement de félibres en faveur du renouveau de la langue occitane (avec parfois des opinions fédéralistes assumées) à des convictions républicaines non moins affirmées. Souvent partisans de la laïcité, de l’éducation pour tous, sensibles aux conditions de travail des classes laborieuses, ces félibres ont souvent transposé leur vision du monde dans l’histoire occitane, sur laquelle ils ont parfois porté un regard teinté de leurs opinions. Pour Fourès, comme pour Gras, c’est ainsi l’épopée de la Croisade contre les Albigeois, revue à travers le regard de leur temps et de leur bagage, qui a cristallisé leur attention, au risque d’ailleurs d’opposer au roman national historique français, qui se constituait à la même époque, un autre roman national guère plus dégagé de parti-pris idéologique. En plus de son activité de quincailler, Fourès donna toute sa (courte) vie l’impression de se démultiplier : journaliste en français dans plusieurs journaux, élu politique, fondateur de revues, félibre majoral, il fut incontestablement un des acteurs les plus prolifiques de la renaissance d’oc.

Identité

Formes référentielles

Fourès, Auguste (1848-1891)

Autres formes du nom

- Fourès, Aguste
- Forés, August

Élements biografiques

Auguste Fourès, fils du juge de commerce Jean-François Fourès et d’une mère propriétaire d’une quincaillerie, est né le 8 avril 1848 à Castelnaudary, capitale du Lauragais. Attiré par le monde des Lettres et l’écriture, précocément gagné aux idées républicaines, il commence à écrire dans plusieurs journaux du Midi, tous d’orientation républicaine : L’Entracte (Toulouse, à partir de 1866), L’Investigateur (Toulouse, à partir de 1867), Méphistophélès, « journal charivarique et satirique de Toulouse », à partir de 1868, Le Midi Artiste, toujours de Toulouse, puis La Fraternité de Carcassonne et L’Écho de Marseille en 1870. Il fondera en 1887 Le Petit Toulousain, organe républicain lié à La Dépêche du Midi, dont il assurera la direction et qui disparaîtra avec lui à sa mort, en 1891. Candidat aux élections municipales de sa commune, il devient en 1878 adjoint au maire de Castelnaudary avant de démissionner deux ans plus tard, lassé semble-t-il par l’incurie de l’équipe municipale. C’est à cette époque qu’il rencontre le poète et journaliste Louis-Xavier de Ricard, récemment installé à Montpellier et converti à l’histoire du Languedoc par les écrits de Napoléon Peyrat, avec qui il fonde en 1878 L’Armana de la Lauseta, almanach félibréen, et développe l’idée de félibrige républicain, ou « félibrige rouge ». Il est inutile de préciser que cette approche du félibrige ne sera pas sans provoquer oppositions et grincements de dents au sein de l’institution. Après avoir été même poussé à la démission, Fourès réintègre le Félibrige et devient même majoral en 1881, Cigalo de la Libertat.
Fourès commence par écrire l’occitan - le sous-dialecte languedocien est-toulousain du Lauragais - avec sa propre graphie, une graphie « patoisante ». Il se formera année après année aux normes graphiques prônées par le Félibrige. Employant un occitan local mais de bonne facture, Fourès est adepte d’un style simple et raffiné. Il lui arrive de se cacher derrière des noms de plume, comme l’ont fait beaucoup de félibres.
Combinant le fédéralisme avec un patriotisme français très revendiqué, Fourès se passionne pourtant pour le catharisme, perçu à travers le prisme de son anticléricalisme républicain du XIXe siècle. Il considère l’ « albigéisme » comme un pilier de l’identité occitane, et regarde l’épopée de la Croisade comme fondateur de la culture d’oc. Fourès est également un chantre du « panlatinisme », alliance des peuples et des cultures romanes et méditerranéennes. Aux côtés de Xavier de Ricard, tout aussi opposé que lui à l’orientation conservatrice du Félibrige de leur temps, Fourès tente de lancer l’Alliance latine, revue dont seuls deux numéros paraîtront, qui prétend rassembler et réunir tous les peuples de culture latine d’Europe et au-delà. Cette volonté d’ouverture de l’identité occitane sur l’espace euroméditerranéen est représentative de la vision que les « félibres rouges » avaient de la notion même d’identité occitane. De Ricard sera du reste un des premiers à employer le terme de « parlers occitaniens ».
Atteint semble-t-il d’ataxie tabétique, il meurt en 1891 à Castelnaudary, à l’âge de quarante-quatre ans. Franc-maçon et libre-penseur, Fourès sera enterré une première fois selon le rite catholique sur la volonté de sa famille, avant que son corps, par décision de son exécuteur testamentaire, soit exhumé quelques jours plus tard et enterré de nouveau selon ses principes : debout, la tête tournée vers l’Orient et sans cérémonie religieuse. Un buste le représentant est érigé devant le palais de justice de Castelnaudary.

Engagement dans la renaissance d'oc

L’engagement dans la renaissance d’oc d’Auguste Fourès n’est pas dissociable de son existence. Son engagement républicain, « progressiste » dans l’acception que possédait le terme à l’époque, franc-maçon et anticlérical allait de paire avec sa revendication d’une identité occitane assumée et reconnue dans le cadre de la République, ce cadre dût-il être repensé sous l’angle du fédéralisme, alors en vogue chez les félibres républicains. S’il fonda une revue et en co-fonda une autre, Fourès vécut son double engagement félibréen et républicain au cœur de sa vie, que ce soit à travers son court mandat d’élu local comme dans ses fonctions de rédacteur et responsable de journaux et revues. Félibre, fédéraliste, mais opposé en quelque sorte à la doxa et à l’approche politique et philosophique du Félibrige provençal de son temps, catholique et conservateur, il tenta de concilier entre eux des idéaux qui, dans le contexte idéologique de son temps, n’allaient pas forcément de soi ensemble. En élargissant la reconnaissance et la valorisation de la culture d’oc à l’échelle des cultures latines, Fourès, associé à Ricard, manifeste la volonté d’ouvrir, d’élargir la réflexion à l’échelle du dialogue entre cultures voisines et liées, en fuyant la tentation de l’entre-soi occitan et félibréen.

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Érudit autodidacte, conteur, écrivain, ce n’est qu’à la retraite que cet instituteur fils de paysans écrit en occitan. Il puise la matière de ses contes dans ce qu’il a appris dans les villages où il a enseigné, il s’inspire aussi de contes des provinces françaises. Spécialiste des vieux documents médiévaux et de l’occitan ancien, il est l’auteur de nombreux articles historiques et philologiques.

Identité

Formes référentielles

Vezole, Jean (1923-2014)

Autres formes du nom

- Joan Vesòla (forme occitane du nom)

- Joan da Tron (pseudonyme) ; son premier nom de plume dans la revue La Cabreta du Félibrige cantalien, du nom du village où il né (Thourou de Saint-Cernin)

Élements biografiques

Jean Vezole nait le 2 février 1923 dans une ferme de la commune de Saint-Cernin, dans le Cantal, il est l’aîné de trois enfants. Il passe quelques années à l’Hôpital Ydes (ancien nom de la commune qui est maintenant « Ydes »), où ses parents tiennent un bureau de tabac. À la mort du père en 1935, la famille revient à Saint-Cernin. Pendant les vacances, Jean, adolescent, travaille chez ses oncles paysans.
À l’âge de onze ans il rentre au cours complémentaire de l’Hôpital Ydes et en 1939, à l’École Normale d’Aurillac. En 1943 il part pour les « chantiers de jeunesse » puis pour échapper au Service du Travail Obligatoire, il se cache dans une ferme sous une fausse identité. À la Libération il est nommé instituteur dans le nord du département.
Il effectue un an de service militaire puis enseigne dans des classes uniques de la région de Saint-Flour (communes de Lavastrie et d’Alleuze). En 1958 il est nommé auxiliaire au Rouget, en Châtaigneraie ; puis directeur, c’est là qu’il termine sa carrière à l’âge de cinquante-six ans. Comme l’immense majorité des instituteurs de sa génération, il était membre du Syndicat National des Instituteurs (SNI), sans pour autant y exercer des responsabilités. Homme de gauche, il n’était affilié à aucun parti politique.
En 2007 Jean Vézole est promu chevalier des Arts et des Lettres. 
Jean Vezole est le père de trois garçons.
Il est décédé le 27 novembre 2014, à la maison de retraite d’Ytrac.

Engagement dans la renaissance d'oc

Quand il rentre à l’école en 1929 Jean ne parle que la langue d’oc, il l’utilise pour écrire le français, apprendre les conjugaisons… plus tard il s’en servira pour enseigner l’orthographe à ses élèves.
Instituteur il fait le tour du département, il entend la langue d’oc dans sa diversité et sa richesse. Il achète des livres, s’abonne à La Cabreta, la revue du Félibrige cantalien, dont il fut un membre de base ; en lisant il apprend à écrire sa langue maternelle.
Lorsqu’arrive la retraite, Jean Vezole se consacre à la recherche historique et à la langue occitane. Habitant à Aurillac, il se rend tous les jours à pied aux archives départementales pour y travailler : il a appris seul à déchiffrer les vieux documents. Il adhère à la société savante « la Haute-Auvergne », en devient la secrétaire général. Lo Vièlh Orlhac (les racines occitanes d’Aurillac) paraît en 1989 aux éditions L’ostal del libre, Le moyen occitan cantalien – documents médiévaux et actes notariés en langue d’oc des XIVe, XVe et XVIe siècles – en 2005 aux éditions « Lo Convise ». 
Homme très ouvert, il est membre de la section cantalienne de l’Institut d’Etudes Occitanes qu’il préside à partir de 1983, avant d’en devenir président d’honneur. Il appartient aussi au Félibrige. Il collabore à différentes publications (La Cabreta, Monde en Òc, Parlem, Vent Autan, Lo Convise, La vida aicí…). Diseur recherché il participe à divers spectacles et animations dont à partir de 1983 et pendant près de 30 ans l’émission félibréenne « Occitania » avec son compagnon le majoral Jean Fay sur Radio Jordanne, qui prit, à partir de 1997, le nom de Jordanne FM. 
Il avait collecté quantité de contes auprès d’anciens, particulièrement de l’un d’entre eux qu’il désignait du nom de Trapon. C’est ainsi qu’il édite, entre collectage et création, trois recueils de contes ou récits : Contes mai qu’a meitat vertadièrs (I.E.O. Cantal, 1985), Contes pas tròp messorguièrs (Ostal del Libre, 1985), Racontes per gardar la santat (Ostal del Libre, 2005) et un recueil d’expressions pittoresques de langue d’oc : Biais de dire dins lo Cantal (Lo convise, 2007). 
Intéressé par la musique, il avait appris aussi à jouer de la mandoline et du piano. Il recueille des airs populaires, il est aussi compositeur à ses heures, sa bourrée « Au Joan ! » est enregistrée par le groupe musical du Convise (Margarida al país verd, lo Convise – 2001).
Jean Vezole a été enregistré, on peut l’entendre lire ses textes et raconter (documents sonores aux archives départementales du Cantal).
Comme en témoignent ces enregistrements et publications, Jean Vezoles parlait et écrivait dans une langue populaire, et faisait le lien entre le monde paysan et une élite cultivée.



Bibliographie de l'auteur

- 1985 : Contes mai qu’a meitat vertadièrs, Aurillac, I.E.O. Cantal
- 1989 : Lo Vièlh Orlhac (les racines occitanes d’Aurillac) Aurillac, I.E.O. Cantal
- 2005 : Contes pas tròp messorguièrs, Aurillac, Ostal del Libre
- 2005 : Racontes per gardar la santat, Aurillac, Ostal del Libre
- 2005 : Le moyen occitan cantalien – documents médiévaux et actes notariés en langue d’oc des XIVe, XVe et XVIe siècles, Aurillac, Lo convise.
- 2007 : Biais de dire dins lo Cantal, Aurillac, Lo convise.

Voir aussi un enregistrement audio : https://www.youtube.com/watch?v=ePNhTgFSemU

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Emplegat de comuna, Laurent Hot apareis coma un personatge original, e mai siá periferic, demest lo felibritge besieirenc del començament del sègle XX. Es mai estacat a l'us oral popular de la lenga qu'a la cultura literària promoguda pel felibritge. Mai que res pus es un poèta comic e Fourié lo ten per un alerte chansonnier de circonstance1. Es tanben actor de teatre. Refusa las proposicions graficas dels felibres. Aficha d'idèas puslèu progressistas, que son tèxt contra la mistificacion de la tauromaquia a Besièrs demòra d'actualitat en 2018.

Identitat

Formas referencialas

Hot, Laurent (1863-1928)

Autras formas conegudas

- Bèco figuos (pseudonim)

- Hobt, Laurent (forma erronada del nom de familha)

Elements biografics

Laurent Hot es nascut a Florensac en 1863 e mòrt a Autinhac en 1928. Sus sa vida professionala sabèm solament que fasiá lo secretari de comuna a Autinhac.
En 1903 a mai d'un enfant dont una filha nommada Mireille.
Avèm pas d'informacion sus d'engatjaments politics eventuals. Sembla qu'agèt de relacions amb lo president de l'union republicana d'Erau, J.-B. Perdraut, qu'es tanben imprimeire de sos dos libres. Prenguèt vagament la defensa del president Loubet dins son poèma L'Esprit del recuèlh Esprit Pouncheut, Coumo mé plaï. Amb aquò apelèt dins un autre poèma, d'un biais que demòra allegoric e poetic, a una revolucion sociala.

Engatjament dins la renaissança d'òc

Avèm pas d'informacion per explicar cossí Laurent Hot venguèt a escriure e a jogar en occitan. Aviá agut escrich de vèrses en francés, que lo jornal l'Éclair2 ne fa mencion dins lo comte rendut d'una velhada a Florensac en 1895. Se sarrèt del felibritge besieirenc en 1901. A aquel moment lo Felibritge a Besièrs es l'Escolo del Titan, fondada en 1897. Los felibres s'acampan al Café de la Comédie. Aquí i trapam, entre mai, Emile Barthe (1874-1939), Fernand Pigot (1867-1928), Junior Sans (1820-1905), Jean Laurès (1822-1902), Achille Maffre de Baugé (?-1928), Albert Arnaud (1863-1937), Clovis Roques (1876-1958), Pierre Jean Bédard (1859-1938), René Fournier (1871-1940), Antonin Maffre (1852-1924), Louis Rouquier (1863-1939), Auguste Advenier (?-?) e Marius Labarre (?-?). 
Publiquèt aquel meteis an 1901 Rirés et Plours, son primièr recuèlh de poesia. A partir de 1902 foguèt un dels actors de la tropa Lou brès menada per Emile Barthe. En setembre de 1902 foguèt nommat soscabiscòl de l'Escolo del Titan. En octòbre de 1903 publiquèt son segond e darrièr recuèlh de pèças en vèrs, farcejadas e poesias, Esprit Pouncheut, Coumo me plaï, prefaciat per Marius Labarre. En junh de 1904 comencèt de paréisser lo jornal bimensual Lou Camel e Laurent Hot ne foguèt director pendent quatre meses, abans qu'i lo remplacèsse Fernand Pigot. Puèi après un arrèst de quinze ans lo jornal se torna publicar en 1922 e Laurent Hot n'es lo director de 17 numèros abans qu'Emile Barthe ne prenguèsse la direccion d'aquí a 1925.

1. L'actor

Lo mes de Genièr de 1895 lo jornal L'Éclair3 menciona una pèça de teatre en francés a Florensac, que Laurent Hot i ten lo primièr ròtle, Le Voyage de M. Perrichon, de Labiche.
Lo 6 d'abril de 1902 l'escòla del Titan organiza una fèsta felibrenca. Se representa Lous Abinatach, d'Emile Barthe, pèça en forma de jutjament ja populara a l'entorn de Besièrs. La Campana de Magalouna ne dona un comte rendut de René Fournier4

[...] la comedio, debanado coumo se dèu per una colo d'amatous bezieirencs, acabèt d'enfiouca tout lou mounde. Lou felibre Hot tenguèt en ma de mèstre lou rolle del President de Court, coumo s'aviò fach acò touto sa vido [...]  

Lo mes de mai d'aquel an los felibres organizan la Santa Estèla a Besièrs. A calgut qu'Emile Barthe  anèsse d'aquí a Malhana per suplicar Mistral, malaut, que venguèsse. Las festivitats se van clavar amb la representacion de la pèça novèla de Barthe, Coucourdou. Barthe ven de montar la tropa de teatre Lou Brès. Lo president n'es Paul Ollié e demest los actors trobam Laurent Hot. Lo jornal Le Publicateur de Beziers5 o conta :  

Le soir, devant une salle comble, Mistral a fait son apparition au théâtre [...]. A son arrivée, la représentation est interrompue; tout le public debout lui fait une immense ovation. A ses côtés, on voit la poètesse Filadelpho [...]. On a joué Coucourdou, le nouveau drame de M. Barthe, excellemment interprété par le félibre Laurent Hot et la société du Brès.  

La Vie Montpellieraine6 o afirma tanben :  

Coucourdou, l’œuvre nouvelle de M. Barthe, a été excellemment jouée. Grand succès pour les interprètes et pour l'auteur auquel le public a fait une chaleureuse ovation.  

La tropa jogarà mai de pèças d'Emile Barthe d'aquí en 1905. Serà reviscolada sens Laurent Hot en 1923 jol nom de Lou Brès Bersierenc.  

2. Lo poèta popular

2.1 Rirés et Plours

En 1901 pareis lo recuèlh Rirés et Plours. Un felibre montpelhieirenc li fa bona aculhença dins la Pichota Bibliougrafia de La Campana de Magalouna de febrièr de 19027 :  

[…] i'a pa'ncara un an que s'es virat au Felibrige e aqui que dejà prend plaça au ròdou emb'un galant libre de vers, que nous en promés, de segu, d'autres. Dins Rires e plours, l'autou s'es pas proun entrevat de la façoun d'escriéure nosta lenga. Cau pas tout demandà à la fes.

Ja poncheja de per la critica facha a la grafia un dels elements que va caracterizar lo Laurent Hot escriveire : un refús acapriciat de tota tentativa de codificacion grafica, refús que lo pòrta una vision d'a fons diglossica de la lenga occitana.  

2.2 Esprit Pouncheut, Coumo mé plaï

Lo segond recuèlh, Esprit Pouncheut, Coumo me plaï, acampa 56 tèxtes en vèrs de divèrsas menas. Mai que mai i trapam de farças e de « couyounado[s] »8. René Fournier, tot descriguent la Santa Estèla a Besièrs en 1902 qu'i declamava Laurent Hot, parla d'œuvres épicées9. Aqueles tèxtes an lo biais dels poèmas populars que se recitan en occitan per amusar las fins de repais. Çò que fa escriure a Jean Fourié a prepaus de Laurent Hot :

Écrivain contreversé, dont l'inspiration parfois un peu trop scatologique laissait à désirer10.

Tant i a que Marius Labarre, en prefaciant l'òbra, se'n tira en desconselhant a las natures délicates11 mièja-dozena de las pèças del recuèlh. Mas per Laurent Hot s’agís de far rire lo legeire en emplegant a fons totas las riquesas del registre pus bas que l'estatut de patois balha a la lenga dominada e refusa a la lenga dominanta. Aicí per exemple lo poèma « Lou Débignaïré »12, que ne balham la conclusion :

- Dins tas mas boou légi so qué té fa dé mal :
- Bésés aquélés plech qué formou pè dé gal ?
- Té bolou diré tout, es quicon dé pla piré
- E qué sé guéris pas ; escouto, tou boou diré :
- Lous dous preumiès, aïssi, en formo dé coumpas,
- Disou : tant qué biouras, moun paouré cagaras !
- Lou troisièmé qu'en bas pichounet se présento
- Dis : qué toujours aouras la régo pla peudento.
- Anfin, lou qu'es aqui, qué semblo tout crouqueut,
- Dis qué jeusqu'à la mort séras toujours baneut !

I trapam tanben de tèxtes satirics que meton en scèna lo pòble de Besièrs o dels vilatges a tocar. De pèças que i a son criticas vèrs las causidas culturalas de la comuna de Besièrs. Per exemple l'autor se trufa de l'elitisme de la representacion de Parysatis a las arenas en agost de 1902 ( « Parlen-né » ). Se trufa tanben de la fèsta que se dona en onor a Paul Riquet. Dins « Expliquen-nous »13, s'ataca a la tauromaquia e al discors que cèrca de faire passar la corrida amb mesa a mòrt per una vièlha tradicion besieirenca, e n'apèla a son grand :

- Gueïto-lous ! Oou teugat tas bielhos farandolos,
- Beï tout lou moundé a sét dé coursos espagnolos,
- Dount l'euniqué régal per lous entéressach
- Es dé beïré lou sang des chabals enbentrach. […]
- Mès qu'aoumens bengou pas, sé jogou lou Foot-Ball
- Ou qu'anou s'amoura dins dé goustés sannousés,
- Crida desseus téoulach coumo dé malérousés
- Qu'es dé toun tems, moun grand, qué lous abèn tirach,
- Car mé geïnario pas an' aquellés bournach
- D'y diré en quatré moch qué sou pas [que] dé lachés
- E qué del tems passat èrés pas tant saoubachés !

Laurent Hot se fa veire aicí en plen desacòrd amb Emile Barte e d'autres felibres que pauc de temps pus tard, dins Lou Camel, faràn fòrça publicitat a las corridas de las arenas.
A travèrs lo recuèlh s'entrevei mai d'una allusion al tèma de la crisi viticòla, coma dins « Mous Souech a prépaous dé l'an 1902 »14. Es de remarcar dins aqueste poèma que Laurent Hot fa mòstra de simpatias revolucionàrias :

Souèti per desseus tout qué lou Lioun puissent
D'euno rébouleuçiou sourtigué triomphen
Dé soun traou en jitten un crit ardent qué groundé, Per affirma soun drech à la faço del moundé
E prouclama per tout lou rébel soucial
D'un siècle dé prougrès è d'amour sans égal.
Car s'l'Heumanitat qué règno seus la terro
Sap pas sé descarga dé soun faïs dé misèro,
L'omé es pas peus un omé, es piré qu'un fourçat
Am'un boulet dé hounto à sous pès estacat

Trapam tanben de poèmas qu'an un biais mai solèmne e que pòdon evocar la mòrt coma Lou Pourrou dé moun Grand, Un de Maï e Désabeusat. D'autras pèças son de dedicaças a de personalitats. Notem per exemple A JEAN LAOURÉS, A moun Mestré Junior Sans, e A l'Estèlo ProubençaloA Frédéric Mistral :

[...]soï qu'un pichou, féplé, tranpaléjaïré,
Qué plouro lou maleur ounté lou sort la més
En perden soun païri, lou grand Mestré Laourés,
E qué ben té préga d'estré soun ségound païré.15

I a tanben una dedicaça al senator Ernest Perréal qu'ajudarà en 1904 a finançar Lou Camel.
Trobam una romança sus l'amor mairal, « Païlhétos d'Amour ». Lo recuèlh se clava amb « Adiou ! », poèma cortet que Laurent Hot i declara arrestar de compausar de vèrses

2.3 Laurent Hot dins Lou Camel

A partir de junh de 1904, just lo cinquantenari del felibritge, l'Escolo del Titan fa paréisser Lou Camel. De junh a octòbre Laurent Hot n'es director. Lo cap-redactor n'es Emile Barthe. Los felibres de montpelhièr saludan l'aparicion del primièr numèro ple couma un iòu de pouësias e de moussèls de prosa16. Laurent Hot i publica de farcejadas en vèrs coma L'Asé de Pégoumas, conté dé moun grand lou Panard17 o Catin è Leucien18 e mai en pròsa coma Tibi19. Es pas impossible, d'après la grafia e lo registre emplegats, que las galejadas en pròsa dels primièrs numèros signadas del nom d'escais PAPARI las agèsse escrichas el.
Entre sortir lo segond numèro, pareis una rubrica Pichoto Courrespoundenço que i trobam dedins de responsas a de corrièrs o a de mandadís d'autors que propausan qualque tèxt per publicar, e de rampeladas als soscriptors que delembran de pagar. Quand aqueles escambis son signats Emile Barthe lo ton demòra plan cortés, mas quand son signats Bèco figuos, s'i emplega una grafia e un registre, registre del biais mai que franc e dirècte, que permeton de far l'ipotèsi que darrièr aquel pseudonim foguèsse rescondut Laurent Hot :

A Mousseu A. Quenaille. - Prégan bostro illustro persouno dé passa à la Redaciu del Journal, séren trop flattach dé bous aplati coum'euno merlusso, abèn per habiteudo dé parla dabant lou moundé é nous foutèn dé lous que s'amagou.
A Madoumaiselo Bioulèto.[que s'encaparà èstre un òme] – Bostre moussi es delicious. Lou Camel pot que n'estré flattat, seurtout sé ses poulido. Sabès bous cal pas geina de nous rendré bisito, troubarés à la Redaciou la flou dè la galantariè patouèso.
A Parpaillou, à Ligno. - Abèn ressacheut bostro létro en bersés. […] m'abès l'er d'estré un paouquet pataoud. Papari dé la Rédaciou à mêmes abançat qu'ères un rimairé passat seus la raquo, è sabès s'y entend. [...]20
A Louis Cerquolou. - Sabès crégut que lou Camel, tenio une agenço matrimounialo, bous sès fiquat lou det dins l'èl. Coussi boulès que occupen dè caousos tant S... ousquos ? Benès y metre lou nas bous-mèmes.21

D'octòbre 1904 enlai Laurent Hot quita la direccion del Camel. Sembla qu'arrèsta tanben d'i escriure. La redaccion ne dona pas lo motiu. Nos podèm figurar qu'i agèsse agut de divergéncias d'opinion tròp importantas entre el e los autres felibres del Camèl, a prepaus de l'estatut de patois per la lenga e a prepaus de sa grafia, o benlèu sus d'autras questions. Per exemple entre sortir lo primièr Camel  d'octòbre se publica una publicitat elogiosa per la corrida a la arenas de Besièrs. Totjorn es que dos ans mai tard Lou Camel s'arrèsta de paréisser, e torna solament en 1922 d'aquí en 1925. D'abril a decembre de 1922 Laurent Hot es tornarmai director, puèi es Emile Barthe que lo remplaça. Publica tornar de tèxtes en vèrses e en pròsa, d'unes que i a represes de sos dos recuèlhs.

3. Un felibre mai patesejaire que cap pus

Lo poèta « patoisant » Laurent Hot, aital lo qualifica Jean Fourié22. En efècte, lo felibre de l'esprit ponchut va acceptar e mai arribar a reïvindicar, d'un biais que i a, l'estatut de patois per la lenga d'òc. Mai que mai es aquela significacion sociolingüistica que ne fa un autor contraversat, se reprenèm mai los mots de Fourié.23  
Lo poèma « Councleusiou » dins Rirés et Plours balha, d'après Marius Labarre que lo cita dins la prefàcia a son segond recuèlh, la profession de foi littéraire de Laurent Hot24. I comprenèm tanben una profession sociolongüistica :

Entendèri bibra lou cant mysterious
Que lous pouètos souls entendou dïn las flous.
Alors, coum' un éfan qué sap pas dé qué faïré,
Prenguèri lou biouloun qué mé laïsset moun païré.
Oh ! Lou paouré biouloun ! Èro tout englandat,
Sans accors, mal fouteut, et l'arquet tout brisat.
Faguèri d'al biouloun uno lyro baroquo,
A défaous dé l'arquét m'armèri d'euno broquo,
E despeï aquel jour, rasclo qué rasclaras,
Seus moun paouré biouloun canti coum' un diaplas.

S'interprèta aisidament que lo paure violon es la lenga d'òc, amb son estatut de patois que la fa lenga mutilada, desprovesida dels registres nauts e desprovesida de las aisinas per dire de compausar de poesia fina e armoniosa. Mas puslèu que de s'i faire a adobar lo violon, valent a dire de participar a la normalizacion entemenada pels felibres, Laurent Hot decidís de prene lo patois tal coma es, e donc de rasclar del melhor que podrà.  

Dins lo numèro 4 de la primièira sèria del Camel, signa un article long entitolat Lou Patouès25. I legissèm sa vision de la lenga occitana recpècte a las criticas que reçaup :

abèn ressachut […] quauquos critiquos, bengudos dé certèns délicats ou puristos, coumo sé boumbardou elles mêmés dins lous Journals, ounté nous reprochou dé parla trop patouès, è d'escriouré amé uno ourtografo qué fa péno a embala.
[…] nous reprochou dé parla patouès, noun pas perque parlan pas francés, mès qué parlan pas lou beritaplé patouès […] Lou parla des privélégiats è que parlou lous delicats, s'appèlo lou lengedoucian, es un lengage pur, braï, que se parlabo y a sabi pas peus can de cens ans, tandis que lou patouès es que lou bastard d'aqueste […] Certénoment la facultat d'escriouré a la faissou d'aqueles grands sabans es a la pourtado dé tout lou moundé, sachis tout simploment d'abeire lous mouyèns dè foucha lous diciounaris

Laurent Hot vòl pas crear de continuïtat entre la lenga minorizada de las classas pus pauras e la lenga literària prestigiosa de l'univèrs dels filològues. Lo discors que cèrca de tornar balhar una dignitat a la lenga minorizada, en la plaçant dins una continuïtat istorica, el i es pas ges sensible. De mai Laurent Hot lèva una question importanta. El es antinormatiu perque pòt pas far de mens que de constatar que lo trabalh felibrenc de normalizacion de l'occitan ja entemenat a aquel moment (per Mistral, per exemple) es òbra de personas d'una autra classa sociala. Aicí nos mancan d'informacions sus la situacion sociala de Laurent Hot, mas es solide que se plaça pròche de la classa sociala que se pòt pas permetre de participar a aquela òbra de letrats renaissentistas. El pòrta donc una vision conservatritz dins la dialectica lenga dominanta/lenga dominada. Accèpta la division de las foncions entre lo francés e l'occitan. Contunha amb lo parlar franc, a sa mòda :

Sachis pas d'estre puristo per pas rès dire : m'en fique pas mal que tel ou tel fagué un sounet enflambat à la luno ou à las mouscos, escrich dins las reglos de l'art, més qu'es bide de tout boun sens.
[…] nostre Journal es doubert à toutos las entelligenços, mès qu'a part aco, naoutrés fasèn coumo nous plai.

E tornam trobar lo sostítol Coumo mé plaï del recuèlh Esprit Pouncheut.

L'ideologia diglossica a tres efèctes sus l'òbra de Laurent Hot : selecciona de registres, selecciona de formas lingüisticas, e selecciona una grafia. L'occitan per el es d'en primièr patois.
Lo registre de lenga es çò pus sovent plan familiar e oral. E aquí l'òbra es mai que rica e nos pòt ensenhar qué semblava l'occitan popular parlat. Las marcas d'oralitat son abondosas. Plan de còps la lenga sarra una forma d'argòt. I trapam tant o mai d'expressions del registre mai bas, que d'autres felibres emplegan pauc.
Dins la situacion diglossica acceptada, es totjorn possible d'adaptar lo lexic de la lenga dominanta, valent a dire de far interferir la lenga dominanta. Tanben Hot va importar fòrça francismes, en particular quand compausa dins un registre mai auçat. Cèrca pas de posar dins la riquesa pròpria de l'occitan per petaçar las mancas d'un registre reservat al francés. Son escitura divergís aquí de la d'Emile Barthe, per exemple.
Çò que li va atirar mai de criticas es la grafia qu'emplega. Es una grafia oralizanta que se fonda sul sistèma del francés, mas plan mai que non pas la grafia dels autres felibres. Per exemple representa las semivocalas [w] e [j] sistematicament <ou> e <ï>. Escriu la vocala [e] quora <e> quora <é>, e escriu <eu> la pronóncia de “u” dins lo lengadocian mediterranèu, que se sarra de [œ]. D'après la pronóncia totjorn, escriu <ch> totes los grops consonantics creats per la marca del plural “t+s”, “p+s”, “c+s”.
Del ponch de vista dialectologic, la lenga de Laurent Hot es de lengadocian besieirenc. Per aquò podèm trapar d'unes traches que sarran aquela varietat d'una varietat mai orientala, coma la possibilitat per lo morfèma de primièira persona del singular d'èstre “e” al costat de “i”, o la confusion en [tʃ] de [ʒ] amb [tʃ], son rendut <ch> dins la grafia <batécha> per “batejar”26, que lo son [ʒ] aparten puslèu al besieirenc stricto-sensu.


1. (FOURIÉ ; 1975) p. 74

2. L'Éclair, n° 6069 20/01/1895, p. 3

3. L'Éclair, n° 6069 20/01/1895, p. 3.

4. La Campana de Magalouna, n°231, 01/05/1902, p. 2

5. Le Publicateur de Béziers, n°23, 30/05/1902, p. 2

6. La Vie Montpelliéraine, n°402, 01/06/1902, p. 10

7. La Campana de Magalouna, n°226, 01/02/1902, p. 8 

8. (HOT ; 1903) « Mous Souech », p. 171

9. Le Publicateur de Béziers, n°23, 30/05/1902, p. 2

10. (FOURIÉ ; 1975) p. 74

11. (HOT ; 1903) Prefaci, p. XI

12. (HOT ; 1903) p. 23

13. (HOT ; 1903) p. 109

14. (HOT ; 1903) « Mous Souech », p. 171

15. (HOT ; 1903) « A l'Estèlo Proubençalo », p. 184

16. La Campana de Magalouna, n°260, 01/06/1904, p. 4

17. Lou Camel, n°2, 15/06/1904, p. 5

18. Lou Camel, n°1, 01/06/1904, p. 4

19. Lou Camel, n°3, 01/07/1904, p. 5

20. Lou Camel, n°2, 15/06/1904, p. 6

21. Lou Cameln n°4, 15/07/1904, p. 6

22. (FOURIÉ ; 1975) p. 20

23. (FOURIÉ ; 1975) p. 74

24. (HOT ; 1903) prefaci, p.XIII

25. Lou Camel, n°4, 15/07/1904, p. 1

26. Lou Camel, n°1, 01/06/1904, p. 4

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